:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à m’excuser auprès du Comité pour mon retard. Comme le député de Skeena—Bulkley Valley l’a fait remarquer, j'en ferai porter le blâme à mon fils de trois mois pour cela, qui a décidé qu’il avait faim au moment où je partais. Quoi qu’il en soit, je tiens à remercier le Comité de m’avoir invitée et d'avoir entrepris l'étude du projet de loi .
[Français]
Je tiens également à remercier le ministre Brison, qui a assumé le rôle de ministre des Institutions démocratiques pendant mon congé parental.
[Traduction]
Je suis accompagnée aujourd’hui de deux fonctionnaires, comme vous l’avez mentionné, monsieur le président, du Bureau du Conseil privé, soit Allen Sutherland, secrétaire adjoint du Cabinet pour l’appareil gouvernemental, et Manon Paquet, conseillère principale en politiques, Secrétariat des institutions démocratiques. L'équipe des institutions démocratiques au BCP est petite, mais solide. Je ne saurais trop insister sur l'ampleur du travail qu’elle a accompli pour préparer le projet de loi . Je tiens à remercier les membres de l'équipe de leur travail acharné et de leur dévouement dans ce dossier, mais aussi dans tous les dossiers qui nous concernent.
[Français]
Notre gouvernement s'est engagé à renforcer les institutions démocratiques du Canada, à rétablir la confiance des Canadiens et des Canadiennes à l'égard de nos processus démocratiques ainsi qu'à encourager leur participation à ceux-ci.
[Traduction]
Nous croyons que la force de notre démocratie repose sur la participation du plus grand nombre de nos concitoyens. En mettant de côté les aspects injustes de la soi-disant Loi sur l'intégrité des élections des conservateurs, nous permettons aux Canadiennes et Canadiens d'exercer leur droit de vote plus facilement et d'une manière plus adaptée à leurs besoins.
[Français]
Nous rendons notre système électoral plus accessible aux personnes vivant avec un handicap ainsi qu'aux membres des Forces armées canadiennes. Nous rendons également leur droit de vote à plus d'un million de citoyens vivant à l'étranger.
[Traduction]
Nous renforçons nos lois, mettons fin à des échappatoires et mettons en place un régime de contrôle d'application plus robuste afin de rendre la tâche plus difficile aux perturbateurs qui tentent d'influencer nos élections. Nous requérons plus de transparence de la part des tiers et des partis politiques afin que les Canadiennes et les Canadiens comprennent mieux qui tente d'influencer leur vote. Ce projet de loi rendra notre loi électorale plus moderne, plus robuste et plus efficace dans son contrôle d'application, de manière à mieux refléter la réalité des campagnes électorales d'aujourd'hui.
[Français]
Évidemment, rien de tout cela n'aurait été possible sans le travail acharné de ce comité, qui a étudié au cours de la dernière année les recommandations formulées par le directeur général des élections, le DGE, à la suite de l'élection de 2015.
Je crois que vous reconnaîtrez votre travail dans ce projet de loi. En fait, environ 85 % des recommandations du DGE ont été incluses dans le projet de loi C-76. Le Comité a déjà exprimé son accord de principe pour plus de 50 % du contenu du projet de loi.
[Traduction]
Le projet de loi comporte aussi des éléments au sujet desquels le Comité ne s'est pas encore prononcé, et je comprends que le Comité pourra vouloir se concentrer sur ceux-ci. Soyez assurés que mes fonctionnaires et moi sommes disposés à vous fournir toute l'aide dont vous pourriez avoir besoin.
Le projet de loi rend notre système électoral plus accessible pour tous les Canadiens et Canadiennes. Les heures d'ouverture des bureaux de vote par anticipation seront élargies, les obligations envers les électeurs ayant un handicap seront renforcées, le droit de vote sera élargi à environ un million de citoyens et citoyennes vivant à l'étranger, sans compter que les procédures applicables au vote des membres des Forces canadiennes seront modernisées. La Loi sur la modernisation des élections encourage également les candidats et les partis enregistrés à mener leurs campagnes de manière plus inclusive à l'égard des personnes handicapées.
[Français]
Ce projet de loi modernise aussi l'administration des élections. En effet, il sera plus facile pour les Canadiennes et les Canadiens d'aller voter dans un contexte où les mesures d'intégrité solides et éprouvées seront maintenues.
L'une de mes principales priorités, à titre de ministre des Institutions démocratiques, consiste à diriger les efforts déployés par le gouvernement du Canada pour défendre le processus électoral canadien contre les cybermenaces. Les événements survenus récemment sur la scène internationale nous rappellent que le Canada n'est pas à l'abri de telles menaces. Le projet de loi propose des changements liés à l'influence étrangère et aux perturbations en ligne. Ces changement peuvent être mis en oeuvre dans le cadre de la Loi électorale du Canada.
[Traduction]
Même s'il était déjà interdit à des entités étrangères de verser des contributions à des partis politiques et des candidats, notre gouvernement vient refermer une brèche qui permettait à des entités étrangères de dépenser jusqu'à 500 $ dans la publicité électorale pendant la période électorale. De plus, tous les tiers devront posséder un compte bancaire au Canada pour toutes les transactions financières liées aux élections.
Je veux également dire un mot sur les fonds étrangers versés à des tiers avant le 30 juin, puis utilisés pendant la période électorale ou préélectorale. Le projet de loi imposerait aux tiers de divulguer la source de tous les fonds qu’ils ont utilisés pendant la période électorale ou préélectorale, sans égard au moment où ils ont reçu les fonds. De plus, toute tentative de dissimuler l’utilisation de fonds étrangers pour des activités réglementées pendant la période électorale ou préélectorale serait illégale.
[Français]
Les nouvelles dispositions de la Loi électorale du Canada interdiront clairement la publication d'annonces, sur support papier ou électronique, visant à induire le public en erreur quant à leur source. De façon similaire, l'utilisation frauduleuse d'ordinateurs dans le but de modifier les résultats d'une élection sera strictement interdite.
Nous avons toutes et tous la responsabilité de combattre l'influence étrangère dans nos élections. Conséquemment, les organisations qui vendent de l'espace publicitaire ne pourront plus sciemment accepter les publicités électorales financées de l'étranger.
[Traduction]
Afin d'assurer le respect et l'application de ces nouvelles dispositions, la Loi sur la modernisation des élections contient plusieurs mesures conçues pour accroître l'efficience et l'indépendance du commissaire aux élections fédérales. Le commissaire aura désormais le pouvoir de contraindre à témoigner et retrouvera son pouvoir de porter des accusations. Il disposera également d'un nouvel outil d'exécution, un régime de sanctions administratives pécuniaires.
Les Canadiens et les Canadiennes s'attendent à ce que leur système électoral soit juste et transparent. Ils veulent que tous puissent faire entendre leur voix, et non seulement ceux qui ont le plus de moyens. Ces valeurs ont façonné les systèmes de financement électoral et politique canadiens depuis plus de 40 ans.
[Français]
Cependant, l'arrivée des élections à date fixe a changé les règles du jeu. Les partis politiques et les tiers peuvent maintenant planifier leurs campagnes publicitaires partisanes bien avant une période électorale et, de ce fait, contourner l'esprit de nos lois.
[Traduction]
Le projet de loi définit une période préélectorale pendant laquelle des exigences en matière de rapports et des limites de financement s'appliqueront aux partis enregistrés et aux tiers.
La période préélectorale, qui débutera le 30 juin des années d'élection à date fixe, favorisera la transparence puisque les tiers qui dépensent plus de 500 $ pour des publicités partisanes, des activités partisanes et des sondages électoraux seront tenus de s'inscrire auprès d'Élections Canada. Les tiers seront aussi légalement tenus de s'identifier dans les messages publicitaires.
[Français]
De nouvelles limites de dépenses s'appliqueront aussi aux tiers et aux entités politiques pendant la période préélectorale.
[Traduction]
Monsieur le président, on ne peut tenir comme acquise la confiance des Canadiennes et des Canadiens dans leurs institutions démocratiques. Le gouvernement du Canada est déterminé à faire en sorte que notre processus électoral soit sûr, transparent, accessible, moderne dans ses pratiques et à l'abri de toute influence indue.
[Français]
Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous souhaite la bienvenue au retour de votre pause. Je n’ai jamais été dans cette situation, mais je ne doute pas que cela a dû être, tout à fait, merveilleux pour vous. Je suis heureux de vous revoir.
Lorsque nous nous sommes lancés dans cette voie, il y a plusieurs années, dans le cadre de ce qu’on appelait à l’époque la Loi sur l’intégrité des élections, il y avait des omissions flagrantes et des exemples patents de mesures qui me paraissaient aller à l’encontre de l’idée que chaque citoyen canadien a le droit de vote. C'est un droit garanti par la Charte. Il y avait des choses qui me dérangeaient.
L’exemple le plus flagrant à mes yeux est la carte d’information de l’électeur, que nous appelons couramment au Canada rural et ailleurs au Canada la carte d’identité de l’électeur. Même si elle ne porte pas ce titre, c’est vraiment ce dont il s'agit pour les gens. Je voyais beaucoup de gens, surtout des personnes âgées, qui mettaient un aimant sur cette carte et la fixaient à leur réfrigérateur pour s’assurer de ne pas oublier d'aller voter. C’était non seulement un rappel, mais aussi une forme d’identification. J’ai trouvé que c’était un excellent outil parce qu'il s'agissait de l’une des seules bases de données nationales d’identification. Je suis heureux de voir que ce projet de loi la ramène. J’aimerais savoir ce que vous en pensez.
Le deuxième point sur lequel j'aimerais vous entendre est une situation qui m’a paru déroutante à l’époque. J’aimerais savoir ce que vous pensez du fait que le commissaire pourra désormais exercer les sanctions pécuniaires prévues dans le projet de loi, mesure qui, à mon avis, aurait dû être prise depuis longtemps. L'application de ces sanctions avait été retirée d’Élections Canada et confiée aux procureurs de la Couronne, auprès de qui le rôle du commissaire, à mon sens, demeurait indépendant d’Élections Canada, mais il fallait que ceux-ci fassent partie de cet organisme pour se faire une meilleure idée de leur fonction.
La question comporte deux volets. Pourriez-vous nous parler de la carte d’information de l’électeur et aussi du fait que le commissaire soit réintégré à l'organisme auquel il se rattache?
:
Merci beaucoup, Scott, de votre question et de votre demande d'information sur ces deux points.
En ce qui concerne la carte d’information de l’électeur, elle est vraiment importante pour les Canadiens. Pour ce qui est d’établir leur lieu de résidence, il importe de signaler que cette carte ne peut pas servir à elle seule à établir le lieu de résidence, mais doit être utilisée avec d’autres formes d’identification. Quand on y pense, il n’y a pas beaucoup de pièces d’identité qui portent la photo, le nom et l'adresse du titulaire. Il y a beaucoup de Canadiens qui n’ont pas de permis de conduire, par exemple. Pour eux, c’est vraiment important.
J’ai trouvé que le DGE par intérim, M. Perrault, avait tout à fait raison de dire qu'il s’agit en fait d'une question de dignité pour beaucoup de gens. Quand on y pense, pour beaucoup de couples mariés, surtout les couples plus âgés, il n’y a peut-être pas de courrier qui est adressé au nom des deux personnes, ou il n’y a peut-être pas de factures ou de comptes de services publics qui pourraient servir à établir le lieu de résidence. Lorsque je pense aux gens de ma collectivité qui comptaient vraiment sur la carte d’information de l’électeur, en particulier aux femmes âgées qui avaient besoin de cette pièce d’identité, aux femmes, qui peut-être ne conduisent pas ou ne conduisent plus, et qui n’ont pas reçu de courrier à leur nom qui indique leur lieu de résidence aux yeux d'Élections Canada.
Pour revaloriser l'exercice du droit de vote et de redonner un sentiment de dignité aux électeurs, je pense qu’il est absolument essentiel de rétablir la carte d’information de l’électeur comme pièce d’identité servant, au moment du scrutin, à établir le lieu de résidence.
Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question et de la réintégration du commissaire aux élections fédérales au sein d'Élections Canada, c’est exactement ce dont vous parlez, de le rattacher à cet organisme plutôt que du service des poursuites pénales.
De plus, en ce qui concerne le commissaire, nous l'avons habilité à nouveau à porter des accusations et nous lui avons également donné un nouvel outil, soit la capacité de contraindre les gens à témoigner aux fins d'application de la loi électorale. C’est une cause que le commissaire a défendue très vigoureusement. C’est bien beau d’avoir un ensemble de lois sévères qui limitent l’influence indue et qui garantissent vraiment que les gens s'y conforment, mais si nous n’avons pas les outils et la capacité d’intenter des poursuites et de veiller à ce que les règles soient respectées, alors ce n’est pas suffisant. Je pense personnellement, et je crois parler aussi, au nom du gouvernement, que c’est très important pour assurer le respect de ces lois.
Je vais commencer par le dernier point, à savoir que, d'après la Loi électorale actuelle, il faut avoir 18 ans pour travailler dans un bureau de scrutin. Il y a eu une initiative très réussie en Colombie-Britannique intitulée « Youth at the Booth » lors de la dernière campagne provinciale, dans le cadre de laquelle des élèves du secondaire ont travaillé le jour du scrutin. Elections BC a dit à quel point ils étaient formidables en tant que travailleurs électoraux, mais qu'il s'agissait aussi d'un moyen de les faire participer aux élections et de susciter chez eux le désir de voter à l'avenir.
C’est ce que l’ancien DGE a recommandé après 2015. Nous pensons que c’est une excellente initiative, surtout parce que nous savons qu’Élections Canada a de la difficulté à recruter des préposés au scrutin pendant les élections générales.
En élargissant le bassin, on attire des étudiants enthousiastes, excités à l’idée de participer au vote lorsqu’ils auront 18 ans. Cela mène à l’idée d’un registre national des jeunes électeurs. Pour l'essentiel, un tel registre permettrait aux jeunes de 14 à 17 ans de s’inscrire, de sorte qu'à leurs 18 ans, ils seraient inscrits sur la liste électorale. Bien sûr, il faut attendre qu’ils aient 18 ans. Aucun de leurs renseignements ne serait communiqué avant qu'ils atteignent l’âge de 18 ans et qu'ils soient inscrits sur la liste électorale, qui est publique.
:
Merci monsieur le président.
Madame la ministre, je tiens tout d’abord à vous féliciter. Nous nous réjouissons tous de la naissance de votre enfant.
En 2008, j’ai fait du bénévolat dans le cadre d’une élection partielle à Guelph. Un matin, pendant que je travaillais au bureau, nous avons commencé à recevoir plein d’appels téléphoniques selon lesquels les conduites de freins de partisans libéraux, partout dans la circonscription, avaient été coupées. Dans les jours qui ont suivi, nous avons commencé à recevoir des rapports selon lesquels, dans six ou sept circonscriptions du Sud-Ouest de l’Ontario, des gens avaient coupé les conduites de freins de partisans libéraux et peint le mot « libéral » sur leur maison.
Puis, en 2011, les électeurs de Guelph et d’une poignée d’autres circonscriptions ont reçu un message bilingue d’Élections Canada leur demandant de voter dans un lieu de scrutin différent de celui qui était indiqué sur leur carte de vote. Dans bien des cas, ils se sont retrouvés très loin de leur bureau de vote. Un juge a statué que ces gens avaient été appelés à partir de la base de données du Parti conservateur. Une seule personne a été accusée et reconnue coupable dans cette affaire, mais l'on se doute bien que cette personne n'a pas agi seule.
L’enquêteur, sous les auspices du commissaire, n'a pas profité d'une très grande marge de manoeuvre dans cette enquête, puisqu'il devait tolérer la présence de l’avocat du Parti conservateur à chaque entrevue auprès des témoins et qu'il n’avait pas le pouvoir de contraindre quelqu’un à témoigner ni d’exiger la production de documents.
Si le scandale des appels automatisés devait se reproduire en 2019, le commissaire aux élections aurait-il, en vertu de cette loi, une meilleure capacité d’enquête? Croyez-vous que cette loi contribuera à exercer un effet dissuasif contre les fraudes électorales évidentes commises en 2011? Quels autres pouvoirs le commissaire aux élections a-t-il, et pourquoi?
:
Je ne peux pas faire de commentaires précis sur ce qui s’est passé lors des élections précédentes, bien que je puisse dire que je pense que ces pouvoirs permettraient certainement au commissaire aux élections fédérales de faire enquête plus en profondeur sur toute allégation ou tentative de détourner des personnes de leur bureau de scrutin habituel.
J’ai entendu le commissaire lui-même formuler des recommandations convaincantes quant aux raisons pour lesquelles ce serait important, précisément parce que, comme vous le savez, en ce qui concerne la capacité de porter des accusations, c’est un aspect qui relève de la Direction des poursuites pénales. Il doit attendre son tour, quand c’est possible... Cela peut prendre beaucoup de temps. En ce qui concerne la loi électorale, il est très important de pouvoir porter des accusations rapidement. Il est important de démontrer que la loi électorale est respectée. Il est important de démontrer que comme pays, nous ne tolérons pas les transgressions de la loi électorale, et c'est important afin de pouvoir poursuivre l'affaire en soi.
Premièrement, la capacité de porter des accusations est très importante. Deuxièmement, la capacité de contraindre les gens à témoigner est également très importante, parce qu'en présence de systèmes de partis solides et d'une forte loyauté envers le parti, ce que peuvent comprendre tous ceux d’entre nous qui viennent de partis politiques différents, il peut être difficile pour des gens qui savent peut-être quelque chose de sentir qu’ils peuvent dire quelque chose ou qu’ils le feraient. La capacité de contraindre les gens à témoigner permettrait au commissaire de poser d’autres questions.
Ce qui est important aussi dans tout cela, c’est que même s’il a le pouvoir de contraindre quelqu’un à témoigner, une personne ne peut pas s’incriminer elle-même lorsqu’elle est contrainte de témoigner. En face de gros scandales qui ont une grande incidence sur le résultat d’une élection, il est important de se donner les moyens de faire respecter ce qui constitue vraiment une excellente loi électorale à l’échelle mondiale.
Je suis heureux de vous voir ici, madame la ministre. Comme je l’ai déjà dit à la Chambre, je me réjouis beaucoup de vous voir de retour à la Chambre des communes, non seulement parce que je vous apprécie personnellement, mais aussi parce que je pense que c’est utile dans le cas d’un projet de loi comme celui-ci — et dans le cas de n’importe quel projet de loi, mais surtout d’un projet de cette taille — d’avoir la ministre avec nous, plutôt qu’un ministre temporaire. Je suppose que vous avez participé à la rédaction du projet de loi, contrairement au ministre . Il est tout simplement plus difficile, à mon avis, de défendre et de piloter un projet de loi auquel vous n’avez pas contribué. Cela dit, je suis très heureux de vous voir ici.
Vous avez indiqué que vous étiez ouverte aux amendements, et je voulais vous poser une question très précise parce que, comme vous le savez, c’est un sujet qui me tient beaucoup à coeur. Nous en avons discuté, vous et moi, avant que le projet de loi ne soit présenté à la Chambre, alors qu’il en était aux toutes premières étapes de la rédaction et que vous nous demandiez des suggestions. Je veux parler ici de l’idée du bulletin de vote provisoire.
Pour ceux qui n'en ont peut-être pas entendu parler, lorsqu’une personne se présente pour voter et qu’elle n’a pas de pièce d’identité, elle peut quand même voter, mais son bulletin de vote est placé dans une enveloppe anonyme, comme si la personne avait voté. À l’extérieur de l’enveloppe anonyme, elle inscrit ses coordonnées. Si le nombre de bulletins de vote provisoires dans ce genre d’enveloppe anonyme est suffisamment grand pour être supérieur à la marge de différence entre les deux candidats principaux, à ce moment-là, ils sont authentifiés. Ceux qui répondent aux critères servent ensuite à décider du résultat des élections. Ce processus garantit à la fois que tous ceux qui ont le droit de voter puissent le faire, et que personne n'ayant pas le droit de voter ne puisse le faire frauduleusement — ou même voter par erreur, si la personne n'a pas la citoyenneté ou ne répond pas autrement à une condition requise pour voter.
Ces précisions n’étaient pas dans le projet de loi. Seriez-vous prête à envisager de les inclure dans la version définitive du projet de loi? Si nous présentions des amendements en ce sens, seriez-vous prête à les accepter?
:
Merci monsieur le président.
Je vous remercie tous de votre présence aujourd’hui.
J’aimerais commencer par parler de mobilisation des étudiants. J’ai travaillé dans une école secondaire pendant 20 ans, et je représente actuellement une circonscription qui compte trois établissements d'enseignement postsecondaire, alors la mobilisation et la participation des étudiants sont très importantes pour moi.
La question de la carte d’information de l’électeur a été soulevée. Nous en parlons souvent en rapport avec les personnes âgées, mais je pense que c’est aussi important pour les étudiants, parce que ce ne sont pas tous les étudiants qui ont un permis de conduire. Ma fille en est un parfait exemple. Les factures me sont adressées à moi, et non à elle, à la maison, et elle vit encore avec nous, alors je pense que l’utilisation de la carte d’information de l’électeur comme pièce d’identité est importante, et vous l’utilisez en même temps que d’autres pièces d’identité pour qu’elle ne soit pas la seule.
J’examine d’autres mesures prévues dans le projet de loi qui favorisent la participation et la mobilisation des étudiants. J’aimerais d’abord que vous nous parliez du registre des jeunes électeurs. Pouvez-vous nous expliquer comment cela fonctionne, comment l’information est conservée et comment l’elle est recueillie en premier lieu?
:
J'aimerais prendre un instant pour parler de la carte d’information de l’électeur et préciser que vous avez raison de dire que les étudiants et les personnes âgées sont les moins susceptibles d’avoir des indications de résidence, si bien que la carte d’information de l’électeur pourrait être particulièrement importante pour ces deux groupes.
En ce qui concerne l’accroissement de la participation des étudiants, le fait que la prochaine génération ne vote pas aussi souvent que les générations plus âgées constitue un problème de longue date. Nous avons constaté un certain changement lors des dernières élections. Je sais qu’Élections Canada, et en fait, tous ceux qui s’intéressent à la démocratie, veulent poursuivre dans cette voie.
Il y a quelques propositions dans le projet de loi qui, à mon avis, portent là-dessus. La première est celle du registre des futurs électeurs. Il s’agit de créer un registre des jeunes qui, à leur dix-huitième anniversaire de naissance, seraient inscrits sur la liste des électeurs. Il s'agirait ici d'aider à aiguiser ce premier réflexe. Le mystère du vote s’estomperait si on l’incluait, en fait, dans les cours d’éducation civique, comme c’est le cas dans certaines écoles secondaires. Je sais que l’on fait déjà cela en Ontario, et aussi dans d’autres provinces. L’idée du registre des futurs électeurs et des cours d’éducation civique aiderait à démystifier le vote et à initier les jeunes au vote, et une fois qu’ils auront été initiés, ils deviendront des électeurs à vie.
L’autre élément qui me semble important, c’est la participation à Élections Canada. Il est vraiment difficile, les années d'élections, de trouver un nombre suffisant de personnes prêtes à travailler dans les bureaux de scrutin, à faire toutes les choses intéressantes et positives auxquelles nous nous attendons comme Canadiens, afin de veiller au bon fonctionnement des bureaux de scrutin et d’acquérir l’expérience d’Élections Canada. Dans son allocution, la ministre a parlé de l’expérience en Colombie-Britannique du programme Youth at the Booth, ce qui laisse entendre que c’est une excellente idée de faire participer les jeunes, de leur permettre de voir en coulisse comment les élections fonctionnent vraiment, de les aider à acquérir le goût de voter et de créer une base démocratique solide que nous voulons maintenir dans le cadre de notre culture et de notre patrimoine.
:
Merci, monsieur le président.
Nous avons eu des discussions. Je n’entrerai pas dans les détails. Je pense que la chose la plus importante à souligner aujourd’hui est le voyage. Nous devons aller au fond des choses en ce qui concerne les autres éléments sur la liste que nous proposons. Nous pourrons discuter de cette question demain. Au bout du compte, nous aimerions que l’étude article par article ait lieu le 12 pour que ce projet de loi soit renvoyé à la Chambre des communes. En fin de compte, le Comité décidera de l’horaire des témoins. Je sais que l’opposition a exprimé le désir de présenter une liste de témoins et qu’elle pourra le faire demain.
Pour ce qui est des témoins, selon la voie que le Comité choisit, il peut s’agir de deux listes distinctes. Il y aura un groupe de témoins si nous nous déplaçons et un autre groupe tout à fait distinct si nous restons ici à Ottawa.
Nous avons proposé que le Comité parcoure le Canada du 4 au 8 juin 2018 pour autoriser le greffier à organiser des déplacements avec des réunions dans les collectivités des régions suivantes, soit le Canada atlantique, le Québec, l’Ontario, les Prairies et la Colombie-Britannique, mais nous devons circonscrire tout cela. Je suis sûr que les greffiers seraient d’accord, car cela serait beaucoup plus utile. Je crois comprendre que le Comité de liaison se réunira demain et que nous pourrons obtenir un budget, le finaliser et passer à autre chose, en remerciant d’avance les greffiers de nous avoir aidés, compte tenu de l’échéancier.
Nous proposons que le greffier organise au moins une réunion avec les communautés autochtones et que les réunions soient bien réparties entre les collectivités urbaines et rurales. C’est ce que les députés, notamment M. Cullen, nous ont dit quant au voyage. Je vais laisser l’opposition vous donner plus de détails à ce sujet.
:
Si j’ai bien compris, c’est en fonction des discussions que nous avons eues avant le début de cette réunion. Quant à la proposition de voyage, je conviens qu’il est souhaitable que nous nous entendions sur les déplacements si nous voulons les faire, parce que nous devons donner un peu de temps au greffier pour les organiser, surtout compte tenu des échéanciers serrés. Je crois qu’il serait bon d’entendre M. Cullen à ce sujet, car je sais qu’il est le premier à avoir soulevé l’importance des déplacements. Je suis tout à fait d’accord avec lui; je crois qu’il serait bien pour nous de nous déplacer dans le cadre de notre étude de ce projet de loi.
Cela ressemble, autant que je sache, à ce que M. Cullen a proposé lors de la dernière réunion, bien que ce soit différent de ce qu’il espérait voir au départ, en ce sens qu’il y aura beaucoup moins de déplacements. J’aimerais savoir ce qu’il en pense. Je ne suis pas certain d’avoir compris que nous discuterons des détails du voyage ce soir. Je suis cependant d’accord avec M. Bittle, qui a proposé qu’on reporte la discussion des autres éléments à demain, lorsque nous aurons les listes de témoins des trois partis et que nous aurons une idée de ce à quoi cela ressemblera en pratique.
Si cela peut être utile, je pourrais certainement apporter notre liste de témoins proposés, du moins une liste préliminaire, à la réunion de demain. Je crois avoir vu la liste que propose le gouvernement. À moins qu’il ait l’intention d’ajouter quelque chose, je suis sûr qu’il pourra apporter sa liste demain, sans problème. Je ne sais pas où en est M. Cullen à ce sujet, mais s’il peut s’engager à cet égard, nous pourrions avoir une discussion pendant l’heure que nous avons pour les travaux du Comité demain, après quoi nous pourrions nous pencher sur les autres éléments. Étant donné le temps dont nous disposons maintenant, je dirais que nous devrions essayer de régler la question des déplacements. Cela permettrait à notre greffier d’amorcer le processus dès que possible, parce que ce sera une entreprise très difficile dans le court laps de temps que nous avons.
Voilà ce que je pense.
:
Oui. Merci, monsieur le président.
Merci, Chris, pour vos commentaires.
Permettez-moi de dire très brièvement que je ne blâme personne autour de cette table pour la situation dans laquelle nous nous trouvons. De toute évidence, du côté du gouvernement, je ne pense pas que l’un ou l’autre des membres du Comité ait choisi le moment pour étudier ce projet de loi — certainement pas vous, monsieur le président et certainement pas l’opposition. Pourtant, je me sens obligé de soulever une objection semblable parce que je n’aime pas certaines des règles qui existent quant à la réforme électorale. Le projet de loi répond à certaines des questions dont nous avons parlé ouvertement, comme le recours à un répondant et ainsi de suite.
À titre de parlementaire, je me sens aussi responsable de faire en sorte que le projet de loi soit amendé, rejeté, quelles que soient ces options, tout simplement parce que, d’après mon expérience, précipiter l’adoption d’un projet de loi, en particulier d’un projet de loi omnibus, entraînera inévitablement des erreurs. La question est de savoir à quel point ces erreurs sont graves, et on s’en rend compte trop tard. Élections Canada tente de gérer l’expérience des électeurs lors des élections et cela ne fonctionne pas comme on nous l’a dit et comme nous l’espérions. Je me sens un peu coincé.
Je vais commencer par la liste des témoins et revenir à la proposition de voyage. est de retour et il s’implique de nouveau. Il vient de me remettre une liste de témoins et elle est, en effet, exhaustive et épuisante à examiner. Nous allons passer la soirée à en réduire le nombre, car j’ai quelques idées. Je m’inspirais un peu de mon expérience avec le comité sur la réforme électorale. Au cours de ces longs mois d’étude, nous avons trouvé des témoins qui ne viennent pas immédiatement à l’esprit et qui, à mon avis, seraient très utiles à notre examen.
J’apprécie les efforts déployés quant aux déplacements et au libellé de la motion. Comme nous le savons, l’expérience du vote en milieux urbain et rural est différente, et les peuples des Premières Nations en particulier vivent une expérience différente.
La proposition initiale de voyage est logique. J’espère que nous parlerons aujourd’hui de l’horaire des journées, parce que les choses se passent différemment d’un comité à l’autre lorsqu’ils se déplacent. Nous avions soulevé la possibilité de parler aux jeunes Canadiens lors de notre voyage. Nous avions soulevé la possibilité d’avoir... Lorsque nous allons dans les villes comme Halifax ou Toronto, nous entendons uniquement des experts, des soi-disant experts, des gens qui sont touchés par les questions que nous examinons. Toutefois, nous n’avons pas accès aux Canadiens moyens qui n’ont pas de doctorat. Je crois que cela nous appauvrit. Je préconiserais une version réduite d’une journée portes ouvertes, si nous nous rendons à certains endroits en soirée. Par la suite, dans la journée, nous céderions la place aux experts qui ont beaucoup d’opinions à ce sujet.
Quant aux autres réunions, je reste très ouvert à ce que nous faisons en ce moment. Je sais qu’il est parfois désagréable et difficile de fixer un itinéraire en raison des séances prolongées, simplement parce qu’on nous a confié une mission sisyphéene et que nous devons tout faire pour assurer son succès.
À part cela, ma seule autre réserve, que j’ai exprimée à tout à l’heure, est la proposition de faire l’étude article par article en une seule journée. Nous avons une objection philosophique à la coutume voulant que, s’il y a plus de 80 amendements, tout d’un coup, nous devions suivre un horaire serré, ce qui nous ramène à cinq minutes par parti par article, je crois. J’ai vu des députés des deux côtés, du gouvernement et de l’opposition, brutaliser des projets de loi parce qu’il fallait les faire adopter avant la fin des travaux et durant les séances du soir. Les membres du Comité ne sont pas vraiment... Je pense qu’on cesse de faire notre travail à un moment donné. Cela m’inquiète de voir une journée consacrée à l’étude article par article d’un projet de loi qui compte 250 pages bien étoffées. C’est beaucoup.
Enfin, le gouvernement nous donne des chiffres différents, mais 85 % du projet de loi a fait l’objet d’une étude préalable ou provient d’Élections Canada. C’est très bien. Les pourcentages sont acceptables sur le plan des relations publiques ou des médias, mais je ne veux pas laisser entendre que, simplement parce que 85 % du projet de loi a été examiné, l’autre 15 % se fera rapidement. Il se pourrait que cela ne représente pas 15 % de l’effort en raison des choses que le gouvernement a ajoutées à ce projet de loi en plus de ce qui était dans la mesure précédente. Il ne s’agit pas de choses simples ou évidentes. Il est question de la liberté d’expression et de certaines choses qui peuvent être compliquées. Je n’ai pas d’opinion préalable sur le déroulement de ce processus.
Cela dit, je pense que le voyage fonctionnera, même s’il sera court. Il serait bien de réexaminer l’étude article par article, et nous devrions parler des horaires et des détails du voyage. À quoi ressemblera une journée à Halifax ou à Toronto? Cela m’aidera à me faire une idée quant à ce voyage.
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J’ai deux ou trois choses à dire.
La première concerne les collectivités rurales. Je crois vraiment que la première proposition de Nathan, peu importe où nous irons — et j’y reviendrai dans un instant — que ce soit à Regina, à Winnipeg, à Calgary ou ailleurs, on peut y atterrir et se rendre à un endroit relativement rural à une heure de route.
Je crois vraiment que nos travaux devraient tenir compte de la dimension rurale. À mon avis, il sera plus facile d’atteindre cet objectif en visitant les collectivités rurales qu’en invitant quelques personnes d’une région rurale à venir en ville. Cela s’explique en partie par le fait que, si nous organisons un plus grand nombre de séances de discussion, en invitant un certain nombre de témoins, l’intervention des gens sera noyée par les autres sujets qui seront soulevés. À tout le moins, je crois que nous devrions réellement envisager de faire escale dans l’une de ces collectivités rurales.
L’autre chose que je dirais — je pense que cela faciliterait un peu le travail du greffier — à part le fait que nous allons décider que ce sera un endroit près de Winnipeg ou de Regina... Nous parlons de trois provinces — le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta — et nous allons sauter deux d’entre elles, ce qui est malheureux, mais il s’agit apparemment de la décision que nous allons prendre. Pour faciliter la tâche du greffier sur le plan logistique, pourquoi ne pas dire que nous serions à l’aise de prendre l’avion pour les grandes villes de ces trois provinces? Selon l’horaire des vols — pour nous rendre de Toronto à Vancouver, où nous prendrons l’avion par la suite — sur le plan logistique, cela lui donne plus de possibilités quant à l’horaire des vols et tout le reste. Cela lui donne une certaine marge de manoeuvre et facilite un peu les choses.
La tâche lui sera déjà très difficile. J’aimerais lui faciliter les choses le plus possible.
Franchement, nous pouvons recueillir ce point de vue dans n’importe lequel de ces trois, quatre ou cinq endroits, peu importe le nombre de villes où nous atterrirons. Je crois que Regina, Winnipeg et Calgary seraient certainement de bons endroits et probablement Edmonton aussi et peut-être Saskatoon, je l’ignore. Quoi qu’il en soit, je crois que nous devrions lui donner la souplesse nécessaire pour régler la question sur le plan logistique. Nous pourrions alors envisager une collectivité qui aurait une salle pouvant accueillir les kiosques d’interprétation et tout le reste. Une collectivité qui se trouve à une heure de l’un de ces endroits. Certains d’entre nous qui venons de ces régions... Je connais assez bien l’Alberta et, dans une certaine mesure, la Saskatchewan. Je suis sûr que les autres membres connaissent certains de ces endroits. Vous pourriez vous inspirer de cela pour trouver des suggestions quant aux collectivités que nous pourrions visiter.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis heureux d'être de retour devant le Comité. C'est là une approche un peu inhabituelle, mais je ne voulais pas répéter les choses que j'ai dites mardi. Elles sont maintenant notées au dossier par l'entremise de mes remarques. Quant aux choses que je n'ai pas dites mardi, j'en traite plus directement dans le tableau des modifications que je propose pour améliorer le projet de loi. Cela permettra de vous laisser plus temps pour poser des questions.
Je voudrais commencer par souligner mon appui au projet de loi. À mes yeux, il s'agit d'un important projet de loi qui permet de moderniser de façon considérable la Loi électorale du Canada, en plus d'en améliorer l'intégrité. Ce projet de loi qui comprend aussi quelque 100 recommandations des 132 qui avaient été faites par Élections Canada. Ce n'est donc pas une surprise que, de façon générale, nous soyons d'accord sur le projet de loi.
Comme je l'ai indiqué, j'aimerais soulever quelques enjeux précis. Ils font partie du tableau dont je vais parler dans quelques instants.
De façon générale, à mon avis, les deux enjeux qui méritent un examen un peu plus approfondi par le Comité sont ceux qui sont relatifs à la vie privée, dont nous avons déjà parlé la semaine dernière, et ceux qui sont relatifs aux règles qui gouvernent les tiers.
Je le répète, les questions de la protection des renseignements personnels et des tierces parties méritent, à mon avis, d’être examinées plus à fond par le Comité.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais dire quelques mots sur les règles régissant les tierces parties.
Dans l’ensemble, les propositions contenues dans le projet de loi améliorent sensiblement les règles régissant les tierces parties. Elles en élargissent la portée pour englober non seulement les activités de publicité, mais aussi diverses activités partisanes. La portée est élargie. Elles prévoient également des règles qui s'appliquent non seulement pendant la période électorale, mais aussi pendant la période préélectorale. Il y a certaines mesures concernant le financement étranger.
Je tiens à souligner qu’il y a un certain déséquilibre entre les règles qui s’appliquent aux tiers et celles qui s'appliquent aux partis avant le déclenchement des élections. Les partis ne seraient limités que dans leurs dépenses de publicité. Les tierces parties seraient limitées dans toutes leurs activités partisanes. Elles devraient déposer jusqu’à deux rapports préélectoraux, et les partis n’ont pas à le faire. Je ne fais que le souligner. Je n’ai pas de recommandations à ce sujet, mais je voulais attirer l’attention du Comité sur ce point pour que vous en teniez compte lorsque vous examinerez le fardeau réglementaire global imposé aux tierces parties.
Il y a certes des règles importantes concernant le financement étranger, mais j'estime qu'il y a une ouverture résiduelle à l'égard du financement étranger par l'entremise des tierces parties. Il y a des façons de régler ce problème. Je vais faire une recommandation particulière à ce sujet.
Je n’ai pas fait de recommandation sur les règles de contribution aux tiers. Je pense que c’est un domaine où il y a toute une gamme d’options. Il faut équilibrer les considérations liées à la Charte des droits. Il faut examiner l’ensemble du fardeau réglementaire. Je suis tout à fait disposé à discuter de ces sujets avec le Comité, mais je n’ai pas fait de recommandation précise.
Si vous regardez les questions sur la table, je vais les aborder dans l'ordre dans lequel elles apparaissent.
La première est une question précise, mais importante. Il y a maintenant dans ce projet de loi une déclaration solennelle pour les électeurs. Dans certaines circonstances, les électeurs seraient tenus de dire qu’ils ont 18 ans ou qu’ils en auront 18 le jour du scrutin. C’est tout à fait normal. Cependant, ils sont aussi tenus de dire qu’ils sont citoyens ou qu’ils seront citoyens le jour du scrutin. C’est une chose sur laquelle ils ne peuvent pas faire de déclaration. Ils ne savent pas s’ils deviendront citoyens le jour du scrutin. Ils n’ont aucun contrôle là-dessus. La cérémonie n’a pas eu lieu. Elle n'aura peut-être pas lieu. À mon avis, seuls les citoyens devraient pouvoir voter, même par anticipation ou par bulletin de vote spécial. Le serment devrait être modifié en conséquence. Une personne ne devrait pas être appelée à dire qu’elle sera citoyenne canadienne le jour du scrutin.
Le deuxième point porte sur les problèmes liés au financement étranger de tiers. Le projet de loi améliore le régime notamment en interdisant non seulement les contributions de sources étrangères à des fins d'activités réglementées, mais aussi l’utilisation de fonds étrangers. Dans certains cas, un tiers peut recevoir des fonds étrangers et ne pas pouvoir les utiliser. Ils auraient pu faire volte-face et les transmettre à une tierce partie. Ce tiers pourrait alors dépenser cet argent. Je recommande d'ajouter une clause anti-évitement dans le projet de loi. Il y a d’autres exemples de dispositions de ce genre dans ce projet de loi et dans la Loi électorale du Canada. Cela réglerait les situations où un tiers se retourne et transfère des fonds étrangers pour éviter les restrictions prévues dans la loi. C’est une amélioration que je recommande au projet de loi.
Le troisième point concerne les frais de participation à des congrès. À l’heure actuelle, la règle veut que lorsqu’une personne achète un billet pour participer à un congrès, la contribution qu'elle fait est déterminée en fonction du prix du billet moins les avantages concrets qu’elle reçoit au congrès, notamment les repas et les boissons. Le projet de loi recommande de déduire également du prix du billet une part raisonnable des frais généraux de l'organisation du congrès. Il permet aussi à une personne de payer les frais de participation à un congrès d'une autre personne et de déduire du montant les frais généraux. Cette disposition fait en sorte qu'une personne bien nantie pourrait, en achetant la totalité ou la majeure partie des billets, assumer tous les coûts de participation du parti à des congrès.
Il y a plusieurs façons de régler ce problème. La première serait simplement de ne pas accepter qu’il y ait une déduction des frais généraux sur le montant qui constitue une contribution. C’est l’approche que je privilégie. Par ailleurs, on pourrait dire que cette déduction n’est permise que pour un seul billet, pas pour plusieurs. C’est un peu plus compliqué à administrer. Si cela n’est pas acceptable pour le Comité, il faudrait peut-être modifier la loi pour que le rapport annuel du parti reflète le fait qu’une personne a payé des billets pour que plus d’une personne assiste à un congrès, de sorte que si une personne achète une série de billets pour un congrès, il suffit simplement de le déclarer dans le rapport annuel. Cette approche a au moins le mérite d'être transparente dans une certaine mesure.
Le quatrième point que je veux soulever concerne la question de la protection de la vie privée dont nous avons discuté. Comme je l’ai dit la semaine dernière, je suis préoccupé par le fait qu’il n’y ait pas de normes minimales. Chaque partie déciderait la norme qui lui convient. Qui plus est, je m’inquiète de l’absence de surveillance. En ce qui concerne la première question, les normes adoptées par les parties dans leurs politiques devraient être conformes à celles énoncées dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qu’on appelle habituellement la LPRPDE et je crois que le commissaire à la protection de la vie privée est la personne appropriée pour assurer une surveillance du genre. J’en ai discuté avec lui et il est d’accord.
Le cinquième point que je veux soulever est... Il s’agit en fait d’une recommandation d’Élections Canada. Le projet de loi en tient compte. C'est une recommandation visant à contrer la possibilité de désinformation dans les cas d'une publication paraissant, mais n'étant pas, produite par un parti ou un candidat. Nous aurions dû préciser, dans notre recommandation, que les publications électroniques ou traditionnelles paraissant, mais n'étant pas, produites par Élections Canada devraient être frappées de la même interdiction. Ce n'est qu'un prolongement de la même règle pour couvrir les faux documents d'Élection Canada.
Le sixième point concerne un article important du projet de loi qui porte sur les cyberattaques. Je crois que c’est une question importante. Il y a une proposition dans le projet de loi concernant la mauvaise utilisation ou l’interférence avec un ordinateur. Cependant, pour qu’une infraction soit commise, il faut démontrer qu’il y avait une intention d’influencer le résultat de l’élection. Dans certains cas, un État étranger ou un tiers peut souhaiter intervenir simplement pour perturber l’élection ou simplement pour miner la confiance dans l’élection, de sorte que l’obligation de prouver une intention de changer le résultat va trop loin. Je pense qu’il faut l’étendre à d’autres fins, que je viens de mentionner.
Enfin, le dernier point est très technique. Il s'agit d’une disposition transitoire concernant les obligations de déclaration des candidats. Il devrait y avoir un article dans le projet de loi stipulant que si les règles entrent en vigueur au milieu de la campagne ou après celle-ci, l’obligation de faire rapport à la fin de la campagne devrait correspondre aux obligations importantes pendant la campagne. C’est raisonnable. Le libellé de cet article peut être amélioré et devrait l’être. Il y a des articles semblables dans le projet de loi qui, à notre avis, sont mieux rédigés à cet égard et nous y faisons référence dans le tableau. Il s'agit strictement d’un amendement de forme.
Merci.
Vous avez probablement entendu parler de l’autre question, on l’a soulevée en effet à plusieurs reprises pendant la période des questions et ailleurs. Elle porte sur les voyages des ministres et les annonces du gouvernement. Ce qui nous préoccupe, c’est qu'elle tend, selon nous, à avantager le parti au pouvoir, parce qu’il y a une nouvelle restriction dans la période préélectorale quant à ce que les partis politiques peuvent faire, mais lorsque les voyages ministériels et la publicité gouvernementale peuvent se faire, bien sûr, le parti au pouvoir pourrait en bénéficier. Nous craignons que cette période préélectorale soit plus longue que la période pendant laquelle le gouvernement dit qu’il limiterait la publicité. Bien entendu, il n’y a aucune restriction concernant les voyages ministériels.
Si nous voulions examiner un amendement à ce sujet, verriez-vous...? Je pense qu’il y a plusieurs façons de le faire. Évidemment, vous pourriez essayer d’harmoniser cela. Ce ne serait pas la loi électorale, je le sais, mais cela pourrait se faire dans le contexte de cette loi, je pense, ou cela pourrait se faire de façon à ce que cela devienne des dépenses électorales.
Je me demande ce que vous en pensez. Est-ce faisable et possible? Si oui, vous nous conseilleriez de nous y prendre comment, si c’est ce que l'on cherchait à faire?