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Bonjour, soyez les bienvenus à la huitième réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
La réunion d'aujourd'hui se déroulera sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 25 novembre 2021. Les membres du Comité peuvent participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants et aux observateurs de cette réunion qu'il n'est pas permis de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de son écran.
[Traduction]
Compte tenu de la situation actuelle de pandémie et à la lumière des recommandations des autorités sanitaires ainsi que de la directive du Bureau de régie interne du 28 janvier 2022, pour rester en bonne santé et en sécurité, il est recommandé à tous ceux qui participent à la réunion en personne de suivre les consignes qui suivent.
Toute personne présentant des symptômes doit participer par Zoom et ne peut assister à la réunion en personne. Chacun doit maintenir une distance physique de 2 mètres, qu'il soit assis ou debout. Chacun doit porter un masque non médical lorsqu'il circule dans la salle. Il est fortement recommandé que les membres portent leur masque à tout moment, y compris lorsqu'ils sont assis. Des masques non médicaux, qui offrent une meilleure sonorité que les masques en tissu, sont offerts dans la salle. Toutes les personnes présentes doivent maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant pour les mains à l'entrée de la salle. Les salles sont nettoyées avant et après chaque réunion. On invite tous les membres à nettoyer les surfaces telles que le bureau, la chaise et le microphone avec les lingettes désinfectantes fournies lorsqu'ils quittent la salle ou prennent place.
En ma qualité de président, je veillerai au respect des consignes pendant la réunion et je remercie les membres d'avance de leur coopération.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 3 mars 2022, nous nous réunissons pour étudier l'état de préparation du Canada aux menaces posées par la Russie visant les eaux, les ports et l'espace aérien du Canada.
Le Comité recueillera aujourd'hui les témoignages de l'hon. Omar Alghabra, ministre des Transports, et de Michael Keenan, sous-ministre, qui comparaîtront pendant la première partie de la réunion.
Pour la deuxième heure, nous accueillerons des représentants du ministère des Transports: M. Marc-Yves Bertin, directeur général de la Politique maritime; Mme Julie Gascon, directrice générale de la Sécurité et de la sûreté maritime, ainsi que M. Nicholas Robinson, directeur général de l'Aviation civile. Nous entendrons également deux représentants de NAV Canada, soit M. Ben Girard, vice-président et chef de la direction de l'exploitation, et M. Jonathan Bagg, directeur des Relations avec l'industrie et les parties prenantes.
Je remercie l'ensemble des témoins de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Monsieur le ministre, c'est toujours un plaisir de vous avoir parmi nous pour répondre à nos questions. Je suis heureux de vous voir ce matin. Je sais que les membres du Comité ont très hâte de vous soumettre leurs questions.
Sur ce, monsieur le ministre, je vous cède la parole pour votre exposé.
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Bonjour. Je vous remercie infiniment, monsieur le président, comme je remercie nos collègues de m'avoir invité à comparaître de nouveau devant le Comité.
J'aimerais d'abord souligner que je me joins à vous depuis le territoire traditionnel des Algonquins et des Anishinaabe.
J'ai le plaisir d'être accompagné, comme vous l'avez mentionné, monsieur le président, par Michael Keenan, sous-ministre des Transports; Julie Gascon, directrice générale de la Sécurité et de la sûreté maritime; Marc-Yves Bertin, directeur général de la Politique maritime, et Nicholas Robinson, directeur général de l'Aviation civile.
Monsieur le président, permettez-moi de commencer par dire que la Russie doit être tenue responsable de son attaque contre l'Ukraine.
[Français]
La Russie doit répondre de ses gestes.
[Traduction]
Devant l'invasion de l'Ukraine par le président Poutine, le gouvernement a pris des mesures fermes et décisives. Je vous parlerai aujourd'hui des mesures que le Canada a prises pour interdire et contrer toute intrusion d'aéronefs russes dans l'espace aérien, les eaux et les ports canadiens.
En tant que ministre des Transports, je suis résolu à améliorer la sécurité et la sûreté du réseau de transport du Canada, y compris pendant les moments de crise comme celui que nous vivons compte tenu de l'attaque de la Russie contre l'Ukraine. La population canadienne est indignée par ces actes d'agression. Cette violation de l'indépendance de l'Ukraine cause inutilement des pertes de vies, un déplacement massif de réfugiés et des épreuves inouïes pour le peuple ukrainien. Le Canada est solidaire avec l'Ukraine et continuera de faire tout le nécessaire pour répondre à ces attaques non provoquées et injustifiables contre l'Ukraine.
[Français]
Nous continuerons de soutenir l'Ukraine.
[Traduction]
Le 27 février, nous avons annoncé la fermeture de l'espace aérien surplombant le territoire canadien à tous les aéronefs russes. Le 16 mars, nous avons également annoncé la fermeture de l'espace aérien surplombant le territoire canadien à tous les aéronefs bélarusses. Cela signifie que nous avons interdit aux aéronefs appartenant à la Russie ou au Bélarus, nolisés pour eux ou exploités par eux, de survoler le Canada, y compris les eaux territoriales canadiennes.
Quelques jours après notre annonce, les États-Unis nous ont emboîté le pas et ont fermé leur espace aérien à la Russie, rendant essentiellement non viable le service transatlantique aux transporteurs aériens russes. À ce jour, environ 40 pays ont suspendu l'accès de la Russie à leur espace aérien.
Je voudrais prendre un instant pour mentionner des événements survenus depuis la mise en place de ces mesures. Le jour même où le Canada a fermé l'espace aérien surplombant son territoire aux aéronefs russes, le vol 111 d'Aeroflot est entré dans l'espace aérien canadien alors qu'il était en route de Miami à Moscou. Quelques jours après, un aéronef privé transportant deux ressortissants russes a atterri à Yellowknife. Si l'enquête sur Aeroflot se poursuit, l'enquête menée par Transports Canada a permis de conclure que l'aéronef qui a atterri à Yellowknife a été exploité en dépit des restrictions. Le ministère a ainsi infligé des amendes totalisant 24 000 $ aux responsables.
En plus de ces incidents, juste avant l'entrée en vigueur de notre avis aux navigants, ou NOTAM, le 27 février, un avion-cargo Antonov exploité par des Russes a atterri à l'aéroport Pearson, à Toronto. L'avion a été immobilisé au sol et il lui a été interdit de redécoller en raison de l'interdiction applicable aux aéronefs de propriété russe de circuler dans l'espace aérien canadien, car cela constituerait une violation du NOTAM.
Ces incidents sont pris très au sérieux. Nous n'hésiterons pas à prendre des mesures d'application immédiates si d'autres incidents de non-conformité aux restrictions se produisent.
J'ai aussi annoncé que nous avons interdit aux navires appartenant à la Russie ou immatriculés en Russie d'entrer dans les eaux et les ports canadiens. Comme pour les restrictions visant l'espace aérien, nous n'hésiterons pas à prendre des mesures d'application en cas de violation de ces mesures.
En outre, nous avons fermement condamné les actions de la Russie à l'Organisation de l'aviation civile internationale et à l'Organisation maritime internationale. Nous continuerons à dénoncer toute action qui ne serait pas conforme aux obligations internationales.
En conclusion, en fermant notre espace aérien, nos ports et nos eaux aux aéronefs et aux navires appartenant à la Russie ou au Bélarus ou exploités par eux, nous avons agi rapidement pour trouver des moyens de tenir la Russie responsable. Nous avons déjà prouvé que nous agirons rapidement pour punir ceux qui violent ces mesures.
Au-delà de ces actions contre la Russie et le Bélarus, nous prenons également des mesures pour soutenir l'Ukraine. Nous avons établi un protocole d'accord avec l'Ukraine pour reconnaître ses certificats de compétence délivrés conformément à la Convention internationale sur les normes de formation des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille. Cela permettra à un marin ukrainien titulaire d'un permis de travail canadien de servir à bord d'un navire battant pavillon canadien.
Nous continuerons de soutenir l'Ukraine.
J'aimerais remercier le Comité pour sa rétroaction continue concernant les questions des transports. Je me réjouis à l'idée de poursuivre notre collaboration.
Monsieur le président, cela conclut mon allocution. Si le Comité a des questions, j'y répondrai avec plaisir.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Je salue également les autres témoins qui vous accompagnent.
Tout d'abord, j'aimerais vous féliciter, monsieur le ministre, pour votre travail acharné concernant la crise en Ukraine.
À part les sanctions financières dont vous nous avez fait part dans votre discours, tout à l'heure, quels sont les autres types de sanctions qui s'appliquent si un avion russe viole l'interdiction existante?
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Merci, monsieur le président.
Le vol 111 d'Aeroflot dont j'ai parlé venait du sud, de Miami, je crois, et se dirigeait vers Moscou, en Russie. Normalement, dans des circonstances normales, il aurait traversé l'espace aérien canadien. NAV CANADA a émis un avertissement, mais le pilote a invoqué des raisons humanitaires, et NAV CANADA a accédé à la demande du pilote.
Nous avons examiné l'affaire. Nous sommes en train d'enquêter sur la façon dont cela s'est produit et sur les raisons pour lesquelles cela s'est produit. Des mesures seront prises. Ce n'était pas conforme aux règles. Ce n'était pas conforme à l'avis aux navigants qui a été émis par notre gouvernement. C'est pourquoi cela ne s'est jamais reproduit. J'ai eu des conversations avec NAV CANADA sur les circonstances de cet incident.
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Monsieur le ministre, c'est une bonne transition vers ma prochaine question.
Le Bureau d'information sur les zones de conflit de Transports Canada émet des avertissements aux transporteurs aériens sur les risques propres aux activités dans les zones de conflit. Vous avez interdit aux compagnies aériennes, comme vous venez de le mentionner, de pénétrer dans l'espace aérien ukrainien et déconseillé les vols au Bélarus, mais vous n'avez diffusé aucun avis ni formulé aucune interdiction visant l'espace aérien russe.
Bien que les vols canadiens aient été interdits par la Russie, cette information du Bureau d'information sur les zones de conflit est également importante pour les transporteurs des autres pays pour évaluer les risques.
Est‑il sûr de faire passer des vols commerciaux dans l'espace aérien russe à l'heure actuelle?
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue encore une fois, monsieur le ministre.
Il va de soi que nous sommes tous conscients de la gravité de la situation en Ukraine et des conséquences désastreuses pour les résidants de ce pays. Nous comprenons certes qu'il est nécessaire de prendre des mesures, comme nous l'avons fait dans le secteur des transports, malgré les impacts possibles pour nos chaînes d'approvisionnement et notre économie. On peut penser au secteur du transport maritime et à son importance économique, notamment pour les nombreux ports qui en dépendent au nord, à l'est et à l'ouest du pays, et à cette interdiction qui a d'inévitables répercussions pour tous ces intervenants.
Comment comptons-nous assurer le respect de cette interdiction, et est‑ce que la Garde côtière sera déployée en cas d'incursion?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, permettez-moi de dire que nos pensées sont avec le peuple ukrainien.
NAV CANADA est la société sans but lucratif qui possède et exploite le premier système de navigation aérienne privatisé au monde, qui assure le mouvement le plus sécuritaire et le plus efficace des aéronefs du Pacifique vers l'Arctique jusqu'au milieu de l'Atlantique, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. NAV CANADA exploite le deuxième plus grand système de navigation aérienne au monde. Pour soutenir nos 45 000 clients, nous employons 4 000 personnes et nous déployons des technologies révolutionnaires pour assurer la sécurité de l'espace aérien. La sécurité est notre raison d'être, et notre dossier de sécurité est l'un des meilleurs au monde.
NAV CANADA remercie le Comité de son invitation à répondre à ses préoccupations concernant les restrictions qui ont été imposées récemment aux aéronefs russes qui entrent dans l'espace aérien canadien. En temps normal, la capacité de NAV CANADA à agir dans ce domaine est très limitée. Plus précisément, dans le cadre de notre mandat d'exploitation du système de navigation aérienne civile conformément aux normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale, comme stipulé dans la loi qui régit notre organisation, nous n'avons pas le pouvoir de choisir qui peut ou ne peut pas évoluer dans notre espace aérien.
Notre mission est de veiller à ce que les aéronefs évoluent de façon sécuritaire et efficace dans notre espace aérien, en assurant un espacement sécuritaire entre les aéronefs. Lorsque des restrictions sont mises en place au moyen d'un avis aux aviateurs, ou d'un NOTAM, tous les pilotes sont tenus de s'y conformer. La sécurité et la sûreté du système mondial de navigation aérienne dépendent du respect et de l'adhésion de milliers d'aéronefs et de leurs pilotes aux milliers de NOTAM qui peuvent être émis à tout moment.
En pratique, NAV CANADA ne dispose pas d'un moyen d'empêcher l'entrée d'aéronefs dans notre espace aérien. Nous ne sommes pas responsables des mesures d'application à l'encontre d'un exploitant d'aéronef qui viole un NOTAM. Si un pilote ignore ou enfreint un NOTAM, NAV CANADA n'a qu'une seule ligne de conduite à suivre: signaler l'aéronef fautif aux autorités compétentes tout en s'assurant que l'aéronef fautif n'a pas d'incidence sur la sécurité de tous les autres aéronefs dans l'espace aérien. Même si un NOTAM est en place, NAV CANADA doit obtenir une autorisation ministérielle pour refuser aux contrevenants les autorisations du contrôle de la circulation aérienne. Même en disposant d'une autorité spécifique permettant de refuser les autorisations, il n'est pas garanti qu'un pilote s'y conformera. Il peut choisir de pénétrer dans l'espace aérien.
En ce qui concerne le signalement du contrevenant, selon les procédures existantes, NAV CANADA doit informer Transports Canada. Il incombe à Transports Canada d'ouvrir une enquête et d'imposer les peines appropriées. Si un engagement physique ou une application en temps réel est nécessaire, Transports Canada peut choisir de faire appel au ministère de la Défense nationale.
Dans la matinée du dimanche 27 février 2022, le a fait une déclaration sans précédent: l'espace aérien du Canada est désormais fermé à tous les exploitants d'aéronefs russes. Transports Canada a ensuite autorisé l'émission d'un NOTAM interdisant aux aéronefs russes l'accès à l'espace aérien canadien, et NAV CANADA a émis le NOTAM à la mi‑journée.
La situation était d'autant plus complexe que la FAA, en tant qu'exploitante de l'espace aérien adjacent, n'avait pas encore mis en place de restrictions. Cet après‑midi‑là, le vol 111 d'Aeroflot a décollé de l'aéroport international de Miami et s'est approché de l'espace aérien canadien. La FAA a indiqué à un contrôleur de NAV CANADA que le pilote était au courant du NOTAM, mais a prétendu avoir l'autorisation de pénétrer dans l'espace aérien canadien en déclarant qu'il s'agissait d'un vol humanitaire. NAV CANADA ne détermine toutefois pas la validité de ces déclarations, cette fonction relevant plutôt de Transports Canada.
Il est important de souligner que, malgré le NOTAM qui a été émis initialement, tout aéronef qui déclare effectuer un vol humanitaire, une évacuation médicale ou un autre type de vol d'urgence, a, selon les processus et les procédures en vigueur, accès à l'espace aérien et aux autorisations du contrôle de la circulation aérienne conformément aux protocoles de l'aviation civile internationale.
NAV CANADA a immédiatement informé Transports Canada du fait que le vol 111 d'Aeroflot s'était déclaré comme étant un vol humanitaire et de son entrée dans l'espace aérien canadien, conformément aux procédures et aux processus approuvés. Le lundi 28 février, Transports Canada a autorisé par écrit NAV CANADA à refuser les autorisations du contrôle de la circulation aérienne pour tous les vols russes, y compris les vols humanitaires, les vols d'évacuation médicale et les vols de recherche et de sauvetage. Une exception subsiste pour les situations d'urgence en vol. Dans ce cas, les aéronefs sont dirigés vers l'installation la plus proche.
À NAV CANADA, nous sommes fiers du travail qu'ont accompli nos employés pour élaborer rapidement et faire connaître les nouvelles procédures qui rendent opérationnelles les nouvelles restrictions et les mettre en œuvre en toute sécurité.
En résumé, monsieur le président, notre principale responsabilité est de gérer l'espace aérien au‑dessus du Canada afin d'assurer le transit sécuritaire de tous les aéronefs dans cet espace aérien. Nous sommes convaincus que toutes les mesures prises par NAV CANADA et son personnel à l'égard de cette affaire l'ont été de façon professionnelle et dans toute la mesure permise par les autorités, les lois, les règlements, les procédures et les politiques applicables.
Je serai heureux de répondre à toutes les questions du Comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos invités.
Je veux simplement dire que c'était formidable de revoir le ministre. Dans ses commentaires, il a dit qu'il y a des sanctions qui fonctionnent et, espérons‑le, qui ont un effet quelque peu dévastateur sur la Russie. Je pense que c'est une bonne nouvelle, mais il y a aussi des dommages collatéraux, c'est‑à‑dire que quelques-unes de ces sanctions ont également un effet dévastateur sur certaines personnes au Canada. Avant de poser ma question, je tiens à préciser que tous les gens qui ont communiqué avec mon bureau, qu'il s'agisse d'un représentant d'une entreprise agroalimentaire ou d'un agriculteur, appuient les sanctions, mais ils ont de profondes inquiétudes.
Je représente la circonscription de Simcoe—Grey, qui se trouve à avoir une très importante base agricole. Comme vous le savez, le printemps est arrivé et les agriculteurs se préparent à ensemencer leurs terres. Cela suppose aussi l'utilisation d'engrais. Je suis sûr que la plupart d'entre vous savent que la Russie fournit une grande partie de l'engrais composé de phosphate monoammonique dans le monde, qui est essentiel à la production alimentaire du Canada. À l'heure actuelle, le Canada n'en produit pas du tout.
Dans ma circonscription, plusieurs personnes m'ont contacté, tant des utilisateurs finaux que des représentants d'entreprises agroalimentaires. Ces gens sont préoccupés par les répercussions qu'ont les restrictions ou l'interdiction visant les fabricants russes, surtout en ce qui concerne ces engrais. En clair, si nous n'utilisons pas les engrais bientôt, les rendements des récoltes de l'automne seront grandement réduits dans tout le Canada. Le processus pour obtenir de l'engrais est long. Les quantités ont été commandées bien avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine. Le paiement se fait souvent longtemps à l'avance. Les contrats sont signés et les frais d'annulation sont importants.
Alliance Agri-Turf, qui se trouve à être dans ma circonscription et qui, en fait, est une grande entreprise au Canada, est un important fournisseur d'engrais pour le centre de l'Ontario. Elle a communiqué avec moi pour me faire part de ses inquiétudes concernant l'envoi au Canada d'engrais composé de phosphate monoammonique. La marchandise devait initialement lui être expédiée le 15 mars, mais Transports Canada lui a dit que son entrée au Canada ne serait pas autorisée. La date a été repoussée à cette fin de semaine dans l'espoir que la situation se règle.
Je me demande si quelqu'un ici peut nous fournir de l'information à jour sur la question des engrais. Comme nous le savons, il n'y en a pas beaucoup ailleurs. Je veux savoir si quelqu'un ici présent peut peut-être nous éclairer.
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Comme je l'ai mentionné, je pense que c'est une question qui doit être posée à nos collègues du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Cela dit, si l'on prend un peu de recul, le commerce entre le Canada et la Russie est relativement peu important, mais il est très axé sur certaines marchandises en vrac — des marchandises en vrac dans le secteur pétrolier et des produits chimiques, y compris les engrais, comme vous l'avez mentionné. Comme le ministre l'a indiqué précédemment, des mesures ont été prises contre certaines marchandises. Par conséquent, en ce qui concerne les engrais, un navire affrété battant pavillon russe peut être touché par les dispositions d'interdiction des navires.
Je pense qu'au fil du temps, il sera important que les importateurs canadiens restent attentifs, évidemment, aux interdictions que le gouvernement a édictées pour s'assurer qu'ils n'enfreignent pas ces mesures.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Merci, monsieur Bertin.
[Traduction]
Il existe plusieurs façons de déterminer la propriété d'un navire. Le plus simple, c'est quand le navire appartient à la Russie et arbore un pavillon russe sur la poupe: il s'agit d'un navire russe. Un navire peut appartenir à la Russie, mais être enregistré dans un autre pays. C'est aussi souvent très clair.
Une analyse un peu plus approfondie est parfois nécessaire lorsque le navire est affrété, partiellement affrété ou loué. Dans ce cas, avec les partenaires des centres d'opérations de la sécurité maritime — la Garde côtière, la Défense nationale, l'ASFC, la GRC, Transports Canada et le ministère des Pêches et des Océans —, nous effectuons une analyse approfondie de tous les éléments qui sont reçus sur ce navire particulier et de sa cargaison, et nous synchronisons notre analyse avec le rapport préalable à l'arrivée, lequel est normalement envoyé au centre d'opérations de la sécurité maritime. Forts de cette analyse, nous fournissons des renseignements aussi détaillés que possible à nos collègues des Affaires mondiales, qui prennent la décision définitive et peuvent demander des documents supplémentaires si nous avons des doutes quant à la possibilité que le navire ou l'un de ses affréteurs réponde à la définition des sanctions.
Il s'agit d'une opération complexe, mais le soutien de nombreux ministères permet une analyse approfondie du navire.
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En ce qui concerne les interdictions, je rappelle qu'environ 1 % des escales de navires au Canada sont liées à la Russie. Cependant, diverses mesures ont été mises en place, et certaines des principales compagnies maritimes ont pris des mesures.
Quant aux répercussions, les sanctions ont évidemment des effets très importants sur la façon dont les acteurs de la chaîne d'approvisionnement procèdent pour s'assurer qu'ils n'enfreignent pas les divers régimes de sanctions qui existent dans le monde. Cela signifie donc qu'un large éventail d'acteurs — qu'il s'agisse de banquiers, d'assureurs, d'expéditeurs ou autres — doivent examiner leurs relations beaucoup plus soigneusement qu'auparavant, afin de s'assurer qu'ils sont du bon côté de la loi dans ces contextes.
Nous assistons à une intensification de la surveillance, ce qui peut entraîner des retards. Nous constatons certains détournements, mais aussi, comme je le mentionnais, un ralentissement des activités portuaires russes.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adressera à M. Girard, de NAV CANADA.
Monsieur Girard, lors de votre discours d'ouverture, vous avez parlé du vol d'Aeroflot. Si j'ai bien compris, vous avez dit qu'il y avait eu une certaine confusion quant à l'autorisation ou à la non-autorisation de ce vol, étant donné que la Federal Aviation Administration des États‑Unis, ou FAA, n'avait pas donné de directive. Je suppose que ce vol était en partance des États‑Unis.
La FAA vous a transmis de l'information et vous avez eu des discussions avec ses représentants. Quand un vol entre dans l'espace aérien canadien, vos vérifications se font-elles auprès de l'avion ou auprès du pays d'origine?
J'aimerais que vous me clarifiiez tout cela.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Barsalou‑Duval.
Je voudrais d'abord préciser qu'il n'y a pas eu de confusion.
Avant le vol, nous discutions avec Transports Canada et nous avons demandé à la FAA de changer l'itinéraire du vol pour le garder hors de l'espace aérien canadien. C'est à ce moment que les contrôleurs de la FAA ont mentionné qu'ils étaient au courant de l'avis aux aviateurs, ou NOTAM, et que le vol avait l'autorisation de passer, car il s'agissait d'un vol à caractère humanitaire.
Selon les procédures qui existaient à ce moment pour les contrôleurs aériens, qui sont appuyées, et même mandatées par l'Organisation de l'aviation civile internationale, ou OACI, il fallait laisser entrer ce vol, parce qu'il s'était déclaré comme étant un vol à caractère humanitaire. Les mêmes règles s'appliqueraient à un vol de recherche ou à un vol d'évacuation médicale. Ce sont les procédures qui existaient à ce moment. Le contrôleur en fonction a appliqué les procédures qui existaient et il a laissé entrer le vol, en coordination avec le contrôleur de la FAA.
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Merci, monsieur Girard.
Merci, monsieur le président.
La définition que donne le Canada des vols d'urgence ou à vocation humanitaire est très claire dans la Loi sur la commercialisation des services de navigation aérienne civile, ou LCSNAC. On parle ici d'évacuation médicale, de recherche et de sauvetage, ou de vols liés au transport lors d'une urgence internationale. Dans ce cas, après examen, nous sommes préoccupés par la façon dont Aeroflot s'est identifiée dans son plan de vol avant le départ des États-Unis, en déclarant un vol à vocation humanitaire. Nous sommes déçus par l'opérateur qui a tenté, semble‑t‑il, de contourner les normes et pratiques en vigueur dans le secteur de l'aviation en matière de vols à vocation humanitaire. Les vols à vocation humanitaire servent, dans des situations d'urgence, à garantir que nous sommes en mesure de donner la priorité à des vols dans des endroits particuliers ou de les placer en tête de file, pour ainsi dire. Dans ce cas particulier, ce n'est pas ce que nous constatons. Nous continuons d'enquêter sur cette action d'Aeroflot et nous sommes très déçus de l'usage qu'elle a fait de la désignation de vol à vocation humanitaire.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les fonctionnaires de leur présence aujourd'hui et de leurs réponses à nos questions.
J'ai quelques questions pour NAV CANADA, mais je veux commencer par poser une question à M. Bertin.
Vous parliez tout à l'heure des exportations russes vers le Canada et de différents produits. Je comprends que le Canada ait annoncé l'interdiction d'importer des produits pétroliers bruts, mais peu de produits pétroliers bruts russes, voire aucun, du moins récemment, ne sont entrés au Canada. Comme vous l'avez souligné, les autres produits du pétrole et les autres produits pétroliers et gaziers représentent un pourcentage important des échanges commerciaux entre le Canada et la Russie. Je me demande si vous pouvez nous expliquer pourquoi le gouvernement n'a pas imposé d'interdiction sur les autres produits du pétrole. Si l'objectif est de faire pression sur la Russie et de la faire souffrir sur le plan économique, il semblerait que cibler les produits que la Russie nous vend effectivement serait un moyen plus efficace d'y parvenir.
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Comme je l'ai indiqué dans ma déclaration préliminaire, les NOTAM sont destinés à des milliers de pilotes, ou à quiconque se trouve dans les airs. Les destinataires obéissent aux NOTAM afin d'assurer la sécurité de l'espace aérien. En un sens, lorsque le NOTAM est diffusé, il entre immédiatement en vigueur, et tous les pilotes sont tenus de s'y conformer.
Du point de vue de Nav Canada, un certain temps est requis entre le moment où le NOTAM est diffusé et celui où il est mis en application. Vous devez comprendre que la mesure que le gouvernement a prise est sans précédent. Personnellement, je suis au service de la société depuis 33 ans, et je n'ai jamais rien vu de la sorte. Il s'agit donc de procédures qui n'existaient pas auparavant. Le secteur de l'aviation est grandement réglementé, et il exige que nous élaborions des procédures en nous conformant à un certain processus et à un système réglementé de gestion de la sécurité, dans le cadre desquels nous devons repérer les risques et déterminer si des mesures d'atténuation sont nécessaires.
De plus, à tout moment, des centaines de contrôleurs aériens doivent être relevés de leur poste et informés de la nouvelle procédure. Entre la diffusion du NOTAM et sa mise en application, il faut prévoir du temps.
Pour répondre à votre question, le NOTAM entre en vigueur dès sa publication, mais Nav Canada a besoin de temps pour informer les contrôleurs aériens et mettre en application la procédure, pour aller directement [difficultés techniques].
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Monsieur le président, je me demande si je pourrais ajouter quelque chose.
L'avis est destiné aux équipages qui se trouvent dans la zone touchée et ses alentours. Je vais vous donner des exemples. Nous diffusons des NOTAM assez fréquemment lorsqu'un avion est immobilisé sur une piste, lorsque des problèmes de balisage surviennent sur une autre piste ou lorsque des travaux de construction peuvent être en cours sur une autre piste. Il peut y avoir de nombreux cas possibles.
Si un avion est immobilisé sur une piste, oui, de nombreuses personnes seront informées de la situation. Elles seront très conscientes de ce qui se passe, même si le NOTAM n'a pas encore été diffusé. Les personnes se trouvant dans cet espace aérien s'emploieront à contourner le problème. Les médias pourraient également faire état de la situation, et un NOTAM pourrait suivre. C'est l'outil utilisé pour informer les équipages. La décision de diffuser le NOTAM a été prise avant que l'information n'ait été communiquée.
Nav Canada et Transports Canada travaillent très rapidement. Nous pouvons diffuser des NOTAM assez rapidement. Je pense que, dans le cas qui nous occupe, nous avons discuté de la possibilité de diffuser un NOTAM même plus tôt pendant le week-end, afin que le système soit prêt si la décision était prise.
Je précise encore une fois que le NOTAM est l'avis. C'est l'affiche qui informe tout le monde que cette mesure a été prise. La décision peut être prise à cet égard et les personnes peuvent certainement être informées de l'avis à venir, avant que l'avis proprement dit ne soit diffusé.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de s'être joints à nous aujourd'hui.
J'aimerais examiner de façon un peu plus approfondie la coopération en matière de transport au sein du gouvernement. Comment Transports Canada collabore‑t‑il avec le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes, et comment coordonne‑t‑il ses activités avec ces organisations pour faire en sorte de cerner la situation dans l'espace aérien canadien?
Je ne suis pas sûre de savoir qui, de Transports Canada ou NavCan, peut répondre à cette question. Si quelqu'un voulait bien répondre à la question ou formuler des observations à ce sujet, je lui en serais reconnaissante.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Girard et porte sur les systèmes de détection.
Si j'ai bien compris, quand un avion arrive de l'étranger et entre dans l'espace aérien canadien, un plan de vol doit habituellement déjà avoir été établi. Ainsi, on est au courant de l'arrivée de l'avion et on peut gérer son arrivée. Comment procède-t-on dans le cas où un avion arrive de l'étranger, mais qu'il n'a pas de plan de vol? Que se passe-t-il dans ce cas? Quel est votre rôle?
J'aimerais poser une autre question.
Les systèmes de détection de NAV CANADA, qui permettent de savoir qu'un avion entre dans l'espace aérien canadien, sont-ils les mêmes que ceux de la Défense nationale? La Défense nationale a-t-elle ses propres systèmes? Comment fonctionne la gestion à cet égard?