:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la quatrième réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 25 novembre 2021. Les membres du Comité peuvent participer en personne ou par l'application Zoom.
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants et observateurs à cette réunion qu'il n'est pas permis de faire des captures d'écran ni de prendre des photos de votre écran.
[Traduction]
Compte tenu de la pandémie et des recommandations des autorités de la santé publique ainsi que de la directive adoptée par le Bureau de régie interne le 28 janvier 2022, pour rester en bonne santé et en sécurité, il est recommandé à tous ceux qui participent à la réunion en personne de suivre les conseils suivants:
Toute personne présentant des symptômes doit participer par Zoom et s'abstenir d'assister à la séance en personne. Chacun doit maintenir une distance physique de deux mètres, qu'il soit assis ou debout, et porter un masque non médical lorsqu'il circule dans la salle. Il est recommandé, dans les termes les plus forts possible, que les membres portent leur masque en tout temps, y compris lorsqu'ils sont assis. Des masques non médicaux, qui offrent une meilleure clarté que les masques en tissu, sont disponibles dans la salle. Toutes les personnes présentes doivent maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant qui se trouve à l'entrée de la salle. Les salles de comité sont nettoyées avant et après chaque séance. Dans le même ordre d'idées, tous sont invités à nettoyer les surfaces comme le bureau, la chaise et le microphone avec les lingettes désinfectantes fournies avant de partir ou lorsqu'ils prennent place.
En tant que président, je vais faire respecter ces mesures pendant toute la durée de la séance, et je remercie à l'avance les députés de leur collaboration.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité se réunit pour étudier la sécurité ferroviaire.
Nous accueillons deux groupes de témoins.
Les témoins du premier groupe proviennent du Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports. Nous accueillons Kathleen Fox, présidente, ainsi qu'André Lapointe, administrateur en chef des opérations.
Le deuxième groupe comprend Gian‑Carlo Carra, conseiller municipal de Calgary, Chris J. Apps, directeur du Service des terres et des ressources de Kitselas, de la Première Nation Kitselas, et Lyndon Isaak, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada.
Je le répète, le Comité poursuit son étude de la sécurité ferroviaire et des répercussions des activités ferroviaires sur les collectivités et les propriétés avoisinantes. Les membres ont convenu que les témoins auraient cinq minutes pour faire leur déclaration liminaire et que, dans la mesure du possible, ils communiqueraient cette déclaration au Comité 72 heures à l'avance.
Madame Fox et monsieur Lapointe, bienvenue au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Nous allons commencer par vous céder la parole pour votre exposé liminaire.
:
Monsieur le président et membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie d'avoir invité des représentants du Bureau de la sécurité des transports du Canada, ou BST, à venir vous parler au sujet de la sécurité ferroviaire.
[Traduction]
Comme vous le savez, notre mandat et unique fonction est de promouvoir la sécurité des transports dans les modes aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier qui relèvent de la compétence fédérale, en menant des enquêtes indépendantes, en cernant les lacunes de sécurité, les causes et les facteurs contributifs, en formulant des recommandations et en publiant des rapports.
[Français]
Le BST est indépendant et il mène ses activités sans lien de dépendance à l'égard des autres ministères et organismes fédéraux. Il rend des comptes au Parlement par l'entremise du président du Conseil privé de la Reine pour le Canada. Cela lui permet d'être impartial et libre de toute influence externe, réelle ou perçue.
Il est également important de préciser ce que le BST ne fait pas. Il n'attribue aucun blâme ni ne détermine aucune responsabilité civile ou criminelle.
[Traduction]
La sécurité ferroviaire demeure une grande préoccupation du BST, et j'aimerais vous faire part de quelques statistiques de 2020 en matière de sécurité ferroviaire. Selon le rapport annuel du BST de 2020, 1 192 événements ferroviaires ont été signalés au BST, soit 965 accidents et 227 incidents. Ces 965 accidents représentent une diminution de 23 % par rapport à 2019 et une diminution de 11 % par rapport à la moyenne décennale.
Le taux d'accidents en voie principale en 2020 était de 2,7 accidents par million de trains-milles en voie principale, en baisse par rapport au taux de 3,3 en 2019, mais en hausse de 12 % par rapport à la moyenne décennale de 2,4. En tout, 59 pertes de vies ont été signalées dans le secteur ferroviaire. Deux d'entre elles touchaient des employés des chemins de fer, 39 sont survenues lors d'intrusions et 18 sont survenues lors d'accidents aux passages à niveau.
En ce qui concerne les passages à niveau, nous avons récemment lancé une enquête approfondie sur la sécurité afin d'examiner les facteurs qui contribuent à l'augmentation constatée du taux d'accidents mettant en cause des véhicules automobiles lors des mois hivernaux.
Nous publierons bientôt nos statistiques préliminaires pour 2021 et serons heureux de présenter ces données au Comité dès qu'elles seront disponibles. Je signale que, parfois, les statistiques des années précédentes changent à cause d'une reclassification ou d'un réexamen. Il peut donc y avoir des différences par rapport aux chiffres que je vous ai donnés à l'instant.
Nous sommes en train de faire une mise à jour sur les progrès accomplis à l'égard de la Liste de surveillance 2020 du BST, qui décrit les principaux enjeux de sécurité auxquels il faut remédier pour rendre le système de transport canadien encore plus sécuritaire. La liste actuelle comprend deux enjeux propres au secteur ferroviaire: le respect des indications des signaux ferroviaires, c'est‑à‑dire que les équipes de train ne sont pas toujours en mesure de reconnaître ou de respecter les signaux ferroviaires. Cela pose un risque de collisions ou de déraillements de trains; les mouvements non contrôlés d'équipement ferroviaire, qui peuvent engendrer des situations très risquées aux conséquences potentiellement catastrophiques — en particulier si des marchandises dangereuses sont en cause, comme on l'a vu à Lac-Mégantic. En 2020, il y a eu 50 événements mettant en cause des mouvements non contrôlés de matériel roulant, une baisse par rapport aux 78 événements de ce type survenus en 2019.
Les autres enjeux de la Liste de surveillance qui affectent la sécurité ferroviaire sont les enjeux multimodaux de la gestion de la fatigue dans l'exploitation des trains de marchandises, la gestion de la sécurité et la surveillance réglementaire. Bien qu'on exige depuis 2001 que les compagnies ferroviaires de compétence fédérale disposent de systèmes de gestion de la sécurité, nos enquêtes ont mis en évidence de nombreuses lacunes ayant fait en sorte que des dangers n'ont pas été cernés et des mesures efficaces d'atténuation des risques n'ont pas été prises. De plus, les suivis et les interventions effectués par Transports Canada ne parviennent pas toujours à amener les entreprises à cerner et à changer des pratiques d'exploitation non sécuritaires.
Depuis sa création, en 1990, le Bureau a émis 149 recommandations à l'intention des organismes de réglementation et du secteur ferroviaire. Au 30 septembre 2021, 91,3 % des réponses à ces recommandations ont obtenu l'évaluation la plus élevée du Bureau, soit qu'elles dénotaient une « Attention entièrement satisfaisante ».
Il reste toutefois — et j'insiste — beaucoup de choses qui peuvent être faites pour améliorer la sécurité ferroviaire, surtout en ce qui concerne les enjeux qui sous-tendent notre Liste de surveillance. La plus vieille recommandation active en suspens remonte à 2013. Nous entamons tout juste notre processus annuel de réévaluation des recommandations en suspens. Nous fournirons une mise à jour à ce sujet dans notre rapport annuel au Parlement, et les résultats de ce processus nous éclaireront lors de l'élaboration de la Liste de surveillance 2022 du BST.
[Français]
Parmi les éléments qui éclaireront l'élaboration de la Liste de surveillance à venir, il y a les consultations que nous menons auprès des intervenants du secteur, dans le cadre desquelles nous discutons des progrès accomplis à l'égard des défis existants et nous sollicitons leur point de vue sur les défis émergents.
Nous avons pratiquement terminé nos consultations auprès des secteurs aérien et maritime l'automne dernier, et nous rencontrerons les intervenants du secteur ferroviaire au cours des prochains mois.
[Traduction]
Merci beaucoup. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame Fox.
Les interprètes viennent de me dire qu'il y a un peu de bruit qui vient de votre micro. Pourriez-vous le placer un peu plus haut ou un peu plus bas, et pas directement devant vous. Merci beaucoup. Je suis sûr qu'ils vous en seront très reconnaissants.
Pour la première série de questions, nous allons donner la parole à Mme Gladu, qui aura six minutes.
Chers collègues, pour m'assurer que nous respectons les temps de parole, j'ai emprunté à mon collègue, M. Badawey, un drapeau jaune pour signifier qu'il vous reste une minute, et un drapeau rouge pour montrer que votre temps de parole est écoulé.
Madame Gladu, vous avez la parole.
:
Merci aux témoins d'avoir accepté de comparaître. Merci à eux du travail qu'ils font pour essayer d'améliorer la sécurité ferroviaire au Canada.
Je vais m'intéresser d'abord à certains incidents. J'ai examiné les rapports d'incident. Parfois, des enquêtes s'imposent. Je constate que 21 enquêtes ont été menées depuis 2019, mais il n'y a pas encore eu de rapport dans un certain nombre de cas. Dans un cas, un employé a trouvé la mort, il y a eu 11 déraillements, 11 incidents à des passages à niveau, cinq collisions et trois autres incidents.
Pourquoi n'y a‑t‑il pas de rapport sur ces incidents, dont certains remontent à deux ans?
:
J'ignore si les incidents évoqués par la députée sont des incidents ou des accidents, car nous classons les événements dans ces deux catégories.
Comme je l'ai dit, nous avons, d'après les statistiques, près de 1 200 rapports d'événement par année. Nous ne pouvons pas faire enquête sur tous les événements et nous ne le faisons pas. Nous avons une politique sur la classification des événements qui détermine le niveau d'enquête à faire dans chaque cas.
L'année 2019 a été particulièrement chargée, et nous avons en ce moment le plus grand nombre d'enquêtes ferroviaires importantes en cours. Nous ne contrôlons pas notre charge de travail, et nos ressources sont limitées. Lorsque nous voulons nous saisir d'un grand nombre d'événements, nous devons répartir les ressources entre toutes les enquêtes, ce qui allonge parfois les délais. Je puis vous assurer que nous faisons le travail le plus rapidement possible, et nous espérons publier dans les prochains jours, semaines ou mois les rapports sur les enquêtes complètes.
J'ajouterais que nous évaluons tous les événements, que nous fassions ou non une enquête complète suivie d'un rapport public. Nous consignons les données et nous les utilisons dans l'analyse statistique et pour éclairer les enquêtes futures.
:
Comme je n'ai que peu de temps, permettez-moi de changer de sujet et de passer à ma prochaine question, qui porte sur les passages à niveau.
Le sujet m'intéresse, car je constate que le gouvernement a injecté 11 millions de dollars. Il a reconnu qu'il était important d'améliorer la sécurité aux passages à niveau, mais voici ce qui se passe dans une circonscription comme la mienne, où une petite localité de 2 000 habitants compte sept passages à niveau. Le gouvernement a donné 27 000 $ par passage à niveau, alors que le coût des travaux sur un seul passage est plutôt de l'ordre de 350 000 $. Les travaux ne se font donc pas et les progrès laissent à désirer.
Avez-vous des recommandations à formuler au sujet des passages à niveau que, à votre avis, le gouvernement n'a pas améliorés assez rapidement?
:
Nous n'avons pas de recommandations en attente concernant les passages à niveau à proprement parler. Nous en avons eu par le passé. En fait, la sécurité aux passages à niveau a figuré sur la Liste de surveillance jusqu'en 2014 environ.
C'est en 2014 que le gouvernement fédéral a pris de nouveaux règlements et instauré de nouvelles normes au sujet des passages à niveau. L'application devait s'échelonner sur une certaine période. J'ai appris récemment que cette période serait prolongée.
La sécurité aux passages à niveau est une question intéressante, car elle relève de multiples compétences. D'une part, l'administration routière a un rôle à jouer et l'exploitant ferroviaire aussi. Le partage des coûts présente parfois des difficultés, j'en suis sûre, surtout dans les petites localités, lorsqu'il s'agit de moderniser les passages à niveau.
:
Merci à tous d'avoir accepté de comparaître. Nous sommes heureux de vous accueillir.
Mes questions vont sans doute porter sur la sécurité ferroviaire, mais aussi sur l'impact que subissent les collectivités environnantes, sur les plans non seulement de la sécurité, mais aussi de leur mode de vie. J'ignore si cela relève de votre compétence, mais vous pourrez en tenir compte dans vos réponses.
Dans son rapport de 2016, Le point sur la sécurité ferroviaire, le Comité a recommandé que les compagnies de chemin de fer soient tenues de « fournir des renseignements en temps réel sur les marchandises dangereuses [...] aux premiers intervenants des collectivités, par téléphone cellulaire ou service Internet » et qu'elles étudient d'autres façons de communiquer ces renseignements « aux collectivités sans service cellulaire ».
Voici ma première question: à votre connaissance, quel accès les premiers intervenants ont-ils aux renseignements en temps réel sur les marchandises dangereuses transportées par chemin de fer dans leurs collectivités respectives?
:
Ma dernière question, monsieur le président, concerne les collectivités. C'est une question que j'ai posée à l'Office des transports du Canada en juin, lors d'une séance que nous avons consacrée à ce sujet. Il s'agit des effets des activités ferroviaires sur les municipalités. Je suppose que c'était par rapport aux heures des activités. Bien sûr, avec le bruit, les odeurs et les vibrations, la sécurité des personnes et des communautés peut être menacée.
La réponse que j'ai obtenue de l'OTC, c'est qu'il contrôlerait les situations existantes et qu'il mettrait en place, en fonction des plaintes, une ordonnance limitant les activités à certaines heures de la journée, par exemple. Si les impacts sont importants la nuit, les exploitants ne pourront évidemment pas mener leurs activités la nuit.
Quelle compétence votre organisation a‑t‑elle à cet égard, en ce qui concerne les effets des activités ferroviaires sur les collectivités avoisinantes?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Fox, dans votre allocution d'ouverture, vous avez parlé des mouvements incontrôlés des trains. Or, nous sommes plusieurs à savoir que c'est ce qui a mené à la tragédie de Lac‑Mégantic. Récemment, j'ai pris connaissance d'un document publié par le BST dans lequel ondisait que la tendance, quant aux mouvements incontrôlés des trains, était à la hausse. Vous avez aussi mentionné, je crois, que les mouvements incontrôlés des trains figuraient dans la Liste de surveillance.
D'après vous, pourquoi la tendance est-elle à la hausse?
Le BST a-t-il fait à ce sujet des recommandations qui n'ont toujours pas été mises en œuvre, mais qui permettraient de changer les choses?
:
Merci, madame Fox. Je suis heureux de vous revoir au Comité.
Je reviens sur les remarques de mon collègue, M. Barsalou‑Duval, au sujet des systèmes de gestion de la sécurité. Lorsque j'ai pris connaissance de la Liste de surveillance du BST et des préoccupations qu'il y a inscrites au fil du temps, espérant que des mesures correctives soient prises, j'ai appris avec étonnement que les systèmes de gestion de la sécurité figurent sur cette liste depuis sa création.
Pourquoi ces systèmes de gestion de la sécurité sont-ils sur la liste depuis si longtemps, soit depuis plus de 10 ans? Pourquoi Transports Canada n'a‑t‑il pas été en mesure d'en faire assez pour répondre à vos préoccupations et aux questions que vous soulevez au sujet de ces éléments essentiels de la sécurité ferroviaire?
:
Vous avez raison de dire que les systèmes de gestion de la sécurité figurent sur la Liste de surveillance du BST depuis 2010. Mais si nous en comparions les versions successives, nous constaterions que cette question de sécurité a évolué au fil des ans au point qu'on peut maintenant parler de sécurité multimodale, car les préoccupations sont différentes selon qu'il s'agit de transport aérien, maritime ou ferroviaire.
En ce qui concerne le rail, les compagnies ferroviaires sont tenues d'avoir des systèmes de gestion de la sécurité depuis 2001. Le Règlement sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire, le SGS, a été considérablement renforcé en 2015 avec l'ajout de certificats d'exploitation de chemin de fer et de dispositions beaucoup plus normatives et détaillées.
Nous constatons deux choses qui expliquent pourquoi la gestion de la sécurité ferroviaire figure toujours sur la liste de surveillance. Dans nos enquêtes, nous avons remarqué que les compagnies de chemin de fer ne cernent pas les dangers et ne procèdent pas à des évaluations des risques tout le temps, ou du moins pas pendant la durée de nos enquêtes. De plus, elles n'atténuent pas efficacement les risques liés à leurs activités, ce qui a contribué à des accidents et incidents.
En ce qui concerne le ministère des Transports, sa surveillance du SGS n'a pas encore porté sur l'efficacité de la gestion de la sécurité ferroviaire, même s'il a fait savoir qu'il avait entrepris ce travail.
C'est pourquoi ces questions figurent toujours sur la Liste de surveillance des chemins de fer.
:
Merci, madame Fox, de vous être jointe à nous.
Je voudrais entrer dans les détails et creuser le même sillon que mes collègues. Il s'agit des ressources. Sur le site Web du BST, on énumère de nombreux incidents liés à la sécurité dont le ministère des Transports ne s'est pas occupé. Je vais prendre des cas précis.
En août 2019, il y a eu un décès à la gare de triage MacMillan du CN, et Transports Canada n'a pas, d'après ce que j'ai vu, fixé de date pour la publication du rapport sur ce décès.
Avez-vous d'autres renseignements sur la date à laquelle nous pouvons nous attendre à recevoir de l'information à ce sujet? Entretemps, que fait‑on pour prévenir d'autres décès?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Étant donné que je n'ai pas posé de questions à M. Lapointe, responsable des enquêtes, je vais en profiter.
Monsieur Lapointe, depuis un certain nombre d'années, on constate qu'il y a une augmentation — du moins, une tendance à la hausse — du transport de matières dangereuses, particulièrement du transport de pétrole, qui semble être très populaire.
S'il y avait, dans les années à venir, une hausse du transport de pétrole par rail passant par nos villes, cela pourrait-il engendrer d'autres catastrophes ou augmenter les risques de catastrophes?
:
Je vous remercie de la question.
Je vais revenir sur un point que Mme Fox a mentionné plus tôt. Il faut se pencher davantage sur l'entretien et sur tout ce qui vise la sécurité du moyen de transport, qu'il s'agisse de pétrole ou d'autres matières dangereuses.
Pour ce qui est d'une éventuelle augmentation du transport de matières dangereuses, il faudra voir. Pour l'instant, nous nous concentrons sur ce que nous voyons. Il y a plusieurs accidents sur lesquels nous avons enquêté, et sur lesquels nous enquêtons toujours dans certains cas, où la performance des wagons-citernes fait l'objet de surveillance. Nous pourrons alors nous prononcer sur les répercussions des changements qui ont été apportés à ces wagons.
:
Je tiens à remercier les témoins de leur présence aujourd'hui.
Pour commencer, je sais que le BST est un organisme indépendant, mais cela dit, il s'agit de notre première réunion en six mois depuis « les élections les plus importantes depuis 1945 », je crois. Je suis simplement curieux. Comme les temps ont changé, nous avons, en ce moment, la société la plus divisée que j'ai vue de mon vivant. J'ai des préoccupations. Je sais qu'il y a des blocages routiers et des convois ici, et nous voyons des camions et des véhicules se déplacer, que ce soit aux postes frontaliers ou ici à Ottawa. Il va sans dire que c'est une préoccupation à tous les postes frontaliers.
Pour ce qui est de ma question, je n'ai pas vraiment entendu de plan de la part du gouvernement sur la façon dont nous allons nous sortir de la situation actuelle, alors je suis un peu curieux de savoir quelle est la position de votre organisme. Je vais vous poser des questions comme celle‑ci: quels sont les protocoles de sécurité en place pour gérer les risques associés au blocus? De plus, je suis davantage préoccupé par le fait que, peu importe ce que nous pensions que cela aurait pu être auparavant, la situation actuelle est un peu différente. Il y a beaucoup de véhicules lourds en cause. De toute ma vie, je n'ai jamais vu autant de gens frustrés.
Je me demande. Avez-vous reçu un appel du gouvernement, tout d'abord pour vous assurer que votre plan est solide? Si oui, le plan a‑t‑il changé en raison de ce que nous voyons avec ce genre de blocus?
:
Nous reprenons nos travaux.
J'aimerais remercier le deuxième groupe de témoins de sa présence aujourd'hui.
Nous accueillons M. Gian-Carlo Carra, conseiller municipal de Calgary; M. Chris Apps, directeur du Service des terres et des ressources de Kitselas pour la Première Nation de Kitselas; et M. Lyndon Isaak, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada.
Je souhaite la bienvenue aux témoins qui comparaissent devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Nous allons maintenant entendre votre déclaration préliminaire.
Monsieur Carra, je vous cède la parole. Vous avez cinq minutes.
Ce sera un peu différent de la première section. J'espère que cela suscitera une conversation intéressante.
Ma position est que le chemin de fer, tout particulièrement le Chemin de fer Canadien Pacifique, était un projet en PPP qui a bâti le Canada. Aujourd'hui, à une époque d'instabilité climatique croissante, nous avons besoin d'approches à émissions de carbone nettement plus faibles pour presque toutes les composantes de la vie moderne si nous voulons survivre et prospérer comme projet de civilisation à l'échelle continentale. À l'instar de la bicyclette, le chemin de fer est une technologie de transport de la vieille école qui doit jouer un rôle renouvelé dans cet avenir. Autrement dit, le chemin de fer doit être aussi important pour le Canada dans 100 ans qu'il l'était il y a 100 ans.
La sécurité est un élément clé de la façon de mieux intégrer cette vieille technologie à la vie moderne à un moment de changement important et contesté dans ce que signifie réellement la vie moderne. Si nous ne parvenons pas à comprendre la proposition de changement qui nous est faite, il est très probable que nous nous tromperons sur la question de la sécurité.
Notre expérience à la Ville de Calgary offre une excellente étude de cas sur ce que cela signifie, en particulier alors que nous nous employons à concilier les approches d'aujourd'hui en matière de sécurité ferroviaire avec l'urbanisme de demain à faibles émissions de carbone et axé sur le transport en commun dont nous avons besoin.
Tout comme le chemin de fer a établi le Canada sous la forme d'une série de peuplements près des gares formant un réseau le long de la route avec de vastes étendues de terres agricoles et de régions sauvages, notre approche initiale de la construction de nos grands peuplements a suivi la même tendance à une échelle plus petite. Des réseaux de tramways reliaient les centres de quartier les uns aux autres et aux paysages industriels exploités. Aujourd'hui, partout au Canada, ces centres-villes, ces soi-disant banlieues desservies par le tramway et ces paysages industriels sont parmi les plus productifs, les plus précieux, les plus séduisants et les plus sobres en carbone de nos villes.
La ville de Calgary est extrêmement représentative de ce phénomène. Quatre-vingt-cinq pour cent de notre ville a été construite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, parallèlement à la montée de l'automobile et au déclin du chemin de fer. Les 15 % qui représentent la ville antérieure axée sur le transport en commun et construite par le tramway surpassent considérablement la ville conçue pour l'automobile sur les plans social, environnemental, économique, fiscal et de santé publique. Par conséquent, notre approche pour l'avenir consiste à faire de notre ville, conçue pour l'automobile, une ville de grands quartiers axée sur le transport en commun, grâce à des projets financés par le gouvernement fédéral comme la ligne verte.
Au moment où nous commencions à planifier la ligne verte il y a plus de cinq ans, avec la participation de la collectivité, le secteur de la gare et les exercices de planification urbaine — et en raison de la proximité de la ligne verte et, dans certains cas, de l'utilisation intense d'emprises ferroviaires actives —, nous avons été submergés de politiques de sécurité ferroviaire. Ce conflit a été beaucoup plus sensible en raison de la récente tragédie de Lac-Mégantic. D'une part, nous avons examiné une pratique exemplaire en matière de sécurité, soit une marge de recul de 30 mètres par rapport à ces corridors. Il s'agit d'un corridor de 200 pieds de largeur le long d'une grande partie de la ligne. D'autre part, nous envisagions des quartiers à usage mixte desservis par un transport en commun à faibles émissions de carbone qui avaient désespérément besoin de ces précieux biens immobiliers pour bâtir cet avenir.
Nous avons eu une très grande conversation sur la sécurité et le risque. Lorsque nous avons fait les calculs, il est devenu évident que notre paramètre par défaut, qui était de protéger notre population contre les catastrophes à incidence élevée, mais à très faible fréquence, comme celle de Lac-Mégantic, était en fait un résultat beaucoup moins sûr, alors que nous soumettions notre population à une fréquence très élevée d'événements à faible incidence, depuis la proximité d'accidents automobiles jusqu'aux effets à long terme des modes de vie sédentaires, en passant par une contribution significativement plus élevée aux changements climatiques.
Notre solution consistait à établir un profil de sécurité et de risque très réfléchi tout le long de la ligne, à se protéger contre les déraillements qui pourraient se produire et à limiter l'accès tout en le protégeant pour les interventions d'urgence et les réparations. La zone morte de 200 pieds s'est considérablement rétrécie pour devenir un corridor beaucoup plus sécuritaire et utilisable. Des limites de vitesse en fonction de l'environnement et du profil de risque étaient également essentielles à ces considérations.
La ville de l'automobile, qui est la ville du changement climatique, est fondée sur une séparation discrète des utilisations et des composantes de la ville. Une ville axée sur le transport en commun, qui est la ville de l'action climatique, nécessite une combinaison robuste et réfléchie d'utilisations. « L'ère de la salade César de 3 000 milles », comme le dit James Howard Kunstler, doit cesser. Les Canadiens doivent manger des aliments qui sont produits beaucoup plus près de chez eux. Nous devons utiliser des biens qui sont produits beaucoup plus près de chez nous. Le chemin de fer doit jouer un rôle beaucoup plus intégré dans l'avenir de nos villes et villages, comme c'était le cas auparavant, mais avec beaucoup plus de sensibilité que par le passé. Pour ce faire, il faut mieux comprendre les risques et mieux comprendre la sécurité.
Enfin, le transport de marchandises dangereuses et les conflits entre le transport ferroviaire et les autres usagers sont évidemment des éléments clés de la sécurité. La qualité de l'air est également essentielle. L'hydrogène et l'électrification offrent des solutions à plus long terme, mais les mélanges de diesel qui réduisent la consommation totale de carburant et les émissions d'hydrocarbures complexes sont une piste très importante à court terme et nous devons également l'explorer.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités dans le cadre de son étude sur la sécurité ferroviaire.
Je représente aujourd'hui la Première Nation Kitselas, avec laquelle je travaille depuis cinq ans à titre de directeur du Service des terres et des ressources. La Première Nation Kitselas est située dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Sur un territoire de 1,8 million d'hectares qui s'étend sur 200 kilomètres le long de la rivière Skeena et jusqu'à la côte nord du Pacifique, il y a sept réserves et deux collectivités principales. Ces collectivités sont situées près de Terrace, en Colombie-Britannique.
Les Kitselas ont une histoire longue et conflictuelle avec le chemin de fer. À bien des égards, il est l'incarnation moderne du colonialisme aux yeux des habitants du canyon, qu'on appelle les Gitselasu, qui étaient autrefois les gardiens des péage de la rivière Skeena. L'infrastructure qui a été construite autrefois au milieu des terres des Kitselas, les éloignant de leur économie, demeure encore aujourd'hui, scindant les réserves, les collectivités et le territoire. Aujourd'hui, les Kitselas sont de nouveau touchés par les plus grands projets d'infrastructure du Canada, y compris les installations d'exportation de LNG Canada et le pipeline Coastal GasLink. Plus de 25 projets industriels touchent le territoire et les membres de notre collectivité.
En 2019, à la suite des préoccupations exprimées par nos dirigeants et par la collectivité, nous avons demandé à Mme Janis Shandro, spécialiste de la santé et de la sécurité des collectivités et qui a une clientèle internationale, d'évaluer les risques pour la santé et la sécurité associés à ce niveau sans précédent d'industrialisation. Dans le rapport technique qu'elle a remis à notre nation, elle a souligné la nécessité de mieux comprendre les risques pour la santé et la sécurité des collectivités associés au transport ferroviaire. Au moment de son évaluation, les professionnels des services d'urgence locaux ont signalé que le trafic ferroviaire augmentait considérablement. Dans le cadre de ces travaux elle a pu constater par elle-même que le trafic qui traverse nos collectivités peut atteindre trois trains toutes les heures. Si l'on considère les projets industriels proposés dans la région, la croissance observée du trafic ne fera qu'augmenter, les marchandises dangereuses étant la cargaison principale.
Le développement industriel dans la région a aussi eu d'autres répercussions. La participation des Kitselas aux tables rondes trimestrielles de LNG Canada a permis de constater de façon répétée, preuves à l'appui, que la capacité des services d'urgence dans la région de Terrace et de Kitimat est insuffisante pour répondre aux besoins actuels. Les conséquences de cet état de fait en cas de catastrophe ferroviaire sont considérables. Nous avons exercé des pressions à tous les niveaux du gouvernement provincial pour que des améliorations soient apportées à ce secteur des services essentiels, mais en vain.
En se fondant sur les recommandations du rapport de 2019 de Mme Shandro, les Kitselas ont commandé une autre étude et ont à nouveau fait appel à un expert mondial. Dans ce cas‑ci, nous avons confié le travail à M. Franco Oboni et à son équipe de Riskope, une société d'experts-conseils de premier plan en évaluation des risques, qui a étudié les risques liés au transport ferroviaire et d'autres risques pour des clients du monde entier. Nous l'avons chargé d'entreprendre une évaluation indépendante des risques liés au transport ferroviaire et routier.
L'objectif de cette enquête était de déterminer, à l'aide des renseignements et des données disponibles, s'il y avait effectivement des risques pour les populations humaines qui devraient être pris en compte. L'enquête a porté sur trois tronçons de voie allant de la frontière nord du territoire des Kitselas jusqu'à Prince Rupert et Kitimat; deux tronçons correspondants de la route 16 et de la route 37; et le réseau routier local dans un rayon d'un kilomètre maximum de la voie ferrée. L'enquête s'est également penchée sur les interactions possibles entre le trafic ferroviaire et le trafic routier, car d'importants alignements des infrastructures ont été mis en évidence dans lesquels la voie ferrée est adjacente à la route 16. La proximité des routes et des chemins de fer est susceptible de causer des problèmes supplémentaires.
L'étude a conclu que si l'on tient compte à la fois des accidents ferroviaires et des accidents de la route, les préjudices causés aux populations sont déjà à la limite des seuils d'acceptabilité internationaux pour les risques sociétaux. Cette constatation a été faite uniquement à partir de renseignements accessibles au public. L'étude de Riskope a révélé que, selon la structure de la circulation, les taux d'accidents et de mortalité pourraient augmenter considérablement. Je répète qu'au moment de l'étude, sur la seule base des informations que nous pouvions obtenir, nous étions à la limite de seuils de risque acceptables. D'autres projets s'en viennent. Ces faits devraient favoriser une attention renforcée, des mesures d'atténuation préventives et des programmes de sécurité tout le long de la route et de la voie ferrée.
L'étude entreprise par les Kitselas contient plusieurs recommandations, que nous avons préparées sous la forme d'un mémoire supplémentaire à l'intention du Comité. Les recommandations ne sont pas complexes; elles sont très pratiques. Il est évident qu'elles sont nécessaires pour protéger nos collectivités.
En conclusion, je tiens à souligner l'importance de la santé et de la sécurité pour les Kitselas. Nous avons commandé ces enquêtes de façon indépendante, aux frais de la nation, car nos organismes de réglementation fédéraux et provinciaux ne l'ont pas fait. J'espère sincèrement que mon témoignage d'aujourd'hui servira à autre chose qu'à simplement fournir une preuve de plus que les Kitselas ont officiellement exprimé leurs préoccupations au sujet de la sécurité ferroviaire. Nous devons donner suite à ces recommandations formulées par des professionnels internationaux de la gestion des risques, et nous devons le faire maintenant. La vie des gens en dépend.
Je m'appelle Lyndon Isaak et je suis président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada. Ce syndicat représente 10 000 employés des transports au Canada d'un océan à l'autre. Cela comprend les mécaniciens de locomotive, les chefs de train, les agents de triage et les contrôleurs de la circulation ferroviaire du CN, du CP, de VIA Rail et de plusieurs lignes ferroviaires sur courtes distances.
Pour vous donner une idée de mes antécédents, j'ai été embauché par le CN en 1987 comme serre-frein. J'ai obtenu les qualifications de chef de train en 1989 et de mécanicien en 1992. J'ai travaillé comme mécanicien de locomotive jusqu'en janvier 2019, date à laquelle j'ai été élu à mon poste actuel.
Le 4 février de cette année marquait le troisième anniversaire de la tragédie qui a frappé le CP à Field Hill. Un train parti à la dérive est descendu de façon incontrôlée un flanc de montagne en Colombie-Britannique, causant la mort de trois de nos membres. Après avoir initialement autorisé le service de police du CP à enquêter sur l'accident, comme l'exige la Loi sur la sécurité ferroviaire, près de deux ans après cette tragédie, les pressions publiques ont forcé la GRC à mener une enquête criminelle.
Il est essentiel de modifier l'article 44 de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Cet article de la loi accorde une compétence exclusive aux corps de police privés des entreprises sur les propriétés ferroviaires et à moins de 500 mètres de « biens que la compagnie de chemins de fer administre ou possède ou dont elle est propriétaire ». Les enquêtes sur les accidents et les décès doivent être exclus de la portée et de la compétence des services de police privés et d'entreprise. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada, le BST, Transports Canada ou la GRC devraient être chargés d'enquêter sur ce genre de situations.
J'ajoute que concernant l'accident de Field Hill, le BST n'a pas encore publié de rapport final, trois ans après l'incident.
Le deuxième sujet de préoccupation que j'aimerais aborder aujourd'hui — vous en avez parlé brièvement lorsque je vous ai rejoint sur Zoom — est la question de la fatigue dans l'industrie ferroviaire. En décembre 2018, le ministre des Transports a émis un arrêté ministériel pour demander aux compagnies de chemins de fer de modifier les règles sur les heures de travail et de repos. Après le rejet de la première soumission, le deuxième ensemble de règles relatives au temps de travail et de repos proposé par l'Association des chemins de fer du Canada au nom des transporteurs ferroviaires a été accepté par Transports Canada et publié par le ministre Garneau en novembre 2020. À ce jour, nous travaillons avec Transports Canada pour clarifier l'application et l'intention de certains termes contenus dans ce document.
Notre préoccupation désormais concerne les plans de gestion de la fatigue, qui devaient être achevés fin 2021. Nous avons recommandé à Transports Canada de rejeter les projets de plans de gestion de la fatigue présentés par le CN et le CP parce qu'ils sont insuffisants. Nous soutenons que les plans de gestion de la fatigue doivent tenir compte des stipulations contenues dans l'arrêté ministériel et qui ne figurent pas dans les règles relatives au temps de travail et de repos, en particulier l'incidence des déplacements haut le pied sur la période maximale de service et le préavis donné aux employés pour les horaires de travail.
Il y a un autre problème qu'il faut absolument régler, celui des installations de repos utilisées par les chemins de fer. À l'heure actuelle, certains lieux disposent en guise d'installations de repos de remorques ou de structures qui ont parfois 60 ans et qui sont terriblement inadaptées pour offrir un repos significatif. De nombreuses installations de repos utilisées aujourd'hui sont construites sur une propriété ferroviaire, à proximité des gares de triage ou de nos lignes principales, ce qui entraîne des problèmes de bruit et de vibrations excessifs à l'intérieur des installations. Je crois que les installations de repos devraient être régies par des normes distinctes légiférées par le gouvernement fédéral. On ne peut pas blâmer les employés pour le manque de repos et la fatigue lorsqu'il n'y a pas de réelle possibilité de repos significatif.
Je vous remercie de nous avoir donné aujourd'hui l'occasion de vous faire part de certaines de nos préoccupations.
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Je crois que certaines marchandises devraient être expédiées par pipeline, parce que c'est beaucoup plus sécuritaire que le transport ferroviaire. Certaines choses devraient être expédiées par train, et je vous dirais aussi que la majorité de nos expéditions se font par camion. On estime que le transport par train est 250 fois plus efficace et qu'il produit moins de carbone que le transport par camion. Nous devons comparer ce qui est comparable pour déterminer quel mode de transport est le plus dangereux.
Le problème du transport ferroviaire est qu'il constitue une source ponctuelle de pollution. C'est comme lorsqu'un avion s'écrase. Cela fait les manchettes internationales, mais nous savons que les gens meurent beaucoup plus souvent dans des accidents de voiture. Personne ne craint de monter dans une voiture, mais tout le monde est inquiet de monter dans un avion, même si c'est beaucoup plus sécuritaire. On peut faire exactement la même analogie avec le rail.
Il est impératif d'expédier les marchandises de la façon la plus sécuritaire possible, et nous devrions également intégrer la question climatique à nos conceptions en matière de sécurité. Dans un avenir prévisible, jusqu'à ce que nous parvenions à des émissions de carbone faibles ou nulles dans les décennies à venir, nous expédierons des produits énergétiques qui émettent beaucoup de carbone, et nous devrions le faire de la façon la moins polluante et la plus sûre possible.
Si vous me demandez comme Calgarien, et comme personne très soucieuse de l'environnement, de parler du transport, je pense que le transport ferroviaire, en ce qui concerne les produits chimiques, le pétrole et le gaz, est certainement...
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps avec mon collègue, Jaime Battiste.
À titre de député de Calgary Skyview, je suis pleinement concerné par le rail lourd. Le CP passe en plein milieu de ma circonscription et une ligne du CN passe sur le bord de celle‑ci. Il y a aussi la ligne bleue, qui est très fréquentée par les passagers et les piétons, et la ligne verte qui est en construction. La sécurité ferroviaire est extrêmement importante pour mes électeurs et pour tous les Calgariens.
Monsieur Carra, vous avez beaucoup parlé dans votre exposé des changements climatiques, de la lutte contre les changements climatiques, de l'utilisation des terres, de la planification et des pratiques. Pouvez-vous nous donner des exemples des pratiques exemplaires d'aménagement du territoire qui favorisent le développement commercial et résidentiel dans nos collectivités tout en assurant la sécurité communautaire?
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Cela a été démontré partout en Amérique du Nord au cours des trois dernières décennies. Les défis budgétaires, climatiques et sociaux que posent les villes conçues autour de l'automobile ont été cernés, et nous avons commencé à nous orienter davantage vers un développement axé sur les transports en commun. En réalité, l'investissement public dans les infrastructures de transport en commun est le principal moteur de l'assiette fiscale, du potentiel piétonnier, de l'action climatique, de l'inclusion sociale et de l'équité sociale.
Votre cousine, la ministre des Transports du gouvernement conservateur, a récemment pris la parole, et c'était un virage vraiment étonnant. Elle a dit que l'accès à la mobilité et aux transports en commun est un déterminant social de la santé, ce qui était vraiment encourageant de la part d'une ministre conservatrice.
Nous savons que c'est vrai. Qu'il s'agisse de solutions ferroviaires régionales entre Calgary et Edmonton, qu'il s'agisse de la possibilité de descendre d'un avion et d'emprunter un réseau de transport en commun principal vers n'importe quelle destination de la ville, ou qu'il s'agisse de visiter les montagnes à Calgary grâce à un train qui relie Calgary à Banff, nous savons que cela crée une valeur incroyable. Il y a un fort potentiel commercial, mais c'est aussi une voie particulièrement favorable au climat.
Est‑ce que cela répond à la question que vous alliez poser?
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Oui, et je vous suis vraiment reconnaissant d'avoir mentionné les possibilités d'établir des liens avec Edmonton à partir de ma circonscription et des montagnes. Le pôle d'échanges serait situé dans ma circonscription.
Je vais céder la parole à mon collègue, mais auparavant monsieur le conseiller Carra, s'agissant des répercussions des changements climatiques... Une tempête de grêle dévastatrice a frappé ma circonscription, et il y a eu des inondations en 2013, la même année que la catastrophe de Lac-Mégantic.
Pouvez-vous nous parler des répercussions des inondations de 2013 sur notre infrastructure ferroviaire et sur la sécurité des Calgariens? Qu'avons-nous fait pour améliorer les choses, et pouvez-vous également nous parler de votre rôle au sein du comité de gestion des urgences?
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Il sera difficile de répondre brièvement à votre question.
Tous les écosystèmes du Canada seront affectés par les changements climatiques de façon très différente. Calgary se trouve dans un désert de plaines d'altitude et une rivière traverse notre collectivité à 160 kilomètres de sa source glaciaire. La rivière Bow est l'un des cours d'eau les plus importants du Canada. Elle représente 4 % de l'eau douce de la province de l'Alberta, et alimente 40 % de la population et une grande partie de notre industrie.
Nous savons qu'en raison des changements climatiques, il y aura de plus en plus de phénomènes météorologiques extrêmes comme la tempête de grêle qui a secoué Calgary — et qui a malheureusement gardé ses plus gros grêlons pour la circonscription de George Chahal — ainsi qu'une augmentation de l'incidence des inondations et des sécheresses. En 2013, comme vous le savez, nous avons été frappés par les inondations. Je pense que cet épisode n'est désormais plus qu'au quatrième rang des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l'histoire du Canada.
Notre pont ferroviaire s'est effondré. Pour protéger Calgary, ainsi que le moteur économique et le gisement de possibilités qu'est la ville, et qui le restera longtemps dans un avenir incertain, nous travaillons aujourd'hui sur l'atténuation en amont. Le gouvernement fédéral a généreusement appuyé le SR1, un réservoir de protection contre les inondations en amont du bassin de la rivière Elbow, et nous nous tournons maintenant vers la rivière Bow. Nous avons des plans qui coûteront bien plus cher que le SR1 pour créer un barrage qui servira à la fois à atténuer les crues et à protéger des inondations la ville de Calgary et tous ses systèmes d'infrastructure essentiels, comme le chemin de fer, ainsi que pour nous protéger de la sécheresse, qui sera tout aussi dommageable dans ce désert des plaines d'altitudes dans lequel nous nous trouvons.
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Les problèmes de sécurité liés au transport ferroviaire sont très semblables aux problèmes environnementaux qu'il pose. Il constitue une source ponctuelle de pollution, c'est vrai, et nous devons faire en sorte d'écologiser cette source ponctuelle de pollution et nous devons nous assurer qu'en nous concentrant sur le développement autour du chemin de fer, nous réfléchissons davantage à la façon de le faire.
C'est un peu comme une autoroute. Si la règle standard est que rien ne peut être construit à moins de 200 pieds du chemin de fer, vous avez une grande surface de terrains précieux qui constituent une zone morte du point de vue immobilier. Cependant, on peut envisager la situation davantage comme le font les ingénieurs routiers. Sur les autoroutes il n'y a pas des barrières et des clôtures le long de tous les tronçons, mais il y en a dans les courbes, et là où il y a un risque de sortie de route ou de déraillement, on renforce le talus. Les limites de vitesse sont diverses et variées, parce qu'à certains endroits, il y a davantage de risques de déraillements ou de sorties de route.
Il faut vraiment créer un contexte beaucoup plus adapté à l'environnement. Il est tout à fait logique de laisser du champ dans des milieux ruraux à faible densité, mais dans les grandes villes, la séparation est une approche dépassée. Il faudra absolument insister sur l'intégration dans le cadre d'une approche axée sur le climat et la sécurité. Il faut élaborer une approche en matière de sécurité qui sera essentielle à cet égard.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à M. Carra.
Monsieur Carra, j'ai porté beaucoup d'intérêt à vos propos touchant les difficultés liées à la communication qui existent entre les municipalités et les compagnies ferroviaires.
Les municipalités de ma circonscription s'en plaignent aussi. Elles éprouvent un sentiment d'impuissance quand elles voient que les compagnies ferroviaires ne donnent pas satisfaction à leurs revendications ou à leurs demandes.
C'est comme si les compagnies ferroviaires avaient droit de vie ou de mort sur tout. C'est particulièrement frustrant, parce que les citoyens demandent aux élus de rendre des comptes quant aux revendications. Au bout du compte, pour ce qui est des compagnies ferroviaires, on se heurte à un mur. La frustration des citoyens augmente lorsqu'ils s'aperçoivent que les élus ne sont pas en mesure de faire bouger les choses.
Monsieur Carra, la Ville de Calgary a-t-elle vécu le même genre de situation?
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Je vous remercie beaucoup.
Monsieur Isaak, dans votre présentation, vous avez parlé d'une certaine incongruité qui existe encore aujourd'hui dans le monde ferroviaire. En effet, les compagnies ferroviaires, ayant leur propre police, mènent leurs propres enquêtes internes.
Votre organisation a-t-elle eu des échanges avec Transports Canada à ce sujet?
Pouvez-vous m'en dire davantage sur les raisons qui font que cela constitue un problème?
Avez-vous senti que Transports Canada ou les différents intervenants à qui vous avez parlé avaient une certaine ouverture d'esprit?
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Pour ce qui est des services de police privés ou d'entreprise qu'utilisent actuellement le CN et le CP, nous n'en avons pas vraiment discuté avec Transports Canada. Une modification de la Loi sur la sécurité ferroviaire serait nécessaire pour modifier leurs compétences ou limiter leurs pouvoirs.
Toute l'histoire de l'enquête de Field Hill a pesé au cours des trois dernières années. Les enquêteurs du BST ont parlé de la nécessité d'une enquête indépendante et ont dit qu'il fallait que la GRC se penche sur la question. Le fait est que lorsque la police du CP a fait son enquête, elle a conclu que le CP n'était pas responsable. Cela devrait suffire à nous indiquer le problème.
Je ne connais pas d'autre exemple d'un organisme enquêtant sur lui-même. Les services de police ferroviaire ont vu le jour au début des chemins de fer dans les années 1800. Leurs pouvoirs et leurs compétences auraient dû être restreints il y a des décennies.
Je trouve absolument ahurissant qu'ils enquêtent sur eux-mêmes pour déterminer les responsabilités, alors que des membres de notre organisation meurent. C'est fou.
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C'était une décision stratégique pour de nombreuses raisons. D'abord, la collectivité a observé la croissance du trafic ferroviaire dans la région en raison, évidemment, de la croissance et du développement indusnastriel. Nous avons également vu des groupes d'intérêt autres que les Premières Nations de la région commencer à exprimer leurs préoccupations.
Les Kitselas participent à plusieurs de ces projets dont un bon nombre comportent des composantes ferroviaires, alors nous avons appris à les connaître tout au long des consultations qui les accompagnent. Nous avons commencé à être frustrés par le fait que ces aspects importants n'étaient pas évalués ni intégrés aux évaluations fédérales ou provinciales.
Selon nous, la croissance cumulative du trafic ne pouvait qu'accroître la probabilité de catastrophes. Nous savions que des évaluations quantitatives des risques étaient légalement requises pour les projets industriels de grande envergure. Nous avons constaté que des évaluations étaient effectuées dans le cadre du transport maritime. Les études TERMPOL étaient au départ une sorte de système honorifique et sont devenues une attente normale.
Nous nous sommes demandés pourquoi cela n'était pas le cas pour le fret arrivant par le train. Ce constat, conjugué aux recommandations du rapport de Mme Shandro, nous a vraiment amenés à faire l'étude.
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C'est certainement quelque chose qui doit changer. Nous faisons toutes sortes d'analyses sur les différents effets de ces projets, petits et grands. Notre rapport sur les déterminants de la santé de 2019 faisait partie de ces études. Aucune loi n'évalue ou n'aborde les effets possibles de l'augmentation du trafic, tant effective que potentielle, ainsi que ses effets environnementaux et socioéconomiques.
D'après notre expérience, c'est un manque de compétence qui explique que cela a été inclus dans le champ d'application. Les promoteurs n'assurent généralement pas la garde et le contrôle des produits transportés par chemins de fer. La province doit s'en remettre à Transports Canada en qualité de principal organisme de réglementation du transport, mais les lois et les règlements du ministère régissent exclusivement l'exploitation sécuritaire de la circulation, habituellement sous la forme de plans d'intervention d'urgence, les PIU.
Les répercussions potentielles qui en découlent, y compris l'augmentation du bruit, les collisions avec la faune, les émissions atmosphériques et les freins à l'accès des membres de la collectivité à des sources vitales, comme la rivière où ils pêchent, sont tous négligés.
Pour les Kitselas et de nombreuses autres collectivités de la région — autochtones et autres — qui sont concernées par le chemin de fer, cela représente une énorme lacune réglementaire pour notre collectivité.
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Merci beaucoup, monsieur Apps.
Monsieur le président, j'ai une question pour M. Isaak, si vous me le permettez.
Monsieur Isaak, vous avez parlé des préoccupations liées au fait que les compagnies de chemins de fer ont des services de police privés qui enquêtent sur les accidents majeurs, y compris les accidents mortels. Vous avez fait allusion à la nécessité de changer radicalement la situation à l'avenir.
Dans quelle mesure est‑il important que des modifications législatives soient effectuées pour garantir que des comptes soient rendus en cas de catastrophe ferroviaire? À quoi ressemblerait cette loi pour que les enquêtes sur ces accidents aient plus de comptes à rendre, soient plus transparentes et plus efficaces?