Je souhaite à tous la bienvenue à cette réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, au cours de laquelle nous nous pencherons sur le cadre stratégique pour l'agriculture. Bienvenue à nos invités, ainsi qu'à nos auditeurs, puisque la séance est télévisée.
Notre premier témoin aujourd'hui est M. Ray Orb, président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities. Soyez le bienvenu, monsieur Orb. Sont aussi des nôtres, représentant Canards Illimités Canada, M. James Brennan, directeur, Affaires gouvernementales, et M. Paul Thoroughgood, agronome régional, Prairie Canada, à qui je souhaite la bienvenue.
Nous entendrons également M. Mark Brock, président de Grain Farmers of Ontario. Bienvenue, monsieur Brock.
Messieurs, vous disposez chacun de huit minutes pour votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons à la période de questions.
Monsieur Orb, la parole est à vous.
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Bonjour et merci de l'occasion qui m'est donnée de faire valoir nos positions devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Ray Orb et je suis président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities, ou la SARM.
La SARM a été constituée en 1905 et représente les 296 municipalités rurales de la province. Aux termes de notre loi constitutive, nous devons prendre part à toute activité qui promeut les intérêts de l'agriculture.
Historiquement, l'agriculture a été le moteur de l'économie de la Saskatchewan et elle en demeure aujourd'hui une force contributive majeure.
En 2015, la Saskatchewan a enregistré une récolte de 32 millions de tonnes, ses revenus d'élevage ont été de 2,6 milliards de dollars et ses exportations de produits agroalimentaires se sont élevées à 15,3 milliards de dollars. Le secteur agricole de la province est donc solide et il continuera de croître et de nourrir le monde.
Le cadre stratégique pour l'agriculture a été un important programme par le soutien qu'il a apporté au secteur agricole. C'est ce soutien qui fait en sorte que le secteur agricole peut continuer de se développer de manière efficace et durable.
Cultivons l'avenir 2 approchant son terme, nous commençons maintenant à envisager ce qu'il faudrait inclure dans le prochain cadre de la politique agricole. La SARM souhaite en particulier qu'on revienne à la version antérieure du programme Agri-stabilité, tel qu'il était dans Cultivons l'avenir 1. La couverture ayant passé de 85 à 70 %, l'aide qu'Agri-stabilité peut offrir à la classe moyenne a diminué.
Nous constatons que la participation des producteurs au programme Agri-stabilité est à la baisse, le programme étant moins avantageux qu'auparavant. La SARM est d'avis que la classe moyenne en Saskatchewan bénéficierait grandement du rétablissement de la couverture à son ancien niveau, mesure qui allégerait la situation de milliers de familles de la classe moyenne et ferait toute une différence dans leurs efforts pour équilibrer le budget familial.
Agri-investissement est un autre programme dont la SARM souhaite la modification. Avec un taux de cotisation de 1 %, les fonds Agri-investissement seront sans doute insuffisants pour apporter un soutien utile pendant les périodes de forts déclins de revenus.
Les taux de cotisation de contrepartie des producteurs devraient être haussés afin de permettre un accès plus grand aux fonds, et la SARM est d'avis que le fédéral devrait accroître ses investissements dans l'assurance-production en augmentant ses cotisations et en améliorant les options de couverture.
Il faudrait, dans la mesure du possible, simplifier l'administration de ces programmes afin d'accélérer le versement des fonds accordés aux producteurs et de réduire les frais d'administration.
Dans les régions rurales de la Saskatchewan, l'accès à de l'eau non potable constitue également un enjeu pour les producteurs, qui ont besoin d'eau pour leurs activités.
Le Programme d'infrastructures hydrauliques pour les productions végétales et animales apporte un financement précieux à l'appui de la mise en valeur des ressources hydriques dans les zones rurales. La mise en valeur des sources d'eau fait partie intégrante du bien-être des collectivités et est essentielle à l'industrie agricole. L'accroissement des ressources en eau dans les collectivités est un moteur économique d'importance. La SARM veut s'assurer que le financement consacré à la mise en valeur des ressources en eau non potable dans les zones rurales demeure en place.
Une autre question qui, de l'avis de la SARM, devrait être prise en considération a trait à l'atténuation du changement climatique et à la protection de l'environnement. À mesure que les producteurs adoptent les technologies et les équipements de pointe afin de réduire leur empreinte carbone, un soutien sous forme de dégrèvements ou de subventions constituerait pour tous les producteurs une incitation à demeurer gérants de l'environnement et à freiner le changement climatique.
Toujours sur le sujet de l'environnement, les plans des groupes agroenvironnementaux prendront sans doute de plus en plus d'importance.
Il est important d'assurer l'information sur les enjeux environnementaux et la sensibilisation à ces questions à mesure que nous luttons pour freiner le changement climatique et que le Canada conclut de nouveaux accords commerciaux qui pourraient comporter de nouvelles exigences pour les producteurs. Il importe que les producteurs aient facilement accès à cette information afin de s'assurer de respecter les contraintes qui pourraient découler de ces accords commerciaux.
La SARM s'oppose catégoriquement à l'introduction d'une taxe fédérale sur le carbone en raison des conséquences néfastes qu'elle aurait sur le secteur agricole. Une taxe sur le carbone frapperait non seulement le carburant utilisé par les agriculteurs, mais aussi les autres intrants, tels que les engrais et les produits chimiques agricoles. Les producteurs ne sont pas en mesure de répercuter ces coûts sur les consommateurs, puisqu'ils sont preneurs de prix. Cela signifie que l'augmentation du coût de tous les intrants sous l'effet d'une taxe sur le carbone devra être absorbée par les producteurs et se reflétera dans leur bilan.
Le secteur agricole est incapable de supporter une taxe sur le carbone, qui ne favorise en rien sa mission de nourrir le monde, alors même que la demande et la population mondiales ne cessent de croître.
Voilà les questions que la SARM souhaiterait voir entrer en ligne de compte au cours de l'élaboration du prochain cadre de la politique agricole.
La SARM est disposée à examiner les questions d'intérêt et les besoins, y compris, par exemple, les pénuries de main-d'œuvre en agriculture et le Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Je vous remercie de nouveau de cette occasion de faire connaître nos positions. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je vous salue, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité. Je vous remercie d'avoir invité Canards Illimités Canada à apporter sa contribution à cette très importante étude entreprise par le gouvernement en vue de la préparation du prochain cadre de la politique agricole du Canada.
Nous pensons que le prochain cadre doit continuer de soutenir la croissance d'un secteur agricole écologiquement viable, tout en aidant les Canadiens à répondre aux demandes du marché mondial.
Je m'appelle Jim Brennan et je suis directeur des Affaires gouvernementales à Canards Illimités ainsi que coprésident de la Coalition du budget vert. Je suis accompagné aujourd'hui par Paul Thoroughgood, agronome régional, Prairie Canada, à Canards Illimités, et notre principal lien avec l'industrie agricole. Lui-même agriculteur, Paul a été très actif dans les discussions nationales sur la durabilité agricole, notamment à la Table ronde canadienne sur les cultures durables.
Chef de file des organismes de conservation au pays, Canards Illimités Canada travaille depuis huit décennies à préserver, à restaurer et à gérer les terres humides et les habitats s'y rattachant dans le but de sauvegarder la sauvagine de l'Amérique du Nord. Notre travail et nos réalisations sont avant tout le résultat des solides partenariats que nous avons établis avec les propriétaires fonciers privés. Grâce à l'engagement à protéger l'environnement de ses 18 000 partenaires propriétaires, Canards Illimités a réussi à préserver jusqu'à présent presque 6,4 millions d'acres d'habitat.
Malgré nos efforts conjugués, la perte de terres humides et d'autres habitats en Amérique du Nord se poursuit à un rythme alarmant. Depuis le début de la colonisation européenne, le Canada a perdu presque 70 % des terres humides dans son paysage fonctionnel méridional. Nous continuons cependant d'en perdre, au rythme de plus de 29 000 acres année après année. Les conséquences de cette perte environnementale sont considérables et pourraient avoir des ramifications à long terme, non seulement pour les finances et la résilience climatique du Canada, mais également pour la croissance et la compétitivité de notre secteur agricole et la confiance qu'il inspire dans le public.
En tant que société, nous payons cher déjà les pertes de biens et services écosystémiques, ou BSE, qui résultent de la conversion des terres, notamment le captage et le stockage du carbone, la fonction de filtration des eaux, l'atténuation des inondations et la recharge des nappes d'eau souterraine. Les producteurs éprouvent également un certain nombre de problèmes qui influent sur le bilan de leurs activités, notamment des inondations plus fréquentes, l'érosion des sols et les déclins de la population de pollinisateurs et insectes importants. Ces problèmes ne pourront qu'être amplifiés par le changement climatique.
Nous sommes d'avis que le prochain cadre de la politique agricole constitue une excellente occasion pour aider la croissance d'un secteur agricole et agroalimentaire compétitif et viable et, concurremment, pour prendre des mesures permettant d'inverser la tendance négative de la perte d'habitats, dont les effets se font déjà sentir sur l'économie canadienne.
Établir la durabilité environnementale et la résilience au changement climatique comme des résultats stratégiques clés est un important premier pas, tout spécialement parce que le Canada a du rattrapage à faire sur le marché des sources d'approvisionnement durables. Des mesures de développement durable, telle que « aucune nouvelle terre mise en production », sont en train d'être établies par les acheteurs nationaux et étrangers de produits agricoles. Ces mesures comptabilisent les effets de la conversion des terres vierges — par exemple, les terres humides et les prairies — dans la production agricole relativement aux émissions de GES, à la biodiversité et à la qualité de l'eau.
Il faut se préoccuper du fait que les politiques et programmes gouvernementaux actuels établis en vertu Cultivons l'avenir 2 ne correspondent pas aux signaux ou incitations donnés par le marché et qui sont tellement nécessaires pour maintenir l'agriculture canadienne à l'avant-garde de tendances mondiales, telles que l'adaptabilité au changement climatique ou le développement durable des fermes, deux facteurs qui influencent sensiblement la demande sur le marché mondial, la croissance du secteur et la compétitivité du Canada.
De ce fait, de nombreux producteurs continuent de nos jours de prendre des décisions d'utilisation des terres qui risquent de limiter leur accès futur aux marchés étrangers. Par exemple, lorsque nous avons appliqué à trois sous-bassins hydrographiques en Saskatchewan la mesure « aucune nouvelle terre mise en production », nous avons constaté que deux tiers des parcelles de terre auraient échoué à un audit environnemental au cours de la dernière décennie.
La question des terres nouvellement mises en culture est étroitement liée à la capacité du secteur de composer avec les effets que les mesures d'atténuation du changement climatique auront sur l'agriculture. Tout en reconnaissant les préoccupations de l'industrie, nous pensons que l'agriculture canadienne jouit d'une position unique pour tirer profit de certaines des occasions qu'offre une économie à faibles émissions de carbone, pour peu que les outils, programmes et politiques appropriés soient en place.
Certaines industries agricoles ont déjà accompli beaucoup pour réduire leur empreinte environnementale en adoptant des pratiques de conservation et de gestion du sol telles que la culture sans labour. Un autre exemple est donné par l'initiative 4 R pour les nutriments, lancée par les fabricants d'engrais canadiens et qui contribue à réduire l'écoulement de nutriments dont on sait qu'ils causent des émissions de GES, des proliférations d'algues et les déclins de la qualité de l'eau qui y sont associés.
Bien que ces initiatives et pratiques soient importantes, la conservation et la restauration des habitats demeurent néanmoins le meilleur mécanisme pour assurer les services écosystémiques à l'échelle du basin versant, qui sont cruciaux pour une adaptation et une résilience efficaces au changement climatique.
J'aimerais maintenant passer le micro à mon collègue Paul, qui exprimera certaines idées et propositions sur les moyens par lesquels le prochain CPA pourra contribuer à la croissance d'un secteur agricole écologiquement viable et à répondre à d'autres priorités stratégiques importantes.
Bonjour.
Considérant les défis environnementaux et les pressions du marché qui se posent au secteur agricole, nous sommes d'avis qu'une vision agri-environnementale appuyée sur un leadership en matière de politiques et une collaboration intergouvernementale est un besoin impérieux.
Le prochain CPA devrait reposer sur une solide armature législative et sur des objectifs stratégiques, provinciaux et fédéraux, cohérents entre eux, notamment pour ce qui est de celui qui porte sur les terres humides. Dans cet esprit, Canards Illimités Canada recommande que les programmes et les outils du prochain cadre soutiennent intégralement la politique fédérale actuelle sur les terres humides.
À tout le moins, ces programmes ne devraient pas encourager ou permettre les décisions d'utilisation des terres qui vont à l'encontre de cette politique. Sans un tel alignement, il sera très difficile d'obtenir des résultats concrets à l'échelle du paysage fonctionnel pour ce qui est de questions comme la perte d'habitats, la qualité de l'eau, le changement climatique et la biodiversité.
Selon notre expérience avec Cultivons l'avenir 2, les effets des pratiques de gestion bénéfiques, ou PGB, sont plus grands là où de vigoureuses politiques visant les terres humides et d'autres cadres légaux de protection de l'environnement sont en place. Le Canada atlantique en est un bon exemple. À l'inverse, les régions où de tels cadres de soutien font défaut, les pertes d'habitats et de BSE s'y rattachant qui résultent de la destruction non réglementée ou illégale des habitats dépassaient de beaucoup les couverts vivaces et les terres humides qui avaient été restaurés grâce à des PGB.
Pour ce qui est des programmes directs, nous pensons que le prochain CPA devrait faire fond sur Cultivons l'avenir 2 en élaborant et en améliorant les programmes qui stimulent et récompensent la bonne gérance environnementale et les PGB sur les terres agricoles.
Il existe actuellement une série de programmes qui offrent aux producteurs un financement à frais partagés pour mettre en application diverses PGB propres à aider les exploitations agricoles à devenir écologiquement viables tout en accroissant leur rentabilité. Bien que le partage des frais puisse être un mécanisme approprié pour encourager des améliorations sur la ferme qui apportent au producteur d'importants avantages par rapport à leur coût — par exemple, l'amélioration de l'entreposage des engrais sur la ferme —, ce genre de programme n'a pas été aussi efficace quand il s'agissait d'inciter à l'adoption de PGB de grande valeur environnementale comme la restauration des terres humides. Afin d'accroître l'adoption de telles PGB, nous recommandons que le prochain CPA facilite l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes qui compenseraient la restauration des habitats et des BSE réalisée par les producteurs
De plus, Canards Illimités recommande que le principe de l'additionalité soit fermement enchâssé dans le nouveau CPA et les programmes PGB correspondants. Selon ce principe, les incitations et compensations ne s'appliqueraient qu'aux activités qui apportent des gains environnementaux au-delà de ceux qui surviennent en vertu du statu quo ou dans le cours habituel des activités.
Quant à la mise en oeuvre des programmes de PGB, nous encourageons le gouvernement à multiplier et à optimiser les partenariats de prestation de programmes et les ressources qui font cruellement défaut de façon à revêtir un attrait pour toutes les exploitations agricoles, quelle que soit leur taille. Nous croyons que la simplification du processus de demande et l'augmentation du soutien accordé aux producteurs aideraient à accroître la participation aux programmes.
Nous recommandons également le retour à un programme de restauration du couvert vivace à l'échelle du paysage fonctionnel, comme le Programme de couverture végétale du Canada qui a été en vigueur de 2003 à 2008. Aux termes de ce programme, les producteurs recevaient une aide financière pour établir des pâturages et des prés de fauche sur les terres marginales. Ce changement d'utilisation des terres s'est traduit par de nombreux avantages, notamment la réduction de l'érosion des sols, la protection de la qualité de l'eau, le captage et le stockage du carbone et l'accroissement de la biodiversité.
Le plan agroenvironnemental, ou PAE, est un autre outil qui peut contribuer à la sensibilisation écologique et à l'éthique de conservation parmi les producteurs. Nous sommes tout à fait favorables aux discussions en cours sur les moyens d'utiliser le PAE pour aider les producteurs à répondre aux demandes intérieures et internationales en matière de durabilité. Pour cela, le PAE doit être renforcé par un ciblage et un soutien accrus des superficies de l'exploitation agricole qui ne sont pas directement en production.
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Je m'appelle Mark Brock. Je suis agriculteur dans la région de Hensall, en Ontario, et président de Grain Farmers of Ontario.
Au nom de nos 28 000 producteurs de céréales et d'oléagineux, je tiens à vous remercier, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité, de nous avoir donné cette occasion de faire connaître nos vues sur l'ensemble des programmes canadiens de gestion des risques d'entreprise.
Le soutien apporté par les gouvernements du Canada et de l'Ontario aux programmes de gestion des risques d'entreprise a toujours été apprécié par les producteurs de céréales et d'oléagineux de l'Ontario, mais ces programmes de GRE présentent actuellement des problèmes inhérents. Les taux de participation au programme Agri-stabilité sont en déclin constant. Des changements avaient été apportés au programme en fonction de Cultivons l'avenir 2 qui le rendaient moins attrayant, mais il n'était guère populaire même avant ces changements. Il est clair que le programme n'inspire plus confiance aux agriculteurs.
Cette situation nous préoccupe beaucoup, puisqu'elle laisse nos membres agriculteurs exposés en cas de secousse brutale du marché, qui nous guette d'ailleurs de près. Si ce n'était, par exemple, de la faiblesse du dollar canadien, nous aurions subi une baisse sensible des prix.
Cela étant dit, nous sommes à une époque où de magnifiques possibilités de croissance nous sont offertes en même temps que s'impose à nous un accroissement de notre responsabilité sociale. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la production alimentaire devra augmenter de 70 % d'ici 2050 pour répondre à la croissance de la population mondiale. Nous savons tous que les terres arables sont limitées et que l'air, la terre et l'eau sont des ressources qui deviennent de plus en plus précieuses. En tant qu'agriculteurs, nous prenons très au sérieux notre responsabilité de nourrir durablement une population croissante.
Les activités agricoles sont bien différentes de ce qu'elles étaient jadis. De nos jours, l'agriculteur canadien choisit de travailler plus intelligemment. Nous obtenons des gains d'efficacité en employant des méthodes agricoles de précision. J'utilise des cartes GPS sur mon iPad qui montrent en détail chaque pouce carré de ma ferme. Je télécharge ces cartes sur l'ordinateur monté sur mon tracteur afin de contrôler le pulvérisateur pour qu'il libère tout juste le nombre voulu de gouttes de pesticides aux endroits où c'est nécessaire. Cela me permet d'économiser et fait en sorte qu'il ne reste pas de produits chimiques inutiles sur le terrain. J'en fais de même pour mes épandages d'engrais.
Les agriculteurs gèrent les risques par la diversification. Mon épouse Sandi et moi-même cogérons notre ferme. Nos avons un élevage de bétail et une production céréalière, ainsi que nos propres installations d'entreposage de céréales. Nous avons recours à des opérations de marketing et de couverture pour gérer nos risques financiers et au programme d'assurance-récolte pour gérer nos risques de production.
Dans leurs pratiques, les agriculteurs accordent une priorité à l'environnement. Mes bâtiments agricoles, par exemple, ont un chauffage géothermique. J'emploie des moyens pour protéger les abeilles sur ma ferme et je sème des plantes de couverture pour aider à maintenir la santé du sol. Ce ne sont que quelques exemples de ce que je fais chez moi. Partout au Canada, tous les agriculteurs ont adopté leur propre approche pour exploiter intelligemment leur ferme. De nos jours, partout au pays, le paysage rural présente un spectre de diverses activités agricoles.
L'ensemble existant des programmes de gestion des risques d'entreprise ne correspond pas à la diversité unique des entreprises agricoles d'aujourd'hui, et c'est pourquoi la participation est à la baisse. Une approche uniformisée de la GRE ne fonctionne plus. Ce qui vaut pour ma ferme ne s'applique pas à celle de mon voisin de 30 ans ou à l'éleveur de porcs dans l'autre rang. Non seulement les exploitations agricoles diffèrent par les cultures ou les élevages qu'elles pratiquent, mais elles ont aussi des modèles de gestion d'entreprise différents.
Pour que l'agriculture canadienne soit en position pour saisir les occasions qu'offrira la nécessité d'augmenter de 70 % la production alimentaire au cours des 30 prochaines années, nous devrons nous y prendre intelligemment. Les agriculteurs intelligents ont besoin de pouvoir choisir parmi divers programmes intelligents de gestion des risques d'entreprise.
Nos membres sont résolus à accroître de manière durable leur production, mais ils ne pourront le faire que s'ils disposent de programmes intelligents de GRE qui les aident à investir dans leur exploitation agricole et à bénéficier des innovations.
Qu'est-ce que j'entends par « programmes intelligents de GRE »? Les agriculteurs doivent avoir un choix de programmes de GRE qui sont adaptés aux besoins de la gamme diversifiée des activités agricoles qui existent de nos jours. Ils doivent pouvoir choisir un produit qui correspond à leur exploitation, comme les agriculteurs sont capables de le faire aux États-Unis.
Voici, à nos yeux, ce à quoi devrait ressembler le nouvel ensemble de programmes.
Le programme Agri-protection devrait demeurer tel qu'il est. Il fonctionne bien, et les producteurs céréaliers y ont recours non seulement pour se protéger contre des pertes inattendues de production, mais aussi pour avoir accès au crédit nécessaire à l'essor de leur exploitation. Agri-protection est un excellent exemple de programme qui fonctionne. Le niveau de participation est constant et représentatif. Les agriculteurs versent des primes considérables au programme Agri-protection parce qu'ils savent qu'il offre une couverture fiable. Les primes payées par les agriculteurs compensent aussi sensiblement les paiements faits par le gouvernement.
Nous avons besoin de plus d'options de couverture calquées sur le modèle de l'assurance-récolte. Il nous faut une approche souple qui offre des options de gestion des risques — similaire à ce que prévoit la législation agricole aux États-Unis — qui laisse aux agriculteurs le soin de déterminer leurs risques et de choisir un programme qui correspond à leur exploitation.
Nous pensons que les mesures de gestion des risques devraient comprendre les options suivantes, en plus de l'assurance récolte.
Nous aimerions un programme qui offre aux agriculteurs professionnels une assurance risques tenant compte d'une moyenne mobile des prix et du rendement dans leur région, le tout calculé sur une période de cinq ou dix ans. Le producteur pourrait souscrire à différents niveaux de couverture.
Nous aimerions un programme de type Agri-investissement doté d'une protection qui s'ajouterait à ce qui existe déjà, pour donner aux producteurs agricoles la souplesse de gérer leurs propres risques à leurs propres conditions. Ces fonds pourraient servir, par exemple, à l'achat de produits d'assurance du secteur privé convenant à leur entreprise. Pour qu'un tel programme fonctionne, nous estimons qu'il faudrait, s'il constituait le seul choix à la portée des producteurs agricoles, que son taux de couverture corresponde au double, voire au triple du taux actuel. Nous sommes en faveur d'une structure qui encouragerait le producteur à puiser dans son compte Agri-investissement pour gérer les risques.
Agri-stabilité devrait être préservé en tant que troisième outil, mais il faut l'améliorer. Ce programme ne fonctionne pas très bien pour les producteurs de grains, mais il peut être utile pour certains éleveurs qui se sont diversifiés. Les modifications récemment apportées à Agri-stabilité en ont cependant réduit l'efficacité; c'est une chose à laquelle il faudrait remédier.
Nous sommes conscients que nos recommandations ne constituent pas de simples modifications des mesures en place. Nous croyons néanmoins qu'il est important de bien faire les choses pour habiliter le Canada à tirer parti du nombre grandissant de possibilités de croissance offertes pour répondre à la demande alimentaire d'une population mondiale en croissance.
Pour que cela fonctionne, il nous faudrait faire l'essai des produits auprès des agriculteurs en les déployant d'abord dans une région à titre de projets pilotes. L'idéal serait de commencer dans l'Est du Canada. En Ontario, nous constatons depuis longtemps les lacunes de la série de programmes du fédéral, et la province a mis sur pied un outil de gestion des risques qui règle une partie du problème. Un projet pilote nous permettra d'élaborer un programme uniquement dans le but de créer une dynamique et de susciter un intérêt grâce à des tests conduits en situation réelle auprès des producteurs agricoles. Une telle expérience permettra de démontrer qu'un programme répondant aux besoins des agriculteurs peut susciter une amélioration du taux d'adhésion et de la conditionnalité.
Nous croyons qu'une fois ces programmes en place, il faudra dispenser une formation en planification financière et en gestion des risques aux producteurs agricoles, comme cela s'est fait aux États-Unis. L'éducation est un important élément pour que ces programmes modifiés servent adéquatement les producteurs agricoles et l'économie, et elle devrait être intégrée au prochain cadre stratégique.
Dans la Déclaration de Calgary, les ministres de l'agriculture ont indiqué la voie à suivre et envisagé la possibilité d'harmoniser les programmes. À notre avis, c'est maintenant le moment idéal pour harmoniser les échéanciers, les intérêts et les débouchés de la panoplie actuelle de programmes, d'initiatives et de plateformes afin que le tout reflète mieux les défis et les possibilités à considérer pour favoriser le succès commercial et la croissance économique. Nous estimons qu'il est important d'étudier les possibilités de réforme du programme de gestion des risques de l'entreprise si l'on vise à créer le secteur agricole le plus moderne, durable et prospère au monde.
Les autorités gouvernementales ont mentionné qu'elles ne souhaitent aucunement retourner à l'époque des programmes d'aide spéciale, mais il est fort probable qu'il faudra y recourir advenant un bouleversement des marchés.
Il est possible d'atteindre des objectifs qui intéressent plus généralement la population. Les Producteurs de grains de l'Ontario sont ouverts aux mécanismes de conditionnalité pouvant aider le gouvernement à atteindre ses objectifs plus généraux face au public relativement à l'eau et la santé des sols, aux changements climatiques, au développement et à la croissance économiques, à l'expansion des marchés et à l'innovation, mais nous devons nous assurer de disposer d'un choix de programmes pertinents convenant à l'ensemble complexe d'exploitations agricoles diversifiées en place de nos jours.
Merci de m'avoir permis de m'adresser à vous.
Les provinces de l'Atlantique imposent des politiques plus sévères pour protéger les terres humides. À notre avis, les gouvernements de ces provinces s'occupent bien de la protection des habitats de base. Nous avons une politique qui protège les habitats existants, et lorsque des habitats se font détruire, nous appliquons ce que nous appelons une séquence d'atténuation. Quiconque draine ou détruit des terres humides doit compenser ou reproduire la fonctionnalité de cet habitat. Le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse appliquent cette politique. Depuis quelque temps, Terre-Neuve envisage d'imposer une loi similaire, mais elle n'est pas encore entièrement en vigueur.
À l'Île-du-Prince-Édouard, cette politique provient en grande partie du besoin d'améliorer la qualité de l'eau. En effet, cette province a fait face à des problèmes de contamination des eaux souterraines; à l'Île-du-Prince-Édouard, toute l'eau potable vient des eaux souterraines. Je sais que l'Alberta a beaucoup progressé vers l'application d'une politique semblable.
L'application de politiques de ce genre égalise, si l'on peut dire, la façon de gérer le paysage. Dans les provinces de l'Atlantique, ces politiques contribuent grandement à préserver les écoservices dont nous avons parlé — qualité de l'eau, réduction des ruissellements, qualité des sols — et que produisent les terres humides et d'autres habitats.
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Merci beaucoup de m'avoir invité ce matin, mesdames et messieurs. Cette visite à Ottawa pour vous rencontrer tous est très intéressante.
Je vais commencer par vous raconter ce qui m'a entraîné dans tout cela.
Le 22 septembre, j'ai reçu un coup de téléphone de l'ACIA me disant que le test administré à l'une des vaches que j'avais envoyées à l'abattoir pour les marchés des États-Unis avait révélé qu'elle est atteinte de tuberculose.
Cette journée a été la pire de ma vie, jusqu'à présent.
Les jours suivants, j'ai discuté continuellement avec les fonctionnaires de l'ACIA. La semaine d'après, ils sont venus chez moi et ont mis tout mon ranch et tout mon bétail en quarantaine, puis ils m'ont dit que nous allions attendre pour voir comment la situation allait évoluer. Rien n'était clair, et je ne recevais pas beaucoup de réponses. Évidemment que j'avais beaucoup de questions à poser, et c'était vraiment dur.
Nous avons un peu parlé. La prochaine chose à faire serait d'organiser des tests pour voir si la tuberculose s'était répandue à mes autres animaux. J'ai reçu le premier coup de téléphone le 22, et le 17 octobre, à peu près trois semaines plus tard, nous avons commencé à soumettre mes autres animaux à des tests; il a fallu une semaine entière pour le faire.
Dans mon ranch, les gens et les animaux étaient très stressés. Nous avons détecté 33 réagissants sur les 450 animaux de mon exploitation, 33 sur 450 ont eu une réaction positive. Nous avons attendu pour savoir quand on allait commencer les autopsies. La seule façon de confirmer les résultats positifs de la tuberculose est de détruire les animaux pour effectuer des autopsies.
Finalement, le 8 novembre, ces 33 animaux ont quitté la ferme pour l'abattoir de Lacombe, en Alberta, où l'on a fait des prélèvements. Je n'ai appris que la semaine dernière que cinq autres animaux de mon troupeau, donc six animaux en tout, avaient développé des CRP préliminaires, selon les résultats du test génétique. Jusqu'à présent, je n'ai que six animaux malades. Ils viennent du troupeau que nous élevons ensemble — ma famille, mon père et ma mère, ma femme et mes enfants. Ils viennent tous de ce troupeau.
Les animaux de deux de mes voisins, une colonie huttérienne et un autre voisin, ont été inscrits avec le troupeau de référence à cause de l'hivernage. Nous hivernons certains animaux ensemble, et l'un des deux troupeaux s'est avéré sain, jusqu'à présent. Il faut effectuer une culture. C'est le dernier test qui indiquera exactement si le diagnostic est certain. La culture est l'indicateur définitif.
Je ne sais pas quoi d'autre... J'ai un autre troupeau dans le Nord que l'on a testé, et nous attendons de pouvoir envoyer les réagissants à l'abattoir pour les euthanasier et tester les prélèvements de tissus.
Ces deux derniers mois nous ont semblé très longs. Voilà deux mois exactement que dure cette épreuve. Toute la collectivité en souffre. Notre collectivité compte 34 ranches, et deux d'entre eux, juste à l'est de chez nous, en Saskatchewan, viennent d'être mis en quarantaine. D'autres ranches entrent en quarantaine eux aussi maintenant. Un gars qui vit à l'est de Brooks et à qui j'ai vendu du bétail en 2012 vient de communiquer avec moi.
C'est vraiment dur. Toute notre collectivité est touchée. À l'heure actuelle, presque 90 % des ranches de ma région sont en quarantaine. Plus de 10 000 animaux — je crois que les chiffres ont monté à 18 000 — sont en quarantaine maintenant. On n'a effectué des tests dans très peu de ranches. Au rythme où la situation évolue, il faudra des mois, et elle va se compliquer quand l'hiver se sera bien installé en Alberta.
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Bonjour. Je m'appelle Ross White. Je viens de la région de Jenner.
Mon frère et moi exploitons un ranch dans la région de Jenner. On nous a mis en quarantaine le 22 octobre, juste avant que nous envoyions nos veaux au marché. Nous avions vendu ces veaux en début octobre et nous devions les livrer pendant la dernière semaine d'octobre et la première semaine de novembre. Cette quarantaine nous a empêchés d'expédier nos veaux. Nous avons donc perdu ces profits. Nous avons été obligés de mettre fin à nos contrats. Cela a aussi placé notre acheteur dans l'embarras, et il risque de ne plus acheter de chez nous.
Ces contraintes que nous ont imposées l'ACIA et le gouvernement fédéral nous coûtent très cher. Il a fallu 10 jours après le début de la quarantaine pour que le vétérinaire en chef nous donne une réponse. On nous a dit de l'appeler si nous voulions déplacer du bétail. Mais comment faire?
Les veaux sont encore avec leurs mères, parce qu'on ne nous a pas dit quand ils seront soumis à des tests ou si certains animaux, ou tous, sortiront de quarantaine. Ils nous disent toutes sortes de choses, et les frais continuent à grimper. Cette quarantaine a bouleversé notre gestion du troupeau de vaches.
Les veaux sont encore avec leurs mères, alors le corps des mères s'affaiblit. Les pâturages qui nous appartiennent ou que nous louons s'appauvrissent, alors nous perdons de la litière ou elle se contamine. Nous craignons de ne pas avoir assez d'eau pour les veaux qui sont en quarantaine, et nous risquons de subir d'énormes pertes à cause de l'hivernage des mères à l'extérieur quand la glace est mince. Il y aura les coûts de l'introduction des veaux quand nous allons les sevrer cette semaine, et la main-d'oeuvre supplémentaire à engager quand nous allons sevrer le gros troupeau. Habituellement, nous n'avons pas de telles dépenses, alors nous ne savons pas vraiment comment aborder cette situation. Nous allons subir beaucoup de pertes si la météo empire et que des animaux meurent.
De plus, il va falloir faire passer les vaches deux fois par le couloir de contention. Il y aura aussi le coût de la main-d'oeuvre et des installations puisqu'on nous oblige à effectuer des contrôles parasitaires et des tests de grossesse. Nous ne pouvons rien traiter, parce que les traitements ont une influence sur l'euthanasie éventuelle des animaux.
La perte d'embryons nous coûtera cher si le troupeau passe deux fois par le couloir. Il y aura aussi les coûts d'équipement, de superficie, de fourrage et de camionnage. Nous devrons aussi acheter du fourrage supplémentaire, parce que nous ne savons pas combien de temps cette situation va durer.
Il y aura aussi les dommages dus à la surpopulation des troupeaux, puisque nous ne pouvons pas expédier les animaux au marché comme d'habitude. Le mouvement des animaux est limité par la quarantaine. Nous allons aussi subir la perte des tests génétiques, puisque nous ne pourrons pas acheter de taureaux reproducteurs cet automne, parce que nous ne saurons pas où les loger.
Cette quarantaine cause d'énormes pressions financières et émotionnelles sur nos familles et sur celles de nos voisins dont les troupeaux sont aussi en quarantaine. Nous ne savons pas vraiment quels coûts chacun de nos ranches va subir et quelles répercussions cette quarantaine causera. Je viens d'acheter un autre ranch plus au nord, et je crains que les terres perdent de leur valeur à cause de cette quarantaine. Je m'inquiète aussi du fait que les marchés hésiteront à acheter des vaches dans notre région. Nos acheteurs risquent de nous garder en quarantaine longtemps après que l'ACIA aura libéré nos troupeaux. Comment calculer ce genre de coûts pour mon ranch?
C'est une catastrophe. La façon dont cette quarantaine a été administrée a rendu l'épreuve encore plus insupportable. On ne nous dit rien, et personne ne s'inquiète de l'effet qu'elle a sur nous, qui sommes des gens d'affaires. Les fonctionnaires qui s'en occupent ne comprennent rien de l'aspect d'entreprise de notre ranch et des répercussions qu'a leur façon d'agir; ils ne comprennent pas qu'ils détruisent nos ranches. Bon nombre d'entre nous risquent de ne pas s'en relever; ils devront vendre leur entreprise. Je vous supplie, vous qui êtes en charge au gouvernement, de secouer un peu ces gens à l'ACIA et au gouvernement, pour qu'ils reconnaissent qu'ils sont responsables de la perte de ces veaux et de tous ces coûts. Nous n'étions pas prêts à avoir les mains liées. Je vous rappelle que c'est l'ACIA qui a déclenché cette catastrophe.
Merci.
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Bonjour. Je m'appelle Warren Henry. Je suis grand éleveur de troisième génération à Patricia, en Alberta.
Le troupeau entier de ma famille a été mis en quarantaine, tout comme ceux de mes voisins, de mes cousins et de mes amis. Au début de l'automne, nous exploitions tous nos entreprises comme d'habitude. En septembre, nous avons vendu nos veaux mâles châtrés, la moitié de la récolte annuelle de veaux, en concluant un contrat par Internet. L'acheteur attendait la livraison de ces veaux pendant la première semaine de novembre. Ensuite, nous faisons normalement nos paiements annuels, mais pas cette année.
Tout a changé le 14 octobre, quand nous avons reçu un appel nous annonçant que le troupeau entier était mis en quarantaine. Aucun animal ne pourrait sortir pendant l'enquête. Je ne mentionne même pas le fait que les gens qui nous ont appelés ne parlaient pas anglais, alors il était vraiment difficile de les comprendre. Nous avons dû parler à deux personnes avant de vraiment comprendre ce qui se passait.
Normalement, nous sevrons les veaux le même jour. La première semaine de novembre, les veaux mâles châtrés sont chargés dans un camion et pesés sur une balance chez nous, et ensuite nous les livrons au parc d'engraissement. Les génisses sont transportées dans leur champ, où elles reçoivent une alimentation de semi-finition jusqu'au printemps. Ensuite, nous choisissons les génisses de remplacement et vendons les autres.
Une fois sevrées, nous amenons les vaches aux pâturages d'hiver, où elles broutent et mangent le maïs que nous cultivons pendant l'été. Cette année, nous avons dû les transporter par camion, ce qui les stresse beaucoup, d'autant plus qu'elles ont dû passer par la chute deux fois pour subir les tests. Nous verrons au printemps si nous avons plus d'avortements naturels à cause de ce stress supplémentaire.
Chaque automne, nous préparons assez de fourrage pour nourrir les génisses pendant l'hiver, mais pas pour les veaux mâles châtrés que nous avons maintenant.
L'ACIA nous a appelés pour nous dire que nos animaux seraient testés le 15 novembre, alors nous avons sevré les veaux le 14 pour qu'ils soient prêts à subir le test. Les techniciens sont venus deux semaines plus tard. Le pâturage où se trouvaient les vaches en attendant le test n'avait plus un brin d'herbe, alors nous avons dû donner aux vaches et aux veaux le fourrage que nous avions acheté pour les génisses plus tard; cela nous a coûté environ 600 $ par jour.
Les veaux châtrés devaient monter dans le camion le 1er novembre et nous devions recevoir le chèque.
Nous avons dû modifier les plans de pâturage de manière à y placer deux fois plus de veaux que d'habitude, et nous devons acheter du fourrage pour eux. Nous n'avons pas reçu nos chèques de la vente des veaux châtrés que nous utilisons pour acheter du fourrage, parce que nous n'avons pas pu vendre les veaux. Personne ne peut nous dire combien de temps nous devrons les garder, combien il nous faut de fourrage et ce que nous devrons acheter. Nous avons amené les génisses dans leur enclos et nous allons les nourrir et les soigner comme d'habitude, mais nous avons déjà utilisé le fourrage que nous avions acheté pour elles.
De plus, nous devons entasser tous ces animaux dans un enclos qui ne devrait contenir que la moitié du troupeau. Quand l'enclos est surpeuplé, les animaux se stressent, et par là même ils risquent plus facilement de tomber malades. Nous avons modifié notre corral et son système d'abreuvage et les pâturages qui l'entourent pour y placer les mâles châtrés d'un côté, et les génisses de l'autre. Il a fallu du temps et de l'argent pour faire tout cela.
Jusqu'à présent, la météo nous a été favorable, mais nous ne savons toujours pas combien de temps nous devrons garder nos veaux. Si l'hiver s'installe, ce sera bien pire, et il nous faudra beaucoup plus de fourrage.
Si j'ai bien compris, j'ai dû venir ici aujourd'hui pour parler de compensation avec vous, alors je me suis dit que je vous décrirais les effets qu'a cette situation sur ma famille. Pour comparer cela à votre vie quotidienne, disons que vous recevez un appel d'un organisme et qu'on vous dit que tous vos biens sont saisis et qu'on ne retiendra pas seulement votre chèque mensuel, mais votre revenu de toute l'année. Vous venez quand même au travail pendant des semaines, mais vous ne recevez aucun salaire pendant trois, quatre ou cinq mois pendant que l'organisme mène son enquête. Vous ne pouvez pas faire d'épicerie, payer vos factures et votre hypothèque, et personne ne peut vous dire quand vous serez libérés. À vous de vous débrouiller.
Vous comprenez bien que toute ma famille s'inquiète et se stresse. Les questions sans réponses et les retards ne font qu'aggraver cette épreuve.
Merci beaucoup.
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Ils passent au grain dès que possible. Vous êtes des éleveurs.
Pensez-vous que l'indemnisation puisse être une forme quelconque de stratégie? M. Henry, ou c'était peut-être M. White, a dit que le gouvernement devrait peut-être se porter acquéreur du troupeau le temps que dure cette situation ou qu'il pourrait peut-être émettre le paiement tout de suite et garder un oeil sur la situation.
Je connais des agriculteurs qui ont fait faillite pendant que leurs bêtes étaient en quarantaine. Ils maintiennent les animaux en vie, mais savent que, en bout de ligne, il faudra les abattre, mais ils consacrent toutes leurs économies pour les maintenir en vie, car, en bons intendants qu'ils sont, ils se soucient de leur bétail.
Toujours à propos de l'indemnisation, le gouvernement doit, de toute évidence, agir bientôt. Je ne sais pas si, soit Brad soit les deux autres ont des commentaires à faire à ce sujet, mais compte tenu de l'ampleur du problème, nous espérons parvenir à inciter le gouvernement à intervenir.