Comme vous l'avez mentionné, je comparais ce matin au nom de la Fondation nationale des réalisations autochtones, qui s'intéresse aux possibilités d'éducation pour les jeunes des Premières nations et des peuples métis et inuits.
Je connais suffisamment la vie politique pour savoir que vous subissez beaucoup de pression en tant que députés — vous devez répondre aux demandes de vos électeurs et du caucus et aux gens qui vous demandent un peu de votre temps; vous devez être présents en Chambre et vous avez bien entendu votre vie personnelle. Il serait tellement naturel et facile pour vous de considérer la présente séance comme une autre séance où on étudie un autre problème à régler parmi tant d'autres. Cependant, j'espère vous convaincre de l'importance du sujet d'aujourd'hui, mais je sais au fond que vous l'êtes déjà. Je vous demande de ne pas abandonner tant que vous n'aurez pas observé les résultats de vos efforts.
Il y a 20 ans, j'ai siégé pendant un an à votre comité en tant que membre d'office. J'ai pu voir ce qui peut se produire lorsque les membres du comité se concentrent sur un sujet primordial et qu'ils arrivent à un consensus peu importe l'idéologie de leur parti. Au lieu de faire valoir d'autres points de vue au sein du comité, ils font plutôt part des recommandations du comité à leur caucus. Grâce à un rapport, qu'on en est venu à appeler le rapport Penner, nous avons réussi à obtenir le consentement unanime de tous les partis représentés à la Chambre. J'espère qu'il en sera de même en ce qui concerne cette étude sur l'éducation post-secondaire.
Ce qui me préoccupe en tant que présidente directrice-générale de la fondation, c'est l'éducation ou plus précisément la réalisation du plein potentiel de nos jeunes. L'éducation implique la réalisation du potentiel d'une personne. L'un des plus grands échecs du Canada, c'est de ne pas avoir réussi à faire en sorte que les jeunes des Premières nations et des peuples métis et inuits puissent réaliser leur plein potentiel.
Nous n'avons pas besoin de la présente étude pour constater l'ampleur du problème ni l'écart qui existe, en raison de ce qui s'est produit dans le passé, entre les jeunes autochtones et les autres jeunes canadiens. Je ne vais pas vous accabler aujourd'hui avec de multiples statistiques, car nous savons bien que toutes les comparaisons que je pourrais faire seront troublantes. Nous savons que près de la moitié de nos jeunes ne possèdent même pas un diplôme d'études secondaires, contrairement à 31 p. 100 des jeunes canadiens. Nous savons que si nous avions le même pourcentage de diplômés universitaires qu'au sein de la population canadienne, nous compterions 72 000 diplômés autochtones de plus qu'à l'heure actuelle. Voilà l'écart qui existe. Chez les Inuits, il manque 3 600 diplômés universitaires pour atteindre le même taux enregistré au sein de la population en général.
Bien que les causes des problèmes soient évidentes et assez bien connues, les avantages qu'on peut tirer de l'investissement, de l'intervention et des partenariats ne sont pas aussi clairs. J'étais heureuse d'entendre, le 28 septembre à l'Université Queen's, le , affirmer que l'éducation post-secondaire contribue en grande partie à notre réussite en tant que pays. Il a parlé de la nécessité d'un financement prévisible et à long terme de l'éducation post-secondaire.
:
Il a donc parlé de la nécessité d'assurer un financement prévisible et à long terme de l'éducation postsecondaire et de former nos futurs chercheurs, scientifiques et innovateurs. Il a aussi souligné la grave pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, le besoin d'une meilleure coopération entre les gouvernements et la nécessité d'éliminer les obstacles à la poursuite d'études supérieures. Ces commentaires au sujet de l'importance de l'éducation postsecondaire pour l'avenir du Canada sont tout aussi importants, sinon davantage, pour l'avenir des premières nations, des Métis et des Inuits.
Bien qu'il s'agisse d'un défi de taille, nous devons faire ce que nous pouvons durant la présente génération. Ce pourrait être l'héritage que léguera ce comité à l'ensemble du Canada.
Je peux vous dire d'après mon expérience, en tant qu'élève dans une réserve, de la première année jusqu'à l'école secondaire, en tant que parent d'un élève, en tant que chef élu de ma communauté, en tant que personne déterminée à changer la situation au Canada et maintenant en tant que présidente et directrice-générale de la fondation, que la réussite ne se produit pas toute seule. Il faut de la détermination, beaucoup de travail et de la ténacité. Il faut aussi de la collaboration, et j'espère que le comité voit la fondation comme un organisme qui détient la capacité de concrétiser les changements qu'il souhaite.
Notre mandat est d'encourager et d'aider les jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits à convertir leur énorme potentiel et leurs rêves en réalisations concrètes en vue de leur assurer un avenir prometteur. Nous voulons qu'ils puissent faire profiter leur collectivité, le Canada et le reste du monde de leurs talents.
Quel est notre objectif? Offrir des bourses à nos jeunes pour qu'ils puissent poursuivre leurs études. Nous attribuons des bourses dans divers domaines : l'éducation postsecondaire, la santé, les beaux-arts et la culture. Nous obtenons des fonds du secteur public — c'est-à-dire du gouvernement — et du secteur privé, que nous investissons judicieusement pour obtenir le plus de résultats tangibles et intangibles possible.
La fondation est un organisme de bienfaisance national enregistré et elle est la seule organisation au Canada qui appuie l'éducation des jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits. Nous recevons aussi des fonds de la part d'entreprises, des premières nations et de nos organismes ainsi que des gouvernements fédéral et provinciaux. Souvent, nous nous servons des fonds obtenus auprès d'un secteur pour amener un autre secteur à contribuer. Nous sommes fiers d'administrer également plus de 14 millions de dollars versés dans des fondations et des fiducies, dont nos jeunes sont les bénéficiaires. Après le gouvernement fédéral, nous sommes la plus importante organisation qui soutient l'éducation des jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits.
Depuis 1988, la fondation a attribué 23,5 millions de dollars en bourses. Pour vous donner une idée, je vais vous citer les chiffres de l'an dernier, c'est-à-dire l'année 2005-2006. Nous avons reçu 1 129 demandes et nous avons versé des bourses à 83 p. 100 des demandeurs, c'est-à-dire 934 étudiants. Parmi eux, 53 p. 100 effectuaient des études postsecondaires dans des domaines comme les sciences sociales, l'éducation, les affaires, le droit, les sciences, les études techniques et le génie; 29 p. 100 étudiaient dans le domaine de la santé; 18 p. 100 étudiaient dans le domaine des beaux-arts ou de la culture. Dans l'ensemble, 35 étudiants en génie, 39 en droit, 87 en sciences et 19 inscrits à un programme technique ont reçu une aide. Voilà le bon côté de la médaille.
L'an dernier, plus de 2,8 millions de dollars ont été attribués, comparativement à 1,9 million de dollars l'année précédente. Ce sont là d'excellentes nouvelles. Il y a toutefois l'envers de la médaille. L'aide demandée représentait plus de 8,6 millions de dollars, mais nous avons été en mesure de recueillir seulement 32,5 p. 100 de cette somme. En outre, malgré la hausse des coûts des études depuis près de deux décennies, nous versons une aide par personne moins grande qu'auparavant.
Parce que nous sentons le besoin d'étirer les fonds dont nous disposons pour aider davantage d'étudiants, nous prenons en considération quatre critères quand vient le temps d'attribuer les bourses. C'est un jury qui prend les décisions. Nous évaluons les besoins financiers de l'étudiant au cours de ses études ainsi que sa contribution et celle de la première nation, le cas échéant. Nous examinons sa participation à la vie de sa collectivité et nous évaluons aussi sa détermination à poursuivre ses études, en nous fondant sur des lettres de référence, ainsi que les résultats scolaires.
Il va sans dire que si nous avions eu davantage d'argent, nous aurions pu venir en aide à un plus grand nombre d'étudiants. Nous avons demandé aux étudiants quels étaient pour eux les obstacles à la poursuite d'études postsecondaires, et ils nous ont répondu que c'était l'aspect financier.
Je crois que la fondation est bien plus qu'un autre organisme qui cherche à obtenir des fonds fédéraux. Nous avons démontré que nous pouvons accroître le rendement de l'investissement dans l'éducation des jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits. Nous pouvons observer des résultats. Nous appuyons, nous encourageons et nous faisons tout ce que les investisseurs font pour obtenir un bon rendement de leurs investissements. Nous sommes en mesure d'utiliser des fonds fédéraux pour attirer des capitaux du secteur privé, comme je l'ai mentionné, et d'obtenir aussi des fonds provinciaux et même des dons de la part de particuliers qui appuient la fondation. Nous rendons également des comptes. Nous montrons les résultats obtenus. J'ai mentionné la somme que nous avons attribuée à 934 étudiants l'an dernier. D'ici la fin de la présente année, la fondation aura accordé des bourses à plus de 6 000 étudiants depuis sa création. Depuis 1999, 30 p. 100 de nos étudiants en sont chaque année à leur dernière année d'études, ce qui prouve qu'ils réussissent à obtenir un diplôme. Nous suivons maintenant plus étroitement le parcours de nos étudiants, et je serai ravie de vous parler davantage, lors de la période des questions, de nos efforts en matière d'évaluation.
Nous faisons preuve également de transparence sur le plan financier. À ce sujet, je vous invite à consulter notre site Web à l'adresse www.naaf.com. Vous y trouverez notamment nos rapports annuels et nos états financiers vérifiés. Nous pourrions faire beaucoup plus si nous avions davantage de moyens.
Pourquoi le Canada devrait-il investir davantage dans l'éducation postsecondaire? Premièrement, l'économie canadienne est aux prises avec de graves pénuries de main-d'oeuvre dans presque tous les domaines. Nous savons que le pays compte sur l'immigration pour que l'économie continue de tourner et pour fournir des services à la population vieillissante. Deuxièmement, nous savons que la population des premières nations, des Métis et des Inuits est celle qui augmente le plus rapidement au Canada et qui est confrontée à un taux inquiétant de chômage, de sous-emploi et de productivité. Il s'agit aussi d'une population dont les membres ne réalisent pas leur plein potentiel.
Je veux faire remarquer qu'en réglant les problèmes que vivent les Autochtones, on se trouverait à régler aussi ceux auxquels le Canada est confronté. Si le Canada compte sur l'immigration pour régler ses problèmes de main-d'oeuvre, sans répondre aux besoins en emplois de la population qui vit la plus importante croissance, c'est-à-dire si le Canada met encore une fois de côté une autre génération de jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits, tandis qu'il recrute des travailleurs à l'échelle internationale, il ne peut qu'en résulter une tragédie et bien des difficultés.
La fondation peut contribuer en partie à régler le problème. Je demande au comité qu'il recommande au gouvernement d'utiliser les capacités de la fondation pour convertir les problèmes en solutions. Nous avons très bien réussi, comme je l'ai signalé, à amener les secteurs public et privé à venir en aide à nos jeunes.
Mais la fondation fait bien plus que cela; elle prend d'autres moyens pour obtenir des résultats. Elle s'efforce d'éliminer l'image négative et les stéréotypes qui existent actuellement pour faire en sorte que notre peuple se perçoive autrement et qu'il voit aussi les autres différemment. Elle s'efforce également de montrer ce qui peut se produire quand notre potentiel intellectuel et notre créativité a l'occasion de se développer.
Nous faisons cela par l'entremise du gala annuel des Prix d'excellence aux Autochtones, qui est télédiffusé à l'échelle du pays sur les réseaux Global et APTN. Cette année, le gala se tiendra à Edmonton le 16 mars 2007; inscrivez cette date sur vos calendriers.
Ce gala a deux effets positifs. Non seulement les Canadiens peuvent prendre connaissance de ce que les jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits — en fait tous les Autochtones — ont à offrir, mais notre peuple a aussi l'occasion de voir des gens qui sont des modèles à suivre. Nous avons de l'espoir et nous croyons que nous avons un avenir devant nous. Nous récompensons nos scientifiques, nos guérisseurs, nos environnementalistes et nos artisans de la paix pour montrer la contribution que nous pouvons apporter dans le monde selon notre façon de faire et notre identité. En cherchant à réussir sur le plan personnel, nous cherchons aussi à réussir pour nous affirmer collectivement en tant que peuples indigènes.
Nous misons beaucoup sur l'éducation postsecondaire, qui est l'objet de votre étude, mais laissez-moi vous dire que nous travaillons aussi avec acharnement au niveau de l'éducation secondaire. Un trop grand nombre de nos jeunes ne terminent pas leurs études secondaires. Pour les inciter à le faire, nous tenons des salons des carrières. Le prochain aura lieu à Yellowknife le 25 novembre, et le suivant à Halifax, le 1er février. Nous présentons aux jeunes des personnes qui sont des modèles à suivre en vue de les motiver, de les informer, de les inspirer et de les aider à croire qu'ils ont un avenir devant eux.
Nous leur présentons également en salle de classe ces personnes modèles et des modules qui leur montrent l'éventail des possibilités qui s'offrent à eux. Nous avons créé d'excellents modules sur le domaine de la justice et de la santé ainsi que sur des carrières dans le secteur du transport ferroviaire. D'autres modules sont en cours de production en partenariat avec des sociétés canadiennes et le secteur public.
Il y a aussi le programme Rivers to Success. Je n'ai pas le temps de vous en parler aujourd'hui, quoique j'aimerais beaucoup le faire. Nous allons mettre ce programme à l'essai au Nunavut. Il vise à donner l'occasion à des décrocheurs d'apprendre un métier ou de se préparer pour faire des études postsecondaires ou universitaires ou bien réaliser leur rêve, quel qu'il soit.
Je le répète, la fondation mise sur la collaboration. Nous ne réinventons pas des programmes qui existent déjà et nous n'offrons pas de nouveaux services. Nous utilisons de façon optimale ce qui est déjà en place au profit de nos jeunes.
Nous travaillons avec tous ceux qui sont disposés à nous aider, ceux qui choisissent de prendre nos vies, notre bien-être et notre avenir en main et de travailler pour nos enfants et leur avenir. C'est ce que je fais au sein de la fondation.
Nous savons qu'il ne suffit pas simplement d'avoir plus de moyens financiers pour régler les problèmes. Mais il ne fait aucun doute qu'il nous faut des ressources pour exécuter notre mandat.
Nous savons que nous sommes qu'une partie de la solution, mais je peux vous dire que nous avons un grand rôle à jouer. Nous sommes à un point critique de notre histoire. Si nos élèves parviennent péniblement à atteindre le niveau des études supérieures et qu'une fois rendus là, ils constatent qu'on manque de ressources pour les aider à poursuivre, il s'agit là d'une tragédie tellement douloureuse qu'on ne peut pas la laisser se produire. À notre époque, au Canada, aucun jeune des premières nations ou des peuples métis ou inuits devrait devoir abandonner l'idée d'effectuer une formation ou des études postsecondaires faute de moyens financiers.
Je souhaite au comité d'avoir la force et la patience de prendre les devants au Canada pour veiller à ce que le défi soit relevé.
Nous demandons au comité de recommander au Parlement que la fondation contribue à faire en sorte que chaque étudiant des premières nations et des peuples métis et inuits puisse faire des études postsecondaires pour réaliser son rêve.
Je serai ravie de répondre à vos questions et d'expliquer mes recommandations plus concrètement. Monsieur le président, je vous remercie de votre attention. Il me fera plaisir de discuter avec les membres du comité.
:
Je serai heureuse de vous faire parvenir le document.
Nous avons aussi fait des analyses selon le sexe — entre 1999 et 2006 — et selon le domaine d'études. Nous pouvons vous dire pour chaque province quelles sommes ont été versées aux Métis, aux premières nations et aux Inuits au fil du temps. Nous effectuons ce genre de suivi.
Nous devons en faire davantage. Je tiens beaucoup à faire un suivi, surtout à la fin. Nous savons que 30 p. 100 des étudiants que nous avons aidés s'adressent une autre fois à nous. Entre 1999 et 2006, 30 p. 100 de nos étudiants en étaient chaque année à leur dernière année d'études. Ils réussissent; ils obtiennent leur diplôme. Il faut cependant suivre leur parcours par la suite.
De façon plus concrète, je recommande que des fonds soient affectés à l'éducation postsecondaire des jeunes des premières nations et des peuples Métis et Inuits. Je ne crois pas qu'il soit trop ambitieux d'envisager deux types d'affectation de fonds, à savoir des sommes destinées à un fonds réservé et d'autres sommes attribuées en fonction d'une contribution équivalente de la part du secteur privé.
J'aimerais que 100 millions de dollars soient consacrés à des bourses destinées à des jeunes des premières nations et des peuples Métis et Inuits, mais je ne voudrais pas que l'ensemble de la somme soit versée sous forme de dotation, seulement une partie. J'aimerais aussi que le gouvernement s'engage à verser 50 millions de dollars à condition que le secteur privé fasse une contribution équivalente. J'ai toute la motivation nécessaire pour aller chercher cette somme équivalente.
Vous pouvez aussi inviter les gouvernements provinciaux à contribuer ou décider de réserver des fonds destinés aux provinces. Peu importe l'option que vous choisissez, c'est votre décision. Ce qui m'importe, c'est qu'on obtienne des fonds dont nos jeunes ont tellement besoin.
Je crois que notre fondation a su prouver qu'elle était en mesure de très bien gérer les sommes qu'elle reçoit.
:
Je vais vous donner une idée. Ma question sera très précise. Vous voulez des choses concrètes, alors je vais vous en donner.
Le 26 octobre, de 8 h 30 à midi, le thème qui sera abordé au Forum socioéconomique des premières nations qui aura lieu à Mashteuiatsh, près de Roberval, sera l'éducation.
Avez-vous été invité? Pouvez-vous faire en sorte qu'on vous y invite? Tous les chefs des premières nations du Québec seront présents. À mon avis, il m'apparaît important que vous y soyez. Je veux préciser que je ne remets pas en doute l'importance de la Fondation nationale des réalisations autochtones que vous dirigez. Au contraire, je veux qu'elle prenne de l'expansion et qu'elle soit plus présente au Québec, parce que je connais des Autochtones francophones qui auraient dû y avoir accès. Or, les gens des communautés autochtones de mon comté ne connaissent pas votre organisme.
Alors, je vous ai parlé du Forum socioéconomique des premières nations.
Deuxièmement, assurez-vous un suivi des résultats de vos étudiants et étudiantes auxquels vous accordez des bourses? Par exemple, êtes-vous capables de nous dire si en Ontario, par exemple, vous avez aidé 100 jeunes Autochtones au cours des cinq dernières années à devenir...?
Mme Roberta Jamieson: Oui.
M. Marc Lemay: Pouvez-vous nous faire parvenir ces chiffres?
C'est très intéressant. J'aimerais bien obtenir ces chiffres. Ici, on parle des études postsecondaires, mais on sait que le risque de décrochage chez les jeunes Autochtones est plus élevé au niveau du secondaire III, donc entre 15 ans et 18 ans.
J'ai vu votre programme Rivers to Success . Il faut qu'il soit traduit en français et déposé au Québec, en accord avec les membres des premières nations du Québec. C'est un programme extrêmement important et intéressant. Croyez-vous qu'il pourrait être disponible en français et distribué aux membres des premières nations du Québec?
:
J'ai une idée, mais je ne peux pas vous donner de statistique à cet égard. Le nombre est beaucoup plus grand que la quantité de demandes que nous recevons. Je ne veux pas exagérer en disant qu'il y a des milliers de jeunes des premières nations et des peuples métis et inuits qui aimeraient obtenir de l'aide pour poursuivre des études postsecondaires, qu'il s'agisse d'un programme technique ou d'un programme universitaire ou collégial. Il n'y a pas de doute dans mon esprit.
Des milliers de jeunes qui ont besoin d'une aide ont abandonné leurs études secondaires, et ils représentent le plus grand défi. C'est le plus grand problème auquel le Canada est confronté, c'est-à-dire celui des jeunes des premières nations et des peules métis et inuits qui ne terminent pas leurs études secondaires.
Je peux vous dire aussi que les obstacles... Permettez-moi de vous faire part d'une autre statistique à laquelle Mme Tremblay m'a fait penser. Lorsque j'ai visité l'ouest de l'Arctique l'an dernier pour faire en sorte que les Inuits de cette région aient tous accès aux programmes de la fondation, j'ai entendu dire à maintes reprises qu'il faut du soutien pour les programmes d'un an. Cela signifie que des jeunes passent entre les mailles du filet.
Nos programmes actuels permettent de fournir de l'aide pour des programmes de deux ans et plus. On m'a demandé de revoir nos programmes de façon à inclure les programmes d'étude d'un an également. Il ne fait aucun doute que cela doit être fait et il est certain que nos donateurs du secteur privé sont prêts à nous aider à appuyer les programmes d'un an ou moins.
Nous devons tirer profit de cet appui et nous travaillons aussi rapidement que possible pour élaborer un plan à cet égard, mais pour ce faire nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral.
Qu'arrive-t-il à ces étudiants lorsqu'ils atteignent le niveau postsecondaire? Je vais vous l'expliquer, et je le répète, je peux fournir cette information au comité. Les étudiants dans le domaine de la santé ont affirmé que ce sont des difficultés financières qui les avaient empêchés de terminer leur programme. C'était là la première raison. Deuxièmement, ils ont mentionné le fait d'être loin de leur famille et de leurs amis; troisièmement, les exigences familiales; quatrièmement, la pression causée par les études; cinquièmement, la nécessité de travailler; sixièmement, des problèmes de santé; et enfin, les barrières culturelles.
Qu'est ce qui leur a permis de tenir bon? Le soutien de leur famille et de leurs amis, une aide financière; l'appui de l'institution, précisément de la faculté, des professeurs et du personnel; des programmes d'accès pour les Autochtones; des programmes et des services destinés aux Autochtones; leurs collègues; des groupes d'étude; et des mentors. Je le répète encore une fois, je serais ravie de transmettre au comité l'ensemble des résultats de l'étude qui a été menée.
:
Je vais laisser le soin au comité et à d'autres d'évaluer le ministère. Je peux vous dire par contre que, malgré l'aide fournie par le ministère, de nombreux étudiants s'adressent à nous.
Par exemple, le ministère alloue des fonds aux premières nations qui offrent une aide financière aux étudiants qui poursuivent des études postsecondaires. Nous demandons aux étudiants d'essayer d'obtenir une aide provenant de ces fonds avant de s'adresser à nous. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas réussi à obtenir suffisamment d'argent ou ne sont pas parvenus à en obtenir du tout.
Lorsque j'étais chef de la bande Six Nations, il n'y a pas très longtemps, c'est-à-dire jusqu'en 2004, il y a eu, cette année-là, 400 étudiants admis à un programme d'études postsecondaires que nous n'avons pas pu aider.
Je vais demander à Mme Tremblay de commenter là-dessus également. Je ne pense pas qu'il soit exagéré de dire qu'il y a un manque de fonds.
Par ailleurs, il est essentiel d'effectuer un suivi des dépenses. Nous devons montrer à nos donateurs que nous en sommes très conscients; vous avez tout à fait raison.
Qu'il s'agisse de fonds provenant du secteur public ou du secteur privé, nous savons que nous devons rendre compte de chaque dollar dépensé au nom de nos enfants et de leur avenir. Si nous gérons mal l'argent, ce sont eux qui en pâtiront. Je prends cette responsabilité très au sérieux, comme tout le personnel de la fondation.
Il ne fait aucun doute que le type de suivi dont nous parlons devrait être fait dans l'ensemble du pays.
Je serais ravie de m'entretenir avec des représentants du ministère pour leur indiquer comment ils pourraient faire un meilleur travail, ou en fait gérer des fonds supplémentaires, et leur expliquer comment ils peuvent procéder avec des sommes 10 ou 100 fois plus élevées.
:
Le problème n'est pas simple. Il est en fait très complexe quand il est question des Premières nations, des Inuits, des Métis.
Par exemple, dans le cas des programmes d'études postsecondaires, c'est le ministère qui décide de l'utilisation qui sera faite des fonds au niveau communautaire. Parfois, la majorité des fonds sont versés aux étudiants de première, deuxième, troisième et quatrième années, de sorte qu'il reste très peu d'argent, sinon aucun, pour les étudiants du niveau de la maîtrise ou du doctorat. Nous savons qu'il y a des listes d'attente partout au Canada pour l'accès au financement de l'éducation postsecondaire.
Il y a très peu d'aide financière pour la formation dans les métiers, par exemple, où ils doivent perfectionner leurs compétences parce qu'ils n'ont pas atteint le niveau de scolarité requis. Ils ne peuvent avoir accès aux programmes de doctorat en médecine parce que les notes qu'ils ont obtenues en sciences, en biologie ou en mathématiques ne sont pas suffisamment élevées. Ils sont automatiquement écartés. Le problème se pose à plusieurs niveaux.
Nous assurons un suivi très efficace.
Dans le cas des Premières nations, nous avons reçu, sur six ans, soit entre 1999 et 2006, 1 723 demandes. L'aide a été accordée aux Premières nations qui reçoivent du financement pour l'éducation postsecondaire. D'après l'entente que nous avons conclue avec MAINC, les étudiants doivent d'abord présenter une demande aux bandes, avant que nous ne puissions attribuer les fonds, et nous remettre une lettre. Ils s'adressent à nous pour obtenir du financement additionnel.
N'oubliez pas qu'il est question ici de la crème de la crème. Il y a diverses raisons qui font qu'ils sont peu nombreux.
Dans le cas des Métis, où l'accès est...
:
Pour ce qui est de la première question, je vais me renseigner et vous fournir la réponse.
Pour ce qui est de la deuxième question, sur les 2,8 millions de dollars que nous avons accordés l'an dernier, mis à part les fonds qui provenaient des fiducies, plus de 500 millions de dollars ont été fournis par le secteur privé. Je peux vous fournir une ventilation plus détaillée, si vous désirez, mais vous vouliez une brève réponse. Il nous en faut plus. Toutefois, les contributions augmentent puisqu'il y de plus en plus d'entreprises qui nous soutiennent.
Monsieur le président, je m'en voudrais de ne pas remettre ce document au du comité. Il existe dans les deux langues. Nous le déposons auprès du comité, par l'entremise de la présidence.
Comme vous le savez, la Fondation, entre autres, attribue des prix d'excellence à des gens exceptionnels dans diverses disciplines. Au cours de la dernière année, nous avons, de concert avec la Fondation de la famille Kenny et l'Université de la Colombie-Britannique — c'est-à-dire, les donateurs du secteur privé —, financé la mise sur pied d'un groupe de réflexion qui a réuni les lauréats de nos programmes d'éducation de toutes les régions du Canada. L'objectif de la rencontre était de discuter des priorités d'éducation pour les Premières nations, les Métis et les jeunes Inuits. Les participants ont tenu des discussions longues et approfondies, se gardant bien de réinventer les rapports publiés dans le passé. Ils ont jeté un regard vers l'avenir, et ont mis l'accent sur la nécessité de s'attaquer aux problèmes d'éducation. Ils m'ont demandé de déposer ce document auprès du comité, ce que je viens de faire. Je pense que le comité devrait envisager de convoquer certaines de ces personnes.
Cette rencontre a permis de rassembler des experts canadiens en éducation autochtone et des représentants des organismes autochtones nationaux. Tous ont été invités, et bon nombre ont répondu à l'appel. Ce document vient à peine d'être publié, étant donné que je l'ai reçu hier soir. Il résume leurs vues, leurs priorités, leur sentiment d'urgence, leur vision de l'avenir de l'éducation, et les facteurs que le comité devrait prendre en considération au moment de rédiger son rapport.
Merci beaucoup.
:
Je suis heureux de vous rencontrer.
Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais essayé d'être aussi bref que possible pour que nous puissions avoir l'occasion de discuter ensemble.
J'ai préparé un exposé sous forme de diapositives. Il s'inspire d'un rapport plus long, que je vous invite à lire, étant donné que j'en suis l'auteur. Vous pouvez y avoir accès sur le site Web de l'Institut Caledon.
Je vais passer en revue les points saillants de l'exposé que j'ai distribué. Nous pourrons ensuite en discuter.
D'abord, quelques données démographiques. Je tiens à signaler que l'exposé existe dans les deux langues. Je ne consacrerai pas beaucoup de temps à ces données empiriques, car je crois que vous les connaissez déjà. Elles sont tirées des recensements de 2001 et de 1996, notamment, et portent sur la population ayant une identité autochtone, c'est-à-dire les personnes qui s'identifient comme Autochtones dans les recensements ou qui font partie d'une bande ou encore d'une première nation. On en dénombre environ un million au Canada.
La deuxième diapositive indique le pourcentage de la population ayant une identité autochtone par rapport au total. Il est important de bien comprendre où se feront sentir les retombées socio-économiques de la réussite, ou de l'absence de réussite, des Autochtones au Canada, et où se trouvent les concentrations de populations autochtones. Elles se situent surtout au Manitoba et en Saskatchewan. Malheureusement, comme vous allez le constater dans l'exposé, c'est là que l'on enregistre également les pires résultats. Donc, c'est dans ces provinces que l'on trouve le plus fort pourcentage de populations autochtones et la plus grande concentration de défis.
Les diapositives suivantes font état d'importantes données démographiques et abordent certains des mythes qui entourent les Autochtones. La diapositive de la page 5 donne une idée de l'importance que prendra la main-d'oeuvre autochtone âgée de 15 à 65 ans dans les provinces. On entend parfois dire que les Autochtones vont finir par représenter 50 p. 100 de la main-d'oeuvre en Saskatchewan. Ce n'est pas tout à fait vrai, sauf qu'ils vont représenter un fort pourcentage de la population de la Saskatchewan — soit presque 20 p. 100.
Autre point : la migration massive hors des réserves est un mythe. Je suppose que ce mythe se fonde sur des preuves empiriques. Les données de la page 6 sont tirées des recensements de 1996 et de 2001. Il est clair qu'il n'y a pas de migration massive hors des réserves. En fait, c'est loin d'être le cas. La population à l 'intérieur des réserves a augmenté d'environ 54 000 personnes, en termes absolus, entre les deux recensements. Cette augmentation est fort probablement attribuable à la croissance naturelle, si je peux m'exprimer ainsi. Elle ne s'explique pas par le fait qu'un plus grand nombre de personnes s'identifient comme Autochtones.
Concernant la croissance attribuable à l'augmentation de la population et aux facteurs démographiques, je dirais que l'augmentation la plus importante se produit à l'intérieur des réserves. En tout cas, la population des réserves ne diminue pas. Elle a plutôt tendance à baisser, en termes de pourcentage, dans les régions rurales du Canada, ce qui est représentatif de ce qui se passe au Canada, et de manière générale et sur le plan démographique.
La diapositive suivante... je ne sais pas combien de fois on m'a demandé si je savais quelle ville au Canada comptait la plus grande concentration d'Autochtones. Quand je demandais à mon interlocuteur d'identifier la ville, il me répondait Toronto. Or, ce n'est pas le cas. Il y a 14 villes au Canada qui comptent plus de 5 000 Autochtones. C'est Winnipeg qui regroupe le plus grand nombre d'Autochtones vivant en région urbaine. Viennent ensuite Edmonton et Vancouver.
Il y a une légère différence, en termes de pourcentage. Il est important de comprendre la dynamique des concentrations urbaines, car dans une large mesure, les nouveaux changements culturels, les nombreux défis que pose l'adaptation, ainsi de suite, se font et vont se faire sentir dans ces villes, c'est-à-dire Winnipeg, Edmonton et Vancouver.
J'ai quelques diapositives qui décrivent la situation socio-économique des Autochtones. Je ne m'attarderai pas trop là-dessus. Je tiens tout simplement à vous dire que, malheureusement, comme on s'y attend, la situation socio-économique de la population autochtone est, d'après la plupart des indicateurs, très inférieure à celle de l'ensemble de la population. Il y a toutefois un point qu'il ne faut pas oublier: les populations autochtones dans l'Est, surtout à Toronto, n'affichent pas les pires indicateurs socio-économiques. Autrement dit, si vous jetez un coup d'oeil à certains groupes d'immigrants arrivés récemment à Toronto, par exemple, ou, malheureusement, à certaines collectivités noires de Toronto, vous allez constater qu'ils présentent de indicateurs socio-économiques inférieurs à ceux des Autochtones. Nous ne pouvons pas dire, en jetant un simple coup d'oeil aux données, que cette collectivité se démarque énormément des autres. Ce n'est pas vrai dans l'Ouest. Dans l'Ouest, les collectivités autochtones présentent les pires indicateurs économiques. Ce facteur est important.
Passons à l'éducation, le sujet qui nous intéresse. Je vais essayer d'aller plus rapidement. Il y a trois indicateurs qui découlent du recensement. Premièrement, il y a le non-achèvement des études secondaires — un point négatif, et plus le pourcentage augmente, pire c'est. Deuxièmement, il y a l'achèvement de l'éducation postsecondaire non universitaire. Troisièmement, l'achèvement de l'éducation postsecondaire universitaire. La diapositive de la page 11 fait état du taux estimatif de non-achèvement des études secondaires. Vous pouvez voir que le pourcentage est très élevé chez les Autochtones. Il est demeuré élevé en 2001. En fait, l'écart entre la population autochtone et la population non autochtone n'a pas beaucoup changé. La diapositive de la page 12 porte sur l'achèvement de l'éducation postsecondaire non universitaire. Il y a, ici, une bonne nouvelle : la population autochtone est presque au même niveau que la population non autochtone en ce qui concerne l'éducation postsecondaire. Les nouvelles sont encore meilleures quand on jette un coup d'oeil au pourcentage par région. J'y reviendrai plus tard. Toutefois, concernant le troisième indicateur, l'éducation postsecondaire universitaire, comme vient le dire Roberta, et comme vous l'avez sans doute entendu à maintes reprises, la situation n'est pas très bonne. Le nombre d'Autochtones qui terminent l'université est très faible comparativement au nombre de non-Autochtones qui le font.
Ces résultats sont déconcertants. Je me dis que ces données visent le groupe d'âge des 15 à 65 ans. Qu'en est-il de la population âgée entre 20 et 24 ans, un segment plus jeune? On s'attendrait à ce que ce groupe soit celui qui ait été le plus influencé par les changements survenus au cours des dernières années dans le système d'éducation. Malheureusement, la réponse est négative. La diapositive de la page 14 montre les résultats qui s'appliquent au groupe d'âge des 20 à 24 ans, soit la population totale par rapport à la population autochtone. On peut voir, quand on jette un coup d'oeil au taux de non-achèvement des études secondaires, que plus de 40 p. 100 des étudiants autochtones âgées de 20 à 24 ans n'ont pas terminé leur secondaire. Je trouve cela fort étonnant.
Je vais sauter les suivantes, qui montrent les écarts par région, sauf que je tiens à porter à votre attention une diapositive que je trouve particulièrement importante, surtout en ce qui concerne les responsabilités du MAINC. Il s'agit de la diapositive 16, qui porte sur le taux d'obtention de diplômes d'études secondaires dans les réserves. Vous voyez que c'est effrayant. Ce graphique représente la proportion de la population de 20 à 24 ans — pas toute la population, mais seulement les 20 à 24 ans — qui n'avait pas de diplôme secondaire au recensement de 2001. Ce sont des jeunes adultes qui sont allés à l'école dans les années 80 et 90 et non dans les années 50. Vous pouvez constater qu'au Manitoba, environ 70 p. 100 des jeunes dans les réserves ne terminent pas leurs études. Dans l'article que j'ai écrit, je décris cette catastrophe sociale comme un ouragan plutôt que comme une autre catastrophe sociale, sauf qu'il dure longtemps et évolue lentement.
La diapositive 17 montre l'écart dans le taux d'achèvement d'études postsecondaires non universitaires, par région. J'aimerais souligner que dans l'Est, les étudiants autochtones terminent plus souvent leurs études postsecondaires non universitaires que certains étudiants non-autochtones.
J'aimerais passer à quelques conclusions intéressantes qu'on trouve à la diapositive 20. Je souligne que ces conclusions se dégagent des données. Ce sont mes conclusions, mais non mes données, les données viennent du recensement. J'ai dit d'accord, nous savons qu'il y a beaucoup moins d'étudiants autochtones qui obtiennent un diplôme postsecondaire, qui terminent des études postsecondaires, mais qu'arrive-t-il si nous prenons seulement les étudiants de l'école secondaire et que l'on compare seulement les étudiants autochtones aux étudiants non autochtones? Il s'avère qu'en examinant les données sous cet angle, le taux d'obtention d'un diplôme postsecondaire est à peu près le même. Ces résultats étaient assez solides. Je les ai analysés sous l'angle statistique de diverses façons : par région, comme on le voit sur un petit graphique à la diapositive suivante, par sexe, etc., et les résultats sont restés les mêmes. La différence, c'est que si l'on regarde les petites barres à la diapositives 20, qui représentent toutes les deux des populations de diplômés autochtones, environ 75 p. 100 des diplômés, soit les trois quarts, ont poursuivi des études postsecondaires, mais beaucoup moins sont allés à l'université.
Pour conclure, je dirais d'abord que j'aimerais que ces recherches soient poussées un peu plus loin. J'utilise des données agrégées et non des micro-données. Beaucoup de choses pourraient être contestées. Lorsque j'ai présenté cet exposé à d'autres, particulièrement à des chercheurs, je leur ai dit : « Levez-vous et faites des recherches décentes, parce que je me trompe peut-être et que cette conclusion est trop importante, qu'elle doit être corroborée par d'autres chercheurs. » Je suis très prêt à voir mes conclusions démenties, mais je ne pense pas me tromper.
À mon avis, cela signifie que chaque étudiant autochtone admis dans un établissement d'enseignement postsecondaire est extrêmement important pour le Canada et ses collectivités et qu'il a énormément de chances de contribuer à notre avenir. Je déteste voir un étudiant décrocher ou partir. Je n'essaie pas de dire que c'est l'un ou l'autre. Je ne pense pas que nous puissions nous offrir le luxe de ce compromis. Cela dit, compte tenu de la réalité que ces données semblent illustrer, si nous voulons obtenir la parité dans l'éducation postsecondaire, la seule façon d'y arriver c'est de nous investir de la maternelle à la douzième année. La seule façon d'y arriver, c'est de faire augmenter le nombre de jeunes qui obtiennent un diplôme d'études secondaires. Sinon, le bassin d'étudiants qui peut accéder à des études postsecondaires est trop petit.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président, étant donné que j'ai dépassé mon temps de quelques minutes.
:
Les deux, je dirais. Ce serait ma réponse.
Je sais que les gouvernements doivent faire des choix, j'en ai l'expérience. Il faut faire des choix difficiles entre les différentes choses qu'on veut faire. Il y a deux bonnes choses qu'on voudrait faire, mais l'on ne peut pas se permettre de les faire toutes les deux. Dans ce cas-ci, pour répéter ce que j'ai dit dans ma déclaration d'ouverture, s'il y a un étudiant autochtone qui s'est rendu à l'université et qu'on peut lui offrir une bourse pour l'inciter à y rester, à réussir et à passer la première année, qui est la plus difficile (j'ai d'ailleurs échoué ma première année, ce qui n'est pas hors du commun), allons-y. À mes yeux, c'est une priorité supérieure à presque tout ce que je peux imaginer, et même au reste, particulièrement dans l'Ouest.
Comme je l'ai déjà dit, chaque étudiant autochtone qui réussit à accéder aux études postsecondaires, à y être admissible, est une ressource extrêmement précieuse, pour sa collectivité comme pour nous tous, donc comment pouvons-nous nous permettre de la perdre? Il faut trouver une solution. Je n'en suis pas certain, mais si le financement de la fondation Roberta pouvait être une solution, nous devrions en parler.
Je ne veux pas choisir entre cette solution particulière ou une autre, mais je pense que nous devons y penser. Cela dit, je ne veux pas perdre de vue le fait qu'on a beau faire tout ce qu'on veut pour améliorer l'éducation postsecondaire, bon sang, s'il y a un taux d'échec de 70 p. 100 au secondaire...
:
Merci, monsieur le président.
Je vais m'adresser à vous en français, monsieur Mendelson. Je voudrais vous remercier d'être venu nous rencontrer.
Comme le disait Mme Karetak-Lindell, parfois on n'entend pas les choses que l'on voudrait entendre, mais votre rapport et vos documents contiennent quand même des données avec lesquelles on doit composer.
Je suis du Québec. Il y a une statistique me frappe beaucoup. On dit que 60 p. 100 des étudiants des communautés autochtones ne complètent pas leur secondaire V. On le sait, mais ce n'est pas nécessairement plaisant de le voir sur un tableau. À mon avis, cela reflète certains défis qu'ont à relever les membres des premières nations.
Plusieurs membres du comité se rendront au Lac Saint-Jean, à Mashteuiatsh, pour assister au Forum socioéconomique des premières nations. Ils auront à déterminer les enjeux liés au développement des premières nations.
Je pense que vous avez été très clair, c'est-à-dire que pour vous, l'éducation est une priorité, c'est un moteur pour sortir du cercle vicieux.
Cela m'amène à vous poser la question suivante. Pouvez-vous m'expliquer davantage sur quoi vous vous basez pour faire un lien aussi clair, aussi limpide, entre la réussite scolaire dans les communauté et de meilleures conditions socioéconomiques pour les communautés?
:
Ce sont deux questions très différentes.
L'une des questions les plus complexes en politique sociale est la façon de reproduire les succès. J'y pense souvent, parce qu'il arrive souvent qu'un projet social fructueux soit le résultat d'un leadership fort, d'un dirigeant très inspirant qui prend des risques sur le terrain et qui est capable de grandes choses. Ce n'est pas nécessairement facile à reproduire.
Dans les réserves qui réussissent le mieux, on constate souvent la présence d'un leader exceptionnel. C'est donc un élément difficile.
Cela dit, je pense que nous devons investir — et je serais porté à croire que ce devrait être un enjeu du MAINC — dans de véritables mesures favorisant des pratiques exemplaires, des mesures qui seraient plus que des courbettes occasionnelles se limitant à quelques paragraphes sur un site Web, une description des meilleures pratiques...
Prenons un grand conseil scolaire comme celui de Winnipeg, de Vancouver ou de Toronto. Il va passer beaucoup de temps à étudier la situation des écoles affichant un bon taux de réussite, à encourager les directeurs qui réussissent bien, à comprendre ce qui se passe, à en tirer des leçons et à organiser des réunions entre les directeurs et d'autres personnes pour reproduire cette réussite ailleurs.
On le voit aussi dans quelques régions isolées en raison d'initiatives personnelles dans ces régions, mais il n'y a pas de système scolaire systématique qui favorise l'amélioration continue et automatique de l'éducation autochtone dans les réserves. Je pense que c'est un problème au MAINC.
Je parlais aussi de la nécessité de fixer des objectifs, et c'est une autre question. Je crois beaucoup en l'établissement d'objectifs quantitatifs et de mesures des résultats, si l'on veut. Le véritable problème et le principal problème dans ce domaine consiste à mesurer les résultats, parce qu'il n'y a vraiment pas de mesures continues. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai utilisé les données de recensement, qui sont renouvelées tous les cinq ans, mais qui ne sont pas très bonnes à bien des égards.
En ce moment, on est en train de créer des sources de données meilleures qui se fondent sur ce qu'on appelle des données administratives, mais qu'il faut les développer davantage et les étudier. La première chose à dire sur l'établissement d'objectifs, c'est donc qu'il ne sert à rien de s'en donner si l'on ne peut pas mesurer les résultats.
Je dirais aussi qu'il doit y avoir consensus entre les premières nations et les gouvernements — provincial et fédéral — ainsi que les éducateurs de la région sur les objectifs à atteindre et qu'il faut essayer de se fixer des objectifs réalistes qui sont difficiles, stimulants, ambitieux et réalisables.
Nous pourrions en parler en détail. Je dirais qu'il faut procéder région par région plutôt que de chercher une formule qui s'applique à tout le Canada.