Mesdames et messieurs les députés, je vous présente les salutations de mon chef, Terrance Paul, de la première nation de Membertou.
Comme on l'a dit un peu plus tôt, je m'appelle Darren GooGoo et je suis le directeur de l'éducation dans ma collectivité. On m'a demandé aujourd'hui de venir parler de l'accès et des obstacles à l'éducation postsecondaire.
J'avais cru comprendre lors d'une tribune antérieure, qu'il y aurait trois personnes. Une première pour s'exprimer à titre individuel; une autre pour présenter le point de vue d'un représentant d'un établissement postsecondaire; et moi-même qui devait parler des obstacles à l'éducation postsecondaire dans une perspective communautaire, ainsi que des écueils que notre pays devra éviter si nous voulons que les premières nations continuent à l'avenir de maintenir un lien étroit avec l'enseignement postsecondaire.
Cela étant dit, je pense qu'il est important de vous donner quelques informations sur la collectivité dont je viens, sur les objectifs que nous visons et sur nos aspirations. Nous souhaitons entre autres que notre main-d'oeuvre puisse intégrer la société canadienne.
Je proviens d'une petite première nation appelée Membertou. Au début des années 1900, notre communauté était implantée sur les rives du port de Sydney. Nous occupions un terrain qui avait une grande valeur sur le plan immobilier. Un député de la région organisa une pétition pour nous faire déplacer et il parvint à ses fins. Nous avons contesté cette décision devant les tribunaux pendant dix ans et nous avons finalement dû quitter notre réserve de Membertou pour nous installer à environ deux kilomètres et demi plus loin. Notre nouvelle réserve se trouvait essentiellement dans un grand marécage et depuis cette époque, en 1926, nous nous sommes efforcés de retrouver notre statut de force économique dans la ville de Sydney.
Cela étant dit, il y a environ dix ans, nous avons apporté des modifications à notre façon de faire des affaires dans la collectivité; nous avons modifié notre façon de gérer les affaires publiques au sein de notre collectivité. Lorsque je suis arrivé dans la bande il y a neuf ans, nous disposions d'un budget d'environ 5,1 millions de dollars et notre déficit frôlait 1 million de dollars. N'importe quel économiste vous dira, bien entendu, qu'une telle situation n'est pas recommandée. Notre dépassement de crédit s'élevait à 25 p. 100 et nous avons travaillé fort et longtemps depuis dix ans pour remédier à cette situation. J'ai le plaisir de vous signaler que depuis quelques années, Membertou affiche des excédents et que l'époque où nous dépensions plus que nos recettes est révolue. Nous avons des surplus budgétaires et nos derniers bilans montrent que notre collectivité a des recettes de plus de 75 millions de dollars et des dépenses d'environ 74,99 millions de dollars. Je ne veux pas vous donner l'impression que nous avons beaucoup d'argent.
Nous avons eu de la chance et nous avons réinvesti nos fonds dans nos propres stratégies, afin d'améliorer la qualité de vie des membres de notre collectivité. Il y a dix ans, l'objectif principal de Membertou était de créer une collectivité capable d'offrir du travail à toutes les personnes qui souhaitaient travailler. C'est une idée extrêmement ambitieuse, surtout pour une première nation. Les Autochtones du Canada pourront vous dire que, lorsqu'il y a quatre emplois dans leur collectivité, trois sont déjà occupés.
Je viens d'une collectivité où, lorsque j'ai commencé, il y avait une cinquantaine d'emplois au bureau de la bande. Actuellement, nous avons un effectif d'environ 300 personnes et la collectivité emploie 630 personnes. Nous sommes un des plus grands employeurs de la région. La première partie de notre rêve, au cours des dix premières années, était très simple : offrir un travail à toutes les personnes qui souhaitaient travailler — un travail pour toutes les personnes qui souhaitaient travailler.
À Membertou, nous y sommes parvenus. Cependant, la deuxième partie de notre rêve est identique, je crois, aux aspirations des autres habitants du Canada. Au cours des dix prochaines années, nous voulons créer suffisamment d'emplois pour offrir une qualité de vie à notre population; nous voulons offrir des emplois porteurs d'une certaine qualité de vie. Nous avons assez d'hommes de métier et d'ouvriers qui creusent des fossés et assez de caissiers et caissières. Beaucoup de membres de notre communauté travaillent dans le secteur des services. C'est ce que nous avons choisi. Voilà les premiers emplois que nous avons été en mesure de créer.
L'éducation postsecondaire sera le baromètre du succès des premières nations au Canada. L'accès à l'enseignement postsecondaire est extrêmement important pour l'épanouissement d'une collectivité.
J'ai des statistiques intéressantes qui révèlent que dans ma collectivité, nous avons 11 avocats. Nous avons aussi 15 politiciens d'ailleurs.
Des voix: Ah, ah!
M. Darren GooGoo: En revanche, nous n'avons pas d'ingénieurs, de médecins ni de dentistes. Nous avons quelques infirmiers et infirmières et nous avons — sans connotation péjorative — une surabondance d'enseignants. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose, puisque je suis moi-même un ancien professeur de math et de sciences au secondaire. Nous avons donc une surabondance d'enseignants et nous continuons à investir dans... nos avocats. Nous continuons à investir dans ces membres des professions libérales au sein de notre collectivité.
Parlons maintenant de l'accès à l'éducation postsecondaire et des obstacles qui existent actuellement. Dans notre collectivité, nous avons, depuis quatre ans, envoyé en moyenne 70 étudiants chaque année dans des établissements d'études postsecondaires, soit à l'université, soit dans des collèges communautaires. Voilà ce que nous avons pu faire.
Cependant, le plus grand obstacle auquel se heurte notre collectivité — je sais que ce n'est pas nouveau pour vous — c'est le financement. À l'heure actuelle, ma collectivité reçoit environ 12 200 $ pour inscrire un étudiant dans un établissement postsecondaire. Lorsque je suis entré en fonction, il y a neuf ans, nous recevions 11 726 $ par étudiant inscrit à un établissement postsecondaire — je me souviens du chiffre, puisqu'il en a été question au cours d'une de mes premières réunions.
Je me souviens d'avoir rencontré les responsables du Programme canadien de prêts aux étudiants, il y a 11 ans. À l'époque, les études universitaires coûtaient environ 12 000 $ ou 13 000 $. Par conséquent, nous étions proches.
Au cours neuf dernières années, depuis que je suis directeur de l'éducation à Membertou, les coûts moyens des études universitaires que paie la collectivité pour envoyer un étudiant à l'université étaient d'environ 3 600 $. De nos jours, les études universitaires coûtent 6 300 $ pour un étudiant. Cela représente donc une énorme augmentation de 2 700 $; le coût de la vie est plus cher et tout a augmenté.
Malheureusement, nos niveaux de financement n'ont pas évolué depuis dix ans. Nous devons envoyer le même nombre d'étudiants à l'université, mais nous disposons de beaucoup moins d'argent. En conséquent, nous n'avons pas eu d'assez bons résultats.
Nous avons eu beaucoup de membres des professions libérales dans notre collectivité, mais cette proportion tend à diminuer, parce qu'il est de plus en plus difficile pour les étudiants de poursuivre avec succès des études universitaires. Certains de nos étudiants doivent faire des demandes de prêts étudiants, ce qui est arrivé rarement au cours de notre histoire. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose, mais je pense que nous devons, en tant que collectivité, nous efforcer de donner à nos étudiants les outils dont ils ont besoin pour réussir.
L'enjeu principal est le financement. Je crois que selon le rapport le plus récent du Programme canadien de prêts aux étudiants, une année universitaire coûte environ 17 000 $. À Membertou, nous avons calculé le montant total, compte tenu de l'augmentation des frais d'études. Les services publics coûtent plus cher aujourd'hui. Les livres de cours ont augmenté depuis neuf ans.
Selon une étude indépendante que j'ai effectuée, il coûte environ 16 700 $ à notre collectivité pour envoyer un étudiant dans un établissement postsecondaire, alors que nous ne recevons qu'environ 12 200 $. Ce n'est pas difficile de calculer qu'il nous manque environ 33 p. 100 par étudiant. C'est donc très difficile pour nous. Cela veut dire que nous devons désormais sélectionner les étudiants qui souhaitent aller à l'université et refuser l'accès aux études à certains d'entre eux. Je ne veux pas avoir à dire à certains étudiants qu'ils ne peuvent pas réaliser leur rêve.
Voilà le premier enjeu que je voulais souligner : le financement.
Le deuxième point qu'il faut signaler à votre comité est que les étudiants des premières nations que nous envoyons à l'université au Canada réussissent aussi bien que les autres étudiants. Pour moi, c'est une statistique extraordinaire. À l'université, les étudiants des premières nations réussissent aussi bien que les autres étudiants canadiens. Il n'y a pas de différence.
À mon avis, la seule différence réside dans notre capacité à les faire aller à l'université. Nos étudiants ne sont pas aussi nombreux à fréquenter l'université, ils n'y vont pas au même âge et certainement pas à la même période de leur vie. Je pense que la majorité des étudiants des premières nations du Canada s'inscrivent à l'université comme étudiants adultes. Ils ne vont pas à l'université au sortir de l'école secondaire, parce que les jeunes des premières nations ne sont pas aussi nombreux que les autres Canadiens à terminer leur secondaire.
Voilà le deuxième problème auquel notre pays devrait s'atteler. Comment trouver les moyens d'aider nos jeunes à terminer l'école secondaire? Comment les préparer à entreprendre des études postsecondaires? Voilà le deuxième point que je voulais soulever.
Le troisième point porte sur la nécessité de mettre en place un véritable partenariat entre les premières nations et les établissements d'enseignement supérieur. Je vais vous donner rapidement un autre exemple.
Je viens d'une collectivité qui a l'air suffisamment solide sur le plan financier pour être considérée par les universités comme un véritable partenaire, parce que nous avons autre chose à offrir que le paiement des frais d'université de nos étudiants. Nous pouvons faire autre chose que payer nos factures. Nous pouvons acheter des programmes universitaires.
Il y a quelques années, notre collectivité a eu une initiative couronnée de succès — que nous sommes en train de renouveler — lorsqu'elle a signé un protocole d'entente avec un collège communautaire de Nouvelle-Écosse. Lorsque je suis entré en fonction en 1997, aucun étudiant de notre collectivité n'était inscrit dans un collège communautaire. L'an dernier, nous en avons envoyés une quarantaine. Le protocole d'entente que nous avons signé avec le collège communautaire a amené ce dernier à investir dans notre population, à engager un conseiller des premières nations, à investir dans différents aspects et à venir faire dans notre collectivité la promotion de l'éducation postsecondaire. Cette initiative a eu des résultats extrêmement positifs.
Nous faisons actuellement la même démarche avec l'Université du Cap-Breton avec qui nous nous préparons à signer un protocole d'entente. L'université nous considère désormais comme des partenaires égaux dans ce processus. Nous lui avons carrément proposé de signer avec nous un protocole d'entente. Nous allons donc conclure avec l'Université du Cap-Breton une entente qui précise que nous ne voulons pas seulement que nos étudiants puissent s'inscrire et accomplir avec succès des études à l'université, mais que l'Université du Cap-Breton commence à investir dans nos jeunes.
Nous voulons que l'université nous donne la possibilité de soumissionner afin que des gens des premières nations puissent travailler dans cet établissement — pas seulement comme professeurs, bien que cela serait très bien également, car je me vois bien moi-même occuper un jour un poste de professeur d'université — mais aussi pour travailler à la cafétéria, au secrétariat, au gymnase, dans le secteur sportif, ainsi que dans les divers emplois autres que ceux de professeurs. Je crois que les universités sont prêtes à engager des professeurs. Et c'est très bien; cela nous convient. Mais nous représentons un important pourcentage de la société canadienne et nous voulons être représentés dans les établissements postsecondaires, pas seulement parmi les professeurs, mais également parmi les autres membres du personnel.
Nous avons demandé aux universités de s'engager à ce sujet et elles nous ont répondu qu'elles allaient fixer des pourcentages cibles et tenter de les atteindre au cours des prochaines années.
Cela étant dit, nous ne voulons pas que les universités engagent nos membres uniquement parce qu'ils appartiennent à une première nation; nous voulons qu'ils soient engagés parce que ce sont des candidats qualifiés. Pour cela, il faut que les membres de notre collectivité puissent avoir accès à l'éducation postsecondaire. Les portes doivent s'ouvrir pour eux et leur permettre d'étudier avec succès. Voilà le troisième point que je voulais souligner.
Le quatrième point porte sur la responsabilité morale du Canada en matière de promotion des collectivités des premières nations. Un peu plus tôt, j'ai parlé à Jean et j'ai déjà eu par le passé l'occasion d'entendre le Dr Janice Stein. J'avais été frappé par la pertinence d'une de ses remarques pour la société autochtone contemporaine du Canada. L'an dernier, toutes sortes de conflits ont éclaté partout dans le monde. Il y a eu des émeutes en France, des attentats à la bombe à Londres. Ces actes ont été posés par des citoyens français et britanniques déçus par la société dans laquelle ils vivent.
Moi, j'adore le Canada. Je pense que c'est le plus beau pays du monde. Nous avons ici un type particulier de gouvernement. En passant, saviez-vous que la démocratie est une idée des premières nations? Saviez-vous que la démocratie est née en Amérique du Nord? Mais surtout, la démocratie nous a permis de grandir et de nous épanouir sur ce continent. La démocratie s'est développée de telle façon qu'une partie de la société croit maintenant dans des valeurs — les libertés individuelles, les rôles et responsabilités de nos citoyens. Quand je vois ce qui se passe dans le monde, je me rends compte que je viens d'une collectivité où il y a 630 emplois et seulement 300 personnes qui cherchent du travail. Nous sommes une anomalie. Nous sommes une anomalie parmi les premières nations.
Je le sais parce que j'habite dans une collectivité appelée Membertou. À 30 milles plus loin se trouve Eskasoni, une collectivité jumelle à laquelle je suis très attaché. J'y ai enseigné pendant dix ans dans une école secondaire et j'ai aussi travaillé dans un centre de traitement de la toxicomanie. J'aime bien dire sous forme de plaisanterie que j'ai passé six ans en désintoxication. Pendant dix ans de ma vie adulte, j'ai travaillé dans cette collectivité. Mais je sais également qu'un immense défi attend les gens de cet endroit dans les 20 prochaines années. Les premières nations affichant la plus forte croissance démographique au Canada, nous serons en mesure de répondre aux besoins en main-d'oeuvre qu'aura le Canada au cours des années à venir. Nous sommes suffisamment nombreux. Il est inutile d'aller chercher ailleurs. Il suffit de prendre en compte ce qui existe déjà et d'investir dans ce bassin de main-d'oeuvre.
Le chef d'Eskasoni est mon cousin germain. Nous parlions un jour de tous les défis auxquels sa collectivité devra faire face. Il m'a dit : « Dans 20 ans, nous ferons face à notre plus grand défi, car nous aurons 2 000 demandeurs d'emploi âgés de 20 à 40 ans. » J'ai pensé que c'était en effet un grand problème. Actuellement, il y a peut-être 60 ou 80 emplois à Eskasoni. Comment vont-ils faire pour en créer 1 920 ou 1 940 au cours des 20 prochaines années? Je lui ai dit : « Bonne chance, mon vieux. Je ne peux rien faire pour vous, mais vous pouvez compter sur notre soutien. Quelles que soient les mesures que vous déciderez d'adopter, nous vous aiderons du mieux que nous pourrons. Nous mettrons l'expérience de Membertou à la disposition de votre collectivité afin que vous puissiez trouver des solutions. »
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Quatre minutes? Très bien.
Pour répondre à votre première question, un de nos objectifs actuellement est de déterminer les secteurs dans lesquels nous souhaitons que les jeunes se spécialisent. C'est la raison pour laquelle nous avons signé un protocole d'entente avec l'Université du Cap-Breton pour qu'elle propose un baccalauréat en études communautaires qui offre quatre filières différentes. Nous avons commencé par définir ces quatre domaines dans lesquels nous avons noté un besoin en matière de formation.
La première filière est celle des techniques policières, puisque nous avons besoin de plus d'agents de police. Il y a ensuite la filière du travail social, parce que nous pensons que nous devons régler certains problèmes sociaux dans notre collectivité. La troisième filière est celle de l'enseignement, parce que nous estimons que nous avons besoin de plus d'enseignants et d'un plus grand nombre de personnes pouvant servir de modèles dans notre collectivité. La quatrième filière est celle du sport, parce que nous voulons proposer aux jeunes des activités qui les inciteront à mener une vie saine et qui leur offriront un plus large éventail de possibilités à mesure qu'ils grandissent.
Nous appuyons également les activités qui encouragent les Autochtones à choisir une profession libérale. Nous envoyons régulièrement des gens assister à des conférences. Nos éducateurs encouragent les jeunes à choisir la profession d'ingénieur. C'est important.
Entre parenthèses, j'ai un diplôme de mathématiques et j'ai toujours voulu devenir ingénieur, mais lorsque j'étais jeune, les emplois de ce type n'existaient pas. Je n'ai jamais connu d'ingénieur autochtone. Je n'avais tout simplement pas de modèles.
Pourquoi les premières nations du Canada ont-elles tant d'enseignants? Tout simplement parce que ce sont les seuls emplois qui existent dans une réserve. Nous avons des écoles, mais nous n'avons pas d'entreprises de génie — pas encore. Je dis « pas encore », parce que je suis un optimiste. Nous en aurons, parce que nous allons former nos jeunes.
Un étudiant qui souhaite devenir médecin, ou ingénieur, ou effectuer un autre type d'étude, peut compter sur notre collectivité... Le Programme d'enseignement postsecondaire actuel peut aider un étudiant à faire les études qu'il souhaite. Malheureusement, le montant des allocations qui leur est accordé n'est pas vraiment suffisant pour permettre de faire des études de médecine. En effet, c'est très difficile de vivre avec seulement 625 $ par mois dans une ville comme Toronto, Ottawa ou Montréal et, jusqu'à un certain point, cela n'incite guère les étudiants à poursuivre de longues études. C'est pourquoi nous devons trouver d'autres moyens de les aider afin qu'ils puissent réaliser leurs objectifs.
C'était ma réponse à la première question. La deuxième question concernait les taux d'obtention de diplôme. Les premières nations doivent disposer des ressources financières et humaines nécessaires pour conseiller les jeunes et les aider à avoir de meilleurs résultats au secondaire.
Dans notre école, nous avons engagé un travailleur social pour assurer le soutien aux élèves. Notre collectivité s'est aussi intéressée à certains emplois et nous avons décidé d'engager des spécialistes pour aider nos étudiants à mieux réussir. Nous avons maintenant des préposés au soutien des élèves. Ce sont parfois des enseignants qui assurent ce rôle. Nous leur avons dit : « Vous avez certaines compétences et aptitudes. Nous ne vous demandons pas d'enseigner, mais d'utiliser certaines de vos compétences pour faire ce travail. »
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J'ai comparu devant votre comité en 1997 pour parler du projet de loi C-30 qui est devenu plus tard la Loi sur l'éducation des Mi'kmaq.
Dans notre collectivité, nous avons établi des priorités en matière d'éducation. Nous avons une constitution en matière d'éducation et c'est très simple. Elle énonce des principes élémentaires. Un de ces principes stipule que l'on ne peut pas faire travailler un jeune de moins de 18 ans entre neuf heures et 15 h 30 n'importe quel jour de l'année, parce que ces jeunes-là devraient être à l'école. Par conséquent, l'éducation des jeunes demeure la priorité essentielle de notre constitution en matière d'éducation. Parallèlement, étant donné que nous avons désormais la maîtrise de l'enveloppe de financement en matière d'éducation, nous pouvons choisir de dépenser moins d'argent dans certains secteurs et d'en consacrer plus à l'éducation. Et c'est exactement ce que nous avons fait.
En 1997, lorsque je suis devenu membre de l'administration de la bande, les programmes sociaux de la collectivité représentaient notre plus grande dépense... C'est triste, mais c'est la réalité dans beaucoup de premières nations au Canada. À l'heure actuelle, c'est l'éducation qui représente le plus gros poste de dépense de notre collectivité. Une collectivité qui consacre plus de crédits à l'éducation qu'aux questions sociales est une collectivité en bonne santé et avant-gardiste. C'est un des engagements que nous avons pris. Nous ne recevons pas plus de crédits pour l'éducation que pour les programmes sociaux, mais, dans notre collectivité, nous accordons la priorité à nos propres besoins et nous leur consacrons les crédits nécessaires.
Actuellement, nous bénéficions d'un système scolaire qui commence à la maternelle, pour les enfants de trois ans et les élèves bénéficient de notre soutien jusqu'à l'université.
En revanche, nous ne disposons pas pour le moment de fonds permettant d'offrir des cours de recyclage à nos étudiants pour qu'ils soient au niveau lorsqu'ils s'inscrivent à l'université comme étudiants adultes. Je ne tiens pas à inscrire un étudiant dans un établissement postsecondaire en sachant qu'il court à l'échec. Ce serait aberrant pour moi de faire une chose pareille. C'est pourquoi nous avons besoin de fonds pour offrir des programmes préparatoires à l'accès à l'université. Nous avons besoin de fonds pour offrir des cours de mise à niveau afin que les étudiants soient mieux préparés.
Comme je l'ai dit plus tôt, au niveau secondaire, nous investissons, d'une part les crédits que reçoit notre collectivité et d'autre part une partie de nos propres fonds. Nous avons un réseau de soutien plus solide pour nos élèves de l'élémentaire et du secondaire. Voilà ce que nous faisons.
Une des particularités de notre système consiste à mettre trois préposés à la disposition de nos 247 élèves inscrits. J'ai un préposé aux élèves du secondaire, étant donné que ces élèves présentent des caractéristiques particulières — j'ai moi-même été enseignant au secondaire. Dans toutes les collectivités, chaque école devrait disposer de son propre préposé, car c'est trop difficile de partager une personne entre six écoles différentes. Les élèves du secondaire arrivent à un moment critique de leur vie et ils doivent pouvoir bénéficier quotidiennement des conseils d'une personne plus âgée. Nous avons un préposé au soutien des élèves au niveau élémentaire et un autre au niveau secondaire de premier cycle, tout au long de la scolarité.