:
La séance est maintenant ouverte.
Bienvenue à la 21e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 3 février 2022, le Comité se réunit pour étudier la réduction des formalités administratives et des coûts dans les aéroports ruraux et urbains du Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 25 novembre 2021. Les députés peuvent y participer en personne ou par l'entremise de l'application Zoom.
Compte tenu de la directive du Bureau de régie interne du 10 mars 2022, tous ceux qui participent à la réunion en personne doivent porter un masque, sauf les députés lorsqu'ils sont assis à leur place pendant les délibérations parlementaires.
[Traduction]
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et députés. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, pour ceux qui sont sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et choisir le canal désiré.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Pour les députés présents dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour les députés sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre de parole, et nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Durant la première moitié de la réunion, nous accueillons M. David Rheault, vice‑président, Relations gouvernementales et avec les collectivités, chez Air Canada; M. Howard Liebman, directeur principal, Affaires gouvernementales et communautaires, chez Air Transat; Mme Suzanne Acton‑Gervais, présidente‑directrice générale intérimaire du Conseil national des lignes aériennes du Canada; et Andy Gibbons, directeur, Relations gouvernementales et affaires réglementaires, chez WestJet Airlines Limited.
Au nom du Comité, je souhaite la bienvenue aux témoins et je les remercie à l'avance pour leurs témoignages.
Nous allons commencer par la représentante du Conseil national des lignes aériennes du Canada.
La parole est à vous pour cinq minutes.
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Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour et merci de l'invitation.
Je m'appelle Suzanne Acton‑Gervais. Je suis accompagnée aujourd'hui de certains membres du comité exécutif du Conseil national des lignes aériennes du Canada et de son conseil d'administration: M. David Rheault, vice-président, Relations gouvernementales et avec les collectivités, à Air Canada; M. Howard Liebman, directeur principal, Affaires gouvernementales et communautaires, à Air Transat; et M. Andy Gibbons, vice-président, Relations gouvernementales et affaires réglementaires, à WestJet.
Le Conseil national des lignes aériennes du Canada est une association regroupant les quatre plus grandes compagnies aériennes de passagers du Canada, à savoir Air Canada, WestJet, Air Transat et Jazz Aviation.
En tant que compagnies aériennes, nous rendons opérationnelles et mettons en œuvre des politiques au nom du gouvernement fédéral.
Avant la pandémie, les membres du Conseil transportaient collectivement plus de 80 millions de passagers par année. Les aéroports avaient connu une croissance et des volumes de passagers sans précédent. Les Canadiens n'avaient jamais été aussi bien connectés les uns aux autres ainsi qu'au monde entier.
[Traduction]
Peu d'industries ont été aussi touchées par la pandémie que l'industrie canadienne du transport aérien et ses employés. Nous avons été les premiers visés, les plus durement frappés et les derniers à nous rétablir. Pour se relever, les compagnies aériennes doivent être concurrentielles à l'échelle mondiale.
Nos membres desservent 302 destinations dans le monde. Cependant, les restrictions sanitaires en vigueur au Canada, dont un grand nombre visent exclusivement les voyages, nous distinguent du nombre sans cesse croissant de pays — plus de 50 maintenant — qui ont éliminé tous les obstacles aux voyages.
Depuis le début de la pandémie, les compagnies aériennes se sont employées à protéger la santé du personnel et des passagers. Nos employés sont notre bien le plus précieux, et l'industrie du transport aérien doit embaucher davantage pour faire face à la reprise des voyages. Toutefois, il faut que le gouvernement du Canada soit en mesure de traiter les documents des employés et des voyageurs à un rythme qui concorde avec les besoins des voyageurs canadiens et les activités de nos membres. Transports Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, Service Canada, les aéroports et Nav Canada doivent disposer des ressources nécessaires afin que les voyages et le tourisme puissent revenir aux niveaux d'avant la pandémie.
Les voyageurs doivent avoir l'assurance que leurs déplacements seront prévisibles et agréables et qu'ils s'effectueront sans retard. Les normes de service doivent être claires. Les retards et les temps d'attente excessifs dans les aéroports, dont on a fait état récemment, sont préoccupants. Le gouvernement fédéral doit s'attaquer immédiatement à ces problèmes et les régler.
C'est actuellement la Semaine du tourisme au Canada. Nous voyons d'un bon œil les déclarations favorables qu'ont faites le et le et d'autres. Cependant, je leur dirais que la chose la plus importante qu'ils peuvent faire en ce moment pour soutenir l'industrie du tourisme au Canada, c'est de s'occuper de la situation intenable dans nos aéroports.
Avant de terminer, j'aimerais souligner que les compagnies aériennes canadiennes sont des clients des aéroports canadiens et de Nav Canada. Au Canada, il a été prouvé que les taxes et les frais élevés imposés aux compagnies aériennes canadiennes et aux voyageurs placent l'industrie aérienne du Canada dans une situation de désavantage concurrentiel par rapport à d'autres pays. Il s'agit des loyers des aéroports, des frais de sécurité aérienne, des frais d'amélioration aéroportuaire, des frais de navigation aérienne de Nav Canada et des taxes municipales, entre autres. La pandémie a mis en lumière les lacunes du modèle canadien d'utilisateur‑payeur et a exacerbé ce désavantage concurrentiel.
Vu le nombre réduit de voyageurs durant la pandémie, un certain nombre d'entités ont augmenté leurs frais pour compenser cette diminution. Tous ces frais combinés paralysent l'industrie aérienne et restreignent les retombées économiques connexes à l'échelle locale. Le gouvernement fédéral pourrait dès maintenant procéder à un examen de tous les frais imposés par des tierces parties et envisager de réinvestir ces sommes dans les aéroports.
[Français]
Grâce à la collaboration continue du gouvernement fédéral, les compagnies aériennes du Canada contribueront à un retour au mode de vie connecté qui compte pour nous tous et toutes. Il faut relier les gens les uns aux autres et relier le Canada avec le monde, afin de maintenir notre économie en marche.
Je vous remercie.
Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Nous avons toujours été favorables à la mise en œuvre de mesures qui sont basées sur la science et les données pour permettre le retour et la relance du transport aérien.
Évidemment, un autre aspect qui est important, comme l'a dit mon collègue, c'est qu'il y ait une cohérence entre les mesures applicables au transport aérien et celles applicables aux autres secteurs. L'état d'urgence a été levé dans toutes les provinces du Canada et l'ensemble des activités économiques ne sont plus assujetties à des restrictions sanitaires. Nous pensons donc qu'on devrait revoir les politiques, les restrictions et les mesures sanitaires qui s'appliquent actuellement au transport aérien, pour qu'elles soient conséquentes non seulement avec ce qui se passe ailleurs dans l'économie canadienne, mais également avec les mesures en place dans les autres pays.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie également les témoins pour leur présence aujourd'hui.
Avant de poser mes questions, je dois dire, qu'en général, lorsque nous entamons une étude de la sorte… Je ne veux pas faire de la politicaillerie, mais compte tenu des commentaires formulés et des positions exprimées, j'aimerais me concentrer sur les irritants. Cela étant dit, j'aimerais aussi me concentrer, bien sûr, sur les difficultés qu'entraînent les retards et sur certains des obstacles dont on a déjà parlé, sur leur raison d'être et sur leurs répercussions.
Par exemple, nous avons entendu dire dans le passé que la propagation de la COVID‑19 au sein des passagers, des employés et des chaînes d'approvisionnement a entraîné des annulations et des retards dans l'industrie aérienne. Que pouvons-nous faire? Comment pouvons-nous veiller à ce que les compagnies aériennes puissent participer sans heurt à l'économie du voyage? Que pouvons-nous faire pour que les gens soient à l'aise de voyager?
J'ai quelques questions à poser. Je vais les adresser à Mme Acton‑Gervais, qui représente de nombreuses compagnies aériennes.
Premièrement, je crois comprendre qu'une partie du problème est attribuable au comportement des voyageurs. Précisément, les gens avaient l'habitude de planifier leurs voyages plusieurs mois à l'avance, mais maintenant, ils tardent beaucoup plus à réserver leurs billets. Madame Acton‑Gervais, avez-vous observé cela? C'est ma première question. Ma deuxième question est la suivante: avez-vous des données que vous pouvez transmettre au Comité à propos de cette situation en particulier?
:
Je vous remercie pour votre réponse. Dans un sens, cela prouve que les mesures qui ont été mises en place se sont révélées efficaces.
Ma dernière question, madame Acton‑Gervais, vise à savoir, de façon générale, comment les compagnies aériennes ont survécu à la pandémie. Je sais que les choses n'ont pas été faciles. Cela ne fait aucun doute. Toutefois, vous êtes ici et les compagnies aériennes sont ici également. Pouvez-vous formuler des commentaires? Ma question concerne non seulement ce qui se passe actuellement, mais aussi ce qui pourrait se passer dans l'avenir et comment nous pourrions mieux réagir.
Comment les compagnies aériennes ont-elles passé au travers de la pandémie? Qu'envisagez-vous pour l'avenir? Que pouvons-nous faire d'autre pour vous aider à aller de l'avant?
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Merci, monsieur le président.
C'est à mon tour de remercier les témoins de leur présence. Nous leur en sommes très reconnaissants.
Pour commencer, je vais poser une question à M. Liebman, d'Air Transat.
Nous avons appris récemment qu'Air Transat s'était associée à Pascan Aviation afin de faciliter les correspondances vers les destinations internationales à partir d'aéroports régionaux. Certains pourraient dire que cette entente est une situation gagnant-gagnant, c'est-à-dire qu'un transporteur tire profit de l'affluence de l'autre transporteur. C'est un type d'ententes qu'on peut voir aussi dans d'autres domaines. Ce qui est intéressant, dans ce cas-ci, c'est qu'on parle de transport aérien régional.
Monsieur Liebman, selon vous, y aura-t-il davantage d'associations comme celle-là dans l'avenir? Croyez-vous que, si l'on concluait des ententes de ce type un peu partout au Québec et au Canada, cela permettrait une meilleure cohabitation des entreprises d'envergure et des petits transporteurs?
:
J'ai quelques commentaires à formuler.
[Français]
Permettez-moi de répondre en anglais.
[Traduction]
En ce qui a trait au transport régional, nous avons signé de nombreux accords intercompagnies et des accords de partenariat, et nous avons fait preuve d'innovation. Le gouvernement n'a pas eu besoin de nous encourager à cet égard. Il y avait un marché que nous voulions servir.
Un excellent exemple est notre partenariat dans l'Ouest canadien avec Pacific Coastal, une petite compagnie aérienne de la Colombie-Britannique. Nous exploitons conjointement un appareil C‑32, afin de desservir des localités comme Medecine Hat, Lethbridge, Lloydminster, etc., où il n'y avait jamais eu de concurrence. Dans l'Est, nous avons conclu un accord intercompagnies avec PAL.
Au sortir de la pandémie — et M. Rheault en a parlé —, il devient de plus en plus évident que le transport régional permet à des collectivités de partout au Canada de demeurer connectées entre elles. Cependant, dans le cadre du modèle d'utilisateur‑payeur, le gouvernement traite le transport aérien très différemment des autres modes de transport.
Dans une province comme Terre-Neuve-et-Labrador... Le gouvernement fédéral subventionne actuellement les passagers de train — je n'ai rien contre le transport ferroviaire — de Montréal à Moncton, à hauteur de plusieurs centaines de dollars pour chacun.
Monsieur Liebman, je vais continuer avec vous.
Bien sûr, d'autres entreprises que la vôtre ont été durement touchées par la pandémie, mais, comme on le sait, on a beaucoup parlé du cas d'Air Transat dans les dernières années. Malgré toutes les difficultés actuelles, l'industrie du voyage prend du mieux.
Quelles mesures le gouvernement pourrait-il mettre en place pour permettre à votre entreprise en particulier de mieux tirer son épingle du jeu pour la suite des choses?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Je demanderais l'indulgence de mes collègues sur mes questions, qui sont très propres au nord-ouest de la Colombie-Britannique, mais j'imagine qu'elles peuvent s'appliquer aussi à d'autres régions du Canada.
Dans la région que je représente, il y a un grand écart dans les prix que les passagers aériens paient pour des vols à destination du même aéroport pivot. Par exemple, j'ai demandé à mon personnel de vérifier le coût d'un vol pour la première semaine de juillet de Terrace à Vancouver, de Smithers à Vancouver et de Prince Rupert à Vancouver. Le tarif le plus bas pour chaque jour de Terrace à Vancouver était en moyenne de 198 $. De Smithers à Vancouver, il était de 302 $, et de Prince Rupert à Vancouver, il était de 443 $. Il s'agit des mêmes avions, d'une distance à peu près équivalente et pourtant, de prix radicalement différents. Cela a de profondes répercussions sur les collectivités confrontées à des tarifs aériens inabordables.
Madame Acton-Gervais ou monsieur Rheault, je serais curieux de savoir si vous pouvez nous expliquer pourquoi il en coûte plus du double pour prendre l'avion depuis Prince Rupert et une fois et demie plus cher pour prendre l'avion à partir de Smithers.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de vous revoir.
Je remercie tout le monde de prendre le temps d'être ici aujourd'hui.
J'ai trois questions auxquelles j'aimerais bien obtenir des réponses. À la première, j'espère une réponse rapide par oui ou non.
Je peux peut-être commencer par M. Gibbons.
Votre organisation croit-elle que l'élimination des politiques en vigueur depuis le début de la pandémie — le dépistage aléatoire obligatoire sur place, les questions répétitives aux douanes et, bien sûr, la vaccination obligatoire — permettrait d'atténuer les difficultés opérationnelles?
:
C'est excellent. Je vous remercie. La réponse de nos témoins ici présents est sans équivoque.
Toutes les compagnies aériennes et tous les représentants de l'industrie ici présents demandent l'élimination du dépistage aléatoire obligatoire sur place, des questions répétitives aux douanes et, encore une fois, de la vaccination obligatoire.
J'aimerais adresser ma deuxième question à M. Gibbons. Je commencerai par vous, puis si quelqu'un d'autre veut intervenir, qu'il le fasse. Vous avez mentionné, en réponse à l'une des questions, qu'il serait utile pour tout le monde d'avoir de l'information sur les données scientifiques sur lesquelles s'appuient ces obligations ou ces décisions.
Le gouvernement vous a‑t‑il présenté cette information?
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Les données que le gouvernement nous a présentées sont les données publiques agrégées décrivant la situation générale actuelle de la COVID, l'état de la pandémie et le nombre de cas et d'hospitalisations.
Durant la pandémie, l'Agence de la santé publique du Canada a été informée du pourcentage de voyageurs arrivant au Canada chez qui le dépistage de la COVID avait donné une réaction positive. On a donc porté des données publiques à la connaissance de tous.
Nos demandes concernent davantage les mesures précises que nous voyons appliquer et leur contribution précise au recul de la COVID, par rapport à l'ensemble des facteurs. Songeons, par exemple, aux obligations en vigueur contre le variant omicron. Nous voulions savoir exactement ce que ces mesures préviendraient, plus particulièrement dans le secteur du transport aérien.
Il s'agit davantage de comprendre précisément les recommandations de la santé publique et l'information reçue par le gouvernement relativement à ces décisions, pour que de telles questions ne soient plus posées en comité et que cessent les discussions sur les partisans de la science et les autres. Nous devons cesser d'en parler et nous limiter très rigoureusement à…
:
C'est une excellente question. Il serait en partie arrivé sur le tapis, l'autre jour, en comité, quand quelqu'un s'est informé auprès du sur les normes de soins. C'est l'un des enjeux qu'on commence à discerner, en raison de ces retards.
Voici un exemple, seulement. Il arrive, certains soirs, à Toronto, que nous devons trouver à bord d'autres vols une place à 700 de nos invités. Souvent, on empêche les familles immobilisées à bord de presque une demi-dizaine de vols de quitter l'avion pour seulement entrer dans le hall des douanes.
Notre entreprise doit se plier à des règles très rigides, comme il se doit d'un secteur sous réglementation fédérale. Par exemple, un retard sur l'aire de trafic nous oblige, après 30 minutes, à prendre telle disposition, puis, après 60, telle autre. Il faut s'assurer d'avoir de l'eau; d'avoir des communications claires pour les voyageurs, de leur expliquer les causes du retard et d'énumérer leurs droits.
Dans le cadre de l'amélioration du système global et de l'expérience du voyageur, il nous semble que, pour chaque point de service aux voyageurs, dans la société canadienne, les transporteurs aériens soient les seuls tenus à respecter une norme de service et des règlements.
Je pense que c'est sujet à…
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents aujourd'hui.
Madame Acton‑Gervais, je crois comprendre que l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, soit l'ACSTA, a du mal à réembaucher tous ses agents de contrôle, parce que certains d'entre eux ont été recrutés comme bagagistes ou pour d'autres types d'emploi à l'aéroport.
Aussi, je présume que ces employés sont vaccinés, n'est-ce pas?
:
En ce moment, en raison des mesures sanitaires en place dans les aéroports, les passagers doivent rester à bord des avions plus longtemps à leur arrivée à destination. C'est certain que cela contribue aux retards. C'est également très difficile pour les employés, car ils doivent subir les frustrations des passagers.
Les retards sont également attribuables au manque de personnel des services frontaliers. On estime qu'avant la pandémie, le processus de vérification prenait 30 secondes par passager, alors qu'il prend maintenant cinq fois plus de temps, soit de deux minutes à deux minutes et demie.
Comme l'a mentionné la présidente par intérim du Conseil des aéroports du Canada, il y a environ 50 000 passagers qui arrivent à Toronto chaque jour, par exemple, et on estime que ce nombre augmentera considérablement cet été.
:
Merci, monsieur le président.
Tout à l'heure, lorsqu'ils ont eu l'occasion de répondre aux questions, les représentants des différentes lignes aériennes ont beaucoup parlé de tous les frais dans les aéroports et de ceux imposés par le gouvernement. Il s'agit de frais qui leur pèsent, dans le contexte de la reprise des activités.
Madame Acton‑Gervais, vous représentez les lignes aériennes. J'aimerais savoir comment le Canada se compare aux autres pays, en ce qui concerne le modèle de gestion des aéroports, la tarification des billets et les frais liés aux déplacements. Y a-t-il des pays où cela se passe différemment? De quels pays devrions-nous davantage nous inspirer?
Je pourrais poser ma prochaine question à pratiquement tous les témoins ici, mais je vais l'adresser à M. Liebman.
Pendant la pandémie, les frais de NAV CANADA imposés aux transporteurs ont explosé. Je ne connais pas les conséquences de cette augmentation sur les grands transporteurs, mais je sais qu'elle a eu un effet monstrueux sur les petits transporteurs.
Est-ce que la façon de faire pendant cette période était la bonne? À l'avenir, devrait-on agir différemment relativement à l'imposition de nouveaux frais d'entités comme NAV CANADA? Comment devrait-on gérer cela?
Effectivement, nous avons été fermés pendant une grande période, alors les conséquences se feront sentir dans l'avenir.
Selon nous, il faudrait envisager un modèle de l'utilisateur-payeur. Sans utilisateurs, il n'y a pas de payeurs, alors le système ne fonctionne pas.
On pourrait profiter de l'occasion pour se pencher sur la façon dont le système canadien est financé et regarder les pratiques exemplaires ailleurs. Mme Monique Leroux, présidente du Conseil sur la stratégie industrielle du Canada, a soumis au gouvernement un rapport dans lequel la question est abordée en partie. Il serait utile d'envisager une telle approche.
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Je le crois. C'est la même logique qui a conduit au Règlement sur la protection des passagers aériens, que votre comité a étudié et que le ministre précédent des Transports a publié. Si vous croyez qu'un règlement est un bon moyen pour assurer l'honnêteté d'un transporteur aérien ou son respect de la loi et que les passagers devraient bien connaître leurs droits, je pense que ça devrait s'appliquer à tous ceux qui fournissent un service à un voyageur canadien ou à un visiteur étranger.
La réponse est donc oui. Nous devrions l'appuyer. Peu importe où on se trouve, au cours d'un voyage, on devrait être vraiment sûr de ses droits. Ça pourrait même englober l'indemnisation, mais c'est un bon sujet d'étude pour votre comité.
Seulement un petit mot de plus. Ça ne se limite pas aux nuisances et aux « retards » pour les consommateurs. Si, dans le sud de l'Ontario, la simplification des formalités n'est pas de calibre international, ce sera la ruée vers Detroit ou Buffalo. Il y va en plus de la compétitivité du Canada. Il faut arrêter l'hémorragie des voyageurs, des emplois et du trafic aérien vers ce pays. Il faut les garder ici. Ce n'est pas simplement une question de commodité et de retards; c'est un enjeu économique fondamental pour notre pays pour lequel nous devons trouver la bonne solution.
:
Merci, monsieur Gibbons.
Je voudrais saisir cette perche, mais je questionnerai plutôt M. Liebman sur la compétitivité économique.
Quand un consommateur a la faculté de choisir entre deux régions, comme dans l'exemple de M. Gibbons — ces villes frontalières que nous connaissons tous bien, où les passagers peuvent faire un saut, prendre un transporteur différent qui, peut-être, leur épargne davantage les désagréments qui leur sont souvent imposés —, pouvez-vous donner des exemples d'endroits où ça se produit, sous quelle forme et comment ça diminue le pouvoir concurrentiel des compagnies aériennes canadiennes dans certaines régions du monde?
:
Nous reprenons les travaux.
Chers collègues et membres du Comité, voici les témoins qui comparaissent devant nous pour la deuxième partie de notre réunion.
[Français]
Nous recevons M. Serge Larivière, qui est directeur général de la Coopérative de transport régional du Québec ainsi que président de l'aéroport international de Mont‑Tremblant.
[Traduction]
Nous recevons également la mairesse de la ville de Smithers, Mme Gladys Atrill.
Nous allons entendre les déclarations préliminaires. Madame Atrill, je vous cède la parole. Vous disposez de cinq minutes.
:
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner à ce sujet. Mon intervention se centrera surtout sur notre aéroport, l'aéroport régional de Smithers, ou YYD. Il appartient à la ville de Smithers, une communauté d'environ 5 400 personnes qui assure des services à environ 20 000 personnes, dont de nombreux membres de petites collectivités et de collectivités autochtones.
Avant la pandémie, l'aéroport YYD était géré comme une entreprise et était autosuffisant. Nous avons eu 68 000 passagers en 2019. L'année dernière, en 2021, nous avons eu 37 000 passagers, ce qui représente environ 50‑60 % des revenus. Avant la pandémie, deux compagnies aériennes offraient le service régulier de transport de passagers: Air Canada et Central Mountain Air. Il y avait quatre vols par jour. Aujourd'hui, il n'y a qu'un seul vol par jour, offert par Air Canada dans un aéronef Q400 dont la capacité est de 78 passagers.
L'aéroport agit à titre de base pour les vols nolisés vers les camps éloignés et les pavillons de tourisme pour la pêche, la chasse, etc. Notre hôpital accueille aussi les patients du nord-ouest de la Colombie-Britannique, qui arrivent par quelque 260 vols d'évaluation sanitaires par année. L'aéroport joue un rôle important dans les situations d'urgence. Lors des récents feux de forêt, l'aéroport a servi de base pour les équipes de lutte contre les incendies, l'équipage des aéronefs et le personnel militaire. Bien sûr, les habitants choisissent leur lieu de résidence en fonction des commodités.
Au cours des dernières années, nous avons amélioré l'aéroport; nous avons modernisé l'aérogare et la piste d'atterrissage. Nous allons bientôt nous attaquer à l'éclairage de la piste et apporter d'autres améliorations. Notre aéroport dépend grandement des subventions. Nous sommes reconnaissants pour ces subventions, de même que pour les fonds que nous avons reçus en guise de réponse à la COVID et en vertu de l'Initiative de transport aérien régional.
La recherche montre que l'aéroport régional de Smithers est l'un des aéroports les moins coûteux pour l'atterrissage des Q400, l'aéronef actuellement utilisé par Air Canada. Ce ne sont donc pas les frais qui ont entraîné une diminution des vols. Cela étant dit, nous imposons des frais aux passagers pour nous aider avec nos revenus.
La question est la suivante: est‑ce que les formalités administratives du gouvernement rendent les aéroports plus coûteux? Probablement, mais certains règlements sont difficiles. Je crois que les règlements en matière de sécurité sont bien acceptés.
Je crois toutefois qu'il faudrait voir autrement les règlements qui pourraient aider les aéroports des collectivités comme la nôtre, qui dépendent d'une seule compagnie aérienne. Pendant la pandémie, le gouvernement canadien a aidé les compagnies aériennes, ce que j'appuie. Je crois qu'il est maintenant temps d'offrir une aide semblable aux petits et moyens aéroports.
Il faut songer à des règlements qui pourraient faire un lien entre le nombre de milles de vol et le prix exigé. Par exemple, dans notre région, la distance pour un vol de Terrace à Vancouver et un vol de Smithers à Vancouver est à peu près la même, et on utilise souvent le même aéronef. Toutefois, un vol à partir de Smithers est souvent beaucoup plus coûteux. Les gens disent qu'on peut acheter un billet vers d'autres régions du Canada — et même du monde, parfois — pour moins cher et que les prix injustes nuisent aux petites collectivités. La ville de Smithers n'est pas la seule.
Comprenez-moi bien. Je suis heureuse qu'Air Canada desserve ma communauté. J'ai pris un vol de la compagnie hier et je reviendrai chez moi à partir de Regina par un vol d'Air Canada. Toutefois, s'il n'y a pas de concurrence, il faut trouver une façon raisonnable de réglementer le marché de sorte qu'une collectivité ne doive pas payer plus cher que sa voisine pour le même service, le même aéronef et la même distance à parcourir.
Les habitants choisissent de passer par les voies terrestres — parfois des routes d'hiver très dangereuses — pour économiser de l'argent. Les entreprises et les industries choisissent de s'installer et de faire des affaires ailleurs.
Un manque de consultation au sujet des horaires nous nuit également. L'année dernière, les exploitants de stations de ski ont dû faire des pieds et des mains lorsqu'un changement d'horaire de fin de saison a touché leurs clients, ce qui les a menés vers d'autres aéroports. J'entends la même chose de la part des guides pourvoyeurs de notre communauté qui perdent des clients parce que le seul vol quotidien offert tôt le matin ne leur convient pas.
Air Canada a une trop grande incidence sur la santé et l'avenir de notre communauté. Son recours à des entrepreneurs tiers à l'aéroport réduit davantage la qualité de l'expérience pour les passagers lorsqu'un vol est retardé ou que les bagages sont perdus. Les personnes derrière le comptoir ne travaillent pas pour la compagnie aérienne. Elles travaillent pour un entrepreneur qui ne peut les aider. On leur dit d'appeler la compagnie aérienne et nous savons tous qu'un appel à une compagnie aérienne — surtout lorsque tous les passagers d'un avion tentent de la joindre — ne donne pas grand-chose.
Les clients ne savent pas qui travaille pour qui, et notre aéroport est blâmé. Air Canada gardera ces passagers de toute façon, surtout si les gens doivent passer par la route simplement pour prendre un vol de Terrace ou de Prince George. Ainsi, la compagnie n'a pas de raison pour collaborer avec nous. Je crois qu'une réglementation raisonnable pourrait ouvrir la voie vers un système équitable pour les petits aéroports comme YYD, qui est essentiel à notre communauté, puisqu'il est un moteur culturel et économique important.
J'aimerais aborder un autre sujet, mais je n'aurai peut-être pas suffisamment de temps. Il s'agit des systèmes de transport et d'atterrissage, mais je voulais me centrer sur la réglementation des compagnies aériennes dans les cas où il n'y a pas de concurrence. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir encore plus de gens quitter les petites villes en raison d'un manque de possibilités. Les citoyens veulent vivre dans les diverses régions de notre province et de notre pays. Nous ne pouvons toutefois pas réussir sans un accès adéquat par voie aérienne.
Je comprends le besoin d'examiner les règlements et d'éliminer ceux qui ne sont plus utiles. Je vous exhorte toutefois à songer à un avantage de la réglementation: l'équité. La ville de Smithers n'a pas beaucoup d'incidence sur Air Canada, mais notre santé économique est liée aux décisions prises par la compagnie aérienne. Nous sommes prêts à faire partie d'un réseau efficace d'aéroports régionaux qui desservent nos habitants et nos voisins, et à participer aux opérations d'urgence au besoin, mais des services aériens fiables, abordables et de qualité sont essentiels pour notre communauté.
Je vais m'arrêter là et vous laisser me poser des questions.
:
Je remercie le Comité de me recevoir aujourd'hui. Je vais faire mon allocution en français.
Le sujet des coûts aéroportuaires est large et complexe, et on pourrait longuement parler des conséquences négatives du fait que le gouvernement fédéral s'est désengagé du secteur du transport aérien. Les représentants d'Air Canada, de WestJet et d’Air Transat l'ont bien exprimé tout à l'heure.
Mon intervention d'aujourd'hui sera plus ciblée et portera sur les conséquences du recouvrement des frais des deux agences relevant du gouvernement fédéral, soit l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, et l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, l'ACSTA.
Bien que je sois effectivement impliqué dans le transport aérien régional à titre de dirigeant de la Coopérative de transport régional du Québec, comme l'a mentionné le président du Comité, c'est à titre de président de l'aéroport international de Mont‑Tremblant que j'aimerais m'exprimer aujourd'hui.
L'aéroport international de Mont‑Tremblant, en activité depuis 20 ans, a une vocation touristique et 80 % de ses revenus d'aviation générale proviennent des vols internationaux. Les vols intérieurs commerciaux qu'accueille l'aéroport sont assurés par les transporteurs Porter Airlines et Air Canada.
C'est donc au nom de mon aéroport, mais aussi de plusieurs autres aéroports régionaux au Canada, que j'aimerais vous parler d'une incohérence importante.
Dans les années 1990 et auparavant, lorsque le gouvernement fédéral désignait un aéroport comme un aéroport d'entrée, ce qu'on appelle un AOE, le coût des services douaniers était assumé par Ottawa. Or, une nouvelle pratique a cours depuis plusieurs années, soit celle d'offrir un service, mais en recouvrement des coûts. L'ASFC a été la première à le faire et je crois que notre aéroport a été l'un des premiers à en subir les effets.
En 2006, devant la demande réelle de trafic aérien international à destination de notre aéroport, le gouvernement fédéral a octroyé à ce dernier la désignation d'aéroport d'entrée. L'ASFC nous a alors informés que, malgré cette désignation, elle ne pourrait y assurer les services de dédouanement que si nous acceptions d'en payer les frais. Nous avons alors compris que le budget d'exploitation provenant du fédéral n'avait pas été bonifié pour tenir compte des nouveaux services à offrir à notre aéroport.
Nous étions donc devant un choix impossible: accepter d'être traités différemment des autres aéroports ou ne pas avoir de services de dédouanement. Comme la viabilité de notre aéroport est directement reliée aux vols internationaux, un refus aurait signifié sa fermeture. Comme les frais exigés à l'époque n'étaient que de 275 $ par avion, nous avons décidé de piler sur nos principes et d'accepter cette pratique. Cependant, 15 ans plus tard, le dédouanement d'un appareil de 4 à 15 places à l'aéroport de Mont‑Tremblant est passé de 275 $ à 1 200 $.
Une question fondamentale se pose: pourquoi certaines régions du Canada paient-elles leurs services douaniers à même les taxes payées au fédéral, alors que d'autres, notamment la nôtre et celle de Charlevoix, doivent payer leurs services douaniers en sus des taxes qu'elles paient au fédéral? Un principe fondamental de notre démocratie est ainsi bafoué.
[Traduction]
On dit qu'il n'y a pas de taxation sans représentation.
[Français]
Nous devons constater que l'Agence des services frontaliers du Canada, en invoquant le principe du recouvrement de ses coûts, s'est dotée d'un pouvoir de taxation et que, comme il s'agit d'une agence, elle n'a pas à rendre de comptes à la population.
Cette dérive crée donc deux classes de citoyens au Canada: ceux des régions où s'exerce un recouvrement des coûts, et les autres.
Comme si ce n'était pas suffisant, devant l'absence de leadership de la part du gouvernement, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien a elle aussi décidé récemment de recouvrer les coûts des services qu'elle offre.
Le gouvernement fédéral doit donc reprendre le contrôle de la situation. Puisque c'est lui qui a le choix d'accorder ou non la désignation d'aéroport d'entrée ou de point de fouille, il devra octroyer à ces agences le budget leur permettant de réaliser leur mandat. Il devra aussi mettre fin à la pratique de ces agences qui consiste à recouvrer leurs coûts.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents cet après-midi.
Mes questions vont surtout s'adresser à M. Larivière, étant donné que je suis un député du Québec et que l'aéroport qu'il dirige est dans la province de Québec.
Monsieur Larivière, ce que je comprends de votre exposé, c'est qu'il y a un traitement pour les petits aéroports et un traitement pour les grands aéroports. Comment expliquez-vous le fait qu'il y a deux mondes, deux traitements et deux factures? Ce que je comprends de votre présentation, c'est qu'on vous force à refiler la facture aux consommateurs. Sinon, je pense que, mathématiquement, un aéroport comme le vôtre ne serait pas en mesure de subvenir à ses besoins. Est-ce la réalité?
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Exactement, et cela s'applique à tous les aéroports qui ont obtenu avant 2006 le statut d'AOE, c'est-à-dire le statut d'aéroport d'entrée. Je pense que c'est nous, malheureusement, qui avons déclenché cette mauvaise façon de faire. Tous les aéroports qui se sont ajoutés à la liste des AOE après cette date se sont fait dire qu'ils devaient payer, sans quoi ils n'auraient pas de services douaniers, et ce, même si le gouvernement fédéral leur avait donné la désignation.
Monsieur Godin, j'ajouterais que cela a des répercussions sur le Québec de façon importante, parce que, historiquement, cette province a été en retard quant au nombre d'aéroports avec services douaniers. À l'origine, quand j'ai commencé, le Québec comptait le tiers du nombre d'AOE en Ontario. L'Ontario avait 9 ou 12 aéroports avec la désignation d'AOE pour permettre des vols internationaux commerciaux. Au Québec, mon aéroport a été le troisième: après ceux de Québec et de Montréal, il y a eu le petit aéroport de Mont‑Tremblant. Nous sommes donc très en retard, notamment à Bagotville, à Charlevoix et dans toutes les autres destinations qui ont besoin de ces services douaniers. Ces aéroports ont fait des demandes après 2006 et ne sont pas protégés par une clause de droits acquis. Alors, de façon globale, on nous impose des frais de recouvrement des coûts.
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Merci, monsieur le président.
Je vais, moi aussi, m'adresser à M. Larivière.
À en croire la façon dont le gouvernement du Canada voit les aéroports, il ne semble pas vraiment comprendre l'importance du transport aérien régional. On parle souvent des voyages à l'étranger, mais ceux qui se font à l'intérieur du Québec et du Canada devraient être considérés davantage comme un service essentiel, à mon avis. Je ne sais pas si vous partagez mon point de vue là-dessus.
Pensez-vous que l'approche devrait varier selon le statut de l'aéroport ou, du moins, selon sa taille ou la région où il se trouve? Par exemple, pourrait-on dire que, dans des régions plus petites, certains frais pourraient être pris en charge dans une plus large mesure par le gouvernement central, plutôt qu'être imposés aux utilisateurs, étant donné qu'il s'agit d'un service essentiel?
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La réponse est oui. Si j'avais un parallèle à faire, je comparerais cela aux données mobiles et aux services Internet. C'est un peu comme avoir Internet haute vitesse dans sa région. Est-ce un luxe d'avoir Internet haute vitesse dans sa région? Non, c'est un outil essentiel qui permet de se connecter au reste du pays ou au reste de la province. Pour le transport aérien régional, c'est la même chose. Le Canada est un pays immense dont la densité de population est faible.
Je vais seulement parler du Québec. Si nous sommes les derniers de classe en transport aérien régional, il y a un coût associé à cela. C'est relié à notre capacité d'occuper le territoire et de développer nos régions. Par exemple, certaines industries sont anéanties par la situation actuelle. Si, en ce moment, on doit payer 500 $ ou 1 000 $ le billet d'avion pour aller visiter une région, c'en est fini du tourisme. Nous ne développerons jamais notre tourisme en Gaspésie, sur la Côte‑Nord ou dans le Nord du Québec avec des prix de cette envergure.
Effectivement, on peut adopter différentes approches. Par exemple, peut-on aider les plus petits aéroports à faire baisser les frais? Est-ce que les frais de NAV CANADA peuvent être diminués pour des trajets régionaux? N'oubliez pas que, lorsqu'il s'agit de transport régional, il y a une sensibilité quant au prix du billet. Si je décide de payer 800 $ pour aller passer des vacances à Paris et que je me fais imposer des frais d'améliorations aéroportuaires de 35 $ à l'aéroport international Montréal‑Trudeau, cela peut toujours aller. En revanche, si je décide d'aller passer une fin de semaine à Gaspé, que je m'attends à payer 300 $ ou 400 $ pour mon billet d'avion et qu'on m'impose des frais d'améliorations aéroportuaires de 150 $, la proportion de ces frais est vraiment trop grande en considération du prix du billet d'avion. Le transporteur aérien n'est pas capable de le faire.
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Il y en aurait assurément plus. Poser la question, c'est y répondre.
Le transport est un produit et, comme pour tout produit, le prix est un élément sensible. Y a-t-il une élasticité des prix? Absolument.
À Mont‑Tremblant, nous avons testé cette sensibilité avec des transporteurs ontariens, c'est-à-dire Porter Airlines. Un aller-retour entre Toronto et Mont‑Tremblant coûte 350 $, ce qui est aberrant au Québec, soit dit en passant. En effet, aucune autre région n'est capable d'offrir un aller-retour à 350 $. Nous remplissons des avions de 78 places. Il y a un marché pour les billets qui coûtent moins de 400 $. À ce prix, les gens vont prendre l'avion régional. Nous avons testé le marché et nous l'avons vu. Quand un billet coûte 400 $ ou 500 $, les gens se disent qu'ils vont plutôt prendre leur auto. Lorsque les destinations sont trop loin pour s'y rendre en auto, par exemple la Gaspésie, qui se trouve à huit heures de route, les gens décident de ne pas y aller, tout simplement, ou d'opter plutôt pour un vol chez nos amis d'Air Transat ou d'Air Canada en direction de Cancún, par exemple, parce que cela leur coûte moins cher que de prendre l'avion pour aller à Gaspé.
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Nous en subissons les conséquences. À partir de Smithers, le prochain aéroport se trouve à deux heures et demie de route. Nous en ressentons les effets lorsque les gens sont attirés par les vols à moindre prix, comme l'a fait valoir le témoin précédent. C'est une chose de voir les passagers prendre une telle décision, mais on a aussi décidé d'augmenter la fréquence des vols à notre aéroport voisin également. Il y a donc l'attrait du prix et des possibilités. Ce ne sont pas uniquement les particuliers qui décident de choisir un vol offert à un autre moment ou à un meilleur prix. Les entreprises déterminent elles aussi qu'elles sont mieux servies... Même si notre communauté — Smithers et Bulkley Valley — est celle de choix, les entreprises doivent tenir compte de l'économie. Ainsi, si la fréquence est plus élevée et les prix sont plus bas dans une communauté voisine — que ce soit une perception ou la réalité —, alors...
Encore une fois, la distance est la même, comme je l'ai dit plus tôt. C'est donc souvent le même aéronef et les mêmes milles de vol, mais le prix est plus bas. Il est difficile de nous battre contre cela, donc lorsqu'une entreprise choisit de se déplacer vers une autre communauté, il est très difficile de la ramener vers nous. Parfois, ce sont de petites entreprises, mais d'autres fois, ce sont de grands exploitants industriels qui amènent les habitants avec eux.
Tout un cycle s'en suit. Lorsque les entreprises et les habitants décident de se réinstaller ailleurs, c'est une perte pour la communauté. L'autre jour, j'écoutais des décisions qui étaient prises au sujet des soins de santé et de l'emplacement des services. Tous ces éléments sont liés; il est donc difficile de tenir compte uniquement de l'incidence du coût du transport aérien, parce que les conséquences se font sentir dans l'ensemble de la communauté, en ce qui a trait à la présence des entreprises et des programmes et surtout, comme l'a fait valoir le témoin précédent, en ce qui a trait au tourisme. Nous sommes un centre touristique. Il faut donc que nos entreprises touristiques puissent accueillir leurs clients et que les clients aient accès aux autres communautés, de sorte qu'ils ne soient pas obligés de passer une nuit à Vancouver et une autre à Smithers parce ce que nous n'offrons qu'un vol par jour. Le coût économique et culturel de la réinstallation des entreprises est très élevé pour la communauté.
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Oui, les frais ont une incidence sur l'abordabilité. Ils sont moins évidents qu'avant parce qu'ils sont inclus dans le prix, mais les gens savent qu'il y a des frais. Nos frais sont de 30 $ par passager, ce qui est relativement élevé. Ils sont élevés, et les gens savent qu'ils doivent les payer.
J'aurais une suggestion à faire par rapport aux exigences en matière de niveau de service. Le gouvernement fédéral réglemente les aéroports et nous dicte comment les exploiter. Je ne m'oppose pas à cela, sauf qu'il arrive qu'on nous dise d'apporter certaines améliorations ou qu'un de nos systèmes est inadéquat et doit être mis à niveau dans un délai précis. Je veux bien, mais puisque nous sommes un petit aéroport et que nous dépendons des subventions, il me semblerait logique que le gouvernement nous fournisse le financement en même temps qu'il nous ordonne d'apporter une amélioration essentielle à notre fonctionnement. Cette proposition vise non seulement les aéroports, mais aussi nombre d'autres systèmes relevant d'autres ordres de gouvernement.
Si le gouvernement établit une nouvelle norme réglementaire sur l'éclairage ou l'eau, par exemple, et s'il sait que le seul moyen pour nous d'apporter les modifications qui s'imposent est avec l'aide d'une subvention fédérale, pourquoi le financement n'est‑il pas fourni en même temps que le règlement est adopté? Autrement, tout le fardeau est placé sur les épaules du fournisseur local de services — la municipalité —, qui doit alors trouver une façon d'obtenir l'argent nécessaire.
Ce n'est pas nous qui établissons les règlements, mais nous devons nous y conformer dans les délais impartis, et les seuls à qui nous pouvons demander du financement sont les autres ordres de gouvernement. Il me semblerait logique de joindre le financement au programme, plutôt que de causer du stress et de la détresse. Ainsi, quand le gouvernement nous dirait de faire quelque chose, nous saurions par quels moyens y arriver et en combien de temps.