:
Je déclare la séance ouverte. Je demanderais à tous les cameramen de bien vouloir quitter la salle.
I'd like to welcome everybody here. Bienvenue à tous.
Chers collègues, nous avons beaucoup de témoins aujourd'hui. Je vais vous les présenter. La sous-commissaire Barbara George est de retour parmi nous, accompagnée du sous-commissaire aux opérations techniques, Bruce Rogerson, du surintendant principal, Fraser Macaulay, qui a déjà comparu; nous accueillons également le sergent d'état-major Mike Frizzell, Doug Lang, agent de la police criminelle de Winnipeg et Denise Revine, employée de la fonction publique.
À titre personnel, nous accueillons Rosalie Burton, ancienne directrice générale des ressources humaines à la Gendarmerie royale du Canada, Paul Roy, retraité du Service de police d'Ottawa, Normand Sirois, agent retraité de la GRC, du SCRS, et Keith Estabrooks, sergent à la retraite de la GRC.
Monsieur Williams, vous avez un rappel au Règlement.
:
Très bien, monsieur Williams. Je suis heureux de l'entendre.
Plusieurs témoins ont des déclarations liminaires. Cependant, j'ai moi-même quelques déclarations à faire. Il s'agit de la requête déposée à la Section de première instance de la Cour fédérale du Canada par la sous-commissaire Barbara George. C'est une requête qui touche les privilèges de la Chambre et qui préoccupe notre comité, c'est pourquoi nous allons suivre les choses de très près.
J'aimerais faire une déclaration sur les privilèges juridiques qui s'appliquent aux audiences de notre comité et de tous les comités du Parlement.
Plus précisément, je tiens à affirmer, au nom du comité, que notre comité insiste sur ses privilèges parlementaires, en particulier sur le fait que les témoignages fournis au comité ne peuvent pas être utilisés dans un tribunal ou toute autre instance. Le comité est particulièrement préoccupé de savoir que la Gendarmerie royale du Canada a entrepris des procédures disciplinaires internes ainsi qu'une enquête criminelle pour parjure à l'encontre de l'ancienne sous-commissaire de la GRC, Mme Barbara George, qui est et continue d'être un témoin de notre comité. Nous nous préoccupons non seulement de ce témoin, mais de tous les témoins qui comparaissent devant notre comité.
Il semble que les procédures entamées à la GRC à l'encontre de l'ancienne sous-commissaire George soient fondées sur le témoignage qu'elle a fourni au comité. Cela est contraire au droit relatif au privilège parlementaire et n'est pas acceptable.
Il importe que tous les témoins du comité soient assurés que leurs témoignages ne peuvent pas être utilisés contre eux dans une autre instance. La crédibilité des témoignages et des travaux du comité sera sérieusement compromise si les témoins peuvent être intimidés par des actions prises contre eux ou s'ils s'inquiètent des actions qui pourraient être prises contre eux.
Si le comité le souhaite, je transmettrai ces préoccupations par écrit à la commissaire intérimaire de la GRC, Mme Busson, pour lui demander qu'elle nous garantisse expressément, par écrit également, que les témoignages reçus par notre comité, qu'ils proviennent ou non d'employés de la GRC, ne seront en aucun cas utilisés dans une instance contre ces témoins.
Voilà ce que je voulais vous dire.
Monsieur Christopherson.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, j'aimerais remercier le comité de m'avoir offert cette occasion de comparaître devant lui cet après-midi pour répondre aux questions et préoccupations que les députés pourraient avoir à l'égard de ces dossiers importants. Puisque c'est la troisième fois que j'ai l'occasion de comparaître devant le comité et puisqu'il y a plusieurs témoins aujourd'hui, je ne présenterai que de brefs commentaires.
J'aimerais aborder trois questions; deux d'entre elles n'ont fait surface qu'après ma dernière comparution devant le comité. La première question concerne une lettre en date du 17 mars 2005, portant ma signature et adressée à la Great-West Compagnie d'assurance-vie. Ce document a été déposé auprès du comité le 18 avril dernier. Lorsqu'on lit toute la lettre, il est clair que ce document visait à obtenir le remboursement des montants qui avaient été transférés de façon inappropriée du fonds de pension pour financer certains coûts administratifs de l'assurance. Je demanderais au comité de lire de très près cette lettre, puisque le député d' et le sergent Frizzell ont laissé entendre que ce document indiquait que j'avais fait quelque chose d'inapproprié. Ce n'est pas le cas.
Compte tenu de l'importance du document, j'aimerais vous lire le premier paragraphe de la lettre :
Nous vous informons par la présente que la GRC a récemment revu l'accord d'approbation de financement par le Comité des assurances de la GRC et le Comité consultatif des pensions de retraite en date du 17 février 2003 concernant le partage des frais d'administration des régimes d'assurances. Il est ressorti de l'examen que l'accord a été conclu sans l'autorisation voulue et qu'il doit donc être annulé. Les présidents des deux comités conviennent que le fonds de retraite de la GRC doit être remboursé de l'argent payé à la Great-West Compagnie d'assurance-vie au titre de la quote-part des retraités dans la sous-traitance de l'administration des régimes d'assurances.
L'accord dont il est fait mention dans cette lettre a été signé le 17 février 2003, par mon prédécesseur, Jim Ewanovich. Je déposerai une copie de cette lettre ici aujourd'hui.
Permettez-moi de préciser que la lettre que j'ai fait parvenir à la Great-West Compagnie d'assurance-vie visait à corriger une erreur qui avait été faite par mon prédécesseur, Jim Ewanovich. À la suite de cette lettre, la Great-West Compagnie d'assurance-vie a remboursé le montant demandé, 540 327,36 $ avec intérêt, au fonds de retraite de la GRC. Le remboursement de cet argent était nécessaire, puisque Jim Ewanovich n'avait pas l'approbation du Conseil du Trésor ou l'autorité nécessaire pour utiliser le fonds de retraite pour financer les frais administratifs des régimes d'assurances.
Monsieur le président, la deuxième question que j'aimerais aborder est mon rôle dans la préparation de la réponse de la commissaire à votre comité à l'égard de la décision de renvoyer le sergent Frizzell à son unité d'origine. À la suite de notre comparution devant votre comité le 21 février 2007, j'ai communiqué avec le sous-commissaire Dave Gork pour discuter du sergent Frizzell. J'ai par la suite déposé une copie des courriels que le sous-commissaire Gork et moi avons échangés à cet égard. Le document est en date du 25 février 2007. Contrairement à ce qui a été dit au comité, je n'ai pas personnellement rédigé de lettres pour la signature de la commissaire Busson. Ces lettres ont été rédigées par les services juridiques de la GRC. Cependant, j'ai parlé aux représentants des services juridiques de la GRC et à la commissaire concernant ce que pourrait contenir la réponse de cette dernière. Nous avons discuté entre autres choses des renseignements que j'avais reçus du sous-commissaire Gork. Les représentants des services juridiques de la GRC nous ont déconseillé d'inclure ces renseignements en raison de problèmes possibles de respect de la vie privée et parce que le sous-commissaire Gork lui-même devait comparaître devant votre comité le 28 mars 2007.
Voilà pourquoi je dépose une copie d'un courriel en date du 28 février 2007 que j'ai reçu des services juridiques de la GRC et dans lequel on recommande ce que nous devrions et ne devrions pas inclure dans la réponse de la commissaire. De plus, j'encourage fortement le comité à lire le témoignage présenté par le sous-commissaire Gork le 28 mars lorsqu'il a confirmé qu'il était là pour ajouter à la réponse écrite de la commissaire en s'inspirant de ses connaissances personnelles de la situation. En fait, le sous-commissaire Gork a indiqué clairement que c'était une des principales raisons pour lesquelles on lui avait demandé de comparaître devant le comité ce jour-là.
La troisième question, la dernière d'ailleurs, touche la santé du sergent Frizzell à la fin de juin 2005. La première fois que j'ai comparu devant votre comité le 21 février dernier, j'ai dit et je cite : « Tout ce que je puis dire c'est que lorsque le sergent Frizzell est parti, je crois qu'il est retourné à sa division, la division « A ». Je fais attention à mes mots par respect de sa vie privée mais j'ai cru comprendre que c'était pour des raisons de santé. »
Le comité remarquera que cette réponse a été donnée avant que j'aie pu m'entretenir avec le commissaire adjoint Gork et avant que j'aie reçu son courriel que j'ai aussi déposé.
Monsieur le président, j'aimerais maintenant déposer deux autres courriels qui traitent de cette question.
Le premier fait partie d'un échange de correspondance avec Doug Lang, qui était alors surintendant, le 20 juin 2005. J'ai écrit au surintendant Lang à 11 h 16 ce matin-là pour lui demander ce qu'on faisait à propos du sergent Frizzell. Je savais alors qu'on allait le renvoyer à son lieu de travail original. J'ai reçu par courriel la réponse du surintendant Lang à 12 h 22, soit après qu'il ait remis au sergent Frizzell l'ordre écrit le renvoyant dans son service d'attache. Voici un extrait de ce courriel :
Nous avons eu une longue discussion concernant l'obsession du sergent Frizzell concernant les coûts continus du régime d'assurances et son comportement dans ce dossier. On lui a fortement recommandé de consulter le médecin-chef, lui soulignant que la mention de non-divulgation figurant dans ce dossier n'aurait aucune incidence sur le secret médical.
Le deuxième document que je veux déposer, monsieur le président, contient un échange de courriels entre Doug Lang et Paul Roy en date du 28 juin 2005. J'en ai reçu des copies conformes. La première note a été envoyée par Paul Roy à Doug Lang à 9 h 46 et dit notamment ce qui suit :
Le sergent Frizzell a communiqué hier avec le sergent St-Jacques et il semble qu'il l'a injurié et a menacé de déposer des griefs et d'intenter des poursuites contre le sergent St-Jacques et la police d'Ottawa (...) Je quitte le bureau d'ici deux jours et je n'ai vraiment plus envie de faire affaire avec cet homme.
Doug Lang a répondu à 14 h 29, disant, et je cite : « Mike — c'est-à-dire le sergent Frizzell — est en congé de maladie jusqu'au 11 juillet et je serai absent en congé jusqu'au 8 août. Je me suis enquis de sa stabilité, et je ne veux pas compromettre son rétablissement. ».
Ce sont ces observations de Doug Lang sur la santé et la stabilité du sergent Frizzell qui m'ont amenée à croire que des questions de santé avaient été prises en compte quand on avait décidé de lui signifier l'ordre écrit le 20 juin 2005. Je le répète, je n'ai pas induit le comité en erreur ni jamais eu l'intention de le faire. J'ai simplement tenté de répondre aux questions du comité du mieux que me le permettaient mes souvenirs sur des événements qui se sont produits il y a près de deux ans.
En terminant, monsieur le président, j'aborderai encore une fois l'allégation très grave selon laquelle je me suis rendue coupable de parjure devant votre comité.
La semaine dernière, le député d'Etobicoke-Centre a voulu déposer un rapport à ce sujet devant votre comité. J'ai été heureuse que certains députés aient jugé cela prématuré et injuste puisque je n'avais pas encore pu répondre aux remarques faites par les témoins que vous aviez entendus ce jour-là. Il est maintenant évident que le député d'Etobicoke-Centre a une opinion biaisée sur ces questions et qu'il avait déjà cette opinion avant d'avoir entendu toutes les preuves pertinentes. Étant donné qu'il a depuis répété ces allégations sans fondement à l'extérieur du Parlement, l'avis qui s'impose lui a été signifié.
Monsieur le président, dans le cadre de son examen de cette affaire, le comité a consacré beaucoup d'attention et de temps à ma conduite et à mes actes. J'estime donc que les membres du comité doivent garder à l'esprit certains éléments clés. D'abord et avant tout, je n'étais pas responsable des ressources humaines entre 2001 et 2003, période pendant laquelle les malversations en question se sont produites. De plus, je n'ai autorisé aucun virement de fonds provenant du fonds de retraite ou de la caisse d'assurance sans autorisation. Je n'ai jamais non plus contourné les politiques de recrutement de la fonction publique ou de la GRC pour offrir des postes à des amis ou des parents. Je n'ai jamais violé les règles du Conseil du Trésor ou du ministère des Travaux publics concernant les contrats d'achat du gouvernement. Je n'ai jamais utilisé l'argent du fonds de retraite ou des contribuables pour couvrir le coût d'une partie de golf. Je ne me suis jamais ingérée dans l'enquête du Service de police d'Ottawa. Enfin, je n'ai pas ordonné qu'on retire le sergent Frizzell de son affectation à l'enquête menée par la police d'Ottawa.
Merci.
Avant de commencer, je tiens à remercier le comité de m'avoir permis de lui présenter ma version de ce qui s'est passé pendant la période allant approximativement du 15 au 20 juin. Je tiens à insister sur le fait qu'il n'est jamais facile de se pencher sur l'aspect éthique du comportement de quelqu'un et que ça a parfois de graves conséquences. Malheureusement, dans la plupart des cas, personne n'est gagnant.
À cette fin et en ma qualité d'officier compétent à la direction générale, à Ottawa, j'ai pris l'initiative d'envoyer à tous les employés de la direction générale, en janvier 2007, une note de service sur l'article 37 de la Loi sur la GRC et son application dans les cas de mauvaise conduite et de dénonciation de comportement contraire à l'éthique.
Selon l'alinéa 37e) de cette loi, il incombe à chaque membre « de veiller à ce que l'inconduite des membres ne soit pas cachée ou ne se répète pas ».
Dans ma note de service, j'encourageais aussi tous ceux qui avaient des préoccupations au sujet de tels comportements à ne pas hésiter à les dénoncer en disant : « Il est tout aussi important de s'assurer que ces personnes soient traitées avec respect et puissent continuer à exercer leurs fonctions sans crainte de représailles ou de se faire traiter de ‘mouchard’ ».
J'ai ici un exemplaire de cette note de service.
[Français]
Il est disponible dans les deux langues officielles.
[Traduction]
En ce qui concerne vos travaux, je veux que l'on sache que certaines choses dont j'ai été témoin aujourd'hui ne me plaisent pas. La GRC est une organisation qui impose à ses employés le respect de normes très élevées; nous avons une mission, une vision et un engagement qui sous-tendent ce que tous connaissent comme les valeurs qui sont au coeur de notre organisation : l'intégrité, l'honnêteté, le professionnalisme, la compassion, le respect et la responsabilité.
Cela dit, je tiens à assurer aux membres du comité que je répondrai à leurs questions de façon exhaustive et de mon mieux. Afin de ne pas m'écarter du sujet et pour décrire le rôle que j'ai joué relativement au retrait du sergent d'état-major Frizzell, j'ai cru bon de rédiger dans cette déclaration personnelle ce qui, selon moi, s'est passé du 15 au 22 juin 2005.
Je me suis aussi permis de demander au surintendant Jim Newman et au surintendant principal Doug Lang de confirmer ces informations. J'ai apporté avec moi tous les documents pertinents non vérifiés. J'espère donc que ma déclaration facilitera votre examen et permettra de jeter un peu de lumière sur cette situation très troublante et déroutante.
Le 21 février 2007, j'ai appris quelles informations avaient été transmises au Comité permanent des comptes publics. Je suis toutefois d'avis qu'il y a une réponse plus exacte que celle qu'a donnée la sous-commissaire Barb George à la question de savoir comment le sergent d'état-major Mike Frizzell a été retiré de son poste.
À ce sujet, je me suis rappelé une conversation que j'ai eue au téléphone cellulaire avec la sous-commissaire George où nous avons discuté du cas du sergent Frizzell. Elle souhaitait qu'il soit retiré de son poste parce qu'il avait laissé un message de harcèlement peu professionnel dans la boîte vocale de sa subordonnée. Pendant cette conversation, je lui ai dit que je n'étais pas habilité à le retirer de ses fonctions puisqu'il ne relevait pas de moi, et que c'était le commissaire adjoint Dave Gork qui avait ce pouvoir, puisqu'il ne relevait pas de moi. Sur ce, elle a répondu que c'était tout ce qu'elle voulait savoir.
Cette conversation a eu lieu pendant que je rentrais d'une retraite des services nationaux de police, en voiture, en compagnie de Jim Newman. Pour le confirmer, j'ai vérifié la liste des appels que j'ai faits sur le téléphone cellulaire; elle indique bien que j'ai fait le numéro de son bureau, 613-993-3445, à 16 h 09 le 16 juin 2005.
De plus, étant donné que le surintendant Lang qui, quelques jours plus tard, devait demander à Frizzell de quitter son bureau, m'avait transmis ces informations directement et étant donné que le bureau de Frizzell était tout près du mien, j'avais des informations de première main sur le moment où le retrait de Frizzell de son poste se ferait et d'une raison possible, soit les allégations de harcèlement. Lang m'a dit ce qu'il avait fait, qu'il s'était chargé de transmettre la nouvelle à Frizzell et que celui-ci partait, mais personne ne m'a parlé d'un ordre écrit à ce moment-là. Je croyais que le renvoi de Frizzell était lié à l'allégation de harcèlement qu'avait faite la sous-commissaire George.
Compte tenu de ce que je savais sur l'affaire, j'ai demandé le procès-verbal de votre séance du 21 février 2007. En outre, pendant la réunion de la haute direction du 22 février, j'ai indiqué au commissaire adjoint Darrell LaFosse que ce qui avait été dit concernant le renvoi de Frizzell me troublait. Il m'a alors répondu que la sous-commissaire George avait communiqué avec lui aussi et que le surintendant principal Fraser Macaulay était au courant.
Après avoir lu le procès-verbal de votre réunion du 21 février 2007, j'ai envoyé un courriel, en date du 26 février, au surintendant principal Lang et au surintendant Newman soulignant les questions portant sur le renvoi de Frizzell et les réponses données par la sous-commissaire George. J'ai libellé mon message de façon à ne pas les inciter à se rappeler les faits selon mon souvenir à moi. Voici ce que dit ce message :
À l'intention de Jim et Doug: J'ai annexé à titre d'information le plus récent procès-verbal du Comité des comptes publics qui examine le dossier des pensions. Vous noterez que de nombreuses questions ont été posées sur le renvoi du sergent d'état-major Mike Frizzell et, plus précisément, qui a ordonné qu'on le fasse sortir sous escorte, etc. J'ai surligné ces questions et réponses; vous serez peut-être appelés à témoigner aussi.
Le comité se réunit aujourd'hui pour déterminer s'il entendra d'autres témoins, y compris Frizzell, qui répondra probablement aux questions concernant son renvoi — il sait qui est en cause outre vous deux.
J'espère que vous avez pris des notes et que vous les avez gardées car cette affaire semble prendre de l'ampleur.
Dans son courriel du 27 février, le surintendant Newman dit ceci :
Bruce, j'imagine qu'elle a oublié qu'elle vous avait appelé pendant que nous rentrions à Ottawa après la retraite.
Voici ce qu'a répondu Doug Lang dans son courriel du 28 février :
Bonjour Jim et Bruce. Si vous le voulez, j'ai sous forme électronique l'ordre écrit que nous avons signifié à Frizzell à la demande du commissaire adjoint Gork et de la sous-commissaire George — Cela dit tout.
Étant donné que son courriel mettait en cause la sous-commissaire George, j'ai demandé des précisions à Lang, car son souvenir contredisait la réponse de la sous-commissaire selon laquelle elle ignorait qui avait signifié l'ordre.
J'ai donc envoyé un autre courriel à Lang pour lui demander de plus amples informations sur tous ceux qui étaient liés au renvoi de Frizzell. Voici la teneur de ce courriel :
Merci, Doug, de votre courriel précédent indiquant que l'ordre provenait du commissaire adjoint Gork et de la sous-commissaire George. Toutefois, la note de service du 20 juin 2005 ne fait pas mention de la sous-commissaire George. Je sais qu'elle m'a appelé juste avant. Pourriez-vous apporter des précisions?
Voici sa réponse :
Oui, je peux apporter des précisions.
J'ai parlé au téléphone avec la sous-commissaire George pendant cette période (avant que l'ordre ne soit rédigé) et elle m'a donné des détails sur le fait que le sergent Frizzell avait poursuivi son enquête après qu'on lui ait demandé d'y mettre fin et sur ce qu'elle jugeait comme étant le harcèlement de l'une de ses employées par le sergent Frizzell (la dame pour qui Mike Jeffrey est allé travailler). Je n'ai pas reçu d'ordre officiel ni du commissaire adjoint Gork, ni de la sous-commissaire George; les deux m'ont simplement demandé de corriger la situation et le commissaire adjoint Gork m'a dit de signifier un ordre écrit au sergent Frizzell. Une fois que l'ordre a été signifié, je les en ai informés.
À mes yeux, cela prouve que la commissaire George savait exactement qui avait signifié l'ordre à Frizzell.
Le 28 février, j'ai appelé le surintendant principal Fraser Macaulay pour qu'il me confirme comment on avait fait sortir Frizzell de son bureau et qu'il était en compagnie du commissaire adjoint Darrell LaFosse quand on l'avait appelé au sujet de Frizzell. Il m'a confirmé ces renseignements et a ajouté qu'il s'entretiendrait avec la commissaire pour discuter de Frizzell et de sa situation à lui et qu'il apprécierait tout renseignement que je pourrais lui donner. Par conséquent, le 1er mars 2007, je lui ai transmis le courriel que vous avez sous les yeux et décrivant les circonstances entourant le renvoi de Frizzell.
Le 8 mars, j'ai envoyé une ébauche de déclaration contenant des informations sur notre rôle au surintendant principal Lang et à Newman pour solliciter leurs remarques. J'ai inclus les principales questions du comité sur le renvoi de Frizzell.
Le 9 mars, Newman m'a répondu ceci :
Bonjour Bruce. J'ai lu le document que vous avez rédigé et je n'ai rien à y ajouter. Je n'ai pas pris de note par suite de votre entretien avec elle pendant que nous étions en voiture. Si ma mémoire est bonne, je crois avoir dit que je trouvais inapproprié qu'elle discute de cette question avec vous puisque vous êtes l'officier responsable pour la DG et qu'il se pouvait que vous soyez saisi de ce dossier ultérieurement. Pour ce qui est de la signification de l'ordre, j'ai accompagné Doug comme témoin et j'ai tenté d'expliquer que l'enquête criminelle était terminée et qu'on ouvrirait probablement une enquête interne. C'est tout. J'ai peut-être pris des notes, mais elles sont enfouies quelque part avec le reste de mes choses qui sont entreposées.
Doug Lang a répondu en répétant ce qui a été dit aujourd'hui :
« Bruce, je n'ai aucune objection à votre déclaration. Elle décrit bien les faits. Doug. »
Le 15 avril 2007, le surintendant principal Bob Paulson m'a interrogé sur ces événements.
Il m'a alors montré trois courriels, le premier daté du 15 juin 2005, provenant de la sous-commissaire Barb George et adressé à moi, décrivant sa préoccupation ainsi que, en annexe, la transcription du message téléphonique laissé dans la boîte de Rosalie Burton, et l'un en date du 17 juin 2005 que j'avais envoyé à la sous-commissaire où je confirmais avoir reçu son appel le 16 juin et où je demandais si elle voulait que je me penche sur cette affaire. Le troisième courriel avait été envoyé par George à Doug Lang pendant la même période et décrivait la conversation qu'elle avait eue avec le commissaire adjoint Dave Gork au sujet de Frizzell.
J'ai fait des remarques sur les deux premiers courriels mais pas sur le troisième puisque je ne l'avais jamais vu auparavant; il prouvait que George avait eu un contact direct avec Gork au sujet du renvoi de Frizzell.
Mon adjointe administrative se souvient d'avoir reçu un appel du bureau de la sous-commissaire George en juin 2005. Comme la commissaire George voulait me parler sur-le-champ, mon adjointe lui a donné le numéro de mon téléavertisseur et de mon cellulaire; voilà pourquoi j'ai appelé la sous-commissaire George le 16 juin, voilà pourquoi j'ai appelé la sous-commissaire George à cette date précise. Cela correspond aux courriels dont j'ai fait mention plus tôt en date du 15 juin et du 17 juin.
J'ai depuis parlé à Doug Lang qui m'a confirmé que Barb George l'avait appelé le matin du 17 juin pour lui parler du comportement de Frizzell.
En résumé, voici mon interprétation de ce qui s'est passé. La sous-commissaire George a cherché activement à faire retirer le sergent d'état-major Frizzell de son poste parce qu'il harcelait une de ses employés. D'après ce que j'ai appris, cela s'est fait après qu'elle a eu des contacts directs avec le commissaire adjoint Dave Gork et le surintendant Lang peu de temps après avoir communiqué avec moi le 16 juin.
On semble s'être embourbé dans la question de savoir si c'était l'inspecteur Paul Roy, George ou Gork qui avait dit à Lang de signifier un ordre à Frizzell. La question de savoir si on souhaitait que Frizzell cesse son enquête, ne puisse plus rien faire ou soit retiré de ses fonctions semble avoir aussi compliqué les choses.
Il n'en demeure pas moins que les démarches officielles visant le retrait de Frizzell de son poste ont commencé entre le 15 et le 20 juin 2005. Il ne fait aucun doute que le rôle qu'a joué directement et clairement la sous-commissaire George dans la signification de cet ordre à Frizzell a eu une incidence sur les agissements du surintendant principal Lang. À cet égard, comme on l'a déjà dit, la sous-commissaire George a communiqué directement avec lui et d'autres pendant cette période. Il a consulté ces autres personnes au sujet de l'ordre, il a signifié l'ordre et, une fois que l'ordre a été exécuté, il leur a indiqué que cela avait été fait, ce qui prouve que la sous-commissaire George savait qu'un ordre serait signifié et qui l'avait signifié.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité, je vous remercie de m'avoir permis de comparaître devant vous aujourd'hui. Je me félicite de pouvoir vous communiquer les faits tels que je les connais ainsi que les actions que j'ai entreprises.
Depuis que je suis à la GRC, mes actions ont toujours été transparentes et proactives, et elles ont toujours été guidées et inspirées par les valeurs et le code d'éthique de la fonction publique. Suite à la réorganisation de l'équipe des ressources humaines, je suis devenue la directrice générale des systèmes et stratégies des ressources humaines le 1er avril 2004. Entre autres responsabilités, j'avais ainsi la charge du Centre national de décisions en matière de rémunérations. J'ai assumé cette fonction pendant 18 mois. S'agissant maintenant de la chronologie de mon rôle, les faits sont les suivants.
Avant mon arrivée, trois choses s'étaient déjà produites : tout d'abord, la vérification interne du régime de pension de la GRC avait été bouclé. Deuxièmement, le directeur du Centre, Don Crupi, avait été renvoyé chez lui par le directeur des ressources humaines; et troisièmement, une enquête criminelle, le projet Probité, dont je n'allais entendre parler que plus tard, avait été ouverte.
Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai appris que tout le dossier de l'administration des pensions et des assurances avait été sous-traité, certains dossiers étant incomplets et mal montés. Ce que j'ai découvert, c'est que le modèle de gouvernance n'était pas clair. Ces comités commandaient souvent des travaux, demandaient des recherches et prenaient d'autres décisions sans nécessairement suivre le plan de travail général du Centre national. Comme j'avais des inquiétudes au sujet du régime d'assurances, j'ai demandé une vérification interne. J'ai fait part à Barb George et à Paul Gauvin de mes préoccupations au sujet du programme d'assurances. Ils ont tous deux accédé à ma demande avec l'appui de la haute direction.
Mike Gaudet, l'adjoint exécutif de la directrice des ressources humaines, Barb George, m'a suggéré de me mettre en rapport avec le sergent Mike Frizzell pour lui faire part de mes inquiétudes et concourir ainsi au travail de l'équipe chargée de l'enquête criminelle. C'est ce que j'ai donc fait. J'ai téléphoné à Mike Frizzell le 15 décembre 2004, et celui-ci est venu à mon bureau le 20 décembre 2004. Je lui ai dit que j'avais des inquiétudes, mais également certains renseignements au sujet du programme des pensions et des assurances. M. Frizzel m'a alors demandé s'il pouvait enregistrer ce qui allait être trois heures d'entretien entre lui et moi. À la fin de la rencontre, il m'expliqua comment il avait présenté à l'ex-commissaire Murray et à la haute direction un énoncé de valeurs fondamentales pour la GRC, et que je représentais parfaitement ces valeurs.
Je lui ai remis la lettre d'entente du 17 février 2003 qui avait été signée par Jim Ewanovich en sa qualité de président du comité consultatif sur les pensions et par le sous-commissaire Pierre Lange, qui était le président du comité des assurances, lettre qui autorisait ce que je croyais être un financement irrégulier des activités en matière d'assurances. Je lui ai également remis un schéma représentant la façon dont, selon moi, cet argent avait transité entre la Great-West, Morneau Sobeco et la GRC.
Le 5 janvier 2005, j'ai envoyé à Mike Frizzell une note d'information sur le régime d'assurances que j'avais chargé à un analyste de composer pour l'aider à comprendre comment la gestion de ce secteur avait abouti à cet état de choses. Ma rencontre suivante avec Mike Frizzell a eu lieu le 9 mars 2005, il s'agissait en l'occurence d'une réunion sur les « accusations concernant l'administration des régimes de pension et d'assurance-vie » présidée par le sous-commissaire Paul Gauvin et qui allait donner lieu à plusieurs décisions.
La première consistait à « convoquer le comité des assurances pour lui demander d'annuler une entente antérieure concernant l'administration des assurances financée par le régime de pension ». C'est ce que je fis le 15 mars 2005.
En second lieu, je reçu l'ordre « d'écrire une lettre aux présidents du comité des assurances et du comité consultatif sur les pensions pour leur demander de rembourser les sommes payées jusque-là à la Great-West à même le régime de pension ». Ce contentieux devait être réglé avant la fin de l'année financière.
Cela, je ne le fis pas parce qu'il n'y avait pas eu consentement unanime pour que le comité des assurances rétrocède l'argent en question lors de la rencontre du 15 mars. Je décidai plutôt de m'entretenir avec Barb George pour lui faire valoir qu'il fallait que ce soit le commissaire lui-même qui confère expressément le pouvoir de procéder au ménage. À ma connaissance, la seule lettre qui ait été rédigée l'a été par Denise Nesrallah, la directrice des finances, pour demander à la Great-West de rembourser l'argent en question au fonds de pension de la GRC. La lettre disait ceci : « les présidents des deux comités sont convenus que l'argent versé à la Great-West, compagnie d'assurance-vie pour le financement des activités d'administration en sous-traitance assumées par les pensionnés doit être rétrocédé au fonds de pension de la GRC ».
La Great-West, compagnie d'assurance-vie répondit le 23 mars 2005 en confirmant le remboursement.
J'ai reçu également l'ordre d'amorcer
dans les meilleurs délais des discussions avec le Secrétariat du Conseil du Trésor sur les frais d'administration du régime d'assurances à imputer aux crédits budgétaires. Sitôt un règlement survenu, si les crédits doivent commencer à être utilisés pour payer les frais d'administration, il conviendra, après discussion, de décider si nous sommes en mesure d'appliquer cette décision à titre rétroactif.
Pour la gouverne des membres du comité, ces discussions avec le Conseil du Trésor ont commencé en juin 2005.
Mike Frizzell assista à cette réunion du 9 mars 2005. Comme le révèle le compte rendu de séance :
On demande s'il nous serait possible de nous entretenir avec les intervenants clés afin d'obtenir des éclaircissements au sujet de la sous-traitance de l'administration du régime d'assurances. Mike Frizzell confirme qu'il interrogera M. Crupi le lundi 14 mars, toute autre discussion devant survenir après cette date. Mike Frizzell déclare qu'il sera probablement en mesure de répondre aux questions de M. Gauvin après ladite rencontre.
J'ai alors signalé au sous-commissaire Lang, le président du comité des assurances, qu'une réunion d'urgence dudit comité était de mise afin qu'il soit mis au courant de la portée de la vérification interne de la GRC et de ce que nous avions appris jusque-là.
Le sous-commissaire présida la réunion en question. J'y ai expliqué la portée de la vérification en précisant que les conclusions préliminaires seraient probablement déposées en avril 2005. J'ai également expliqué qu'en février 2003, le président du comité consultatif des pensions et le président du comité des assurances avaient décidé d'autoriser le paiement de la sous-traitance à même le fonds de pension, et que cette décision devrait être annulée.
Aucune motion n'a été présentée à la réunion, et j'ai fait rapport de celle-ci à Barb George pour l'informer qu'il incombait au seul commissaire de décider qui aurait le pouvoir de se charger de cette activité.
Le 21 mars 2005, j'ai envoyé à Mike Frizzell le rapport de la vérification interne préliminaire sur les régimes d'assurances. Ce rapport confirmait les craintes dont j'avais fait part à M. Frizzell le 20 décembre, ainsi qu'à mes supérieurs lorsque j'avais demandé la vérification en question. Je sais que M. Frizzell a reçu ce rapport parce qu'il m'a téléphoné pour me confirmer qu'il venait de moi.
La dernière fois que j'ai entendu Mike Frizzell fut la première semaine de juin 2005, lorsqu'il m'a laissé un message vocal dans lequel il prétendait que la dissimulation et la corruption régnaient au sein du programme des assurances et que la haute direction était au courant.
C'était là une accusation grave, de sorte que je téléphonai immédiatement au chef enquêteur, l'inspecteur Paul Roy, pour lui demander conseil. Il me répondit qu'il était en train de préparer le rapport de l'enquête, que le chef de police Bevan serait mis au courant une semaine plus tard, que le commissaire de la GRC le serait le 24 juin et qu'une réunion de breffage était prévue pour le 27 juin 2005 pour l'état-major de la GRC.
L'inspecteur Roy me dit alors que Mike Frizzell n'était probablement pas le porte-parole de l'équipe d'enquête et que tout cela était peut-être le résultat de quelque initiative personnelle, me recommandant de ne pas rencontrer Frizzell comme celui-ci le suggérait.
J'ai suivi son conseil. Dans un deuxième temps, j'ai fait part à mon supérieur, Barb George, de ce message vocal et de ce que j'avais fait par la suite, et elle m'a assuré que j'avais fait ce qu'il fallait.
En matière d'assurance, j'étais chargé de préparer le plan d'action pour l'administration, qui regroupait les mesures administratives correctives à prendre suite à la vérification interne de la GRC.
À cette fin, j'ai lancé l'examen actuariel qui allait être conduit par le Bureau du surintendant des institutions financières afin d'assurer la pérennité des régimes d'assurances. J'ai demandé un avis juridique afin de déterminer les pouvoirs en matière d'administration des régimes d'assurances. J'ai communiqué au cabinet Mercer Consulting Group une étude sur les paramètres de l'administration de l'assurance-vie collective. J'ai obtenu la toute première vérification des états financiers du régime en question. Et j'ai ouvert, le 20 juin 2005, une série de discussions avec des représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor au sujet de la gouvernance du régime d'assurances et des pouvoirs habilitants.
Pour entreprendre ce travail en conformité des politiques et procédures officielles, il y eut une période d'activités pendant laquelle j'ai entrepris les actions suivantes. Entre juin 2005 et octobre 2006, le Centre national de décision en matière de rémunérations a préparé des énoncés de travail et des demandes de propositions, analysé et évalué les soumissions présentées et tenu périodiquement des séances d'information à l'intention du comité de la vérification et de l'évaluation de la GRC, du conseil des ressources humaines de la GRC et du conseil des assurances de la GRC pour faire le point sur les progrès réalisés.
Le 30 octobre 2006, j'ai fait le point sur le plan d'action auprès du comité des assurances de la GRC, auquel il incombait dès lors de prendre des mesures à partir des études et de l'information fournies.
Ce que j'ai dit au comité des assurances était que, d'après ce que j'avais pu voir dans l'ébauche du rapport du Bureau du vérificateur général, il n'y aurait pas de surprise et que la vérificatrice générale avait pris acte des mesures correctives.
Après cette réunion, le commissaire adjoint Kevin Mole me dessaisit du dossier pour le confier à l'inspecteur Tony Pickett. Le commissaire adjoint me dit que ce n'était pas une question de compétence, que je représentais un risque parce que, pour utiliser ses termes, « vous n'êtes pas la propriété de la GRC ». C'est ainsi que ce termina ma participation à ce dossier.
Je répondrai avec plaisir à toutes les questions et interrogations du comité, et je tiens à assurer tous les membres de mon entière collaboration dans ce dossier, tout comme dans les enquêtes corollaires.
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Merci, monsieur le président, et merci également aux membres du comité.
Le 21 février 2007, le chef de police Vince Bevan est venu témoigner devant le comité auquel il a promis la pleine et entière coopération du Service de police d'Ottawa qui, par ailleurs, est toujours prêt à aider le comité dans ses délibérations. Je partage cette volonté.
Je voudrais par conséquent faire une brève déclaration pour aider le comité à faire la lumière sur certaines questions demeurées en suspens la dernière fois que j'ai comparu. Je voudrais également signaler que la dernière fois que je suis venu, on m'avait demandé de préparer par écrit une réponse à certaines questions concernant mes rapports avec le sergent d'état-major Frizzell qui, au moment de l'enquête, était simple sergent. Je vous ai fait parvenir un mémoire détaillé à ce sujet.
Je voudrais simplement faire valoir deux choses dans cette introduction, la première concernant l'indépendance de l'enquête conduite par la police d'Ottawa et la seconde concernant le sergent Frizzell.
Pour ce qui est de l'indépendance de mon enquête, je ne vais pas répéter tout ce que j'avais dit dans mon introduction le 18 avril, si ce n'est pour le confirmer. J'aimerais insister sur le fait que j'avais la charge de cette enquête et que c'est au chef de police Bevan que je faisais rapport, et à personne au sein de la GRC. Je ne me suis mis en rapport avec le commissaire adjoint Gork pour quelques points d'ordre administratif dont j'avais à m'occuper. Aucun membre de la GRC, tout grade confondu, n'a essayé de m'influencer de quelque façon que ce soit, pas plus que personne d'autre d'ailleurs.
En temps normal, en matière policière, un officier fait rapport à un supérieur hiérarchique. C'est ce supérieur hiérarchique qui est responsable de cet officier tant sur le plan administratif qu'opérationnel. Ainsi, le sergent William Sullivan du Service de police d'Ottawa a travaillé dans le cadre de l'enquête, et c'est à moi qu'il faisait rapport sur les plans administratif et opérationnel. Lorsqu'un officier travaille en détachement, il fait rapport à un supérieur hiérarchique pour ce qui concerne les opérations et à un autre, au sein de l'organisme dont il est issu, pour ce qui concerne l'administration. Voilà les genres de relations que j'avais avec le sergent Frizzell. J'étais son supérieur hiérarchique sur le plan opérationnel pour tout ce qui concernait l'enquête, et il rendait compte à ses supérieurs hiérarchiques à la GRC pour tout ce qui concernait l'administration, par exemple, les congés, la discipline et autres questions relatives à son emploi. Dans le monde de la police, ce genre de choses n'est pas rare. Je m'adressais au commissaire adjoint Gork pour toutes les questions administratives intéressant les agents de la GRC affectés à l'enquête. En ce qui concerne les décisions d'ordre opérationnel, je donnais directement mes ordres aux agents de la GRC qui étaient affectés à mon équipe d'enquêteurs.
En ce qui concerne maintenant mes relations avec le sergent Frizzell, un certain nombre de choses se sont produites pendant l'enquête. Même si nous étions lui et moi d'accord sur bien des points, nous avions également de nombreux autres points de désaccord. J'ai consulté le chef de police Bevan à ce sujet, et il m'a exhorté à en parler au commissaire adjoint Gork, ce que j'ai fait. J'ai expliqué tout cela en détail dans mon mémoire.
Le sergent Frizzell n'a pas été « prématurément dessaisi » de l'enquête. Le Projet Probité se termina le 17 juin, lorsque j'ai soumis mon rapport au chef de police Bevan. L'ordre concernant le sergent Frizzell, qui a été signé par le surintendant principal Lang, portait la date du 20 juin, une date postérieure à la remise du rapport final au chef de police Bevan, soit le 17 juin.
Le 20 juin 2005, date de l'ordre en question, l'enquête était terminée, et la majorité des membres restants de l'équipe avaient repris leurs fonctions habituelles. Sur les 23 membres de l'équipe d'enquêteurs, il n'en restait que sept, et ils étaient en train de boucler les derniers dossiers.
Je répondrai avec plaisir à toutes vos questions.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Le 21 février, une question posée à la sous-commissaire Barbara George — une question très simple qui lui demandait si elle avait quelque chose à voir avec le dessaisissement de M. Frizzell — avait produit une réponse tout aussi claire : « Je puis déclarer sans aucune hésitation que ni le commissaire Zaccardelli ni moi-même n'avons fait quoi que ce soit pour, comme vous dites, sortir le sergent Frizzell de son bureau. »
Nous avons entendu beaucoup de témoignages depuis, mais la semaine dernière nous avons entendu le commissaire adjoint Lafosse, qui avait été contacté, et il nous a déclaré que la sous-commissaire George lui avait demandé de dessaisir M. Frizzell du dossier, et il l'a renvoyée au commissaire adjoint Bruce Rogerson.
Aujourd'hui, dans son introduction, nous l'avons entendu rappeler le fait que la sous-commissaire Barb George lui avait parlé. C'est elle qui a pris l'initiative, elle voulait manifestement que M. Frizzell soit dessaisi.
Il y a autre chose de bizarre, parce que dans un témoignage ultérieure, Mme George a également évoqué le fait que M. Frizzell utilisait des méthodes d'enquête proches du harcèlement — je pense que cela remonte au mois de janvier de cette année-là — auprès de deux témoins. Et c'était l'une des raisons invoquées plus tard à l'appui de son dessaisissement.
Commissaire adjoint Rogerson, vous nous avez dit que lors de votre entretien téléphonique avec la sous-commissaire, cette dernière avait demandé à ce que M. Frizzell soit dessaisi du dossier. Mais elle a également parlé d'un message vocal qu'il lui avait laissé — et que nous avons pu écouter parce que l'enregistrement nous a été passé ici — au sujet de ses inquiétudes à propos d'une utilisation abusive des fonds d'assurances.
Aviez-vous effectivement compris qu'en fait, lorsqu'elle avait demandé à ce que M. Frizzell soit dessaisi, que c'était ce coup de téléphone en particulier qui l'avait amenée à cette série de communications?
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Honnêtement, je vous dirais qu'au printemps 2001, j'avais contesté ce que nous faisions à propos des cadeaux qu'on nous donnait comme des billets de hockey et des parcours de golf. Cela était survenu après une réunion avec l'Association canadienne des chefs de police, réunion pendant laquelle nous avions parlé de l'éthique dans la police du fait que nous ne devrions pas accepter ce genre de choses.
J'avais fait part de ces discussions à mes propres supérieurs à la suite de cette réunion, leur disant que tant que la chose ne serait pas réglée, il fallait faire en sorte que les politiques à ce sujet soient un peu plus claires. Dans un deuxième temps, j'en ai fait part autour de moi et, en juin, je me suis entretenu avec notre conseiller à l'éthique qui m'a dit que j'avais entièrement raison. Il m'a donné certaines informations, me disant qu'il n'y avait pas de zone grise et que ce comportement n'était pas acceptable.
À mon tour, j'ai fait part de ce qu'il m'avait dit à plusieurs cadres supérieurs à Ottawa. Le premier courriel que j'ai reçu en retour est venu du bureau de mon patron qui me disait de vider mon bureau. Le second est venu d'un autre officier supérieur qui me félicitait pour avoir tenté de trouver une solution à ce problème.
Après cela, j'ai rencontré plusieurs personnes qui étaient venues me voir pour me parler de leurs inquiétudes au sujet des contrats sans appel d'offres et aussi du fait que ce genre de comportement continuait à se manifester. Je suis allé voir le Conseil du Trésor et Travaux publics pour demander s'il était bien conforme à l'éthique d'accepter des cadeaux comme des parties de golf et autres.
Encore une fois, cela m'a conforté dans l'idée que ce genre de comportement était inapproprié. Non pas nécessairement que quelqu'un ait été forcé, mais la réalité c'est que le fait que nous participions à ce genre d'activité créait une certaine perception. J'ai en parlé à mon patron à l'époque qui ma dit que jadis, sous Andy Scott — il était le conseiller d'Andy Scott et du cabinet du solliciteur général — il avait appris d'une source du conseiller à l'éthique du Conseil du Trésor que ce genre d'activité était permise, et qu'il n'était pas étonnant que la GRC soit encore à l'âge de pierre.
Malgré tout, j'ai pris sur moi d'envoyer un nouveau courriel à tous les cadres supérieurs, ainsi qu'à mes employés, pour leur enjoindre de ne pas se livrer à ce genre d'activité. Cela dit, je devais apprendre la semaine suivante qu'il y avait des gens qui allaient néanmoins continuer comme si de rien n'était. Le lundi suivant, à la réunion habituelle du lundi matin, j'ai dit à l'équipe de gestion que je n'accepterais plus ce genre de comportement de quiconque et qu'en cas de récidive, j'ouvrirais moi-même une enquête pour inconduite. Mon supérieur de l'époque répondit que ce genre de comportement n'avait rien de répréhensible et il annula ma décision.
Ayant dit cela, en toute déférence, je suis allé trouver la surintendante principale Barb George, une personne très compréhensive. Je lui ai expliqué ma situation et elle m'a parfaitement compris, me répondant : « Écoutez, moi-même je me suis manifestée et je vais avoir des ennuis. » Puis, vous avez vu la lettre dont parle Ron Lewis, lettre dans laquelle on me réprimande parce que j'ai tenté de mettre un terme à ce genre de comportement sans passer par mon supérieur hiérarchique.
Ensuite, je suis allé en cours de langue en septembre 2001. Ron Lewis et le groupe ont soumis cette information au comité exécutif national qui était coprésidé par Jim Ewanovich et le commissaire Zaccardelli. L'un et l'autre ont dit qu'il ne s'agissait que d'un tournoi de golf ou d'une partie de hockey, et qu'il fallait oublier cela. À l'époque, je pensais avoir réussi à éliminer ce genre de comportement à la GRC.
Pour parler de dénonciation, je pourrais dire qu'un dénonciateur, c'est quelqu'un qui se manifeste non pas pour mettre ses camarades en danger, mais bien pour les protéger. Dans ma tête à moi, en faisant cette dénonciation, je protégeais mes gens, je protégeais leur carrière, en les empêchant justement d'avoir ce genre de comportement.
Toutefois, il faut que je vous dise qu'au mois d'octobre, j'ai été convoqué par la PPO. Elle voulait qu'on discute de cette affaire ainsi que des contrats sans appel d'offres. Je n'ai rien caché. J'ai dit tout ce qui m'avait été rapporté. Les policiers m'ont félicité pour mon sens de l'éthique et pour le fait que mon intégrité n'était pas à vendre.
Or, peu de temps après, j'allais apprendre qu'on me tenait personnellement responsable de cette enquête de la police ontarienne et de ses suites. Au mois de décembre, je ne faisais plus partie de l'équipe de la haute gestion de la GRC. On m'avait également dit que je ne pourrais plus réintégrer mon poste d'agent principal des finances à plein temps.
Vous voudrez bien m'excuser.
L'année suivante, on m'a accusé d'avoir triché sur mes congés, d'avoir voyagé sans autorisation, d'avoir fait preuve d'incompétence au travail. Je n'ai touché aucune prime au rendement, en fait je fus viré.
En mai 2002, on m'a proposé d'être chef de projet dans la force, affectation normalement attribuée à un sergent d'état-major, et j'ai occupé ce poste jusqu'en février 2005. Y a-t-il eu punition? Oui.
Lorsque Mike Frizzell est venu me voir au début de l'enquête sur le régime de pension, je l'ai mis en garde en lui disant que si on pouvait faire ça à un commissaire adjoint après 29 ans d'une carrière exemplaire, alors ils pouvaient le faire à n'importe qui.
Mais je suis toujours là; devant vous. Mon intégrité n'est pas à vendre. Tout comme 99,99 p. 100 des agents de cette organisation, y compris ceux qui travaillent au quartier général. Nous avons d'excellents membres civils. Les employés des services techniques et opérationnels sont les meilleurs qui soient.
Néanmoins, il ne fait aucun doute qu'il faut s'occuper du cas de quelques personnes.
Mais pour répondre à votre question, voilà comment j'ai été traité ces quatre dernières années.
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Je me rappelle très bien l'après-midi où le commissaire adjoint Rogerson est venu dans mon bureau. À l'époque, j'étais surintendante principale, chargée de la dotation des agents.
Il est entré, et j'ai vu qu'il était très agité. IL est très grand, alors il était difficile pour moi de le regarder dans les yeux et de lui parler. Je voulais qu'il s'asseye, mais il a refusé.
Il avait entre les mains de nombreux documents, et il voulait me montrer une correspondance qui durait depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, et c'est à ce sujet qu'il a exprimé ses inquiétudes concernant certaines mesures qui avaient été prises ou activités qui avaient eu lieu au sein de la direction.
Je me rappelle qu'il m'a dit : « Vous savez, Barb, je vous le dis en toute honnêteté, j'ai accepté l'un de ces billets de match de hockey. Je me mets moi-même en cause avec ça, mais il faut que ça sorte car ces activités se poursuivent. »
J'ai écouté le commissaire adjoint Rogerson et je lui ai dit : « Bruce, vous devez aller voir le commissaire à ce sujet et lui donner tous ces documents si vous voulez qu'on examine la situation. »
Pour des raisons personnelles, il ne voulait pas faire cela. Je lui ai dit : « Bruce, vous m'avez saisie de cette affaire, je vais donc aller porter ces documents au commissaire. » Il a accepté. Il m'a donné tous les documents, toute la correspondance, et il est parti.
Comme je vous l'ai dit, il semblait bouleversé. J'ai apporté ces documents au commissaire Zaccardelli. Je lui ai donné un bref aperçu du contenu de ces documents et de ce que le commissaire adjoint Rogerson m'avait dit. Et c'est tout. J'ai transmis ces documents.
Peu de temps après, l'enquête de la police provinciale de l'Ontario a commencé. Il me semble que le nom de code de l'enquête était Wapiti. Je voulais attirer votre attention sur le fait que c'est ainsi que l'enquête Wapiti de la police provinciale de l'Ontario a été lancée.
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Non. Voyez la lettre que j'ai envoyée en janvier, je pense qu'avec notre loi sur la GRC et les autres instances qui surveillent notre organisation et même la
Loi sur la gestion des finances publiques. J'encourage les gens dans notre système à venir nous voir d'abord. Nous avons un processus assez structuré. Dans ma lettre, comme vous allez le voir, en janvier, j'ai encouragé les gens à venir nous voir s'ils avaient des préoccupations. En fait, s'ils ne viennent pas nous voir, c'est-à-dire, si Mike Frizzell n'a pas suivi ce processus, il aurait pu enfreindre le code de conduite du fait qu'il aurait caché quelque chose. D'accord? C'est donc une arme à double tranchant.
Je vais être franc avec vous, en ma qualité d'officier compétent, je suis responsable de près de 2 200 personnes au quartier général. J'ai peut-être 30 dossiers à gérer. C'est moins de 2 p. 100 de problèmes liés au code de conduite.
En règle générale, nous avons un excellent système, et on a maintenant la Loi fédérale sur la responsabilité, bien sûr, qui protège les personnes, qui ont du moins le droit de parler.
Quant à l'aspect famille, j'imagine que, s'il y a collusion entre des gens pour ternir la réputation de quelqu'un afin que cette personne soit encouragée à quitter l'organisation, alors oui, s'il y a une telle collusion entre des gens, cela peut se faire. Ce qu'on appelle l'abus de pouvoir est interdit chez nous, et nous faisons enquête dans ces cas-là. Si mon souvenir est exact, nous avons un excellent processus.
Si les gens sortent des ornières avant le temps, c'est habituellement un signe que l'ensemble de l'organisation éprouve des difficultés. Des fuites se produisent généralement lorsque les dénonciateurs, comme vous les appelez, mais que j'aime appeler les redresseurs de tort, sont bâillonnés. Tôt ou tard, il va y avoir des fuites dans l'organisation.
Je pense que ce que vous voyez ici, c'est le reflet d'une institution privée dans une institution publique, comme cela a été le cas dans la chute de Enron, de Parmalat, de Bre-X et des autres. Donc, ce qu'on voit ici, ce sont de très rares personnes qui abusent de leur pouvoir. Pour une raison ou une autre, on en fait tout un plat, et on donne à croire que c'est un problème généralisé et systémique dans toute l'organisation. Je ne dirais pas que c'est généralisé, et ce n'est sûrement pas systémique. Il s'agit de très rares personnes qui se sont servi de leur pouvoir et ont décidé de protéger leur place plutôt que de protéger l'image de l'organisation. C'est la perception que j'ai de ce qui s'est passé. Et comme je l'ai dit, cela reflète des pratiques d'autrefois.
Pour ce qui est de notre actuelle commissaire, Bev Busson, je dirais que je suis ici aujourd'hui avec tout son appui. D'ailleurs, elle a dit: « La vérité est comme une épée et un bouclier; ces armes vous défendront et vous aideront à vous tirer d'affaire. » Je ne me suis pas adressé à elle pour faire approuver quoi que ce soit, et ce que vous avez entendu aujourd'hui vient strictement de moi, et c'est elle qui m'a encouragé à venir ici aujourd'hui.
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Je peux parler très vite.
Pour mettre les choses en perspective, en juin 2005, j'étais surintendant responsable des opérations techniques. Je n'ai aucune connaissance de cette enquête. Ce que je sais à propos de l'enquête sur le « Project Probity », je l'ai appris des audiences du comité et des transcriptions. C'était alors une enquête délicate, menée par l'inspecteur Roy, et très peu de personnes avaient accès à ces informations.
En mai à peu près, lorsque le commissaire adjoint Gork a été envoyé à Lyons, j'ai été nommé agent de liaison intérimaire à sa place pour cette enquête, et je devais m'occuper des questions administratives dont l'inspecteur Roy a parlé.
À peu près à ce moment-là, le 17 juin, j'ai reçu un appel du commissaire adjoint George — c'était le grade qu'elle avait à l'époque. Elle fait état d'une plainte concernant les actes de harcèlement qu'on prêtait au sergent Frizzell, et elle m'a demandé de faire quelque chose.
Presque tout de suite après, je me suis rendu dans le bureau de l'inspecteur Roy et nous en avons discuté. Je n'avais pas reçu d'instructions à ce moment-là. Quand je parle d'« instructions », j'avais été pressenti par le commissaire adjoint George pour faire quelque chose, mais à ce moment-là, je n'avais reçu d'elle aucune instruction précise. Cet ordre, je l'ai reçu du commissaire adjoint Gork, et je crois qu'il a déjà témoigné à cet effet.
L'inspecteur Roy et moi avons eu une longue discussion sur ce que nous devions faire parce qu'il tenait à ce que le sergent Mike Frizzell nettoie le gâchis qu'il avait laissé derrière.
Donc lorsque les gens lisent l'ordre et ce qui manque de l'ordre — ce que la sous-commissaire George pense qu'on devrait avoir écrit, selon ses souvenirs à elle ou l'inspecteur Roy et moi... Cet ordre a été rédigé par moi en consultation avec l'inspecteur Roy et le nouveau patron du sergent Frizzell au SPCCA pour faire en sorte que ce dernier soit déplacé.
Comme l'a affirmé le commissaire adjoint Rogerson, il ne s'agissait pas de ternir la réputation de quelqu'un. Il s'agissait d'une situation délicate. La sous-commissaire George a ajouté le fameux mot harcèlement ici. Nous avons des politiques, des règlements et des lignes directrices strictes lorsque nous nous trouvons devant un cas de harcèlement.
Le travail délicat que j'avais à faire, après avoir parlé avec M. Gork le lendemain, était de voir... Il voulait un ordre écrit, et ça, c'était clair. Et je crois...
M. John Williams: C'est ce qu'il voulait.
Sdt pal Doug Lang: Oui. Le lundi. C'était suffisant, à son avis. Pour ce qui était de la conduite du sergent Frizzell et de ses rapports avec l'inspecteur Roy dans le cadre de l'enquête, il voulait que ça soit réglé. On a réglé ça.
J'avais cru comprendre à l'époque que l'enquête était terminée, ou sur le point de se terminer. Il ne restait plus qu'à rassembler les courriels, ce genre de choses.
On n'écrit pas d'ordre tous les jours. Je n'arrive pas au travail le matin pour y trouver ma liste d'ordres... Adresser un ordre écrit à quelqu'un est une chose très sérieuse à la GRC. Cela montre que vous n'avez pas obéi à vos instructions verbales et c'est la prochaine étape lorsqu'il s'agit « de faire quelque chose de plus avec cette personne. »
Je n'avais pas assez de renseignements de la conversation que j'avais eue avec la sous-commissaire George et de la confirmation que m'avait donnée l'inspecteur Roy, à savoir que le harcèlement — le comportement obsessif et agressif — était vraiment fondé, et je ne pouvais pas exiger que le sergent Frizzell se prête à ce qu'on appelle « un examen médical spécial » aux Services de santé. Si j'avais senti pendant les quelques moments où on m'a confié cette affaire que c'était nécessaire, je me serais adressé aux Services de santé et j'aurais exigé cet examen.
J'ai rédigé un brouillon de l'ordre initial, parce qu'il n'existe pas de modèle pour ça. Il a fallu que j'improvise sur-le-champ et que j'écrive tout de suite dans l'ordre qu'il devait cesser de faire ce qu'il faisait à partir de ce que j'avais appris, ce qu'il devait faire à compter de maintenant et ce qu'il devait faire après.
Voilà pourquoi il y a une certaine confusion au sujet du contenu de l'ordre et de ce que les gens pensent que l'ordre aurait dû dire. C'est à cause de ce qui s'est passé après ma discussion avec le commissaire adjoint George et après la discussion que j'ai eue ensuite avec le commissaire adjoint Gork, qui m'a dit: « Rédigez-moi un ordre écrit. Il faut que ça se fasse. Je veux que ce soit prêt d'ici lundi. » Puis, l'inspecteur Roy et moi nous sommes entendu sur les détails de ce que le sergent devait achever et les choses qu'il devait régler, et il fallait s'entendre sur le jour où il retournerait à son ancienne affectation. Je pense que quelqu'un d'autre a dit qu'il était parti depuis un an et qu'il n'y aurait pas de place pour lui au retour. J'ai donc dû parler à l'inspecteur de son service pour qu'il soit réintégré dans ses fonctions.
L'essentiel de la conversation que j'ai eue avec le sergent Frizzell lorsque je lui ai remis l'ordre sont des choses que je ne peux pas réfuter. Je n'étais pas au courant de l'enquête. Donc, lorsqu'il s'est plaint de ne pas avoir été entendu, de ne pas avoir été écouté, qu'on l'avait empêché d'agir ou qu'on avait refusé de l'écouter et que personne ne voulait rien savoir de lui, moi j'ai pensé à ce moment-là qu'il ne voyait les choses que de son point de vue, peu importe, dans ce dossier et cela a en quelque sorte confirmé ce que les autres disaient de lui.
Mais je n'étais pas en mesure de savoir exactement ce qui se passait à ce moment-là. C'est la raison pour laquelle l'ordre avait été rédigé par moi, parce que le commissaire adjoint Gork l'avait ordonné. Pour qu'un ordre soit légitime, il doit être motivé. Je n'étais pas en mesure de contredire l'aspect juridique ou les aspects de l'enquête parce que je n'étais pas censé savoir ces choses. Voilà pourquoi l'ordre a été rédigé ainsi; c'était le commissaire adjoint Gork qui l'avait ordonné; j'agissais en son nom; on m'a précisé ce qui doit être fait, et tout le boniment. Voilà!
J'espère que cela clarifie le tout.
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Désolée. Ce document a été remis vendredi. Je l'ai moi-même reçu seulement cet après-midi. Il est très intéressant et vous y trouverez, je crois, toutes les révélations dont vous avez besoin.
Comme je l'ai dit déjà maintes fois aux membres du comité, quand Mme Burton est venue me voir alléguant avec inquiétude que le sergent Frizzell semblait la harceler, elle et ses employés, j'ai pris des mesures, comme je suis tenue de le faire. C'était un comportement allégué. Ce que je souhaitais, c'était de trouver quelqu'un qui pouvait parler franchement à Mike Frizzell et lui donner l'occasion de dire: « Non, je ne harcèle pas les gens. Oui j'ai des techniques différentes ou musclées, mais elles ne sont pas... » Il aurait pu s'expliquer là-dessus.
Bruce Rogerson vous l'a dit: nous ne sommes pas là pour ruiner la réputation de quelqu'un ou réduire à néant sa carrière. Je ne me suis pas adressée à l'inspecteur Roy. Je voulais trouver quelqu'un qui connaissait Mike Frizzell, qui avait eu l'occasion de travailler avec lui et qui pouvait lui dire: « Mike, il paraît que les gens se sentent mal après tes entrevues. Il y en a un ou deux qui sont partis du bâtiment en courant, etc. Tu peux mettre la pédale douce? Réfléchis-y. »
Mike Frizzell a indiqué que personne ne lui avait parlé, que personne ne lui avait signalé le problème. Je comprends maintenant pourquoi, étant donné que l'inspecteur Paul Roy avait déjà donné l'ordre de mettre fin à l'enquête, que la plupart des gens avaient été renvoyés à leur service d'attache et que le sergent Frizzell devait, quant à lui, remettre son rapport final.
J'ai donc effectivement parlé au sous-commissaire Rogerson, à Doug Lang et à Darrell LaFosse. Autant que je sache, et je crois que c'est effectivement le cas, personne n'est allé dire à Mike Frizzell: « Écoute, il y a des allégations sur la façon dont tu traites les témoins qui font des vagues au Centre national de décision en matière de rémunération. Mets la pédale douce, d'accord. »
Je n'avais donc aucune idée de ce qui c'était passé quand je vous ai dit, deux ou deux ans et demi plus tard, que je ne savais pas quand on avait finalement décidé soit de le retirer de l'enquête, comme le disait Gork, soit de ne pas le retirer, comme le disait l'inspecteur Roy, puisque l'enquête était terminé et qu'on lui avait demandé de retourner à son service d'attache. On m'avait d'ailleurs demandé de ne pas spéculer. Si j'avais spéculé, j'aurais pensé que c'était sur l'initiative de l'inspecteur Roy, par l'intermédiaire du sous-commissaire Gork. Mais c'est juste une supposition.
Laissez-moi revenir à ce que j'ai déjà dit. En tant que dirigeante principale des ressources humaines, si on vient me voir pour me dire qu'on harcèle ou qu'on effraie certaines personnes sans bonne raison, je me dois d'agir. Je ne peux pas me tourner les pouces ni espérer que les choses reviennent à la normale. J'ai donc agi.
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Tout d'abord, dans son témoignage, Mme Burton a dit, il me semble: « Je ne sais pas qui a effectué les entrevues ». Est-ce bien cela? Est-ce bien ce que vous avez tous entendu. On est là à me reprocher de faire pleurer les gens, et elle ne savait même pas qui effectuait l'entrevue? Ce n'est pas moi qui ai mené l'entrevue avec Liette Bellemare; quant à Jeff Hutchefon, lui et moi conversons régulièrement et je peux vous garantir qu'il n'a jamais pleuré ni pris la porte en courant.
C'est ce que j'ai entendu. Avez-vous tous entendu la même chose?
Deuxièmement, j'ai eu plusieurs problèmes avec M. Roy. Laissez-moi vous en donner un exemple.
Nous avons entendu dire à différentes occasions que M. Roy n'avait aucune idée de ce que je faisais à la fin de l'enquête. Laissez-moi vous lire un courriel. Je regrette de ne pas l'avoir soumis à l'avance, mais je ne savais pas que je devrais le lire. C'est un message de M. Roy à Mme George — Barbara; il date du 31 mai, juste une ou deux semaine avant l'ordre. M. Roy dit vouloir savoir combien d'argent a été remboursé au fonds de retraite. Puis il ajoute:
L'autre question a trait à la sous-traitance de l'administration des régimes d'assurance de la GRC. C'est un problème que l'enquête a relevé. Je sais qu'on a récemment effectué une vérification et je me demande si des mesures ont été prises ou des fonds remboursés pour corriger le problème.
Il parle là de la constatation suivante de la vérification: « Les dépenses imputées aux régimes collectifs d'assurance-vie et d'assurance-invalidité des membres de la GRC, au même titre que le financement, ont été jugés inadéquats.
M. Roy poursuit ensuite, dans son message à Mme George: « Il faut préparer des infocapsules à ce sujet, pour répondre aux questions que poseront les médias et à ce qui s'est dit dans les médias il y a un an. » Un petit coup de pouce à Mme George, là, pour qu'elle puisse se dépatouiller le moment venu.
C'est un message que m'a envoyé M. Roy. C'est ce qui m'a amené à agir. Ce que j'ai constaté est que, comme Mme George l'a indiqué dans sa lettre, on a demandé à ce que 540 000 $ soient remboursés, avec intérêts; et 542 000 $ ont été remboursés, bien que la Great-West ait envoyé un chèque d'un montant de 578 000 $. Il y a donc un petit problème comme il y a un montant de 36 000 $ qui manque.
Quoi qu'il en soit, voici ce que je voulais dire: c'est M. Roy qui m'a signalé tout ceci, à la fin de mon enquête. Je vois mal pourquoi il l'aurait fait s'il ne voulait pas que j'assure un suivi, vu qu'il savait que le problème me tenait particulièrement à coeur. Quand j'ai effectué le suivi, et vous avez tous entendu la conversation téléphonique et jugé de quel harcèlement il s'agissait, la personne que j'ai contactée a appelé l'inspecteur Roy. Et nous connaissons tous la suite.
Je veux juste clarifier les choses.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais relire le témoignage de M. Estabrooks. Hélas, tant que je n'aurai pas ce document sous les yeux et que je n'aurai pas relu tout ce qui s'est dit, je ne peux pas vraiment poser les questions que je veux. Mais cela semble très grave. Et le plus troublant, monsieur le président, si je comprends bien, c'est que cela se poursuit encore. On parle de choses relativement récentes, s'étant produites il y a une semaine et demie, à ce que j'entends. Si c'est vrai, il est vraiment inquiétant que nous menions une enquête sur quelque chose qui serait survenu par le passé et qu'il puisse encore maintenant y avoir des allégations sur d'autres comportements répréhensibles.
Je voudrais juste prendre dix secondes pour dire... au sujet d'une personne qui a comparu devant nous, parce que je pense que c'est important.
J'ai entendu le témoignage de toute une série de personnes, des agents, en uniforme ou non. Voici ce que j'en retiens: je trouve que nous avons vraiment beaucoup de chance qu'à ce stade-ci de l'histoire de la GRC, la commissaire intérimaire Busson soit en poste. Jour après jour, elle s'efforce de rétablir la confiance et moi, en tout cas, je lui fais confiance. Ses réponses ont ét très directes. Elle a été très franche même quand ses réponses ne contribuaient pas nécessairement à présenter la GRC sous son meilleur jour. Je voulais simplement que ce soit noté parce que je lui fais confiance et parce que je suis content qu'elle soit là.
Monsieur Roy, vous avez déclaré, le 18 avril, au sujet du sergent d'état-major Frizzell:
Le terme « retiré » n'est pas juste. Il n'a pas été retiré. Il a été ramené à son unité lorsque l'enquête criminelle a été finie.
Maintenez-vous ce que vous avez dit, monsieur?