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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 73e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 7 mars 2023, le Comité se réunit pour étudier l'adaptation des infrastructures pour faire face au changement climatique.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022. Les députés peuvent y participer en personne, dans la salle, ou à distance, par l'intermédiaire de l'application Zoom.
[Traduction]
Je tiens à informer les membres du Comité que la qualité sonore des connexions de tous les témoins a été testée pour nos interprètes et qu'elle a été jugée satisfaisante.
Chers collègues, nous accueillons aujourd'hui comme témoins M. Ryan Ness, directeur de l'Adaptation à l'Institut climatique du Canada, qui comparaît par vidéoconférence; Ralf Nielsen, de l'Association canadienne du transport urbain, directeur de la Durabilité des entreprises, qui comparaît par vidéoconférence; et Wing‑On Li, de Horizons Group, directeur et président, qui comparaît également par vidéoconférence.
Bienvenue à tous.
[Français]
Nous accueillons également M. Patrick Bousez, préfet de la MRC de Vaudreuil‑Soulanges; M. Antonin Valiquette, maire de la Municipalité des Îles‑de‑la‑Madeleine; et Mme Andrée Bouchard, mairesse de la Ville de Saint‑Jean-sur-Richelieu.
Je vous souhaite la bienvenue à tous.
[Traduction]
Nous commençons aujourd'hui les déclarations liminaires par M. Ness, de l'Institut climatique du Canada.
Monsieur Ness, vous disposez de cinq minutes. La parole est à vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président, de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Ryan Ness. Je suis directeur de l'Adaptation à l'Institut climatique du Canada, l'organisme indépendant de recherche sur la politique climatique du Canada. Notre travail consiste à produire des renseignements et des conseils sur lesquels les décideurs peuvent s'appuyer pour prendre des décisions stratégiques éclairées et pour mener des actions proportionnelles aux défis posés par les changements climatiques au Canada.
Nous avons examiné les conséquences et les coûts éventuels des changements climatiques sur les infrastructures du Canada, ainsi que les avantages de l'adaptation des infrastructures, dans le cadre de notre série de documents de recherche intitulée « Les coûts des changements climatiques » pour le Canada, la plus grande étude à ce jour sur les éventuelles répercussions économiques des changements climatiques pour ce pays. Aujourd'hui, je vais mettre en évidence certaines conclusions et recommandations clés qui sont pertinentes pour le travail de ce comité.
La première conclusion clé est que le coût des changements climatiques pour le Canada sur le plan des dommages et de la destruction causés aux infrastructures, qui sont déjà vulnérables en raison de décennies de sous-investissement, pourrait être massif. Les dommages causés par les changements climatiques aux routes et aux réseaux d'électricité en raison d'étés plus chauds pourraient à eux seuls coûter entre 2,5 et 4 milliards de dollars par an d'ici 2050. De même, les dommages causés par les inondations aux habitations et aux bâtiments pourraient tripler, passant de plus de 1 milliard de dollars aujourd'hui à plus de 5 milliards de dollars par an d'ici 2050.
Ces dommages coûtent à tout le monde, pas seulement aux personnes directement touchées, mais à tout le monde, car ils perturbent la croissance économique. Nous estimons que d'ici 2025, les seuls impacts supplémentaires des changements climatiques depuis 2015 coûteront à l'économie canadienne 25 milliards de dollars en PIB et réduiront le revenu moyen des ménages de 800 $.
L'impact des changements climatiques sur les infrastructures aura également des coûts non économiques importants, modifiant fondamentalement le mode de vie dans certaines régions du Canada, comme dans le Nord, où de nombreuses collectivités sont construites sur le pergélisol qui fond et dépendent de routes d'hiver de moins en moins viables. En l'espace d'une ou deux décennies seulement, il peut devenir impossible de vivre dans ces collectivités.
La deuxième conclusion clé est que l'investissement proactif dans l'adaptation des infrastructures est de loin le moyen le plus rentable de protéger les services d'infrastructure dont dépendent les gens, les entreprises et l'économie.
Lors de la réfection des routes, par exemple, l'utilisation de matériaux sélectionnés pour résister au climat deux ou trois décennies plus tard peut réduire les coûts liés aux changements climatiques de plus de 90 %. La protection ou le déplacement de quartiers et de bâtiments de zones à haut risque pourrait réduire le coût des inondations côtières de près de 1 milliard de dollars chaque année d'ici la fin du siècle. Nous constatons que, dans l'ensemble, chaque dollar investi dans l'adaptation peut éviter 5 $ de dommages aux ménages, aux entreprises et aux gouvernements directement touchés, et éviter 10 $ supplémentaires de perturbations à l'économie canadienne.
Une troisième constatation clé est que le manque de renseignements et d'orientations freine les progrès au Canada en matière d'adaptation et de résilience des infrastructures. Par exemple, environ un demi-million de bâtiments exposés au risque d'inondation au Canada ne sont pas repérés sur les cartes d'inondation produites par le gouvernement, et la cartographie des risques d'incendie de forêt est pratiquement inexistante.
En l'absence de ces renseignements, peu de propriétaires d'infrastructures ou d'investisseurs sont en mesure d'évaluer et de gérer les risques climatiques existants, sans parler des risques futurs qui seraient associés aux changements climatiques. De nombreux codes et normes qui régissent la construction des infrastructures au Canada ne tiennent toujours pas compte des changements climatiques, et d'autres, qui sont en cours de mise à jour, ne seront pas appliqués avant de nombreuses années. Par ailleurs, la réglementation financière ne fait pas grand-chose pour garantir que les propriétaires d'infrastructures et les investisseurs tiennent compte du risque climatique dans leurs décisions d'investissement.
Nous avons formulé des recommandations qui découlent de ces conclusions et qui sont pertinentes pour les travaux de ce comité.
Premièrement, le gouvernement du Canada devrait jouer un rôle de chef de file en veillant à ce que toutes les décisions gouvernementales en matière de dépenses et de réglementation concernant les infrastructures prennent explicitement en compte les risques climatiques et les avantages liés à l'adaptation.
Les mesures prises par le gouvernement fédéral, comme l'augmentation du soutien financier à l'adaptation des infrastructures municipales dans le cadre du Fonds d'adaptation et d'atténuation en matière de catastrophes et du Fonds municipal vert, ou FMV, ainsi que la recherche sur les codes et les normes, sont importantes, mais elles ne produisent pas de résultats à l'échelle et au rythme requis. Le gouvernement fédéral devrait mener des démarches à long terme, coordonnées et accélérées afin de mieux utiliser les ressources et les pouvoirs collectifs de tous les ordres de gouvernement pour s'assurer que les nouvelles infrastructures sont construites pour être résilientes et que les infrastructures existantes sont rendues résilientes.
Deuxièmement, le gouvernement du Canada devrait faire davantage pour diriger et coordonner l'élaboration et la publication de renseignements précis sur les risques climatiques liés aux infrastructures dans l'ensemble du pays. Les investissements à cette fin annoncés dans la stratégie nationale d'infrastructure et dans le budget de 2023 concernant la cartographie des inondations sont une mesure positive, mais ils ne fournissent qu'une petite fraction du financement qui sera nécessaire pour la production complète des renseignements et de la cartographie sur les risques climatiques dans tout le pays.
Enfin, les gouvernements et les organismes de réglementation devraient exiger que les risques liés aux changements climatiques soient rendus transparents dans les transactions d'infrastructure, qu'il s'agisse de la vente de maisons par les propriétaires ou de l'émission d'obligations par les municipalités. Le gouvernement du Canada et les organismes de réglementation qu'il supervise peuvent là encore jouer un rôle de chef de file en montrant aux autres gouvernements et organismes de réglementation comment des politiques et des outils peuvent être élaborés pour garantir que les propriétaires, les prêteurs, les investisseurs et les autres acteurs du système financier analysent, divulguent et gèrent les risques climatiques associés aux investissements dans les infrastructures et orientent les capitaux vers des décisions moins risquées sur le plan des d'infrastructures.
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer.
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que le Comité.
Je représente l'Association canadienne du transport urbain, mais mon travail quotidien est celui de directeur de la Durabilité des entreprises chez TransLink, et je suis responsable de l'élaboration et de la direction du plan d'action et de la stratégie en matière de climat pour notre organisation.
TransLink est la première autorité de transport multimodale d'Amérique du Nord, promulguée par la loi provinciale en 1998. Nous desservons une région de 2,5 millions d'habitants, qui passera à 3,5 millions d'ici 2050. Cette région englobe 21 municipalités, 9 Premières Nations, une nation régie par un traité et une circonscription électorale.
Nous ne nous occupons pas seulement des transports en commun. Nous possédons et exploitons six ponts dans la région. Nous finançons l'exploitation et l'entretien du réseau routier principal et, avec nos partenaires régionaux, nous investissons dans les infrastructures pour les cyclistes et les piétons.
Les changements climatiques causent directement des dommages à notre région. En 2021, comme vous le savez, notre population a été directement touchée par des événements importants directement liés aux changements climatiques. Au cours de l'été de cette année-là, 619 personnes sont mortes en Colombie-Britannique lors des vagues de chaleur successives et du dôme de chaleur. Plus tard, en octobre et novembre de la même année, la région a été coupée, physiquement et économiquement, du reste du Canada en raison de rivières atmosphériques successives, d'inondations et de la fermeture des ponts subséquente.
Les changements climatiques causent également des dommages à TransLink et aux infrastructures de transport en commun. Notre travail sur une stratégie et un plan d'adaptation nous a appris que l'eau — essentiellement les inondations, les pluies intenses et l'élévation du niveau de la mer — va endommager l'infrastructure, tandis que la chaleur affecte les personnes.
Nous savons que plusieurs de nos gares d'autobus, à partir desquelles nous déployons notre flotte dans la région, sont situées sur des plaines susceptibles d'être inondées, dont certaines sont très bien protégées, alors que d'autres ne le sont pas et deviendront essentiellement des îles incapables de fournir les services en cas d'inondation critique le long du fleuve Fraser.
Nous savons également que la chaleur affecte notre personnel. Nous avons dû raccourcir certains postes de travail, fournir un refroidissement temporaire et de l'équipement de protection individuelle supplémentaire, et prendre des mesures d'adaptation pour le personnel travaillant dans des installations qui ont été conçues il y a 30 ans, sans air conditionné. Nous savons également que la chaleur va affecter nos clients. Qu'ils prennent les transports en commun, qu'ils marchent ou qu'ils fassent du vélo, il est très important que nous assurions leur confort et leur sécurité en veillant à ce qu'ils continuent à choisir TransLink et le transport en commun plutôt que la voiture.
L'adaptation est essentielle pour gérer les risques à long terme qui pèsent sur les transports en commun, qu'ils soient physiques ou financiers. Nos institutions gouvernementales, nos institutions financières, nos partenaires régionaux et le gouvernement du Canada, qui servent et financent tous le transport en commun au Canada, s'attendent à ce que nous ayons des plans d'atténuation et d'adaptation et que nous divulguions ces risques. Nous sommes reconnaissants au gouvernement fédéral pour les investissements réalisés dans le cadre du Fonds pour le transport en commun à zéro émission, que nous utilisons pour atténuer les effets des changements climatiques en effectuant la transition de notre flotte, mais notre succès à long terme en matière d'adaptation aux changements climatiques dépend de trois facteurs.
Le premier est une collaboration étroite dans la planification et la conception proactives entre les spécialistes de l'adaptation aux changements climatiques, les ingénieurs, les architectes, les experts de la gestion des urgences et de la préparation, ainsi que dans les codes du bâtiment. Comme l'a mentionné M. Ness, il est vraiment important que la planification et la conception se fassent selon des normes plus rigoureuses fondées sur le climat futur plutôt que sur les normes historiques.
Deuxièmement, nous avons besoin d'un financement cohérent et fiable, principalement pour des éléments clés. Le premier de ces éléments est la protection pangouvernementale des infrastructures de toutes les régions contre les événements graves. Par exemple, la stratégie de gestion des inondations du Lower Mainland nécessite une collaboration dans toute la région.
Le deuxième élément clé est une prime d'encouragement pour la conception et la construction de nouvelles infrastructures capables de s'adapter à l'évolution du climat au cours du cycle de vie type de 50 ans à 70 ans en fonction duquel nous concevons et construisons nos infrastructures. Je crois qu'un fonds permanent pour les transports en commun serait un excellent moyen d'apporter le soutien nécessaire pour permettre aux agences de transport en commun de gérer ces risques à long terme.
Enfin, les programmes qui assurent la sécurité et le confort de nos clients — stratégies de refroidissement actives ou passives, ou couvert forestier — peuvent continuer faire privilégier le transport en commun, la marche et le vélo par rapport à l'automobile, et à en faire des choix fiables, pratiques et fréquents.
Ensuite, nous devons protéger et améliorer notre patrimoine naturel, qui non seulement constitue souvent notre meilleure protection contre les événements graves, mais peut aussi séquestrer le carbone, améliorer la biodiversité et ramener la nature dans les paysages suburbains ou urbains.
Nous devons accomplir ce travail de deux manières différentes du passé. La première est l'équité. Nos solutions doivent être équitables et justes et ne pas désavantager davantage les groupes qui recherchent l'équité, les personnes à faible revenu. La plantation d'arbres ne peut-elle pas aller de pair avec des transports en commun à zéro émission dans ces quartiers?
Deuxièmement, la vision bifocale — reconnaître les connaissances autochtones et occidentales — peut nous aider à trouver des moyens d'adaptation et des solutions à long terme que nous ne verrions ou ne découvririons peut-être pas par nous-mêmes.
Enfin, j'aimerais remercier l'Association canadienne du transport urbain et le ministère des Transports et de l'Infrastructure de la Colombie-Britannique d'avoir partagé leurs connaissances avec nous et les autres agences. Nous espérons que le leadership de TransLink en matière d'adaptation aux changements climatiques aidera d'autres agences partout au Canada.
Je me réjouis du débat de ce matin.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Wing Li, et je suis président du groupe promoteur immobilier Horizons Group, établi à Windsor. Nous sommes un promoteur respectueux de l'environnement sur le marché de Windsor et d'Essex County, et nous construisons des maisons durables à des prix abordables.
Aujourd'hui, le Canada compte environ 40 millions de personnes vivant dans 15 millions de logements. Nos maisons contribuent jusqu'à 17 % des émissions totales de gaz à effet de serre du pays. D'ici 2050, la population doublera probablement si nous continuons à accueillir des immigrants au rythme actuel. Pour atteindre l'objectif de carboneutralité du gouvernement fédéral en 2050, nous devons maintenir l'empreinte carbone des futures maisons aussi basse que possible tout en encourageant les propriétaires actuels à réduire leur consommation d'énergie en apportant des améliorations.
Au cours des 20 dernières années, il y a eu des tentatives pour inciter les gens à acheter des maisons écoénergétiques certifiées Energy Star, ÉnerGuide ou R‑2000. Malheureusement, le succès n'a pas été au rendez-vous, principalement parce que les prix élevés dissuadent les constructeurs et les acheteurs de prendre une décision respectueuse de l'environnement.
Pour que nous puissions relever le défi du réchauffement climatique, le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et municipaux, les promoteurs, les propriétaires et les investisseurs — toutes les parties prenantes — doivent trouver un modèle commercial viable qui pourrait les aider tous à assumer une part équitable des contributions financières qui leur serait finalement profitable à long terme. C'est ce que nous appelons une stratégie « gagnant-gagnant-gagnant » pour relever le défi des changements climatiques.
Horizons Group a pour objectif de produire des maisons écoénergétiques, comme les maisons carboneutres préconisées par Ressources naturelles Canada. Par définition, les maisons carboneutres sont 80 % plus éconérgétiques que celles construites selon les codes du bâtiment actuels. Pour être plus précis, la caractéristique la plus importante est que ces maisons utilisent des énergies renouvelables pour la totalité ou la majeure partie de leur consommation. En d'autres termes, leurs factures d'électricité sont toujours maintenues à un niveau bas, de l'ordre de 30$ à 50 $ par mois tout au long de l'année.
Notre groupe ne craint pas d'être le premier à agir. Nous joignons toujours le geste à la parole. En octobre dernier, nous avons annoncé que nous allions commercialiser 52 maisons carboneutres à Colchester, dans la ville d'Essex, que représente le député . Ces maisons sont équipées de systèmes de production d'énergie géothermique et solaire. Nous avons des murs en coffrage isolant, une enveloppe étanche à l'air et un toit en métal. Enfin, nous installerons un chargeur de VE de niveau 2 dans le garage afin d'encourager les résidants à passer aux véhicules électriques. En résumé, nous créons un lotissement qui ne pèsera pas sur l'infrastructure électrique de la ville. En fait, l'ingénieure d'Hydro One a été étonnée par ce que nous lui avons dit lorsqu'elle nous a interrogés sur la demande d'électricité pour le nouveau lotissement. J'ai répondu qu'il y en avait très peu.
Nous sommes en train de finaliser les coûts de construction de chaque maison. Les coûts supplémentaires liés aux caractéristiques écologiques représentent près de 20 % du budget total de la construction. Si les agents immobiliers et les acheteurs aiment nos maisons écologiques et leurs avantages à long terme, ils n'aiment pas le prix plus élevé payé au départ. En tant qu'entreprise bonne citoyenne, nous ne voyons pas d'inconvénient à réduire notre marge bénéficiaire pour une noble cause sociale. Cependant, nous ne pouvons pas fixer le prix des maisons au‑delà des possibilités financières ou du pouvoir d'achat de l'acheteur éventuel.
C'est là que les différents ordres de gouvernement doivent intervenir pour faire des maisons carboneutres une véritable option. Ils doivent offrir des incitatifs aux constructeurs et aux propriétaires. Dans le dernier budget, le gouvernement fédéral a annoncé un crédit d'impôt à l'investissement pouvant aller jusqu'à 30 % pour les initiatives géothermiques des constructeurs ou des propriétaires de maisons neuves. Aucun détail n'a encore été annoncé, mais je crois que c'est un grand pas dans la bonne voie.
À l'échelle provinciale, nous recommandons au gouvernement de renoncer à la taxe sur les transferts fonciers pour les acheteurs de maisons accréditées carboneutres. À l'échelle municipale, une ville ou un village peut décider de renoncer aux droits d'aménagement ou aux droits applicables aux demandes de permis par le constructeur afin que nous puissions maintenir le prix de nos maisons à un niveau bas. Le meilleur incitatif consiste à accorder aux propriétaires un crédit sur la taxe foncière.
Ces efforts combinés des gouvernements constitueront un facteur de réussite essentiel pour déterminer le destin des maisons carboneutres.
Une autre évolution positive dans le financement de l'infrastructure verte est la participation de fonds institutionnels dans des actifs liés aux énergies renouvelables, tels que ceux dans lesquels nous investissons à Colchester.
Des investisseurs privés nous ont contactés. Ils nous ont dit qu'ils étaient prêts à nous verser une allocation d'achat pour les systèmes d'énergie géothermique et solaire en échange d'un contrat de services énergétiques d'une durée de 25 ans avec les propriétaires, afin de récupérer leur investissement et de faire des bénéfices.
Si les frais mensuels du service énergétique sont inférieurs aux factures normales des services publics, nous pensons que les propriétaires accepteront probablement l'offre. Ils bénéficieront alors d'une énergie renouvelable illimitée sans avoir à se soucier de l'escalade des coûts des services publics ou des dépenses d'entretien pendant les 25 années subséquentes.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je tiens à vous remercier de votre invitation. Je suis heureux de pouvoir contribuer à la réflexion de votre comité en vous faisant part des expériences de la MRC de Vaudreuil‑Soulanges devant les phénomènes climatiques grandissants.
Monsieur le président, vous connaissez très bien notre région — j'ai l'honneur de vous connaître —, mais, pour les membres du Comité, j'aimerais d'abord parler de notre région pour mettre en contexte la suite de mon intervention.
Le territoire de la MRC de Vaudreuil-Soulanges regroupe 23 municipalités sur 855 kilomètres carrés. En 2022, on y comptait 166 076 citoyens. La région est en constante augmentation démographique, traversée par un important réseau routier, c'est-à-dire l'autoroute 30, l'autoroute 20 et l'autoroute 40, soit la route Transcanadienne, en plus de voies ferroviaires majeures et nationales du Canadien National et du Canadian Pacifique, sans compter les cinq pipelines qui traversent la région et représentent d'autres facteurs de risque. Vaudreuil‑Soulanges possède un caractère à la fois métropolitain et rural, avec sa zone agricole qui représente 76 % de son territoire.
Les municipalités subissent les conséquences des changements climatiques et sont de plus en plus confrontées à des phénomènes météorologiques intenses, comme le verglas d'avril dernier. Tout le monde se rappelle la crise du verglas de 1998. Celle que nous avons vécue en avril dernier est la deuxième plus grande crise de verglas de l'histoire du Québec.
La MRC de Vaudreuil‑Soulanges a été la première touchée par la pluie verglaçante. Près de 97 % de la population s'est retrouvée sans électricité pendant une longue période, allant même jusqu'à six jours. Vu les circonstances extraordinaires et l'ampleur des dégâts, les défis ont été nombreux pour les municipalités. Dans les faits, nous ne sommes jamais suffisamment prêts à faire face aux différents aléas de la nature. On peut toujours faire mieux.
Évidemment, lorsqu'une telle situation se produit, la première chose que nous tentons de faire est d'établir la communication avec l'ensemble des acteurs du milieu, pour s'assurer que tout est mis en place pour répondre aux besoins urgents et rassurer rapidement la population.
La réalité est que, bien que nous soyons à l'ère des communications, nous avons rapidement constaté que nous n'étions pas en mesure de communiquer entre nous, puisque le réseau des télécommunications était partiellement ou complètement hors service pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, dans certains secteurs. Par conséquent, nous n'étions même pas en mesure de communiquer entre élus, notamment entre les maires et les députés, ni de communiquer avec les intervenants du milieu. Du moins, c'était beaucoup plus compliqué qu'à l'habitude.
Par ailleurs, puisque la majorité de la population utilise une ligne cellulaire plutôt qu'une ligne fixe, nous n'avions aucun moyen d'obtenir facilement les numéros de cellulaire. Pour joindre la population, au lieu d'envoyer une communication rapide par téléphonie, les intervenants ont dû faire du porte-à-porte pour s'assurer, entre autres, de la sécurité des personnes en situation de vulnérabilité. Cette opération a demandé beaucoup plus de temps. Il ne restait que les réseaux sociaux pour ceux qui avaient encore une connexion. Ce n'était pas suffisant pour rejoindre l'ensemble de la population.
Pour illustrer en chiffres cette crise, je vais fournir quelques éléments. Près de 30 à 35 mm de pluie verglaçante sont tombés en 13 heures. À certains endroits, plus de 40 mm sont tombés, selon Simon Legault, météorologue à Environnement Canada. Dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges, 64 765 clients d'Hydro‑Québec sur 75 429 ont été privés d'électricité. Des services essentiels ont dû fermer leurs portes, comme des stations d'essence, et n'ont pas pu répondre aux besoins de la population. Par conséquent, il y a eu des files d'attente de plusieurs kilomètres pendant plusieurs heures aux deux ou trois seules stations de service ouvertes sur tout le territoire de la MRC, afin de s'approvisionner en essence pour les voitures et les génératrices.
Dans plusieurs cas, les génératrices sont utilisées pour pomper l'eau dans les sous-sols de maisons et de bâtiments ou pour assurer le fonctionnement du chauffage pour les personnes vulnérables, en plus de donner aussi la possibilité de brancher un téléphone cellulaire pour rester en communication avec ses proches. À défaut de quoi, les municipalités et les intervenants du milieu orientaient les citoyens vers des ressources locales disponibles. D'ailleurs, le centre d'urgence 911 de Lévis n'avait jamais vu autant d'appels en si peu de temps pour notre région. En 2022, 3 074 appels ont été faits au 911 pour signaler un incendie sur le territoire de Vaudreuil-Soulanges.
Entre les 4 et 9 avril 2023, le nombre de ce même type d'appels s'est établi à 2 177, ce qui représente, en seulement six jours, 71 % des appels 911 Incendie reçus pour toute l'année 2022.
Il est important de comprendre qu'un appel au 911 n'est pas une seule et unique communication, mais bien plusieurs communications engendrées pour répondre à celui-ci sur le réseau en même temps. De plus, il faut savoir que les services opérationnels d'incendie passent par la radiocommunication, alors que les services administratifs passent par la télécommunication.
Pendant cet épisode de verglas, le réseau de télécommunication n'étant plus fonctionnel, l'ensemble des services administratifs ont été transférés sur le réseau de radiocommunication, ce qui a causé une importante augmentation de l'achalandage sur les fréquences. Même la Sûreté du Québec — je dis bien la Sûreté du Québec — n'avait plus de réseau cellulaire. Bref, vous comprendrez à quel point les répercussions sur ces services essentiels ont été désastreuses sur le plan communicationnel.
En résumé, toutes les mesures civiles, les infrastructures et les services essentiels ont été mis à l'épreuve lors de cet épisode de verglas. Ces constats et cette expérience démontrent qu'il va falloir plus d'aide de la part des gouvernements afin d'adapter les infrastructures à ces aléas climatiques de plus en plus fréquents. Il va certainement falloir revoir la robustesse du réseau de télécommunication afin de s'assurer de pouvoir faire face à ces phénomènes météorologiques de grande ampleur, puisque force est de constater que nous y serons de plus en plus confrontés.
Je termine en soulignant la résilience des municipalités, et en invitant le Comité à se pencher sur différentes pistes de solutions pour améliorer les réseaux de télécommunication, de transmissions électriques ainsi que les infrastructures municipales. J'invite aussi les différents intervenants du milieu à agir en adoptant des mesures concrètes, telles qu'un meilleur contrôle de la végétation près du réseau électrique et des plans B pour le réseau de télécommunication.
Je vous remercie de votre écoute, et j'espère que votre comité pourra contribuer à trouver et mettre en œuvre des solutions concrètes dans les meilleurs délais, vu les enjeux importants.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités dans le cadre de son étude sur l'adaptation des infrastructures au changement climatique au Canada.
Je suis heureux de m'adresser à vous à titre de maire et président de la communauté maritime des Îles-de‑la‑Madeleine, qui est composée de la municipalité de Grosse‑Île et de la municipalité des Îles-de‑la‑Madeleine. Notre archipel est occupé par 13 000 résidants permanents et visité annuellement par environ 75 000 touristes, qui y font un séjour moyen de 11 jours.
Pour simplifier la présentation et éviter la confusion, je vais utiliser le terme « municipalité des Îles » ou simplement « municipalité ». Sachez toutefois que, chaque fois, ce terme renverra à l'ensemble des gens que je représente et des compétences qui me sont dévolues.
Pour bien vous situer, l'archipel des Îles-de‑la‑Madeleine repose au centre du golfe du Saint‑Laurent, à plus de 100 kilomètres de la terre la plus proche. Vous comprendrez donc que nous sommes aux premières loges des répercussions des changements climatiques. L'érosion de nos berges est un phénomène bien connu. Toutefois, depuis les dernières tempêtes, nous devons aussi lutter contre la submersion côtière.
Jusqu'à la dernière décennie, nous subissions de fortes tempêtes de vent et de pluie, parfois violentes, qui attaquaient nos côtes et nous ont amenés à être proactifs pour protéger notre milieu. La preuve en est que nous figurons parmi les municipalités pionnières au Québec à avoir collecté des données scientifiques, réalisé des analyses coûts-avantages et créé un poste spécialisé de gestionnaire en érosion côtière.
Malgré ces tempêtes, le dernier ouragan dont les Madelinots parlaient était l'ouragan Blanche, qui a eu lieu en 1974. Par contre, depuis la tempête de novembre 2018, l'ouragan Dorian de 2019 et l'ouragan Fiona, survenu en 2022, nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Nous faisons maintenant l'objet d'attaques furieuses de la nature à une fréquence et avec une force beaucoup plus grande, dont les effets à l'échelle locale rejoignent ceux évoqués par mon collègue de Vaudreuil‑Soulanges.
En raison de ces événements météorologiques, jumelés au retrait du couvert de glace en hiver, des morceaux de notre territoire sont devenus vulnérables. Nous nous trouvons donc devant l'obligation d'agir afin de protéger nos infrastructures et devant des choix difficiles quant à la gestion et à l'aménagement de notre territoire.
Les principales infrastructures relevant du gouvernement du Canada sont les infrastructures portuaires des Îles-de‑la‑Madeleine. L'archipel est doté de huit ports de pêche pour petits bateaux, relevant de Pêches et Océans Canada, qui hébergent les 325 homardiers et la cinquantaine d'autres bateaux de pêche côtière. Cette industrie représente près de 250 millions de dollars de retombées dans notre communauté.
En ce qui a trait aux ports pour petits bateaux, nous sommes satisfaits du rôle joué par Pêches et Océans Canada. Ce ministère est proactif et tente de prévoir l'incidence des changements climatiques pour les 40 ou 50 prochaines années dans ses interventions sur les infrastructures. Malheureusement, une accélération de l'ensablement dans certains ports vient grever le budget destiné à la mise à niveau des infrastructures.
Malgré l'effort et les sommes importantes affectées à l'entretien et à la mise à niveau des ports de pêche, il est évident que des sommes additionnelles seront nécessaires rapidement si nous voulons accélérer les travaux permettant de faire face aux nouvelles réalités climatiques.
Une intervention majeure dans un port de pêche peut aussi être l'occasion pour nous d'en profiter pour intervenir sur le terrain adjacent et pour optimiser la protection d'un territoire plus large. Cependant, le manque d'arrimage entre les montants disponibles pour l'intervention dans le port et les montants provenant d'autres sources dont la municipalité pourrait bénéficier, génère souvent de belles occasions manquées.
L'archipel compte aussi un port commercial relevant de Transports Canada. Celui-ci accueille: le traversier nous reliant à l'Île-du‑Prince‑Édouard; le navire de charge qui assure notre approvisionnement en marchandises à partir de Montréal; les pétroliers et les barges qui nous approvisionnent en carburant et en agrégat servant aux différents travaux d'infrastructures; la flotte de bateaux de pêche semi-hauturière; ainsi que les bateaux de croisière, de plus en plus nombreux à nous visiter.
C'est donc un lien vital entre notre communauté et le reste du monde. Bref, c'est notre autoroute à nous, aux Îles-de‑la‑Madeleine.
Le quai commercial no 1, qui sert notamment au déchargement des barges, est vieillissant et mal adapté à l'usage intensif actuel. À cause des changements climatiques, il faudra réaliser une mise à niveau de cette infrastructure et, surtout, prévoir une infrastructure de remplacement pour pallier une éventuelle rupture de service de ce quai.
Il faut savoir que tous les matériaux nécessaires à la lutte contre les changements climatiques transitent par ce quai, par exemple, des pierres de carapace, des galets ou du matériel des agrégats pour des recharges de plage ou de berge.
Le port commercial de Cap‑aux‑Meules est une infrastructure vitale, mais elle a été négligée au cours des dernières décennies. En mode rattrapage, le premier ministre est heureusement venu annoncer, en 2022, l'octroi de sommes importantes. Nous pensons être sur la bonne voie, mais nous avons malheureusement appris à faire preuve d'un enthousiasme modéré lorsqu'il s'agit des infrastructures gérées par Transports Canada.
Depuis 2008, plusieurs millions de dollars ont été investis par la municipalité des Îles et les gouvernements du Québec et du Canada dans la réalisation d'ouvrages de protection côtière et de stabilisation des berges, essentiellement à la suite d'événements météorologiques importants. Cela constitue un fardeau fiscal important pour une municipalité de 13 000 habitants.
La municipalité développe actuellement un cadre d'intervention en érosion et en submersion côtières, qui permettra de déterminer les solutions de protection à privilégier et les coûts rattachés à ces interventions.
Le cadre vise à ce que nous soyons en mesure d'intervenir le plus possible en prévention plutôt qu'en réaction aux événements météorologiques. Les études disponibles démontrent que chaque dollar investi en prévention permet d'éviter en moyenne entre 13 $ et 15 $ en dommages, comme l'a mentionné M. Ness un peu plus tôt.
De ce fait, nous considérons important que les trois paliers de gouvernement travaillent en complémentarité pour faciliter la mise en œuvre de notre cadre d'intervention cité plus haut. Ainsi, on pourra optimiser chaque dollar investi.
Pour que les municipalités, dont la nôtre, puissent agir efficacement devant l'adaptation de leur territoire aux changements climatiques, elles doivent pouvoir bénéficier d'une prévisibilité de façon à bien informer leur population, choisir les meilleures solutions, réaliser convenablement les étapes préalables au déploiement sur le terrain et prévoir la gestion des répercussions de ces travaux, souvent d'envergure, très appréciable; elles doivent pouvoir bénéficier aussi d'une flexibilité de façon à pouvoir réagir et modifier ses priorités à la suite d'un événement météorologique important qui fragiliserait un secteur imprévu, sans devoir recommencer les longs processus d'acceptation ou se voir contraindre par une entente déjà signée selon des paramètres différents.
Lors de son intervention du 4 mai devant votre comité, M. Matt Gemmel, le représentant de la Fédération canadienne des municipalités, a affirmé que, selon l'évaluation de celle-ci, le coût de remplacement ou de remise en état des actifs municipaux uniquement s'élève à environ 175 milliards de dollars.
Comme les sommes en jeu sont immenses, il est important, à nos yeux, de se donner les meilleures conditions de réussite.
En conclusion, notre communauté et ses instances sont depuis longtemps proactives et résolument décidées à s'adapter aux changements climatiques et à protéger les Îles-de‑la‑Madeleine.
Pour y arriver, nous aurons besoin d'un soutien financier important et prévisible et d'un encadrement réglementaire flexible. Nous comptons sur l'apport du gouvernement du Canada dans ce dossier.
En terminant, nous constatons à l'usage que l'arrimage entre les programmes issus du gouvernement du Canada et ceux issus du gouvernement du Québec semble être difficile. Sur le terrain, il en résulte des retards ou des limitations dans les possibilités d'utilisation des sommes normalement disponibles. Nous vous invitons à faire le maximum pour qu'il y ait une plus grande fluidité. Ce sera au profit des populations locales.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de me recevoir en ce lendemain de Journée mondiale de l'environnement afin de discuter de l'adaptation des infrastructures pour faire face au changement climatique.
Je m'appelle Andrée Bouchard et je suis la mairesse de la Ville de Saint‑Jean-sur-Richelieu, 11e municipalité du Québec à franchir le cap des 100 000 habitants en 2022 et ville de garnison de plus de 355 ans d'histoire qui se heurte à des défis en matière d'infrastructures. Entre autres défis, nous devrons, d'ici 2028, séparer 90 kilomètres de réseaux d'infrastructures combinés. C'est une mission impossible.
Au printemps 2011, Saint‑Jean-sur-Richelieu, tout comme plusieurs municipalités riveraines de la rivière Richelieu et du lac Champlain, a vécu les pires inondations jamais enregistrées, ce qui a sans contredit marqué les Johannaises et les Johannais ainsi que les instances municipales ayant collaboré à gérer la crise.
Douze ans plus tard, je tiens d'ailleurs à réitérer notre reconnaissance pour le soutien offert par la communauté du gouvernement provincial, du gouvernement fédéral, de l'armée, ainsi que des employés des différents services de la Ville, qui ont travaillé sans relâche afin de gérer une situation exceptionnelle.
Pendant ces inondations, plus de 1 600 résidences ont dû être évacuées, 2 500 maisons ont été endommagées et de nombreuses entreprises et fermes ont été durement affectées. Dans toute la région touchée par les inondations, il a été estimé que plus de 100 ponts et routes avaient subi des dommages.
Le Groupe d'étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu, formé pour étudier ces inondations, a établi que les dommages se sont chiffrés à plus de 188 millions de dollars, dont presque 150 millions de dollars au Québec, en majorité en Montérégie.
Je vous invite d'ailleurs à consulter le rapport de la Commission mixte internationale sur le bassin de la rivière Richelieu et du lac Champlain, qui fait état de plusieurs recommandations restées lettre morte jusqu'à maintenant. J'ai d'ailleurs envoyé à la greffière, il y a quelques minutes, le lien vers ce rapport.
Saint‑Jean-sur-Richelieu, depuis ce temps, multiplie ses participations aux initiatives liées à l'environnement: elle fait partie des Municipalités amies du climat et est désignée Ville amie des monarques. Elle a aussi mis en place un ambitieux plan de conservation. Saint‑Jean-sur-Richelieu fait d'ailleurs figure de pionnière dans la protection des milieux naturels, notamment grâce à une stratégie d'acquisition d'envergure de 62 millions de dollars en vigueur depuis près de 10 ans. D'ailleurs, la stratégie d'acquisition sera modifiée dès 2024.
Nous nous sommes dotés d'un plan pour le climat visant à réduire les gaz à effet de serre, ou GES, assorti d'un volet appelé Plan d'adaptation aux changements climatiques. Nous avons également adopté une politique de l'arbre, un règlement relatif à l'utilisation des pesticides destinés à un usage esthétique, un plan de développement d'une communauté nourricière, qui est en cours d'élaboration, et une politique d'approvisionnement responsable.
Depuis 2010, nous entretenons un partenariat avec le Cégep Saint‑Jean-sur-Richelieu pour offrir des services d'autobus gratuits aux étudiants. De plus, le transport en commun est gratuit lors d'événements phares ou de journées de congé, et des parcs naturels ont été créés pour valoriser la nature et y donner accès.
Au cours des prochaines années, il sera d'une importance capitale que les municipalités obtiennent du gouvernement fédéral l'appui nécessaire pour financer l'acquisition des derniers milieux naturels, poumons des milieux de vie fortement urbanisés que nous occupons.
En tant qu'élus, nous devons tout mettre en œuvre pour faire diminuer les GES, qui sont intimement liés aux changements climatiques responsables de trop nombreuses catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes.
Paliers de gouvernement, entreprises, organismes et citoyens, nous devons collectivement en faire davantage pour l'environnement. La vraie question à nous poser n'est pas de savoir si une crise retouchera Saint‑Jean-sur-Richelieu ou d'autres municipalités riveraines, mais plutôt celle de savoir quand cela se reproduira. Il faut être prêt et rendre nos milieux plus résilients aux changements climatiques.
Je vous remercie de votre attention.
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Je pense que le gouvernement peut faire beaucoup pour aider.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, chaque ordre de gouvernement peut intervenir sur plusieurs plans, et je crois que le gouvernement fédéral a déjà pris une très bonne mesure en annonçant dans le budget actuel l'initiative pour les propriétaires d'échangeurs géothermiques pour les conduits, les pompes à chaleur, etc. Je crois que les propriétaires peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt allant jusqu'à 30 %.
À l'échelle provinciale, je crois que le plus simple est d'élargir le champ d'application des exemptions de surtaxe afin que toute personne qui achète une maison écologique dotée de ce type de caractéristiques écologiques puisse bénéficier d'une exemption de la taxe sur les transferts fonciers, ce qui lui permet d'économiser quelques milliers de dollars.
Je crois que le plus important se situe à l'échelle municipale. Nous pourrions, par exemple, être exemptés des taxes d'aménagement, qui sont très nombreuses. Elles devraient réduire les coûts au strict minimum. Je crois qu'elles pourraient également inciter les gens à bénéficier d'une réduction sur leur facture fiscale à long terme. Disons qu'ils paient 3 000 $ par an, mais que s'ils achètent une maison écologique, ils peuvent bénéficier d'une réduction de 10 % de leur impôt foncier. Je crois que ce serait un incitatif très utile.
Ainsi, tout le monde paierait alors sa juste part. Ils contribuent à réduire les coûts initiaux pour les constructeurs et, en même temps, à convaincre les acheteurs qu'ils peuvent payer un peu plus cher maintenant, mais...
Vous avez tout à fait raison. Nous disposons actuellement de fonds: le Fonds pour le développement des collectivités du Canada, qui était l'ancien Fonds de la taxe sur l'essence; un fonds pour la construction écologique; un fonds d'atténuation des catastrophes; et même l'étude sur la modernisation des ports. Certains financements sont attendus dans le cadre de cette étude.
En fin de compte, en ce qui concerne le changement climatique et son coût, ce que nous essayons de faire, non seulement grâce à ces fonds, mais aussi grâce à la taxe sur le carbone — la tarification du carbone —, c'est de reverser une grande partie de l'argent que nous recueillons, dans ce cas auprès des pollueurs, et de le rediriger vers les municipalités. Les incendies de forêt et les tempêtes centennales, qui sont maintenant des tempêtes quinquennales, coûtent de l'argent, et ce coût se répercute, très franchement, sur l'impôt foncier et les factures d'eau.
En distribuant ces fonds à tous les ordres de gouvernement, et en particulier ici, à l'échelle fédérale — ceux que je viens de mentionner, ainsi que la taxe sur le carbone — l'argent revient aux habitants, 90 % allant aux particuliers et 10 % aux municipalités, ce qui atténue l'impact sur l'impôt foncier et les factures d'eau.
Mais vous avez soulevé un bon point concernant les obligations.
Seriez-vous d'accord pour dire que si nous disposions d'un fonds durable, que ce soit par le truchement de la Fédération canadienne des municipalités ou d'autres mécanismes, les municipalités pourraient alors tirer pleinement parti de l'émission d'obligations pour une grande partie de ces travaux d'infrastructure sur une période donnée? Cela pourrait être transmis, mais elles utiliseraient les fonds disponibles à tous les ordres de gouvernement pour rembourser cette dette afin que leurs budgets de fonctionnement n'aient pas d'impact sur leur planification et leurs budgets d'investissement, cet argent finançant de façon durable leur budget de fonctionnement et atténuant l'impact par défaut sur l'impôt foncier et les factures d'eau.
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Je vous remercie de votre question.
Je salue l'utilisation de la radio d'amateur pour ceux qui en ont une et qui savent s'en servir. Cependant, la majorité de nos citoyens n'en possèdent pas ou ne savent pas s'en servir. La communication se fait entre nos services d'incendie ou de sécurité civile par la voie des ondes. Cependant, notre plus grand problème de communication est de joindre nos concitoyens. Le nerf de la guerre est toujours là. Notre premier rôle étant de protéger nos concitoyens, comment fait-on pour savoir s'ils ont quitté la maison, s'ils sont encore à la maison ou s'ils ont besoin de quelque chose? Nous devons pouvoir les joindre.
En 1998, lors de la crise du verglas, appeler les citoyens était l'une des missions que le maire de l'époque m'avait données. Nous avions un annuaire téléphonique. Aujourd'hui, nous ne savons plus comment joindre les gens. Quand les réseaux sociaux ou les géants du Web fonctionnent, on peut envoyer des messages sur toutes les plateformes, ce qui est bien, mais, quand les réseaux ne fonctionnent plus, il devient très difficile de joindre nos gens. C'est pourquoi nous faisons du porte-à-porte.
Qu'est-ce qui peut être fait? Toutes les tours de télécommunication sont de compétence fédérale. Il faut donc que le gouvernement fédéral s'assure que ces tours peuvent résister à différents aléas. Nous n'avons pas parlé des inondations que nous avons vécues sur notre territoire en 2017, en 2019 et en 2023, ni d'un épisode de vents violents en 2016 ni d'un déraillement de train en 2018, qui ont tous provoqué des pannes de courant dans certains secteurs ou sur le territoire en entier. Dans de telles situations, l'arrêt de fonctionnement des tours de télécommunication provoque de grandes difficultés. Il faut donc trouver une solution. Existe-t-il une meilleure technologie? Peut-être, mais je crois qu'il revient au gouvernement fédéral de s'assurer qu'une tour de télécommunication est dotée d'un groupe électrogène et, minimalement, de batteries qui peuvent durer plusieurs heures. C'est le cas de plusieurs tours maintenant. Cependant, après deux, trois ou quatre heures, les batteries sont vides et il faut quelqu'un pour aller les remplacer ou les recharger. Il faudrait minimalement qu'il y ait un groupe électrogène. Encore faut-il qu'il y ait de l'essence prête à être utilisée et de l'électricité pour pouvoir aller faire le plein d'essence. C'est ce qu'on a déjà vécu sur le territoire.
Les communications demeurent le nerf de la guerre en toute situation d'urgence. D'ailleurs, étant dans le monde municipal depuis 15 ans, je sais que chaque événement et chaque aléa représente toujours un danger.
Or le plus grand des dangers est l'absence de communication. Il faut s'assurer d'avoir un réseau plus robuste. Il faut que nos réseaux cellulaires, nos tours de télécommunication d'urgence et même les moyens de communication de nos services d'incendie soient plus robustes, mais également que tous les réseaux cellulaires d'un bout à l'autre du pays le soient davantage.
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Merci pour cette question.
Je pense que le plus gros problème que rencontrent les acheteurs est généralement la mise de fonds. Même si nous essayons de réduire le plus possible ces mises de fonds, je crois que le plus important pour nous aujourd'hui est que ces mises de fonds pour les maisons dites écologiques soient réduites à leur plus simple expression. Avec le soutien des différents ordres de gouvernement, nous pouvons certainement y parvenir.
L'entrée en jeu de ce que j'appelle l'argent institutionnel est l'une des percées les plus gratifiantes. Je pense qu'il y a beaucoup de fonds de pension ou de capitaux privés institutionnels qui s'intéressent maintenant aux genres d'actifs énergétiques que nous construisons, non seulement dans les maisons individuelles mais aussi dans les condominiums. Ils sont prêts à se manifester. Ils disent: « Monsieur Li, je veux soutenir votre initiative géothermique ». Ils nous fourniront tous les fonds nécessaires pour l'infrastructure géothermique; ensuite, lorsque nous vendrons les condominiums, nous devrons signer un contrat avec les copropriétaires pour qu'au lieu de payer tout l'argent d'avance, nous puissions demander aux acheteurs de payer des frais de service, par exemple 100 $ par mois, de sorte qu'au cours des 25 années suivantes, ils n'aient pas à payer une entreprise de services publics. Au lieu de cela, ils me paieront à moi, l'entrepreneur, une redevance pour l'utilisation de l'énergie pendant les 25 années suivantes.
Cela nous permet de réduire le prix de vente. C'est une aide précieuse qui dit aux acheteurs qu'ils obtiennent une maison à un prix comparable à celui des constructeurs classiques. En même temps, ils ne paieront que des frais de service modiques pour l'énergie au cours des 25 années subséquentes.
C'est une aide précieuse. Je pense qu'il s'agit d'une évolution très prometteuse.
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Comme je l'ai mentionné brièvement tantôt, l'un des défis, ce sont les inondations. En effet, notre région est fortement à risque d'inondations. Nous l'avons constaté en 2017, en 2019 et cette année encore, à moindre échelle, alors que 135 maisons ont quand même été touchées et seront possiblement démolies.
Les tempêtes de neige représentent un autre défi. Celle que nous avons eue le 24 décembre, par exemple, a complètement paralysé notre région.
Nous avons affaire à des phénomènes météorologiques de plus en plus violents et imprévisibles. Dans la municipalité où je suis maire, des microrafales ont détruit tout un secteur boisé en 2016. Même la patinoire a été prise dans un vortex quand c'est arrivé.
Des événements imprévisibles comme ceux-là, nous allons en vivre de plus en plus souvent. Nous parlons de réchauffement climatique, mais nous avons quand même connu des nuits extrêmement froides, suivies de journées extrêmement chaudes pour la saison.
On observe donc beaucoup de phénomènes comme ceux-là. Sommes-nous prêts à y faire face? La réponse est non. Nous ne sommes jamais suffisamment prêts, d'une part. Apprenons-nous de nos erreurs? Dans la région, nous avons tiré des leçons de l'épisode de verglas de 1998, mais en avons-nous tiré assez?
Durant les toutes premières heures du dernier épisode de verglas, seules huit municipalités sur 23 étaient prêtes, ce qui est quand même surprenant. Il est aussi étonnant de constater que certaines municipalités possèdent des salles qui peuvent accueillir de 1 500 à 2 000 personnes, mais qui ne possèdent pas de groupe électrogène, en plein hiver. Si nous possédons des lieux pour héberger des gens, mais que ces lieux n'ont pas d'électricité, nous avons un problème.
Sommes-nous suffisamment prêts? Non. J'ai aimé la question posée plus tôt par la dame qui nous parlait de radio d'amateur. Tant que nous n'aurons pas des services de radiocommunication plus robustes et mieux adaptés aux changements climatiques, aux épisodes de vent, de pluie et de tempêtes hivernales, nous ne pourrons pas communiquer avec l'ensemble des gens.
Nous pouvons communiquer entre nous, mais il reste que nous ne sommes jamais suffisamment prêts. Je le répète, des épisodes comme cela, il n'y en aura pas seulement chez nous, dans Vaudreuil‑Soulanges. Il y en aura partout au Canada. Vous en vivez tous dans vos régions...
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Vous soulevez plusieurs éléments.
D'abord, les gens n'ont pas toujours la bonne information. Il existe tellement de programmes différents, que le problème est souvent attribuable à la difficulté de trouver le bon, plutôt qu'à un manque de fonds disponibles. Si nous avions un guichet unique, par exemple, et que quelqu'un pouvait nous dire quel programme nous convient, cela simplifierait les choses. Actuellement, nous devons vraiment éplucher les programmes, faire des recherches, et c'est difficile.
De plus, la relation entre le gouvernement du Canada et celui du Québec est particulière en ce qui concerne la plupart des programmes et ententes fédérales-provinciales. L'aide doit d'abord passer par la province avant de se rendre aux municipalités, ce qui est un non‑sens. Ce processus doit être revu au plus vite.
Par contre, je crois qu'il existe un manque de connaissance des programmes offerts aux municipalités. Les gens sont mal informés. Il n'en demeure pas moins qu'il y a fort à faire pour aider et guider les municipalités.
Pour revenir à l'adaptation aux changements climatiques, que fait-on lorsqu'on voit que des municipalités sont touchées par des inondations maintenant? Démolit-on la moitié d'une ville parce qu'elle a été touchée ou ne pourrait-on pas plutôt construire une digue? Soit dit en passant, une digue temporaire a sauvé deux fois une municipalité. Or Environnement et Changement climatique Canada interdit d'en construire.
Lorsqu'il faut protéger un centre de personnes âgées, par exemple, ou une école qui compte 5 000 élèves, que fait-on? Il va falloir un peu plus de souplesse à cet égard, si on veut vraiment s'adapter aux changements climatiques. On ne causera pas plus de dommages si on érige une digue pour protéger une ville.
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C'est sûr que cela nous aiderait grandement, cependant, même quand il y avait des annuaires téléphoniques, tout le monde n'était pas accessible, parce qu'il y avait à l'époque des numéros privés.
Cela nous aiderait-il? Oui. Par ailleurs, existe-t-il des applications pour joindre les gens? Oui, cela existe. Nous en avons, je n'en nommerai pas les noms, mais nous demandons à nos concitoyens de s'y inscrire. Ils nous donnent leurs coordonnées. C'est une chose, mais au moment de déployer le message, s'il n'y a pas de tour de télécommunication qui fonctionne, le message ne se rendra pas davantage.
Alors, bien, c'est un avantage d'avoir les coordonnées de nos concitoyens, c'est ce que nous tentons de faire. D'ailleurs, chaque fois qu'un nouveau citoyen arrive chez nous, nous essayons toujours d'avoir le meilleur portrait et le plus de détails possible, mais ils ne sont pas obligés de nous céder ces informations.
Devraient-ils en céder un minimum à la municipalité? À mon avis, oui, mais encore là, les lignes fixes n'existant plus, le grand problème reste la robustesse du réseau de télécommunication. Nous sommes allés sur la Lune à la fin des années 1960 et nous ne sommes pas capables d'avoir des réseaux cellulaires qui fonctionnent partout au pays. C'est un non-sens.
C'est pour cette raison que j'insiste sur le fait que c'est là que nos radios-communicateurs doivent investir. C'est une compétence fédérale. On doit les obliger à investir. Ce n'est pas normal qu'on soit allé sur la Lune avec l'équivalent d'un ordinateur 386 et qu'on ait été capable de communiquer. Nous sommes maintenant en 2023, et on n'y arrive plus.
En partant de chez moi, à 90 minutes d'ici, j'ai subi trois pertes de réseau, justement. Nous essayions de discuter au téléphone. Nous sommes dans un grand pays, j'en conviens. Cependant, il n'est pas normal qu'on ne soit pas capable de communiquer en tout temps. Il n'y avait pas de vents extrêmes, c'est une journée normale. Imaginez ce qui se passe quand deux ou trois tours de télécommunication ne fonctionnent plus. Il faut vraiment mettre l'accent sur ce point.