:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous. C'est votre 70e réunion aujourd'hui, et je vous en félicite. C'est important.
Je dois vous dire, toutefois, que je suis un peu émue d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Je suis honorée d'être à nouveau devant vous pour vous parler de mesures législatives qui rendent notre démocratie plus ouverte et plus transparente. Mais je suis également triste à la pensée que, lors de mes comparutions précédentes devant le Comité, notre cher ami et collègue Arnold Chan, député de Scarborough—Agincourt, était présent parmi nous. C'était à la fois un parlementaire hors pair et un homme exceptionnel. Sa perte a laissé un grand vide au Comité, à la Chambre des communes et j'en suis sûre, dans nos coeurs à tous.
Je tenais à ce que cela figure au compte rendu.
[Français]
Aujourd'hui, nous nous penchons sur le projet de loi . Ce projet de loi permettrait de modifier la Loi électorale du Canada pour porter l'ouverture et la transparence du financement politique à un niveau sans précédent.
Le projet de loi C-50 a exigé beaucoup de travail et de dévouement de la part de nombreux fonctionnaires. Alors, avant de commencer, je tiens à souligner leur contribution et à les en remercier.
Merci de votre engagement envers ce projet de loi.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada a promis de rehausser les normes de transparence, de reddition de comptes et d'intégrité de nos institutions publiques et du processus démocratique. Aujourd'hui, j'aborde une initiative qui nous aidera à atteindre cet objectif. Cette année, nous célébrons, en sus du 150e anniversaire de la Confédération, le 35e anniversaire de la Charte des droits et libertés. Les Canadiens chérissent notre Charte. Elle constitue un modèle pour les nouvelles démocraties du monde entier.
L'article 3 de la Charte garantit à chaque citoyen le droit de voter et de présenter sa candidature lors d'une élection. Les libertés d'association et d'expression enchâssées dans l'article 2 de la Charte confèrent aux citoyens canadiens et aux résidents permanents le droit de faire un don à un parti et de participer à des activités de financement. Bien entendu, ces droits sont assujettis à des limites raisonnables.
Les partis politiques constituent une composante vitale de notre système démocratique. Ils unissent des gens de différentes régions qui ont divers points de vue, antécédents et expériences. Les partis permettent de mobiliser des citoyens ordinaires pour qu'ils se fassent les champions de certaines idées et persuadent d'autres citoyens de se joindre à eux.
Dans mon discours à la Chambre des communes, j'ai cité l'ancien juge de la Cour suprême, Frank lacobucci, qui avait dit: « Les partis politiques offrent aux citoyens une occasion d'exprimer leurs opinions sur les politiques et le fonctionnement du gouvernement. »
[Français]
Chaque fois que les Canadiens votent pour un parti politique qui partage leurs objectifs ou leur vision sur le monde, c'est pour eux un moyen de jouer un rôle actif et engagé dans la société. Nous y voyons une occasion de faire de notre pays un endroit meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants. Certains Canadiens choisissent même de travailler bénévolement pour un parti politique.
Cependant, tous n'ont pas le temps ou l'envie de faire activement de la politique comme bénévole. Peut-être peuvent-ils faire cela et autre chose en plus. Pourtant, ils peuvent vouloir se faire entendre. Pour beaucoup de Canadiens, une contribution financière à une campagne politique est un moyen majeur de jouer directement un rôle dans notre démocratie et une importante forme d'expression démocratique. Nous devons continuer à maintenir et à protéger la capacité de choisir de soutenir financièrement un parti politique.
[Traduction]
Tous ceux qui sont présents ici savent que les dons versés par les gens qui croient en nous et en ce que nous défendons rendent notre travail possible. Nous devons donc continuer à veiller à ce que les Canadiens soient libres de contribuer aux partis politiques d'une façon ouverte et transparente.
Il vaut la peine de noter que le Canada est connu dans le monde entier pour la rigueur de son régime de financement des partis politiques. Il est interdit aux entreprises, aux associations du secteur privé, aux syndicats et à tous les autres organismes de verser des fonds à un acteur politique ou à un parti politique, et les contributions personnelles sont rigoureusement limitées. Les citoyens canadiens et les résidents permanents peuvent verser une contribution maximale de 1 550 $ par an à chacune des entités suivantes: un parti enregistré, un candidat à la direction d'un parti et un candidat indépendant. De plus, ils peuvent faire un don total de 1 550 $ à un candidat à l'investiture, à un candidat à une élection ou à une association de circonscription. Les contributions sont déclarées à Élections Canada, et le nom, la municipalité, la province et le code postal de ceux qui versent plus de 200 $ sont publiés en ligne.
[Français]
Le projet de loi reposera sur ce régime existant. Chaque fois que la participation à une activité de financement exigera une contribution ou l'achat d'un billet dépassant 200 $, le nom et l'adresse partielle du participant, sous réserve de certaines exceptions, seront affichés en ligne. Les exceptions sont les suivantes: les jeunes de moins de 18 ans, les bénévoles, le personnel nécessaire à l'activité, le personnel médiatique et le personnel de soutien du ministre ou du chef de parti présent.
[Traduction]
Comme je l'ai dit lors du débat de deuxième lecture à la Chambre, les Canadiens prennent au sérieux le financement des partis politiques. Le non-respect de la loi entraîne de sérieuses conséquences. En effet, la Loi électorale du Canada prévoit des sanctions sévères pour les contrevenants, pouvant atteindre 50 000 $ d'amende, cinq ans d'emprisonnement ou les deux.
Les Canadiens peuvent être fiers de notre réglementation déjà rigoureuse du financement politique, mais nous reconnaissons qu'ils ont le droit d'en savoir encore plus qu'ils n'en savent maintenant au sujet des activités de financement politique.
[Français]
Le projet de loi vise à fournir aux Canadiens davantage d'information au sujet des activités de financement des partis politiques pour continuer à rehausser leur confiance à l'égard de nos institutions démocratiques.
S'il est adopté, le projet de loi permettrait aux Canadiens de savoir quand une activité de financement politique est payante, quand une contribution de plus de 200 $ est exigée et qui y a participé.
Ce projet de loi s'appliquerait à toutes les activités de financement auxquelles participent des membres du Conseil des ministres, y compris au premier ministre, aux chefs de parti et aux candidats à la direction lorsqu'une contribution ou l'achat d'un billet de plus de 200 $ est exigé. Cette disposition s'appliquerait aussi aux activités de reconnaissance des donateurs à un parti politique ou à un candidat.
[Traduction]
Ces dispositions s'appliquent à tous les partis siégeant à la Chambre des communes.
Le projet de loi obligerait les partis à annoncer les activités de financement au moins cinq jours à l'avance. Les Canadiens connaîtraient ainsi l'existence d'une activité de financement politique avant sa tenue, ce qui leur donnerait la possibilité de se procurer un billet, s'ils le souhaitent.
Le projet de loi permettrait aussi aux journalistes de connaître le lieu et la date des activités de financement. En même temps, les partis politiques auraient la latitude nécessaire pour établir leurs propres règles d'accès et d'accréditation des médias.
[Français]
Les partis seraient tenus de déclarer à Élections Canada le nom et le code postal des participants dans les 30 jours suivant l'activité. Cette information serait alors rendue publique.
Le projet de loi introduirait aussi de nouvelles infractions dans la Loi électorale du Canada visant ceux qui ne respecteraient pas les règles et il exigerait le retour des sommes recueillies lors de l'activité. Ces sanctions s'appliqueraient aux partis politiques plutôt qu'aux dirigeants politiques invités aux activités.
Nous proposons une amende maximale de 1 000 $ sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire dans le cas des infractions introduites au moyen du projet de loi . En cas d'infractions aux règles, il faudra que les contributions recueillies soient retournées.
[Traduction]
Cette nouvelle norme de transparence rehaussera la confiance des Canadiens dans le système politique, ce qui est avantageux pour tout le monde. S'il est adopté, le projet de loi permettrait au gouvernement de tenir la promesse qu'il a faite d'accroître la transparence du système de financement politique du Canada pour le public et les médias. C'est l'une des nombreuses mesures que nous prenons pour améliorer, renforcer et protéger nos institutions démocratiques.
Nous nous efforçons également d'accroître la participation des électeurs et d'améliorer l'intégrité du processus électoral grâce au projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada et d'autres lois en conséquence. Nous avons formé à cet effet un partenariat avec le Centre de la sécurité des télécommunications pour protéger la démocratie canadienne contre les cybermenaces.
[Français]
Comme je l'ai mentionné dans le discours que j'ai prononcé à la Chambre des communes, Samara Canada a publié un rapport selon lequel 71 % des Canadiens sont assez satisfaits ou très satisfaits du fonctionnement de la démocratie au Canada. Même si ce rapport laisse entendre que les Canadiens ont confiance en leur démocratie, nous reconnaissons que des améliorations sont toujours possibles. C'est pourquoi nous avons décidé d'exposer au grand jour les activités de financement politique et de renforcer le système déjà solide et robuste dont nous disposons au Canada en matière de financement politique.
[Traduction]
J'ai hâte de connaître les opinions des membres du Comité. Ces importantes mesures législatives nous touchent tous. J'espère que, tout comme moi, vous souhaitez que les Canadiens en sachent plus sur les activités de financement.
Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
Merci encore de votre invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais tout d'abord dire quelques mots au sujet de notre collègue, , qui nous aurait fait profiter de judicieux commentaires s'il avait été présent parmi nous aujourd'hui.
Je sais, madame la ministre, que vous avez assisté à ses funérailles le week-end dernier. Je vous ai vue là. Beaucoup de gens étaient présents. J'ai vu au moins trois de nos collègues du Comité, et je sais qu'il y en avait d'autres que je n'ai pas vus. C'était un témoignage du respect que tous les députés lui portaient, quelle que soit leur affiliation politique.
Si la présidente veut bien faire preuve d'indulgence, je vous demanderai des renseignements sur une question qui n'a rien à voir avec l'objet de votre comparution devant nous. Elle concerne non le projet de loi , mais un projet de loi qui pourrait nous parvenir sur l'objet du rapport du DGE sur la 42e élection générale.
Au Comité, nous aimerions savoir si nous pouvons nous attendre à recevoir bientôt votre projet de loi ou s'il n'arrivera que plus tard. Cela nous permettrait de planifier notre travail. Y a-t-il lieu de reprendre nos discussions sur la question, ou bien devons-nous croire qu'il est inutile de le faire parce qu'il n'y aurait pas assez de temps pour vous présenter un rapport et pour que vous en preniez connaissance avant la rédaction du projet de loi?
Je sais que vous n'avez pas voulu répondre quand la question vous a été posée par les médias. Vous préférez mettre le Parlement au courant d'abord, mais comme nous sommes ici au Parlement, j'ai pensé que vous seriez peut-être disposée à nous renseigner.
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Je vous remercie de votre question.
Le projet de loi est basé sur le principe que le financement politique est une activité légitime à laquelle se livrent tous les partis, qu'ils soient au gouvernement ou dans l'opposition. De plus, les Canadiens ont le droit de contribuer au financement d'un parti politique. Le projet de loi vise à confirmer ce droit comme forme d'expression démocratique et à permettre aux Canadiens d'avoir accès à des renseignements leur permettant de porter eux-mêmes un jugement sur les activités de financement et les personnes qui y participent.
Nous avons tous assisté à des activités de financement politique à un titre ou à un autre. Nous savons en général que les gens qui assistent à ces activités appuient un parti politique, ou vous appuient vous-même comme candidat et souhaitent contribuer à votre campagne. Je crois que le projet de loi se fonde sur ce principe.
Vous avez raison. En organisant ces activités, personne ne contrevenait à la loi. Elles se basent sur le fait que, depuis 1974, les gouvernements successifs ont adopté des mesures législatives destinées à limiter les activités de financement. Je crois que c'est votre gouvernement qui a limité le montant des contributions individuelles. C'était une décision positive.
Le gouvernement libéral précédent avait interdit les dons provenant des syndicats, des sociétés et des organisations. C'était également une décision importante. Il avait également soumis les candidats à l'investiture et à la direction des partis aux limites de financement parce que de tels candidats avaient auparavant omis de rendre publique l'identité de leurs principaux agents de financement, ce qui avait occasionné des problèmes.
Le projet de loi est un prolongement de ces pratiques. Il reconnaît que la collecte de fonds constitue un moyen politique important et nécessaire pour le dialogue politique et les partis du pays et renforce en même temps la transparence, l'ouverture et l'accès aux renseignements pour que les Canadiens soient au courant des contacts entretenus par leurs dirigeants politiques.
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Je vous remercie, madame la ministre, de votre présence parmi nous aujourd'hui. J'en ai beaucoup appris sur le projet de loi. Je crois que c'est un grand pas dans la bonne direction.
Je suis un peu surprise d'apprendre que ces mesures n'auront aucune influence maintenant que les médias seront présents. Beaucoup de gens ne sont au courant de ce qui se passe que par l'entremise des médias. La plupart de ces activités avaient lieu en secret et continuent à être organisées en secret par certains partis.
Je crois que le Parti libéral a maintenant rehaussé les normes. Le l'a également fait afin de favoriser une plus grande transparence. Lorsque le projet de loi sera mis en oeuvre, je crois que nous pourrons tenir tous les partis responsables après coup quant à ceux qui assistent aux activités de financement.
À l'heure actuelle, refuse encore de dire qui a assisté, affirmant que les renseignements à ce sujet ne sont pertinents que dans le cas des activités auxquelles assiste le premier ministre. D'après lui, il n'est pas important de savoir qui lui a versé des contributions puisqu'il n'est pas titulaire d'une charge publique. De toute évidence, il est bel et bien titulaire d'une charge publique.
Pourquoi avez-vous décidé qu'il est important de veiller à ce que les différents partis et les différents candidats qui, comme vous l'avez dit, ne sont pas représentés à la Chambre rendent publique l'identité de ceux qui ont assisté à leurs activités de financement?
De plus, pouvez-vous nous en dire davantage sur le régime canadien en général? Vous croyez, je le sais, que nous avons un système de financement politique très rigoureux et que, même dans le passé, la Loi électorale du Canada était appliquée. Pourquoi ces mesures supplémentaires sont-elles nécessaires maintenant?