Merci infiniment, monsieur le président. C'est un plaisir et un honneur pour moi de témoigner devant votre comité.
[Français]
Je remercie les membres du Comité de m'avoir donné l'occasion de discuter un sujet très important, qui est l'organisation des débats des chefs de partis politiques fédéraux au Canada.
[Traduction]
J'aimerais d'abord remercier les membres ici présents de leur étude approfondie de cette partie importante de la démocratie canadienne. J'ai lu avec grand soin le rapport présenté par le Comité.
[Français]
Je vous remercie de votre excellent travail.
[Traduction]
Comme certains d'entre vous le savent peut-être, la protection d'une saine démocratie canadienne est pour moi une passion et l'engagement de toute une vie. C'est pourquoi j'ai l'intention de faire don de toute rémunération associée aux fonctions de commissaire aux débats.
[Français]
Je considère cette entité comme un pas dans la bonne direction dans nos efforts continus pour protéger les institutions démocratiques au Canada.
[Traduction]
Par conséquent, je me sens honoré qu'on ait pensé à moi pour diriger ces efforts et pour travailler avec les partis politiques, les intervenants et les organisations médiatiques afin de présenter aux Canadiens les débats qu'ils méritent. Ayant moi-même animé des débats des chefs fédéraux en 1979 et 1984 et des débats provinciaux en Ontario en 1987, je suis conscient du rôle essentiel qu'ils jouent en exposant les Canadiens à diverses opinions politiques, y compris des positions qui ne correspondent pas toujours aux leurs.
Sur le plan personnel, j'ai toujours apprécié le processus politique et le rôle que jouent les médias dans une démocratie en santé. En tant que commissaire, ma priorité serait de nouer un dialogue ouvert et transparent avec les Canadiens, les partis politiques, les médias et les intervenants.
Je suis convaincu que le succès des débats de 2019 dépendra de la capacité de la commission de faire primer l'intérêt public tout en restant indépendante et impartiale.
Mesdames et messieurs, j'entendrai avec grand intérêt vos avis sur les éléments qui rendent un débat informatif et utile pour les Canadiens. Je serai également heureux de savoir comment vous envisagez la composition d'un comité consultatif qui réunit des compétences variées.
[Français]
Enfin, j'aimerais avoir votre avis sur les personnes à consulter.
[Traduction]
Une démocratie en santé est stable, transparente et axée sur l'intérêt public. Ces valeurs sont celles qui doivent guider l'organisation des débats des chefs, et celles dont je compte m'inspirer dans le cadre de ce processus.
J'envisage avec plaisir de collaborer avec vous tous en vue de présenter au Parlement en 2020 un rapport assorti de recommandations fondées sur l'expérience de 2019 qui éclairera les futurs débats des chefs au Canada.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président.
:
C'est intéressant, car vous avez donné cette instruction juste avant que je prenne la parole. J'en prends note.
Un député: Ce n'est qu'une coïncidence.
M. David Christopherson: C'est la faute de M. Reid.
Merci, monsieur le président.
Votre Excellence, merci beaucoup d'être là.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais certains d'entre nous ont des réserves à l'égard du processus, et nous réglerons la situation en temps voulu.
Si je peux me le permettre, à mon avis, nous avons fait les choses un peu à l'envers. Nous avons mis la charrue devant les boeufs. Nous aurions dû commencer par adopter la politique proposée par le gouvernement, faire ce qui s'impose, assurer une légitimité et obtenir l'acceptation d'au mois deux des trois partis — au lieu de l'unanimité, nous visons maintenant au moins une majorité, comme strict minimum — et, enfin, procéder à la nomination.
Cependant, je suis tout à fait disposé à aller de l'avant dans la mesure où le gouvernement décide d'essayer de légitimer ce processus — et je vais faire une suggestion à ce sujet dans un instant —, auquel cas non seulement je me sentirais à l'aise de savoir que vous occupez ce poste, monsieur, mais je crois que vous nous rendriez un grand service et que vous nous feriez honneur.
Vous représentez la norme d'excellence en matière de fonction publique, et je ne peux m'imaginer un poste où vous ne seriez pas parfaitement qualifié pour représenter les Canadiens, assurer l'équité, incarner ces valeurs et mettre à profit votre intégrité, votre intelligence et votre expérience. Sachez, monsieur, et je ne saurais trop insister là-dessus, que toute observation négative que je ferai vise le processus, le gouvernement — bref tout, sauf vous.
J'ai la plus haute estime pour vous, à l'instar des membres de mon caucus, et si, au bout du compte, vous devenez commissaire aux débats, notre pays sera très bien servi.
Une partie de notre difficulté, monsieur, c'est... et je suis conscient de ce que vous avez dit, monsieur le président, alors je ferai de mon mieux pour m'en tenir au sujet à l'étude, tout en reconnaissant la latitude dont disposent les députés, surtout au sein de notre comité.
Dès le départ, monsieur, ce qui m'inquiète... et je ne suis pas assez intelligent pour me livrer à des jeux politiques en cachette. J'étale mes cartes sur la table. Voici ce qui m'inquiète, en premier lieu: l'idée de nommer un commissaire aux débats découle du fait qu'un des principaux chefs de parti, que je ne nommerai pas pour l'instant, a joué au plus fin en refusant de participer aux débats nationaux, ce qui signifie que nous n'avons pas eu droit à un processus démocratique rigoureux qui incluait les types de débats dont les Canadiens ont besoin et qu'ils devraient avoir. Le but était de veiller à ce qu'une telle situation ne se reproduise pas.
Cela a toujours été une sorte de processus bâclé, qui était réinventé chaque fois, selon la personne qui prenait la décision. Il était donc tout à fait logique que nous prenions cette mesure. Malheureusement, monsieur, le gouvernement a mal géré chaque aspect de la réforme démocratique à tel point que, maintenant, nous nous retrouvons avec un gouvernement qui prétend ne pas avoir eu pas assez de temps pour instaurer cela par voie législative.
Monsieur, je veux seulement que vous sachiez que ce n'est pas de notre faute. Ce n'est pas nous qui établissons le programme législatif. C'est le gouvernement qui le fait. Une des premières mesures que nous avons recommandées... Je vais vous dire ce qui me dérange vraiment, monsieur le président. C'est le fait que le gouvernement ne cesse de répéter: « Nous n'avons fait que suivre les politiques. Nous n'avons fait qu'appliquer les politiques du Comité. » Non, ce n'est pas le cas.
Une des principales recommandations que nous avons formulées, c'est la nécessité d'avoir une unanimité quant au choix du commissaire. Cela revient à l'idée que c'est le gouvernement qui décide qui sont les candidats éventuels et c'est lui qui présente un candidat définitif; nous ne faisons que dire oui ou non. Le fait que gouvernement appelle cela une consultation est insultant par les temps qui courent. Voilà exactement ce qui s'est passé.
La veille de l'annonce publique de cette politique, la ministre a rencontré et moi-même. Je ne divulguerai pas le contenu de la discussion. Ce ne serait pas approprié. Toutefois, il est juste de dire que l'objectif de la réunion était de nous informer de ce qui allait se passer. C'était un décret venant d'en haut. Je dirai ceci parce que je l'ai déjà déclaré publiquement. J'ai dit à la ministre: « Cela devrait être une consultation, et non une séance d'information. » Elle m'a répondu: « Une fois que vous saurez qui est le candidat, vous serez rassuré. » Comme je l'ai expliqué, il y a une séparation totale entre cela et la légitimité de ce processus.
Tout d'abord, il devait y avoir un consentement unanime quant au choix du commissaire. On en a fait fi. Il y avait aussi des aspects essentiels liés aux questions de savoir qui pouvait participer aux débats. Comme mon collègue, M. Reid, l'a souligné, c'était un dossier très litigieux, et nous n'arrivions pas à nous entendre; en fait, nous n'avons même pas essayé de le faire parce que nous pensions que cette décision finirait par être prise de façon indépendante. Bonne ou mauvaise, telle était notre interprétation collective.
Monsieur le président, je tiens à souligner que nous avons consacré beaucoup de temps à la préparation de ce rapport. Malgré l'absence d'unanimité des partis, il y a eu beaucoup de débats et de discussions à ce sujet. Lorsqu'un des partis me reprochait de faire fausse route, il participait quand même aux échanges pour essayer d'apporter des améliorations. Nous avons travaillé dans un esprit de collégialité — chose que vous continuez à encourager grâce à votre excellent travail en tant que président du Comité —, et nous avons déployé beaucoup d'efforts. Si quelqu'un estime qu'il s'agit d'une sorte de travail de politicards ou d'une plaisanterie, ou que cela n'a pas d'importance, qu'il le dise maintenant. Je me rappelle à quel point nous avons travaillé fort — moi, M. Nater et vous, monsieur le président. Nous nous y sommes dévoués corps et âme.
Puis, voilà que le gouvernement, à cause de sa mauvaise gestion des dossiers — il aurait manqué de temps pour bien faire les choses —, s'attend à ce que le processus des débats au Canada soit, d'une certaine façon, déterminé par un seul parti. C'est là où nous en sommes. Permettez-moi de dire ceci, car il me reste peu de temps. Le gouvernement ne fait que jouer le jeu du parti qui ne veut pas de cette commission des débats en refusant de légitimer le processus. Le manque de réflexion, de discernement politique et de procédure est tout simplement stupéfiant, compte tenu du fait que le gouvernement est au pouvoir depuis maintenant quelques années.
Voici mon dernier point, monsieur le président. Je recommande fortement que nous corrigions le tir. Je n'ai pas besoin d'une manchette, d'une citation ou d'un reportage, car je ne briguerai pas les suffrages aux prochaines élections, mais je veux que nous améliorions nos débats et que nous renforcions notre démocratie le plus possible. Je vais donc lancer une bouée de secours au gouvernement. Je vais lui demander, par votre intermédiaire, monsieur le président, de présenter une proposition à notre comité, de permettre que des modifications y soient apportées et de voir s'il y a lieu de rétablir la légitimité par au moins un vote majoritaire représentant deux des trois partis reconnus au sein de notre comité. Voilà qui aurait, monsieur le président, une certaine légitimité. Le résultat ne s'appuiera pas uniquement sur le document que nous avons adopté ni sur la proposition du gouvernement, mais plutôt sur nos efforts collectifs pour essayer d'y arriver. À mon avis, c'est un moyen de remédier à une situation tout à fait embarrassante et insultante pour le Parlement: le fait que gouvernement libéral croit qu'il peut décréter, à lui seul et de façon unilatérale, le déroulement du processus des débats, l'établissement des règles et le choix de la personne qui s'en occupera.
Monsieur, je suis désolé d'avoir eu à faire cela devant vous, mais vous pouvez comprendre... J'ai vu que vous êtes resté là sans broncher. Vous n'êtes pas né d'hier, et vous savez comment cela fonctionne. Je voudrais terminer, monsieur, en exprimant une fois de plus tout le respect que j'ai pour vous. Si vous finissez par être notre commissaire, j'en serai ravi. En fait, peu importe la fonction que vous finirez par assumer pour représenter le Canada et favoriser notre démocratie, nous nous en porterons que mieux.
Je vous remercie, monsieur, de votre présence ici aujourd'hui.
Merci, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion d'intervenir.
Je vais m'inspirer de l'exemple de David Christopherson parce que je l'adore, même s'il n'aimera pas ce que je m'apprête à dire.
Je tiens à préciser rapidement que je suis très reconnaissante au gouvernement d'avoir pris le taureau par les cornes et d'avoir établi à l'avance une commission chargée des débats, le tout assorti de critères solides, parce que je crois que nous débattons de... Ce serait beaucoup mieux, à n'en point douter, si tous les partis... Je n'utiliserais pas les mots « tous les partis reconnus » parce que, bien franchement, les partis reconnus ont manipulé le processus des débats pendant de nombreuses années afin d'exclure tout le monde, sauf eux.
Il n'y a aucune intention malveillante à votre égard, cher ami, mais honnêtement, le processus des débats, du point de vue de tout observateur impartial, jette le discrédit sur la démocratie.
On a affaire à de la collusion et à des tractations de coulisses. Malgré le travail acharné du consortium des médias, rappelons que M. Harper avait menacé de ne pas participer aux débats et, lors de la dernière campagne électorale, MM. Mulcair et Harper avaient tous deux causé l'annulation du débat des chefs en anglais. Par conséquent, les 11 millions de Canadiens qui avaient écouté le débat simultané des chefs en anglais en 2011 ont été privés de cette possibilité en 2015, et c'était la même chose pour le débat des femmes. L'événement a ensuite été remplacé par une série d'autres débats qui, selon moi, ont été mis en place pour justement détourner l'attention du fait que nous avions perdu le débat des chefs en anglais, diffusé à l'échelle nationale.
Le problème, c'est que nous estimons que le processus à l'étude comporte des lacunes. Pour ma part, je ne dirai pas qu'il est parfait, mais comparativement au statu quo, il s'agit d'une nette amélioration. Je vais vous en donner deux raisons et, à titre de documentation d'appui, je vous invite à lire l'article de Tony Burman. C'est lui qui avait présidé le consortium avec la CBC durant le débat des chefs de 2008, et il écrit à quel point tous ces jeux de coulisses étaient dangereux, antidémocratiques et absurdes, notamment en ce qui concerne les menaces faites par les divers chefs. Andrew Coyne a, lui aussi, écrit très brillamment sur ce problème. Pour reprendre son analogie, c'est comme si Chrysler, GM et Ford se réunissaient avec les réseaux de télévision et disaient: « Très bien, nous sommes tous d'accord: pas de publicités télévisées pour Toyota. »
Voilà à quel point cela s'est avéré injuste, insensé et antidémocratique jusqu'à maintenant. J'ai l'impression qu'on s'emploie beaucoup à discréditer l'effort déployé par les mêmes personnes qui n'ont jamais voulu que le processus des débats soit élargi au-delà des grands partis.
Je tenais donc à dire très clairement que j'accueille favorablement cet effort. Voici un des principaux avantages: lorsque le consortium des médias avait la tâche assez ingrate — et je ne le blâme aucunement pour ce... Mais le problème, c'est que, lorsque les directeurs des médias d'information prennent une décision importante en faveur de la démocratie, leurs propres journalistes ont beaucoup de mal à rapporter ce qui se passe. En fait, ils ne le peuvent pas.
J'espère donc que, grâce à une commission indépendante chargée des débats, grâce à un commissaire qualifié en la matière et grâce à un processus transparent, les médias d'information pourront rendre compte de ce qui se passe parce que, si ma mémoire est bonne, lors des élections de 2015, aucun reportage n'avait été consacré au fait que deux chefs de partis fédéraux — l'un d'eux étant le premier ministre à l'époque — avaient curieusement réussi à faire annuler les débats.
Permettez-moi d'ajouter que je suis favorable à l'idée d'un processus prévisible et transparent qui permettra aux médias d'être au courant de ce qui se passe afin de rapporter les faits. Selon moi, le plus grand risque ici — et je passerai ensuite à vos qualifications, monsieur —, c'est un manque d'adhésion de la part des grands partis et des membres du consortium.
Je vous conseille donc, respectueusement et en toute humilité, de créer sept postes au sein du comité consultatif et de les pourvoir avec des gens de CTV, CBC, Global, TVA et Radio-Canada — ils dirigent les débats depuis 1960 —, et j'ajouterais à cette liste TVO et CPAC. Laissez-les devenir vos conseillers, car nous avons besoin d'obtenir sans tarder leur engagement à diffuser les débats. Pour l'instant, aucun engagement n'a été pris pour la diffusion des débats produits par la commission, et cela doit être très clair dès le début.
J'accueille d'un oeil favorable ce processus. Je me réjouis des critères parce qu'ils fonctionnent pour le Bloc québécois; ils sont équitables pour des partis comme le mien, et je pense qu'ils finiront probablement par fonctionner pour et le Parti populaire, mais on verra bien.
J'aurais une seule question à vous poser, comme matière à réflexion, si vous le voulez bien. Durant votre longue et illustre carrière, vous avez assumé une fonction précise que vous avez omis de mentionner et qui est, selon moi, pertinente pour ce poste: en effet, de 1988 à 1990, vous avez été président fondateur de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, laquelle a abouti à de nombreux groupes disparates et à un engagement multilatéral. Pensez-vous que cette expérience revêt une certaine pertinence pour le nouveau rôle que, j'espère, vous remplirez?
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant de ces commentaires.
Merci, monsieur, d'être des nôtres. Dans ma circonscription, Perth—Wellington, qui comprend la ville de Stratford, nous vous savons gré des efforts que vous avez déployés, lorsque vous étiez président de l'Université de Waterloo, pour établir le campus de Stratford au sein de notre collectivité. C'est très apprécié, et cela en dit long sur votre parcours dans le domaine de la technologie numérique, ce qui m'amène à ma première question.
Compte tenu de vos antécédents dans le milieu universitaire, je remarque que vos armoiries sont ornées d'un code binaire, ce qui est, à mon avis, tout à fait pertinent en raison de votre parcours. J'en arrive donc à ma question.
Je dois dire que je suis un peu en désaccord avec Mme May lorsqu'elle affirme que le comité consultatif devrait être composé de représentants des grands diffuseurs. Voici mon point de vue. En tant que membre de la génération du millénaire, je n'ai pas le câble ni le satellite chez moi. La télévision ne constitue pas ma principale source de nouvelles. Plus de la moitié des gens de ma génération se fient aux communications numériques et aux plateformes en ligne. Étant donné votre vaste expérience universitaire, je serais curieux de savoir comment vous vous y prendriez pour faire en sorte que ma génération et ceux qui sont plus jeunes que moi... À 34 ans, je me sens presque vieux lorsque je me compare aux nouveaux électeurs âgés de 18 ans. M. Christopherson dit qu'il faut s'y faire.
Quelle serait votre démarche, en vous fiant à votre expérience, pour veiller à ce que notre génération et les plus jeunes aient l'occasion de participer aux débats?
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Soyez ouverts, soyez ouverts. Ma grand-mère avait l'habitude de dire: « Ce n'est pas pour rien que vous avez deux oreilles et deux yeux, mais que vous n'avez qu'une seule bouche. Écoutez, regardez et puis, peut-être, parlez. »
Parfois, les gens pensent que c'est banal, mais pour moi, c'est très significatif de savoir que toutes les choses importantes que j'ai apprises dans la vie, ce sont mes enfants et, maintenant, mes petits-enfants que me les ont montrées. Ce n'est pas qu'ils fournissent tout le contenu de ce que vous savez ou de ce que vous réapprenez, mais ils voient la vie sous un autre angle. Cet état d'esprit a été très important pour moi. C'est au sujet de ce genre de choses que j'écris.
Vous avez parlé de ces armoiries dont la partie inférieure est ornée d'un plus et d'un moins. C'était pour indiquer mon intérêt pour la technologie et l'apprentissage, mais disons que les médias se sont amusés avec cela lorsque c'est devenu public. Ils pensaient que c'était un message secret comme le code de Vinci, et nous allons laisser cela comme une question ouverte. Peut-être que les gens vont essayer de trouver le message caché là-dedans.
Le premier livre que j'ai écrit quand j'étais jeune avocat s'intitulait Computers and Law. C'était en 1967, donc il y a fort longtemps. J'ai été très intéressé par l'incidence que la technologie — cette force qui évolue rapidement et qui progresse — peut avoir sur les normes et les conventions très traditionnelles du droit, lesquelles ont tendance à être tournées vers le passé, et par la façon dont nous gérons cette opposition. Je continue d'écrire des livres sur des sujets connexes, comme le droit des communications, le droit informatique, etc.
Ce que j'ai pu constater dans ma vie professionnelle et à travers mes nombreuses réflexions et mes quelques écrits en la matière, c'est que l'accélération a été exponentielle. C'est une courbe qui ressemble à cela. La capacité de l'intelligence humaine à s'adapter à ce changement est plutôt comme cela, alors il y a cet énorme écart entre les deux. Qu'advient-il de faire? Il ne faut pas se refermer sur soi en signe de dégoût, mais il faut essayer d'écouter et d'apprendre de nouvelles façons de faire. Aussi, lorsque l'on commence à y voir clair et à trouver des points de repère, il faut veiller à ne pas se couper des idées nouvelles, surtout de celles qui ne sont dans notre tête parce que nous sommes plus vieux d'une ou deux générations.
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Premièrement, nous devons travailler en ce sens et nous devons nous rendre compte que nous sommes un pays qui va d'est en ouest, mais aussi du sud au nord.
Deuxièmement, durant la première année de mon mandat, j'ai visité les 13 différentes capitales du pays. Lorsque nous étions à Yellowknife, à l'Assemblée législative, j'ai vraiment été soufflé de voir qu'il y avait 12 langues officielles. Les gens disent : « Douze langues officielles? Comment pouvez-vous faire fonctionner un pays comme celui-là? » Mais cela fonctionne effectivement. C'est le Canada. Cela fonctionne très bien.
Troisièmement, l'an dernier, lors de la remise des Prix du Gouverneur général pour l'innovation — ce sera la quatrième année —, il y avait un formidable professeur de l'Université de Montréal qui s'est intéressé à certaines des langues autochtones les moins connues, surtout des langues du Nord, des langues qui comptent très peu de locuteurs. Grâce à des enregistrements et à un logiciel très sophistiqué, il avait été en mesure de constituer un vocabulaire et une grammaire et de traduire tout cela en quelque chose d'enseignable. Il est tout à fait fascinant qu'une telle innovation ait vu le jour.
Enfin, c'est une chose très personnelle, mais il s'agit de la façon dont nous nous adressons au Nord. La Fondation Rideau Hall, que je préside et que nous avons mise sur pied en 2012 pour étendre le rayonnement du Bureau du gouverneur général, administre les Prix Inspiration arctique. Ces prix s'appuient sur le legs de deux immigrants qui ont laissé leurs économies à vie — une somme de 60 millions de dollars — pour qu'elles soient utilisées à raison de 3 ou 3,5 millions de dollars par année afin de promouvoir des projets dans le Nord, c'est-à-dire des projets conçus par des habitants du Nord pour les habitants du Nord. Les prix existent depuis quatre ans maintenant. Il y a un prix de 1 000 000 $, deux prix de 500 000 $, puis, habituellement, sept ou huit prix de 100 000 $ ou moins. En général, ces derniers prix sont décernés à des jeunes qui n'en sont encore qu'à leurs débuts. Chaque année, au moins l'un de ces prix , peut-être deux, a à voir avec les langues et la culture. Ce sont là des éléments importants qui nous permettront de développer un sens beaucoup plus aigu de la richesse des langues dans le Nord canadien et de l'importance de veiller à les préserver et à les rendre utilisables.
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Il y a trois questions là-dedans.
J'ai eu une conversation téléphonique avec le cabinet du premier ministre, puis deux conversations avec la ministre . C'est le premier point.
Deuxièmement, quelque part dans ce processus, j'ai vu le projet de mandat tel qu'il était rédigé et j'ai trouvé qu'il était clair. J'ai beaucoup apprécié cela et j'ai aussi beaucoup apprécié le rapport de votre comité. Je l'ai trouvé excellent, tout comme les témoignages qui le sous-tendent ainsi que le sondage ou l'effort de consultation auquel l'Institut de recherche en politiques publiques a procédé.
J'ai participé à un certain nombre d'enquêtes publiques et de commissions — environ 25 réparties sur 40 ou 50 ans. Ce qui m'a particulièrement intéressé et séduit, c'est le chemin que vous avez parcouru pour affiner les questions et mettre au point un mandat. Comme mon ami David Christopherson l'a dit, bien entendu, il y a une controverse à ce sujet, mais si vous regardez cette controverse particulière, c'est très réconfortant d'être considéré pour ce poste et de savoir qu'il s'agit d'un ensemble assez précis d'activités. Nous sommes toujours dans les « si », car je n'ai pas été nommé; pour l'instant, je ne suis rien d'autre qu'un candidat. Quoi qu'il en soit, je suis fixé sur ce qu'il y a à faire. Je sais aussi sur quoi je devrai porter un jugement et comment je devrai m'y prendre. Pour les avocats qui recherchent toujours un certain degré de certitude, c'est très réconfortant.
Pour ce qui est de la troisième question, qui portait sur le fait de savoir si je connaissais d'autres personnes, non, il n'y a pas eu de discussion à ce sujet. On m'a demandé si j'allais le faire, et ma réponse a été que j'ai passé toute ma vie dans l'oeil du public et que j'ai toujours dit oui à ces questions, sauf quand je ne n'avais pas les compétences ou le temps nécessaires. À quelques reprises dans le passé, j'ai dit que je n'avais vraiment pas les compétences nécessaires — et cela a souvent fait l'objet d'un débat —, ou j'ai dit que je n'avais pas le temps, car j'étais directeur général d'une université, ce qui est un emploi à temps plein. Combien de temps pouvez-vous dégager? Si vous êtes en mesure de dégager suffisamment de temps, vous allez de l'avant, mais si vous dites que vous ne pourrez pas faire le travail correctement, alors vous ne le faites pas.
Voilà ma réponse. Y avait-il d'autres sujets à couvrir.
Je suis désolé pour la longueur.