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Un grand nombre de femmes autochtones ont assumé cette responsabilité et elles doivent avoir leur mot a dire sur les possibilités en matière d'éducation qui sont disponibles au sein de toutes les communautés dont elles font partie, afin de pouvoir pleinement exercer cette responsabilité. C'est un moyen pour elles de veiller à ce que les programmes scolaires, de même que les méthodes d'enseignement, soient adaptés à la culture autochtone et reflètent leurs besoins et leurs priorités.
L'AFAC adhère aux principes de I'apprentissage continu. Pour réussir dans la vie, nous savons qu'il faut constamment parfaire ses compétences, mettre ses propres valeurs à I'épreuve, évaluer ses capacités et s'exposer aux opinions actuelles.
L'accélération du progrès technologique et scientifique est I'une des raisons pour lesquelles I'apprentissage continu est devenu si important. Malgré la durée prolongée de la formation primaire, secondaire et universitaire (de 14 a 18 ans, selon Ie pays), Ie savoir et les compétences qui y sont acquis sont habituellement insuffisants pour établir une carrière professionnelle qui s'étend sur trois ou quatre décennies.
Soutien de base. Pour les femmes autochtones, il est essentiel d'avoir accès à des programmes d'apprentissage continu et de pouvoir s'y intégrer plus facilement. Cependant, un soutien de base est tout aussi indispensable que cet accès. Ceci concerne particulièrement les femmes monoparentales, les familles à faible revenu et ceux et celles vivant au sein de communautés rurales et éloignées, et dans les régions de l'Arctique. Le soutien de base lié à I'environnement comprend : des logements abordables pour les femmes autochtones (à I'intérieur et à I'extérieur des réserves), alloués en priorité aux mères monoparentales; une aide financière appropriée pour les frais de subsistance essentiels; et des garderies sécuritaires, fiables et faciles d'accès.
Pendant trop longtemps, les femmes autochtones ont eu à choisir entre pourvoir aux besoins de leur famille en occupant des emplois mal rémunérés ou se débrouiller et se priver pour arriver à joindre les deux bouts tout en poursuivant leurs études. En fait, bon nombre de femmes autochtones vivant dans la pauvreté doivent non seulement s'occuper d'elles-mêmes mais aussi prendre soin de parents âgés, élever leurs enfants ou encore soigner des proches malades, souvent avec un seul revenu. Ces conditions de vie ne sont pas idéales pour cultiver son estime de soi et atteindre ses objectifs en matière d'éducation.
Pour leur éviter d'avoir à faire ce choix, des démarches positives doivent être entreprises afin d'instaurer une culture d'apprentissage chez les communautés autochtones. Le fait d'apporter un soutien significatif motivera même les femmes réticentes à continuer leur apprentissage ou à parfaire leurs compétences. Un modèle de relations/partenariats réunit les communautés autochtones et Ie grand public pour la mise en place de partenariats communautaires qui soutiennent les besoins en matière d'apprentissage continu. Ce modèle favoriserait l'émergence d'une tendance à I'apprentissage continu et comblerait les lacunes de ceux et celles qui veulent améliorer leurs compétences ou en acquérir de nouvelles.
Recherche et élaboration de programmes d'études. Ce secteur doit mettre la culture autochtone au premier plan et reconnaître les méthodes d'apprentissage traditionnelles employées par les peuples autochtones. Les programmes scolaires mis en place de la maternelle jusqu'aux niveaux postsecondaires doivent inclure un enseignement culturel approprié et davantage de contenu précis sur I'histoire des peuples autochtones. Les femmes autochtones doivent participer à la recherche, à la conception, à I'élaboration et à la mise en oeuvre des programmes d'études, et ce, dans I'ensemble des institutions. L'intégration aux programmes d'études autochtones des rôles traditionnels des femmes autochtones au sein de la communauté doit être privilégiée davantage. En outre, les questions et les enseignements liés à I'égalité des sexes et à la création de relations positives entre les hommes et les femmes et leur vie de famille constituent une urgente priorité.
Des recherches additionnelles sur la problématique hommes-femmes sont grandement nécessaires pour définir tous les aspects des initiatives d'apprentissage continu. D'autres possibilités pourraient être envisagées, par exemple offrir un apprentissage reconnu dans Ie milieu de travail et permettre aux programmes d'inclure des stages menant à des occasions d'avancement pour les femmes. Ces approches confèrent aux femmes autochtones la souplesse dont elles ont besoin pour atteindre leurs objectifs d'apprentissage continu.
Durabilité et renforcement des capacités. Les jeunes Autochtones forment Ie groupe qui connaît la plus forte croissance parmi la population canadienne. Ainsi, en injectant des fonds dans les domaines de I'éducation, du perfectionnement des compétences et de la formation pour les métiers spécialisés, Ie vide que connaît Ie marché du travail pour les professionnels et les travailleurs spécialisés sera comblé.
Il y a d'autres façons d'assurer la durabilité de l'apprentissage continu. Premièrement, il faudrait convertir en priorité les établissements d'enseignement autochtones en établissements publics afin qu'ils puissent avoir accès aux systèmes de financement que procurent les gouvernements provinciaux. Deuxièmement, il faudrait une programmation incitative qui propose des accords de rémunération pour les étudiants diplômés. Troisièmement, il faudrait des possibilités d'emploi au sein des communautés pendant certaines périodes pour aider à appuyer les demandes de financement et de développement des ressources humaines.
En ce qui concerne les autres facteurs essentiels, le gouvernement fédéral doit clairement définir le soutien qu'il entend offrir et fournir des ressources financières adéquates pour le transfert du contrôle de l'éducation aux établissements d'enseignement administrés par des Autochtones. La politique gouvernementale doit soutenir les établissements d'enseignement autochtones et les programmes éducatifs à tous les niveaux, que ce soit au niveau primaire, secondaire ou postsecondaire.
Les gouvernements doivent reconnaître que l'apprentissage se fait grâce à de nombreuses méthodes non traditionnelles et offrir aux femmes autochtones une aide suffisante pour qu'elles puissent avoir accès à ces possibilités de la façon qui convient le mieux à chacune. Les chercheurs chevronnés reconnaissent la validité du savoir traditionnel et sa capacité à combler les lacunes dans les connaissances occidentales et scientifiques.
Les femmes autochtones doivent se voir accorder un rôle égal en matière de prise de décisions, à tous les échelons de l'éducation, de la gouvernance à la réforme des politiques. Les femmes autochtones doivent participer à l'élaboration et au maintien de partenariats avec les autorités publiques, les fournisseurs de services d'éducation, le secteur des affaires, différentes associations, les services d'orientation et les centres de recherches.
Les systèmes d'éducation et de formation doivent reconnaître les compétences acquises non seulement de la manière traditionnelle, mais aussi dans des contextes informels non traditionnels. Cela doit être accepté par le gouvernement et les partenaires du milieu éducatif. Les lois et les politiques gouvernementales doivent adopter une approche où les compétences peuvent être reconnues, peu importe comment elles ont été acquises. Les compétences acquises au travail doivent être évaluées et potentiellement reconnues de la même façon que les connaissances acquises dans des établissements officiels.
Les transferts fédéraux aux provinces et aux territoires doivent être augmentés afin de soutenir les programmes éducatifs et de rendre l'apprentissage continu accessible, aux personnes autochtones par exemple, qu'elles vivent dans les réserves ou à l'extérieur.
Les programmes éducatifs, de la maternelle aux niveaux postsecondaires, doivent être améliorés pour inclure un contenu autochtone historique et culturel approprié. Les femmes autochtones doivent faire partie intégrante des activités de recherche, de conception, d'élaboration et de prestation des programmes d'études dans l'ensemble des établissements.
Je vais maintenant passer aux recommandations.
Il faut offrir aux Autochtones des taux hypothécaires encourageants, par l'entremise de la Société canadienne d'hypothèques et de logement ou de partenariats avec des banques commerciales fédérales, en particulier aux femmes autochtones qui retournent à l'école et obtiennent leur diplôme.
Il faut doter en priorité les communautés nordiques éloignées et les communautés de l'Arctique d'un accès à des lignes téléphoniques, à des connexions Internet ou à du matériel, et il faut leur fournir des ressources comme le mentorat et l'encadrement pour que l'apprentissage puisse se faire à la maison et au sein des communautés.
Le gouvernement fédéral doit établir des centres d'apprentissage pour les femmes autochtones qui répondent aux choix et aux besoins locaux. Chaque centre doit disposer de ressources suffisantes pour créer des programmes comportant un accès à l'information, aux technologies et aux outils d'apprentissage nécessaires, de la formation autonome et par modules, de la formation à distance au moyen de conférences vidéo et des sites Web communautaires.
En conclusion, ce serait négligent de ma part de ne pas mentionner la violence raciale, sexuelle, dont ont été victimes les femmes autochtones dans l'ensemble du pays. Une étude d'AINC réalisée en 1996 montre que le taux de mortalité liée à la violence est cinq fois plus élevé chez les femmes autochtones que chez les autres femmes canadiennes âgées de 25 et 44 ans. La corrélation entre pauvreté et violence a été établie, et la principale raison expliquant pourquoi les femmes autochtones continuent d'être aux prises avec la pauvreté a trait au manque d'éducation. Les taux de violence élevés que connaissent les femmes autochtones ont hors de tout doute des effets négatifs sur les jeunes et les enfants, et les cycles de la violence continuent de se perpétuer.
Le manque d'éducation crée de la pauvreté, et la pauvreté engendre souvent la violence. Ce n'est qu'en arrivant à prendre leur place grâce à une éducation adéquate que les femmes autochtones pourront obtenir le respect qu'elles ont toujours eu dans les communautés traditionnelles et voir aussi respecté leur rôle au sein de leur famille, de leur communauté et de leur première nation. Une meilleure éducation permet d'obtenir un travail au sein des communautés, ce qui à son tour permet d'améliorer sa qualité de vie.
Nous savons que vous reconnaissez, tout comme nous, que les femmes autochtones scolarisées fournissent un appui plus que nécessaire à l'éducation de toute la famille, que l'éducation des femmes et des jeunes filles est essentielle au développement des communautés, et que les gains obtenus par les femmes profitent à tous.
Meegwetch.
Merci.
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Permettez-moi de vous remercier ainsi que les membres du comité d'avoir pris la décision de vous pencher rapidement au cours de cette session du Parlement sur l'éducation des Autochtones. Je sais que c'est une priorité du nouveau gouvernement, et aussi un grave sujet de préoccupation pour tous les chefs autochtones, pour l'ensemble de nos organisations et de nos collectivités.
Nous ne disposons pas de beaucoup de temps aujourd'hui, aussi j'aimerais me concentrer sur certaines questions importantes afin d'amorcer un nouveau dialogue entre nous, c'est-à-dire les représentants des peuples autochtones et les représentants de la structure politique officielle du gouvernement du Canada. Mais avant de commencer, j'aimerais vous dire deux mots au sujet du Congrès, de notre mission et de nos membres.
Certains d'entre vous peuvent penser que les vrais membres des Premières nations sont ceux qui ont un certificat de statut d'Indien, qui appartiennent à des bandes assujetties à la Loi sur les Indiens et qui sont représentés par l'Assemblée des Premières nations. Mais c'est faux. En effet, le Congrès représente les intérêts d'autant, sinon plus, de peuples des Premières nations de toutes les régions du pays que tous ceux qui peuvent voter pour le chef national de l'APN.
Les membres appartiennent à la fois à l'APN et au Congrès. J'aimerais que nous soyons plus ouverts et plus coopératifs dans l'exercice de cette obligation commune. Nous respectons le mandat de l'APN et son rôle, et nous demandons seulement que l'on respecte le nôtre. J'invite tous ceux d'entre vous qui auraient des questions à ce sujet de simplement l'aborder directement avec nous aujourd'hui. Ensuite nous pourrons passer au sujet de l'éducation.
Il se peut que certains d'entre vous pensent aussi que les seuls vrais Métis au Canada sont ceux qui font partie de la nation Métis qui se trouve dans les prairies et qui est affiliée au Ralliement national des Métis. Je le répète, cette vision est sans fondement. Le Congrès accueille des représentants élus des collectivités Métis de même que des peuples qui vivent au Labrador, au Québec, en Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Nous avons conclu un protocole d'entente avec les seuls Métis ayant une assise territoriale dans le pays, c'est-à-dire en Alberta.
Je vous invite également à vous reporter à la documentation que nous vous avons fournie à titre de pièce jointe au présent exposé. Ces documents vous donnent un aperçu des peuples autochtones, y compris de nos membres. Cela pourra également vous permettre de mieux comprendre les distinctions parfois subtiles, les différences et les frontières qui séparent les peuples autochtones, même lorsqu'ils font partie de la même famille.
Et cela pourra également vous aider à comprendre pourquoi les approches adoptées actuellement dans le domaine de l'éducation des Autochtones sont vouées à l'échec. Les documents que nous vous avons distribués vous présentent également une analyse poussée de même que des recommandations sur les questions entourant l'éducation des Autochtones, de la petite enfance jusqu'au postsecondaire, de même que sur l'apprentissage continu. Je reviendrai sur les faits saillants de ces recommandations lorsque je vous ferai part de ce que je considère comme les questions les plus importantes sur lesquelles ce comité devrait se pencher.
Premièrement, il est important de vous rappeler notre vision. Vous avez entendu dans d'autres exposés, notamment ceux qui vous ont été présentés dans le cadre de la Commission royale sur les peuples autochtones, de même qu'en prenant connaissance de nombreuses études et rapports comment les peuples autochtones considèrent l'éducation comme une expérience d'apprentissage continu et holistique qui embrasse toutes les facettes de notre existence — non seulement de la maternelle jusqu'à la douzième année et au niveau postsecondaire, mais de la petite enfance jusqu'à la vieillesse. Une expérience qui englobe non seulement des objectifs scientifiques ou économiques à l'occidentale, mais aussi les valeurs traditionnelles, la croissance spirituelle, la survie culturelle et linguistique; et qui vise non seulement un type de personne ou de groupe autochtone défini arbitrairement par des critères extérieurs, mais tous nos peuples.
Cette approche holistique n'est pas moins importante pour les peuples autochtones vivant à l'extérieur des réserves dans les zones urbaines, rurales et éloignées que pour ceux qui vivent à l'intérieur des réserves ou dans le grand nord. Au contraire, elle est souvent encore plus importante étant donné que ces peuples disposent de bien peu de moyens de défense contre les deux menaces de la société canadienne moderne: l'assimilation et la discrimination.
Parlons franc. À part quelques écoles à l'extérieur des réserves administrées par des conseils scolaires autochtones, comme à Winnipeg, les établissements qui accueillent les étudiants autochtones dans les régions urbaines ou rurales sont réduites à leur plus simple expression, souvent symboliques et même parfois entièrement inexistantes. Par conséquent, notre vision de l'enseignement holistique, d'abord et avant tout, est fondée sur la nécessité de traiter notre peuple, nos nations et nos collectivités comme elles devraient l'être, c'est-à-dire en tant que peuples fondateurs de ce pays, ne méritant pas moins de respect et de soutien que les deux autres nations fondatrices.
Notre vision ne prétend pas que le statut accordé en vertu de la Loi sur les Indiens apporte une contribution quelconque sur le plan des besoins éducatifs, parce qu'il ne le fait que de manière indirecte et négative. Notre vision ne consiste pas à prétendre que les provinces peuvent ou veulent adhérer aux principes autochtones sur la culture et l'enseignement et l'apprentissage communautaire, ou les accueillir favorablement, du moins pas sans la participation claire et vigoureuse du gouvernement fédéral, sans son leadership et son aide financière — parce que cela ne fonctionnera pas.
Enfin, notre vision consiste à collaborer avec vous, en tant que parlementaires, afin d'amener le Canada à un point où notre avenir en tant que peuples autochtones sera assuré, non seulement sur le plan économique mais aussi spirituel, culturel et communautaire. Afin d'atteindre ces objectifs, nous avons établi un ensemble de recommandations précises.
Nous recommandons la création d'un centre national des Autochtones en matière d'éducation et de formation. Tous les étudiants autochtones, de la petite enfance jusqu'à l'âge adulte, ont besoin d'une institution de soutien intégrée à l'échelle nationale pour aider les collectivités, les écoles, les universités et les organismes chargés du perfectionnement des compétences afin qu'ils offrent la meilleure éducation permanente possible.
Un centre national qui comblerait les lacunes qui existent entre le développement de la petite enfance, la maternelle à la douzième année, le niveau postsecondaire et la formation des adultes, est nécessaire et ce centre devrait exister indépendamment de la notion de statut et de résidence.
Nous recommandons l'octroi d'une aide financière spéciale pour l'enseignement postsecondaire. Les Métis et les membres des Premières nations vivant hors-réserves n'ont pour ainsi dire aucun accès au financement de 300 millions de dollars offert par le ministère des Affaires indiennes pour le programme d'aide au postsecondaire. Les provinces n'offrent aucune solution de rechange et le seul recours est celui des bourses offertes par les collectivités qui sont très difficiles à obtenir. La discrimination doit cesser.
Un fonds d'aide nationale pour les Premières nations et les Métis vivant hors-réserves devrait être mis sur pied et bénéficier d'un investissement du gouvernement fédéral et de mesures d'encouragement de la part des provinces et territoires, du secteur privé et des organisations sans but lucratif.
Nous recommandons que l'on fixe des objectifs clairs pour les Premières nations et les Métis vivant hors-réserves. Des objectifs de réussite calqués sur les normes nationales doivent être fixés, et le financement accordé devrait être suffisant pour rendre ces objectifs accessibles.
Nous recommandons la formation en matière d'équité et de perfectionnement des compétences de même que la formation liée au marché du travail. L'accès au développement des compétences est très inégal dans ce pays, et plus particulièrement pour les membres des Premières nations et les Métis vivant hors-réserves à l'extérieur des prairies. Tous les groupes autochtones nationaux doivent être des partenaires égaux et des décisionnaires dans le cadre des programmes de formation des adultes tenus de rendre des comptes. Ce principe a été maintenu par la Cour fédérale, mais Ressources humaines et Développement des compétences Canada continue néanmoins de ne pas en tenir compte.
Nous recommandons la séparation des aspects politiques et de l'expertise en matière d'éducation. Il faut créer un nouvel équilibre entre l'expertise en matière d'éducation et de formation et la responsabilité dans les collectivités. Trop de décisions ayant une incidence sur l'éducation et la formation sont prises pour des motifs politiques à courte vue. Le favoritisme est également trop souvent présent. Les autorités responsables de l'éducation et de la formation doivent permettre aux collectivités, par l'entremise de leurs chefs, d'établir des orientations générales et de fixer des budgets sans intervenir dans les domaines de compétence ou sans nuire aux programmes de soutien axés sur le mérite ou sur les besoins.
Voici des questions importantes pour ce comité. Ces recommandations mettent en lumière la direction dans laquelle nous voulons aller, mais pour atteindre notre objectif il nous faut d'abord régler certaines questions stratégiques fondamentales, des questions qui vont bien au delà du remaniement des lignes directrices des programmes existants ou des formules de financement.
En terminant, j'aimerais vous demander trois choses. Premièrement, j'aimerais vous demander de formuler un énoncé décrivant ce que le comité considère comme son obligation de représentant envers les peuples autochtones concernant l'éducation et la formation continue.
Le Parlement assume sa part de la relation au sens large de fiduciaire de la Couronne envers les peuples autochtones, mais la simple reconnaissance d'une vague obligation de fiduciaire ne nous avance pas beaucoup pour ce qui est de juger des mérites et des orientations des mesures léglislatives proposées ou axées sur les programmes. Par conséquent, un énoncé clair et précis des obligations à part de ce Parlement serait beaucoup plus utile.
Deuxièmement, j'inviterais les membres du comité à examiner la situation de la discrimination qui existe dans les programmes d'enseignement fédéraux pour les Autochtones et par cela je veux dire la discrimation pour des motifs arbitraires et futiles tels que le staut en vertu de la Loi sur les Indiens. Je pense que vous découvrirez, comme nous l'avons fait nous-mêmes, que cette discrimination est pour beaucoup responsable de l'échec lamentable et inacceptable des actuelles politiques sociales et éducatives, qu'elles relèvent du gouvernement fédéral ou provincial.
Enfin, le comité devrait s'interroger et examiner en profondeur le rôle que les gouvernements autochtones et la responsabilité démocratique à l'égard de toutes les personnes concernées peuvent et doivent jouer dans l'amélioration des résultats que nous souhaitons tous voir.
Pour ce qui est du Congrès, le moment est venu de mettre fin aux formes de gouvernance autochtones arbitraires et inefficaces. Certains comités de bibliothèques confessionnelles font preuve d'une plus grande responsabilité et de meilleures capacités à cet égard. Le moment est venu de prendre au sérieux la reconnaissance des autorités autochtones en matière d'éducation, et de faire en sorte qu'elles aient l'obligation de rendre des comptes d'une manière approfondie.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre exposé d'aujourd'hui.
J'aimerais revenir à l'aspect des compétences parce qu'il me semble que c'est extrêmement troublant. Dans ma province, la Colombie-Britannique, il y a énormément d'étudiants autochtones dans les écoles de la province. Dans une école de ma circonscription, une école primaire, près de 60 p. 100 des élèves sont autochtones. Donc il est clair que nous assumons une compétence à l'échelon provincial sur l'éducation des enfants qui vivent à l'extérieur des réserves.
Dans le passé, lorsque le gouvernement fédéral a canalisé des fonds pour des initiatives particulières, qu'elles visent des Autochtones ou des non-Autochtones, les provinces se sont opposées fermement aux mécanismes de reddition des comptes. Nous pouvons remonter jusqu'aux ententes de 2001 et ainsi de suite, et dans ma province, il y a eu deux ententes séparées sur les garderies. Ces ententes ont entraîné la réduction du nombre de places en garderie, et ce, même si l'aide financière du gouvernement fédéral était censée en créer davantage. Je crois comprendre qu'une partie des sommes destinées, en théorie, au logement pour des personnes autochtones vivant à l'extérieur des réservres sera en fait utilisée pour construire des maisons pour des non-Autochtones.
Donc les questions de compétences sont un problème que même les experts constitutionnels n'arrivent pas à résoudre, mais je pense qu'une solution simple voulant qu'il suffise de se réunir avec des représentants du gouvernement fédéral, des provinces et des organisations autochtones pour discuter de la question est illusoire. Il nous faut quelque chose de plus concret. Si vous voulez que le gouvernement fédéral commence à s'immiscer dans le territoire des provinces en matière d'éducation, je pense que vous allez devoir nous fournir davantage de justifications à cet égard.
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Merci de vos commentaires et de votre question.
Pour en revenir à votre commentaire, je n'ai jamais eu honte d'être qualifié de radical ou non. En tant que jeune chef — le plus jeune chef de ce pays, à l'échelle nationale en tout cas — je peux vous affirmer qu'il est temps que les choses bougent. Personnellement, j'en ai par-dessus la tête de la rhétorique. Cessons de parler, et commençons à agir. Nous avons assez parlé.
Deuxièmement, pour ce qui est de Kelowna, oui, vous avez raison, nous faisions partie des cinq organisations autochtones nationales reconnues par le gouvernement fédéral qui se sont réunies à Kelowna. Bien entendu, nous sommes en accord avec les objectifs qui sont ressortis des discussions de Kelowna. Cependant, lorsque nous avons quitté les réunions en novembre dernier, nous étions un peu perplexes parce que le deuxième jour, on nous a remis un document montrant la répartition des fonds investis, et nous avons vu que le total se chiffrait à 5,1 milliards de dollars.
Nous avons toujours pensé que, pour commencer, ces crédits n'ont jamais été votés au Parlement aussi, selon nous, il s'agit toujours de chiffres virtuels. Deuxièmement, il ne s'agit pas seulement d'associer des sommes d'argent à des problèmes pour leur trouver une solution; il faut également établir une collaboration entre les divers ordres de gouvernement de même qu'au sein de nos organisations autochtones également.
Mais le fait est qu'après 18 mois de ce processus, on s'aperçoit que le gros du financement sera consacré aux Indiens inscrits qui vivent dans les réserves. Je n'ai rien contre, parce qu'il existe des problèmes sérieux dans les réserves. Nous avons également réclamé l'élimination de la Loi sur les Indiens, mais je pense qu'il s'agit là d'un autre sujet de discussion. Mais lorsqu'on veut cibler un problème, il faut le cibler sous tous les angles.
Je vais vous donner l'exemple d'une situation de violence conjugale, que faut-il faire dans une telle situation? Faut-il donner des ressources à l'homme pour qu'il puisse obtenir du counselling ou alors faut-il plutôt donner des ressources à la femme pour qu'elle-même puisse obtenir du counselling? Si vous choisissez l'une ou l'autre option, cela ne règlera pas le problème, parce qu'il y en aura toujours un des deux qui sera laissé pour compte. Mais si vous offrez des ressources aux deux afin qu'ils puissent obtenir du counselling, alors vous faites un pas dans la bonne direction et vous avez des chances de régler le problème.
C'est un peu la même chose avec Kelowna. Si on décide de s'attaquer à la pauvreté chez les Autochtones, il ne faut pas se limiter à ceux qui vivent dans les réserves. Il faut au contraire cibler la majorité de la population autochtone qui à l'heure actuelle habite à l'extérieur des réserves. Soixante-dix-neuf pour cent de la population autochtone de ce pays vit à l'extérieur des réserves. Comme je l'ai mentionné auparavant, 51 p. 100 des Indiens inscrits vivent également à l'extérieur des réserves. Ce ne sont pas nos chiffres, ce sont ceux de Statistiques Canada.
C'est la raison pour laquelle nous étions un peu déconcertés lorsque nous avons quitté Kelowna. C'est évident que nous souhaitons cibler la pauvreté, mais il faut faire en sorte de donner une chance à tout le monde d'obtenir les ressources qui existent en vue de régler ces problèmes.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre exposé, monsieur Brazeau.
Lorsque les représentants du ministère des Affaires indiennes sont venus nous entretenir de la population autochtone lors d'une précédente réunion du comité, nous avons entendu ce qui nous semble un message contradictoire. Par exemple, 60 p. 100 des Autochtones vivent dans les réserves et cette tendance est à la hausse. Deuxièmement, en ce qui concerne le financement des études post-secondaires à l'extérieur des réserves, je crois comprendre que, du moins en Saskatchewan et dans certaines autres régions également, bon nombre de programmes de financement des études postsecondaires dans les réserves accordent une aide financière sans égard au lieu de résidence. Je sais que cela s'est produit. Il existe du financement pour les études postsecondaires à l'extérieur des réserves. Est-ce que cette aide financière est suffisante? Non, elle ne l'est pas. Je suis d'accord avec vous sur cette question. Faut-il améliorer les mécanismes de financement? Absolument.
Je suis heureux que vous ayez précisé que les cinq organisations nationales étaient présentes à Kelowna.
Pour ce qui est de l'aide financière, lors d'une réunion du comité des finances, un haut fonctionnaire fédéral a déclaré que l'on disposait des sommes nécessaires. Malheureusement, le gouvernement a décidé d'emprunter une autre voie.
Il semble encore difficile de surmonter les problèmes et d'aller de l'avant. Je reconnais que votre suggestion est intéressante. Et je fais partie de ceux qui aimeraient voir des changements radicaux s'opérer. Comment faut-il s'attaquer aux obstacles que nous devons affronter aujourd'hui afin de régler les problèmes que ces étudiants affrontent dans leur vie quotidienne? Il y a là des besoins pressants.
Les Métis de la Saskatchewan affirment représenter tous les Métis, peu importe s'ils habitent dans les réserves ou à l'extérieur des réserves. Les Premières nations de la Saskatchewan affirment la même chose. Que pensez-vous de la transférabilité des droits issus des traités dans ce contexte? Comment procéderiez-vous pour rapprocher ces points de vue?
Malheureusement, je vous donne surtout des exemples qui se retrouvent dans le contexte de la Saskatchewan. Vous n'avez pas vous-mêmes mentionné la Saskatchewan auparavant en ce qui concerne les organisations régionales.
Par quoi commenceriez-vous pour rapprocher les points de vue divergents, de manière à pouvoir vous attaquer le plus rapidement possible à certains des problèmes que nous devons affronter quotidiennement?
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Pour ce qui est de la situation financière de cette année, nous sommes heureux parce qu'il s'agit de la première étape en vue de la reconnaissance des membres que nous défendons.
Pour ce qui est d'avoir des discussions avec le gouvernement fédéral afin qu'il augmente le financement pour ceux qui habitent à l'extérieur des réserves, oui il est clair que nous en avons. De fait, durant la campagne nous avons adressé à ce gouvernement une série de dix questions, essentiellement, et il nous a répondu en indiquant qu'il envisageait de procéder à une révision complète des dépenses de l'AINC de manière à obtenir une répartition plus équitable du financement pour les populations vivant à la fois dans les réserves et à l'extérieur des réserves. Nous tenons déjà ces discussions avec le ministre Prentice.
Pour ce qui est de vos commentaires précédents comme quoi nous n'avons pas mentionné la Saskatchewan dans la liste de nos membres affiliés du Congrès des peuples autochtones, vous avez bien fait vos devoirs; il est vrai qu'actuellement nous n'avons aucune organisation affiliée dans la province de la Saskatchewan. C'est parce qu'il y a quelques années — je ne veux pas entrer trop dans les détails — nous sommes tombés sur des organisations peu responsables et, pour ma part, en tant que jeune chef, je ne veux rien avoir à faire avec de telles organisations. Vous comprendrez sûrement ce que je veux dire par le manque de responsabilité, et les discussions entourant le soi-disant manque de responsabilité des peuples autochtones, alors qu'en fait, c'est parfois le cas et parfois non.
Nous avons entrepris des pourparlers sérieux avec des groupes souhaitant s'affilier avec le Congrès, certains parce qu'ils ne trouvent pas qu'ils sont bien représentés par l'APN et d'autres, parce qu'ils ne sont pas bien représentés à leur avis par le RNM, et que c'est justement la mission de notre organisation. Maintenant, comment régler ce problème — malheureusement, je ne vois pas trop comment on pourra y arriver, mais il reste que nous faisons toujours des efforts — et pour y arriver, il faut travailler avec les autres organisations et ne pas en faire une question de compétence. C'est plutôt une question qui concerne la population, et c'est notre raison d'être justement — la population.