Bienvenue à la réunion numéro 84 du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 26 septembre 2023, le Comité se rencontre pour étudier le projet de loi .
Aujourd'hui, la réunion se déroule en format hybride, conformément au Règlement. Les députés participent donc en personne, dans la salle, ou à distance avec l'application Zoom.
Je tiens à informer les membres du Comité que nous avons effectué pour le bien de nos interprètes un test de son avec tous les témoins qui comparaissent virtuellement, et que les témoins ont réussi le test.
Chers collègues, nous accueillons aujourd'hui M. Robert Lewis‑Manning, directeur général de la Greater Victoria Harbour Authority — l'administration portuaire du Grand Victoria, la GVHA —, qui comparaît par vidéoconférence. Bienvenue.
Nous accueillons aussi M. Duncan Wilson, vice-président, Environnement et affaires externes de l'Administration portuaire Vancouver-Fraser.
[Français]
Du Syndicat des débardeurs, section locale 1375 du Syndicat canadien de la fonction publique, nous recevons Mme Marie‑Christine Morin, conseillère syndicale, qui est avec nous par vidéoconférence.
Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Nous accueillons également des représentants d'Unifor: M. Joel Kennedy, directeur, Secteur ferroviaire; et M. Graham Cox, représentant national, qui comparaissent par vidéoconférence.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires.
Je vais donc céder la parole à M. Lewis‑Manning.
Vous avez la parole. Vous avez cinq minutes pour nous présenter votre déclaration préliminaire.
Merci beaucoup, monsieur le président. Comme vous l'avez dit, je suis le directeur général de la GVHA. J'ai rejoint l'organisation récemment, il y a seulement sept mois. Je suis entré en fonction avec une trentaine d'années d'expérience en expédition et en logistique. J'espère pouvoir vous donner un point de vue unique sur le projet de loi .
Je m'adresse à vous aujourd'hui depuis le territoire du peuple lekwungen, la nation des Songhees, et de la nation Esquimalt, dont la longue relation avec la terre et le port se poursuit toujours aujourd'hui.
Pourquoi la GVHA est-elle unique? Parce que, essentiellement, ce n'est pas une administration portuaire canadienne, malgré son nom. En réalité, Transports Canada demeure l'organisme de réglementation sous le régime de la Loi maritime du Canada, pour la ville de Victoria, et c'est une nuance importante dont il faut tenir compte dans les modifications législatives.
Quand le gouvernement fédéral a cédé ses installations portuaires, il y a plus de 20 ans, il a été question que la GVHA devienne une administration portuaire canadienne, mais il restait plusieurs problèmes. Malgré tout, nous gérons aujourd'hui la majorité des installations portuaires, y compris un certain nombre de marinas, d'installations et de plans d'eau, ainsi qu'un terminal industriel en eaux profondes, situé à un endroit stratégique, disposant de quatre installations d'accostage, d'un entrepôt et d'une grande zone de déchargement. Par rapport aux 17 administrations portuaires qui existent au Canada, nous sommes un port canadien de taille moyenne pour ce qui est des revenus, de la circulation des navires et des installations physiques.
Nous sommes le premier port de destination pour les navires de croisière au Canada, et nous accueillons plus de 330 grands navires de croisière et un million de passagers environ par année; nous accueillons aussi plus de 100 navires de charge commerciaux, tous les ans, et nous offrons plusieurs services uniques, comme la remise à flot ainsi que l'entreposage et le déploiement de câbles sous-marins, en plus de soutenir une initiative à grande échelle de nettoyage des océans. Nous gérons également plusieurs installations emblématiques, comme la promenade basse devant l'hôtel Fairmont Empress, la marina Ship Point et le brise-lame de Victoria.
La GVHA a une structure de gouvernance unique, qui comprend six organisations membres représentant des entreprises et des administrations locales qui sont essentiellement les actionnaires, et, surtout, deux titulaires de droit, à savoir les Premières Nations Songhees et Esquimalt.
Nous soutenons en grande partie l'intention derrière le projet de loi , y compris la nécessité de mobiliser réellement les peuples autochtones et les collectivités locales.
La GVHA a adopté ces principes dès sa création, ce qui lui a permis d'établir un haut niveau de confiance et d'avoir la capacité de réagir rapidement aux problèmes imprévus, comme la pandémie de COVID‑19. Le fait que des dirigeants autochtones siègent à notre conseil d'administration nous a permis de saisir plusieurs occasions qui nous auraient échappé précédemment. Nous avons aussi des comités consultatifs ainsi qu'un haut niveau d'intérêt et d'affiliation des intervenants communautaires locaux.
De même, l'exigence proposée d'avoir des plans de lutte contre le changement climatique et d'adaptation au changement climatique et d'en faire rapport est tout à fait logique, compte tenu de la vulnérabilité des installations océaniques et de la chaîne d'approvisionnement et de leur importance pour le bien-être de l'économie et de la population canadiennes. La GVHA est en train d'élaborer ces deux plans, y compris une stratégie en matière de résilience axée sur un financement durable et des possibilités d'affaires à faibles émissions carboniques, afin d'aider à réinvestir dans les installations physiques et atténuer les conséquences des changements climatiques. Notre stratégie d'électrification est en cours et vise autant les navires de croisière que le transport de marchandises. Nous allons présenter une demande de financement au gouvernement fédéral au cours des prochains mois, et la GVHA est un partenaire dans le projet des corridors maritimes verts du Pacifique Nord-Ouest.
De fait, la GVHA occupe un emplacement stratégique d'où elle peut soutenir une chaîne d'approvisionnement plus efficiente, réduire les conséquences globales sur l'environnement et les collectivités locales et soutenir la préparation et les interventions en cas d'incidents impliquant des navires commerciaux.
En ce qui concerne les impacts cumulatifs des expéditions maritimes, nous savons que le gouvernement fédéral, les ports de la Colombie‑Britannique et les collectivités locales entretiennent d'importantes discussions sur les impacts des perturbations de la chaîne d'approvisionnement. À cet égard, les modifications proposées ne semblent pas suffisamment robustes pour encourager directement la coordination entre les voies d'eau et les ports régionaux ou l'utilisation efficiente des infrastructures régionales. La gestion du trafic maritime ne devrait pas se faire de façon isolée, mais plutôt tirer parti des capacités régionales. Par exemple, nos quatre installations d'accostage en eaux profondes pourraient servir aux navires d'exportation en attente venant d'autres ports, ce qui permettrait de réduire l'intensité des émissions carboniques et l'impact sur les collectivités locales.
Malgré cette lacune dans le projet de loi, nous travaillons avec nos partenaires pour que ce soit une option concurrentielle, avantageuse pour les exportateurs de demain. Nous encourageons le gouvernement fédéral à adopter ce type d'approche dans sa stratégie de développement de la chaîne d'approvisionnement.
Dans le même ordre d'idées, la Loi maritime du Canada devrait mieux tirer parti des infrastructures existantes pour soutenir les contingences opérationnelles. En 2021, la GVHA a joué un rôle crucial lors de l'incendie du Zim Kingston en offrant une base d'opérations pour les opérations de sauvetage.
En conclusion, je pense que le préambule de la Loi maritime du Canada souligne la nécessité d'une approche systémique. Ce projet de loi pourrait être renforcé de manière à mettre en œuvre cette approche systémique.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir. Au nom de l'Administration portuaire Vancouver-Fraser, je tiens à remercier le Comité de m'avoir invité à témoigner ce soir.
Il ne fait aucun doute qu'un examen du fonctionnement et de la structure des administrations portuaires du Canada était plus que nécessaire. Nous félicitons le gouvernement d'avoir reconnu qu'il était temps de mettre à jour la loi. Cependant, certaines parties du projet de loi nous préoccupent, et nous craignons que certaines modifications n'entraînent un recul en reflétant le manque de confiance du gouvernement envers un système qui continue de procurer d'importants avantages commerciaux et économiques au Canada.
Nous sommes d'avis que le moment est venu pour le gouvernement de lâcher un peu de lest en allégeant la réglementation pour donner aux administrations portuaires une plus grande flexibilité opérationnelle. Au contraire, il semble que le projet de loi préconise une approche davantage prescriptive à l'égard des activités portuaires et cherche à imposer un « modèle universel » à tous les ports, alors que les ports ont des modèles opérationnels et des contextes locaux très différents les uns des autres, ce qui vaut aussi pour leur capacité financière.
L'exploitation du port de Vancouver se fait dans l'un des environnements portuaires les plus difficiles au monde. Nous sommes l'un des ports les plus diversifiés de l'Amérique du Nord: nous prenons en charge tout un éventail de cargaisons, y compris des conteneurs intermodaux, des produits en vrac comme les céréales, la potasse, le charbon et le soufre; des automobiles et des marchandises générales. Nous accueillons aussi une très prospère industrie de navires de croisière.
Tout cela, nous le faisons dans une région où nous devons traiter avec 16 administrations locales et de très nombreuses Premières Nations. La plupart des ports dans le monde traitent avec une seule autorité locale. Il y en a très peu qui doivent interagir avec plus de deux ou trois. Par exemple, pour notre projet de terminal à conteneurs 2, nous avons signé des ententes sur les avantages mutuels avec 26 Premières Nations. Nous avons des rencontres régulières avec toutes les municipalités qui bordent le port, ce qui comprend des réunions annuelles avec nos cadres supérieurs et notre conseil d'administration.
Si je vous parle de cette situation complexe, c'est pour illustrer les défis qui pourraient se présenter si le gouvernement décidait de jouer un rôle plus important dans les activités du port. Nous nous réjouissons des dispositions du projet de loi qui donnent aux ports plus de pouvoirs sur la circulation maritime. L'augmentation de la circulation maritime dans certains secteurs nous a montré clairement que, si nous voulons utiliser le port de la façon la plus efficiente et responsable possible sur le plan de l'environnement, réduire la durée de mouillage des navires et accroître la sécurité, nous avons besoin de plus de pouvoir. Quant à savoir si le projet de loi va répondre à ces besoins, cela va dépendre de la réglementation à venir.
L'administration portuaire s'est aussi dotée du genre de comités exigés par le projet de loi en ce qui concerne les peuples autochtones et les administrations municipales. Il reste à voir si le fait que ces comités sont obligatoires en vertu de la loi va accroître leur efficacité ou limiter leur flexibilité. Je tiens à insister sur le fait que nous accordons la plus grande priorité ainsi qu'une attention constante à la mobilisation locale. Parallèlement, nous reconnaissons que le modèle qui fonctionne pour nous ne convient pas nécessairement aux petits ports, dont les moyens sont beaucoup plus limités et qui interagissent avec beaucoup moins d'administrations et de Premières Nations que nous.
Nous partageons les préoccupations de l'Association des administrations portuaires canadiennes en ce qui concerne les limites d'emprunt des ports et l'extrême lenteur du processus requis pour les augmenter. Le processus actuel fait intervenir plusieurs ministères, se calcule en années et est très peu lié à la capacité financière du port. Même si nous avons bon espoir que le nouveau processus améliorera au moins un peu les choses, nous espérions une approche plus flexible et axée sur le marché.
Je réitérerai aussi les préoccupations de l'association en ce qui concerne la nomination des présidents des conseils d'administration par le ministre. Nous croyons que le système actuel a fait ses preuves et qu'il est extrêmement important que la personne qui préside le conseil jouisse de la confiance des membres. Les conseils d'administration des administrations portuaires suivent un code de déontologie écrit, lequel établit des règles claires en ce qui concerne les conflits d'intérêts, l'information privilégiée, etc. Les membres apportent collectivement une expertise et des compétences vastes et diversifiées qui assurent une bonne gouvernance et une bonne surveillance des activités portuaires, en plus d'établir son orientation stratégique.
À l'instar de l'association, nous croyons nous aussi qu'il est nécessaire d'accroître les dépenses en infrastructure et de les rendre plus prévisibles. Nous espérons que la création du nouveau bureau des chaînes d'approvisionnement de Transports Canada veut dire que le gouvernement jouera un rôle plus actif dans la coordination des projets qui échappent à la compétence des ports.
Dans les années 1990, durant certaines des premières vagues d'investissement en infrastructure, d'importants projets ont été achevés et ont permis d'accroître considérablement l'efficience et la sécurité de la chaîne d'approvisionnement. Ces projets ont fait intervenir un grand nombre de parties prenantes, y compris les chemins de fer, de nombreuses administrations municipales, la province de la Colombie‑Britannique et les exploitants de silos. Il est très peu probable que ces projets seraient arrivés à terme si Transports Canada n'avait pas joué un rôle important pour coordonner et réunir les parties. Malheureusement, ces dernières années, Transports Canada a pour ainsi dire abandonné son rôle. Il incombe donc à l'administration portuaire de jouer ce rôle, même si elle n'en a ni la compétence ni la capacité.
Nous croyons que le modèle actuel d'exploitation portuaire au Canada a été une histoire de réussite pour le gouvernement de l'époque, qui a fait preuve d'une grande clairvoyance en créant un système qui réservait un rôle au gouvernement tout en permettant aux ports d'agir indépendamment, sous la supervision d'un conseil d'administration comptant des représentants de tous les ordres de gouvernement.
Nous encourageons le gouvernement à continuer d'utiliser ce modèle, en le modifiant s'il y a lieu, mais aussi à reconnaître l'importance de laisser les ports gérer leurs activités dans le cadre de la loi.
Merci encore une fois de m'avoir invité à témoigner devant vous ce soir. Nous avons hâte de répondre à vos questions.
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Monsieur le président et membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de l'invitation.
Vous allez constater que mon champ lexical sera bien différent de celui qu'ont utilisé les personnes que l'on vient d'entendre. En effet, je représente aujourd'hui des travailleuses et des travailleurs membres du Syndicat canadien de la fonction publique, ou SCFP, des ports de Montréal, Trois‑Rivières et Bécancour, soit les débardeurs de Trois‑Rivières et de Bécancour, de la section locale 1375, les travailleurs et les travailleuses du grain de la section locale 5317 et les cheminots du Port de Montréal de la section locale 5598.
Je m'adresse à vous parce que ma principale préoccupation est évidemment liée au maintien et à l'amélioration des conditions de travail de nos membres employés dans les secteurs maritime et ferroviaire.
Vous avez entendu, le 16 octobre dernier, mes collègues MM. Robert Ashton et Michel Murray, qui éprouvaient des inquiétudes quant aux possibilités d'interférence du projet de loi dans les relations de travail et le droit du travail.
J'ai pris note de l'assurance que nous a fournie le 16 octobre dernier le sous-ministre adjoint des politiques à Transports Canada, M. Serge Bijimine, selon laquelle il n'est pas prévu que le projet de loi C‑33 s'applique aux relations de travail.
M. Bijimine s'est d'ailleurs engagé à obtenir un avis juridique sur la question si ce n'était pas déjà fait.
Quoi qu'il en soit, la meilleure façon de nous assurer qu'il n'y a pas d'interférence dans les relations de travail et le droit du travail serait de prévoir une disposition sur ce point dans le projet de loi lui-même.
Je vous donne l'exemple du nouvel article 17.4 du projet de loi C‑33, qui accorde au ministre le pouvoir sans balises d'intervenir si, selon son estimation, quelque chose doit être fait pour faire face à un danger pour la sûreté du transport, y compris pour la sécurité des biens, ce qui est très large.
La délivrance d'un certificat d'urgence prévue au nouveau paragraphe 31(2) est dans la même veine.
Le projet de loi semble confondre « sécurité » et « sûreté ». Cette confusion a aussi été soulevée pour d'autres raisons dans le mémoire de l'Association des chemins de fer du Canada.
De plus, il est prévu au paragraphe 107.1(1) du projet de loi que, s'il estime qu'il existe un risque de danger imminent, notamment à la sécurité économique nationale ou à la concurrence, qui constitue une menace importante à la sécurité des marchandises ou de la chaîne d'approvisionnement, le ministre peut ordonner à une administration portuaire de prendre toute mesure qu'il estime nécessaire pour prévenir le danger.
À la section locale 5598 du SCFP, l'Administration portuaire de Montréal est mon employeur direct et celui des cheminots. Vous comprendrez notre inquiétude, d'autant plus que cet article permet au ministre d'agir en toute discrétion dans certaines situations.
En résumé, nous craignons que, en l'absence de balises intrinsèques au projet de loi , les nouveaux pouvoirs du ministre soient utilisés pour miner les droits fondamentaux, notamment en matière de relations de travail. Je fais évidemment référence à la liberté d'association prévue à l'alinéa 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés, mais aussi à la liberté d'expression et de réunion pacifique, prévues aux alinéas 2b) et 2c).
Ces balises existent dans les lois et la jurisprudence canadiennes, par exemple dans le Code canadien du travail. Elles existent aussi dans des traités internationaux et la jurisprudence internationale, notamment celles de l'Organisation internationale du Travail et son Bureau international du Travail, dans la Convention no 87, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Ce sont des traités fondamentaux qui nous lient aux Nations unies et aux autres nations dans le monde. Ils servent à assurer la justice sociale et le respect des droits fondamentaux, notamment le droit d'association, qui inclut le droit à la libre négociation et à la grève.
C'est pourquoi nous témoignons aujourd'hui en faveur de l'ajout, au projet de loi , d'une disposition d'interprétation, qui irait dans le sens suivant: « L'interprétation et l'application de la présente loi ne doivent en aucun cas interférer en matière de relations de travail et doivent respecter: a) les droits fondamentaux, y compris le droit d'association; b) le Code canadien du travail; c) le droit international du travail et les engagements canadiens en cette matière.
Si le projet de loi ne permet pas d'interférence dans les relations de travail, je suis d'avis que cela devrait y être précisé pour éviter les confusions. Voilà.
Je vous remercie de votre écoute et de votre collaboration.
Bonsoir, je m'appelle Joel Kennedy et je suis le directeur du secteur ferroviaire d'Unifor; je suis ici avec mon collègue, M. Graham Cox. Merci de me donner l'occasion de parler du projet de loi .
Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé du Canada, et il représente 315 000 travailleurs provenant de tous les grands secteurs de l'économie. Unifor représente 32 unités de négociation et compte près de 10 000 membres dans le secteur ferroviaire. Il y a des ingénieurs, des chauffeurs, des mécaniciens de wagon de marchandises et de locomotive, des électriciens, des opérateurs de grue et un groupe de travailleurs de soutien semi-spécialisés, comme des ouvriers et des travailleurs à la production qui fabriquent les wagons de marchandises, les locomotives et toutes les composantes des voies ferrées. Unifor représente aussi 2 300 travailleurs dans le secteur maritime.
Dans le secteur ferroviaire, les membres d'Unifor effectuent les inspections de sécurité des wagons de marchandises, que ce soit une vérification physique, visuelle ou auditive, voire même parfois olfactive. Nos membres effectuent des essais de freins et inspectent les composantes mécaniques des trains pour s'assurer qu'elles fonctionnent correctement et qu'il n'y a pas de défauts de fabrication.
Actuellement, la loi exige que ces trains soient inspectés et testés à leur point de départ et à leur destination. Cependant, des exemptions aux règlements ont déjà été accordées. Elles permettent aux compagnies ferroviaires de supprimer les inspections de sécurité et les tests effectués par un mécanicien qualifié et de les remplacer par une technologie limitée, qui n'a pas vraiment été éprouvée et qui n'est pas réglementée. Nous croyons que les inspections numériques créent des conflits lorsque les intérêts financiers de l'entreprise et les résultats des inspections ne s'alignent pas.
Malheureusement, on ne mentionne la technologie et la numérisation dans ce projet de loi que lorsqu'il est question de soutenir l'efficacité des chaînes d'approvisionnement et d'élaborer des règlements. Unifor croit que ce projet de loi est un autre règlement de type « le renard qui surveille le poulailler » et ne fait que renforcer ce type de règlement dans le secteur ferroviaire. Nous croyons que les grands employeurs du secteur ferroviaire ont profité de cette absence de réglementation et augmentent leurs bénéfices en prétextant la sécurité.
Lorsqu'un système automatisé n'est pas réglementé, il y aura beaucoup de pression pour que les systèmes soient modifiés, non seulement par souci de sécurité, mais aussi par souci de commodité. Unifor croit qu'il faut investir dans la technologie et la mettre en œuvre pour sécuriser davantage nos chaînes d'approvisionnement. Cependant, présentement, on cherche à remplacer des travailleurs tout en visant le même niveau de sécurité. Le conseil d'arbitrage est même saisi d'une affaire et doit décider si cette inspection de sécurité numérique est comprise dans le contrat d'Unifor.
Le Volpe Center, du ministère des Transports des États‑Unis a dit, en se fondant sur ses recherches sur la technologie ferroviaire, que « l'adoption de la technologie ne doit pas viser à remplacer les travailleurs. La technologie doit plutôt servir à augmenter, et non pas à remplacer, le travail visant à améliorer le niveau de sécurité du système ferroviaire. » Nous croyons que c'est aussi la position adoptée par la Maison‑Blanche des États‑Unis. Selon nous, toute modification des lois canadiennes sur la sécurité du secteur ferroviaire devrait intégrer le principe de l'augmentation du niveau de sécurité, et non pas simplement remplacer des travailleurs pour augmenter les profits.
Unifor craint aussi que les amendements proposés au projet de loi qui concernent la capacité de consulter une tierce partie ne soient qu'une façon de donner à un tiers la responsabilité des règlements et des exemptions. Si le bureau du ministre ne croit pas avoir à l'interne la capacité de prendre de bonnes décisions sur les règles et les exemptions, il devrait investir dans un groupe de recherche indépendant financé publiquement qui serait chargé d'évaluer les conséquences des règles et des exemptions accordées sur la mise en œuvre des technologies; il ne devrait pas y avoir de tierce partie.
Unifor craint que les recommandations d'une tierce partie du secteur privé soient fondées sur des données privées exclusives. Les systèmes de gestion de la sécurité sont déjà des boîtes noires, parce qu'ils utilisent des logiciels comme si le développement de logiciels était un processus mystérieux, impossible à réglementer. Unifor maintient que le processus d'élaboration des règlements et des exemptions devrait être de l'information publique. Par conséquent, les données recueillies sur l'incidence des règlements et des exemptions devraient aussi être rendues publiques.
Enfin, nous nous faisons l'écho des préoccupations soulevées par nos collègues du Syndicat canadien de la fonction publique et de l'International Longshore & Warehouse Union Canada au sujet des conséquences des nouveaux pouvoirs du sur la durabilité des chaînes d'approvisionnement. Même si nous reconnaissons que le libellé avait pour objectif de pouvoir composer avec des urgences comme la pandémie, nous croyons qu'il est trop général et que, même si ce n'est pas le but visé, il pourrait interférer avec le droit de grève.
Nous croyons que le meilleur modèle, pour élargir les pouvoirs en cas d'urgence, devrait s'appuyer sur une liste des enjeux et perturbations pouvant être considérés comme des urgences et des actes qui touchent les chaînes d'approvisionnement. Selon nous, il est possible d'établir une liste qui soit claire pour le public tout en étant suffisamment large pour nous permettre d'assurer la sécurité contre des acteurs externes sans miner la Charte des droits et les mesures légitimes.
J'aimerais aussi dire que nos amis chez Teamsters ont adopté notre position eux aussi mais que, pour une raison ou une autre, ils ne pouvaient pas être ici aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous les témoins d'être présents malgré l'heure tardive.
Encore une fois, je suis assez surpris d'entendre les commentaires d'un autre groupe de témoins, dont la plupart avaient des préoccupations importantes quant au projet de loi — même si certains en ont fait un éloge plutôt tiède. Selon moi, cela montre que le gouvernement libéral n'a pas fait ses devoirs avant de présenter le projet de loi et n'a pas consulté adéquatement les gens qui sont les plus concernés. C'est du moins ce que nous disent tous les groupes de témoins, à chaque réunion. Ce sera intéressant d'entendre les explications du ministre, d'ici quelques réunions.
J'aimerais m'adresser au représentant de l'administration portuaire Vancouver-Fraser: Monsieur Wilson, franchement, je crois que ce projet de loi a été rédigé en pensant au port que vous représentez. Nous avons évidemment entendu dire que certaines des dispositions du projet de loi seront très onéreuses pour les petits ports, qui n'ont pas votre capacité de financement, autant d'employés que vous ou la capacité de répondre à certaines des exigences obligatoires qui ont été incluses dans le projet de loi.
Vous avez fait part de vos préoccupations quant à cette approche universelle, mais pourriez-vous nous donner le nombre approximatif d'employés que vous pensez devoir embaucher ou la somme d'argent que vous devriez dépenser pour vous conformer aux nouvelles exigences prévues dans le projet de loi, y compris pour la reddition de comptes et la mise sur pied des comités obligatoires et ce genre de choses? Nous avons entendu dire que certains ports devront dépenser 200 000 $ et embaucher beaucoup de nouveaux employés. Avez-vous un chiffre?
Tout d'abord, j'aimerais souligner que nous respectons déjà bon nombre des exigences prévues au projet de loi, donc il n'y a pas de coût supplémentaire. Il y a deux ou trois exceptions, par exemple concernant les exigences de présentation de rapports financiers qui entraîneront des coûts supplémentaires. Nous estimons que cela coûtera environ, si je me rappelle bien, 200 000 $ par année. Dans l'avenir, il y aura aussi une augmentation des coûts, pour nous, au chapitre de l'environnement, mais nous travaillons de toute façon déjà très activement pour nous améliorer dans ce domaine et allons continuer à le faire.
L'exigence de publier des plans annuels sur le climat et des plans d'adaptation au climat et de faire des suivis à ce sujet nous donnera davantage de travail, mais nous en faisons déjà beaucoup de ce côté. Nous travaillons déjà activement là‑dessus et nous allons bientôt lancer de grandes initiatives pour faire avancer les choses. Donc, pour nous, encore une fois, ces changements de nos activités au jour le jour nous coûteront moins cher à nous qu'aux autorités portuaires canadiennes de plus petite taille.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos témoins de ce soir. Je suis très heureux de vous voir ici aujourd'hui. Nous espérons que le projet de loi sera un bon texte de loi, et nous comptons évidemment sur les connaissances, l'expertise et l'expérience des gens qui sont ici ce soir et qui sauront bien nous conseiller et nous permettre de présenter une loi qui améliorera notre chaîne d'approvisionnement, dans les faits.
Ma première question s'adresse à M. Lewis‑Manning. Puis, je vous poserai la même question, monsieur Wilson.
Si le projet de loi est adopté, le gouvernement fédéral pourra édicter un règlement sur la gestion des lieux d'amarrage dans les ports. Qu'aimeriez-vous inclure dans ce règlement hypothétique?
J'aimerais avoir la réponse de M. Lewis‑Manning, puis celle de M. Wilson.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par vous, madame Morin.
Ma question concerne votre principale revendication, dont vous nous avez fait part tout à l'heure.
Vous avez dit qu'il serait important d'ajouter une disposition d'interprétation au projet de loi , que nous étudions en ce moment. Dans certains articles du projet de loi, il est question de la possibilité que le ministre se dote de pouvoirs pour débloquer, pour ainsi dire, la chaîne d'approvisionnement ou pour des raisons de sécurité. Toutes sortes de dispositions permettraient au ministre d'intervenir directement, de sa propre initiative, dans les affaires du port.
Si cette fameuse disposition interprétative n'était pas ajoutée ou si l'avis juridique dont on a parlé plus tôt ne nous parvenait pas, croyez-vous, malgré tout, que ce projet de loi devrait être adopté?
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Je pense que non. On a entendu une foule d'arguments au sujet des lacunes du projet de loi pour d'autres raisons, notamment la possibilité de nominations partisanes aux conseils d'administration.
Pour ce qui est des balises manquantes, je pense qu'elles sont nécessaires. Même si ce n'est pas l'intention du législateur actuellement, dans quelques années, quelqu'un, quelque part, pourra se servir des discussions que nous avons aujourd'hui pour en arriver à une interprétation différente du projet de loi.
Ce sera compliqué et ce ne sera pas gagné d'avance. Il serait beaucoup plus simple d'avoir une clause ou une balise pour limiter les pouvoirs du ministre. Dans le projet de loi actuel, les pouvoirs du ministre sont très larges, et ils sont aussi peu transparents. Il pourrait décider de son propre chef, à la suite de certaines informations, qu'il n'a pas à publier d'arrêté. Il y a une clause dérogatoire à la Loi sur les textes réglementaires qui fait en sorte que les arrêtés du gouvernement peuvent échapper au contrôle parlementaire.
C'est la même chose dans le cas des injonctions d'urgence, dont les conséquences sont très graves pour les gens. Quand c'est le temps de mettre fin à une grève, on peut sortir les canons, du côté des employeurs comme du côté politique. On ne se le cachera pas. Plus on peut jouer à armes égales, mieux c'est. C'est ce qu'on recherche en droit du travail.
Ce serait une grave erreur de donner plus de munitions pour sabrer le droit d'association, qui est quand même un droit fondamental. Or ce projet de loi ouvre la porte à donner de telles munitions. Cela pourrait miner les droits syndicaux de l'ensemble des travailleurs du secteur maritime, du secteur ferroviaire et des transports en général.
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Je vous remercie de votre réponse.
Selon ma perspective, quand un gouvernement doit porter l'odieux de déposer une loi spéciale au Parlement, il doit la soumettre au débat et l'adopter ensuite. En revanche, si un ministre peut simplement prendre un arrêté ministériel, il n'aura de comptes à rendre à personne. Il pourra faire cela de son sous-sol, et ce sera réglé. Je trouve que ce serait une façon de faire plutôt problématique.
Vous avez dit tout à l'heure qu'il pourrait être pertinent d'ajouter des balises aux pouvoirs des ministres, afin d'encadrer la façon de procéder. Les libellés contiennent souvent l'expression « si le ministre estime que ». Il n'a besoin de rien prouver, il doit seulement estimer qu'il y a un besoin, une urgence ou même un risque.
Quelles balises aimeriez-vous voir dans le projet de loi?
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Comme je l'ai dit tantôt, je pense qu'il devrait y avoir une disposition d'interprétation selon laquelle la loi ne s'applique pas en matière de relations de travail et respecte les droits fondamentaux. Je pense que ce serait la meilleure chose. Sinon, évidemment, il faudrait plus qu'une estimation. En effet, il faut que le ministre démontre qu'il y a urgence.
L'autre chose qui accroche, c'est qu'on protège des biens, des choses et des cargaisons. Est-ce qu'une caisse d'oranges courant un péril sur un navire entre dans la catégorie de sécurité d'un bien? J'exagère peut-être, mais on pourrait l'interpréter de cette façon. Je trouve que, pour ce qui est du droit d'association, les services essentiels sont conçus pour que le droit de grève puisse s'exercer jusqu'à ce qu'il y ait un danger pour la santé ou pour la sécurité: un danger direct et imminent pour la santé et la sécurité de la population, c'est-à-dire des personnes, et non pas pour la caisse d'oranges ou la cargaison de Canadian Tire. C'est triste, mais la grève est une arme économique.
Je ne veux pas parler seulement de la grève, parce qu'il y a aussi bien d'autres choses qui pourraient arriver et forcer une négociation ou un arbitrage. Tout cela, comme vous l'avez dit, comporte très peu de balises constitutionnelles ou de balises démocratiques qui permettraient un processus où les différents acteurs pourraient se prononcer. À part le ministre lui-même et un sous-ministre qui va peut-être regarder cela un peu, personne ne peut s'ingérer là-dedans. Par la suite, il va falloir une contestation constitutionnelle, mais les dommages seront déjà faits.
Je pense qu'une disposition d'interprétation serait vraiment la solution; en vertu de cette disposition, ce projet de loi ne s'appliquerait pas en matière de relations de travail.
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Exact, mais nonobstant le risque, il y a une question plus grande ici qui s'applique à tous les ports.
Prenons le cas du port d'Oshawa, par exemple, qui s'est retrouvé dans une situation financière très difficile et dont le passif dépassait de beaucoup son actif. Je crois qu'un vérificateur a dit qu'il risquait de ne plus être en mesure de poursuivre ses activités, ce qui ressemble à une faillite, mais les administrations portuaires ne peuvent pas faire faillite parce qu'elles sont soutenues par le public canadien, en tant qu'institutions publiques.
Je crois que là où je veux en venir, c'est qu'un élément de la contrepartie de cette flexibilité est un risque accru potentiel dans le cas d'un port qui n'est pas aussi diversifié ou qui prend quelques mauvaises décisions en matière d'investissement en cours de route. Comment le port de Vancouver perçoit‑il ce risque lorsqu'il s'agit du contribuable canadien qui, essentiellement, souscrit les emprunts que le port contracterait?
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Oui. Nous voyons que l'on dépend beaucoup des services de détection et de l'autodéclaration.
Le problème que nous constatons, c'est qu'il n'y a pas de réglementation concernant l'autodéclaration. Il n'y a vraiment aucune réglementation qui tient les employeurs responsables à cet égard. Nous constatons que les gens comptent de plus en plus sur l'autodéclaration. Comme je l'ai dit dans ma déclaration précédente, ce qui se passe en ce moment dans le secteur ferroviaire canadien est un cas concret de renard qui surveille le poulailler. C'est assez frustrant de se faire remplacer par la technologie pour les inspections, parce que nos membres agissent vraiment comme le contrepoids au Canada pour ce qui est de comprendre ce qui est inspecté, comment c'est inspecté, où c'est inspecté et si ces employeurs se conforment même à la réglementation. Essentiellement, on nous exclut maintenant du processus. Nous sommes remplacés par la technologie. Nous ne savons pas ce qui se passe. Nous ne savons pas si les employeurs respectent même les exemptions réglementaires auxquelles ils sont soumis. Nous ne savons pas quels aspects ils respectent. Nous entendons parfois dire qu'ils ne sont pas conformes. Personne ne rend de comptes, et nous ne faisons pas partie du processus, et cela fait peur.
Nous étions le contrepoids au Canada, et ces employeurs sont désormais principalement de grands employeurs américains, et il est très intéressant de voir qu'ils font de nouvelles réglementations. Ils rendent davantage de comptes aux États-Unis, et maintenant, nous avons ces grands employeurs américains qui essaient de déréglementer, et il semble que ce soit un peu leur terrain de jeu. J'approuve tout à fait ce que vous avez dit. C'est tout à fait pertinent, monsieur Bachrach.
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Je pense que la modification de la disposition de déclaration d'objet visant à inclure les peuples autochtones est vraiment significative et importante. Nous félicitons le gouvernement de l'avoir proposée.
Je suis globalement satisfait de l'accent mis sur l'environnement. Je pense qu'une partie du projet de loi est peut-être un peu trop prescriptive quant à la façon dont nous procédons, mais l'accent supplémentaire mis ici est le bienvenu.
Encore une fois, nous sommes satisfaits des changements qui permettront une meilleure gestion du trafic, sous réserve de la réglementation.
Le projet de loi contient beaucoup de bonnes choses. Évidemment, en me présentant au Comité aujourd'hui, je me concentre sur les sujets de préoccupation, car ce sont ces domaines que nous aimerions vraiment voir aborder.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Wilson et concerne la façon dont le projet de loi a été présenté.
Ce projet de loi a été déposé par le gouvernement en fin de session parlementaire, l'année dernière. Cela fait donc un an.
Le 18 novembre 2022, un article sur le projet de loi est paru dans La Presse. Il avait pour titre « Un projet de loi pour resserrer la collaboration entre les ports québécois ».
En lisant cet article, on comprenait que l'intention du ministre, au moyen du projet de loi, voulait améliorer la chaîne d'approvisionnement et permettre une meilleure collaboration entre les ports. Or, quand j'ai lu le projet de loi, ce n'est pas nécessairement ce que j'ai compris.
Pourriez-vous nous parler des éléments du projet de loi C‑33 qui permettraient de resserrer la collaboration entre les ports ou d'améliorer la chaîne d'approvisionnement? Cela pourrait peut-être éclairer le Comité.
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Les changements les plus importants apportés à la loi donnent aux ports des pouvoirs supplémentaires en matière de gestion du trafic.
En ce qui concerne la collaboration entre les autorités portuaires, rien ne l'empêche aujourd'hui. Nous communiquons et travaillons avec d'autres autorités portuaires. Plus tôt ce soir, j'étais avec les représentants des ports du Québec lors d'un événement. Il y a beaucoup de mobilisation entre les autorités portuaires par l'intermédiaire de notre association.
Je pense qu'il existe une possibilité, en particulier sur la côte Ouest, d'instaurer une plus grande collaboration entre nous et notamment avec certains autres ports, mais rien ne l'empêche vraiment.
Est‑ce quelque chose qui est exigé dans la loi? C'est une excellente question. Je pense que c'est quelque chose qui mérite d'être pris en considération, mais rien pour l'instant ne constitue un obstacle à la réalisation de cet objectif.
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J'ai été très déçu par la façon vague dont ce projet de loi a été rédigé. Quand nous parlons de contrôle et d'accélération des processus d'exemption, c'est très frustrant parce que je pense que les principaux employeurs ferroviaires que nous voyons au Canada ont des préoccupations différentes. Leurs propriétaires ne sont pas principalement des Canadiens, ce sont des Américains. Alors, lorsqu'on leur accorde une exemption, cela me terrifie, particulièrement lorsque nous parlons d'une procédure accélérée pour la procédure d'exemption, ce à quoi fait allusion ce projet de loi, selon moi.
Nous avons vu des employeurs faire une exemption au chapitre de la sécurité, et ils ont retiré nos gens de la procédure et se sont appuyés sur la technologie. Même en ce qui concerne la Loi sur la sécurité ferroviaire et les règles d'inspection des wagons de marchandises, vous savez, la loi n'est pas censée être changée à moins d'être « plus sécuritaire que ».
Nous avons été retirés du processus, et ces choses ne se produisent pas. Les employeurs disent qu'ils s'appuient sur ces exemptions pour certaines choses, et que cela va améliorer la sécurité ferroviaire, mais en fait ce n'est pas ce qui se passe au Canada. Quand nous parlons d'une « procédure accélérée» , on nous écarte de cette procédure.
Nous avons beaucoup de bonnes choses à apporter et sur lesquelles on peut nous consulter, du point de vue des travailleurs et d'autres points de vue, que ces grands acteurs, qui sont principalement américains, n'apportent pas à la table.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais aborder le projet de loi lui-même. Je dois dire que j'espère que la plupart des membres du Comité ont lu le projet de loi et l'ont vraiment examiné de manière approfondie. Nous avons eu la chance de rencontrer M. Wilson à propos de certaines préoccupations qui ont été soulevées par le projet de loi.
Je veux parler de l'article 114, qui vise à modifier l'article 39 de la Loi maritime du Canada en ce qui concerne le processus de planification des activités. Dans le cadre de ce processus, les autorités portuaires ont l'occasion de soumettre un plan d'affaires quinquennal. Je ne peux que supposer qu'une partie de ce plan d'affaires quinquennal portera sur le financement, une partie de ce que vous avez, soit votre plan de gestion des actifs. La deuxième partie consiste en votre plan d'investissement concernant vos objectifs à mesure que vous progressez dans ce plan quinquennal de développement de l'entreprise.
J'aimerais avoir vos réflexions au sujet de la souplesse financière, en ce qui concerne tant l'emprunt que l'effet de levier, qui existe sur le terrain, mais aussi à l'extérieur, tandis que vous collaborez avec des organisations supplémentaires.
Pouvez-vous nous parler de l'avantage que cela représente et nous dire si les amendements dont vous parlez incluraient ces éléments dans l'ensemble du projet de loi.
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Vous constatez que ce projet de loi met en jeu l'examen de la modernisation des ports, l'harmonisation des chaînes d'approvisionnement, le renforcement des réseaux intermodaux et multimodaux, les investissements en capitaux, la gestion des actifs — à ce sujet — le caractère compétitif des ports, la gestion du trafic, la création de voies navigables intérieures, la mise en œuvre de plans d'affaires stratégiques, la réduction du seuil pour l'examen de l'avis d'investissement, la gouvernance, l'augmentation du nombre de membres, la collaboration avec les groupes consultatifs, la collaboration avec les intervenants, la collaboration avec les groupes autochtones, des choses de ce genre. Je passe en revue une liste que j'ai dressée en lisant le projet de loi.
Il y a aussi la durabilité environnementale, les modifications réglementaires, les mises à jour; dans le domaine ferroviaire, la transparence, les règles, les exemptions, l'alignement, et la liste continue. Il y a la sécurité, la transparence, la consultation, l'efficacité, les exemptions, la collaboration, la capacité d'adaptation, la sécurité, et la liste continue.
Premièrement, trouvez-vous que le projet de loi s'attache à toutes ces choses? Et deuxièmement, pour ce qui est des amendements, votre organisation — et je vais poser la même question aux membres en ligne — est-elle prête à présenter des amendements qui, selon elle, s'imposent en vue d'améliorer ce projet de loi?
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Je conviens qu'ils éviteront d'abuser de ces exemptions, effectivement.
Lorsque nous invitons les parties intéressées appropriées, nous obtenons une vision holistique de répercussions. Par exemple, nous avons parlé d'intégrer des représentants autochtones dans les conseils d'administration. Nous faisons passer des trains sur leurs terres, un point c'est tout. Il s'agit de territoires non cédés et de terres visées par les traités. Nous ne consultons pas tous ceux qui devraient l'être. C'est très bien qu'ils consultent les syndicats, mais c'est actuellement avec eux qu'ils traitent: Transports Canada et les syndicats.
Le fait est que ces trains traversent des communautés différentes, des terres sacrées, des parcs nationaux et des sites de l'UNESCO. Lorsque nous parlons d'un véritable engagement et d'une véritable consultation des parties intéressées, ils ne s'adressent qu'aux représentants syndicaux. C'est tout. Nous ne faisons pas participer tous les intervenants qui ont des préoccupations en matière de sécurité et qui seraient directement touchés par ces exemptions au règlement.
Je suis tout à fait d'accord avec vous lorsque vous dites que les membres du public doivent être consultés à ce sujet, car ces trains traversent leurs collectivités. Les personnes qu'ils consultent actuellement font partie des syndicats. Nous apportons le point de vue des travailleurs, mais pas celui des collectivités que ces trains traversent. Je pense que c'est un élément très important. Ils sont propriétaires et doivent pouvoir s'exprimer. Ils doivent être en mesure de faire part de leurs préoccupations.
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Merci, monsieur le président.
Merci encore à nos témoins d'être restés si tard et d'avoir participé aux discussions sur ce sujet.
J'ai une question pour M. Wilson.
Vous avez parlé de la décarbonisation dans les ports, et je pense que tous ceux à qui nous avons parlé ont reconnu l'énorme occasion qui s'offre à nous. Vous avez également mentionné que beaucoup de ces choses sont déjà en cours de réalisation sous une forme ou une autre.
Le projet de loi habilite le ministre à exiger que les ports produisent des plans quinquennaux de lutte contre les changements climatiques, et c'est conforme à ce que le gouvernement exige d'autres secteurs. Je sais qu'il l'a également proposé pour les aéroports.
Je remarque que beaucoup de plans climatiques d'entreprises sont des exercices de relations publiques. Il s'agit d'un résumé de ce qui se passe et qui peut être grossièrement considéré comme relevant de l'action climatique, mais souvent les mesures de responsabilisation brillent par leur absence. Ils ne disposent pas d'objectifs précis, le genre de détail qui permet au gouvernement ou au public de demander des comptes à une entité. Je ne parle pas des ports en particulier; je parle de manière générale. Au cours des deux dernières décennies, notre expérience en matière de planification climatique a été, je dirais, assez peu brillante dans le secteur des entreprises.
Pour que cet exercice soit utile, comment le gouvernement et le Comité devraient-ils envisager l'ajout d'une certaine reddition de comptes dans les plans climatiques des ports, de sorte qu'il ne s'agisse pas simplement de résumer les choses que le port prévoit de faire, mais que nous disposions d'une feuille de route pour atteindre les types de réductions d'émissions dont nous avons besoin?
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Merci beaucoup, monsieur Wilson.
Merci également à M. Bachrach.
Au nom de tous les membres du Comité, j'aimerais remercier tous les témoins qui se sont joints à nous, en personne ou virtuellement, du temps qu'ils nous ont consacré ce soir, de nous avoir fait part de leur témoignage sur ce projet de loi très important et de l'avoir fait à une heure aussi tardive ce mercredi.
Je vais maintenant suspendre la séance, et nous allons passer aux travaux du Comité à huis clos pendant environ 10 minutes.
Merci à tous. Je demande à tous les témoins de se déconnecter.
[La séance se poursuit à huis clos.]