Bienvenue à la 82e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 26 septembre 2023, le Comité se réunit pour examiner le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les douanes, la Loi sur la sécurité ferroviaire, la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses, la Loi sur la sûreté du transport maritime, la Loi sur les transports du Canada et la Loi maritime du Canada et apportant une modification corrélative à une autre loi.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 23 juin 2022. Les membres y participent en personne dans la salle et à distance à l'aide de l'application Zoom.
Je tiens à informer tous les membres du Comité que les témoins qui comparaissent virtuellement ont fait l'objet de tests rigoureux pour la réunion d'aujourd'hui et qu'ils les ont tous réussis.
Chers collègues, nous recevons ce soir Daniel-Robert Gooch, président-directeur général de l'Association des administrations portuaires canadiennes, qui témoigne en personne. Bienvenue.
Nous accueillons également Ian Hamilton, président-directeur général de l'Administration portuaire de Hamilton-Oshawa, qui comparaît par vidéoconférence. Bienvenue.
Nous recevons enfin Amy Nugent, directrice associée, Action pour le climat marin, d'Océans Nord, qui témoigne par vidéoconférence. Bienvenue.
[Français]
Nous accueillons aussi M. Jacques Paquin, vice-président exécutif de l'Administration portuaire de Trois‑Rivières. Bienvenue à vous, monsieur.
[Traduction]
J'accorderai maintenant la parole à M. Gooch pour cinq minutes afin qu'il fasse une allocution d'ouverture.
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Je vous remercie et vous souhaite bonsoir.
[Français]
Membres du Comité, collègues des administrations portuaires, bonsoir.
Merci de me donner l'occasion de partager notre avis sur le projet de loi . Les administrations portuaires du Canada attendent depuis longtemps la modernisation du cadre législatif dans lequel elles évoluent, car il s'agit du moyen le plus important de combler l'énorme lacune imminente en matière d'infrastructure au Canada. Comme le rapport final du groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement l'a annoncé l'an dernier, cet écart devrait être estimé à 110 milliards de dollars au cours des 50 prochaines années.
[Traduction]
Pour assurer la résilience des chaînes d'approvisionnement, les ports canadiens devront entretenir les infrastructures existantes, soutenir la croissance du commerce et être des chefs de file de la décarbonisation du transport maritime, qui est déjà le moyen de transport de marchandises le plus économe en énergie.
Le projet de loi prévoit des mesures pour permettre le développement des ports intérieurs, donnant ainsi aux ports l'occasion de jouer un rôle plus actif dans la gestion du trafic maritime et précisant que les terminaux situés dans un port sont des ouvrages à l'avantage général du Canada. Tout cela est positif.
Le projet de loi signale aussi clairement que le gouvernement fédéral accorde la priorité à un meilleur engagement avec les communautés et les groupes autochtones, ainsi qu'à un rôle plus actif dans la décarbonisation du transport maritime.
Les administrations portuaires du Canada sont entièrement alignées avec ces priorités, mais il faudra effectuer des investissements substantiels dans les infrastructures, et c'est là que nous avons certaines préoccupations, non seulement avec le projet de loi , mais aussi avec le projet de loi , mais celui‑là sera pour une autre fois.
La somme de 110 milliards de dollars en infrastructure portuaire sur 50 ans constitue un investissement considérable. Les administrations portuaires du Canada cherchent à obtenir une plus grande souplesse financière pour que les ports eux-mêmes aient la capacité de travailler avec plus d'agilité avec les investisseurs privés et les prêteurs dans le cadre de grands projets d'infrastructure.
Les ports sont freinés par des limites d'emprunt strictes qui sont bien inférieures aux montants que les entreprises privées ou même les administrations aéroportuaires de taille similaire peuvent emprunter. Par conséquent, les projets d'infrastructure ne sont pas financés au niveau requis et en temps opportun. La modification des limites d'emprunt doit être plus simple, plus rapide et dynamique pour suivre les conditions changeantes.
Malheureusement, il n'est pas clair si le processus d'examen des limites d'emprunt envisagé dans le projet de loi sera une amélioration par rapport au processus en place aujourd'hui, qui est long et fastidieux. Nous ne savons pas encore comment cet examen de la limite d'emprunt fonctionnerait et comment cela représenterait une amélioration.
En tant que membres de la famille fédérale, les administrations portuaires devraient être en mesure de travailler beaucoup plus étroitement avec le ministère des Transports, le ministère des Finances et le Conseil du Trésor dans des dossiers comme celui‑ci. Nous espérons sincèrement que nous serons présents pour les aider à élaborer ce cadre, avec l'apport supplémentaire de dirigeants des administrations portuaires expérimentés. Ce sont littéralement des milliards de dollars qui sont en jeu, et nous devons faire mouche du premier coup.
Nous demandons au Comité d'envisager une motion dans le cadre de la présente étude pour que les représentants des administrations portuaires fassent partie intégrante de la conception de l'examen des limites d'emprunt si le projet de loi est adopté.
Passons maintenant à la gouvernance. L'une des grandes préoccupations des administrations portuaires du Canada est la politisation possible des conseils d'administration des administrations portuaires en raison de deux articles du projet de loi, que nous recommandons au Comité de supprimer. Les commentaires formulés lundi par les représentants des transports et les dirigeants syndicaux ont renforcé nos préoccupations au sujet des réformes proposées.
L'article 104 du projet de loi modifie l'admissibilité aux postes d'administrateur de port pour permettre aux employés provinciaux ou municipaux actifs de siéger à titre d'administrateurs. Bien que le texte propose d'exclure ceux dont l'emploi entraînerait un conflit d'intérêts, nous croyons qu'un tel conflit existerait pour pratiquement tous les employés actifs en raison de l'origine de leur chèque de paie. Bien que le risque puisse, en théorie, être atténué par des lignes directrices rigoureuses sur ce qui constitue un conflit, ces lignes directrices n'auraient pas force de loi et pourraient être modifiées ou foulées au pied par un futur gouvernement. La seule justification qui nous a été donnée pour cet amendement, c'est qu'il rendrait un plus grand nombre de candidats admissibles. Cela n'a jamais présenté de difficulté pour nos administrations portuaires, dont le plus grand problème de gouvernance est de nommer en temps opportun les candidats qualifiés recommandés par les utilisateurs pour les postes d'administrateurs.
Ce qui nous préoccupe le plus, c'est la désignation ministérielle du président du conseil d'administration de l'administration portuaire prévue à l'article 105. Nous avons travaillé avec l'Institut sur la gouvernance pour analyser le projet de loi, et l'Institut a conclu que cette disposition « priverait considérablement le conseil d'administration du rôle stratégique du président en tant qu'interlocuteur avec le PDG et le gouvernement ».
Il faut se rappeler que le gouvernement fédéral a créé la Loi maritime du Canada et les administrations portuaires canadiennes à la fin des années 1990 pour de très bonnes raisons, c'est‑à‑dire pour rendre les ports plus souples, financièrement autonomes et plus à l'écoute des besoins des utilisateurs et de la communauté. Il s'agissait d'objectifs louables que le gouvernement fédéral de l'époque reconnaissait ne pas pouvoir atteindre lorsqu'il dirigeait les aéroports. Pourquoi voudrions-nous faire marche arrière maintenant?
D'après ce que nous a indiqué le bureau du , nous croyons comprendre que le gouvernement est disposé à apporter au projet de loi deux modifications que nous avions demandées: assouplir le caractère normatif du libellé relatif aux comités consultatifs afin qu'il ne soit plus nécessaire d'avoir trois comités particuliers, et prolonger le délai de présentation des rapports trimestriels de 60 à 90 jours.
Nous nous réjouissons que le soit disposé à apporter ces modifications, mais nous recommandons que les articles 104 et 105 du projet de loi soient supprimés, car ils risquent de politiser les administrations portuaires et de défaire des gains que le gouvernement et les ports ont réalisés depuis la mise en place initiale de la Loi maritime du Canada en 1998.
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup.
Bonsoir, distingués membres du Comité.
Je suis ravi de témoigner en qualité de président-directeur général du port de Hamilton-Oshawa et de nouveau président de l'Association des administrations portuaires canadiennes. Bon nombre de mes messages confirmeront les informations que vous venez d'entendre de la part de M. Gooch.
Les administrations portuaires canadiennes sont des entités uniques au sein de la famille fédérale. Connues sous le nom d'entreprises publiques, ce sont des organismes à but lucratif autosuffisants ayant pour mandat de réinvestir leurs bénéfices et de fonctionner dans l'intérêt public afin de favoriser l'industrie et le commerce.
Au nom des 65 membres de l'équipe de l'Administration portuaire de Hamilton-Oshawa et au nom de nos collègues de toutes les régions du pays, nous sommes très fiers du travail accompli par les administrations portuaires canadiennes et de son incidence bénéfique sur les communautés, le commerce canadien et l'économie.
L'examen de la modernisation des ports visait à tirer parti de ce succès et à préparer les ports pour l'avenir. Nous croyons que l'intention de la politique était fort louable, l'objectif étant d'optimiser la chaîne d'approvisionnement et les actifs, de favoriser la collaboration entre les acteurs de la chaîne d'approvisionnement et de renforcer la gouvernance et la gestion financière.
Nous avons devant nous le projet de loi . Après examen, on constate qu'il contient des améliorations, mais à bien des égards, le projet de loi C‑33 ne réussit pas entièrement à concrétiser la bonne intention initiale.
Tout d'abord, il y a les bonnes choses.
Le projet de loi comprend des mesures pour permettre le développement des ports intérieurs. C'est une mesure importante pour que de nombreux ports dont les chaînes d'approvisionnement sont multimodales puissent s'étendre dans les zones industrielles.
Le projet de loi prévoit également que les ports jouent un rôle plus actif dans la gestion du trafic maritime. Nos directeurs de port sont des experts en gestion de la sûreté, de la sécurité et de l'efficacité des opérations portuaires. Ces changements sont très positifs.
Le projet de loi pourrait toutefois être amélioré.
Nous comprenons, de nos interactions avec Transports Canada, que le gouvernement avait l'intention de permettre aux ports de collaborer plus étroitement afin d'établir des chaînes d'approvisionnement rationalisées et efficaces. Une telle collaboration serait particulièrement utile dans le cas des Grands Lacs, où les ports servent une région économique hautement intégrée.
Par exemple, l'Administration portuaire de Hamilton-Oshawa est en train d'établir un réseau portuaire intégré dans la région des Grands Lacs. L'Administration elle-même n'existe que depuis quatre ans, ayant vu le jour après la fusion de Hamilton et d'Oshawa, mais nous constatons déjà l'importance d'une approche qui nous permet de prendre des décisions plus éclairées en matière d'investissement dans les infrastructures dans le Sud de l'Ontario.
Nous ne pensons pas que projet de loi nous offre des outils supplémentaires pour collaborer avec nos collègues du port. C'est dommage, car nous croyons que nous avons de nombreuses raisons de le faire.
Nous croyons comprendre que le gouvernement avait l'intention stratégique de faire en sorte que les ports soient à l'écoute des intérêts de la collectivité et des intervenants, mais cette intention a été interprétée de telle manière dans le projet de loi qu'on établit une pléthore de comités à tout faire, détournant l'énergie des multiples façons créatives dont les ports collaborent avec les communautés aujourd'hui.
D'après ce que Transports Canada nous a dit, nous croyons comprendre que le gouvernement envisage de modifier le caractère normatif des comités consultatifs, ainsi que les exigences relatives aux rapports financiers trimestriels. Nous apprécions beaucoup ces initiatives.
Ce qui nous préoccupe le plus, toutefois, c'est l'incapacité du projet de loi à moderniser le cadre financier des ports. Nous croyons comprendre que l'objectif de l'examen de la modernisation des ports était de s'assurer que les ports aient une capacité financière optimale pour soutenir l'économie canadienne et faciliter le commerce.
Encore une fois, le projet de loi n'aborde pas le fait que les ports canadiens sont aujourd'hui freinés par des limites d'emprunt strictes, qui sont très inférieures à celles imposées aux entreprises privées ou même aux administrations aéroportuaires de taille similaire. En conséquence, nous ne sommes pas en mesure de réaliser les projets nationaux d'infrastructures essentielles prévus dans nos plans d'activités.
L'Administration portuaire de Hamilton-Oshawa elle-même a proposé à Transports Canada d'augmenter la limite d'emprunt pour tenir compte de notre plan d'immobilisations. Cela fait presque un an, et nous ne savons pas si nous obtiendrons un jour une réponse ou quand l'étude sera terminée.
Le projet de loi propose de modifier le processus pour instaurer des examens des limites d'emprunt sur un cycle de trois ans, mais rien ne précise la durée du processus ou les critères qui seront utilisés pour déterminer ces limites d'emprunt.
Il devrait également être plus facile d'établir des coentreprises, et de conclure des partenariats public-privé et des partenariats participatifs avec des investisseurs, des groupes autochtones et d'autres intervenants.
Pour faire suite aux remarques de M. Gooch, nous sommes en désaccord avec la proposition de l'article 105 visant à permettre au ministre de désigner le président du conseil d'administration d'un port. Nous considérons que la politisation du processus de sélection du président ne présente aucun avantage. Actuellement, le président est élu par les membres du conseil eux-mêmes, conformément aux saines pratiques de gouvernance.
Honorables membres du Comité, j'ai décrit certaines réactions au projet de loi, et vous avez reçu des soumissions détaillées de l'Association des administrations portuaires canadiennes et d'autres organisations au sujet de dispositions précises. Je terminerai mon allocution par quelques commentaires généraux.
Pendant que vous étudiez le projet de loi, je vous encourage à vous rappeler qu'en tant qu'entreprises publiques autofinancées et installations maritimes actives dans les communautés où nous vivons et travaillons, les administrations portuaires offrent d'excellents résultats.
Vous devriez vous demander, pour chacune des dispositions du projet de loi, si cela aide les administrations portuaires à faire ce qu'elles font le mieux, à faciliter le commerce et à soutenir l'industrie canadienne tout en protégeant l'environnement et le bien public, ou si c'est une tentative de microgestion de ces organisations locales très diversifiées.
Si vous voulez aider les administrations portuaires à accomplir plus de tâches importantes, je vous recommande de vous concentrer sur ce qui suit: envisager d'accorder une souplesse financière aux ports pour qu'ils puissent établir de nouvelles relations d'affaires et effectuer les investissements nécessaires dans les infrastructures essentielles nationales; mettre en place un cadre d'emprunt axé sur le marché; et maintenir notre souplesse pour fonctionner avec une mentalité d'entreprise et être à l'écoute de nos intervenants. Et, de grâce, ne politisez pas nos conseils d'administration.
C'est ce qui permettra aux administrations portuaires de continuer à produire d'excellents résultats pour le Canada et les Canadiens.
Je vous remercie.
Bonsoir, honorables membres du Comité, et merci de m'offrir l'occasion de m'adresser à vous.
Je m'appelle Amy Nugent et je suis directrice associée, Action pour le climat marin, chez Océans Nord.
Océans Nord est un organisme de bienfaisance canadien et un organisme écologique non gouvernemental de calibre mondial qui appuie la conservation marine et l'action climatique en partenariat avec les communautés autochtones et côtières.
Je veux porter mon attention aujourd'hui sur les dispositions du projet de loi qui modifient la Loi maritime du Canada.
Nous encourageons les membres du Comité à adopter le projet de loi cette année. Nous partageons l'avis d'autres témoins et admettons que les amendements ne sont pas parfaits, mais importants. Avec les changements climatiques, nous ne pouvons pas nous permettre de nous traîner les pieds.
Dans cette allocution, nous préconisons que trois autres mesures soient prises pour soutenir le projet de loi .
Premièrement, il faut inclure explicitement la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité au paragraphe 43(1) de la Loi maritime du Canada.
Deuxièmement, le gouvernement du Canada devrait permettre aux ports de jouer un rôle à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement en faisant de la décarbonisation un critère clé dans les domaines de l'utilisation des terres et de la planification des immobilisations.
Troisièmement, le gouvernement du Canada devrait élaborer des incitatifs à la compétitivité dans le secteur maritime, des incitatifs qui seraient concurrentiels par rapport à la loi sur la réduction de l'inflation aux États-Unis et aux mesures prises dans d'autres secteurs canadiens, comme l'industrie automobile et le secteur pétrolier et gazier.
L'été dernier, alors que de nombreuses villes canadiennes étaient envahies par la fumée, l'Organisation maritime internationale, ou OMI, a fixé de nouveaux objectifs: une norme de 10 % pour les carburants propres et une cible de réduction de 30 % des émissions de GES d'ici 2030. Ce sont des signaux importants selon lesquels notre industrie devra se décarboniser complètement d'ici 2050. Le mémoire officiel du Canada à l'OMI prévoyait en fait des cibles encore plus ambitieuses, mais nous ne voyons pas — et nous devons voir — cette ambition reflétée dans les politiques et les soutiens nationaux.
Nous faisons écho aux commentaires formulés ce soir et dans d'autres contextes, et convenons qu'on ne peut pas attendre des ports qu'ils soient des experts en politiques ou en émissions des gaz à effet de serre, mais ils ont un rôle crucial à jouer. Les ports de toutes les régions du pays soutiennent certaines des communautés les plus exposées aux risques climatiques, bien entendu, et en tant que pivots de nos chaînes d'approvisionnement énergétiques et économiques, ils peuvent également soutenir l'adoption de carburants zéro émission et de nouvelles technologies.
Dans le rapport intitulé Green Shipping Corridors qu'Océans Nord a préparé avec plusieurs partenaires, dont le Vancouver Maritime Centre for Climate, nous avons constaté que chaque port — et ce n'est pas une nouvelle pour les personnes ici présentes — a un contexte énergétique et une demande du marché très distincts. Il est non seulement utile, mais aussi essentiel pour un avenir carboneutre que nous offrions des moyens d action souples aux ports pour qu'ils atteignent leurs objectifs.
Quant aux exigences précises du projet de loi en matière de plans climatiques, en ce qui concerne tant l'atténuation que l'adaptation, nous les voyons d'un œil favorable, comme je l'ai indiqué. Les cibles de réduction des GES, les plans d'adaptation aux changements climatiques et les rapports d'étape sur les mesures sont tous nécessaires. Dans le projet de loi C‑33, ces mesures sont plus strictes que les mesures volontaires existantes pour un milieu maritime vert, mais il est impensable et inutile de demander à chacune des 17 administrations portuaires du Canada d'établir des cibles uniques en matière de GES et des mesures complémentaires. Les cibles sont déjà établies en vertu des lois canadiennes. Nous devons les utiliser.
Transports Canada devrait créer des documents d'orientation et définir ce à quoi il s'est engagé dans le cadre d'un plan d'action sur le climat maritime, et il doit le faire rapidement. On peut exiger que les ports se conforment et les y aider.
Nous recommandons également que sous le paragraphe 28(2) de la Loi, une troisième disposition soit ajoutée pour permettre aux ports de participer à la planification énergétique. Les deux intervenants précédents ont parlé du rôle des ports dans la décarbonisation. Permettons cette planification énergétique avec les municipalités pour nous assurer que les ports peuvent répondre en priorité à la demande en énergie des ports et aux ports.
Pour ce qui est des investissements en capital, comme nous l'avons entendu ce soir, les administrations portuaires nous ont indiqué que l'accès aux capitaux est un obstacle à la décarbonisation, et nous sommes en faveur d'une plus grande souplesse financière et d'autres mesures d'emprunt que les administrations portuaires comme Hamilton-Oshawa ont proposées ici ce soir.
Le projet de loi prévoit un rôle pour la Banque de l'infrastructure du Canada sur le plan du financement public et des capitaux propres, mais ce rôle pourrait être, dans la pratique, renforcé. Océans Nord recommande, à l'instar d'autres secteurs, que la Banque de l'infrastructure du Canada établisse en son sein un groupe consultatif sur l'investissement et l'infrastructure dans les ports qui se décarbonisent, lequel aurait pour mandat d'aider à conclure des contrats commerciaux pour les grands projets d'énergie propre et d'infrastructure. Comme vous le savez, la Banque de l'infrastructure du Canada mobilise également des capitaux privés.
Océans Nord recommande également que le gouvernement du Canada agisse énergiquement...
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Bonsoir à tous et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous au nom de l'Administration portuaire de Trois‑Rivières.
Le port de Trois‑Rivières est spécialisé dans les vracs solide et liquide et dans la marchandise générale. Il est stratégiquement situé à mi-chemin entre Montréal et Québec, sur le fleuve Saint‑Laurent, et répond aux besoins de nombreux secteurs clés de l'économie canadienne, soit les industries manufacturières, agroalimentaires, minières et énergétiques.
C'est avec empressement que nous avons pris connaissance du projet de loi au moment de son dépôt. Bien que la Loi maritime du Canada, de 1998, ait permis de mettre en place un solide réseau d'administrations portuaires canadiennes, des améliorations devaient lui être apportées pour que ces dernières puissent faire face aux nouvelles réalités économiques, sociales et environnementales. En ce sens, nous saluons la démarche du gouvernement.
Toutefois, nous devons respectueusement porter à votre attention que la refonte proposée ne permet pas d'atteindre cet objectif ni d'offrir des conditions qui permettent au port de Trois‑Rivières d'être mieux outillé pour faire face aux défis actuels et à ceux qui l'attendent. Bien au contraire, le projet de loi C‑33 et son prolongement, le projet de loi , viennent restreindre la capacité de l'Administration portuaire de Trois‑Rivières de remplir la mission que lui a confiée la Loi maritime du Canada.
Ces projets de loi alourdissent la reddition de comptes, entraînant des frais substantiels, particulièrement pour les ports de moyenne taille. Le projet de loi C‑33 impose un modèle de consultation, alors que chaque port doit avoir la latitude d'adopter des mécanismes de consultation adaptés à son milieu et à son organisation. Il introduit des changements à la nomination des membres du conseil d'administration qui affaibliront la gouvernance du Port de Trois-Rivières. La Loi maritime du Canada repose sur le principe de l'utilisateur-payeur. Or, les projets de loi fragilisent notre capacité d'appliquer ce principe. Les présentations de mes collègues MM. Ian Hamilton et Daniel‑Robert Gooch sont éloquentes à l'égard des carences de ces projets de loi.
Pour ma part, je m'attarderai sur l'importance pour les ports de resserrer leur collaboration. Bien qu'il s'agisse là d'un objectif clairement affiché par le gouvernement, il n'y a absolument aucune mesure dans le projet de loi C‑33 pour favoriser ces rapprochements. Pourtant, l'augmentation de la compétitivité du Canada requiert une plus grande concertation entre les ports, particulièrement pour les ports du Saint‑Laurent qui dépendent du fleuve pour atteindre les marchés d'outre-mer. Aucun des ports du Saint‑Laurent ne peut à lui seul assurer la compétitivité de cet axe de transport crucial pour l'économie canadienne. Ils sont interdépendants.
Pour le Canada, l'adoption d'un nouveau modèle de gouvernance basé sur la collaboration permettrait d'améliorer l'efficacité administrative et opérationnelle au bénéfice de l'ensemble des clients portuaires. Une planification stratégique concertée viendrait bonifier l'offre du réseau portuaire, assurerait une optimisation des infrastructures et élargirait l'éventail des services offerts, ce qui se traduirait par un meilleur positionnement tant sur les marchés que sur les chaînes d'approvisionnement. Elle rendrait aussi plus attrayants et moins risqués les projets d'investissements pour les bailleurs de fonds. Cette coopération pourrait même aller jusqu'à l'exploitation d'infrastructures et au développement des affaires en commun. Une telle approche est totalement alignée sur le concept fédéral de corridors de commerce. Le gouvernement du Canada doit créer des conditions favorables à un tel rapprochement, en prévoyant des mécanismes clairs dans la loi.
Chers membres du Comité, le port de Trois‑Rivières est implanté dans son milieu depuis 141 ans. L'administration portuaire a pour mission d'assurer l'atteinte des objectifs de la Loi maritime du Canada par une saine gestion de l'infrastructure publique sous sa responsabilité, tout en favorisant l'activité commerciale et le développement régional et national. S'il y a un point sur lequel nous sommes d'accord, c'est que cette même loi nécessite une mise à jour importante. Malheureusement, nous estimons que les changements proposés ne constituent pas un levier pour accomplir notre mission en concordance avec la nouvelle réalité dans laquelle nous évoluons.
En créant les administrations portuaires canadiennes, le gouvernement s'est doté de structures de gestion autonomes pour administrer ses ports stratégiques. On s'attend d'elles qu'elles exploitent ces installations au bénéfice de l'économie canadienne, dans le respect des normes environnementales les plus sévères, tout en étant financièrement autonomes. C'est ce que le conseil d'administration et les dirigeants du Port de Trois‑Rivières s'évertuent quotidiennement à réaliser. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'un cadre qui viendra freiner nos efforts plutôt que de les soutenir.
En terminant, sachez que nous partageons les objectifs du gouvernement quant à la modernisation de la Loi maritime du Canada et demeurons avec grande ouverture disposés à collaborer à la bonification du projet de loi C‑33.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Vous êtes nombreux à découvrir que notre comité siège à une heure si tardive. Nous sommes heureux que vous ayez accepté de participer tard dans la soirée, et nous vous en sommes reconnaissants.
Ce que je retiens des témoignages que nous avons entendus jusqu'à présent ce soir, c'est que le gouvernement a très mal consulté les personnes et les organisations les plus touchées lorsqu'il a élaboré le projet de loi. Cette mesure législative a été présentée comme une panacée aux problèmes dans les chaînes d'approvisionnement. Elle allait révolutionner le fonctionnement des ports. Or, ce que nous entendons, et ce que nous ont dit tous les témoins jusqu'ici, c'est que le projet de loi rate sa cible. En fait, nous avons appris qu'il rendra les choses plus difficiles et plus politisées au lieu de rationaliser et d'améliorer l'efficacité de nos ports.
J'aimerais commencer par M. Gooch.
J'ai trouvé intéressant d'entendre M. Hamilton et vous-même dire que le et son cabinet vous ont déjà indiqué... Le ministre n'a pas encore comparu pour parler aux parlementaires du projet de loi , mais d'après les témoignages que nous avons entendus aujourd'hui, lui et son équipe sont déjà prêts à apporter des amendements au projet de loi. Je suppose qu'ils répondent aux préoccupations des administrations portuaires concernant le caractère normatif... Je crois que vous en avez parlé. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
C'est la première fois que j'entends dire que le et ses fonctionnaires... Nous avons reçu des fonctionnaires. Ils ne nous ont rien dit de tel lors de la dernière réunion.
Pourriez-vous nous éclairer davantage sur la nature des changements que le cabinet du ministre a dit vouloir apporter? Bien franchement, c'est une nouvelle pour moi et pour les membres du Comité.
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C’était certainement l’un des messages que nous avons entendus de la part de différents ports, en particulier ceux de petite taille, concernant certaines des exigences relatives à la production de rapports. Ils craignent que cela alourdisse leur fardeau.
Je dois ajouter que les exigences en matière de langues officielles ont également été resserrées. Tous les rapports devront désormais être produits dans les deux langues officielles, ce qui peut être long et coûteux.
Nous sommes conscients que les exigences relatives à la production de rapports, par exemple, visent à orienter la rationalisation du processus d'emprunt. C'est ce qu'on nous a dit. Or, nous ne savons pas exactement comment le tout fonctionnera. C'est pourquoi nous voulons comprendre un peu mieux les modalités pour voir si cette approche pourrait aider à simplifier la production de rapports financiers. Nous avons fait savoir, entre autres, qu'un grand nombre de ports déclarent déjà beaucoup de données. Si certains renseignements sont déjà fournis, nous voulons éviter de devoir faire les choses deux fois.
Je pense que nous tenons à régler ces points avec Transports Canada, en coulisses, dans le cadre d'une séance de collaboration où nous pourrons réellement concevoir les modalités du processus d'emprunt, les exigences en matière de rapports financiers, etc.
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Serge Bijimine a dit l'autre jour que le projet de loi se veut, en quelque sorte, un « aperçu » des mesures qui seront prises à l'avenir. Je dirais que cela dépend.
Du point de vue des administrations portuaires, l'une des plus grandes priorités, parce qu'il s'agit d'infrastructures, c'est de savoir si les ports ont les moyens de faire les investissements nécessaires dans les infrastructures pour pouvoir jouer ce rôle dans le transport efficace des marchandises.
Il y a beaucoup de positif là‑dedans, comme nous l'avons mentionné tout à l'heure. La gestion du trafic maritime est un rôle que plusieurs de nos ports cherchent vraiment à assumer afin de pouvoir rendre le déplacement des navires dans leur région un peu plus efficace.
À mon avis, le projet de loi contient de bons éléments, mais pour ce qui est de la souplesse financière dont les ports ont besoin pour effectuer les investissements nécessaires, c'est là que nous avons de gros points d'interrogation.
Ensuite, bien sûr, compte tenu des changements proposés aux pratiques de gouvernance, lorsque nous examinons les répercussions dans leur ensemble, nous nous demandons comment le tout influera sur l'efficacité réelle des discussions au sein des conseils d'administration et quelle sera la dynamique entre les conseils d'administration et les équipes de direction dans un scénario futur.
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C'est une question intéressante et plutôt spéculative.
Il est certain que nous avons déjà exprimé, mes collègues et moi, la préoccupation que vous rapportez et qui a déjà été émise par d'autres. Cela revient un peu à ce que soulevait M. Gooch à propos de la confusion des mandats. Évidemment, le président du conseil d'administration joue un rôle crucial dans la bonne conduite du conseil d'administration, mais aussi dans l'accomplissement de sa mission, qui est d'assurer une bonne gouvernance de l'organisation. C'est même lui qui insuffle aux membres du conseil la confiance qu'ils doivent avoir entre eux. Les gens qui siègent au conseil doivent eux aussi avoir une pleine confiance dans le président.
Sans que quiconque ait nécessairement de mauvaises intentions, il peut parfois y avoir des doutes sur les intentions de cette personne. On peut se demander si elle est vraiment là pour le conseil et pour le bien de l'organisation, ou si elle a plutôt le souci de conserver son poste et de demeurer dans les bonnes grâces du ministre. Cela peut ne pas être le cas du tout, mais vous savez ce que les perceptions peuvent faire. Parfois, les perceptions peuvent mener à un climat malsain, et le conseil d'administration n'est plus fonctionnel.
Je ne suis pas vraiment en mesure de pleinement répondre à votre question, qui m'apparaît un peu spéculative, mais je pense qu'il y a suffisamment de risques pour éviter cela. Il ne faut pas oublier, de toute façon, que la quasi-totalité des membres du conseil sont nommés par le ministre. Leur mandat est déjà reconduit par le ministre. Je pense que c'est la moindre des choses qu'ils puissent ensuite se désigner un président entre eux, pour qu'on puisse avoir un conseil fonctionnel.
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Merci beaucoup, monsieur le député.
Quand je me suis arrêtée, je crois que je disais être d'accord avec les autres témoins sur l'importance des investissements à grande échelle. J'allais ajouter que, grâce à la loi américaine sur la réduction de l'inflation, les États-Unis ont investi 3 milliards de dollars sur quatre ans pour soutenir leur programme d'écologisation des ports.
Nous croyons comprendre que Transports Canada a mis en place un programme de 165 millions de dollars sur sept ans. C'est un bon début, mais l'échelle doit être beaucoup plus grande, en plus de la souplesse évoquée par les administrations portuaires. L'ampleur de l'investissement actuel du gouvernement du Canada dans la décarbonisation doit tout simplement être beaucoup plus importante.
Je tenais à revenir sur ce que les témoins ont dit aux députés en réponse aux dernières questions. Le fardeau administratif se manifeste également dans les nombreux mécanismes de rapport, et nous sommes d'accord pour dire qu'ils peuvent et doivent être simplifiés. Lorsque nous disons que la décarbonisation doit être un critère, il ne s'agit pas d'une couche supplémentaire; cela signifie que tous ces plans — par exemple, les rapports financiers, les plans d'affaires, les plans d'emprunt et les plans d'atténuation et d'adaptation en matière de changements climatiques — devraient faire partie du même cycle de planification, comme c'est le cas dans toute bonne planification d'affaires.
Enfin, en ce qui concerne les investissements, nous savons ce qu'il faut dans les ports. Les administrations portuaires nous le disent, et d'autres ports à l'échelle internationale montrent la voie à suivre pour l'alimentation à quai, l'électrification des ports et des navires eux-mêmes à proximité des côtes, l'utilisation de carburants de remplacement pour les navires de haute mer et la transition vers les énergies renouvelables. J'ai parlé un peu des besoins en énergie et de la nécessité d'emboîter le pas.
Nous constatons un leadership sur la scène internationale, et nous voyons des ports au Canada déployer de tels efforts, notamment dans le bassin fermé des Grands Lacs. Nous aimerions soutenir ces efforts. Le projet de loi est un bon point de départ. Bien entendu, nous estimons qu'il y a lieu d'aller beaucoup plus loin, et Transports Canada assumera cette responsabilité dans un avenir très proche.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir permis de compléter mes observations.
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Merci beaucoup, madame Nugent.
Je vais maintenant m'adresser à vous, monsieur Gooch, pour parler de la gouvernance des conseils d'administration des ports — et je pense que c'est un aspect très important du projet de loi —, ainsi que de ce que vous avez dit tout à l'heure sur la représentation syndicale au sein des conseils d'administration des ports. Nous avons eu des discussions sur ce sujet et sur la façon d'éviter les pièges liés aux conflits d'intérêts et de veiller à ce que les travailleurs — ceux qui font fonctionner les ports — aient leur mot à dire dans le processus.
J'ai remarqué que Willie Adams est le président international de l'ILWU et qu'il est également le vice-président du port de San Francisco. Je me demande si une représentation similaire serait possible au Canada et si les Américains ont rencontré des difficultés, selon vous, parce que leur système permet manifestement ce genre de représentation. Je me demande aussi comment nous pouvons relever le défi d'assurer une représentation tout en évitant les conflits d'intérêts.
J'ajouterais qu'une autre question connexe est de savoir comment les conflits d'intérêts sont actuellement gérés par les conseils d'administration des ports. Par exemple, et cela va révéler mon manque de connaissances...
D'accord, je termine ma phrase, monsieur le président.
En regardant le témoin, je n'ai pas besoin de voir l'horloge. Voilà qui est parfait.
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Les ports d'un océan à l'autre répondraient sans doute: rien du tout. Toutefois, je pense qu'il doit y avoir moyen d'apporter des améliorations, tout en ayant un droit de regard.
Ce qui pose problème, c'est qu'en ce qui concerne les projets et la collaboration avec les clients, les parties prenantes et les utilisateurs des ports, c'est très difficile d'offrir le meilleur service possible à la population canadienne et aux utilisateurs des ports, ainsi que de créer des chaînes d'approvisionnement, parce qu'on ignore à quel moment on pourra réellement s'engager à réaliser les projets ciblés.
Comme je l'ai mentionné et comme vous l'avez répété, quand nous avons soumis notre demande pour faire augmenter notre pouvoir d'emprunt, on nous a dit que le processus serait très simple et qu'il prendrait au plus trois mois. Cela fait maintenant un an, et la ligne d'arrivée semble encore loin.
L'incertitude n'est pas le seul facteur; il y a également les coûts. Des vérificateurs externes doivent formuler des recommandations par rapport aux limites d'emprunt. Ensuite, leurs recommandations doivent être évaluées par Transports Canada. Après, elles doivent être transmises au Conseil du Trésor pour une autre évaluation.
Il y a les délais. Il y a l'incertitude. Les clients nous demandent si nous pouvons investir dans les immobilisations, mais nous ignorons si nous le pouvons ou non.
L'autre élément que M. Gooch...
Pardonnez mon impolitesse, mais je dois admettre que j'ai un domaine d'intérêt principal, soit l'environnement, et je dois y venir. Je suis heureuse d'entendre que des efforts sont déployés en ce sens. Je peux vous dire qu'à Vancouver, les conflits sont nombreux, et les gens sont mécontents parce que les intérêts du port semblent avoir préséance sur les priorités, notamment environnementales, de la collectivité. Je pense qu'il est possible de faire mieux.
Au chapitre de l'environnement, je comprends que pour les ports, une chaîne d'approvisionnement bien huilée et fiable peut atténuer les effets sur l'environnement.
Madame Nugent, vous avez parlé surtout du climat et de la réduction. Ces éléments sont cruciaux, mais je trouve aussi important de réfléchir aux questions de conservation liées aux ports et aux navires qui en dépendent.
Avez-vous des idées par rapport au rôle que les ports pourraient jouer non seulement pour écologiser leurs propres activités, mais aussi pour favoriser l'écologisation du transport des marchandises? La gestion du bruit qui affecte les écosystèmes marins, ainsi que la pollution et les problèmes de déversement sur la côte de la Colombie-Britannique suscitent de réelles préoccupations chez la population.
Comme nombre d'entre vous le savent, le port de Vancouver est le plus occupé au Canada. Il y en a trois ou quatre de la même envergure, mais les gens ont le regard tourné vers l'augmentation de la circulation dans les futurs ports. Vous avez raison de dire que les ports sont un maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement.
On peut donner l'exemple en profitant de la possibilité qu'offrent les ports de mettre en soute des combustibles à zéro émission. Cela vaut tant pour les navires océaniques que pour le transport maritime intérieur.
Ce faisant, on réduirait immédiatement les émissions liées au transport des marchandises. À l'échelle mondiale, la proportion des GES attribuables au transport des marchandises s'élève à environ 3 %. Ce taux peut sembler faible, mais il équivaut à celui du pays se classant au sixième rang en matière d'émissions. Cette mesure peut être prise dans les ports mêmes. C'est pourquoi nous parlons d'un mandat axé sur les énergies de remplacement et de l'importance d'inscrire le transport des marchandises sur la liste d'attente pour ce type d'énergie. C'est une occasion de donner l'exemple.
Vous avez parlé du bruit. On pourrait électrifier les navires. La technologie nécessaire existe, en particulier pour les activités en zone littorale. Des partenariats avec les Premières Nations tracent la voie de l'électrification des navires. Océans Nord collabore avec la Première Nation de Membertou sur un projet de homardier électrique. Cet été, la nation Haisla a mis à l'eau un remorqueur électrique utilisant l'équivalent de 70 batteries de Tesla. De tels projets peuvent être entrepris dès maintenant afin de réduire le bruit et la pollution atmosphérique pour les collectivités, ainsi que pour les mammifères marins et l'ensemble des espèces marines.
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Merci, monsieur le président. Je suis ravie de me joindre à nouveau à vous.
Merci aux témoins de leur présence.
Il y a presque un an que j'ai participé au comité des transports. La dernière fois que j'étais ici, il était question de l'état des ports canadiens.
À l'échelle mondiale, le port de Vancouver était classé au 368e rang sur 370; celui de Montréal, au 311e rang sur 348. Il était évident que les ports avaient besoin de soutien de la part du gouvernement fédéral. Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et les conflits de travail suscitaient des préoccupations. Le projet de loi était censé s'attaquer aux difficultés éprouvées par les ports.
Examinons les enjeux. Forcément, l'argent jouera un rôle central dans la modernisation des ports. Il a été question des limites d'emprunt.
Quelle est la raison d'être des limites d'emprunt? Si les banques et les investisseurs privés sont prêts à investir dans les projets, les limites d'emprunt sont-elles vraiment nécessaires?
Je demanderais à M. Gooch de répondre en premier.
Oui, je pense que c'est une question tout à fait pertinente. Dans un monde parfait, à mon avis, nous n'aurions sans doute pas de limites d'emprunt prescrites et cela dépendrait des prêts garantis par des actifs que les marchés seraient disposés à consentir. Je pense que nous sommes dans une situation intéressante, en ce sens que si nous nous retrouvions en situation d'insolvabilité, je suppose qu'il pourrait y avoir des répercussions sur Transports Canada. C'est une considération, mais non, je pense qu'avec un conseil d'administration assurant une saine gestion, tous les véhicules d'investissements devraient nous être accessibles, et nous devrions avoir cette possibilité pour préparer une analyse de rentabilité justifiable.
Je n'avais pas tout à fait terminé ma réponse à la question de M. Muys, plus tôt, alors je vais y répondre.
Un des défis, c'est que les limites d'emprunt sont établies non pas en fonction des flux de revenus anticipés, mais uniquement en fonction des flux de revenus antérieurs, ce dont M. Gooch a parlé plus tôt. Lorsqu'on examine la possibilité d'un investissement dans le marché, on porte souvent davantage attention au potentiel de gain plutôt qu'aux résultats antérieurs, ce qui limite encore une fois notre liberté de tirer parti des entreprises qui veulent réellement investir dans les infrastructures essentielles au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Je veux approfondir davantage et avoir des détails sur les activités portuaires.
Monsieur Hamilton, je vais vous poser des questions sur la compétitivité des ports telle que décrite dans le projet de loi, la gestion des biens, vos plans de gestion financière prévus dans le plan d'activités que vous avez présenté, et l'approche pangouvernementale, en particulier dans le contexte de la sécurité publique et des capacités ou du manque de capacités de l'ASFC.
Je vais me concentrer sur l'article 39 tel que modifié par l'article 114, ainsi que sur le paragraphe 30.1 tel que modifié par l'article 109. Le paragraphe 30.1 prévoit que les administrateurs de l'administration portuaire « soumettent un plan d'emprunt au ministre ». Je peux seulement supposer que le plan d'emprunt porterait sur les immobilisations et l'exploitation et comprendrait la gestion des biens et le rendement des investissements pour ces deux aspects.
Selon l'article 39, les « administrations portuaires présentent au ministre, dans les trois mois suivant la fin de chaque exercice, le plan quinquennal de leurs activités et de celles de chacune de leurs filiales à cent pour cent ».
Cela étant dit et cité à partir du projet de loi, j'ai deux questions à poser à M. Hamilton.
Dans le plan d'activités que vous présentez, on trouve ce plan financier — un plan secondaire, en quelque sorte — qui vise à ajouter des capacités en matière d'infrastructure pour appuyer ce plan d'activités et les besoins en capital, à savoir les investissements futurs requis en fonction de l'orientation future réelle ou possible du port. À cela s'ajoute le plan de gestion des biens immobiliers actuel pour l'infrastructure existante.
Selon vous, monsieur Hamilton, la modernisation de la souplesse financière de l'autorité portuaire, telle que décrite précédemment, permettra‑t‑elle aux ports d'atteindre les capacités énoncées dans votre plan d'activités, mais en vous donnant, ce qui est plus important, la possibilité d'établir un plan financier adéquat pour atteindre les objectifs cernés dans votre plan d'activités?
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Merci, monsieur Badawey.
Nous sommes convaincus que l'exercice d'élaboration des plans financiers en vaut la peine. Dans la plupart des cas, nous recevons des commentaires positifs concernant les plans financiers et la façon dont nous voulons utiliser le capital à l'avenir.
À mon avis, le facteur limitatif est le fait qu'aucune réponse n'est fournie après la présentation du plan financier pour demander ce qui peut être fait pour nous permettre d'avoir les bons capitaux pour mettre le plan en œuvre. Voilà notre plus grand défi.
Les commentaires de Transports Canada donnent à penser que le ministère a entendu nos préoccupations à cet égard et qu'il a l'intention d'intégrer une plus grande souplesse financière dans le projet de loi. Notre principale préoccupation, c'est que cette souplesse ne fait pas partie intégrante du projet de loi. Il y avait une exigence supplémentaire en matière de rapports. Le ministère a indiqué que nous serions maintenant tenus de faire rapport aux trois ans et qu'il ferait une révision tous les trois ans, mais en réalité, aucune disposition n'établit les critères nécessaires à cette souplesse, les paramètres relatifs à l'établissement des limites d'emprunt et les délais pour satisfaire à ces exigences.
Hamilton est un exemple, mais il y a en d'autres, comme à Montréal et sur la côte Ouest, où les demandes de limites d'emprunt se sont étirées sur deux ou trois ans. Les projets doivent alors être mis en suspens. Pendant que nous attendons, nous ne pouvons ni répondre ni faire notre travail.
Je pense vraiment que ce que nous souhaiterions, comme cela a été suggéré, c'est d'avoir la possibilité d'aller sur le marché et d'être autorisés à tirer parti des investissements de particuliers et d'entreprises disposés à investir pour appuyer des projets à l'avenir. Ce n'est pas le cas actuellement, ce qui limite notre capacité de servir réellement les Canadiens.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais m'entretenir un peu avec M. Gooch.
J'ai noté que Mme Murray a exprimé certaines préoccupations au sujet du port de Vancouver. Je suis certain que lors de leur comparution — j'espère qu'ils viendront —, ils auront un point de vue différent, peut-être.
Il y a beaucoup de choses dans ce projet de loi... Il y a deux nouveaux postes au conseil d'administration, soit un pour l'administration municipale et l'autre pour le gouvernement provincial. Ces ports sont situés dans des collectivités, évidemment, mais le port de Vancouver est le plus important port pour l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. Il sert l'intérêt national.
Pourriez-vous parler de la tension à cet égard et nous dire si, selon vous, le projet de loi atténue l'importance de reconnaître que les ports fédéraux sont censés fonctionner dans l'intérêt national? Les installations portuaires ne servent pas seulement la collectivité où elles se trouvent.
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Merci. Je vais commencer.
Oui, c'est une erreur d'omission. Bien entendu, il est très intéressant de souligner que lorsque le projet de loi nous a été décrit, on parlait de favoriser une collaboration accrue entre les ports, mais le projet de loi ne comprenait aucun élément pour appuyer cette affirmation ou cet encouragement.
C'est important parce que... Il existe dans tous les ports, mais en particulier dans les petits ports, des mécanismes favorisant le partage et la collaboration, mais selon le libellé actuel de la mesure législative, nous sommes censés être en concurrence entre nous. Je pense qu'il est essentiel — et c'est lié à d'autres travaux en cours — de créer une stratégie canadienne des transports qui traite des façons de relier tous nos actifs de transport. Cela nécessite une collaboration beaucoup plus étroite.
M. Paquin a peut-être d'excellents exemples de ce qui se fait pour les ports du Québec, mais ce que nous avons constaté en Ontario, c'est l'impact positif de l'APHO, qui résulte de la fusion des administrations portuaires de Hamilton et Oshawa. Cette fusion a permis à Oshawa de traiter un volume plus important de marchandises et d'investir quelque 35 millions de dollars au cours des deux dernières années. Cela n'aurait jamais été possible si le port d'Oshawa avait fonctionné de manière indépendante, malheureusement, avec ses faibles revenus et trois membres du personnel.