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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 145e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Avant de commencer, je tiens à rappeler à tous les participants en présentiel de lire les lignes directrices sur les pratiques exemplaires qui figurent sur les cartes. Ces mesures sont en place pour protéger la santé et la sécurité de tous nos participants.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 5 décembre, le Comité entreprend son étude sur l'intention qu'a Air Canada d'imposer des frais sur les bagages de cabines dans le secteur du transport aérien.
Tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant cette réunion.
Pendant la première moitié de notre réunion, nous entendrons, par vidéoconférence, M. Michael Deluce, chef de la direction de Porter Airlines.
Également par vidéoconférence, nous entendrons Mme Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction d'Air Transat Incorporée.
De WestJet Airlines, nous accueillons M. Alexis von Hoensbroech, chef de la direction, et M. Andrew Gibbons, vice-président, Affaires extérieures.
Bienvenue à tous nos témoins.
Nous allons commencer par vos déclarations préliminaires. Je vais céder la parole à nos invités qui se joignent à nous en personne aujourd'hui.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
Bonjour, monsieur le président et distinbgués membres du Comité. Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui.
Je m'appelle Alexis von Hoensbroech et je suis PDG du Groupe WestJet. Je suis accompagné de M. Andy Gibbons, notre vice-président aux affaires extérieures.
Nous partageons tous la même ambition, qui consiste à offrir aux Canadiens des choix de transport aérien abordables. Le dégroupage de nos produits et la possibilité de rendre certaines parties de nos services facultatives nous permettent d'offrir les prix les plus bas possibles aux personnes qui en ont besoin ou qui les désirent. Nous nous ferons un plaisir de vous présenter des détails et de recevoir vos commentaires.
Il est par ailleurs évident que ce secteur ne peut offrir des tarifs peu élevés tout en demeurant prospère, comme il le fait dans d'autres régions du monde, que si le gouvernement prend des mesures concrètes pour le réformer. Il faut absolument que le gouvernement fasse baisser les frais ajoutés aux billets d'avion des passagers à un niveau similaire à celui d'autres pays.
Le bilan de WestJet est sans égal. WestJet a démocratisé le transport aérien au Canada. Au cours de ses 28 ans au service des Canadiens, WestJet a réduit les tarifs aériens de moitié. Très peu d'autres industries ont amélioré l'abordabilité d'une façon aussi spectaculaire et constante.
Malheureusement, pendant cette même période, les frais gouvernementaux et les sommes perçues pour d'autres organismes ont augmenté des deux tiers.
En juin dernier, nous avons lancé notre dernière tentative au titre de l'abordabilité, le tarif UltraBase, afin d'offrir aux voyageurs canadiens des choix encore plus abordables. Notre tarif UltraBase est tout nouveau. Il permet aux Canadiens d'économiser en moyenne 14 % de plus que les tarifs précédents. Les passagers doivent, pour cela, embarquer avec un seul article personnel, comme un sac à dos.
Certains ont critiqué cette initiative, mais elle a produit d'excellents résultats pour les clients, pour nos opérations et pour le pays. Ce n'est pas une supposition. Les données ont démontré qu'il s'agit du choix des consommateurs.
Voici quelques faits sur notre tarif UltraBase. En six mois seulement, plus de 2,5 millions de personnes l'ont choisi. Il a déjà permis aux Canadiens d'économiser 48 millions de dollars. Selon les préposés à notre service à la clientèle, les voyageurs sont satisfaits de ce nouveau tarif, comme ils le sont de tous nos autres produits.
Notre tarif UltraBase a également amélioré notre efficacité et notre rendement. Je sais que votre comité s'est intéressé à cela. En évitant d'embarquer 1,2 million de bagages en cabine, nous avons réduit les retards qui surviennent quand il y a beaucoup trop de sacs à placer dans les compartiments à bagages. Entre août et novembre derniers, 67 % des vols ont réduit leurs retards de 54 %. Par conséquent, un plus grand nombre de Canadiens sont arrivés à destination à l'heure prévue.
La compagnie WestJet est fière de la transparence du coût de ses billets. Le dégroupage des billets vise à offrir l'option la plus abordable pour les gens qui la désirent. Il ne vise pas à créer de nouveaux tarifs. Nos tarifs sont facultatifs et transparents, alors que les frais du gouvernement et les sommes perçues pour des tiers ne le sont pas. Avant même que les Canadiens n'achètent leurs billets, les taxes du gouvernement, les sommes perçues pour des tiers, les frais et les droits peuvent ajouter 99 $ au prix du billet. C'est plus de trois fois ce qu'il en coûte aux États-Unis, où les frais semblables s'élèvent à environ 28 $.
Les droits, les frais et les taxes du Canada ne cessent d'escalader. Ces redevances s'inscrivent dans le cadre du modèle canadien obsolète d'utilisateur-payeur pour les infrastructures aéronautiques, selon lequel les passagers paient plus que les services qu'ils reçoivent, parce qu'une partie du prix du billet est directement affectée aux budgets fédéraux. En outre, il n'y a guère de transparence ou de contrôle sur la manière dont ces redevances sont calculées et appliquées.
Ces frais exorbitants posent un obstacle de taille à la concurrence au Canada. Au Canada, nous avons vu nombre de compagnies aériennes naître puis disparaître. La compagnie Lynx Air a récemment publiquement attribué sa disparition aux charges énormes du gouvernement et au frais prélevés pour le compte de tiers.
WestJet estime qu'il faudra avant tout examiner minutieusement et réformer les frais élevés imposés au public par des tiers et par le gouvernement. Ces redevances sont injustes, elles nuisent à notre capacité de soutenir la concurrence et elles grugent les portefeuilles canadiens. Elles empêchent des millions de Canadiens à faible revenu d'utiliser le transport aérien, alors que notre pays est si vaste qu'il n'y a souvent pas d'autre façon de s'y déplacer.
En conclusion, le marché canadien du transport aérien est solide, mais nous devrions travailler ensemble pour l'améliorer. Notre modèle désuet d'utilisateur-payeur doit faire l'objet d'un examen exhaustif et d'une réforme en profondeur. De nombreux pays offrent un service aérien et des infrastructures de qualité supérieure à des coûts beaucoup plus bas que le nôtre. Il y aurait lieu de s'en inspirer pour établir un secteur canadien du transport aérien moderne et plus abordable. Jusqu'à ce que cet examen soit terminé, les organismes de réglementation canadiens devraient s'abstenir d'imposer au secteur un fardeau financier supplémentaire qui fait gonfler les prix des billets pour les Canadiens.
Merci encore de nous avoir invités aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions et d'en discuter.
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invitée à cette réunion.
[Français]
Cette année, Air Transat a souligné ses 37 années d'existence. Fondée et basée à Montréal, notre compagnie transporte chaque année plus de 5 millions de passagers vers près de 60 destinations internationales dans 28 pays, principalement en Europe, en Afrique du Nord, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nous sommes guidés par des valeurs d'entreprise qui sont très fortes. Nos clients et nos employés sont au cœur de nos préoccupations et de toutes nos décisions.
La présence d'Air Transat assure une saine concurrence dans l'industrie du transport aérien au Canada et dans le maintien de prix concurrentiels dans les marchés où nous offrons nos services. Nous tenons à collaborer avec le gouvernement et les parlementaires afin de préserver la concurrence et de garantir aux voyageurs canadiens la possibilité de faire des choix.
Ce comité a déjà été sensibilisé au fait qu'Air Transat, qui auparavant n'avait aucune dette, se heurte maintenant à des défis financiers liés aux répercussions de la pandémie, et ce, en raison de deux années d'activités suspendues ou limitées en raison des restrictions imposées aux voyageurs. Nous devons faire face à un taux d'endettement élevé, ce qui limite notre capacité à être concurrentiels et à nous développer.
Nous prenons note de l'annonce faite la semaine dernière par Air Canada. Nous pouvons maintenant affirmer que, depuis cette annonce, tous nos concurrents canadiens appliquent dorénavant, pour certains passagers et dans certains marchés, une forme ou une autre de restrictions ou de redevance pour des bagages de cabine.
L'utilisation des frais accessoires pour des services optionnels tels que les bagages et la sélection de sièges est une pratique courante au Canada et pour de nombreuses compagnies aériennes internationales. Toutefois, nous jugeons opportun d'utiliser cette tribune pour mettre en lumière les frais, les taxes et le fardeau réglementaire excessif et en constante augmentation qui placent l'ensemble de l'écosystème du transport aérien canadien dans une situation désavantageuse en matière de concurrence, comparativement aux autres pays.
Au cours des dernières années, nous avons assisté à une augmentation considérable des droits et redevances externes dans le cadre du modèle canadien dit de l'utilisateur-payeur, comme le mentionnait M. von Hoensbroech. Par exemple, le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien a récemment augmenté de 33 %. De plus, les redevances pour les services de navigation aérienne ont augmenté de près de 30 % en 2023 et devraient augmenter à nouveau en 2025. En outre, les grands aéroports du Canada versent actuellement environ 12 % de leurs revenus bruts en loyers pour les terres de la Couronne, auxquels s'ajoutent d'autres paiements tenant lieu de taxes foncières. Par ailleurs, les aéroports réalisent d'importants investissements en infrastructure, et les passagers paient des frais d'amélioration aéroportuaire de plus en plus élevés, qui sont près de six fois supérieurs à ce que le consommateur étasunien doit débourser.
Le fardeau réglementaire représente également une charge importante pour les voyageurs. Les nouvelles exigences du Règlement sur la protection des passagers aériens, adopté en 2019 et modifié en 2022, ont aussi alourdi la facture du système de transport aérien. D'autres propositions réglementaires de l'Office des transports du Canada sont actuellement à l'étude et entraîneraient à nouveau des coûts supplémentaires considérables pour le système.
Le système de transport aérien du Canada est essentiel. Les consommateurs et les voyageurs canadiens nous disent ne plus pouvoir continuer à payer ces augmentations constantes de coûts que nous devons ajouter au prix du billet d'avion. Une compagnie aérienne comme Air Transat, qui ne domine pas le marché, n'est assurément plus en mesure de transférer ces augmentations à ses clients.
Alors que la pression est grande et que les compagnies aériennes se retirent de certains marchés, la présence d'Air Transat permet aux Canadiens et aux Canadiennes de bénéficier d'une offre plus large et de faire des choix en fonction de leurs besoins et de leur budget.
C'est en suivant cette approche que nous renforçons continuellement notre réseau. Nous avons conclu avec Porter Airlines une entente de coentreprise en vertu de laquelle nous proposons aux Canadiens des options de voyages intérieurs et internationaux à la fois simples, transparentes et abordables. Nous combinons le réseau intérieur et nord-américain de Porter au réseau international en expansion d'Air Transat. Cette entente commerciale est une excellente nouvelle pour les voyageurs et pour la concurrence entre les transporteurs aériens du Canada, car elle permet d'offrir des services supplémentaires au départ d'un nombre croissant de villes.
Pour conclure, je tiens à réitérer notre engagement à jouer un rôle concurrentiel et innovateur, ainsi que notre volonté de poursuivre notre collaboration avec le gouvernement et le Parlement afin de promouvoir les intérêts des voyageurs et de nos quelque 5 000 employés.
Merci.
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Merci de m'avoir invité à prendre la parole au nom de Porter Airlines.
Au cours de ces deux dernières années, la compagnie Porter s'est transformée. Ayant établi divers partenariats aériens, notamment en coentreprise avec Air Transat, elle sert une quarantaine de marchés en Amérique du Nord et d'autres ailleurs dans le monde.
Air Transat dessert maintenant toutes les provinces. Elle offre aux voyageurs aériens canadiens un excellent troisième choix. Elle vend plus de 10 % de ses sièges sur le marché intérieur. Ce nombre augmente rapidement, car notre flotte de nouveaux appareils Embraer E195‑E2 va plus que doubler dans les années à venir, pour en arriver à 100 avions.
Nous désirons offrir une expérience agréable aux passagers de la classe économique en leur fournissant plus de valeur ajoutée que toute autre compagnie aérienne. Ils recevront des boissons gratuites, et la bière et le vin leur seront servis dans des verres. Ils recevront aussi des collations de qualité supérieure. Le branchement à Internet sera gratuit. Nous leur attribuerons l'intégralité des points de fidélité, quel que soit le tarif choisi.
Les voyageurs en classe économique forment une population très diversifiée. Il y a les passagers d'un jour, les étudiants à budget fixe et les voyageurs qui recherchent une expérience de qualité supérieure comprenant tous les services. Ils ont des besoins divers, et nous répondons aux besoins de tous, même de ceux qui choisissent le tarif de base.
Nous avons introduit les tarifs de base en 2018. Aujourd'hui, nous avons six types de tarifs économiques qui offrent différents avantages. Le tarif de base est le deuxième tarif le plus populaire que nous offrons en fonction du nombre de sièges vendus. Les tarifs économiques de base ont rendu le transport aérien plus accessible aux Canadiens et offrent des choix abordables à des millions de passagers partout au monde. Ils permettent aux compagnies aériennes de soutenir la concurrence à une échelle inédite. En Amérique du Nord, toutes les compagnies aériennes importantes, des transporteurs à très bas prix à ceux du réseau mondial, proposent un type de tarif de base.
Seulement 8 % des passagers ajoutent les frais d'un bagage de cabine à leur tarif de base. Ils ne représentent même pas le 2% de tous les clients de Porter.
Notre tarif de base est très avantageux pour les consommateurs qui n'ont pas l'intention d'apporter un bagage de cabine. Tout au long du processus d'achat, nous indiquons clairement ce qui est inclus et ce qui ne l'est pas dans chaque type de tarif. Pour que les passagers sachent bien quelles sont les caractéristiques du tarif qu'ils ont choisi, le processus affiche plusieurs messages qui les mettent en évidence avant que le client ne confirme son achat.
Manifestement, un plus grand nombre de Canadiens prennent l'avion à cause des tarifs de base. La majorité des voyageurs préfèrent les avantages que leur procurent ces tarifs et ils savent ce qu'ils incluent. Nous offrons d'autres choix aux voyageurs qui préfèrent ajouter d'autres services au prix de leur billet.
En choisissant de nouvelles dessertes permettant de maintenir des prix plus bas et en s'engageant à offrir un service économique de grande qualité, la compagnie Porter a établi une nouvelle norme dans l'industrie canadienne du transport aérien. Cela produit des changements positifs en favorisant une saine concurrence qui profite à tous les Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de présenter cet exposé. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Mes questions s'adressent à M. von Hoensbroech, de WestJet.
Tout d'abord, je tiens à souligner que je comprends l'argument de l'industrie en ce qui concerne le dégroupage pour les passagers qui ne veulent pas de repas complets pour enfants ou adultes — je crois que vous en avez parlé dans les médias —, mais qui souhaitent simplement des frites ou un hamburger.
La question qui se pose alors est évidente: ce dégroupement devrait réduire les tarifs. Cela étant, que représente le tarif UltraBase par rapport au tarif de base?
Il me semble qu'en parlant de faits généraux, on perd souvent le fil. Examinons ensemble l'un de vos tarifs. Disons que je réserve un billet de WestJet pour aller de Victoria à Winnipeg — au mois de décembre, évidemment.
Le tarif de base part de 197 $, ce que tout le monde trouvera sans doute raisonnable. Avec les frais additionnels, nous arrivons à 274 $. Si vous le voulez bien, nous allons passer en revue chacun de ces frais supplémentaires. Je vous demanderai de nous les expliquer et de nous dire à qui vous les versez.
J'ai d'abord les 30 $ pour YQI et, entre crochets, « autres frais de transport aérien ».
Pourriez-vous nous expliquer de quoi il s'agit et à qui vous versez cette redevance?
Tout d'abord, nous faisons la distinction entre les frais qui vont directement à notre ligne aérienne... Ce sont les frais de transport aérien. Ils comprennent le tarif de base et ce supplément d'YQI que vous avez mentionné, puis les autres sont les sommes perçues pour des tiers.
Pourquoi facturons-nous ce supplément d'YQI? Il s'agit des coûts d'infrastructures intégrés à notre tarif de base. Par exemple, les frais de contrôle de la circulation aérienne — à l'intérieur du Canada — s'élèvent, je crois, à 15 $ par passager. Ils font partie de ce que la compagnie aérienne doit payer, et ils ne sont pas comptés dans les taxes et dans les autres frais. Ils sont inclus dans ce supplément avec les redevances aéronautiques que nous payons aux aéroports.
Il s'agit donc des coûts d'infrastructures qui sont payés par la compagnie aérienne et qui ne sont pas inclus dans la taxe que paient les passagers.
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Je me ferai un plaisir de discuter de tous ces détails. Je n'y vois aucun problème.
Je tiens à souligner que le modèle de l'utilisateur-payeur a besoin d'une réforme, parce qu'il oblige l'utilisateur à payer plus. Les utilisateurs paient plus que ce qu'il faut pour les infrastructures qu'ils utilisent.
Soit dit en passant, cela contraste vivement avec la façon dont vous traitez les autres modes de transport. Le transport ferroviaire reçoit des milliards de dollars en subventions, alors que seule une infime fraction des Canadiens l'utilisent.
En fait, si nous recevions la même subvention par passager que Via Rail, nous pourrions non seulement transporter tous nos passagers gratuitement, mais nous leur donnerions de l'argent quand ils montent dans l'avion. C'est la réalité dans notre pays.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins. Nous sommes heureux d'entendre leurs explications au sujet des nouveaux frais que nous avons vus apparaître au cours des dernières années dans le domaine du transport aérien.
Madame Guérard, votre entreprise est l'un des seuls transporteurs aériens qui n'exigent présentement aucuns frais pour le bagage de cabine.
Tout d'abord, comment cette décision a-t-elle été prise?
Par ailleurs, entendez-vous la maintenir dans l'avenir?
Enfin, quel est le pourcentage de vos clients qui n'utilisent pas de bagage de cabine?
Je vous ai posé trois questions à la fois, mais c'est la réponse à la dernière question qui m'intéresse particulièrement.
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Tout d'abord, nous prenons bien note de l'annonce faite cette semaine par Air Canada. Comme je le disais tout à l'heure, tous nos concurrents canadiens imposent maintenant aux passagers dans certains marchés une forme de redevance pour les bagages à main.
Nous sommes en réflexion en ce moment. Cela dit, pour des raisons évidentes de concurrence, nous n'allons pas nécessairement annoncer ici nos intentions commerciales.
Nous offrons cinq familles tarifaires pour donner plus de choix à nos clients. Aujourd'hui, le bagage de cabine est inclus dans l'ensemble des options.
Comme nous n'avons pas nécessairement le même réseau que les autres transporteurs, il faut être prudent lorsqu'on nous compare à WestJet ou à Porter, par exemple. Notre réseau est international. Les gens à bord d'un vol long-courrier transportent beaucoup plus souvent un bagage de cabine que ceux qui font un vol plus court. Ces derniers transportent davantage un sac à dos plutôt qu'un bagage de cabine.
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Je n'ai pas dit qu'il faut se débarrasser du modèle de l'utilisateur-payeur, j'ai dit qu'il faut le réformer.
J'ai travaillé en Europe pendant de nombreuses années, et l'Europe applique aussi un système d'utilisateur-payeur, mais chaque passager ne paie que la moitié de ce que les passagers paient au Canada, et les infrastructures là‑bas sont meilleures.
À mon avis, il faut reconcevoir la gouvernance de notre secteur. Cette gouvernance a haussé la structure des coûts sans améliorer les infrastructures, qui maintenant sont inférieures à la moyenne. Ce problème est très grave.
Je dis cela uniquement parce que je vois ici une excellente occasion d'améliorer le transport aérien pour les Canadiens, d'en améliorer les infrastructures et les services ainsi que la part de ce marché qui offre des tarifs plus bas.
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Nous avons recommandé quelques politiques. Premièrement, le gouvernement devrait cesser de percevoir un loyer des aéroports. Ils paient près d'un demi-milliard de dollars en loyers aéroportuaires. Les aéroports devraient conserver cet argent pour effectuer les améliorations aéroportuaires, pour rembourser leurs dettes ou pour investir dans les infrastructures. Ils ne devraient pas financer le budget fédéral. Ce serait la première chose à faire.
Deuxièmement, le gouvernement devrait examiner les moyens d'établir un système de paiement par l'utilisateur efficace ou, éventuellement, un système partiellement soutenu par les contribuables, comme aux États-Unis. Le gouvernement devrait choisir entre ces deux solutions, qui amélioreraient considérablement la situation actuelle.
Troisièmement, en attendant les résultats de cet examen, le gouvernement devrait éviter d'ajouter au fardeau financier du secteur, parce que, chaque fois que ce fardeau s'alourdit, le prix des billets augmente.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de répondre à nos questions sur les frais imposés par WestJet, et maintenant aussi par Air Canada.
J'ai deux ou trois observations à faire.
D'abord, depuis la COVID‑19, la compagnie WestJet a été notablement absente des aéroports des régions rurales — et j'en ai discuté avec M. Gibbons à plusieurs reprises —, ce qui crée un véritable problème pour les voyageurs comme moi. Par exemple, je peux me rendre à Gander et en repartir seulement par Air Canada ou par des compagnies aériennes provinciales. L'accessibilité constitue un grave problème. Nous nous préoccupons beaucoup de l'accès aux aéroports régionaux, comme Gander, dans les régions rurales du Canada. C'est un véritable défi.
J'étais un client régulier de WestJet, je détenais la carte que vous avez mentionnée et qui me procurait certains avantages. J'aime beaucoup cette compagnie. Le service était excellent. Malheureusement, je ne suis plus client de WestJet, parce que je devrais faire des kilomètres en auto pour me rendre à St. John's ou ailleurs. Je pourrais aussi prendre l'avion jusqu'à Halifax ou ailleurs pour utiliser les services de cette compagnie.
J'aimerais savoir quand vous serez en mesure de passer de votre modèle urbain de transport aérien actuel pour servir ce que j'appelle des « plaques tournantes régionales », comme Gander, situées dans les régions rurales du Canada. Ce service fait cruellement défaut. Les frais d'utilisation ne me plaisent pas, mais, pour le moment, je m'inquiète surtout de ce manque de service dans les régions rurales.
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Tout d’abord, je ne suis pas d’accord. Nous desservons de nombreux aéroports régionaux, surtout dans l’ouest du pays et cela est un élément important de notre stratégie.
Cependant, ces frais et redevances élevés imposent un fardeau plus lourd aux aéroports régionaux qu’aux grands aéroports, parce qu'ils sont sur des routes souvent très marginales. Si les prix augmentent et que le nombre de passagers diminue en conséquence, ou si les frais d'aéroport ne peuvent pas être inclus dans le prix des billets, ces liaisons pourraient facilement disparaître.
Soit dit en passant, le Règlement sur la protection des passagers aériens, le RPPA, représente également un grand risque pour les dessertes régionales, parce que, si vous n’avez qu’un seul vol admissible aux termes du RPPA, cela pourrait facilement gruger la totalité de votre marge bénéficiaire sur l’année. Aussi bien laisser tomber.
J'ajouterai qu’il est dommage que vous n’ayez invité aucun PDG de compagnie aérienne régionale du Nord, comme Canadian North ou autre, car c’est exactement ce avec quoi ces gens-là doivent composer au quotidien.
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Je dispose de cinq minutes et je n’ai pas beaucoup de temps pour poser mes nombreuses questions.
J'ai un goût amer dans la bouche quand je vois que des liaisons sont abandonnées dans certaines régions du Canada — des routes importantes pour moi, pour ma région et pour ma province — et quand je constate que les frais augmentent, quelle que soit la compagnie aérienne concernée. Je dirais la même chose d'Air Canada.
Air Canada, et c’est tout à son honneur, a maintenu des liaisons, que ce soit grâce à Jazz ou à des compagnies aériennes provinciales, pour desservir Gander et certains petits aéroports régionaux, mais le coût de ces liaisons a grimpé en flèche. Les résidants de Happy Valley-Goose Bay et de Wabush, au Labrador, vous diront que les vols intraprovinciaux coûtent très, très cher, notamment pour relier la capitale, St. John’s.
Air Canada, pourquoi envisagez-vous d’imposer des frais pour les bagages au vu des autres coûts qui s'ajoutent?
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Monsieur Rogers, je vais vous parler du cas de Terre-Neuve-et-Labrador parce qu'il y a deux ans, vous avez demandé à brûle-pourpoint au Comité si WestJet allait quitter cette province. À l’époque, nous avions répondu par la négative et déclaré que nous avions l’intention de croître.
Depuis, vous nous avez vu combler la plus importante lacune que présentait la province sur le plan du service aérien en assurant des vols directs à destination de l’Europe. En fait, l’été prochain, nous offrirons une liaison quotidienne entre l’Europe et la province — soit à destination et en provenance de l’Europe —, ce qui a été très bien accueilli. Même dans une petite ville comme Sydney, en Nouvelle-Écosse, nous avons ajouté un nouveau vol pour l’été prochain.
Terre-Neuve-et-Labrador connaît une très forte croissance. Je sais qu'on nous réclame à Gander, et nous sommes déterminés à travailler avec vous dans ce dossier.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur von Hoensbroech, je vous écoute depuis tantôt, mais j'ai de la misère à vous suivre. Corrigez-moi si je me trompe, mais une personne qui monte à bord d'un avion sans aucun bagage pour un vol de deux, trois, quatre, cinq ou six heures constitue, selon moi, l'exception plutôt que la norme. J'aimerais beaucoup voir vos données, pour connaître le pourcentage de passagers qui voyagent sans aucun bagage, ni en soute ni en cabine. Nous parlons aujourd'hui des bagages de cabine, bien sûr, mais il est maintenant question d'imposer des frais aussi pour les bagages en soute. C'est une nouveauté. Auparavant, c'était sans frais.
Les prix affichés pour les vols ne comprennent pas les frais pour les bagages en soute ni ceux pour les bagages de cabine. Dans le fond, quand le consommateur choisit son vol, il ne voit pas le vrai prix qu'il paiera. C'est ce que je trouve problématique. En fin de compte, il peut arrêter son choix sur une compagnie aérienne pour voyager, mais comment peut-on faire pour s'assurer que toutes les compagnies exigent les mêmes frais pour les bagages en soute et pour les bagages de cabine? Comment le consommateur fait-il pour s'y retrouver?
Comme je l’ai dit, nous volons avec cinq millions de sièges vides que nous aimerions voir occupés. Pour y parvenir, il faut augmenter le nombre de personnes prenant l’avion, tandis qu'elles ne le feraient pas autrement. Si les frais étaient la moitié de ce qu’ils sont aujourd’hui, cela nous permettrait d’offrir des billets à un prix tout compris susceptible d'inciter les gens à se lever de leur divan pour prendre l’avion, parce qu’ils pourraient se le permettre.
Le gâteau grossirait pour tout le monde. Au Canada, nous compterions alors plus de 10 millions de personnes de plus en mesure de prendre l’avion. C’est là que se situe le gain potentiel. Il ne consiste pas à augmenter les tarifs, mais à inciter des consommateurs potentiels à effectivement prendre l’avion.
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Effectivement, j’ai pris Ryanair. En tant que mère célibataire, j’ai pu faire le tour de l’Europe avec mon fils. J’ai pu me payer des vols à 30 $ et à 40 $. C’était extrêmement raisonnable. Je pense que c’est là le problème. J’aurais aimé voyager partout au Canada avec mon fils, mais les prix ici dépassent de loin ceux pratiqués en Europe.
Je comprends que vous évoquiez les frais externes, mais je pense qu’une grande partie du problème tient aux montants que les gens doivent, en définitive, payer à leur niveau, quand on ajoute tout.
J’ai réservé un billet avec mon fils il y a quelques années et nous n’avons même pas pu être assis côte à côte. Je m'en suis inquiété auprès de l'agente au sol qui m'a répondu que cette réservation tenait au fait que j’avais payé mon billet, mais utilisé mes points pour mon fils. La compagnie voulait que je paie un supplément pour le faire déplacer, afin que nous puissions nous asseoir ensemble. J’en ai été choquée et j’ai essayé de trouver une façon d'arranger les choses. Mon fils était disposé à s'asseoir seul, mais pas moi.
Ce n’est qu’un problème parmi d'autres. On assiste à la même chose dans le sud des États-Unis, pour certains sièges.
J’essaie simplement de comprendre. Je sais que mon temps est écoulé.
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Excusez-moi, je suis en train de poser une question.
Savez-vous qui finance le gouvernement du Canada? Est-ce que quelqu’un le sait, des trois entreprises qui sont ici aujourd’hui?
Je suppose que vous ne le savez pas, mais laissez-moi vous dire que ce sont des citoyens canadiens, ces mêmes citoyens qui voyagent à bord de vos avions et qui, aujourd’hui, ont besoin d’un peu de soutien et de soulagement. Vous êtes en train d’imposer tous ces frais aux Canadiens. Si vous ne vous en souvenez pas, ce sont les Canadiens qui vous ont sauvés dans les moments difficiles.
Merci beaucoup de votre soutien et de votre attention à l’égard des Canadiens...
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Nous reprenons nos travaux.
Chers collègues, pour la deuxième heure, nous accueillons: Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada, par vidéoconférence; Mark Galardo, vice-président général, Chiffre d'affaires et Planification du réseau, et président, Fret; et David Rheault, vice-président, Relations avec les gouvernements et les collectivités.
Bienvenue à vous, messieurs.
Nous accueillons également M. Gábor Lukács, président du Droit des voyageurs.
Bienvenue. Nous sommes heureux de vous revoir, monsieur.
Nous allons commencer par les déclarations liminaires.
Monsieur Rousseau, vous avez cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Je me présente à vous dans la foulée des récents changements apportés à la grille tarifaire d’Air Canada.
Je suis accompagné de deux membres de l’équipe de direction d’Air Canada, soit Mark Gala, Chiffre d'affaires et Planification du réseau, et David Rheault, vice-président, Relations avec les gouvernements.
[Français]
Je suis désolé de ne pas vous parler en français. Je continue mes cours, mais, à mon âge, c'est difficile. Merci de votre compréhension.
[Traduction]
Avant d'entrer dans le détail de nos récents changements, il est important de souligner le contexte dans lequel ces changements sont intervenus, un contexte caractérisé par une vive concurrence sur le marché intérieur, sous la forme d'une baisse des prix, d'une multiplication des choix pour les passagers et d'une pression accrue sur les transporteurs pour qu’ils soient plus concurrentiels. Les changements que nous avons annoncés ont été et continueront d’être communiqués à nos clients avec la plus grande transparence.
La croissance de compagnies aériennes comme WestJet et Porter et l’arrivée de Flair ont profondément changé la dynamique du marché. Au cours des 10 dernières années, la proportion de liaisons intérieures desservies par trois transporteurs se livrant concurrence a plus que triplé pour atteindre 54 % en 2023, soit la même proportion qu’aux États-Unis. Il ne fait aucun doute que cette concurrence accrue a fait baisser les tarifs aériens.
Depuis 2011, selon une analyse d’Intervistas fondée sur les données de Sabre, le tarif moyen des vols intérieurs a diminué d’environ 20 % en dollars constants. Pendant la même période, le nombre de passagers des vols intérieurs a augmenté d’environ 27 %. Plus de gens voyagent, et ils paient leurs billets moins chers. Je vous rappelle que, selon Statistique Canada, le tarif intérieur moyen avait déjà diminué d’environ 35 % en dollars constants entre 1990 et 2001.
Dans ce contexte, les compagnies aériennes doivent adapter leurs offres pour répondre aux besoins changeants des passagers. Une partie de cette évolution, qui doit profiter aux passagers, a été le dégroupage des tarifs, grâce auquel les passagers peuvent acheter uniquement les services qui les intéressent.
Air Canada offre aujourd'hui une gamme d’options tarifaires adaptées à différentes préférences, comme les bagages enregistrés, les changements de billets, la capacité de se faire rembourser et les repas à bord. Les clients peuvent choisir les options qui leur importent le plus tout en permettant à Air Canada d’être un concurrent efficace. La modification que nous avons récemment apportée à notre tarif le plus bas, le tarif de base, qui n'englobe plus l'emport des bagages de cabine, représente un autre pas dans cette direction. Grâce aux outils en ligne et aux plateformes de comparaison des prix, il n’a jamais été aussi facile de magasiner les prix. Les consommateurs peuvent facilement identifier les tarifs les plus bas disponibles.
La véritable concurrence exige que les entreprises réagissent aux forces du marché. C’est exactement ce que nous faisons. Nous adaptons nos politiques relatives aux tarifs les plus bas en fonction de celles déjà offertes par nos concurrents — WestJet, Porter et Flair — pour être plus en mesure d'attirer des clients soucieux des prix. Ce faisant, Air Canada se trouve à uniformiser sa grille tarifaire pour que les consommateurs s'y retrouvent quand ils comparent les prix des différentes compagnies aériennes. Il convient de préciser que tous les autres types de tarifs d’Air Canada maintiennent la gratuité des bagages de cabine. Cette option est aussi incluse dans tous les types de tarifs, notamment les tarifs de base, sur tous les marchés autres que l’Amérique du Nord et les destinations soleil.
Le Comité souhaiterait poursuivre la discussion sur l’abordabilité. Je vous encourage à revoir vos recommandations précédentes, qui comprennent la tenue d'un examen de tous les coûts imposés par le gouvernement aux aéroports et aux compagnies aériennes et le réinvestissement, dans les infrastructures aéroportuaires, de tous les loyers perçus. À l’heure actuelle, les taxes et les frais imposés par le gouvernement représentent environ 30 % du tarif intérieur moyen. Si ces frais étaient réduits, cela ferait une différence notable pour les personnes voyageant au Canada.
Dans le contexte concurrentiel de l'heure, Air Canada doit s’adapter à la dynamique présente pour demeurer une option concurrentielle aux yeux des voyageurs. Les grilles tarifaires semblables d’autres transporteurs n’ont pas soulevé de préoccupations au Parlement. Les voyageurs ont tendance à accorder la priorité au plus bas prix annoncé, même si des frais supplémentaires font augmenter le coût final, et de petites différences dans les prix peuvent déterminer si nous restons dans la course.
Nous conviendrons probablement tous que la concurrence est le meilleur moyen d’offrir les meilleurs services et les meilleurs prix aux Canadiens. La concurrence permet aux clients de comparer des produits et laisser au marché le soin de décider de ce qui va réussir et ce qui sera rejeté. Pour demeurer concurrentiels, nous devons veiller à ce que nos tarifs soient comparables à ceux de nos concurrents tout en offrant aux voyageurs la possibilité de payer uniquement les services qu’ils apprécient.
Notre objectif est d’offrir des options abordables sans compromettre la qualité du service, en veillant à ce qu’Air Canada demeure un choix accessible et concurrentiel pour les voyageurs canadiens.
Nous sommes prêts à répondre aux questions.
[Français]
Merci.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, Droits des voyageurs est un organisme indépendant à but non lucratif composé de bénévoles voués à la responsabilisation des voyageurs. Nous parlons au nom des passagers que nous aidons quotidiennement dans leur lutte pour faire respecter leurs droits. Nous n’acceptons aucun financement du gouvernement ou des entreprises. Nous n’avons aucun intérêt commercial dans l’industrie du voyage.
Il fut un temps où les déplacements étaient simples. Nous achetions un billet dont le prix couvrait tous les aspects du voyage. Cette norme commerciale est codifiée dans la Loi sur les transports au Canada dont l’article 55 définit ainsi le prix de base: « montant le moins élevé à payer pour le transport aller, entre deux points situés au Canada, d’un adulte accompagné d’une quantité normale de bagages ». Le paragraphe 86(1) exige que l’Office des transports du Canada prenne des règlements pour permettre aux passagers de déterminer facilement le montant total à payer pour les services aériens qu’ils achètent.
Vous vous demandez à juste titre pourquoi, malgré un libellé législatif clair, les passagers canadiens font face à une myriade de frais surprises associés au transport aérien: des frais de sélection de sièges; frais d’enregistrement des bagages; frais pour les bagages de cabine et frais d’enregistrement à l’aéroport. Les frais surprises sont des tactiques commerciales trompeuses qui empêchent les passagers de déterminer aisément combien ils finiront par payer.
La décision des compagnies aériennes d’imposer des frais surprises est une mesure rationnelle visant à maximiser les profits compte tenu de politiques réglementaires mal avisées. Ce ne sont pas les compagnies aériennes qui sont à blâmer, mais le Cabinet qui a approuvé les décisions et la réglementation de l’Office, ou qui a omis de les modifier, ce qui a érodé les protections juridiques existantes contre les frais surprises. Qu’on ne s’y trompe pas: la responsabilité incombe au Cabinet, et non à l’Office.
L’Office doit obtenir l’approbation du Cabinet pour tout règlement qu’il prend. Aux termes de l’article 36 de la loi, l’Office ne peut pas unilatéralement prendre de règlements. De plus, le Cabinet a le pouvoir de modifier ou d’annuler toute décision, tout décret ou tout règlement pris par l’Office. La source de ce pouvoir est l’article 40 de la loi. Par exemple, le Cabinet a le pouvoir de réviser le Règlement sur la protection des passagers aériens, le RPPA, de sa propre initiative, en tout temps et sans devoir attendre des années que l'Office le fasse.
En ce qui concerne l’érosion des mesures de protection existantes contre les frais surprises, je soulignerai deux choses très intéressantes. Premièrement, en 2012, le Cabinet a approuvé des règlements obligeant les compagnies aériennes à annoncer le prix total d'un passage aérien. Hélas, elles ont estimé que le transport des bagages était un « service accessoire facultatif ». Ces dispositions figuraient initialement dans le règlement sur le transport aérien, mais elles ont été intégrées au RPPA sous le gouvernement actuel. Deuxièmement, en 2019, l’Office a exempté les transporteurs à très bas prix de se conformer aux exigences relatives au « tarif de base » énoncés dans la loi. Cette décision a permis à certaines compagnies aériennes de ne pas proposer de tarifs incluant la prise en compte des bagages. Le Cabinet n’est pas intervenu pour annuler ou pour modifier la décision de l’Office concernant ces exemptions.
Les compagnies aériennes n'ont pas enfreint la loi en imposant des frais surprises, c'est plutôt le manque de jugement du Cabinet qui leur a permis d’imposer ce genre de frais et de faire en sorte que cela leur rapporte énormément.
Il existe une façon simple de mettre fin aux frais surprises dans le transport aérien au Canada. Les dispositions du RPPA concernant la publicité sur les prix devraient être modifiées pour préciser qu’un article personnel, un bagage de cabine standard, le premier bagage enregistré et l’enregistrement à l’aéroport ne sont pas des services accessoires facultatifs. Tous les frais pour ces services doivent être inclus dans le prix total annoncé et proposé. Cela favoriserait également une concurrence loyale en permettant aux passagers de comparer plus facilement les tarifs offerts par différentes compagnies aériennes. Les compagnies aériennes seraient toujours libres d’offrir un rabais aux passagers qui décident en toute connaissance de cause de ne pas utiliser certains services.
Nous vous demandons d’exhorter le Cabinet à exercer rapidement les pouvoirs que lui confère l’article 40 de la loi en modifiant les dispositions du RPPA concernant la publicité sur les prix afin de mettre fin aux frais surprises exigés des passagers canadiens.
Merci.
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Merci, et je vous en suis reconnaissant.
Le Comité a la capacité de garder l’information confidentielle s’il le juge nécessaire. Ce pourrait donc être une solution, et c’est certainement ce que nous aimerions.
Revenons à la question des prix.
Je me dis aussi que la grande société que vous êtes, qui pèse un milliard de dollars, a forcément fait une analyse des prix, une analyse économique, pour déterminer l'effet que l’application de frais sur les bagages à main pourrait avoir sur les prix en général. Je ne pense pas que vous décidiez du prix d’un vol de Vancouver à Winnipeg sur un coup de tête.
WestJet nous a indiqué qu'il y avait 14 % d'écart entre son tarif Ultrabase et son tarif de base. Quelle sera la différence du tarif moyen d'un même vol entre le 2 et le 3 janvier?
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Nous sommes saisis d’une motion visant à demander tous les documents relatifs aux recettes découlant de la facturation des bagages de cabine ou les revenus projetés en conséquence.
Ai-je le consentement unanime?
Comme il n’y a pas d’objection, la motion est adoptée.
Merci beaucoup, monsieur Lawrence. Votre temps est écoulé.
Nous allons maintenant passer à M. van Koeverden, qui est en ligne.
Monsieur van Koeverden, vous avez la parole. Vous avez six minutes, monsieur.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs Lukács, Rousseau, Rheault et Galardo, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
Je voudrais commencer par faire un commentaire sur votre allocution d'ouverture, monsieur Rousseau, et sur votre apprentissage du français.
Je dois dire que je fais partie de ces gens qui, il y a trois ans, avaient été choqués de vous entendre dire que vous vous faisiez une fierté de ne pas parler français alors que vous aviez vécu à Montréal toute votre vie.
Votre incapacité à prononcer plus que quelques petites phrases en français aujourd'hui, sans compter la grande difficulté avec laquelle vous les avez prononcées, m'amène à me demander si votre engagement à apprendre le français est sérieux ou non.
Je ne veux pas vous manquer de respect, car je pense que tout le monde mérite le respect, mais le respect va dans les deux sens. Air Canada est une compagnie basée à Montréal, au Québec. Les Québécois s'attendent à ce que vous appreniez le français. Je me demande si vous êtes sérieux dans cette démarche.
Je tiens à remercier tous les témoins de s'être déplacés pour cette séance. Il est très important que les députés que nous sommes aient des choses à rapporter à leurs électeurs.
Je vais commencer par Air Canada. Je vais poser quelques brèves questions qui viseront à faire la comparaison entre vos chiffres et ceux que nous avons entendus de WestJet et des autres compagnies au cours de l'heure précédente.
Pouvez-vous nous dire, grosso modo, quel pourcentage de vos profits provient de ces frais auxiliaires et autres?
Comment établissez-vous ces frais chaque année? Qu’est‑ce qui entre dans cette catégorie?
Les autres compagnies aériennes nous ont parlé plus précisément des frais externes.
Mon collègue a mentionné certains des autres frais, comme la sécurité du transport aérien et les frais d’amélioration aéroportuaire. Les autres compagnies aériennes ont laissé entendre que, si le gouvernement pouvait réduire ces frais, cela permettrait aux voyageurs d'économiser. Nous savons aussi que les entreprises comme la vôtre ont des comptes à rendre à leurs investisseurs et qu’elles doivent montrer qu'elles font de l’argent.
Quelle garantie avons-nous que, si nous réussissons à convaincre le gouvernement de réduire certains de ces frais externes excessifs, les consommateurs profiteront des économies réalisées?
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Je tiens à répéter quelque chose que j’ai dit dans ma déclaration liminaire. Le tarif moyen au Canada a diminué de 5 % depuis 1990. Encore une fois, c’est une question de concurrence et d’investissement dans de meilleurs avions. Les Canadiens ont vu les prix baisser en dollars constants et corrigés pour l’inflation.
Cependant, pour revenir à ce que vous disiez, je dirais que le Canada a un modèle singulier. C’est un modèle d’utilisateur-payeur, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde et qui entraîne des prix plus élevés pour les passagers. Nous en parlons depuis des décennies. Malheureusement, rien n’a changé.
Je ne sais pas ce que mes concurrents ont dit au début de la réunion, mais il est certain que, si certains de ces frais diminuaient, nous devrions pouvoir attirer plus de passagers. Il est toujours bon pour tout le monde — pour les consommateurs et pour Air Canada — de remplir davantage les avions parce que cela favorise la baisse des tarifs.
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Merci, monsieur le président.
Je veux simplement remercier les témoins et aussi vous informer, monsieur le président, que j’aimerais donner une minute de mon temps à mon collègue M. Lawrence.
Ma question s’adresse au PDG d’Air Canada, M. Rousseau.
Monsieur Rousseau, nous savons que la réglementation gouvernementale, les frais et les taxes en général au Canada pèsent lourd sur les activités de nos compagnies aériennes. C’est l’une des raisons pour lesquelles il coûte plus cher de prendre l’avion au Canada que dans d’autres pays. C’est ce que nous avons entendu au cours de notre étude sur la concurrence dans les transports aériens, et c’est aussi ce que nous avons entendu aujourd’hui.
Seriez-vous d’accord pour dire que, lorsque les gouvernements imposent des taxes et des frais plus élevés aux compagnies aériennes, cela a pour conséquence d’augmenter le prix des billets pour le voyageur moyen?
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Merci, monsieur le président.
Je précise d'entrée de jeu qu'il n'y a rien là de différent par rapport à ce que je disais tout à l'heure au groupe de témoins précédent. C’est une question d’abordabilité. Autrement dit, vous devez rajuster vos coûts discrétionnaires en conséquence, dans l’intérêt du client.
Je vais commencer par l’aspect commercial. Personnellement — et je vais rejoindre en cela la teneur de la motion de M. Lawrence —, j'aimerais pouvoir jeter un coup d'œil sur votre bilan pour avoir une idée de vos dépenses et revenus, de votre ratio dette-revenus d'exploitation, de votre capital, des éléments opérationnels de votre bilan, de vos marges nettes sur les frais auxiliaires que vous facturez et de choses de cette nature.
J’ai vraiment de la difficulté à concevoir que, s'agissant d’abordabilité, le PDG d'une société puisse gagner 12 millions de dollars par an. Pourtant, les frais auxiliaires imposés aux clients sont loin d’être des coûts discrétionnaires.
Les charges gouvernementales sont de deux ordres: il y a les frais d’utilisation imposés aux contribuables, et les frais directs imposés à tout un secteur. Toutes ces charges peuvent être subventionnées par les contribuables canadiens ou être répercutées par le secteur du transport aérien sous la forme de frais d’utilisation. C’est aussi simple que cela.
Quant au « dégroupage », il consiste simplement à faire le tri des dépenses pour les identifier. Qui paie pour ces dépenses? Les usagers ou les Canadiens par le truchement de subventions?
Je vais maintenant parler du cirque parlementaire, de politique politicienne, pour reprendre les propos de nos collègues conservateurs. Aujourd'hui, leur rhétorique a consisté à décrire la situation en termes de charges sous la forme de la taxe sur le carbone. Grattons un peu plus. Excusez-moi de me répéter, mais je veux que vous compreniez une chose.
Dans votre secteur, ces frais constituent des coûts d’exploitation. La taxe sur le carbone est un coût lié aux changements climatiques. Encore une fois, on en revient à la prémisse de base voulant que, dans votre secteur, ces coûts soient couverts par des frais d’utilisation, ou qu’ils soient subventionnés par les contribuables canadiens. La taxe sur le carbone est soit payée par les pollueurs, soit subventionnée par les contribuables canadiens.
Encore une fois, qui paie? Franchement, n’est-ce pas là l’objet de la discussion d’aujourd’hui? S’agit-il d’une subvention financée par les contribuables canadiens ou de frais d’utilisation? Nous pourrions devoir tenir toute une série de réunions pour parler de tous les frais auxiliaires, des frais d’exploitation, du capital, de l’endettement et du reste. Tout se résume à une chose. Qui paie? Qu’est-ce qui est non discrétionnaire? Qu’est-ce qui est discrétionnaire?
Ma question porte sur la motion de M. Lawrence. C’est une question que j’ai posée au PDG de WestJet. Voulez-vous vraiment que nous allions au fond des choses? Si oui, alors, réglons la question. Asseyons-nous et examinons les états financiers du transporteur. Examinons vos revenus nets, vos profits nets. Prenons des décisions en fonction de ces coûts et de ces décisions discrétionnaires par opposition à des décisions non discrétionnaires, et trouvons d'autres solutions concernant la structure des frais d’utilisation par rapport à la structure subventionnée.
Air Canada serait-elle prête à cela, monsieur Rousseau?
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Merci, monsieur le président.
Après avoir entendu tout ce qui a été dit aujourd'hui, je pense qu'il est évident que la raison invoquée par Air Canada pour justifier cette mesure est la concurrence. Ses dirigeants disent qu'ils en ont besoin pour qu'Air Canada demeure comparable à ses entreprises concurrentes.
De mon côté, j'ai déjà exprimé mon désaccord envers cet argument. Air Canada est un chef de file. C'est cette compagnie aérienne qui donne le tempo dans l'industrie. Elle pourrait donc décider de niveler par le haut plutôt que de niveler par le bas, d'autant plus qu'elle a réalisé des bénéfices de 2,279 milliards de dollars en 2023 et de plus de 1 milliard de dollars au dernier trimestre. Air Canada n'est pas trop dans la misère.
Cela dit, monsieur le président, j'aimerais proposer la motion suivante et obtenir le consentement unanime du Comité pour son adoption:
Qu'Air Canada fasse part au Comité du nombre d'heures que M. Michael Rousseau, président et chef de la direction d'Air Canada, a consacré à l'apprentissage du français depuis 2021. La réponse devra être ventilée par semaine, mois et année.
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Merci, monsieur le président.
En fait, je me demandais la même chose au sujet de M. Rousseau. Quand j'ai commencé ce travail, il y a cinq ans, mon français était très limité, comme dans son cas. Je ne m'en vantais pas. Je suis fier de mon progrès, mais je sais qu'il me reste beaucoup de travail à faire. C'est important, au Canada, de travailler dans les deux langues officielles.
La question que je me pose au sujet de M. Rousseau est la suivante: combien de leçons suit-il chaque semaine pour améliorer son français? Pour cette raison, je suis d'accord sur la motion de M. Barsalou‑Duval.
Je félicite M. Rousseau de son progrès, mais je l'encourage à continuer.
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J’ai l’impression que deux questions différentes se sont enchevêtrées aujourd’hui dont l'une au sujet de la transparence des prix. Jusqu'à quel point est-il facile à un consommateur moyen, même naïf, qui achète un billet en ligne, d'établir le prix total de son voyage, de savoir combien il paiera à la fin? Tous ces frais supplémentaires empêchent en fait de savoir quel est le prix à payer au bout du compte.
Les compagnies aériennes pourraient accorder des rabais aux passagers qui n’ont pas de bagage à main ou de bagages enregistrés. Je n'y verrais aucun problème. C’est simplement la façon dont l’information est présentée aux consommateurs qui me préoccupe, sous l'angle des droits des passagers.
La deuxième question est celle du financement du transport aérien au Canada. Elle est une question importante, mais j’ai l’impression que nous nous écartons peut-être de la raison pour laquelle le Comité s’est réuni aujourd’hui. Pour ce qui est du modèle de financement, il y aurait certainement beaucoup à faire pour examiner la façon dont les aéroports sont financés. Le droit des aéroports de se moderniser est une question. Leur fonctionnement n'est soumis à aucune surveillance. Il y a longtemps que ces pouvoirs ont été transférés du gouvernement aux aéroports eux-mêmes, ce qui était une façon d’échapper à la responsabilité envers le public.
Cela dit, je suis également d’accord avec ceux qui se demandent d’où viendra l’argent. Quelqu’un, quelque part doit payer. Rien n'est gratuit. Quand des dirigeants de compagnies aériennes prétendent que certaines charges, qu’ils appellent taxes gouvernementales, devraient être réduites, le passager que je suis a envie de savoir qui va payer. J’ai un voisin à Halifax qui m’a dit ne pas avoir pris l’avion depuis 30 ans pour diverses raisons personnelles. Pourquoi devrait-il subventionner mes déplacements aérien? Comment pouvons-nous être équitables? Ce sont toutes des questions importantes. Du point de vue des passagers, cependant, voici la question qui se pose dans l'immédiat: comment se fait-il qu’en 2024, même si des lois encadrent la transparence des prix et même s’il y a des règlements, ces frais surprises existent toujours?
C’est un problème que le gouvernement pourrait et devrait régler très rapidement. Le gouvernement pourrait le faire d’un trait de plume par un simple décret du gouverneur en conseil, et je vous exhorte à le faire. Merci.
Chers collègues, si vous me le permettez, j’aimerais poser une question que j’ai reçue par le biais des médias sociaux, cela parce que j'ai diffusé nos débats en direct sur mes plateformes de médias sociaux. Je vais vous lire ce message, monsieur Rousseau, ainsi qu’à l’équipe d’Air Canada.
Nous voulons tous que le secteur aérien soit florissant au Canada. Nous voulons tous qu’il y ait de la concurrence. En théorie, la concurrence fait baisser les prix. Sur certaines liaisons, Air Canada est le seul fournisseur. Les gens qui prennent ces vols, de Montréal à Saint John par exemple — mais il y en a quelques-unes au pays —n’ont pas le choix et il n’y a pas de concurrence. Cela étant, ces frais additionnels pourraient leur nuire parce qu’ils n'auraient pas d'autre choix que de prendre un vol d'Air Canada.
Voici la question qui vient de m’être posée sur Facebook: La compagnie Air Canada a-t-elle songé à faire fi des frais pour bagages de cabine sur les routes où elle n'a pas de concurrents, afin de lisser la différence entre les régions rurales et les régions urbaines, différence qui est répandue au Canada?
La question s’adresse à vous, monsieur Rousseau, ou à quiconque est ici, en personne.
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Merci beaucoup, monsieur Rousseau. Nous avons hâte d’entendre ce que vous aurez à nous dire après avoir examiné la question, et nous pourrons peut-être l’inclure dans notre rapport.
Sur ce, je remercie tous les témoins pour leur participation à nos travaux d'aujourd’hui. Je remercie M. Lukács et les représentants d’Air Canada d'avoir contribué à cette étude très importante pour les Canadiens.
Je souhaite de joyeuses Fêtes à tout le monde.
Je tiens, par ailleurs, à remercier tout particulièrement notre greffière pour qui c'était la dernière réunion au comité TRAN. Nous vous souhaitons un franc succès dans vos futures entreprises.
Des voix: Bravo!
Le président: Sur ce, bon voyage, tout le monde.
La séance est levée.