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Bonjour. Bienvenue à la 82
e séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Je tiens à indiquer aux membres du Comité que nous avons eu une excellente rencontre hier avec la délégation du Ghana. De plus, il y a quelques minutes, j'ai présenté notre rapport au Parlement sur les façons d’améliorer la participation au système politique des députées ayant des bébés et des nourrissons. C'était formidable. Félicitations au Comité pour ce bon travail.
Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre étude sur la création d'un commissariat indépendant chargé des débats des chefs. Nous allons accueillir pour commencer un certain nombre de témoins.
De CBC/Radio-Canada, nous entendrons Jennifer McGuire, directrice générale et rédactrice en chef de CBC News.
[Français]
Également de CBC/Radio-Canada, Michel Cormier est directeur général de l'information, Information et affaires publiques, Services français.
[Traduction]
De Corus Entertainment, nous accueillons Troy Reeb, vice-président principal, News, Radio and Station Operations, et de Bell Media, nous accueillons Wendy Freeman, présidente de CTV News.
Je sais que vous êtes tous deux des personnalités très importantes, très occupées, et nous sommes très honorés de vous avoir parmi nous. Nous avons hâte de vous entendre, dans l'ordre dans lequel je vous ai présentés.
Jennifer McGuire, nous allons commencer par vous.
Merci de nous avoir invités à vous donner notre point de vue aujourd'hui. Nous représentons plusieurs radiodiffuseurs qui jouent un rôle important et essentiel dans la vie démocratique du Canada. Notre présence devant ce comité est motivée par un objectif commun — trouver la façon la plus efficace de fournir aux électeurs les outils dont ils ont besoin pour faire des choix réfléchis et éclairés et, à terme, pour faire participer les Canadiens au processus démocratique. C’est particulièrement vrai pour le diffuseur public du Canada, mais aussi pour chacun d'entre nous. Non seulement nos émissions sont-elles diffusées aux quatre coins du pays, mais nous avons en plus une expérience directe de toutes les façons de couvrir une élection, incluant les débats des chefs.
Notre expérience des débats des élections fédérales date du tout premier qui a eu lieu en 1968. À l'époque, CBC/Radio-Canada et CTV partaient de zéro pour négocier avec les partis les conditions de la tenue de ce débat. Les arguments sur l’inclusion d'un parti ou d'un autre n'étaient pas si différents de ceux invoqués aujourd'hui. Ce premier débat s'était déroulé en deux parties. La première incluait les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates. La deuxième accordait une place aux créditistes. Le Parti Crédit social avait été totalement exclu du débat.
Au fil des ans, d'autres radiodiffuseurs se sont joints à nous, alors que les partis politiques allaient et venaient. Nous avons ajouté des débats en français et essayé différentes formules, dont des tables rondes, des échanges devant public et sur les médias sociaux. Chaque campagne a été l’occasion de tirer des leçons et d'évoluer.
Mais certains points sont récurrents. Mes collègues et moi aborderons aujourd'hui les plus importants et nous vous demandons de bien vouloir en tenir compte.
Premièrement, nous devons tenir des débats pouvant atteindre tous les Canadiens. Encore une fois, notre objectif commun est l'intérêt public. La question est de savoir comment faire en sorte que les Canadiens connaissent mieux les partis, leurs chefs et leurs positions politiques. Les débats jouent ce rôle, car ils mettent à l'épreuve les connaissances des candidats, leurs valeurs et leur vivacité d'esprit sous la pression. C'est lorsque les chefs s'éloignent de leurs messages formatés à l'avance que nous pouvons mieux apprécier la profondeur de leurs idées. Ne sous-estimez pas l’importance d’atteindre un vaste auditoire. Dans notre monde moderne où le discours est fractionné, il s'agit d'une rare occasion pour les Canadiens d'évaluer les candidats en même temps, au même endroit et dans le même contexte. L'impact des débats augmente de façon exponentielle lorsqu'ils font partie d'une expérience nationale commune.
Deuxièmement, nous devons présenter des débats que le public regardera, car il importe peu d’avoir un auditoire si celui-ci ne se sent pas mobilisé. Il faut que le format fonctionne, que le décor soit attrayant et que l’animateur ait du talent. II faut amener les candidats à ne pas s'éloigner du sujet et les forcer à coller aux questions de l'heure. C'est l'une des raisons pour lesquelles la contribution des journalistes aux débats est si importante. Bien entendu, il faut aussi avoir des réalisateurs qui savent comment capter l’attention du public, pas seulement à la télévision, mais aussi sur les plateformes numériques et sociales. À cet effet, vous savez sûrement que CBC News est un chef de file du contenu numérique au Canada, avec 18,3 millions de visites uniques. Toutefois, dans les moments importants, rien ne peut égaler la force et la puissance d'attraction de la télévision, surtout quand les choses sont bien faites.
Troisièmement, nous devons exclure les partis politiques du processus. Je suis consciente que chacun de vous est affilié à un parti. Permettez-moi tout de même d'exprimer mon point de vue. Nous constatons que le plus gros défaut du système actuel réside dans le fait que les partis pèsent de tout leur poids pour influencer le déroulement des débats. Si, en 2015, il est devenu de bon ton d'attaquer les grands réseaux de radiodiffusion, en vérité, nous n'avons jamais contrôlé les conditions régissant les débats. Celles-ci découlaient de rondes de négociations délicates menées avec les partis politiques eux-mêmes. Chaque parti cherche à obtenir tous les avantages possibles, que ce soit l'endroit, la date du débat, le choix des participants ou le format acceptable. Les partis vont jusqu'à menacer de ne pas participer au débat en même temps qu'ils cherchent à obtenir des conditions à leur avantage.
En 2015, les réseaux ont agi de bonne foi, mais leur détermination à tenir les débats a été mise à l'épreuve pendant des mois, pour finalement obtenir une fin de non-recevoir, du moins du côté anglais. En fin de compte, c'est le public qui a été perdant. Par rapport aux chiffres de 2011, nous n'avons atteint qu'une fraction de l'auditoire. S'il est une chose qui mérite d'être accomplie dans le cadre de ces travaux, c'est de dépolitiser le processus et de faire en sorte que les intérêts partisans soient tenus à l'écart.
Mon collègue Michel Cormier de Radio-Canada va maintenant vous expliquer comment les choses se sont déroulées pendant la campagne de 2015.
:
Je peux le faire parce que j'ai été mêlé de près à la négociation des débats, surtout du côté français.
[Français]
Les débats électoraux de 2015 ont eu lieu dans un contexte très particulier, en effet. Il n'y a pas eu de débat national télévisé en anglais, parce que l'un des partis n'a pas voulu y participer. Du côté francophone, il y a eu un débat national réunissant les chefs de tous les partis. Toutefois, l'un des deux grands réseaux de télévision francophone ne l'a pas présenté. Je reviendrai sur le débat en français un peu plus tard.
Certains sont d'avis que, si les négociations entourant la tenue des débats ont échoué, c'est parce que le modèle du consortium ne fonctionne plus, qu'il est antidémocratique, que des dirigeants de l'industrie de la radiodiffusion négocient derrière des portes clauses avec les représentants des partis et que le fait que les règles et les paramètres des débats soient établis par les journalistes peut servir les intérêts de la télévision, peut-être, mais pas le débat politique.
Nous reconnaissons que le mécanisme des débats doit évoluer, mais permettez-moi de nuancer cet argument en revenant sur la façon dont les choses se sont déroulées en 2015.
Le débat en anglais n'a pas eu lieu en raison du contexte extrêmement politisé des négociations. Dès le début du printemps, lorsque nous avons entrepris nos discussions avec les partis, et jusqu'aux derniers jours de la campagne, nous avons toujours eu espoir d'organiser un débat. Toutefois, à aucun moment le parti au pouvoir ne s'est engagé à y participer. Sa réticence ne découlait pas nécessairement de l'inclusion ou de l'utilisation des médias sociaux ni du format ou du contenu proposé, mais bien du rôle joué par le consortium lui-même.
Nous avons toujours été disposés à distribuer le débat le plus largement possible. Nous avions même entrepris des discussions avec Google et Facebook, afin d'étendre sa portée sur les plateformes numériques. Essentiellement, tant et aussi longtemps que le consortium était impliqué...
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Je disais que nous avions même entrepris des négociations avec Google et Facebook afin d'étendre la portée du débat sur les plateformes numériques. Essentiellement, tant et aussi longtemps que le consortium était impliqué dans l'exercice, il était impossible que le débat ait lieu. Il y avait aussi le point de vue selon lequel il était préférable de tenir plusieurs petits débats plutôt qu'un seul grand débat télévisé. C'est ce qui s'est produit dans le marché anglophone.
Est-ce que les électeurs ont été mieux servis ainsi? Nous ne le croyons pas. Les auditoires combinés de ces petits débats ont été largement inférieurs à ceux qu'un débat national télévisé obtient habituellement.
Permettez-moi d'insister sur un point. Les grands réseaux de télévision comme le nôtre sont ouverts à l'idée de revoir les formats des débats, de les rendre moins rigides, de collaborer avec plus de partenaires pour que le plus grand nombre possible d'électeurs puissent y avoir accès par l'intermédiaire des plateformes numériques. Or nous n'avons même pas eu l'occasion d'en discuter. Selon nous, exclure le consortium de l'exercice nuisait à la démocratie canadienne.
Du côté francophone, l'expérience a été tout à fait différente. Après de longues négociations, tous les partis se sont finalement entendus sur un débat organisé par Radio-Canada et chapeauté par le consortium. Radio-Canada, de son côté, s'est associée à d'autres médias, à l'exception de TVA, qui avait décidé de tenir son propre débat sur des enjeux concernant le Québec et s'adressant à un auditoire québécois. Nos partenaires incluaient le journal La Presse, Télé-Québec, le diffuseur public du Québec, ainsi que Facebook et YouTube. Nous avons aussi offert notre signal à d'autres radiodiffuseurs, notamment CPAC, moyennant des frais minimes. Nous avons également diffusé le débat à la radio, de même qu'en continu sur nos plateformes numériques. D'ailleurs, CBC et CTV ont diffusé la traduction du débat en français sur leurs chaînes d'information continue, et Global TV aussi a diffusé le débat sur son site Web.
Radio-Canada a produit le débat dans ses studios et a assumé la majorité des coûts parce que nous croyons que cela fait partie de notre mandat en tant que diffuseur public. En outre, nous étions les seuls à disposer des ressources et de l'expertise techniques nécessaires pour produire et distribuer un tel débat. L'exercice s'est avéré un succès pour la démocratie. Le débat a été suivi par plus d'un million de personnes sur toutes nos plateformes combinées. Partout au Canada, les gens ont pu avoir accès à la même information visant à les aider à prendre une décision éclairée sur le leadership du pays.
D'une certaine façon, le débat en français a abordé de nombreuses questions qui intéressent le Comité. Il a été inclusif. Nous avons en effet collaboré avec de nombreux partenaires et offert notre signal à bon nombre d'acteurs de l'industrie pour assurer au plus grand nombre possible de personnes d'avoir accès au débat. Nous nous sommes servi des médias sociaux pour rejoindre d'autres auditoires, comme les désabonnés, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas abonnés à un service de télévision. Pour votre information, notre portée numérique est aussi importante que notre auditoire télévisuel.
En conclusion, le modèle « post-consortium » ou « consortium-plus » que nous recherchons tous existe peut-être déjà. Cependant, nous avons besoin d'une structure qui permettra de dépolitiser le processus et de l'engagement de tous les partis à participer à un vaste débat national facilement accessible.
Mon collègue Troy Reeb va maintenant vous expliquer les raisons pour lesquelles il est impératif que les grands radiodiffuseurs participent activement à ce processus.
Je vous remercie.
Comme vous l’avez dit, je m'appelle Troy Reeb. J'occupe actuellement le poste de premier vice-président responsable des nouvelles mondiales, de la radio et de l'exploitation des stations pour Corus Entertainment. Avant cela, j'ai également présidé pendant six ans le consortium de radiotélévision sur les débats et les élections et j'ai supervisé le processus qui a contribué à l'organisation des débats télévisés des leaders, très réussis et très regardés, en 2008 et 2011.
Je reconnais d'emblée que le mot « consortium » évoque des images d'un organisme magnifiquement organisé, même si je dois souligner que nous sommes très compétitifs tous les jours de la semaine et que nous ne parlons pas d'une seule voix, bien que nous soyons tous ici aujourd'hui devant vous. Dans le cas du consortium, il s'agit simplement d'un accord ad hoc entre divers médias pour travailler ensemble dans l'intérêt public. Sa création découle d'une volonté des partis de ne pas participer à de multiples débats et d'un désir des radiodiffuseurs de ne pas s'opposer les uns aux autres pour le droit de tenir un débat et d'atteindre ensuite un public aussi large que possible lors d'un débat.
Le consortium n'a jamais été conçu pour limiter le nombre de débats. Je vous le dis avec force conviction aujourd'hui, plus il y a de débats et mieux c'est. En effet, lors des dernières élections, Global News et d'autres membres du consortium ont organisé leurs propres débats supplémentaires. Nous avons organisé des débats régionaux, des débats thématiques spécifiques, souvent avec des candidats autres que les chefs de parti. Cette diversité de débats devrait être encouragée, mais il devrait aussi y avoir au moins un débat national bien produit dans chaque langue officielle qui réponde aux normes de la radiodiffusion et du journalisme et qui soit distribué le plus largement possible aux Canadiens.
Pour être franc, un débat au sein d'une chambre de commerce ne répond pas à ce critère. Un débat retransmis en direct par un magazine en ligne ne répond pas à ce critère qui exige un éclairage adéquat, le bon positionnement des caméras, un rythme dynamique, des choix de sujets, un modérateur compétent et un produit final non émaillé de publicité. Comme nous l'avons vu en 2015, toutes ces choses sont importantes, et toutes ces choses coûtent aussi de l'argent.
Plus tôt cette semaine, un témoin a souligné, à juste titre en fait, qu'on pouvait maintenant organiser un débat et le distribuer en ligne pour un coût presque nul. Ce qu'il n'a pas fait remarquer, c'est que sans valeurs de production, sans installations appropriées, et je dirais que c'est un cadre journalistique pour ce débat, il n'y aurait presque pas de téléspectateurs non plus.
Dans le passé, les débats en consortium étaient payés par les organes de presse participants et distribués à d'autres médias sur une base de partage des coûts ou parfois gratuitement. Bien entendu, c'est à chaque média qu'il appartient de décider s'il veut ou non le diffuser, et cela dépend souvent du respect de ses normes et des normes que son auditoire attend d'un débat. Cela doit continuer d'être le cas, quelle que soit la manière dont les débats futurs seront produits. En tant que radiodiffuseurs et organisations journalistiques, nous avons la responsabilité de respecter nos conditions de licence et nos normes journalistiques. La capacité des médias de prendre des décisions en matière de programmation de façon indépendante est aussi essentielle au libre fonctionnement de la démocratie que la capacité d'engager un débat vigoureux.
J'ai hâte de répondre à vos questions tout à l'heure, et je cède maintenant la parole à ma collègue Wendy Freeman.
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Bonjour. Merci de nous offrir cette tribune aujourd'hui pour faire connaître notre point de vue sur ce processus capital. Les Canadiens comptent depuis longtemps sur le rôle des diffuseurs dans la présentation des débats. De notre côté, nous voyons cette participation comme un devoir envers nos téléspectateurs et les communautés que nous servons. Nous croyons servir efficacement la démocratie en exposant le plus grand nombre de Canadiens possible aux débats où les chefs s'affrontent sur des questions fondamentales pour notre pays.
Nous sommes ouverts à l'idée de prendre part aux travaux d'une commission indépendante ou de travailler avec un commissaire indépendant. Il est essentiel que nous ayons voix au chapitre durant les travaux préparatoires pour parvenir à un processus adapté à la réalité canadienne. À titre de télédiffuseurs, nous jouons un rôle indispensable dans le fonctionnement d'une saine démocratie, rôle qui consiste à informer efficacement les citoyens selon des principes de transparence et d'inclusivité. En combinant leurs forces, nos réseaux ont une portée qui dépasse celle de toute autre plateforme média au Canada. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons mis sur pied le consortium au départ, pour assurer l'auditoire le plus grand aux débats. Nous sommes tous convaincus ici que des citoyens informés sauront faire des choix éclairés aux urnes, et nous sommes particulièrement fiers de cette responsabilité.
En 2011, le débat en anglais présenté par le consortium a été suivi par plus de 10 millions de Canadiens, soit 46 % de la population, et le débat en français, par quatre millions de Canadiens, soit 50 % de la population. En 2015, une structure différente, sans l'appui des réseaux de télévision nationaux, avait été proposée et adoptée. L'envergure des débats avait été de beaucoup réduite et malheureusement, les cotes d'écoute comparées aux exercices précédents ont plongé à des niveaux alarmants.
Vous pouvez vous interroger aujourd'hui sur la pertinence des réseaux de télévision à l'ère des médias sociaux et des services de diffusion en continu, mais on sait qu'ils sont d'une importance vitale. Nous pouvons faire la preuve avec des données objectives que les Canadiens regardent encore beaucoup la télévision, surtout les événements diffusés en direct. En fait, il suffit de regarder chez nos voisins du Sud, où les débats durant la campagne présidentielle de l'an dernier ont attiré 259 millions de téléspectateurs, un record d'écoute.
Des voix se sont élevées pour réclamer que les débats soient traités comme un simple exercice démocratique pouvant se passer de l'intégrité journalistique que des médias établis et dont la crédibilité était reconnue offrent aux Canadiens chaque jour. Ne vaudrait-il pas mieux, en fait, viser à combiner démocratie et intégrité? Le consortium des télédiffuseurs repose sur les principes journalistiques défendus par ses membres et met à profit leur vaste expérience. Ensemble, nous possédons le savoir-faire en journalisme, en diffusion et en production numérique nécessaire pour offrir des débats de la meilleure tenue possible, pour refléter les enjeux de la politique canadienne dans une formule capable de maximiser les auditoires.
Les débats des chefs, lorsqu'ils sont bien menés, sont un des points culminants de notre processus démocratique. À l'ère des fausses nouvelles, il est encore plus important qu'ils soient cautionnés par l'intégrité journalistique. Les électeurs ne devraient pas être obligés de compter sur des sources d'information indirectes comme des extraits de faits saillants ou des clips pris hors contexte ou par des campagnes orchestrées de fausses nouvelles.
Comme mes collègues l'ont mentionné avant moi, il faudra répondre à plusieurs questions. Par exemple, comment joindre le plus grand nombre de Canadiens possible? Comment offrir une expérience de la plus grande qualité qui soit, de manière objective et selon des principes journalistiques reconnus, pour mobiliser les électeurs et maximiser les auditoires? Comment dépolitiser le processus des débats sans réduire le nombre de débats?
Comme je l'ai mentionné précédemment, c'est en maximisant la portée de notre couverture et en assurant sa crédibilité que nous pourrons le mieux servir la démocratie. En 2015, des millions de Canadiens ont manqué la diffusion des débats. Nous devons aux Canadiens de faire mieux. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions pour renforcer le processus démocratique, et nous sommes déterminés à travailler en ce sens.
Merci de votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Oui, je n'avais même pas à avoir raison. Beau métier.
Tout allait très bien jusqu'au paradigme que vous avez décrit ici.
Monsieur Reeb, je comprends ce que vous dites quant à la forme de ce genre d’événement. Un débat des dirigeants de la Chambre de commerce de l'île Fogo n'a pas le même impact que ce que vous faites. Je comprends cela. Les principes journalistiques, les lumières, les décors, le tournage, tout cela je le comprends. Les choses vont plutôt bien depuis le débat de 1968. Cela étant, les choses ont mal tourné pour le dernier. Nous avons tous des plateformes, et il y a maintenant des têtes d’affiche importantes qui disent ne pas vouloir tenir de débat, ou en vouloir, mais qui veulent décider de qui peut participer, par exemple.
J'ai deux questions. D’abord, que dites-vous du chef d'un parti national qui ne veut pas participer à ce que vous proposez? Devrait-il y avoir des sanctions en cas de non participation à ce débat, laquelle serait obligatoire?
Deuxièmement, je veux revenir sur le paradigme que vous avez décrit. Nous sommes ici pour voir si nous pouvons confier l’articulation de ce paradigme à un organisme officiel qui ferait ce que le Parlement a estimé. Comment voyez-vous la chose?
Excusez-moi pour ces deux questions, mais je veux que vous vous prononciez tous à ce sujet.
Nous allons peut-être commencer par vous, monsieur Reeb.
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Merci. Vous avez bien fait cela, malgré l’absence d’écran vert derrière vous.
Des voix: Oh, oh!
M. Troy Reeb:La question est intéressante. Le consortium a déjà essuyé son lot de critiques en raison des nombreuses discussions qui se tenaient derrière des portes closes, à huis clos.
Les membres de ce comité savent que les pourparlers qui se déroulent à huis clos sur des sujets délicats sont différents des pourparlers qui se déroulent devant les caméras. En notre qualité de journalistes et de dirigeants d’organes de presse, nous voyons d’un très bon oeil le fait de rendre plus transparentes les discussions qui mènent à un débat.
Malheureusement, plus ces pourparlers deviennent politisés, plus il est difficile d’en arriver à un consensus sur la manière dont un débat peut se dérouler. Si nous remontons à ce qui s'est passé en 2015, la discussion s’est politisée très très tôt et, pour une raison ou pour une autre, un parti en particulier a décidé qu'il avait avantage à continuer de monter les organes de presse les uns contre les autres. Nous avons vu ce que cela a donné, et les Canadiens n'ont pas été aussi bien servis par le débat.
Je ne pense pas que ce soit à moi — ni à personne d’autre dans ce groupe de témoins — de suggérer si des amendes doivent être imposées à ceux qui ne participent pas au débat. Il reviendrait assurément au comité de décider cela. La difficulté a toujours consisté à favoriser la participation, en particulier lorsqu'un parti ou un chef estime que le débat ne tournera pas en sa faveur. C'est pourquoi il y a beaucoup de va-et-vient entre les représentants des partis pour essayer de trouver un format qui plaît à tous. Puisque c'est rarement le cas, le débat devient alors soumis à la pression du public. Le public s'attend à ce qu'il y ait un débat télévisé à grande échelle.
En conséquence, si quelqu'un ne veut pas participer, c'est la pression du public exercée sur ce chef qui a toujours fait office de mécanisme de reddition de comptes, mais ce mécanisme n’a clairement pas fonctionné la dernière fois.
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Parfait. Merci beaucoup monsieur le président.
Merci à tous d'être venus. Je commencerai par dire qu'il est agréable de voir l'équilibre entre les sexes. C'est très bien.
Cela dit, puisque vous êtes tous des journalistes ou des représentants d’organes de presse, je dois vous dire qu'à la fin de vos présentations, la seule phrase qui m’est venue à l’esprit a été: « Quoi de neuf? »... Vous, madame Freeman, avez dit que vous étiez prête à collaborer avec une commission ou avec des commissaires indépendants. J'ai entendu le message collectif selon lequel la méthode du consortium est une bonne idée. Vous estimez que cette méthode est saine.
Nous avons tous entendu en détail comment le processus a lamentablement échoué la dernière fois. Je dois dire que c'est ce qui me motive vraiment cette fois-ci. Quand l'idée a été soumise initialement, après avoir vu ce qui s'était passé la dernière fois et avoir trouvé cela complètement fou. Je ne sais pas non plus dans quelle mesure mon parti en a été responsable. C’est une honte pour tout le monde. Nous avons laissé tomber les Canadiens et nous devons corriger le tir.
Après toute cette réflexion, que recommanderiez-vous? Si je comprends bien, vous garderiez l'idée du consortium? Cela ferait partie du débat principal. Je ne comprends pas très bien ce que vous nous pressez de faire.
Quel est votre point de vue? Vous avez dit être prête à collaborer avec une commission indépendante. Vous aimez cette idée? C'est ce que nous devrions faire selon vous? Recommandez-vous que nous restions à l'écart pour vous laisser continuer de faire comme vous avez fait auparavant, mais d’une meilleure façon? Que recommandez-vous exactement?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi mes collègues autour de la table de m’avoir accordé le droit de m'asseoir ici, bien que je ne sois pas nécessairement autorisée à prendre la parole sans leur consentement.
Je suis depuis longtemps en relation avec le consortium. En fait, la première et unique rencontre en personne que j'ai eue avec le consortium remonte à 2007; mon expérience s’étend donc sur une dizaine d’années. Je dois dire qu'au cours de cette période, j'ai eu l'impression que beaucoup de membres du consortium considéraient cette tâche comme ingrate. Je pense que votre comparution ici aujourd'hui montre à quel point elle est ingrate, mais je tiens à vous remercier, même si mon expérience a été plutôt désagréable.
Je voudrais parler du récit qui semble se dégager aujourd'hui, à savoir que les débats se sont tous très bien déroulés entre la fin des années 1960 et 2015. Ne serait-ce qu’en raison de son intérêt historique, je pense que vous vous rappelez l'éditorial de Tony Burman. Tony Burman, qui était le chef de service de CBC News et qui a présidé le consortium entre 2000 et 2007, a publié son éditorial dans The Globe and Mail sous le titre « The election debate process is a sham ». Dès la première ligne, il a abattu ses cartes:
Le refus du premier ministre Harper d'autoriser le chef du Parti vert à participer aux débats électoraux fédéraux est cynique et intéressé, mais il révèle au moins l'imposture qu’est devenu le processus de débat électoral du Canada.
Cet éditorial a paru en mars 2009. Ce dont il est question, c’est, bien entendu, que:
Le CRTC et les tribunaux fédéraux ont réaffirmé le droit des réseaux de « produire » cette émission par eux-mêmes, sans ingérence extérieure. Et c'est certainement ce que font valoir les porte-parole des réseaux, moi-même compris pendant les sept années où je présidais le « consortium ». Mais en réalité, le gouvernement peut exercer un veto, puisque sans la participation du premier ministre, le débat n'aura pas lieu.
Jusqu' à présent aujourd'hui, nous avons évité cette question.
Pour faire un retour en arrière, je rappellerai que j'ai pu participer à des débats et que je n’ai pas pu participer à des débats, qu’il y a eu des changements de règles, que des débats ont été annulés, et ainsi de suite, pendant une décennie. Je me demande simplement si vous êtes d'accord avec Tony Burman pour dire que les partis négocient, mais que les grands partis ont systématiquement exclu les petits partis de la salle où se déroulaient les négociations.
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Si vous voulez ma réponse...
M. John Nater: Je vous en prie.
M. Troy Reeb: ... il y avait beaucoup à critiquer dans la production de plusieurs de ces débats.
Mais, essentiellement, je ne vais pas appuyer sur le bouton et mettre sur notre réseau un produit que nous connaissons mal. Si un passant dans la rue vous remet un sandwich, vous aurez beau avoir faim, vous n'en prendrez probablement pas une bouchée si c’est un étrange sandwich qui vous tombe tout à coup entre les mains.
C’est le choix qu’on nous offrait: essentiellement appuyer sur le bouton et prendre un produit du centre Munk ou de Rogers — « Allez donc, mettez ceci en ondes » — pour lequel nous avons des comptes à rendre.
Nous rendons compte au Conseil canadien des normes de radiodiffusion, au CRTC. Nous ne sommes pas prêts à le faire. Nous n’étions pas prêts à le faire à ce moment-là. Je ne serais pas nécessairement prêt à le faire si c’était Radio-Canada qui offrait son propre produit également.
Nous voulons avoir notre mot à dire et comprendre ce que sera le produit.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis heureux d'appuyer le Comité dans son étude sur la création d'une commission indépendante chargée des débats des chefs.
J'ai suivi les travaux du Comité et je suis heureux de vous présenter aujourd'hui le point de vue d'Élections Canada. Je vais parler brièvement des objectifs qui, selon moi, devraient ou pourraient guider la création d'une commission indépendante ou d'un poste de commissaire pour régir les débats des chefs. Je vais également aborder quelques points qui touchent à la structure et au fonctionnement d'une telle entité, si le Comité devait choisir d'en recommander une.
Il existe plusieurs modèles dans le monde relativement aux débats des chefs, y compris des modèles de réglementation par une commission publique indépendante. À mon avis, avant de concevoir un modèle particulier, il est important de considérer les objectifs qui pourraient mener le Comité à recommander la création d'une commission et, le cas échéant, qui pourraient déterminer le mandat et certains aspects de la structure de la commission.
Pour ma part, je propose les trois objectifs suivants, qui sont directement liés à l'équité et à l'ouverture du processus électoral. Évidemment, ces préoccupations sont les miennes.
Premièrement, les débats devraient être organisés de manière équitable, non partisane et transparente.
Deuxièmement, les débats devraient être largement accessibles au grand public. Par exemple, ils devraient être présentés dans un format auquel le plus grand nombre de personnes possible a accès, y compris les personnes handicapées.
Troisièmement, les débats devraient contribuer à informer les électeurs des différents choix politiques qui s'offrent à eux.
Cela dit, il y a trois éléments à prendre en considération pour établir une commission indépendante ou un poste de commissaire. D'abord, il y a la question des critères d'inclusion dans les débats. Vous le savez, la sélection des participants est l'une des questions les plus importantes et litigieuses associées aux débats des chefs. Comme chacun le sait, cette question a d'ailleurs suscité de vives controverses au fil des ans. Une commission indépendante ne devrait pas, selon moi, être mêlée à des controverses portant sur l'inclusion ou l'exclusion, surtout en pleine campagne électorale. C'est pourquoi les critères d'inclusion dans les débats devraient être clairs et ne laisser aucune ou alors très peu de discrétion résiduelle à la commission. Les critères peuvent inclure un éventail de facteurs. Je sais que, la semaine dernière, des témoins qui se sont présentés devant le Comité parlaient d'un éventail de facteurs. Je pense notamment à M. Fox, qui parlait d'un panier de facteurs. Une grande flexibilité peut être créée par les critères, notamment pour permettre la participation de partis émergents.
Toutefois, les critères devraient être tels que leur application par la commission serait simple, voire presque mécanique. Il ne faut pas oublier que, par le passé, il y a eu des contestations visant les débats des chefs fondées sur la Charte canadienne des droits et libertés. Ces contestations ont été rejetées essentiellement au motif les débats étaient des événements privés qui n'étaient pas assujettis à la Charte.
Si l'on devait créer une commission pour réglementer les débats, et plus particulièrement la participation aux débats, la commission serait sans doute assujettie à la Charte canadienne.
Je suis conscient de la difficulté de décider qui pourrait participer aux débats des chefs, mais c'est précisément pour cette raison que, selon moi, il est important que ce soit les parlementaires qui établissent les critères plutôt que la commission. Je pense que la commission doit appliquer des critères flexibles, mais qui ne donnent pas lieu à une discrétion.
[Traduction]
Le deuxième point concerne le format et le contenu des débats. Même si j'estime que les critères d'inclusion devraient laisser peu ou pas de latitude à la commission, je ne vois pas pourquoi celle-ci ne pourrait pas en avoir beaucoup plus dans le choix du format et du contenu des débats, sous réserve des grands objectifs dont j'ai parlé au début de mon allocution.
Pour ce qui est du format, nous savons tous que le paysage médiatique est en constante évolution, particulièrement en ce qui a trait aux médias sociaux. La commission devrait avoir la latitude pour s'adapter et tirer avantage des nouvelles possibilités.
Le choix du format des débats devrait néanmoins respecter et promouvoir l'égalité du français et de l'anglais. La diffusion devrait également assurer l'accessibilité des débats aux personnes handicapées, par exemple en offrant le sous-titrage, l'interprétation gestuelle, une conception Web accessible ou d'autres moyens facilitant l'accès des personnes ayant des handicaps particuliers.
Si une commission indépendante s'occupait du contenu et du format des débats, elle pourrait être tenue de recevoir les suggestions des participants et d'autres intervenants. Elle pourrait également avoir l'obligation de rendre des comptes au Parlement après l'élection afin d'assurer la transparence de ses décisions.
La dernière considération est la structure d'une commission indépendante. Bien sûr, le Comité doit se pencher sur la composition et la direction d'une commission. De toute évidence, le président et les possibles membres de cette commission devraient posséder les connaissances et l’expertise suffisantes pour pouvoir organiser les débats. La commission pourrait inclure des représentants de réseaux traditionnels, ainsi que de nouveaux médias, nommés selon un processus qui assurerait son caractère non partisan. Si l'on choisissait de créer uniquement un poste de commissaire, celui-ci pourrait consulter des groupes issus de la société civile et d'autres intervenants, ou encore former un comité consultatif pour l’appuyer dans ses décisions.
Certains ont suggéré qu’Élections Canada joue un rôle dans ce domaine. En toute déférence, je ne suis pas d’accord. Je crois fermement qu’Élections Canada devrait rester en dehors de toute décision concernant les débats des chefs afin de rester au-dessus de la mêlée.
Les débats constituent un volet important de la campagne et influencent souvent les enjeux déterminants pour le vote. C’est ce qui rend les débats passionnants et importants. Le directeur général des élections ne doit pas être mêlé à des questions pouvant être perçues comme ayant une influence sur l’orientation de la campagne ou les résultats de l’élection.
Cela dit, vous voudrez peut-être envisager l'arbitre en matière de radiodiffusion pour la création d'un poste de commissaire ou d’une commission indépendante. Comme vous le savez, l’arbitre est une entité indépendante créée en vertu de la Loi électorale du Canada. Il est nommé sur décision unanime des partis à la Chambre des communes ou, à défaut d'unanimité, par le directeur général des élections après consultation des partis. Par exemple, l’arbitre en matière de radiodiffusion pourrait être nommé président de la commission, essentiellement afin de faciliter les rencontres de la commission et d’assurer son bon fonctionnement. Ou encore, le modèle de l’arbitre pourrait être reproduit pour créer une commission ou un poste de commissaire.
Enfin, la nature du mandat de la commission ne requerra pas nécessairement la création d'une entité permanente. Ses activités seront probablement sporadiques et ses réunions, ponctuelles. Par exemple, la plupart des décisions liées au contenu seront sans doute prises peu avant ou pendant la campagne.
Élections Canada pourrait certainement offrir un soutien administratif à une commission indépendante, y compris pour le paiement des dépenses de la commission. C’est le modèle qui est actuellement utilisé pour l’arbitre en matière de radiodiffusion. C’est aussi le modèle suivi par les commissions indépendantes de délimitation des circonscriptions électorales. C'est un modèle souple et efficace qui permet à la commission de fonctionner avec un soutien administratif de base sans faire intervenir Élections Canada dans les décisions mêmes.
Monsieur le président, j’ai présenté un certain nombre d'éléments à prendre en considération qui, je l’espère, seront utiles au Comité. Je répondrai maintenant avec plaisir à toutes questions que pourraient avoir les membres du Comité.
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Monsieur le président, merci pour l'invitation à venir témoigner devant ce comité à l'occasion de votre étude sur une proposition visant à créer une commission indépendante ou un poste de commissaire indépendant afin d’organiser les débats des chefs des partis politiques lors des prochaines campagnes électorales fédérales.
Je m'appelle Michael Craig et je suis le gestionnaire des Politiques relatives à la télévision au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, c'est-à-dire le CRTC. Mon collègue Peter McCallum, qui est avocat général, Droit des communications, m'accompagne aujourd'hui.
Nous sommes heureux d’avoir l’occasion d’expliquer le rôle que joue le CRTC en ce qui a trait aux débats des chefs lors des élections fédérales.
[Français]
La Loi sur la radiodiffusion stipule, entre autres, que la programmation offerte par le système canadien de radiodiffusion devrait l'être sur une base équilibrée et, dans la mesure du possible, qu'elle doit offrir au public l'occasion de prendre connaissance d'opinions divergentes sur des sujets qui l'intéressent.
En tant que mandataires des ondes publiques, les radiodiffuseurs et les télédiffuseurs jouent un rôle important pour rapporter les nouvelles et informer les Canadiens, particulièrement lors des élections. Ils ont le devoir de faire en sorte que le public soit convenablement informé des décisions entourant une élection et de la position des partis et des candidats en présence. Ce rôle est essentiel pour le fonctionnement de la démocratie telle que nous la connaissons dans ce pays.
[Traduction]
Notre rôle au CRTC est de nous assurer que les radiodiffuseurs servent le public canadien lors des élections de manière à ce que les citoyens puissent faire des choix éclairés le jour de l'élection. Par principe, le CRTC n'impose pas le type de contenu que les radiodiffuseurs doivent présenter, qu'il s'agisse de couverture politique ou autre. Il s'agit de choix éditoriaux et commerciaux qu'il vaut mieux laisser aux radiodiffuseurs eux-mêmes.
La Loi sur la radiodiffusion donne au CRTC le pouvoir de réglementer la proportion de temps qui devrait être consacrée à la diffusion d'émissions, de publicités ou d'avis politiques de la nature partisane.
[Français]
Par conséquent, le Conseil a adopté des règlements qui touchent la plupart des radiodiffuseurs s'ils décident de diffuser des émissions à caractère politique. Ceux qui le font doivent allouer du temps, de manière équitable, à la diffusion d'émissions, de publicités ou d'avis politiques de nature partisane à tous les partis politiques accrédités et aux candidats rivaux.
De plus, la Loi électorale du Canada exige que le CRTC publie un bulletin dans les quatre jours suivant la délivrance des brefs pour une élection générale. Essentiellement, le bulletin rappelle aux radiodiffuseurs leurs obligations en période électorale et précise les étapes subséquentes.
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Permettez-moi d'expliquer la manière dont nous concrétisons notre mandat. Les radiodiffuseurs doivent offrir du temps d’antenne équitable à tous les candidats, partis et enjeux lors d'une élection. Ainsi, si les radiodiffuseurs offrent du temps d’antenne, ils l'offrent à tous les candidats et à tous les partis. Cela leur permet de partager avec le public leurs idées et leurs opinions au sujet des enjeux. La décision d’accepter ou de rejeter cette offre de temps d'antenne appartient entièrement au candidat ou au parti.
Je m’arrête un instant afin d'apporter une précision importante. Équité ne veut pas nécessairement dire égalité. Notre rôle au CRTC n’est pas de veiller à ce que chaque candidat ou chaque parti reçoive le même temps d'antenne.
[Français]
De même, le CRTC a défini quatre types d'émissions politiques en période électorale: premièrement, le temps publicitaire payé d'un parti ou d'un candidat; deuxièmement, le temps publicitaire gratuit d'un parti ou d'un candidat; troisièmement, la couverture des nouvelles de la campagne; quatrièmement, les affaires publiques et la publicité aux heures de grande écoute lors des élections fédérales.
Pour la plupart de ces types de diffusion, les offres faites à un parti ou à un candidat doivent aussi être faites aux autres candidats et aux autres partis. Ainsi, si un parti ou un candidat reçoit du temps d'antenne gratuit, le même type d'offre doit être fait aux candidats et aux partis rivaux. De plus, si un radiodiffuseur vend du temps publicitaire payé à un parti ou à un candidat, il doit faire en sorte que les partis et les candidats rivaux aient aussi accès à du temps publicitaire.
[Traduction]
Pour ce qui est des débats entre les chefs de parti en période électorale, l'approche actuelle du CRTC a été mise en place en 1995 à la suite d'une décision de la Cour d'appel de l'Ontario qui a statué que les débats n'avaient pas un caractère politique partisan. Par conséquent, il n'est pas indispensable que tous les partis ou candidats rivaux soient invités dans une ou plusieurs émissions. Tant que le radiodiffuseur prend des mesures pour s'assurer que les auditeurs sont informés des principaux enjeux et que ses émissions d'affaires publiques font état des positions des candidats et des partis, le CRTC les considère conformes à sa réglementation.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai une série de questions, qui découlent toutes de l'excellent exposé de M. Perrault. Je pense que c'est l'un des exposés les plus réfléchis que j'ai entendus depuis un certain temps sur n'importe quel sujet dont le Comité a été saisi. Mais j'aimerais d'abord répondre à la question de M. Graham au sujet des débats locaux.
Il n'y a pas de normes formelles pour les débats locaux, comme il le sait. Si vous regardez autour de vous, vous constaterez qu'ils sont très semblables dans toutes les circonscriptions et à l'intérieur d'une circonscription, bien que ces groupes ne se parlent manifestement pas. La programmation des débats dans ma propre circonscription, rurale et très étendue, le confirme. Nous faisons constamment des allers et retours d'un bout à l'autre de la circonscription. Cela dit, il existe une symétrie naturelle.
Je voulais simplement dire qu'une fois que l'on commence à exercer un certain contrôle central, il faut établir des critères centralisés comme l'accessibilité. Dans une circonscription rurale comme la mienne ou la vôtre — notre directeur général des élections peut le confirmer —, essayer de trouver des bureaux de scrutin accessibles et répondant à tous les critères pertinents est un cauchemar logistique. Il y a souvent une interprétation souple de ces critères, pour les chambres de commerce et ainsi de suite qui organisent ces choses-là. Je pense qu'il est bon que cette souplesse perdure. Un système décentralisé est le meilleur moyen d'y parvenir. Voilà ce que j'en pense.
Mes questions s'adressent à M. Perrault.
Permettez-moi de commencer par la page 3 de votre exposé. Vous avez laissé entendre qu'il y avait trois objectifs importants à atteindre. Vous avez dit que les débats devraient être organisés d'une manière équitable, non partisane et transparente et qu'ils devraient être aussi largement accessibles au public que possible. Vous avez ensuite mentionné expressément qu'il fallait veiller à ce qu'ils soient accessibles aux personnes handicapées. J'imagine que vous pensez principalement aux déficiences visuelles et auditives, bien que vous ayez peut-être d'autres personnes en tête. Le troisième critère était d'informer l'électorat de l'éventail des choix politiques qui s'offraient à lui. Je présume que c'est une référence aux différents partis politiques.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de leurs excellents exposés.
Il me semble que tout cela revient à deux questions et que chacun de ces organismes, Élections Canada et le CRTC, a un rôle à jouer compte tenu des règles que nous souhaiterions peut-être instaurer pour garantir des débats équitables accessibles à un maximum de Canadiens. Il s'agit, d'une part, de trouver le moyen de diffuser les débats, et c'est la question de la radiodiffusion. Et il faut, d'autre part, faire en sorte que les dirigeants se présentent devant l'estrade.
Vous préféreriez, monsieur Perrault, que le Parlement se charge de déterminer les critères. Je pense aussi que c'est une très bonne idée. Ces critères devraient être fixés d'avance pour éviter, comme l'a fait remarquer Scott Reid, de découvrir au beau milieu de la campagne électorale qui participe et qui est exclu, parce que cela crée beaucoup d'incertitude.
Quant à savoir comment y attirer les dirigeants, j'aurais une question à vous poser, monsieur Perrault.
Il me semble que le financement de la campagne électorale pourrait être l'occasion d'une incitation efficace à se présenter. Contrairement à la rhétorique qui leur a permis d'annuler la subvention en fonction du nombre de votes que nous avions dans le cadre de la réforme mise en place par Jean Chrétien.... À l'époque, on a justifié l'annulation du 1,75 $ par vote, ou peu importe le chiffre, en disant que les contribuables canadiens ne voulaient pas financer de partis politiques. Mais nous savons très bien que les contribuables canadiens financent énormément les partis politiques, et ce qui a été annulé était la partie la moins importante. La plus importante est le remboursement en fin de campagne, et il y a aussi l'avantage d'un traitement fiscal très généreux.
Au sujet du remboursement... et je tiens cette idée d'un projet de loi d'initiative parlementaire présenté par M. , mais qui n'a pas été adopté. Il essayait de faire valoir l'idée que, en cas de parité entre hommes et femmes parmi les candidats, on récupérerait tout son argent et que, si ce n'était pas le cas, on en récupérerait moins.
Je me demandais ce que vous penseriez de l'idée de modifier la Loi électorale du Canada pour prévoir que les chefs de partis politiques reconnus qui rempliraient les critères de participation au débat, mais qui refuseraient d'y participer, seraient sanctionnés — et je ne veux pas dicter la forme que cela pourrait prendre — par une pénalité financière pour avoir fait faux bond à la population canadienne à un moment que nous savons et que tous les témoins savent être une période de participation maximale au cours de laquelle sont exposées les politiques et les propositions des différents dirigeants.
Est-ce que ce serait, d'après vous, quelque chose que la Loi électorale du Canada...? Bien sûr, le Parlement en déciderait, mais je pense que ce serait un stimulant efficace. J'aimerais avoir votre avis.