Bienvenue à la 85e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 26 septembre 2023, le Comité se réunit pour discuter du projet de loi .
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément au Règlement. Par conséquent, les membres sont présents en personne dans la salle et à distance à l'aide de l'application Zoom.
Je tiens à informer le Comité que les ordinateurs de tous les témoins qui comparaissent virtuellement ont fait l'objet de tests de qualité sonore au bénéfice de nos interprètes, et qu'ils ont tous réussi les tests.
Chers collègues, nous accueillons aujourd'hui, de 15 h 30 à 16 h 30, pour la première moitié de notre réunion, M. Eric Harvey, avocat principal de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada.
Soyez le bienvenu.
Nous accueillons également M. Nathan Cato, vice-président adjoint, Affaires gouvernementales, Canadien Pacifique Kansas City.
Bienvenue à vous aussi.
Enfin, nous accueillons M. Marc Brazeau, président-directeur général de l'Association des chemins de fer du Canada.
Soyez le bienvenu.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires.
Je vous cède donc la parole, monsieur Harvey. Vous avez cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Le CN, ou Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, remercie le Comité de son invitation à venir témoigner aujourd'hui sur le projet de loi , qui vise à modifier diverses dispositions législatives, incluant la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi maritime du Canada.
À titre d'opérateur d'un chemin de fer qui, au Canada, relie l'océan Atlantique à l'océan Pacifique de même que le golfe du Mexique, aux États‑Unis, nous sommes heureux de pouvoir fournir nos commentaires sur ce projet de loi.
De manière générale, nous encourageons le gouvernement à faire preuve de réserve et à n'intervenir dans le secteur des transports que dans la mesure où une analyse rigoureuse démontre l'existence d'un problème que les forces commerciales ne peuvent pas régler, et dans la mesure strictement nécessaire pour régler le problème. Il lui faudra aussi tenir compte de l'impact qu'une intervention seule ou cumulée à d'autres interventions peut avoir sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Toute intervention législative doit considérer les investissements importants requis pour maintenir un service ferroviaire sécuritaire et efficace, qui satisfait les exigences législatives visant les services que nous devons offrir à tous nos clients.
Concernant les modifications à la Loi sur la sécurité ferroviaire, nous comprenons l'objectif poursuivi par le gouvernement de vouloir mieux encadrer la sûreté ferroviaire. Je tiens à souligner que les chemins de fer canadiens intègrent depuis plusieurs années, de leur propre initiative, des protocoles visant à prévenir le type d'événements que vise le projet de loi et à répondre à de tels événements. Nous voyons donc d'un bon œil cette proposition.
Je réitère toutefois la suggestion selon laquelle les mots « sécurité » et « sûreté » soient redéfinis de façon distincte plutôt que réunis dans un seul concept, comme le projet de loi le propose. Cette absence de distinction pourrait mener à des débats inutiles sur la portée des mesures de mise en œuvre ou de contrôle.
Nous prenons aussi acte de l'intention de Transports Canada d'ajouter des interdictions concernant l'altération, l'endommagement et la destruction des installations ferroviaires, de même que les comportements dangereux sur celles-ci. Il s'agit de bases juridiques additionnelles nous permettant de réagir si nécessaire.
[Traduction]
En vertu de la Loi maritime du Canada, les ports auxquels elle s'applique gèrent leurs affaires sur une base commerciale afin de maximiser l'efficacité de leurs opérations et de soutenir l'économie canadienne. Selon ce que nous comprenons, le projet de loi ne modifiera pas ce principe directeur.
Il ne fait aucun doute que les ports canadiens représentent une infrastructure essentielle de notre chaîne d'approvisionnement nationale. Leur efficacité détermine le débit de cette chaîne d'approvisionnement et profite à l'économie canadienne. De notre point de vue, les ports canadiens se sont acquittés de leur mandat dans le cadre de la structure actuelle.
Nous appuyons les dispositions du projet de loi qui déclareront que les terminaux portuaires sont à l'avantage général du Canada. Cela donnera une plus grande certitude en ce qui concerne la compétence fédérale sur ces entités afin que les données puissent être recueillies et utilisées pour accroître l'efficacité des ports. Pour maximiser la capacité existante, il faut une meilleure coordination entre les exploitants des terminaux portuaires, les utilisateurs des ports, les chemins de fer et les autres participants à la chaîne d'approvisionnement grâce à la communication de renseignements en temps réel. Cette disposition est un pas dans la bonne direction.
Même si le projet de loi ne traite pas directement de cette question, nous aimerions commenter un point important qui fait l'objet d'un large consensus, soit la nécessité d'investir dans la chaîne d'approvisionnement canadienne.
Selon un rapport récent, le Canada aura besoin, au cours des 50 prochaines années, d'investissements de 4,4 billions de dollars dans l'infrastructure maritime et de transport pour répondre à la croissance de la population et du PIB. Cette conclusion est conforme au consensus selon lequel tous les participants à la chaîne d'approvisionnement et les divers ordres de gouvernement ont la possibilité de travailler ensemble à l'atteinte d'un objectif commun. Nous avons proposé au gouvernement de mettre cette option en branle, en commençant par des mesures fiscales qui favoriseraient les investissements de tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement. Nous réitérons aujourd'hui cet impératif. Nous croyons que cette mesure encouragerait les terminaux céréaliers de Vancouver, par exemple, à accorder la priorité à une infrastructure qui permet de charger des navires céréaliers sous la pluie, une opération actuellement impossible dans le port le plus achalandé du pays, mais qui l'est juste au sud de la frontière, et qui limite la capacité de la chaîne d'approvisionnement du grain canadien.
[Français]
Nous vous remercions et sommes reconnaissants de l'occasion qui nous est offerte d'échanger avec les membres du Comité sur toute question que vous pouvez avoir.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de son invitation à discuter du projet de loi .
Je suis vice-président adjoint, Affaires gouvernementales, Canada, pour la compagnie Canadien Pacifique Kansas City Limitée.
[Traduction]
Le 14 avril 2023, le Canadien Pacifique et le Kansas City Southern ont fusionné pour créer CPKC, le premier et le seul réseau ferroviaire de catégorie 1 qui unit l'Amérique du Nord en un lien continu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Le réseau de CPKC nous permet d'offrir des options plus sûres, plus fiables et concurrentielles pour les expéditeurs, en particulier en leur offrant maintenant un accès inégalé aux ports nord-américains.
Je vais commencer par la sécurité, car chez CPKC, tout commence par la sécurité, chaque jour.
[Français]
La sécurité ferroviaire est à la base de tout ce que nous faisons.
[Traduction]
En 2022, notre réseau du Canadien Pacifique a de nouveau mené l'industrie ferroviaire de l'Amérique du Nord en matière de sécurité, atteignant la plus faible fréquence d'accidents de trains parmi tous les chemins de fer de catégorie 1 pour la 17e année consécutive, et notre rendement en matière de sécurité continue de s'améliorer.
La fréquence de nos accidents en 2022 est la plus faible jamais enregistrée par le CP. Nous obtenons également un meilleur rendement en matière de sécurité par rapport à nos pairs de l'industrie. En 2013 — il y a 10 ans —, notre réseau du CP affichait un taux de fréquence des accidents de train d'environ 29 % inférieur à la moyenne de l'industrie de catégorie 1 en Amérique du Nord. En 2022, ce pourcentage a été inférieur de 69 % à la moyenne de l'industrie de catégorie 1.
[Français]
Entre 2016 et 2022, le CP a également amélioré de 40 % ses performances en matière de sécurité des personnes contre les blessures corporelles.
[Traduction]
Ces résultats en matière de sécurité sont attribuables à un investissement important dans les ressources humaines, les processus et la technologie. En fait, au cours de la dernière décennie, après l'ajustement pour tenir compte de l'inflation, nos investissements en capital ont été d'environ 50 % plus élevés qu'ils ne l'avaient été au cours de la décennie précédente.
CPKC appuie la position de l'industrie ferroviaire selon laquelle le Parlement devrait modifier le projet de loi pour inclure des définitions distinctes de « sécurité » et de « sûreté » dans la Loi sur la sécurité ferroviaire, ou LSF. Dans sa forme actuelle, le projet de loi ajouterait à la LSF une définition de « sécurité » qui englobe la notion de « sûreté ». La « sécurité » et la « sûreté » sont deux notions distinctes.
[Français]
Les programmes de sécurité sont conçus pour prévenir les actes intentionnels d'individus cherchant à nuire ou à causer des dommages. Par nécessité, les mesures mises en œuvre pour faire face aux risques de sécurité sont différentes de celles qui concernent la sureté, et l'information à leur sujet est nettement plus restreinte afin de préserver leur efficacité.
[Traduction]
L'inclusion de définitions distinctes de ces deux notions dans la LSF ajouterait à la clarté, la précision et l'exactitude de la Loi.
En ce qui concerne les modifications de la Loi maritime du Canada, nous demandons avec instance au Parlement de modifier le projet de loi afin d'exiger que des experts de la logistique et de la chaîne d'approvisionnement soient nommés aux conseils d'administration des autorités portuaires du Canada.
Les autorités portuaires du Canada doivent rendre davantage de comptes aux utilisateurs, y compris aux exploitants de terminaux, aux chemins de fer et aux sociétés maritimes. Si l'objectif des chaînes d'approvisionnement du Canada est de maximiser le débit, ce qui est tout à fait normal, alors les ports doivent être régis par des conseils qui ont une expérience et une expertise approfondies en matière de logistique complexe de la chaîne d'approvisionnement.
[Français]
La structure de gouvernance actuelle a permis que les ports soient dirigés par des conseils d'administration qui manquent souvent d'expertise en matière de gestion portuaire, de transport des marchandises et du monde des affaires.
[Traduction]
Le manque d'expertise entraîne souvent des décisions qui nuisent à la gestion optimale et efficiente du fret dans les ports du Canada, qui sont des éléments essentiels de notre infrastructure de la chaîne d'approvisionnement.
À titre d'exemple, mentionnons l'utilisation inefficace des terrains portuaires, qui limite la capacité des ports à accueillir des volumes croissants de marchandises. Les chaînes d'approvisionnement du Canada ont besoin de ports de calibre mondial et, pour atteindre cet objectif, il est impératif que nos ports fonctionnent de façon à optimiser et à synchroniser leur efficacité et leur débit au maximum.
L'amélioration du rendement des ports devrait être une priorité urgente. Le port de Vancouver a récemment été classé 347e sur 348 selon l'indice de rendement des ports à conteneurs de la Banque mondiale et de S&P Global.
Le projet de loi , dans sa forme actuelle, est une occasion ratée d'apporter des améliorations significatives à la gouvernance portuaire au Canada. Le Canada dispose d'une expertise de calibre mondial au chapitre de la logistique et de la chaîne d'approvisionnement. Il est déplorable que ce projet de loi n'englobe pas cette expertise en confirmant son importance par une réforme de la gouvernance.
Ce n'est pas un nouveau concept de transport au Canada. Par exemple, bon nombre des administrations aéroportuaires du Canada appliquent des règlements qui prescrivent les qualités requises pour être nommé à leur conseil d'administration. De même, les règlements administratifs de NAV CANADA exigent que des utilisateurs soient nommés à un nombre minimum de postes au conseil d'administration.
Le Parlement devrait saisir l'occasion qui lui est offerte d'améliorer l'efficacité, la fiabilité et la capacité de production des ports canadiens en insistant pour qu'ils soient régis par des conseils d'administration dotés d'une grande expertise en matière de chaîne d'approvisionnement.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et chers membres du Comité.
[Traduction]
La sécurité est la priorité de tous les chemins de fer et de tous les cheminots. Les chemins de fer canadiens sont les plus sûrs en Amérique du Nord, parmi les plus sûrs au monde et ils le deviennent de plus en plus.
En 2022, le taux moyen d'accidents ferroviaires canadiens de catégorie 1 était d'environ 40 % inférieur au taux moyen d'accidents ferroviaires américains de catégorie 1. Au cours de la dernière décennie, le taux de la catégorie 1 s'est amélioré de plus de 20 %.
Le taux d'accidents liés aux marchandises dangereuses dans le secteur ferroviaire canadien s'est amélioré de 49,1 %. Bien que les volumes de fret aient augmenté en 10 ans, le nombre d'accidents a diminué. Le transport ferroviaire est le moyen le plus sûr de transporter des marchandises par voie terrestre.
Entre 2009 et 2018, les accidents de la route mettant en cause des marchandises dangereuses ont été 17 fois plus fréquents que les accidents ferroviaires, et les déversements ont été 14 fois plus fréquents dans le secteur du camionnage.
Les chemins de fer du Canada offrent le rendement le plus élevé en Amérique du Nord en matière de sécurité, une innovation environnementale de premier plan et un service solide, et ce, pratiquement au coût le plus bas au monde.
Les tarifs de fret ferroviaire du Canada sont les plus bas, en moyenne, parmi les grandes économies de marché, soit 11 % de moins qu'aux États-Unis et, dans certains cas, moins de la moitié du tarif moyen des chemins de fer de marchandises européens. Les chemins de fer canadiens offrent une valeur exceptionnelle aux importateurs et exportateurs canadiens.
Les chemins de fer sont des liens fiables dans des chaînes d'approvisionnement complexes. Par exemple, le temps de transit des marchandises conteneurisées transportées de Shanghai à l'Ontario et au Québec a augmenté de 13,8 jours, ou 52 %, pendant la pandémie, de 2019 à 2022. Dans une proportion de 99 %, cette augmentation s'est produite avant que le conteneur ne soit chargé sur un wagon. Entretemps, le temps de transit du grain de la Saskatchewan vers les marchés asiatiques en 2022 a été inférieur d'une journée à celui de 2019. Les chemins de fer du Canada ont contribué le plus à cette réduction, malgré les défis posés par une pandémie mondiale et les restrictions en matière de santé publique.
[Français]
Les chemins de fer canadiens sont écologiques et le deviennent de plus en plus. Ils sont de trois à quatre fois plus économes en carburant que les camions. Une seule locomotive peut transporter une tonne de marchandises sur plus de 220 kilomètres avec un seul litre de carburant.
Plus de 34 000 femmes et hommes travaillent 24 heures sur 24 partout au Canada pour acheminer de façon sécuritaire et durable les produits canadiens vers les marchés mondiaux et les gens vers leurs destinations.
[Traduction]
En plus des engagements des compagnies de chemin de fer en matière de sécurité, le secteur ferroviaire est l'un des plus fortement réglementés au Canada, sinon le plus réglementé. Toute affirmation selon laquelle les chemins de fer s'autoréglementent est tout simplement et objectivement fausse. Les chemins de fer sont réglementés par la Loi sur les transports au Canada, la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi sur le transport des marchandises dangereuses, entre autres.
Les chemins de fer se conforment à des milliers de lois, de règlements, de règles et d'exigences en matière de sécurité. Rien qu'en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire, 22 règlements normatifs détaillés régissent l'exploitation ferroviaire. Le Règlement sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire, ou SGSF, en est un exemple.
Le SGSF est un système réglementé de processus de sécurité élaboré en consultation avec des représentants syndicaux. Les processus du SGSF sont omniprésents à tous les niveaux d'une compagnie de chemin de fer, à tous les postes et à toutes les fonctions dans l'ensemble du réseau. La réglementation du SGSF représente une couche supplémentaire importante de la sécurité ferroviaire.
Transports Canada effectue régulièrement des vérifications exhaustives de ces systèmes pour en vérifier la conformité et en évaluer l'efficacité.
Cette culture d'amélioration continue a permis d'apporter des améliorations indéniables à la sécurité. Les chemins de fer du Canada ont investi plus de 20 milliards de dollars au cours des dernières décennies dans le réseau ferroviaire canadien de 43 000 kilomètres. Ces investissements comprennent des technologies novatrices qui améliorent la sécurité, comme les détecteurs en voie, la géométrie des rails et la vision machine. Les chemins de fer utilisent des capteurs et des algorithmes pour prévoir et prévenir les défaillances de matériel.
Les investissements dans la technologie vont de pair avec la formation, les programmes de sensibilisation et une surveillance réglementaire rigoureuse. Dans le cadre du programme TRANSCAER, l'Association des chemins de fer du Canada, ou ACFC, et ses membres ont offert gratuitement une formation de calibre mondial à nos partenaires communautaires partout au Canada. Nous avons formé plus de 28 000 premiers intervenants depuis 2000.
La sécurité est une responsabilité partagée.
L'Opération Gareautrain, financée par l'ACFC et Transports Canada, vise à réduire le nombre d'incidents et d'intrusions aux passages à niveau et à sauver des vies.
L'initiative de proximité, dont les lignes directrices ont été élaborées en partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités, aide à accroître la sécurité et à éviter les conflits inutiles découlant de la proximité entre les chemins de fer et la collectivité.
La sécurité est un parcours, et non une destination. Les chemins de fer continueront d'accorder la priorité à la sécurité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année.
[Français]
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui sont ici aujourd'hui.
Nous n'avions pas encore entendu le point de vue des chemins de fer dans le cadre de notre étude du projet de loi; cela nous a donc été utile.
Je vais commencer par vous, monsieur Cato, parce que vous avez parlé de la gouvernance des conseils des ports. Nous avons déjà interrogé les représentants des ports et des ports associés à ce sujet lors de leur passage ici. J'aimerais connaître votre point de vue en tant qu'utilisateur des ports.
Vous avez dit que, selon vous, le projet de loi est une occasion ratée parce que le ministre nomme le président et qu'il y a autant de prescriptions quant à la composition du conseil. C'est aussi ce que nous ont dit les représentants des administrations portuaires, que c'est un obstacle.
Pourriez-vous peut-être nous en dire un peu plus à ce sujet?
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J'aimerais commencer par dire que Transports Canada effectue des vérifications de la façon dont les compagnies de chemin de fer mettent en œuvre le règlement sur le SGSF et dont elles mettent en application les processus qui y sont visés.
Je ne veux pas commenter précisément ce que la vérificatrice générale a dit à l'époque. Ce que je peux dire, étant donné que je travaille pour une compagnie de chemin de fer et que je suis exposé au rôle et à la surveillance de Transports Canada, c'est que le ministère, à notre avis, effectue ses examens et surveille notre conformité de façon importante.
Pour ce qui est des améliorations découlant du projet de loi , je dirais que la décision ou la proposition d'inclure la sûreté élargira évidemment la portée de l'examen ou de la surveillance par Transports Canada pour englober cette question, en plus de la sécurité. Par conséquent, cela devrait donner au gouvernement une certaine vision du travail que les chemins de fer, en particulier les chemins de fer canadiens, font déjà avec de nombreux partenaires, qu'il s'agisse de l'ASFC ou de notre propre approche à l'égard des menaces à la sécurité, et ainsi de suite. Dans une certaine mesure, cela fournira cette vision qui fait peut-être défaut à l'heure actuelle.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins qui sont avec nous aujourd'hui.
Je vais faire écho aux commentaires d'un de mes collègues, qui a mentionné que nous avons jusqu'à présent beaucoup parlé des ports dans le cadre de l'étude du projet , mais peu du transport ferroviaire. Je suis donc très heureux d'avoir des gens de ce secteur avec nous.
Monsieur Harvey, il y a une semaine ou deux, je crois, nous avons reçu des gens du milieu syndical qui nous mentionnaient que, de leur côté, ils avaient des réserves concernant les exemptions liées aux systèmes traditionnels de gestion de la sécurité, c'est-à-dire ceux où les inspections sont faites par des humains. C'est ce qu'on voit habituellement.
Ils mentionnaient aussi qu'ils auraient aimé que les exemptions accordées par Transports Canada soient rendues publiques. J'aimerais savoir si cela vous dérangerait que M. et Mme Tout‑le‑Monde soient mis au courant, en toute transparence, des exemptions spéciales qui vous sont accordées par Transports Canada, afin qu'ils puissent se faire une opinion là-dessus.
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Merci pour votre question.
Les exemptions et l'utilisation de nouvelles technologies pour remplacer les inspections traditionnelles sont une question très importante, puisque ces nouvelles technologies offrent probablement une occasion exceptionnelle d'améliorer la sécurité ferroviaire.
La raison pour laquelle je dis cela, c'est que nous avons procédé, au CN, à deux tests en bénéficiant d'exemptions temporaires de la part de Transports Canada. Le premier était l'inspection autonome d'une voie ferroviaire par un wagon muni d'équipement de haute technologie pendant que le train transportait d'autres marchandises. Le deuxième était l'utilisation de portails qui, essentiellement, prennent une photographie des quatre côtés de l'intégralité du train. Nous avons essayé un portail pour la première fois dans la région de Winnipeg, je crois.
Dans les deux cas, l'utilisation d'algorithmes et de l'intelligence artificielle permet de relever, d'une façon très poussée, l'existence de problèmes, petits ou grands, et d'y remédier rapidement.
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Je vous remercie de votre question.
Je veux commencer par dire qu'en vertu de la Loi sur le transport des marchandises dangereuses, les compagnies de chemin de fer ont le devoir de répondre. Autrement dit, il nous incombe d'intervenir dans des situations d'urgence. Ce n'est pas la responsabilité des collectivités locales.
Ce qui se passe, c'est que lorsqu'il y a un incident, il y a une coordination entre toutes les ressources disponibles dans une zone et un commandement unifié de ces ressources, et chaque partie participant à l'intervention d'urgence est appelée à agir d'une manière conforme à ses moyens. Autrement dit, il ne revient pas à une petite collectivité qui dispose de peu d'équipement d'intervenir en cas d'une urgence majeure.
Conformément à cette obligation, le CN a équipé le secteur. Je veux confirmer qu'il est exact de dire qu'il y a une certaine augmentation du volume, dans votre région, de marchandises dangereuses. Cela a fait l'objet d'évaluations de la sécurité. Nous avons pris des mesures précises à cet égard en embauchant un agent des marchandises dangereuses basé à Prince George, où se trouve la plus grande partie de notre équipement. Nous avons également de l'équipement à Prince Rupert, où nous sommes prêts à intervenir et à coordonner toute urgence qui pourrait survenir.
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Merci beaucoup de votre question et de me donner l'occasion d'y répondre.
Je crois que, quand on examine le cas des céréales notamment, l'un des plus gros problèmes du port de Vancouver est la persistance du problème des retards dans toute la chaîne d'approvisionnement, qui sont attribuables au fait que le chargement des céréales par les exploitants de terminaux peut être interrompu ou suspendu en période de mauvais temps, par exemple quand il pleut ou qu'il neige. Il est vrai qu'il pleut souvent à Vancouver durant l'hiver, précisément quand la demande de céréales est maximale. S'il y a un retard dans l'une des parties de la chaîne d'approvisionnement de céréales, les conséquences s'ensuivent en cascade dans tout le système.
Par exemple, il y a deux jours, il y a eu de fortes pluies à Vancouver. Nous avions environ 650 wagons-trémies chargés de céréales dont le déchargement a été retardé à six terminaux, parce que ces derniers avaient suspendu les activités de chargement sur les navires.
Au sujet de ce genre de retard, franchement, des ports du monde entier ont trouvé le moyen de ne pas interrompre le chargement des céréales, quelles que soient les conditions météorologiques. Des ports situés juste au sud de Vancouver, comme Seattle et Portland, ont des terminaux qui chargent les céréales beau temps mauvais temps. C'est un problème qu'il faut régler au Canada. Tout ce qui interrompt la circulation fluide, efficace, équilibrée et synchronisée des wagons entre les silos régionaux et le port aller-retour — en fait, tout le système utilise un convoyeur — aura toutes sortes de conséquences sur la chaîne d'approvisionnement. Cela nuira au rendement global et à la cadence de la chaîne d'approvisionnement des exportations de céréales du Canada.
Nous le demandons depuis trois ou quatre ans, je crois. Il me semble que, dans le port de Portland, sur la côte Ouest des États‑Unis, un exploitant de terminal a fait lui-même construire un très grand toit pour couvrir les navires où les céréales sont chargées. Ainsi, le chargement peut se faire beau temps mauvais temps.
Quant à savoir quand ce sera fait, je crains de ne pas pouvoir vous fournir de précisions. Remarquez que c'est tout à fait conforme au genre d'infrastructure qu'on trouve dans les ports. Par conséquent, compte tenu de l'empreinte d'un port, ce devrait être assez simple à construire, surtout quand on sait que cela se fait ailleurs. Il y a de l'expertise à notre disposition.
Au sujet du coût...
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Merci, monsieur Iacono.
Merci, monsieur le président.
Monsieur Cato, j'aimerais approfondir un peu et parler de la vision de l'avenir et des prochaines étapes. Comme on l'a dit tout à l'heure, nous avons prévu un examen de la modernisation des ports. Un rapport du groupe de travail sur la chaîne d'approvisionnement est en cours. Nous avons l'examen de la Voie maritime du Saint‑Laurent, du projet de loi et du projet de loi parmi les rapports terminés ou en cours. À ce jour, nous devons les mettre à jour et les moderniser.
Le Comité a terminé deux études provisoires sur l'élaboration d'une stratégie logistique des transports. En 2015, David Emerson a terminé un examen de la LTC et a formulé de nombreuses recommandations, que vous avez sûrement lues.
Vous avez parlé de réformes de la gouvernance au sein des structures individuelles, je dis bien individuelles, des ports pour veiller à ce qu'ils élaborent et respectent leurs propres plans stratégiques. Vous avez aussi parlé de gouvernance traduisant l'expérience de la chaîne d'approvisionnement, mais également, et c'est tout aussi important, du partenariat avec les collectivités et d'autres partenaires de la chaîne d'approvisionnement pour examiner la situation dans son ensemble.
Cela dit, ma question est la suivante: aurait‑on besoin, selon vous, d'un organisme binational qui travaillerait à l'élaboration d'une stratégie des transports binationale pour consolider une chaîne d'approvisionnement binationale intégrée, qui serait doté des moyens nécessaires, qui ne céderait pas au protectionnisme, et qui, bien sûr, veillerait à ce qu'il n'y ait pas de fracture entre les investissements en matière de transport des deux pays, à ce qu'ils soient plutôt faits ensemble? Cet organisme binational travaillerait à l'intégration de l'économie nord-américaine, ce qui renforcerait notre rendement combiné sur les marchés internationaux.
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Je vous remercie de la question.
Essentiellement, le rôle des policiers ferroviaires est de protéger la propriété des chemins de fer. Cette approche permet de réduire les coûts en fonds publics, car, autrement, ce sont les corps policiers publics qui devraient les assumer. D'une perspective de politiques publiques, il y a un avantage à ce que les chemins de fer aient leurs propres corps policiers pour protéger leur propriété.
Si je comprends bien, votre question porte davantage sur la discipline et le besoin de mener enquête sur certains incidents. En 2017, les dispositions qui figuraient dans la Loi sur les transports au Canada ont été transférées dans la Loi sur la sécurité ferroviaire, exigeant que les chemins de fer fournissent un processus d'évaluation des plaintes en cas d'allégation d'agissements non conformes à ce qui est normal dans les circonstances. Nous avons respecté cela de cette façon.
Pour notre part, nous voyons l'avantage d'un corps de police ferroviaire, mais nous reconnaissons aussi la nécessité d'avoir un processus en lien avec les questions de discipline.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Harvey, le sujet que je veux aborder avec vous n'est peut-être pas directement en lien avec le projet de loi , mais il est en lien avec l'actualité. Je ne pouvais donc pas ne pas l'aborder avec vous.
Il y a quelques années, j'ai participé à une conférence de presse en compagnie de représentants syndicaux qui dénonçaient le transfert d'employés du centre de contrôle ferroviaire de Montréal vers l'Ouest canadien. Il n'y a pas si longtemps, le même genre de scénario s'est reproduit, cette fois pour les employés du service à la clientèle, dont une cinquantaine seraient envoyés dans l'Ouest canadien.
À ces deux occasions, la principale crainte évoquée a été de se voir déplacé dans une région où la plupart des gens ne parlent pas français. À Montréal, plusieurs personnes parlent français et plusieurs personnes parlent anglais. Dans l'Ouest canadien, trouver quelqu'un qui parle français revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.
D'une part, comment se fait-il qu'on déplace systématiquement des emplois de Montréal vers l'Ouest, alors qu'on sait que cela a des conséquences sur la qualité du service en français? D'autre part, quel est l'engagement du CN envers Montréal? Selon les termes de sa privatisation, le CN a l'obligation d'offrir des services en français et de s'assurer que son siège social reste à Montréal.
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Je vous remercie de votre question.
En effet, nous avons un engagement envers Montréal et la province de Québec. Cet engagement, je crois, est clair. Nous sommes assujettis à la Loi sur les langues officielles fédérale et nous avons volontairement accepté de nous conformer aux mesures de l'Office québécois de la langue française pour que nos employés, à Montréal et au Québec, puissent en bénéficier.
Je peux aussi confirmer que, par rapport au début de l'année, il y a un plus grand nombre d'employés qui travaillent au CN à Montréal. Nous avons engagé plus de 450 personnes. Il y a eu un peu d'attrition, mais nous avons essentiellement embauché du personnel à Montréal aussi.
Pour ce qui est plus précisément du transfert des 50 employés qui travaillent au service à la clientèle, aucune décision n'a été prise. Si j'ai bien compris, les rapports qui ont été produits étaient basés sur des informations qui avaient été fournies. Cependant, le CN n'a encore fait aucune annonce en ce sens. Notre réponse aux médias à ce sujet est qu'aucune décision n'a encore été prise.
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On n'en utilise donc pas.
Selon le Bureau de la sécurité des transports, « de nombreuses avancées technologiques sont disponibles pour le réseau ferroviaire nord-américain afin d'améliorer le rendement au freinage des trains ». Cette mesure a été recommandée il y a des années. Je suis surpris qu'elle n'ait pas été concrétisée.
Voici une autre citation de la présidente Kathy Fox à la suite du déraillement d'un train à East Palestine en février de cette année: « On fait des progrès, mais ils sont extrêmement lents [...] Je ne peux pas dire que ce qui s'est passé en Ohio ne pourrait pas se produire ici. »
Nous avons ici une recommandation qui traîne depuis des années — les wagons au Canada n'ont pas de freins de stationnement automatiques — et nous avons le Bureau de la sécurité des transports, qui est le chien de garde censé nous aider à savoir si des entreprises comme la vôtre veillent à la sûreté des chemins de fer et si les recommandations sont suivies... Elle dit que les progrès sont trop lents et que nous pourrions encore nous retrouver dans une situation aussi catastrophique ici au Canada.
Je trouve tout cela plutôt choquant. Pas vous?
:
Merci à vous, monsieur le président, et aux membres du Comité de m'avoir invité.
Je vais parler de la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi sur le transport des marchandises dangereuses.
J'ai commencé à faire des recherches sur la sécurité ferroviaire peu après la catastrophe de Lac-Mégantic, le 6 juillet 2013. Elles ont abouti au livre que j'ai publié il y a plusieurs années en anglais et en français.
[Français]
J'en ai d'ailleurs ici un exemplaire en français.
[Traduction]
Je n'ai pas de connaissances précises sur les aspects techniques de la loi, mais j'espère que mes observations vous aideront à évaluer s'il est possible de consolider le projet de loi pour réduire au minimum les risques d'accident.
Premièrement, pour autant que je sache, le projet de loi ne prive pas les chemins de fer du pouvoir d'assurer le maintien de l'ordre. Transports Canada est en train d'examiner la question. De plus, le projet de loi ne tient pas compte des principales recommandations formulées dans le rapport du comité permanent en date de mai 2022, y compris en ce qui a trait aux services policiers des voies ferroviaires, et je ne vois pas non plus d'amélioration importante des systèmes de gestion de la sécurité.
Dans sa dernière liste de surveillance, en 2022, le Bureau de la sécurité des transports a souligné que « les SGS des compagnies de chemin de fer ne permettent pas encore de cerner efficacement les dangers et d'atténuer les risques dans le secteur du transport ferroviaire ». La liste de surveillance révèle également que certaines entreprises omettent toujours de procéder à des évaluations globales des risques dans le cadre de leurs systèmes de gestion de la sécurité. La prochaine liste de surveillance du BST ne sera pas publiée avant 2025. Mais, dans une entrevue à l'occasion du dixième anniversaire de l'accident de Lac-Mégantic, en juillet dernier, la présidente Kathy Fox a déclaré que de nombreuses mesures avaient été prises pour améliorer les règles exigeant que les compagnies de chemins de fer élaborent des plans de gestion de la sécurité. Le BST s'inquiète néanmoins de la pertinence de ces plans, ainsi que de l'efficacité de la surveillance exercée par Transports Canada.
J'ajoute qu'on n'a pas fait grand-chose pour lever le voile sur les interactions entre les entreprises et le gouvernement, qui sont protégées en vertu des règles de confidentialité commerciale. À l'échelle internationale, les lois canadiennes en matière d'accès à l'information et de protection des dénonciateurs font mauvaise figure.
La dernière liste de surveillance conclut également que « les mouvements imprévus et non contrôlés de l'équipement ferroviaire » continuent d'« engendrer des situations très risquées aux conséquences potentiellement catastrophiques ».
Dans l'entrevue dont je parlais, Kathy Fox a également déclaré ceci:
En fait, les mouvements non contrôlés, qui sont la cause profonde de l'accident de Lac-Mégantic, sont toujours un problème [...] et, malgré les mesures qui ont été prises, nous n'en sommes pas là où nous devrions [...] parce que Transports Canada n'est pas allé assez loin.
Le nombre de collisions et de déraillements sur les voies principales, qui peuvent être les plus graves de tous les accidents ferroviaires, a, en fait, augmenté de 25 % en 2022 par rapport à la moyenne de la décennie précédente. Transports Canada n'a toujours pas imposé de systèmes de freinage modernes. Les entreprises continuent de s'opposer à la réglementation concernant, par exemple, les freins pneumatiques à commande électronique.
À la suite de la tragédie de Lac-Mégantic, le gouvernement a rendu obligatoire l'utilisation de wagons-citernes plus résistants pour le transport de marchandises dangereuses et il a fixé un calendrier de temporisation pour 2025. Et pourtant, selon les résidants locaux, les wagons DOT‑111 transportant des marchandises dangereuses continuent de passer par Lac-Mégantic.
Dans une entrevue récente, Ian Naish, ex‑directeur des enquêtes ferroviaires du BST, a déclaré que les éléments de preuve concernant les accidents survenus au cours des dernières années donnent à penser que, si la vitesse des trains est supérieure à 35 milles à l'heure au moment du déraillement, rien ne garantit que les nouveaux wagons-citernes ne déverseront pas leur contenu. Les résidants de Lac-Mégantic tiennent à ce que la vitesse des trains soit réduite et que le nombre de leurs wagons soit limitée.
Enfin, les entreprises résistent depuis longtemps aux principes scientifiques d'équilibre entre travail et repos. C'est encore un problème, même depuis les nouvelles règles entrées en vigueur en mai et qui seront progressivement déployées jusqu'à la fin de 2024. La fatigue reste un enjeu dans la liste de surveillance du BST.
Je vais m'arrêter ici. Merci.
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Bonjour, monsieur le président et chers membres du Comité.
Je suis heureux de représenter Genesee & Wyoming Canada Inc. devant vous, un regroupement de neuf chemins de fer d'intérêt local, qui comprend aussi deux centres de réparation et couvre cinq provinces.
[Traduction]
Nous employons environ 400 cheminots canadiens, nous exploitons 940 milles de voie et, surtout, nous faisons circuler plus de 100 000 wagons par année.
Les chemins de fer d'intérêt local fournissent un service essentiel aux premiers et aux derniers kilomètres en reliant les clients à l'ensemble du réseau de transport ferroviaire de marchandises de catégorie 1 en Amérique du Nord et en reliant les collectivités éloignées et les marchés mondiaux. Vingt pour cent du volume ferroviaire canadien passe par des voies ferroviaires locales. Les chemins de fer d'intérêt local offrent une solution de transport sécuritaire, écologique, abordable et fiable aux entreprises canadiennes, petites ou grandes.
Genesee & Wyoming est considéré comme un chef de file du secteur d'activité pour son excellence en matière de sécurité. Nous participons régulièrement à des séances de simulation et à des exercices de formation complets et nous en organisons avec Transports Canada et les premiers intervenants dans les différentes collectivités que nous desservons. Nous offrons des ateliers sur la sécurité, nous procédons à des vérifications internes et nous facilitons des programmes à l'échelle du secteur. Dans toutes nos réunions, le premier article à l'ordre du jour est la sécurité.
Genesee & Wyoming investit dans la sécurité. Ces investissements sont non négociables, et l'engagement à travailler chaque jour en toute sécurité est une condition d'emploi pour chacun des membres de notre équipe. Qu'il s'agisse de la modernisation des infrastructures, du remplacement des actifs ou des programmes de formation primés, Genesee & Wyoming Canada investit dans le but d'atteindre des cibles de risque nul, qui s'appliquent à chacune des locomotives, des véhicules et du matériel dans l'ensemble de notre réseau. À cet égard, nous continuerons de favoriser une culture et des résultats solides qui inspirent la confiance de nos clients, de nos partenaires et de nos collectivités.
Avant d'aborder le fond du projet de loi C‑33 , je tiens à vous parler des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les chemins de fer d'intérêt local au Canada. Les frais fixes élevés, l'infrastructure vieillissante, la volatilité des prix des produits de base et les politiques variables d'un endroit à l'autre et d'un mode de transport à l'autre, outre les taxes et l'alourdissement du fardeau réglementaire, menacent la viabilité des activités des chemins de fer d'intérêt local.
Les recettes de ces chemins de fer dépassent à peine leurs dépenses. Le ratio moyen entre frais d'exploitation et recettes est d'environ 90 %. Un ratio élevé limite la possibilité pour ces chemins de fer d'investir dans l'amélioration de la capacité et de la fluidité des chaînes d'approvisionnement, surtout que les investissements dans la sécurité sont, à juste titre, non négociables.
Les chemins de fer d'intérêt local font directement concurrence aux camions circulant sur des autoroutes financées par l'État tout en exploitant des lignes à plus faible densité que leurs homologues de catégorie 1.
Les chemins de fer d'intérêt local ont besoin d'un soutien gouvernemental prévisible et constant pour rester une solution de rechange viable au camionnage.
Les États-Unis offrent un soutien important sous la forme du crédit d'impôt 45G pour l'entretien des voies ferrées et de divers autres programmes, mais il n'existe pas, au Canada, de crédits fédéraux ni d'incitatifs pour les chemins de fer d'intérêt local. En fait, notre système fiscal désavantage les chemins de fer par rapport aux camions, et les chemins de fer canadiens par rapport aux chemins de fer américains.
J'invite instamment le Comité à noter dans son rapport que le gouvernement fédéral devrait en faire plus pour assurer la durabilité de nos chemins de fer d'intérêt local. Cela m'amène au projet de loi C‑33.
Le Comité devrait accepter les recommandations formulées par l'Association des chemins de fer du Canada au sujet de la gouvernance des ports et de la distinction des définitions de la sécurité et de la sûreté.
Nous avons besoin que les ports canadiens, petits et grands, fonctionnent efficacement.
Les Chemins de fer Québec-Gatineau desservent exclusivement le port de Trois-Rivières. Ils sont un excellent exemple des avantages qu'offrent les chemins de fer d'intérêt local aux premiers et aux derniers kilomètres.
Les CFQG transportent des produits allant des éoliennes aux solides en vrac en passant par les liquides. Notre entreprise est fortement intégrée au port de Trois-Rivières et en dépend.
La vision et le leadership du port sont importants, tout comme la vision et le leadership des autres ports canadiens que nous desservons, comme de tous les ports du Canada.
Les ports ont besoin de dirigeants possédant des qualifications opérationnelles et commerciales et de l'expérience. Ce sont ces personnes d'expérience qui devraient choisir le président.
Nous partageons la préoccupation soulevée devant le Comité au sujet du temps que prend le gouvernement pour faire les nominations. C'est une autre raison pour laquelle c'est le conseil qui devrait choisir le président.
Notre entreprise gère plusieurs systèmes complets de gestion de la sûreté et de la sécurité, qui sont renouvelés et soumis à Transports Canada, dont nous faisons un audit interne et dont Transports Canada vérifie également l'efficacité.
[Français]
Je voudrais joindre ma voix à celles de mes collègues concernant la distinction à faire entre les concepts de sécurité et de sûreté.
Je remercie le Comité de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer.
Bonjour à toutes les personnes qui sont dans la salle. Je suis désolée de ne pas pouvoir y être avec vous. C'est un plaisir et un honneur de vous parler aujourd'hui de ma perspective sur les changements climatiques.
Je travaille chez Ouranos sur l'adaptation aux changements climatiques, plus particulièrement sur les risques physiques qui vont affecter les infrastructures. J'ai un doctorat en sciences de l'environnement et un passé professionnel en océanographie. De plus, j'ai réalisé plusieurs contrats pour le compte du ministère des Transports du Québec.
Dans le mémoire que j'ai transmis à la greffière, vous trouverez le détail de ma position aujourd'hui. Je vais vous présenter quelques fondements de cet avis sur l'adaptation aux changements climatiques et aux changements profonds et irréversibles qui sont engendrés dans le climat et les océans.
Je rappelle que la lutte aux changements climatiques nécessite une stratégie à deux volets, soit à la fois la réduction des gaz à effet de serre et l'adaptation aux changements climatiques, qui sont inévitables. Cette adaptation requiert le déploiement d'un ensemble d'initiatives et de mesures visant à réduire les vulnérabilités des infrastructures critiques et à renforcer la résilience des systèmes naturels et humains relativement aux effets prévus. Pour renforcer cette résilience, la planification, la préparation et la prévention s'avèrent de plus en plus rentables par rapport à une simple réaction aux conséquences des changements climatiques et à l'attentisme.
En ce qui concerne le secteur des transports, on sait que l'intermodalité est importante pour réduire les GES. Toutefois, il faut aussi intégrer les risques climatiques croissants, qui amplifient les risques physiques. Dans la gestion des infrastructures, cela doit être transparent et planifié.
Dans ce contexte d'évolution continue du climat, il importe d'adopter une approche agile qui permette de s'adapter dans le temps en fonction de l'ampleur et du rythme des changements des conditions climatiques. Pour qu'une telle approche permette une prise de décision éclairée, elle doit s'appuyer sur une recherche-développement robuste et sur des outils qui intègrent les risques et les mesures d'adaptation. Dans une telle approche, les coûts et les avantages sont autant considérés que les retombées positives indirectes des solutions d'adaptation, ce qui crée des occasions de développement économique.
Il importe d'agir de manière hautement coordonnée pour prendre ces décisions dans les différents ordres de gouvernement. Le secteur des transports est un pilier d'une gestion des actifs résiliente. Il est un secteur phare au pays, il a donc tout avantage à être exemplaire.
Je vais maintenant vous présenter cinq recommandations plus précises concernant les changements proposés à la Loi maritime du Canada.
D'abord, il faudrait ajouter la notion de mesures d'adaptation dans le préambule du règlement sur l'environnement.
Il faudrait aussi renforcer la synergie entre les plans sur les changements climatiques et ceux sur les mesures d'adaptation en utilisant l'expression superordonnée « changements climatiques ». Il doit y avoir des hypothèses communes dans ces plans, et donc une synergie entre les deux. Or, la lutte aux changements climatiques n'est pas restreinte à la réduction des gaz à effet de serre et l'expression « changements climatiques » est préférable, parce qu'elle est plus générique.
Je vous propose aussi de vous coller au cadre du Groupe de travail sur l'information financière relative aux changements climatiques, qui prévoit plusieurs niveaux de mesures d'adaptation.
Par souci de cohérence, il faut reconnaître les changements en cours dans la réglementation concernant la divulgation des risques physiques, en mettant davantage l'accent sur la gestion résiliente des infrastructures, afin d'incarner un vrai leadership climatique et environnemental plutôt que la recherche de l'efficacité à courte vue.
Enfin, la dernière recommandation concernant les changements proposés à la Loi maritime du Canada est de faire apparaître de manière plus directe l'efficacité recherchée des mécanismes de coordination multiniveaux en mettant l'accent sur l'adaptation régionale, qui est d'ailleurs promue par Ressources naturelles Canada dans sa plateforme d'adaptation.
En ce qui concerne les changements proposés à la Loi sur la sécurité ferroviaire, je recommande d'abord de prescrire, de façon explicite, la connaissance des aléas climatiques futurs afin de mieux les intégrer en tant que risques physiques climatiques.
Il faut aussi envisager d'inclure la notion de seuil d'acceptabilité des risques et de déclenchement de la transformation durable de certains tronçons pour réduire les risques de manière équitable. Il y a des secteurs qui sont fortement exposés et, parfois, la solution est de déplacer dans une zone hors risque certains des tronçons. Or, on ne pourra pas répondre à cette demande de manière simultanée partout au pays.
La dernière recommandation...
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Merci, monsieur le président.
Madame Ursule Boyer‑Villemaire, par le passé, nous avons reçu des témoins qui nous ont parlé des problèmes d'ancrage, qui sont particulièrement vécus dans l'Ouest canadien, plus précisément dans la région de Vancouver. Cependant, je dois dire que cela se produit aussi dans ma circonscription, où des gens se sont plaints de l'ancrage, surtout dans les environs de Contrecœur.
D'après ce que nous avons compris de ce qui a été discuté au Comité, l'hypothèse émise est la suivante: la raison de ces ancrages est souvent une mauvaise planification du transport ou, par exemple, les longues files d'attente dans le port qui obligent les navires à jeter l'ancre. Néanmoins, il peut être particulièrement dérangeant que des bateaux s'arrêtent devant les résidences ou dans les milieux aquatiques sensibles.
Si j'ai bien compris, vous avez mené des études à ce sujet. Pouvez-vous nous parler de l'effet que l'ancrage peut avoir sur ces milieux et sur les gens qui habitent à proximité des navires ancrés?
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Même si le batillage est atténué pendant l'ancrage, ce dernier va assurément avoir une incidence sur le milieu qu'on appelle « bain de cycle et fonds marins ».
Ayant participé à quelques missions océanographiques, j'ai constaté qu'il y a des espèces marines ou des fonds marins d'eau douce ou d'eau saumâtre dont le milieu de vie est le fond marin. L'ancrage vient bien sûr racler et détruire ces habitats, qui pourraient abriter des espèces sensibles. Je vous conseille de demander à des biologistes d'identifier ces espèces de manière plus précise. L'ancrage à un effet direct sur le milieu « bain de cycle », donc les sédiments qui sont au fond.
En ce qui concerne les collectivités, les paysages peuvent être transformés par la présence de ces navires. Je pense aux navires qui ont été ancrés de manière prolongée dans la région de Beauharnois, par exemple, et qui ont fini par devenir un déchet dans le paysage.
Avant de prendre des décisions à long terme, il faut se rappeler que cette mobilité et cet ancrage temporaire peuvent certainement diminuer la qualité de vie des résidents. On peut tenir compte de cela dans la matrice d'impact d'une analyse des coûts et des bénéfices, par exemple.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Campbell, je suis heureux de vous revoir au Comité.
Nous avons déjà parlé un peu des systèmes de gestion de la sécurité. Le projet de loi dont nous sommes saisis contient quelques changements mineurs qui autorisent le ministre à exiger des changements aux systèmes de gestion de la sécurité qui seraient jugés déficients.
Il y a une question plus vaste au sujet des systèmes de gestion de la sécurité parce que, comme vous l'avez écrit plusieurs fois, ils sont devenus l'approche principale pour assurer la sécurité de notre système ferroviaire et ils ont pris la relève des règles plus traditionnelles et de leur application comme forme d'autoréglementation.
Vous avez notamment fait valoir que les systèmes de gestion de la sécurité devraient être transparents pour le public. Les Canadiens, les collectivités ferroviaires et les travailleurs ferroviaires devraient pouvoir mieux comprendre les systèmes sur lesquels repose la sécurité ferroviaire. Pourquoi pensez-vous que c'est au mieux des intérêts de notre pays?
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Merci, monsieur Campbell.
En ce qui concerne votre commentaire sur Le Jour de la marmotte, je pensais à quelque chose de ce genre. Nous avons eu tellement de séances de comité où les compagnies de chemin de fer sont venues nous faire l'éloge de leur bilan de sécurité. Nous avons ensuite entendu les chiens de garde, la vérificatrice générale et le Bureau de la sécurité des transports, qui ont une tout autre histoire à nous raconter.
Le message que je reçois, notamment de Kathy Fox et du Bureau de la sécurité des transports, c'est que les Canadiens devraient continuer d'être très inquiets à cause de la lenteur excessive de la correction des lacunes cernées dans le système de sécurité ferroviaire. Les compagnies refusent de faire les investissements nécessaires. Le gouvernement — et je pense que c'est la grande question — et Transports Canada ne sont pas prêts à les affronter.
J'ai eu une discussion intéressante avec un bureaucrate qui travaille aujourd'hui dans un autre ministère. Il m'a décrit l'approche de la réglementation dans différents secteurs. Dans le secteur du transport aérien, m'a‑t‑il dit, le gouvernement fédéral a une approche très directe. Il voit très bien ce qui se passe. Dans le secteur maritime, l'approche de la réglementation est assez rigoureuse. Mais du côté des chemins de fer, c'est comme si ces compagnies étaient plus grosses que le gouvernement. Le gouvernement n'a pas ce qu'il faut pour les réglementer d'une manière qui protège le public contre des choses comme celles que nous avons vues à Lac-Mégantic, en Saskatchewan, et, bien sûr, outre-frontière, à East Palestine.
Dans quelle mesure les Canadiens devraient-ils encore s'inquiéter des lacunes et de l'absence de réglementation efficace dans le secteur ferroviaire?