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Merci, monsieur le président.
Je ne crois pas faire erreur en disant que mon collègue Paul Mayers est tout aussi heureux que moi d'être ici aujourd'hui pour vous donner un bref aperçu du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Nous proposons que je fasse d'abord une présentation et que nous présentions ensuite une vidéo de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
[Traduction]
J'imagine qu'il n'y a pas de problème.
Je prendrai très peu de temps afin de laisser aux membres du Comité la chance de poser des questions.
Pour ceux d'entre vous qui sont nouveaux, je pense qu'il est très utile de faire un petit tour d'horizon du secteur. Je remarque que plusieurs membres du Comité ont de l'expérience dans le domaine. Ils pourront compléter ce que M. Mayers et moi avons à dire. Voilà l'objectif de ma présentation.
Je tiens d'abord à mettre les membres du Comité en contexte. L'agriculture est un secteur de compétence commune, c'est-à-dire que, dans la Constitution, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont des responsabilités liées à l'agriculture. Par conséquent, les gouvernements travaillent en étroite collaboration pour veiller aux intérêts de ce secteur, et ce, de façon assez systématique. La collaboration avec les provinces et les territoires est très intense, ce qui est, au bout du compte, dans l'intérêt des producteurs.
Contrairement à la perception que de nombreux Canadiens ont de l'agriculture, l'agriculture moderne au Canada est très complexe. Elle dépend fortement des capitaux et des connaissances, de la science et de la recherche et développement, ainsi que de la capacité de dizaines de milliers d'entrepreneurs à innover, à s'adapter et à faire face à la concurrence. C'est un secteur où la concurrence est mondiale, qui est tributaire des exportations et qui est très dynamique. Je suis convaincu que le ministre des Finances est occupé, mais je peux vous garantir que le ministre de l'Agriculture touche à pratiquement tous les portefeuilles imaginables dont le gouvernement s'occupe. Le gouvernement, tout comme le ministre de l'Agriculture, joue un très grand rôle du point de vue des politiques commerciales. Le ministre est également très actif en ce qui concerne les politiques sociales, en plus de veiller à l'emploi et à la croissance.
Du point de vue scientifique, le ministère est fortement concentré sur la recherche et développement. L'agriculture, sous ses diverses formes partout au pays, présente un large éventail d'intérêts et d'enjeux sur lesquels le ministre doit se pencher.
Pour mettre les choses en contexte, sachez que l'importance économique de ce secteur est considérable. Celui-ci contribue au PIB à hauteur d'environ 110 milliards de dollars. Cela comprend le secteur primaire, le secteur de la transformation, les fournisseurs d'intrants et autres. L'agriculture génère environ 1 emploi sur 8 au Canada. Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un acteur très important pour l'économie et les emplois partout au pays. Elle est aussi un acteur important dans pratiquement toutes les provinces, bien que la mesure dans laquelle leur croissance économique est liée à l'agriculture varie dans le pays. Vous pouvez constater que, à partir du Québec vers l'Ouest, l'agriculture contribue un peu plus à l'économie des provinces que dans l'Est du pays. Nous verrons un peu plus tard que, pour ce qui est des emplois, l'agriculture et la transformation des aliments occupent une place très importante dans l'économie.
Ce graphique illustre la diversité de l'agriculture au Canada. Par exemple, la production bovine est répandue dans l'Ouest et le centre du Canada. L'élevage porcin est plutôt concentré au Manitoba et au Québec, ainsi qu'en Ontario. La production laitière est un secteur important dans tout le pays, mais cela est encore plus vrai en Ontario et au Québec.
De toute évidence, les grandes exploitations de céréales et d'oléagineux prédominent dans l'Ouest. Les exploitations horticoles sont plus courantes en Colombie-Britannique et au centre du pays, mais on en trouve en fait partout.
L'horticulture — les pommes de terre et les légumes, notamment — est très présente dans les provinces de l'Atlantique. On y retrouve aussi beaucoup d'industries soumises à la gestion de l’offre. Presque chaque province joue un rôle majeur dans la santé du secteur agricole.
Je vous ai dit que le secteur est très axé sur le savoir. Selon une étude que nous avons menée entre 2011 et 2013, près de la moitié des exploitations agricoles canadiennes ont mis en oeuvre une forme ou une autre d'innovations significatives. Il peut s'agir de pratiques de production, d'améliorations agronomiques ou génétiques pour le bétail et les cultures, ou d'un recours à des outils et des modèles commerciaux plus sophistiqués. Je devrais ajouter que l'innovation est vraiment la source de notre avantage concurrentiel à l'échelle mondiale.
Nous avons de nombreux concurrents. Le Canada est le cinquième exportateur mondial de produits agricoles et alimentaires, mais dans le secteur des bovins, par exemple, le Brésil est un très grand producteur. Nous le concurrençons sur le plan de la qualité, et non de la quantité.
Nous avons aussi d'importants concurrents mondiaux au chapitre des principaux grains et oléagineux. Des économies émergentes comme le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine sont extrêmement productives. Elles ont des sols très riches et le potentiel d'être des concurrents importants pour le Canada. Notre capacité à les devancer dépendra uniquement de l'innovation, car nos pratiques agronomiques ont passablement atteint leur plein potentiel.
J'aimerais vous faire un petit cours d'histoire. Je sais que c'est toujours un peu délicat pour des décideurs et des responsables de politiques. Il y a de moins en moins d'exploitations agricoles, mais leur taille moyenne ne cesse d'augmenter. Cela fait généralement dire aux gens que la ferme familiale traditionnelle est menacée.
J'aimerais nuancer quelque peu cette affirmation. Premièrement, ce ne sont pas les petites fermes familiales qui font faillite ou qui sont rachetées par de plus grosses exploitations. Il s'agit plutôt des entreprises de taille moyenne, dont les revenus annuels se situent au-dessus de 100 000 $, qui se regroupent pour former des exploitations plus importantes.
Deuxièmement, j'aimerais préciser que la plupart des exploitations agricoles demeurent des entreprises familiales. Elles sont fondées sur différents modèles ou structures commerciaux, mais très souvent, des familles possèdent des sociétés dites « familiales ». La majorité des exploitations agricoles sont détenues par des familles et non par une entreprise tierce, même si leurs structures d'affaires peuvent être légèrement différentes.
Comme je l'ai dit, l'agriculture canadienne est très diversifiée.
Cette diversification se reflète dans les recettes monétaires agricoles, qui proviennent en majorité des céréales et oléagineux ainsi que de la viande rouge, surtout du porc et du boeuf. Au moins le tiers des recettes issues des produits de base agricoles proviennent de ces deux secteurs.
Les produits soumis à la gestion de l'offre, qui est d'une grande importance partout au pays, représentent environ 20 % des recettes agricoles. D'autres secteurs d'importance sont les fruits et légumes ainsi que les cultures spéciales, qui sont en croissance. Les cultures spéciales, comme les légumineuses et ce qui constituait auparavant des cultures marginales, occupent une place de plus en plus importante.
Le secteur agricole a connu une croissance assez importante au cours des 10 dernières années. Les recettes provenant des céréales et des oléagineux ont presque triplé, et ce, malgré d'importants problèmes climatiques. Les recettes de viande rouge ont connu une hausse moins marquée, mais on est loin du marasme de 2008-2009. Il y a eu une nette croissance des prix et du marché.
Comme je viens de le dire, les cultures spéciales, dont les légumineuses, ont aussi connu une forte croissance, de près de 15 % en une décennie.
Les agriculteurs se débrouillent généralement très bien. Leur valeur nette moyenne s'élève à près de 2,5 millions de dollars d'actifs après la dette, ce qui est plus élevé que la famille canadienne moyenne. Le revenu monétaire net est très élevé et devrait atteindre un record lorsque nous disposerons de tous les chiffres de 2015, 2014 ayant presque été une année record.
Le secteur a récemment subi certaines pressions en raison du prix mondial des produits de base, mais certains enjeux macroéconomiques ont joué en faveur des agriculteurs et de leurs revenus. Je pense notamment à la valeur du dollar. La baisse de la valeur de notre dollar fait en sorte que les exportations canadiennes sont plus concurrentielles, ce qui favorise les agriculteurs, malgré les moments difficiles que traverse notre secteur manufacturier. Le coût des intrants et les coûts d'exploitation d'une entreprise agricole dépendent beaucoup des coûts énergétiques. Donc, plus ces coûts sont bas, en particulier celui du pétrole, plus cela est avantageux pour les agriculteurs.
Il n'en demeure pas moins que la combinaison d'une forte demande, de techniques extrêmement efficaces et des conditions macroéconomiques a permis aux agriculteurs de tirer assez bien leur épingle du jeu ces derniers temps. Je vous ai déjà montré que la valeur nette avait augmenté, ce qui est extrêmement positif. Le problème pour le ministère, en ce qui concerne les immobilisations des exploitations, a trait aux modes de financement. Une grande partie de ces immobilisations est financée par la dette. Nous avons fait des simulations sur le montant de la dette des exploitations agricoles canadiennes du genre « Que se passerait-il si les taux d'intérêt augmentaient de façon significative? », et nous avons constaté que compte tenu de la productivité des agriculteurs canadiens, la plupart seraient assez bien en mesure de rembourser leurs dettes.
Je peux vous dire que les banques, FAC et les coopératives de crédit partout au Canada font le même genre de calcul au sujet des agriculteurs afin de s'assurer que leur niveau d'endettement ne surpasse pas les revenus et les liquidités.
En regardant vers l'avenir, d'importantes tendances influencent ce que nous croyons être la poursuite de la croissance des produits. Je vais m'y attarder pendant quelques minutes.
Certains des principaux vecteurs de changement — j'y reviendrai plus tard — se trouvent dans les pays en développement. Nous constatons que la demande de viande rouge est constante. Une population qui parvient à accéder à la classe moyenne finit par modifier son régime alimentaire en optant pour des produits provenant du Canada. On constate une croissance lente, mais constante, dans les pays développés, mais une nette croissance dans les pays en développement.
Je vais parler brièvement du secteur de la transformation des aliments et des boissons. Ce secteur est un important employeur dans presque toutes les provinces canadiennes. Il consomme également au moins le tiers des produits agricoles primaires, peu importe leur nature. Cette proportion grimpe à bien plus de la moitié dans certaines régions. Par conséquent, le secteur de la transformation est un consommateur fondamental du secteur primaire, et les deux sont étroitement liés à la capacité des producteurs primaires de toucher un revenu et à celle des transformateurs de demeurer concurrentiels.
Le secteur de la transformation des aliments et des boissons est le principal employeur du secteur manufacturier. Ce tableau illustre la répartition des usines de transformation des aliments et des boissons au pays. Comme je l'ai indiqué, ces usines jouent un rôle important dans l'économie de pratiquement toutes les provinces, tandis que leur rôle est légèrement moins grand dans les territoires.
La contribution du secteur de la transformation au PIB des provinces varie, même s'il s'agit d'un employeur d'importance. Elle représente environ 2 % dans l'ensemble des provinces. Elle est plus élevée à l'Île-du-Prince-Édouard, où on dépend de la culture des pommes de terre et de la gestion de l'approvisionnement dans une certaine mesure, et à son plus bas en Alberta. Cela a probablement changé, soit dit en passant, à cause de la restructuration de l'économie en cours en Alberta.
Le secteur de la transformation des aliments et des boissons produit une grande variété de produits. La viande, les produits laitiers et les boissons représentent plus de la moitié de la valeur totale des expéditions effectuées dans le secteur de la transformation des aliments et des boissons, soit environ 103 milliards de dollars. Ces secteurs contribuent grandement aux économies provinciales.
Le problème, au Canada, c'est que la majorité de nos usines de transformation des aliments et des boissons sont de petite taille. La majorité de la production provient des grandes usines, mais la majorité des usines sont de petite taille. Cela signifie des petites et moyennes entreprises, et des entrepreneurs qui créent des emplois pour les Canadiens dans un secteur qui peut poser de sérieux défis sur le plan de la concurrence.
Le défi, pour les gouvernements, consiste à élaborer des mesures visant à améliorer la croissance et la compétitivité tout en tenant compte d'une foule de facteurs, allant de la taille de l'établissement au type de produit fabriqué.
Je vais passer cette diapositive pour gagner quelques minutes et aller directement à la diapositive 19.
J'ai indiqué plus tôt que ce secteur dépend beaucoup du commerce. Plus de la moitié de notre production est destinée à l'exportation. Dans le cas de certains produits, c'est de 85 % à 90 % de la production qui est exportée. C'est très important pour bien des produits et, comme je l'ai dit, le Canada est le cinquième producteur mondial de produits agricoles et agroalimentaires.
Les États-Unis demeurent notre principal marché d'exportation. Autrement dit, nous dépendons surtout des États-Unis pour environ la moitié de notre production, mais j'ajouterais que nous sommes beaucoup plus diversifiés que d'autres secteurs. Le rendement du Canada en matière d'exportation varie selon le secteur, mais il dépend du marché américain dans une proportion de 75 % ou 76 % en moyenne, tandis que le secteur canadien est beaucoup plus diversifié.
J'ai mentionné plus tôt que les pays en développement constituent la source de la plupart des prévisions de croissance. Si on regarde la diapositive 21, on peut voir où se situe actuellement la classe moyenne dans le monde. Chaque figurine représente l'équivalent de 1 000 milliards de dollars américains de capacité de consommation. Vous pouvez voir où elles sont situées en ce moment. Une proportion relativement faible de la classe moyenne et du pouvoir d'achat de la classe moyenne se situe dans les pays en développement, soit l'Asie du Sud-Est, l'Afrique et une partie du Moyen-Orient.
Si on se projette en 2030, les deux tiers de la classe moyenne mondiale seront situés dans la région de l'Asie-Pacifique. En fait, si on trace un cercle autour du sud de la Chine et d'une partie de l'Inde et de l'Indonésie, on y retrouve davantage de gens que partout ailleurs dans le monde.
Ces marchés sont essentiels aux exportations canadiennes de produits agricoles et agroalimentaires. Lorsque les travailleurs de la classe moyenne disposent de plus d'argent, ils modifient leurs habitudes alimentaires. Ils ont tendance à consommer davantage de protéines animales et des huiles plus saines, comme l'huile de canola, que nous exportons. Le Canada pourrait donc bénéficier énormément de la croissance de la population et de la richesse dans cette région du globe.
En conclusion, j'aimerais revenir à mes remarques initiales. Le secteur est constitué de dizaines de milliers d'entrepreneurs qui sont très concurrentiels sur le marché mondial. Leur utilisation de modèles d'affaires sophistiqués et de technologies très sophistiquées fait en sorte qu'ils comptent parmi les agriculteurs les plus productifs au monde. Le Canada est un joueur important, et les occasions de croissance ne manquent définitivement pas.