:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 37e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 3 février 2022, le Comité se réunit pour étudier les pénuries de main-d'œuvre prévues dans le secteur des transports au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes adopté le jeudi 25 novembre 2021. Les députés peuvent y participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les membres du Comité, nous allons entendre des témoins par vidéoconférence pendant la première heure, soit M. Jean Gattuso, coprésident du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement, et Louise Yako, coprésidente du groupe de travail.
Pendant la deuxième partie, de 17 h 30 à 18 h 30, nous accueillons Jean‑Marc Gionet, directeur général, Orientation du programme d'immigration, et Ian Gillespie, directeur, Politiques et programmes à l'intention des résidents temporaires, du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
Du ministère de l'Emploi et du Développement social, nous accueillons M. Andrew Brown, sous-ministre adjoint principal, Direction générale des compétences et de l'emploi; M. Michael MacPhee, sous-ministre adjoint, Programme des travailleurs étrangers temporaires; et M. Brian Hickey, directeur général, Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Enfin, du ministère des Transports, nous accueillons Mme Melanie Vanstone, directrice générale, Programmes multimodaux et sécurité routière.
Avant de commencer, j'aimerais profiter de l'occasion pour informer les membres du Comité que tous les participants à la vidéoconférence d'aujourd'hui ont effectué les vérifications audiovisuelles nécessaires.
Nous allons maintenant passer à la déclaration préliminaire du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement. Vous avez cinq minutes.
La parole est à vous.
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Bonjour à tous. Je suis heureuse de m'adresser à vous aujourd'hui.
M. Gattuso et moi aimerions remercier le Comité de nous donner l'occasion de parler du rapport du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement. Nous sommes fiers du travail accompli par le groupe de travail au cours de son mandat de 100 jours. Notre objectif consistait à fournir des conseils indépendants au moyen de recommandations sur des mesures visant à accroître la concurrence, l'accès, la fiabilité, la résilience, la redondance, l'efficience et l'investissement dans la chaîne d'approvisionnement nationale des transports, tout en favorisant la poursuite des services de transport internationaux à destination et en provenance du Canada.
Les recommandations formulées sont fondées sur les points de vue exprimés par l'industrie dans le cadre de consultations et de présentations écrites. Nous avons également été guidés par le principe de la création d'une chaîne d'approvisionnement en transport qui serait régie et exploitée dans l'intérêt du pays, étant donné que la prospérité du Canada dépend de son commerce international.
En ce qui concerne l'objectif du comité TRAN, nous vous ferons part aujourd'hui de ce que nous avons entendu de la part de l'industrie au sujet des répercussions de la pénurie de main-d'œuvre sur la chaîne d'approvisionnement nationale des transports et des recommandations que nous avons présentées au dans notre rapport final pour relever ces défis.
L'un des principaux problèmes structurels relevés lors de nos consultations avec l'industrie est que le secteur des transports fait face à de graves pénuries de main-d'œuvre. Bien qu'elles constituent un problème pour tous les modes de transport, elles le sont particulièrement pour les secteurs du transport ferroviaire et du camionnage. Pour vous donner une idée de l'ampleur de ce problème, comme l'a fait remarquer le Conference Board du Canada, le secteur des transports dépend davantage des travailleurs âgés que l'ensemble de l'économie, et plus de 260 000 de ses travailleurs prendront leur retraite au cours des 20 prochaines années. De plus, de 2021 à 2030, le nombre de travailleurs qui se joindront à la main-d'œuvre du transport sera insuffisant pour compenser les pertes des retraités.
Le secteur des transports dépend excessivement des immigrants, et sa main-d'œuvre actuelle est majoritairement masculine. On nous a dit que les problèmes de main-d'œuvre auxquels fait face notre chaîne d'approvisionnement sont complexes et qu'ils ne peuvent être liés à un seul rouage brisé du système. L'inadéquation entre les compétences disponibles et les compétences requises, le manque de programmes de formation appropriés et le financement insuffisant de la formation ont toujours été des préoccupations importantes soulevées par divers représentants de la chaîne d'approvisionnement. Ils ont aussi mentionné que le manque de sensibilisation à certaines professions était particulièrement problématique.
Les pénuries de main-d'œuvre constituent un problème urgent dans tous les secteurs. Nous avons constaté que lorsque le secteur des transports ne fonctionne pas correctement, les produits ne se rendent pas jusqu'aux consommateurs, les matériaux ne se rendent pas jusqu'aux producteurs, et les répercussions subséquentes touchent tous les Canadiens.
Ce dysfonctionnement est parfaitement illustré par le fait que 50 % de nos échanges commerciaux dépendent du camionnage et qu'il nous manque plus de 25 000 chauffeurs. De plus, le camionnage n'est pas considéré par la collectivité comme un métier spécialisé, ce qui dissuade les candidats potentiels et a une incidence sur le financement de la formation. Le camionnage n'est qu'un exemple de système qui n'est pas organisé pour attirer et retenir efficacement les talents.
:
Une chaîne d'approvisionnement fiable et efficace est essentielle au bien-être économique de notre pays. Je le répète: elle doit être fiable et efficace.
Le secteur des transports est chargé de faciliter le commerce, qui représentait 61 % du PIB du Canada en 2021, année au cours de laquelle la chaîne d'approvisionnement a subi d'importantes réductions de service en raison des méfaits causés par l'homme et des catastrophes naturelles.
Indépendamment des progrès réalisés grâce à l'automatisation et à l'intelligence artificielle, les parties prenantes estiment que la main-d'œuvre restera un facteur limitant pour une chaîne d'approvisionnement fiable et efficace, à moins que des mesures draconiennes ne soient prises.
Pour répondre à ces préoccupations, on nous a constamment dit que la collaboration entre tous les paliers de gouvernement et le secteur privé devrait être priorisée afin de mieux comprendre les besoins du marché du travail partout au pays et de répondre aux exigences actuelles et futures de la main-d'œuvre.
La collaboration entre les secteurs public et privé a été perçue comme une occasion de faire progresser et de promouvoir l'éducation et la formation professionnelle dans les professions liées à la chaîne d'approvisionnement. Cette collaboration devrait impliquer les provinces et les territoires, puisque l'éducation et la formation relèvent de leur compétence.
[Traduction]
En tenant compte des luttes et des suggestions de l'industrie, notre rapport final contient des mesures immédiates et des recommandations à long terme qui reflètent ce que nous avons entendu.
À court terme, d'ici deux ans, nous avons recommandé que le gouvernement élabore une stratégie de main-d'œuvre pour la chaîne d'approvisionnement des transports afin de cerner les problèmes actuels et d'élaborer des solutions à long terme et durables.
De plus, nous avons présenté d'autres mesures immédiates que le gouvernement pourrait prendre pour apporter une aide immédiate. Entre autres, le gouvernement fédéral devrait chercher à élargir les programmes de main-d'œuvre existants et à trouver un moyen d'attirer les groupes sous-représentés; continuer d'appuyer et, si possible, d'élargir de toute urgence le Programme des travailleurs étrangers temporaires pour qu'il s'applique aux travailleurs de la chaîne d'approvisionnement des transports; accélérer le traitement des demandes d'asile et d'immigration pour les personnes admissibles à travailler dans des entreprises liées à la chaîne d'approvisionnement; et, enfin, soutenir les organisations et les entreprises afin d'aider les nouveaux Canadiens à s'acclimater aux milieux de travail et à la société canadienne.
À long terme, nous recommandons que le gouvernement mette la dernière main à la stratégie de main-d'œuvre de la chaîne d'approvisionnement des transports et, à tout le moins, qu'il y inclue une orientation liée à l'immigration, à la participation de la main-d'œuvre nationale, à la formation et à l'éducation des réfugiés, à la productivité et à l'automatisation.
La stratégie devrait renforcer la volonté du gouvernement d'adapter les politiques, d'éliminer les obstacles, d'offrir une formation adéquate, de favoriser la collaboration, de promouvoir la croissance continue et le perfectionnement de notre main-d'œuvre, et d'investir dans nos entreprises pour tirer parti de la technologie.
[Français]
Notre rapport final fournit des détails supplémentaires sur chaque recommandation et les nuances des problèmes rencontrés par le système de la chaîne d'approvisionnement.
[Traduction]
Bien que la main-d'œuvre ne soit qu'un élément de notre rapport final, nous tenons à vous remercier de nous avoir donné le temps de vous faire part de nos conclusions à ce sujet. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Je suis ici, madame Yako. Je vais répondre à cette question.
Premièrement, pour en revenir au gouvernement, vous avez vu ces derniers jours des gouvernements prendre position au sujet de l'immigration. C'est l'une des choses que nous préconisions dans notre rapport lorsque nous parlions de la main-d'œuvre. Les intervenants nous ont dit que nous devons intensifier l'immigration.
Pour en revenir à votre question sur le bureau de la chaîne d'approvisionnement, si vous regardez ce que nous avons perdu au cours des 10 dernières années sur le plan du commerce partagé dans le monde, surtout avec les États‑Unis — trois points de part de marché —, le Bureau de la chaîne d'approvisionnement sera facilement rentable et permettra d'obtenir des résultats. Lorsque vous commencez à perdre des parts de marché, vous devez agir immédiatement.
N'oubliez pas que l'objectif du Bureau de la chaîne d'approvisionnement consiste à s'assurer que les différents ministères du gouvernement ont des indicateurs de rendement clés, des IRC, axés sur les chaînes d'approvisionnement. L'un des éléments fondamentaux de ce rapport, c'est que le commerce est important, puisqu'il représente 61 % du PIB.
Si nous commençons à perdre des parts de marché, les Canadiens seront touchés.
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Merci, monsieur Gattuso.
Tout d'abord, je devrais probablement commencer par vous féliciter pour le rapport. Beaucoup de travail et de temps y ont été consacrés.
J'entends constamment parler du Bureau de la chaîne d'approvisionnement. J'ai parlé aujourd'hui à quelqu'un qui m'a dit qu'il n'était pas certain de la façon dont une bureaucratie gouvernementale plus lourde continuerait d'aider à régler le problème. Ils ont regardé plus loin et ont vu que ce serait un fardeau supplémentaire. C'est du moins ce qui me préoccupe.
Je vais passer à ma prochaine question, mais s'il y a d'autres choses à ajouter, monsieur Gattuso, je vous invite à intervenir.
Évidemment, les chemins de fer et les ports appartiennent au secteur privé et sont exploités par lui. D'après votre rapport, il semble que le gouvernement encourage davantage la création de voies ferrées et de ports supplémentaires.
Est‑ce une observation juste?
Nous pourrions peut-être commencer par vous, madame Yako. Est‑ce votre interprétation de ce que vous avez entendu?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui comparaissent aujourd'hui. Nous sommes heureux de vous accueillir.
Tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour l'excellent travail que vous avez fait dans votre rapport sur les recommandations à court et à long terme, alors que nous essayons de résoudre les problèmes de la chaîne d'approvisionnement.
Nous avons entendu de nombreux témoins au cours des dernières séances. Ils proviennent de tous les secteurs des corridors de transport, de l'industrie du transport aérien, de l'industrie maritime et du camionnage, ainsi que de tous les gens qui participent au transport de biens et de services pour notre pays.
J'aimerais vous poser la question suivante. L'un ou l'autre d'entre vous peut répondre aux questions.
À votre avis, après tout le travail que vous avez fait, la pénurie de camionneurs représente‑t‑elle le plus gros problème dans le secteur des transports, ou pensez-vous que d'autres pénuries sont tout aussi problématiques? Si oui, lesquelles?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame Yako et monsieur Gattuso.
Je tiens à saluer le travail que vous avez fait. Il est important de s'assurer que la chaîne d'approvisionnement est efficace. Beaucoup de gens de nos circonscriptions nous en parlent, et nous en vivons tous les conséquences. Je voulais souligner que vous avez réalisé un travail important. J'espère que vos recommandations permettront d'arriver à de meilleurs résultats.
Cela dit, dans votre allocution d'ouverture, vous avez fait référence à la question de la formation de la main-d'œuvre et au fait que l'éducation relève de la compétence des provinces et des territoires. Vous avez parlé aussi de la question des ordres professionnels, qui fait elle aussi partie du champ de compétence des provinces. À d'autres moments, vous avez soulevé la question de l'immigration. Au Québec, l'immigration économique relève de la compétence provinciale.
Comment êtes-vous arrivés à concilier les prérogatives de l'un et de l'autre dans l'élaboration de vos recommandations et de la vision que vous nous exposez?
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D'abord, nous avons rencontré des intervenants de plusieurs provinces. Nous n'avons pas rencontré chacune des provinces, puisque seulement certaines d'entre elles avaient fait des soumissions. Cependant, nous avons parlé d'un problème national, ce qui nous va permettre d'aller chercher de la main-d'œuvre.
Si nous voulons rester en affaires, cela prend du monde et des programmes pour les soutenir. Nous savons bien que certaines compétences sont fédérales et que d'autres sont provinciales. Nous n'avons pas essayé de nous placer entre les deux champs de compétences. Nous avons cerné le problème. Puis, nous avons affirmé qu'il fallait travailler à offrir de la formation et qu'il fallait investir ensemble pour le faire. C'est tout le pays qui va y gagner. Je pense que cela doit être votre point de départ.
Comme je le disais, le travail d'un chauffeur de camion n'est pas reconnu comme une profession. Il n'y a donc pas de subventions pour ce type de travail. Les formations requises par les compagnies de transports doivent être payées par les chauffeurs eux-mêmes. C'est tellement important. Nous faisons des affaires avec les Américains à hauteur de 774 milliards de dollars, et la route, c'est important. Cela prend des chauffeurs et il faut les former.
Nous avons déterminé que, pour y arriver, il fallait encourager le travail effectué en collaboration. D'ailleurs, notre rapport s'intitule « Action. Collaboration. Transformation. ». La collaboration, c'est justement de travailler la main dans la main pour l'avenir du pays.
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Merci, monsieur Gattuso.
Dans le fond, votre groupe de travail a reçu des gens qui ont fait part de leurs défis. Puis, vous avez formulé des recommandations à partir des témoignages entendus et en fonction de vos constatations ainsi que de votre jugement.
Je voulais juste clarifier que, finalement, vous avez exécuté votre mandat en présentant des solutions potentielles à des problèmes actuels, sans nécessairement avoir vérifié de quel champ de compétence il était question. Vous êtes un groupe de travail fédéral. Je ne fais pas un reproche, mais plutôt un constat, en vous disant que le gouvernement fédéral ne peut pas nécessairement mettre en œuvre certaines de vos recommandations. Cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas pertinentes ou intéressantes pour autant. Je voulais simplement souligner cet élément.
À la page 18 du rapport, vous faites justement mention de la nécessité de collaborer avec les provinces et les territoires sur la question du maintien en poste des camionneurs. Les camionneurs que nous avons reçus au Comité ont mentionné que le vieillissement des camionneurs était l'élément clé pour eux.
Au Bloc québécois, nous pensons que, parmi les propositions entendues, une des pistes intéressantes serait de mettre en place des crédits d'impôt ou d'autres mesures pour inciter les travailleurs âgés à rester sur le marché du travail, de façon à ce que ce soit plus attrayant pour eux d'y rester que de le quitter.
J'aimerais savoir comment vous percevez ce genre de recommandation ou, du moins, ce genre de programme.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de vos exposés. Je tiens également à remercier Mme Yako pour la séance d'information qu'elle m'a donnée sur le rapport du Groupe de travail. Malheureusement, comme nous avions un très mauvais service de téléphonie cellulaire dans le Nord de la Colombie‑Britannique à ce moment‑là, c'était un peu fragmenté de mon côté, mais j'ai aimé recevoir un aperçu.
Je voulais poser quelques questions sur le rapport. Il y a quelques aspects que j'ai trouvés particulièrement intéressants. Le premier concerne les retards liés aux conflits de travail. Je remarque dans la liste des intervenants consultés qu'un certain nombre d'organisations syndicales ont participé aux travaux. On peut lire dans le rapport:
Le ministre du Travail doit convoquer un conseil d'experts de toute urgence en vue d'élaborer un nouveau paradigme de relations de travail collaboratif qui permettrait de réduire le potentiel de lock-out, de grèves et de menaces de grèves qui mettent à risque le fonctionnement ou la fluidité de la chaîne d'approvisionnement nationale des transports.
Nous le voudrions tous et je pense que si c'était possible, nous aurions dû le faire il y a bien des années.
Qu'est‑ce qui est envisagé ici? Cette description est assez vague. Quelles idées ont été exprimées, surtout de la part des représentants syndicaux que vous avez consultés, dans le cadre de ces travaux?
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En passant, je suis heureuse de vous revoir, monsieur Bachrach.
L'une des choses que nous avons entendues très souvent de la part de nombreux intervenants, c'est le besoin de certitude, et dans certains cas, la certitude l'a emporté sur l'efficacité. La certitude était synonyme de fiabilité, et la fiabilité est maintenant presque plus importante que la compétitivité ou le coût. L'une des principales raisons de ce manque de fiabilité était liée au fait que des perturbations importantes peuvent survenir en raison des lock-out ou du risque de grève.
Ce que nous visons avec cette recommandation, c'est essentiellement de dire que si, en tant que pays, nous voulons continuer d'être reconnus comme un partenaire commercial fiable, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour essayer de contrôler les perturbations artificielles ou contrôlables. L'une d'elles est évidemment l'élimination des interruptions de travail. Nous n'avions pas de solution particulière en tête parce qu'aucun d'entre nous n'est expert en relations de travail.
Ce que nous voulions mettre en évidence, c'est le fait qu'il s'agit d'une question qui doit être réglée de toute urgence, et les experts en la matière sont le , les dirigeants syndicaux et les employeurs, et ce sont eux qui devront déterminer comment procéder, parce qu'il est important d'avoir une chaîne d'approvisionnement fiable pour l'avenir de notre pays.
:
Bien sûr, et c'est ce que nous avons entendu dans le cadre de notre étude sur le secteur du transport aérien en particulier, au sujet de l'instabilité et de la fiabilité qui ont une incidence démesurée sur leurs activités, donc c'est confirmé.
Je devrais peut-être commencer par vous féliciter pour le caractère exhaustif de votre rapport. J'ai remarqué que Transports Canada ne manque pas d'excellents rapports. La question qui se pose est la suivante: le gouvernement agit‑il en conséquence? J'espère que nous vous entendrons au fil du temps. Je sais que vous n'avez pas de mandat particulier pour donner suite au rapport, mais j'espère que vous nous direz ce que vous constatez de la part du secteur privé et du gouvernement sur le plan de l'action concrète.
Je voulais parler un peu du transport ferroviaire. Je voulais me concentrer sur le transport ferroviaire. L'Office des transports du Canada, l'OTC, tient les chemins de fer responsables de fournir un service adéquat. J'ai parlé à des expéditeurs et j'ai entendu dire que la norme est difficile à appliquer parce qu'elle est si mal définie.
Aviez-vous des recommandations? Avez-vous constaté qu'il était difficile de déterminer comment...? Je sais que vous avez beaucoup parlé de la relation entre les expéditeurs et les compagnies de chemin de fer, mais selon vous, comment pouvons-nous mieux définir ce qu'est la prestation d'un service adéquat, de manière à assurer la fiabilité, la prévisibilité et la stabilité nécessaires à une chaîne d'approvisionnement harmonieuse?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
La conversation qui vient d'avoir lieu était intéressante. Je vais me permettre de formuler certains commentaires, même si j'ai seulement deux minutes et demie.
Premièrement, je tiens à dire que ma conjointe est issue de l'immigration et qu'un de mes enfants fait partie d'une minorité visible. Je reconnais totalement l'apport de l'immigration. Cependant, le Québec doit être maître d'œuvre de ses politiques pour assurer la pérennité du français. C'est un élément très important pour que notre culture puisse être transmise. C'est pour cela que je tiens à défendre nos politiques publiques au Québec ainsi que notre caractère distinct.
Cela dit, il y a quelque chose que le gouvernement fédéral pourrait améliorer: le traitement des dossiers d'immigration.
Des gens vous ont-ils dit que les longs délais de traitement des demandes d'immigration étaient un problème? Je parle autant des demandes des travailleurs temporaires que des demandes d'autres catégories de travailleurs. Il arrive qu'un employeur embauche un travailleur et suive le processus, mais que les délais de traitement soient tellement longs que cela décourage les gens. Les employeurs perdent des travailleurs à cause de cela.
Le gouvernement fédéral devrait-il être plus efficace dans son traitement des dossiers d'immigration?
:
Je vais poursuivre dans la même veine.
Dans les années 1980, des gens disaient souvent que les immigrants allaient nous voler nos jobs. Aujourd'hui, on a tendance à dire le contraire, c'est-à-dire que nous avons besoin d'immigrants pour combler les besoins de main-d'œvre.
Une question se pose, cependant. Dans les années 1980, on rétorquait que les immigrants ne volaient le job de personne puisqu'ils créaient leur propre job. Aujourd'hui, les immigrants créent encore leur propre job ou, du moins, une demande supplémentaire.
Comment va-t-on faire pour régler le problème lié à notre besoin de plus en plus grand de recourir à l'immigration?
:
Il n'en a pas été question dans la transcription, mais je remarque, pour ceux qui suivent la transcription, que vous avez tous les deux hoché la tête avec véhémence contre la nationalisation de la chaîne d'approvisionnement.
Vous parlez d'habiliter l'OTC à renforcer son mandat et ses ressources, mais vous parlez aussi du Bureau de la chaîne d'approvisionnement. Encore une fois, je dois souligner que le Bureau de la chaîne d'approvisionnement a été, du moins au cours de mes réunions, le point de discorde d'un certain nombre d'intervenants. Certains trouvent que c'est une bonne idée, mais je dirais qu'il rend nerveux bon nombre d'entre eux.
Il suffit de regarder ce qui se fait dans d'autres organismes gouvernementaux. Je pense à la Société canadienne d'hypothèques et de logement, la SCHL. On ne sait pas trop si cela a été un bon coup ou non, selon le point de vue que l'on adopte.
Si c'est le cas, si vous renforcez l'OTC et que vous créez aussi un bureau, essayez de m'aider à comprendre comment cela permet de simplifier les choses.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, j'aimerais lire un extrait du rapport Emerson de 2015. On peut y lire :
D’ici 2060, une augmentation anticipée de 350 pour cent des échanges commerciaux changeront à la faveur des économies émergentes, et leurs exportations seront de plus en plus spécialisées, ce qui suppose plus d’activités à valeur ajoutée. Il sera important d’anticiper les demandes sur notre secteur des transports et d’établir des politiques et des infrastructures qui soutiendront ces tendances.
Sur ce, dans le cadre du rapport Emerson, et compte tenu des nombreux rapports qui ont été présentés et qui ont été mentionnés plus tôt, j'ai une question pour les membres du Groupe de travail sur la chaîne d'approvisionnement. Pensez-vous que nous devrions adopter une stratégie de main-d'œuvre multimodale dans le domaine des transports, incluant tous les modes de transport, dans le but de renforcer notre rendement en matière de commerce international? Cela tiendrait compte des recommandations contenues dans les études suivantes, soit l'examen de la Loi sur les transports au Canada, le rapport Emerson, le document « Pour l'établissement d'une stratégie canadienne sur les transports et la logistique : Rapport intérimaire », que le Comité a déjà produit; l'examen de la modernisation des ports; l'examen de la Voie maritime du Saint-Laurent; la Stratégie de l'économie bleue; l'étude sur la chaîne d'approvisionnement que votre comité vient de terminer; et le plus récent rapport final du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement de 2022.
Pour vous aider à mieux comprendre, je vais vous donner un exemple. À Niagara, nous entreprenons un projet d'immobilisations — une installation d'innovation et de formation dans les Grands Lacs. Au cœur de cette installation se trouvera un campus qui préparera et formera la prochaine génération de spécialistes des transports, en intégrant la distribution et la logistique et en travaillant main dans la main avec le mouvement à jour des marchandises le long des corridors commerciaux stratégiques, comme dans le cas des Grands Lacs; l'intégration avec le transport routier, ferroviaire et aérien; et l'harmonisation avec l'analyse de données à jour menant à la gestion intégrée.
Par conséquent, peut‑on affirmer que les chauffeurs, les ingénieurs, les capitaines et les pilotes d'hier, tout en transportant des marchandises, sont les spécialistes du transport de demain — les exploitants et les gestionnaires des données et de la logistique — formés pour offrir une valeur ajoutée à l'entreprise et aux clients grâce à la fluidité, et reconnus comme exerçant un métier spécialisé?
Je pose la question aux deux personnes en particulier parce que nous sommes en 2022. Cela dit, et pour tout ce que je viens de mentionner, nous considérons que le mouvement des marchandises, et ceux qui transportent nos marchandises ne sont pas seulement des chauffeurs, mais des spécialistes du transport. Ils devraient être formés de cette façon et reconnus comme exerçant un métier spécialisé. Êtes-vous d'accord?
Madame Yako ou monsieur Gattuso, je vous le demande.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et distingués membres du Comité. Je m'appelle Ian Gillespie et je suis directeur des politiques relatives aux travailleurs temporaires à IRCC.
Je tiens d'abord à souligner que je me joins à vous depuis le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Comme vous le savez, le Canada fait face à des pénuries de main-d'œuvre à l'échelle du pays et dans tous les secteurs, y compris dans celui des transports. L'immigration contribue aux efforts de renforcement de notre capacité nationale en matière de main-d'œuvre et elle permet d'améliorer la prospérité et la croissance économique du Canada. Les résidents temporaires et permanents apportent des compétences dont notre économie a besoin et ils aident à combler nos lacunes sur le plan de la main-d'œuvre.
[Français]
Les programmes d'immigration économique soutiennent une économie canadienne forte en attirant des travailleurs talentueux du monde entier. En règle générale, les immigrants économiques sont instruits et capables de s'intégrer facilement au marché du travail canadien. De plus, ils contribuent à la diversité en milieu de travail.
Une gamme de programmes permet à toutes les régions du Canada de bénéficier des avantages de l'immigration économique. La sélection de nouveaux résidents permanents est une responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Par le truchement du Programme des candidats des provinces, en particulier, les administrations peuvent mettre l'accent sur l'attraction et la rétention des nouveaux arrivants possédant les compétences les plus recherchées dans chaque région.
[Traduction]
Un certain nombre de mesures récentes en matière d'immigration visent à nous aider à répondre aux besoins du marché du travail canadien.
L'an dernier, IRCC a mis en œuvre un programme temporaire destiné à permettre à plus de 90 000 travailleurs essentiels et diplômés étrangers — vivant et travaillant déjà au Canada et qui sont résidents temporaires — d'accéder à la résidence permanente, cela afin de retenir des talents recherchés. Il visait des travailleurs de divers secteurs du transport, comme les chauffeurs de messageries, les débardeurs et le personnel de piste.
Les changements à la Classification nationale des professions qui entreront en vigueur le 16 novembre permettront également aux étrangers qui travaillent comme camionneurs d'être admissibles à la résidence permanente grâce aux programmes d'immigration économique pour travailleurs qualifiés gérés par le système Entrée express d'IRCC.
Le Canada a accueilli plus de 405 000 résidents permanents en 2021, ce qui est un nombre record. La cible pour 2022 est légèrement inférieure à 432 000, mais, comme cela a été annoncé l'autre jour, elle passera à 465 000 en 2023. De cette façon, l'immigration permanente aide à relever les défis démographiques et économiques à long terme.
À court terme, les programmes des travailleurs temporaires et des étudiants étrangers du Canada jouent un rôle important. Ils sont axés sur la demande, sans plafond ni limite, de sorte qu'ils sont souples et peuvent être adaptés à l'évolution du marché du travail. Ils répondent aux besoins immédiats de main-d'œuvre de divers employeurs, ils fournissent un large éventail de niveaux de compétence et de niveau de scolarité, et facilitent la productivité, la croissance et l'innovation des entreprises.
Par exemple, grâce à une nouvelle mesure qui entrera en vigueur le 15 novembre, plus de 500 000 étudiants étrangers déjà au Canada pourront travailler plus d'heures en dehors des campus, ce qui contribuera à combler les pénuries de main-d'œuvre et leur permettra de gagner plus d'argent pour financer leurs études. Récemment, IRCC a également annoncé que les diplômés étrangers, dont le permis de travail postdiplôme arrive à échéance, auront la possibilité de travailler au Canada pendant 18 mois supplémentaires.
[Français]
L'année dernière, plus de 5 000 travailleurs étrangers temporaires ont reçu des permis de travail en vue de pourvoir certains postes vacants dans le secteur des transports.
Près des deux tiers sont venus au Canada dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, dirigé par Emploi et Développement social Canada.
[Traduction]
Entretemps, les emplois dans le secteur des transports peuvent être comblés par l'entremise du Programme de mobilité internationale, qui exempte les employeurs des exigences du Programme des travailleurs étrangers temporaires quand ils embauchent des étrangers dont le travail générera des avantages économiques plus étendus pour les Canadiens. Ce programme facilite, par exemple, l'accès au personnel des compagnies aériennes étrangères et au personnel d'entretien des chemins de fer. Il permet également d'embaucher plus rapidement des techniciens et des professionnels internationaux provenant de pays avec lesquels le Canada a conclu des accords commerciaux, notamment dans le cas de professions comme les ingénieurs, les pilotes et les marins hautement qualifiés.
IRCC traite les permis de travail des travailleurs étrangers qui soumettent une demande dans le cadre des deux programmes de travailleurs temporaires. Depuis le début de la pandémie et afin de soutenir la reprise des chaînes d'approvisionnement mondiales, IRCC accorde la priorité aux demandes de permis de travail pour les camionneurs étrangers de sorte à pouvoir répondre aux besoins essentiels de l'industrie canadienne du camionnage.
Les initiatives que j'ai mentionnées s'avéreront utiles dans le long terme, mais les employeurs ont un besoin immédiat de main-d'œuvre étrangère qualifiée, besoin qui ne peut être comblé que des influx rapides.
Comme vous le savez probablement, la demande de permis de travail a augmenté, ce qui a contribué à un gonflement des arriérés et à l'allongement des délais de traitement. IRCC est en train de mettre en place un certain nombre de mesures pour régler ce problème, comme l'embauche de personnel de traitement supplémentaire et l'application de solutions technologiques, qui devraient rapprocher IRCC de ses normes de service d'ici le printemps 2023.
[Français]
Dans le fond, l'immigration n'est qu'une partie de la solution et sert de complément à d'autres mesures nationales visant à réduire la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur des transports et dans d'autres secteurs de l'économie canadienne.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous.
:
Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis Andrew Brown, sous-ministre adjoint principal de la Direction générale des compétences et de l'emploi à Emploi et Développment social Canada.
Je tiens à préciser que je participe à la réunion d'aujourd'hui à partir du territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je suis heureux d'être ici pour discuter de la pénurie de main-d'œuvre.
[Traduction]
Les pressions relatives au marché du travail touchent quasiment tous les secteurs de l'économie ainsi que la plupart des régions du pays. En juillet 2022, il y avait près d'un million de postes vacants dans l'ensemble du Canada. Il y a deux fois plus de professions présentant des signes importants de pénurie de main-d'œuvre aujourd'hui qu'il n'y en avait en 2019.
Par exemple, l'industrie du camionnage contribue de façon importante à l'économie nationale avec un PIB de 20 milliards de dollars en 2021, soit le tiers environ de l'ensemble du secteur des transports. L'industrie emploie environ 278 000 employés et affiche un taux de postes vacants de 9,4 %, soit nettement plus que celui de l'ensemble du marché du travail avec quelque 5,9 %.
Pour les camionneurs, cela représente près de 28 000 postes vacants, chiffre qui rejoint les estimations de l'Alliance canadienne du camionnage qui prévoit que l'industrie du camionnage aura une pénurie de 55 000 travailleurs d'ici la fin de 2023.
Les changements démographiques qui sont enracinés dans une population vieillissante et les départs à la retraite ajoutent des pressions supplémentaires en limitant le nombre de travailleurs disponibles. En août, les professions liées au transport affichaient l'un des âges moyens parmi les plus élevés de l'économie pour des travailleurs.
Alors que le gouvernement cherche à remédier aux pénuries de main-d'œuvre au Canada, nous reconnaissons qu'il existe quatre avenues possibles pour accroître l'offre de la main-d'œuvre. D'abord, soutenir la transition des nouveaux entrants sur le marché du travail, principalement les jeunes. Deuxièmement, accueillir des personnes talentueuses du monde entier, plus particulièrement les immigrants et les travailleurs étrangers temporaires. Troisièmement, accroître la participation des groupes sous-représentés sur le marché du travail et, quatrièmement, aider les personnes qui travaillent déjà et qui ont besoin de se recycler et de se perfectionner pour pouvoir s'adapter et rester plus longtemps sur le marché du travail.
Les jeunes constituent la plus importante source de nouveaux arrivants sur le marché du travail au Canada, avec 4,9 millions de jeunes chercheurs d'emploi que l'on estime devoir entrer sur le marché du travail entre 2019 et 2028. Afin d'aider les jeunes et les étudiants à acquérir des compétences professionnelles et à établir des liens avec les employeurs, le budget de 2021 a réservé plus de 720 millions de dollars en financement supplémentaire pour la Stratégie emploi et compétences jeunesse, le Programme de stages pratiques pour étudiants et le programme Emplois d'été Canada.
Comme vous l'avez sans doute entendu de mon collègue, l'immigration est une source de main-d'œuvre nouvelle, puisqu'elle complète l'immigration permanente avec quelque 100 000 travailleurs étrangers temporaires qui entrent au Canada chaque année. Des changements récents permettent à présent aux employeurs d'embaucher jusqu'à 30 % de leur main-d'œuvre dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires venant occuper des emplois à bas salaire pendant un an dans des secteurs aux prises avec des pénuries importantes. D'autres employeurs seront autorisés à embaucher jusqu'à 20 % de leur main-d'œuvre pour des postes à faible salaire et cela jusqu'à nouvel ordre, ce qui est une augmentation par rapport à l'ancien plafond de 10 % pour de nombreux employeurs.
L'autre source de main-d'œuvre est constituée par les groupes sous-représentés. L'augmentation du taux de participation des femmes, des Autochtones, des personnes handicapées et des Canadiens noirs et racisés dans le marché du travail devrait grandement contribuer à accroître l'offre de main-d'œuvre.
[Français]
Tout aussi importants pour nos initiatives liées au marché du travail, les investissements récents et ambitieux du gouvernement dans les garderies, les logements abordables, le transport et la large bande permettent de créer les systèmes et les mesures de soutien nécessaires pour aider à accroître la participation des Canadiens au marché du travail.
La réduction de l'inadéquation des compétences ainsi qu'une meilleure utilisation des talents disponibles seront essentielles pour répondre aux besoins et aux pénuries en matière d'emploi. À cette fin, le gouvernement du Canada a pris des mesures concrètes pour contribuer à réduire les pénuries à l'échelle de l'économie.
Le Programme de solutions pour la main-d'œuvre sectorielle est un exemple intéressant d'investissement récent dans le cadre du budget de 2021. Ce programme, qui fournit 960 millions de dollars sur trois ans, aide les secteurs clés en finançant des activités axées sur l'industrie. Cela permettra aux travailleurs de suivre des formations et de recycler leurs compétences et aidera les employeurs à attirer et à maintenir en poste une main-d'œuvre qualifiée.
Dans le budget de 2021, le gouvernement du Canada a également fait des investissements importants pour...
[Traduction]
Bonsoir, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Je commencerai par souligner que je me joins à vous aujourd'hui depuis le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je m'appelle Melanie Vanstone et je suis directrice générale des programmes de sécurité multimodale et routière au sein du groupe Sécurité et sûreté à Transports Canada. Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui pour vous présenter le point de vue de Transports Canada sur les graves pénuries de main-d'œuvre et de qualifications auxquelles est confronté le secteur des transports dans des professions comme celles de camionneurs, de marins, de pilotes, et de cheminots.
Une main-d'œuvre robuste, diversifiée et qualifiée dans le secteur des transports est un élément essentiel de la reprise économique du Canada et d'une chaîne d'approvisionnement efficace, tout en soutenant la sécurité et la sûreté de notre système de transport. La main-d'œuvre du secteur des transports soutient la circulation des biens et des personnes dans les secteurs qui dépendent des transports, notamment la fabrication, les ressources naturelles et l'agriculture, partout au pays.
Comme d'autres témoins l'ont dit au Comité, il existe un certain nombre de pressions structurelles qui contribuent à la pénurie de main-d'œuvre et de qualifications dans le secteur des transports et parmi lesquelles on retrouve les coûts élevés de l'éducation et de la formation pour certaines professions, puisqu'il faut parfois débourser jusqu'à 90 000 $ pour devenir pilote commercial, plus de 15 000 $ pour devenir chauffeur routier, auxquels s'ajoute un faible salaire initial. S'ajoutent à cela une méconnaissance des emplois et des carrières dans le secteur et des changements démographiques, notamment le vieillissement de la population et le manque de diversité. Par exemple, le secteur des transports se classe derrière les autres secteurs réglementés en termes de diversité. Enfin, mentionnons la mauvaise image dont souffre la culture du travail dans l'ensemble de l'industrie en raison de problèmes d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, d'infrastructures inadéquates et de préoccupations concernant la culture du travail dans le secteur.
L'automatisation et d'autres technologies continueront de modifier le secteur à l'avenir, ce qui signifie que la nature des emplois dans le secteur continuera d'évoluer, soulignant le besoin de compétences de plus en plus avancées.
Reconnaissant l'importance de la main-d'œuvre pour le fonctionnement du système, Transports Canada a élaboré une stratégie pour contribuer à remédier aux pénuries de main-d'œuvre et de compétences. La stratégie repose sur quatre piliers et met l'accent sur le recrutement et le maintien en poste des groupes sous-représentés.
Voici les piliers en question: premièrement, obtenir des données et effectuer des analyses ciblées; deuxièmement, promouvoir la sensibilisation et le rapprochement; troisièmement, s'attaquer aux coûts élevés de la formation et aux autres obstacles en tirant parti des programmes de l'ensemble du gouvernement et, enfin, moderniser les approches en matière de réglementation afin que les règlements ne créent pas d'obstacles inutiles.
Le ministère continue de travailler en étroite collaboration avec d'autres ministères et organismes fédéraux, notamment ceux représentés ici, avec des représentants de l'industrie et d'autres niveaux de gouvernement.
Transports Canada a pris des mesures dans plusieurs domaines.
Par exemple, le Programme de formation maritime a récemment été renouvelé dans le budget de 2022 dans le cadre du Plan de protection des océans du gouvernement afin de réduire les obstacles à la formation maritime pour les groupes sous-représentés dans la main-d'œuvre maritime, comme les femmes, les habitants du Nord, les Inuits et les peuples autochtones.
Le ministère a négocié un certain nombre d'accords réciproques pour reconnaître certains certificats délivrés à l'étranger pour les marins au Canada. Actuellement, cinq accords sont en place et trois autres sont en cours.
Transports Canada s'appuie sur la technologie pour moderniser ses processus de certification et numériser son système de délivrance des licences de pilote d'avion afin de mieux répondre aux besoins de l'industrie en matière de recrutement et de rétention des talents.
Le ministère des Transports a demandé au Conference Board du Canada de produire un rapport en deux étapes pour examiner les répercussions économiques des pénuries de main-d'œuvre dans le secteur des transports sur l'économie canadienne.
Le ministère a fait appel à EDSC dans plusieurs domaines de programmation clés. En particulier, le Programme de solutions pour la main-d'œuvre sectorielle investira 960 millions de dollars sur trois ans pour améliorer les compétences et la formation dans sept secteurs économiques clés différents, dont les transports.
Enfin, en collaboration avec le guichet d'emplois d'EDSC, Transports Canada a lancé le site Web des emplois et des carrières dans le secteur des transports afin de promouvoir les carrières dans ce secteur.
Transports Canada et d'autres ministères examinent actuellement les recommandations spécifiques du rapport final du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement. Cela comprend celles qui ont trait aux pénuries de main-d'œuvre et de qualifications. Le rapport du groupe de travail contribuera à l'élaboration de la Stratégie nationale sur la chaîne d'approvisionnement qui est en cours de développement.
Nous reconnaissons qu'une collaboration continue est nécessaire avec les partenaires fédéraux, les provinces et les territoires ainsi que l'industrie pour remédier aux pénuries de main-d'œuvre et de qualifications dans le secteur des transports, y compris les recommandations pertinentes du groupe de travail.
[Français]
Je vous remercie beaucoup du temps que vous nous avez accordé aujourd'hui.
[Traduction]
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions sur les mesures prises par Transports Canada à l'égard des pénuries de main-d'œuvre et de compétences dans le secteur.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'intervenir au nom d'IRCC. Je vais contextualiser un peu les mesures que nous prenons. Vous avez raison, il y a tout un inventaire et un arriéré à éliminer.
Outre ce qu'a dit M. Gillespie dans son exposé préliminaire, il faut souligner les progrès réalisés depuis que nous avons redoublé d'efforts pour éliminer cet arriéré.
J'ai quelques statistiques à communiquer au Comité. Nous avons traité environ 560 000 demandes de permis d'études en 2021, soit beaucoup plus qu'avant la pandémie, en 2019. Jusqu'ici, pour l'année 2022, nous avons dépassé...
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de s'être joints à nous ce soir afin de nous orienter quant à la façon de résoudre les questions entourant la pénurie de main-d'œuvre.
Madame Vanstone, le secteur des transports ressent fortement les pénuries de main-d'œuvre, particulièrement dans les secteurs du transport ferroviaire et du camionnage.
Comme l'a noté le Conference Board du Canada, dans le secteur des transports, il va falloir faire davantage appel aux travailleurs âgés pour faire face à la situation
Dites-nous quels sont les principaux défis à relever pour inciter les jeunes à envisager une carrière dans le secteur des transports.
Selon vous, quelles sont les solutions possibles?
:
Merci de la question. Je suis d'accord.
Nous nous sommes penchés sur la question, en collaboration avec nos collègues fédéraux bien entendu, pour trouver des façons d'attirer l'attention des jeunes Canadiens sur le secteur des transports. Ils connaissent effectivement peu les carrières offertes dans le secteur des transports ou peut-être se méprennent-ils sur les compétences nécessaires et l'éventail des carrières.
Comme je l'ai dit dans mon exposé préliminaire, Transports Canada a créé un site Web pour aider les gens à explorer diverses carrières dans le secteur des transports et à trouver les lieux de formation correspondants. Nous aurons peut-être, au fil du temps, l'occasion de travailler avec nos collègues du secteur privé pour envisager des stratégies visant notamment à inciter les jeunes à entamer une carrière dans ce secteur.
Je ne sais pas si mes collègues d'Emploi et Développement social Canada aimeraient parler plus en détail de certains des programmes destinés aux jeunes qu'administre leur ministère.
Pour les prochaines questions, je me référerai au rapport du Groupe de travail sur la chaîne d'approvisionnement et aux recommandations qui ont été faites.
Selon l'une des recommandations formulées, il est urgent d'élargir le programme des travailleurs étrangers temporaires qui s'applique aux travailleurs de la chaîne d'approvisionnement des transports et d'accélérer le traitement des demandes d'asile et d'immigration pour les personnes qui seraient admissibles à travailler pour des entreprises liées à la chaîne d'approvisionnement des transports.
Dans quelle mesure est-il possible de poursuivre dans cette voie, compte tenu des arriérés actuels dans le traitement des demandes d'immigration?
Que faudrait-il faire pour atteindre ces objectifs, madame Vanstone?
Ma prochaine question s'adressera à M. Brown.
En me référant toujours au rapport, il est recommandé de soutenir les entreprises, les organismes communautaires, les organismes d'aide à l'établissement et les autres organisations qui peuvent aider les travailleurs étrangers temporaires, comme les réfugiés et les immigrants, à s'acclimater au milieu du travail et à l'environnement social canadien.
Quels programmes y a-t-il actuellement pour soutenir ce type de travail?
Au cas où il n'y en aurait aucun, dans quelle mesure est-il possible de mettre en place de tels programmes?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à vous souhaiter la bienvenue, messieurs Gionet et Gillespie. Je suis très heureux de vous voir ici. Je n'ai pas la chance de siéger au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, mais j'entends parler de préoccupations touchant votre travail de façon quotidienne à mon bureau de circonscription.
Je vous dirais que l'une de mes employées travaille presque à temps plein au traitement des dossiers d'immigration. Je trouve cela particulier comme situation, car nous travaillons dans un bureau de député et non dans un bureau de l'immigration. Il y a toutefois des gens qui nous appellent constamment, qui viennent pleurer et qui sont découragés. Cela fait des années que leur dossier n'est pas traité, et ils ne savent plus quoi faire. Nous essayons de les aider, mais nous ne pouvons pas faire le travail à la place des fonctionnaires.
Reconnaissez-vous le problème que vous avez entre les mains, à savoir que les dossiers ne sont pas traités assez rapidement?
:
Merci de la question, monsieur le président.
Nous reconnaissons effectivement qu'il y a des arriérés. Un plan d'action a été mis en place pour essayer de réduire les arriérés et de revenir aux normes de service qui sont prévues.
Comme nous l'avons mentionné précédemment, un paquet de mesures ont été mises en place, y compris le recrutement de nouveaux employés pour nous appuyer dans le traitement des dossiers. Nous prévoyons que, d'ici la fin de l'automne, 1 250 nouveaux employés auront été embauchés pour nous aider à réduire les arriérés. Nous observons du progrès dans le traitement des demandes liées aux permis d'étude, aux permis de travail, aux visas et à la résidence permanente. Les arriérés commencent à diminuer.
Je pense qu'il est pertinent de souligner aux membres du Comité que, depuis le début de l'année, 552 000 permis de travail ont été délivrés.
Peut-être Mme Seger pourrait-elle faire parvenir au Comité un mémoire dont nous pourrions nous servir pour rédiger notre rapport, car ce serait très utile.
Ma prochaine question s'adresse à Mme Vanstone. Vous avez parlé de formation maritime. J'étais à Prince Rupert le week-end dernier. Prince Rupert a connu une véritable expansion de l'emploi dans le secteur maritime, en grande partie grâce à l'expansion du port de Prince Rupert, mais aussi à d'autres activités.
Des gens de la collectivité, des syndicats et d'autres groupes m'ont dit qu'ils avaient besoin d'un centre de formation maritime local. Pour l'instant, les candidats à ces emplois doivent s'éloigner de leur famille et de leur foyer pour aller suivre une formation à leurs frais dans la région du Lower Mainland.
Est‑ce que votre ministère a songé à ajouter des centres régionaux de formation maritime et est‑ce que la côte nord de la Colombie-Britannique figure sur la liste des régions visées?
:
Génial. Voyez-vous cela, je suis de plus en plus efficace. C'est bien ce qui se passe ici. L'efficacité nous permet évidemment d'être plus productifs.
Ma prochaine question porte sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires. Monsieur Gillespie, vous avez parlé des mesures prises par le gouvernement pour accélérer la procédure et permettre une entrée express aux ressortissants étrangers embauchés comme camionneurs.
Cela semble être une mesure vraiment positive, qui va certainement dans le sens de ce que le NPD appuie, à savoir l'abandon du Programme des travailleurs étrangers temporaires pour accorder un statut à tous les étrangers qui travaillent dans notre pays et contribuent à notre économie.
Pourquoi se limiter au secteur du camionnage? Il y a tellement de secteurs de notre économie qui ont besoin de main-d'œuvre supplémentaire. Quels sont les obstacles à l'élargissement de cette procédure d'entrée express à d'autres branches, au sein du secteur des transports ou ailleurs dans l'économie?
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins du temps qu'ils nous consacrent cet après-midi.
J'aimerais revenir sur les questions de Mme Lewis et de M. Barsalou-Duval au sujet de l'arriéré.
Au début de la séance, nous avons entendu les représentants du Groupe de travail national sur la chaîne d'approvisionnement. Ils nous ont parlé, entre autres, du besoin de travailleurs. Et ils ont expliqué que l'immigration et les travailleurs étrangers temporaires faisaient partie de la solution. De nombreux témoins nous l'ont dit tout au long de cette étude.
Vous ne pouvez pas confirmer l'arriéré de 2,6 millions de cas, et le temps de traitement semble être variable ou dépendre de circonstances. Il existe beaucoup de statistiques. Les chiffres qu'on m'a donnés vont de 160 jours à six mois. Quelle est la norme de service pour le traitement des demandes à IRCC?
:
Non, il n'est pas portatif, mais les candidats vont adorer Niagara. Ils pourront profiter des chutes et des vignobles...
Des députés: Oh, oh!
M. Vance Badawey:... des plages et tout, et, bien sûr, ils pourront visiter la magnifique région de Mme Lewis, à Haldimand, qui est la porte à côté.
Quoi qu'il en soit, maintenant que j'ai perdu 10 ou 15 secondes, j'aimerais revenir sur les questions que j'ai posées tout à l'heure aux personnes qui sont à l'écran.
Je dirai ceci. La préface à ma question est que les chauffeurs et les exploitants d'hier sont les spécialistes du transport d'aujourd'hui. Il ne s'agit plus simplement de conduire un camion ou de diriger et de piloter un navire, etc. Ces gens prennent des décisions en temps réel grâce à des mesures d'efficience et d'efficacité. Qu'il s'agisse du produit, du fret ou des données qu'ils gèrent en cours de route, ils garantissent aux entreprises et aux clients plus d'efficacité, plus d'équité et, partant, plus d'efficience.
Peut‑on affirmer que les chauffeurs d'hier — et je vais répéter la question que j'ai posée tout à l'heure — les ingénieurs, les capitaines et les pilotes qui transportent des marchandises sont les spécialistes du transport de demain? Ce sont des exploitants, soit, mais leurs gestionnaires de données et de logistique sont tout aussi importants, eux qui sont formés pour offrir une valeur supplémentaire à l'entreprise et à la clientèle, comme je l'ai dit tout à l'heure.
Avez-vous l'impression qu'avec les accords commerciaux que notre pays a ratifiés depuis trois ou quatre ans... C'est vrai que notre population est de 38 millions d'habitants, et certains diraient que c'est peu, mais, en fait, notre population économique est supérieure à 1,8 milliard, ce qui nous place dans les deux premières populations économiques du monde. Donc, est‑ce qu'on intègre?
Quelqu'un en a parlé tout à l'heure, je crois que c'était M. Gillespie. Est‑ce que nous intégrons, au sein de ce groupe de partenaires commerciaux, la logistique de distribution et l'analyse de données, qui permettent une gestion intégrée des transports et, par conséquent, la participation de spécialistes des transports à jour, pas seulement des chauffeurs, mais des spécialistes des transports ainsi formés?
Je vous pose la question à tous.
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Je vais commencer, et j'invite mes collègues à intervenir à leur tour.
Au ministère des Transports, nous constatons que de nouvelles technologies et de nouvelles mesures sont constamment introduites dans le secteur des transports, et cela entraîne des changements dans les exigences en matière de compétences dans de nombreuses professions du secteur. Je crois que c'est vrai dans une certaine mesure. Il y a une évolution constante des compétences et des exigences pour les gens qui font ces carrières.
J'ajouterais que Transports Canada a déjà fait certains investissements dans le cadre du budget de 2022, dont 163,3 millions de dollars sur cinq ans pour élaborer une stratégie moderne, numérique et axée sur l'analyse afin de faciliter l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement, améliorer la gestion des actifs et de la circulation, favoriser la résilience et améliorer la coordination entre les modes de transport. Nous sommes conscients de ces problèmes et nous prenons des mesures dans ce contexte plus général.
J'invite ceux qui le souhaitent à compléter ma réponse.