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Merci, monsieur le président.
Monsieur Ritz, messieurs les membres du comité, je m'appelle Sinclair Harrison et je suis le président de la Farmer Rail Car Coalition.
J'ai à mes côtés Bob Barss, membre du conseil de l'Alberta Association of Municipal Districts and Counties, un organisme qui représente toutes les municipalités et tous les comtés de l'Alberta. Il est l'un des 17 membres du conseil d'administration de cette association. Nous avons pour l'ensemble des Prairies 17 organisations agricoles qui représentent bien plus de 90 p. 100 des producteurs agricoles de l'Ouest canadien.
Voici Bernie Churko, le président directeur général de la Farmer Rail Car Coalition.
Je voudrais remercier le comité d' avoir pris le temps d'écouter les préoccupations de la coalition suite aux annonces faites récemment par le gouvernement fédéral. Le gouvernement a en effet annoncé récemment aux producteurs agricoles de l'Ouest qu'il entendait conserver son parc de wagons-trémies et réduire les tarifs de fret dans le profil de ce que la FRCC avait elle-même découvert, c'est-à-dire que les producteurs payaient beaucoup trop pour l'entretien de ces wagons.
La FRCC a toujours dit, depuis le début, c'est-à-dire il y a plus de 10 ans, que les objectifs étaient au nombre de trois. Le premier consiste à garantir qu'il y ait un nombre suffisant de wagons-trémies qui puissent être utilisés en priorité pour le transport des céréales de l'Ouest. La deuxième priorité est de faire en sorte que ce parc de wagons-trémies soit remplacé de la façon aussi rapide et aussi pratique que possible par des wagons modernes et à la fine pointe, des wagons dont la charge utile et la capacité volumétrique soient plus élevées que ceux qui sont actuellement utilisés, et que ces wagons soient mis à la disposition des producteurs agricoles au prix le plus bas possible.
Suite à ce que le gouvernement fédéral a récemment annoncé, nous craignions beaucoup qu'on demande encore une fois aux producteurs agricoles de l'Ouest canadien de payer le prix fort pour une décision prise sans que tout les faits pertinents ne soient connus. Comme nous l'avons dit dans notre lettre du 15 mai, que j'ai fait remettre dans les deux langues officielles au greffier du comité, il restait encore trois questions fondamentales sans réponse à l'issue de la dernière ronde d'audiences tenues par les comités de l'agriculture et des transports, devant lesquels nous sommes allés témoigner l'an dernier.
Je vais rapidement en faire le survol.
La première crainte concerne le coût de l'entretien des wagons. Lorsque la FRCC a préparé son plan d'affaires, elle voulait avoir la certitude que les wagons bénéficieraient d'un entretien adéquat au coût le plus faible possible. Nous avons examiné les modèles d'entretien en usage dans toute l'Amérique du Nord et nous en avons conclu qu'il devrait en coûter environ 1 500 $ par an pour assurer l'entretien d'un wagon-trémie d'un âge comparable qui assure le transport de marchandises non corrosives comme les céréales. Nous avons également acquis la conviction que les producteurs agricoles de l'Ouest payaient, avec la formule du plafond de revenu, beaucoup trop cher pour l'entretien de ces wagons-trémies. Nous avons donc demandé à Transports Canada, dans un premier temps, de calculer ce que représentait, dans le plafond de revenu, le coût de l'entretien des wagons-trémies et, ensuite, nous lui avons demandé de déterminer ce que les compagnies de chemin de fer dépensaient en réalité.
Même si ces chiffres varient d'une année sur l'autre étant donné que les quantités de céréales acheminées dépendent de l'abondance relative de la récolte, pour l'année en question, l'Office des transports du Canada a calculé qu'en 2004, la fraction du plafond de revenu associée à l'entretien du parc de wagons fédéral s'établissait à 4 329 $ par wagon et par an. Je répète, 4 329 $ par wagon et par an. Fort de cette donnée qui a été publiée par The Western Producer, l'Office des transports du Canada a conclu que les dépenses réelles des compagnies de chemin de fer, majorées de 58 p. 100 pour les frais généraux, avaient été de 1 686 $ par wagon et par an.
C'est ce document que M. Anderson a déposé ce matin et j'imagine que comme il est maintenant entre les mains du comité, il est également dans le domaine public.
Cela veut dire que cette année-là, les producteurs agricoles ont payé plus de 47 millions de dollars de plus qu'ils n'auraient dû, et cela rien que pour le parc de wagons fédéral. Lorsque je parle du parc fédéral, je fais référence à la définition que donne la loi, et qui regroupe les wagons du gouvernement fédéral, ceux du gouvernement de la Saskatchewan, ceux du gouvernement de l'Alberta et ceux de la Commission du blé. Il s'agit donc d'un trop-payé de 47 millions de dollars par rapport à ce que les producteurs agricoles de l'Ouest canadien auraient dû normalement payer.
Si on extrapole ce ratio où 8 000 et quelque wagons-trémies appartenant aux compagnies de chemin de fer ou loués par celles-ci pour assurer le transport des céréales, il faut ajouter à cela 21 millions de dollars de plus. Le parc fédéral représente 18 000 wagons et les compagnies de chemin de fer en mettent 8 000 autres à disposition. Nous partons du principe que les mêmes chiffres valent pour les wagons mis à disposition par les compagnies de chemin de fer, ce qui nous amène donc à 21 millions de dollars. Cela dure depuis des années. C'est pour cette raison que la FRCC estime que le Bureau du vérificateur général devrait se saisir de ce dossier, et nous vous demandons d'appuyer notre demande dans ce sens.
À sa décharge, le gouvernement a pris connaissance de cet argument et, dans l'annonce qu'il a faite récemment, il a donné l'assurance qu'il allait mettre un terme à cette surfacturation, au moins dans le cas des wagons fédéraux, et que les producteurs agricoles pouvaient s'attendre à une diminution du plafond de revenus d'environ 2 $ la tonne. Nous tenons à féliciter le gouvernement d'apporter cette modification à la loi.
Notre deuxième sujet de préoccupation concerne le programme d'entretien. Une deuxième question toujours sans réponse consiste à savoir si l'entretien de ces wagons a été effectué dans les règles. La FRCC reçoit sans cesse des informations à ce sujet, surtout en ce qui concerne les trappes et les capots — et pour ceux d'entre vous qui ignorent ce dont il s'agit, c'est la trappe qu'on ouvre pour vider le wagon par le bas. La trappe s'ouvre et se ferme. Le capot se trouve sur le toit du wagon et il est extrêmement important pour l'égalisation de la charge. Ces trappes et ces capots sont-ils bien entretenus? Nous avons conclu que non. En fait, un rapport reposant sur un échantillon de 458 wagons faisait le constat que près de 75 p. 100 des wagons n'étaient pas en état d'être chargés au moment de leur inspection. Dans les cas de ce genre, les exploitants de silos ou les producteurs, lorsqu'ils font le chargement des wagons, doivent utiliser du ruban adhésif, du silicone, tout ce à quoi ils peuvent penser pour sceller l'ouverture du wagon. Cela, c'est inacceptable.
Ce que nous avons nous-mêmes pu observer nous a amenés à penser que ce programme d'entretien obligatoire n'était pas respecté. D'ailleurs, un programme d'entretien différé était même en vigueur. À notre demande, Transports Canada a engagé QGI, un cabinet d'experts-conseils spécialisés dans les inspections de wagons, pour vérifier 1 000 environ des 12 000 wagons du gouvernement fédéral, ce qui est un échantillon représentatif. À notre avis, le rapport confidentiel de QGI confirme les constats de la FRCC quant à la fréquence à laquelle l'entretien normal était ainsi retardé.
Les montants sont cités dans le rapport et sont également entre les mains de Transports Canada. Je le répète, peut-être le comité devrait-il en avoir connaissance. Le montant associé aux réparations à effectuer aux wagons, Transports Canada et la FRCC en conviennent tous les deux, représente 35 millions de dollars de travaux qui n'ont pas été effectués mais qui ont pourtant été payés.
Cela étant, pourquoi le gouvernement fédéral devrait-il récompenser les compagnies de chemin de fer en leur accordant un nouveau contrat d'entretien malgré ces résultats aussi consternants? Les gars, il y a dans les Prairies plus de 12 compagnies privées spécialisées dans l'entretien des wagons qui seraient parfaitement capables de faire ce genre de travail. Il est très simple d'installer des voies vers un atelier, comme on l'a fait cette année à Ogema et à Rocanville, en Saskatchewan, précisément pour pouvoir réparer les wagons. Nous demandons donc que le comité se penche sur cette question.
Notre troisième sujet de préoccupation concerne l'incidence du plan de la FRCC sur le plafond de revenu. Un dernier sujet de préoccupation dont il a été question lors des audiences concernait l'éventualité que le plan de la Farmer Rail Car Coalition puisse entraîner une augmentation du plafond de revenu. Mais la FRCC a toujours soutenu que la mise en oeuvre de son plan se traduirait par une légère diminution du plafond de revenu. À notre demande, Transports Canada a demandé à l'Office des transports du Canada d'élaborer une méthodologie permettant de déterminer en quoi un plan semblable à celui de la FRCC pourrait influer sur le plafond de revenu, au cas où le projet de loi C-44 serait promulgué — il s'agissait du projet de loi sur les transports qui avait été déposé par l'ancien gouvernement.
Cette étude a été effectuée en consultation avec les compagnies ferroviaires, la Western Grain Elevator Association, la Inland Terminal Association, ainsi que de nombreuses organisations agricoles de l'Ouest canadien, de sorte que tous ceux qui étaient à la table ont pu participer à l'étude. Cette étude confidentielle a été bouclée le 28 octobre 2005, et nous pensons qu'elle corrobore la thèse de la FRCC. Ce rapport est ici, il est entre les mains de Transports Canada, et encore une fois, nous préconisons qu'il soit déposé au comité.
En ce qui concerne le remplacement des wagons, ce qui nous inquiète le plus dans l'annonce faite dernièrement par le gouvernement, c'est la stratégie de remplacement des wagons-trémies. Même si le communiqué de presse ne disait rien à ce sujet, il faisait néanmoins dire à Transports Canada que les compagnies de chemin de fer assureraient le remplacement des wagons-trémies en fonction de leurs propres échéanciers.
Selon nos calculs et ceux des compagnies ferroviaires, les tarifs de fret payés par les producteurs agricoles devraient augmenter de 4 à 5 $ la tonne pour financer l'achat des nouveaux wagons-trémies. Vous vous souvenez sans doute que dans sa déclaration, le ministre avait parlé d'une baisse de 2 $ du plafond de revenu. Si nous confions aux compagnies ferroviaires le soin de remplacer les wagons, cela coûterait entre 4 et 5 $, de sorte que si on tient compte de la réduction prévue pour l'entretien dont parle le projet de loi ainsi que du surcoût nécessaire pour l'achat de nouveaux wagons, les producteurs paieraient à long terme entre 2 et 3 $ la tonne de plus pour acheminer leur production.
Il y aurait plus de parcs de wagons-trémies affectés exclusivement au transport des céréales de l'Ouest. Une fois que ces wagons appartiendront aux compagnies ferroviaires, ce sont elles qui décideront à quoi ils serviront, et ce ne sera pas nécessairement au transport exclusif des céréales de l'Ouest . Nous en reviendrions donc à la même situation que celle qui avait fait que le gouvernement en avait fait l'acquisition en 1972. Cette situation était inacceptable en 1972 et elle sera encore une fois inacceptable pour les producteurs agricoles.
Tout cela nous donne l'intime conviction que la décision dont le gouvernement a fait l'annonce est contraire aux meilleurs intérêts des producteurs agricoles. Elle ne garantira pas la disponibilité à long terme de wagons-trémies affectés exclusivement au transport des céréales de l'Ouest, avec pour résultat, à long terme, une augmentation des coûts pour les producteurs agricoles. Cela dit, je dois quand même nuancer ce constat, en ce sens que nous avons été un peu interloqués, d'entendre, vendredi dernier, sur les ondes de CJME Regina, un reportage selon lequel le gouvernement allait assurer le remplacement du parc. C'est une bonne nouvelle. Si ce remplacement se fait selon un échéancier serré, la crainte principale que nous a inspirée la décision récente du gouvernement, cela ferait disparaître la principale crainte que nous avait inspirée la décision récente du gouvernement.
Ainsi donc, notre principal sujet de préoccupation est le remplacement des wagons. Si le gouvernement investissait de 1,1 à 1,3 milliard de dollars pour acheter de nouveaux wagons-trémies de dernière génération, cela serait bien accueilli par les producteurs agricoles et les craintes que la décision initiale nous avons inspirées n'auraient plus de raison d'être.
Je vous remercie pour votre patience. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
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J'ajouterais seulement que les wagons en aluminium, qui en théorie ont une vie utile un peu plus longue, sont devenus désuets pour deux raisons, parce que leur capacité est inférieure et parce qu'on n'a pas su régler certains problèmes d'entretien. Il faudrait donc faire des investissements considérables pour les améliorer ou les mettre à la ferraille. Il est donc encore plus urgent de s'occuper des wagons en aluminium que des wagons d'acier qui, eux, doivent être remplacés en 2011.
En ce qui concerne les besoins, il faut tenir compte de deux choses. Il y a d'abord la durée technique d'un wagon. Selon les règles de l' Association of American Railroads, certains wagons ont une durée de 40 ans et d'autres, de 50 ans, mais il faut aussi tenir compte de la désuétude.
Tous ces wagons pèsent 263 000 livres, ce qui n'est plus la capacité moderne. Une étude a été menée récemment sur cette question. En 2003, le parc américain, dans une proportion de 37 p.100, avait été modernisé. D'ici 2010, 60 p. 100 du parc de la Union Pacific devraient être constitués de wagons ayant le nouveau poids et, pour BNSF, c'est 50 p. 100. Cela représente un avantage concurrentiel d'environ 10 p. 100.
M. Ray Foot, vice-président adjoint aux céréales chez CP a déjà laissé entendre que son entreprise pourrait transporter 25 p. 100 de plus de marchandises avec des wagons modernes. C'est donc une question qui va au-delà de la simple durée de vie des wagons et qui touche la compétitivité.
Par conséquent, s'agissant de besoins, il faut bien sûr des wagons qui ont la durée de vie prévue par les règles, mais aussi, et c'est très important pour les agriculteurs, un parc moderne qui nous permette d'être concurrentiels.
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Merci beaucoup d'être venu comparaître, messieurs.
Je m'intéresse à ce dossier depuis un certain temps. Mon parti appuie l'idée de demander à la vérificatrice générale d'enquêter sur ce qui semble être un usage abusif de fonds. Nous espérons ainsi avoir des réponses à nos questions.
Ce que nous souhaitons, c'est la solution la meilleure pour les agriculteurs et la moins coûteuse pour les contribuables.
Voici ma question: d'après vos calculs, si j'ai bien compris, si la FRCC devient propriétaire de ces wagons, elle pourra faire l'entretien pour environ 1 500 $ par wagon annuellement. Cela pourrait aussi aider nos localités rurales qui pourraient obtenir des contrats d'entretien. Je tenais à le préciser.
Si les wagons doivent être remplacés, il est évident que cela est la priorité absolue. Si c'est le gouvernement qui est propriétaire des wagons, c'est à lui qu'il incombe, et aux contribuables, de remplacer les wagons. Du moins, c'est ainsi que je vois la chose. Si la coalition devient propriétaire de ces wagons, où trouvera-t-elle l'argent pour remplacer ces wagons? Cela coûtera plus de 1 million de dollars et devra être fait d'ici 2011, comme vous l'avez mentionnée, je crois.
Je conviens que les agriculteurs sont les mieux en mesure de déterminer leur destinée et celle des wagons, qu'ils sauront assurer l'entretien des wagons et qu'ils ne permettront pas aux sociétés ferroviaires de négliger l'entretien pour accroître leur profit. Mais qui achètera les nouveaux wagons? Cela coûtera-t-il beaucoup aux agriculteurs? Voilà les questions que je me pose.
Ce dossier suscite des préoccupations. Il serait important de mener une enquête. Si on constate qu'on a fait un usage abusif des fonds, j'ose croire que les sociétés ferroviaires rembourseront aux agriculteurs les millions de dollars qu'elles leur ont demandé en trop. Je suppose que cette somme pourrait servir à l'achat de nouveaux wagons, mais il est certain que le remplacement des wagons est prioritaire. Qui paiera? Je m'arrête ici.
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Merci de m'offrir ainsi qu'à l'avocat de l'office la possibilité de m'adresser à vous à propos de ce sujet très intéressant qui est celui de wagons-trémies de l'État. L'office s'occupe de ce dossier depuis un certain nombre d'années.
Je commencerai par certaines observations liminaires. Comme vous le savez, je suis directeur intérimaire de la direction de l'économie des chemins de fer de l'Office des transports du Canada et j'occupe ce poste depuis le début avril. Toutefois, je fais partie de l'équipe de direction de ce service depuis des années et si je n'ai pas directement travaillé sur ce dossier jusqu'à très récemment, j'y ai participé de façon constante.
Hier après-midi, on m'a demandé de préparer un exposé à l'intention de votre comité et je n'ai donc pas eu beaucoup de temps pour me préparer. Cela dit, j'essaierai de répondre à vos questions en ce qui concerne l'office, soit tout de suite, soit dès que possible après la réunion, tout en respectant le caractère confidentiel de certains des renseignements qui peuvent être demandés.
Je suppose que cela vous satisfera, monsieur le président.
J'ai été invité à faire un exposé à propos des wagons-trémies, mais je ne sais pas exactement ce qui intéresse en particulier le comité. Si vous le permettez, je crois qu'il est important de comprendre le contexte dans le cadre des responsabilités statutaires de l'office. Cet office est un organe quasi judiciaire dont les décisions ont exactement le même effet qu'une décision d'une cour de justice. C'est important car les rôles et actions de l'office sont régis par la Loi sur les transports au Canada qui a été adoptée par le Parlement canadien.
Une des principales responsabilités de l'office est de calculer le revenu admissible maximum pour le mouvement du grain tel que l'article 151(1) de la Loi sur les transports au Canada le stipule et de veiller à ce que les compagnies de chemin de fer ne dépassent pas ce maximum. La loi stipule que l'office doit calculer le revenu admissible maximal des compagnies de chemin de fer Canadien National et Canadien Pacifique pour le mouvement du grain au cours de chaque campagne agricole. Ceci a commencé pour la campagne 200-2001. J'insiste sur le fait que la responsabilité de l'office est de calculer les revenus et non les coûts.
On calcule les revenus en appliquant un indice des prix, déterminé par l'office, au revenu de l'année référence prescrite par la loi après avoir fait les ajustements nécessaires par rapport à l'année récolte considérée en ce qui concerne la quantité transportée et la distance moyenne de transport. En outre, l'office effectue des vérifications détaillées pour s'assurer que ni le Canadien National ni le Canadien Pacifique n'a dépassé son maximum admissible. Au cas où il est dépassé, ils doivent verser ce dépassement plus une pénalité à la Western Grain Research Foundation.
Comme je l'indiquais, l'indice de prix est déterminé par l'office. Dans ce calcul, l'office tient compte du paragraphe 4 de l'article 151 de la loi qui prévoit des ajustements en fonction des coûts d'obtention de wagons découlant de la vente, de la location ou de la mise hors service de wagons-trémies du gouvernement. C'est la première fois que l'office a appliqué cette disposition dans le calcul de l'indice des prix pour la prochaine campagne 2006-2007. Les coûts de location supplémentaires ont ajouté environ 1,2 p. 100 à l'indice des prix.
Il importe de noter que le revenu admissible maximal pour le mouvement du grain est censé indemniser les chemins de fer pour leurs coûts d'exploitation concernant l'acheminement des céréales réglementé. Ceci inclut le coût de l'entretien des wagons-trémies. Il y a environ 12 000 wagons-trémies fédéraux, 3 400 wagons-trémies de la Commission canadienne du blé, 2 000 wagons provinciaux et 8 000 wagons des chemins de fer, pour un total de 26 000 wagons-trémies.
Ceci conclut mon exposé et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci de nous avoir invités à comparaître.
Tout d'abord, MM. Bob Friesen et Marvin Shauf regrettent de ne pas avoir pu venir aujourd'hui. Ils ont eu un empêchement de dernière minute. Je ferai donc l'exposé à leur place.
Nous avons distribué des documents, que vous avez tous reçus, je l'espère, qui font état de la position de la Fédération canadienne de l'agriculture sur les biocarburants et les combustibles renouvelables ainsi que notre désir d'élaborer, une stratégie canadienne sur les combustibles renouvelables, qui permettrait au secteur de se tailler une place au Canada.
Vous connaissez sans doute tous la mission de notre Fédération : assurer le maintien d'un secteur agricole canadien viable et dynamique. Le secteur des biocarburants et des carburants renouvelables présente des possibilités innombrables pour le Canada et pour les agriculteurs. Notre objectif est le suivant : promouvoir une approche intégrée en matière de politique, créer un secteur des biocarburants, s'assurer que les producteurs primaires profitent pleinement des occasions qui se présentent et s'assurer que le Canada est reconnu mondialement comme un chef de file en matière d'énergie renouvelable et de protection de l'environnement à long terme.
En effet, grâce aux biocarburants, on pourrait créer au Canada un nouveau secteur innovateur et à valeur ajoutée, créer des industries, des emplois et contribuer à l'économie des collectivités rurales; élargir l'assiette fiscale des régions; réduire les émissions de gaz à effet de serre au pays tout en améliorant la qualité de l'air, en réduisant les coûts de soins de santé et, ce qui est primordial pour la Fédération, permettre aux producteurs de céréales et d'oléagineux de compter sur le marché pour grandement améliorer leurs revenus.
L'objectif principal, c'est d'améliorer les revenus que les agriculteurs tirent du marché. Comme nous le savons tous, les revenus agricoles diminuent depuis longtemps. L'heure est grave. Les recettes ont atteint un niveau critique. La production vivrière et fourragère mondiale continue à augmenter plus rapidement que la demande. Par conséquent, il nous faut créer une demande non-alimentaire qui absorberait cet excédent de production, créant ainsi une nouvelle demande, ce qui exercerait des pressions à la hausse sur les prix et améliorerait les revenus agricoles tirés du marché.
Grâce aux biocarburants, il serait possible de s'écarter de la simple production de matière première, de renforcer la pénurie énergétique qui existe à l'échelle de la planète, de permettre aux producteurs de mettre l'accent sur la valeur ajoutée et, à toutes fins pratiques, d'aider à créer des industries dans les zones rurales canadiennes. Il existe actuellement quelques petits programmes, provinciaux et fédéraux. Les gouvernements ont commandité des recherches de qualité et il existe maintenant des programmes d'immobilisations fédéraux et provinciaux, comme le programme d'expansion du marché de l'éthanol, ainsi que des incitatifs fiscaux sur les carburants. Mais il n'y a rien de véritablement pancanadien.
Nous voudrions qu'on adopte une approche coordonnée, qui ressemblerait à celle en vigueur aux États-Unis où la Energy Policy Act (la Loi sur la politique énergétique) a été adoptée en 2005. Il existe dans ce pays de nombreux programmes d'envergure qui permettent de venir en aide à toute la chaîne de valeur de production de biocarburants, des premiers maillons de la chaîne, à savoir les producteurs de matière première, jusqu'au dernier maillon, c'est-à-dire la vente au détail. Il y existe, au niveau fédéral, des directives sur l'achat de biocarburants pour leur propre flotte nationale. Il y existe des incitatifs fiscaux sur les carburants ainsi que des taxes d'accise. Leur programme de recherche sur les biocarburants est financé à coup de milliards de dollars et coordonné à l'échelle du pays. Il y existe même des crédits sur les impôts fonciers qui s'appliquent lorsqu'on construit des installations de production de biocarburants. Il y existe des subventions au développement des économies bio ainsi que des subventions et des incitatifs fiscaux pour les produits dérivés.
Aux États-Unis, la production a été planifiée minutieusement et les résultats ont été très bons. Il existe maintenant beaucoup d'usines de production de biodiésel et de bioéthanol à l'échelle du pays.
Dans notre exposé, vous trouverez un diagramme présentant une des approches américaines fondées sur la chaîne de valeur. En commençant par le bas et en remontant, on remarque les matières premières, la transformation, la distribution, le détaillant et le consommateur. Aux États-Unis, on s'est intéressé de près à cette chaîne et, pour que le produit circule aussi bien que possible, on a créé la norme sur les carburants renouvelables, en plus des 5 p. 100; ça diffère d'un Etat à l'autre. C'est ainsi que la demande a été créée et a fait progresser l'éthanol ou le biodiésel dans tout le système.
Si nous faisons la même chose au Canada, ça ne suffirait pas. Il est tout à fait possible de mettre en oeuvre les mêmes mesures ici au pays et de se contenter d'importer le biodiésel et l'éthanol dont on a besoin, mais ce n'est pas du tout ce que nous voulons. Nous voulons plutôt créer une industrie au Canada et venir en aide aux producteurs primaires. Par conséquent, il nous faut un plan complet.
Nous vous avons décrit quelques-uns des éléments qui constituent le plan américain, mais il y en a d'autres. Le marketing direct, les incitatifs fiscaux sur les carburants, les normes de qualité, les partenariats entre les distributeurs, les transformateurs, les producteurs et les détaillants. Sans parler des investissements de capitaux, des garanties d'emprunt et, plus particulièrement pour les coopératives agricoles et les groupes de producteurs, la petite entreprise est en train de créer ces capacités dans les collectivités rurales.
Aux États-Unis, beaucoup de recherches sont effectuées, mais en outre on construit des usines d'essais pour démontrer la viabilité de l'entreprise et pour attirer les investissements de capitaux et de capital-risque.
On accorde un soutien direct pour la production intérieure de matières premières et bien entendu que pour le développement coopératif et des compétences afin de permettre aux producteurs de remonter la chaîne de valeur pour qu'ils puissent passer du rang de simples producteurs de matières premières à celui de décideurs.
Il y a plusieurs facteurs qui expliquent le succès des Américains, dont le suivant : l'approche axée sur la chaîne de valeur et sur les développements technologiques et les efforts pour sans cesse s'améliorer, innover, améliorer leurs technologies, sans oublier bien sûr les mesures de soutien qui existent par le biais de règlements gouvernementaux et de liens au niveau de la chaîne d'approvisionnement.
Au Canada, nous ne sommes pas au bout de nos peines. La Fédération canadienne de l'agriculture n'a pas de programme à proprement parler, mais a une vision. En effet, nous aimerions travailler de concert avec toutes les parties concernées, tous les gouvernements, le ministre concerné afin d'élaborer le plan dont nous avons besoin avec les organisations agricoles, les transformateurs, et les détaillants. En effet, la stratégie doit être élaborée par tous les groupes concernés.
Nous ne devrions pas laisser passer cette chance incroyable. Dans 12 à 18 mois, ça risque d'être trop tard. C'est en ce moment, que les autorités américaines déterminent quels seront leurs investissements en capitaux et si nous ne faisons pas comme eux bientôt, cela n'en vaudra même plus la peine. On ne pourra que constater les nombreuses usines le long de la frontière canado-américaine qui s'approvisionnent en matières premières chez nous pour les transformer aux États-Unis et nous les revendre. Mais ce n'est pas une fatalité. Nous souhaitons que cette valeur reste au Canada, que les producteurs deviennent propriétaires et puissent profiter de certains de ces gains.
Merci.
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Merci beaucoup M. le président, et merci à tous les membres du comité de nous avoir invité à vous présenter brièvement notre stratégie en matière de biocarburants. Comme vous le savez déjà, c'est une question qui intéresse de très près un grand nombre d'agriculteurs. Je dirais même qu'il est assez difficile de nos jours de participer à un débat sur la viabilité du secteur agricole sans entendre les termes « carburants renouvelables », « biocarburants », « biodiesel », « éthanol », etc.
J'aimerais prendre un peu de recul pour vous parler du contexte mondial du biodiesel et de son impact sur le secteur du canola. J'ai choisi de vous parler du canola car il s'agira de la matière première de choix pour la production de biodiesel au Canada. Il existe bien sûr d'autres matières qui pourraient être utilisées à cette fin, notamment les produits d'équarrissage du suif et du saindoux ou encore l'huile de soja ou les graisses consistantes des restaurants, mais ces produits-là sont plus difficiles à trouver que le canola. Je pense donc que cette matière première servira à toute une panoplie de fins.
Vous savez sans doute que la récolte de canola a été très bonne cette année. Malheureusement, les prix sont très bas. Il existe divers facteurs qui ont un impact sur les revenus nets de l'industrie globalement et des producteurs. Notre organisation et notre industrie, essaient d'exercer une influence sur les facteurs que nous sommes en mesure de contrôler. On parle souvent aux élus de l'importance du commerce international pour accroître la demande des dérivés du canola mais le biodiesel lui aussi offre l'occasion de stimuler la demande.
Depuis deux and, on a assisté à d'énormes investissements en capitaux à l'échelle de la planète. Les gouvernements du monde entier sont guidés par divers objectifs politiques, à savoir la protection de l'environnement, la sécurité énergétique ou encore le développement rural, ce qui aura un impact sur le secteur des huiles végétales, par exemple le soja en raison des mesures adoptées aux États-Unis et en Amérique du Sud ou l'huile de palme, en raison de la situation en Asie, ou encore, très franchement, en raison des mesures adoptées par l'Union européenne en particulier.
Tout ceci se traduira par l'augmentation des cours des oléagineux, qui se fait déjà sentir. On constate d'ailleurs déjà un certain enthousiasme au Chicago Board of Trade, où l'on pense déjà à l'indice à accorder aux biocarburants, ce qui montre à quel point on s'intéresse aux cours de cette culture.
Au cours des 18 à 24 prochains mois, la production va vraiment commencer et les cours des matières premières vont monter. La demande de biodiesel fabriqué à partir d'oléagineux va se manifester, ou se manifeste déjà, du jour au lendemain. Rien de comparable ne pourrait jamais se produire sur le marché de l'alimentation tel qu'on le connaît aujourd'hui.
J'aimerais maintenant vous parler de la demande mondiale du canola pour la fabrication du biodiesel. En général, ce sont les moulées qui dictent les cours des oléagineux. Par conséquent, actuellement c'est le soja qui est le mieux coté parce qu'il est constitué à 78 % de moulée et à 22 % d'huile. Inversement, sur un marché axé sur le biodiesel, c'est l'huile qui prime et il s'avère que le canola, notre petite semence noire, est constituée à 42 % d'huile. Ainsi, sur un marché axé sur l'huile, le canola occupe une position enviable.
De plus, le canola comme matière première pour la production de biodiesel sera fort recherché dans les régions nordiques car sa teneur en gras saturé est la plus faible de toutes les huiles commerciales disponibles. L'huile qui ne bouche pas votre coeur ne bouchera pas non plus votre moteur. Par conséquent, le canola sera très recherché à l'échelle de la planète.
Permettez-moi de vous parler maintenant de la situation du canola comme matière première dans la production de biodiesel au Canada. En se basant sur la quantité de diesel produite, on peut dire que la norme régissant les combustibles renouvelables de 5 % se traduit par 1,3 milliard de litres de biodiesel au Canada. En prenant en compte l'ensemble des matières premières disponibles, nous estimons que le canola sera utilisé pour produire de 60 à 70 % du biodiesel.
Si nous ne produisons pas de biodiesel au Canada, nous devrons en importer. Par conséquent, la norme en matière de combustibles renouvelables, bien que positive, ne nous permet que de nous attaquer à la problématique de la demande, à laquelle on peut répondre en important.
En dernier lieu, j'aimerais parler brièvement du fait que le canola va augmenter sa part de marché alimentaire grâce au biodiesel. Déjà, les États-Unis utilisent beaucoup d'huile de soja pour produire du biodiesel. Ainsi, le canola canadien pourrait remplacer le canola américain et nous pourrions ainsi profiter des prix intéressants du marché de l'alimentation.
Vous avez pu constater que l'avènement du biodiesel est positif pour le secteur du canola au Canada à plusieurs égards.
Que nous importe-t-il de faire pour profiter de cette situation au Canada? Tout comme M. To, j'aimerais vous parler de la situation américaine pendant quelques instants.
Aux États-Unis, il existe actuellement des mesures incitatives à la production d'envergure. Le secteur a bénéficié d'investissements importants et l'impact se fera sentir au niveau du canola, même du canola canadien, actuellement. La construction d'usines de production de biodiesel à base de canola a été annoncée dans trois États américains qui jouxtent nos provinces canadiennes: dans la Dakota du Nord, au Minnesota et dans l'État de Washington. Le canola utilisé dans ces usines est majoritairement canadien.
Bien évidemment, quand les usines sont sur le territoire américain les Canadiens, et plus particulièrement les producteurs canadiens, ne peuvent pas tirer profit de la production à valeur ajoutée.
Afin de jouir d'une capacité de production de biodiesel suffisante, il faudra mettre en oeuvre quatre politiques. Premièrement, la norme relative aux combustibles renouvelables. En effet, comme nous l'avons déjà indiqué, il faut faire naître la demande.
Pour s'assurer de créer une demande pour le biodiesel, nous estimons qu'il faudrait instaurer un pourcentage minimal : 2 p. 100 d'ici 2010 des 5 p. 100 accordés aux combustibles renouvelables. Ainsi l'industrie pétrolière et les coupeurs bénéficieraient de suffisamment de souplesse et l'on pourrait s'assurer que le Canada se dote d'un secteur du biodiesel.
Il faut ensuite s'attaquer à l'offre, c'est-à-dire la production nationale. De façon générale, il faut que les investissements effectués dans le domaine de la production de biodiesel soient comparables aux investissements du gouvernement américain. Autrement, on ne cessera de voir, à 20 ou 50 milles de la frontière, de grandes usines de production à valeur ajoutée en territoire américain. Nous aurons alors raté l'occasion de permettre à notre secteur d'assurer son avenir.
Troisièmement, il nous faut des normes ou critères de qualité pour les biodiesels. Il faut que les utilisateurs finaux veuillent notre produit, c'est critique. Il faut s'assurer que notre produit est fiable et qu'il peut facilement être vendu aux côtés des autres carburants. Il faut qu'on fasse nos preuves au niveau du rendement et de la science pour que les utilisateurs fassent confiance au produit.
Enfin, le facteur qui nous intéresse tous, c'est la participation des producteurs à la transformation en valeur ajoutée. C'est pour les producteurs l'occasion de remonter la chaîne de valeur. Ainsi, nous devons nous assurer de mettre en place des mesures efficaces qui permettront au secteur de se tailler une place sur le marché.
Je vais maintenant m'arrêter mais serais ravi de répondre à vos questions. Merci de votre attention.
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Merci pour votre témoignage. En ces jours plutôt nébuleux pour l'agriculture, ça fait du bien d'avoir des projets positifs.
Monsieur Bjornson, je ne veux pas lancer un débat, mais en ce qui concerne les compétences provinciales, les normes nationales établies par le gouvernement canadien sont souvent à l'origine de conflits. Il faut donc être très prudent à cet égard.
Par contre, même si le Canada est un très petit joueur en termes de production de biocarburants, une volonté se manifeste peu à peu. L'un des objectifs de la politique énergétique du Québec, par exemple, est que l'essence contienne 5 p. 100 d'éthanol en 2012. En Ontario, l'objectif est encore plus ambitieux: on souhaite atteindre ce niveau en 2007. Dans ma propre municipalité, à Victoriaville, on vient de créer la Société de développement durable d'Arthabaska,, et la Ville de Victoriaville souhaite favoriser l'utilisation d'énergies renouvelables pour ses bâtiments et équipements. Il s'agit bien sûr de technologies éprouvées comme la géothermie, mais également de biocarburants. L'idée fait donc son chemin, mais le Canada est un très petit joueur comparativement au Brésil et aux États-Unis, en ce qui concerne l'éthanol, et comparativement à l'Europe, en ce qui concerne le biodiésel.
Ma question porte sur la production alimentaire et sur les subventions énormes que l'on trouve chez les Américains, notamment pour le maïs, et en Europe.
Pouvons-nous nous mesurer à ces pays, si nous voulons développer davantage l'industrie du biocarburant, alors que nous sommes désavantagés sur le plan des subventions accordées pour la production alimentaire? Sommes-nous prêts à faire face à ce défi?