:
Je déclare ouverte cette séance du lundi 29 mai 2006 du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord.
Chers membres du comité, vous avez devant vous l'ordre du jour. La présente séance sera consacrée essentiellement à l'audition des témoins. Du Bureau du vérificateur général, nous recevons Sheila Fraser, vérificatrice générale; Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint; et Glenn Wheeler, directeur principal.
Sont également présents, du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien : Paul LeBlanc, sous-ministre adjoint principal, Secteur des politiques socio-économiques et des opérations régionales; Caroline Davis, sous-ministre adjointe, Services ministériels; Mary Quinn, directrice générale, Direction générale des politiques stratégiques et des transferts, Affaires du Nord.
Nous accueillons aussi Ian Potter, sous-ministre adjoint de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits.
Bienvenue à tous, et merci beaucoup de votre présence.
Nous allons commencer par entendre la vérificatrice générale, Mme Sheila Fraser. Madame, je vous souhaite la bienvenue parmi nous.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de nous donner l'occasion de vous présenter les résultats de notre vérification de la gestion des programmes destinés aux Premières nations, plus précisément ceux présentés dans notre rapport d'étape. Comme vous l'avez dit, je suis accompagnée de M. Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, et de M. Glenn Wheeler, directeur principal, qui est aussi responsable de ce travail.
[Français]
Une fois l'an, je prépare un rapport au Parlement intitulé Le Point. Ce rapport cible les mesures prises par le gouvernement pour donner suite à nos recommandations découlant de certaines de nos vérifications de gestion antérieures. Il aide ainsi les parlementaires à tenir le gouvernement responsable de l'intendance des fonds publics.
[Traduction]
Depuis 2000, j'ai publié plusieurs chapitres sur les programmes et les services destinés aux Premières nations. En effectuant la vérification de suivi dont il est question aujourd'hui, nous visions un double objectif. Dans un premier temps, nous voulions faire une évaluation complète des progrès réalisés globalement par le gouvernement à la suite des vérifications précédentes. Dans un second temps, nous avons cherché à comprendre les raisons pour lesquelles des progrès avaient été réalisés à l'égard de certaines recommandations mais non dans le cas des autres.
Nous avons effectué un suivi de sept vérifications réalisées entre 2000 et 2003, lesquelles portaient sur les logements dans les réserves, les soins de santé, les revendications territoriales globales, le développement économique, le processus d'intervention de tiers administrateurs, le programme Aliments-poste et les rapports exigés des Premières nations. Les organisations fédérales avaient souscrit à la plupart de nos recommandations et s'étaient engagées à agir. Mais dans l'ensemble, nous avons constaté que le gouvernement a fait des progrès insatisfaisants.
[Français]
J'aimerais aujourd'hui vous entretenir de trois questions qui sont importantes pour la santé et le bien-être des premières nations et qui méritent une attention particulière, soit les logements dans les réserves contaminés par la moisissure, la surveillance de la consommation de médicaments sur ordonnance et l'examen des principaux points d'entrée du programme Aliments-poste.
La moisissure constitue un problème dans de nombreuses maisons dans les réserves, et ce type de contamination est considéré comme un sérieux problème de santé et de bien-être qui tend à s'aggraver. Lors de notre vérification initiale de 2003, nous avons constaté que les trois organisations responsables, soit Affaires indiennes et du Nord Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement et Santé Canada, avaient formé un comité pour étudier le problème.
Au cours de notre récente vérification, nous avons constaté qu'aucune organisation fédérale ne s'était chargée d'évaluer l'ampleur de la contamination par la moisissure ni d'élaborer une stratégie ou un plan d'action pour régler le problème, en dépit des activités du comité.
Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au gouvernement de choisir l'organisation qui prendra la direction des activités destinées à régler le problème des logements contaminés par la moisissure dans les réserves. Vous voudrez peut-être lui demander également de soumettre au comité un plan d'action assorti d'un échéancier et, par la suite, des rapports d'étape.
[Traduction]
Le second volet concerne les médicaments sur ordonnance. Dans le cadre de son Programme des services de santé non assurés, Santé Canada rembourse les médicaments délivrés sur ordonnance aux membres des Premières nations et aux Inuits. Les Premières nations s'inquiètent de l'usage à mauvais escient des médicaments sur ordonnance. Le problème est d'autant plus aigu qu'il existe des écarts importants au chapitre de la santé entre la population des Premières nations et le reste de la population canadienne.
Par suite de certaines vérifications, dont l'une remonte à 1997, nous avions signalé que le ministère tardait à intervenir dans les cas où des médicaments sur ordonnance pouvaient être mal utilisés.
Lors de notre vérification de 2000, nous avions constaté que Santé Canada avait mis à jour son protocole d'examen de la consommation de médicaments pour mieux relever et suivre les cas laissant supposer une utilisation à mauvais escient des médicaments sur ordonnance. Ce protocole, qui comprenait un suivi auprès des clients, des médecins, des pharmaciens et des organismes professionnels, a eu un certain effet positif.
Mais le ministère l'a abandonné parce que la direction n'était pas convaincue de pouvoir recueillir de tels renseignements sans avoir un mandat législatif qui permette clairement cette analyse, ou sans le consentement du client concernant l'analyse des renseignements personnels en matière de santé. En 2001, les représentants du ministère ont informé le comité des comptes publics qu'ils prévoyaient reprendre cette analyse au cours de l'année pour 70 p. 100 des clients, une fois qu'ils auraient obtenu leur consentement.
Cependant, le ministère n'avait obtenu le consentement que de 25 p. 100 des clients lorsqu'il a mis fin à ce projet en 2004. La même année, nous avons signalé que le nombre de bénéficiaires ayant obtenu au moins 50 ordonnances au cours d'une période de trois mois avait presque triplé par rapport aux données de notre vérification de 2000.
Dans le cadre de notre récente vérification, soit cinq ans et demi plus tard, nous avons constaté que Santé Canada avait enfin repris son analyse détaillée de la consommation de médicaments sur ordonnance, mais qu'il était incapable de dire si son intervention avait permis de réduire l'usage à mauvais escient de ces médicaments. Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas encore demandé une loi habilitante pour son Programme des services de santé non assurés. Lorsque la situation se présente, le ministère se limite à demander au bénéficiaire de son programme de donner son consentement, si ce n'est pas déjà fait, avant d'aviser les professionnels de la santé ou le pharmacien que ces personnes pourraient utiliser à mauvais escient des médicaments sur ordonnance.
Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au ministère de fournir au comité un rapport détaillé décrivant sa présente démarche destinée à régler ce grave problème ainsi que des rapports d'étape donnant des chiffres à même de prouver que son intervention a permis de réduire l'utilisation à mauvais escient de ces médicaments.
[Français]
Enfin, le programme fédéral Aliments-poste subventionne le coût de l'envoi par transport aérien d'aliments frais périssables dans le Nord canadien. Il a pour objectif d'accroître l'apport nutritif du régime alimentaire des résidants du Nord.
En 2002, on a signalé que 140 collectivités du Nord étaient admissibles à ce programme dans les trois territoires et dans certaines parties du nord du Labrador, du Québec, de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta. Dans ces collectivités, les utilisateurs du programme doivent prendre des arrangements avec les grossistes pour faire expédier les aliments admissibles à des centres de Postes Canada dans l'un des 20 points d'entrée désignés. Postes Canada assume ensuite la responsabilité de faire parvenir par transport aérien les denrées périssables aux collectivités, et ce, dans un délai de 48 heures.
Lors de notre vérification de 2002, nous avions constaté que des représentants du ministère ainsi que de nombreux marchands et consommateurs du Nord considéraient que l'accès à des points d'entrée situés plus au sud aurait des effets positifs sur le choix et la qualité des aliments et réduirait le temps nécessaire au transport. Or, il s'était avéré à l'époque qu'Affaires indiennes et du Nord Canada n'avait jamais examiné systématiquement l'emplacement des points d'entrée. Nous avions recommandé que le ministère procède à un tel examen pour déterminer si le fait de changer leur emplacement pouvait accroître l'efficacité du programme.
Dans le rapport de la présente vérification, nous signalons que le ministère n'a toujours pas entrepris cet examen. Il n'a examiné qu'un seul point d'entrée et ne prévoit pas examiner les autres à court terme. Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au ministère ce qu'il compte faire à ce sujet.
[Traduction]
Monsieur le président, j'aimerais maintenant attirer votre attention sur les travaux que nous avons effectués pour comprendre les raisons pour lesquelles seules certaines recommandations ont été mises en oeuvre. Nous avons cerné sept facteurs qui pourraient avoir favorisé la mise en oeuvre de nos recommandations. Leur absence semble avoir nui à leur application et entravé l'instauration de changements importants dans la vie des membres des Premières nations.
Nous avons constaté que les organisations fédérales étaient mieux à même de faire des progrès satisfaisants lorsque les programmes et les initiatives étaient coordonnés de manière adéquate, bénéficiaient d'une attention soutenue de la part de la direction; faisaient l'objet d'une véritable consultation auprès des Premières nations; tenaient compte de la capacité des Premières nations d'instaurer les programmes au sein de leurs collectivités et visaient à développer et à renforcer cette capacité; et prévoyaient la création des institutions des Premières nations et la participation de ces institutions à la réalisation des objectifs du programme.
De plus, le fait de fonder les programmes et les initiatives sur des dispositions législatives pertinentes contribue à préciser le rôle, les responsabilités, les critères d'admissibilité et d'autres éléments de programme.
Enfin, nous avons constaté que l'un des facteurs essentiels, soit les divers rôles confiés à Affaires indiennes et du Nord Canada, pourrait avoir contribué à miner, au fil du temps, le lien de confiance entre le ministère et les Premières nations. Les divers rôles du ministère peuvent à tout le moins donner l'impression que ses responsabilités fiduciaires à l'égard des Premières nations ne sont pas compatibles avec ses obligations de représentant de la Couronne.
[Français]
À mon avis, la qualité de vie des membres des premières nations serait grandement améliorée si l'on tenait soigneusement compte de tous ces facteurs au moment de réaménager les programmes en vigueur et lors de la mise en oeuvre de nouveaux programmes.
Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au gouvernement ce qu'il entend faire pour intégrer ces facteurs essentiels à l'exécution des programmes et à la prestation des services aux membres des premières nations.
[Traduction]
Monsieur le président, voilà qui conclut notre déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre à toutes les questions des membres du comité.
Merci.
Pour ce qui est de la réponse du gouvernement, le sous-ministre l'avait confirmée au moment où notre rapport allait sous presse; on peut donc présumer qu'elle reflète l'opinion du gouvernement. Nous n'avons pas effectué de travaux en lien avec l'accord de Kelowna. Nous ne vérifions que la mise en oeuvre, dans ce cas, ou ses effets après coup. Je suis donc incapable de vous dire si on a tenu compte d'un quelconque facteur de réussite indiqué dans le rapport.
En ce qui concerne le projet de loi C-2, vous avez raison. Nous avons comparu devant le comité qui l'étudiait et nous avons fait quelques observations générales sur la façon dont certaines dispositions du projet de loi s'appliqueraient à notre Bureau. L'une d'elles nous conférerait le pouvoir de procéder à des vérifications concernant les bénéficiaires de subventions et de contributions ayant reçu plus d'un million de dollars. Évidemment, cela s'appliquerait aussi aux Premières nations. On a également prévu une exclusion particulière pour les administrations autonomes... mais rares sont les cas visés par cette exclusion. Nous avons tenté d'expliquer au comité comment nous mettrions en pratique cette disposition si le projet de loi était adopté, et avons dit croire que le gouvernement, les ministères et les directeurs de programme avaient la responsabilité de s'assurer que les fonds transférés à titre de subventions et de contributions étaient utilisés à bon escient, et que cette tâche n'incombait pas ultimement au vérificateur externe du gouvernement fédéral.
Nous avons également fait état — vous avez raison — de nos discussions avec l'Assemblée des Premières nations, notamment, de même que de notre réunion avec des représentants gouvernementaux pour discuter de la création éventuelle d'un poste de vérificateur général destiné aux Premières nations. Le projet est encore au stade embryonnaire et nous n'en sommes qu'aux discussions, même si nous nous sommes mis d'accord pour y travailler plus en profondeur. Ce mandat soulève bien sûr des questions majeures. Si on créait un tel poste, quelle sorte de mandat aurait celui qui l'occupe? Comment traiterait-il avec les quelque 630 Premières nations? C'est l'une des questions importantes à laquelle il faut réfléchir. Nous n'en sommes donc qu'au tout début.
Quant à la dernière question, il existe deux domaines sur lesquels nous sommes très réticents à faire des commentaires : les politiques, évidemment, et ce que nous appelons les rouages du gouvernement. En effet, celui-ci peut organiser son fonctionnement comme il l'entend, et le vérificateur général hésite beaucoup à en parler. Mais dans le cas qui nous occupe, où il y a incompatibilité des rôles parce que le ministère se retrouve à la fois à fournir des services, à être la cible de poursuites et à négocier des traités, il peut y avoir, à tout le moins, une apparence de conflit. La relation entre le gouvernement et les Premières nations doit absolument reposer sur la confiance et, à notre avis, certains rôles inconciliables risquent de nuire à cette relation. Nous avons donc essayé de faire valoir que le gouvernement, que ce soit en renouvelant ses programmes ou en en créant de nouveaux, doit en tenir compte et envisager de meilleures façons de faire pour éviter cette apparence de conflit d'intérêts.
:
C'est utile, pour moi, d'avoir cette information.
Je vais vous poser deux questions, puis je vous laisserai y répondre. Dans votre rapport, vous avez fait état d'un manque de financement en disant que la croissance démographique était d'environ 11,2 p. 100 alors que, je crois, le financement n'avait augmenté que de 1,6 p. 100. L'Assemblée des Premières nations a indiqué, dans un communiqué, que depuis 1996, l'augmentation du financement des programmes fondamentaux du ministère des Affaires indiennes était plafonnée à 2 p. 100.
Il y a une semaine et demie, un représentant du ministère est venu nous faire une présentation. En s'appuyant sur les statistiques du ministère, il nous a parlé de la croissance démographique importante, qui est attribuable à plusieurs facteurs. Je me demande si, lorsque vous avez traité de cet écart, vous avez pu formuler des recommandations concrètes autres qu'une simple augmentation du financement du ministère. C'est peut-être une question de politique, auquel cas, cela dépasserait votre compétence.
Deuxièmement, je voulais vous interroger au sujet de la consultation. Parmi les sept facteurs que vous avez cernés, vous avez parlé de l'importance de tenir de véritables consultations. Je sais que cela a été l'objet de plusieurs affaires devant les tribunaux. À votre avis, y a-t-il certains éléments à considérer en ce qui a trait aux consultations des collectivités inuites, métisses ou des Premières nations? Les mentionne-t-on dans ce rapport?
Troisièmement, croyez-vous que le gouvernement doive répondre dans un certain délai? Dans de précédents rapports, vous avez parlé de revendications territoriales globales qu'on avait mis 29 ans à régler. Je ne crois pas que nous ayons vu des réductions significatives du temps de réponse du ministère et du gouvernement pour résoudre certains problèmes critiques.
Pouvez-vous répondre à ces trois questions?
:
Merci monsieur le président et merci à Mme Fraser pour sa présence.
Je suis convaincu que tous ici ont à coeur les intérêts des Autochtones et que c'est pour cette raison qu'ils ont choisi de siéger à ce comité.
Je suis parfaitement d'accord avec M. Lemay lorsqu'il dit qu'on ne veut pas reléguer aux oubliettes ce rapport et ces bonnes recommandations et les ressortir dans cinq ans pour se rendre compte que rien n'a changé.
En parcourant ce rapport, je constate qu'il y a un manquement flagrant de la part du gouvernement fédéral à l'égard de 15 recommandations pour lesquelles les progrès ne sont pas satisfaisants. Ma question est : est-ce seulement une défaillance, le résultat d'une certaine réticence ou encore de la résistance de la part des gestionnaires?
Si vous prenez l'annexe, au paragraphe 15.71 du chapitre 5, Santé Canada a indiqué que cette mesure ne pouvait pas être mise en oeuvre car il est impossible d'évaluer l'usage à mauvais escient des médicaments sur ordonnance. Je ne vois pas toutes les nuances derrière cet argument, mais je trouve étrange que le ministère réponde ainsi à une recommandation.
De plus, au paragraphe 12.121, à la page 177, selon le ministère, le volume de données qu'il pourrait recueillir grâce à de nouveaux systèmes d'information ne serait pas suffisant pour justifier une telle dépense.
Vous dites qu'une attention soutenue de la part de la direction est un facteur essentiel à la mise en oeuvre réussie des recommandations. Comment notre comité peut-il s'assurer que la direction s'intéresse à ces recommandations de manière soutenue? Ensuite, si vous avez le temps... Vous avez décelé 15 lacunes -- sur lesquelles nous reviendrons --, mais si nous devions les classer, lesquelles figureraient en haut de la liste? Vous n'êtes peut-être pas préparée pour répondre aujourd'hui, mais ce serait utile de le savoir au cas où nous devrions donner la priorité à certaines recommandations à l'avenir.
Merci.
Évidemment, les comités contribuent énormément à notre travail lorsqu'ils rédigent des rapports et les déposent à la Chambre ou lorsqu'ils demandent au gouvernement de répondre, ou encore quand veulent qu'il leur donne des plans d'action et des rapports de suivi réguliers. C'est ce que nous avons proposé dans notre déclaration liminaire et vous pourrez en tenir compte. Donc, si les comités nous aident à faire le suivi, ce sera plus facile de se concentrer sur les questions clés.
En effet, nous avons relevé trois manquements qui ont une incidence importante sur la santé et le bien-être des Premières nations.
Tout d'abord, relativement au problème de moisissures dans les logements, il faudrait nommer un ministère qui serait chargé d'élaborer une stratégie et un plan d'action. J'irais jusqu'à dire que ceux-ci pourraient être soumis au comité.
Quant aux médicaments délivrés sur ordonnance, Santé Canada pourrait faire le point sur les mesures qu'il prend et soumettre régulièrement des rapports.
Finalement, dans le cadre du programme Aliments-poste, le gouvernement devrait indiquer ce qu'il compte faire pour fournir des aliments frais et nutritifs aux habitants du Nord sans que cela coûte excessivement cher.
Ce sont les trois problèmes qu'il faut corriger avant toute chose.
:
Merci, monsieur le président.
En 2002, nous avons fait la vérification du nombre de rapports qu'une première nation typique devait produire au cours d'une année. Nous avons constaté que quatre ministères exigeaient au moins 168 rapports par année, dont cinq états financiers vérifiés. Les exigences paraissent raisonnables lorsqu'on prend chaque programme en particulier, mais quand on additionne tout cela, cela n'a plus de bon sens.
Nous avons également examiné l'analyse que faisaient les ministères de ces rapports et nous avons constaté qu'ils n'utilisaient pas toute l'information. Souvent, dans nos vérifications, nous critiquons le gouvernement parce qu'il n'a pas fait une analyse appropriée.
Nous sommes d'avis qu'il y a lieu de simplifier le régime. Il devrait y avoir plus de coordination, voire une simplification des programmes. Mais il devrait y avoir, à tout le moins, une coordination. Ici, on parle d'environ 600 premières nations. Il doit être relativement facile de coordonner les besoins en matière d'information.
De plus, il faut comprendre que les sanctions pour les premières nations qui n'ont pas produit ces informations sont très sévères. Si elles ne produisent pas d'états financiers, leur financement est coupé. Donc, elles produisent l'information. Cependant, comme la plupart des communautés comptent peu de membres, il s'agit d'un fardeau administratif important.
Il y a lieu de simplifier le régime et de voir de quelle information le gouvernement a besoin mais, d'abord et avant tout, de quelle information la communauté a besoin. Elle devrait pouvoir s'en servir pour sa gestion et elle devait être utile aussi au gouvernement. Nous croyons donc qu'il y a moyen de simplifier le tout.
:
Merci, monsieur le président. Madame Fraser, je vous remercie de votre présence.
Comme vous avez pu le constater, il y a un groupe des premières nations qui est avec nous. Depuis 25 ans, ces gens essaient d'obtenir des services décents. Ils vivent une situation inconcevable, encore aujourd'hui.
Étant donné le peu de temps dont je dispose, j'aimerais vous poser un certain nombre de questions en rafale au sujet des ministères qui sont impliqués dans les affaires indiennes. Vous pourrez me répondre par la suite.
À la page 178 de votre rapport, vous mentionnez l'existence de points d'entrée de produits sains pour l'aide alimentaire. Il est indiqué « qu'à la lumière des résultats des projets pilotes en cours dans trois collectivités, il se penche sur la pertinence d'apporter des modifications [...] ». Cependant, le ministère n'a examiné qu'un seul point d'entrée.
Je suis arrivé vendredi soir du Nunavik, et j'avais pris la photo d'une dinde qui pesait environ 15 livres. Ce n'était pas mon portrait, c'était une vraie dinde. Savez-vous qu'on demandait 81 $ pour cette dinde? Il faut le faire! Et encore aujourd'hui, on se pose des questions au sujet de l'aide alimentaire et de l'envoi par transport aérien d'aliments frais périssables. Pensons à des champignons pourris ou à une pomme de laitue pourrie qui se vend 3,59 $. Ces denrées ne sont pas comestibles.
Ensuite, à la lecture de votre rapport, j'ai cru comprendre que vous tentiez de convaincre le gouvernement de centraliser les services de l'Agence du revenu, du ministère du Patrimoine canadien et du ministère de la Santé à l'intérieur d'un seul ministère. En matière de revenu, on sait que les Inuits sont des contribuables. Chaque chasseur est un entrepreneur qui fournit de la nourriture à ses concitoyens. Cependant, il ne peut déduire ses dépenses, contrairement aux entrepreneurs ordinaires.
Madame Fraser, avez-vous constaté une volonté réelle de la part du gouvernement de prolonger le programme Aliments-poste de Postes Canada, ainsi que l'aide aux transporteurs réguliers, soit les bateaux qui amènent des biens aux Inuits? Il y a peut-être de l'aide à l'heure actuelle, mais elle n'est pas suffisante. Il serait peut-être bon de recommander de les aider un peu plus.
J'attends votre réponse avec impatience.
:
Merci pour la question.
Pour ce qui est des dispositions prises par le ministère à l'égard du programme Aliments-poste, comme la vérificatrice générale l'a mentionné, son bureau a recommandé pour la première fois en 2002 que nous revoyions les points d'entrée, et à ce jour, le rapport indique que nous n'en avons examiné qu'un seul.
En 2002, nous avions dit que les points d'entrée feraient l'objet d'un examen au cas par cas. Cela nous a permis de prendre connaissance de cas où la qualité de la nourriture laissait à désirer et où le prix des aliments n'avait pu être réduit, à cause du programme. Nous voulions donc faire cet exercice, mais surtout respecter le budget de base alloué pour le programme.
Le financement du programme n'a pas changé depuis 2002-2003, mais les coûts associés au programme ont augmenté en raison de la forte demande et de la hausse du prix du carburant, entre autres. Comme l'a signalé la vérificatrice générale, nous devons revoir les coûts du programme et les points d'entrée afin de trouver le moyen de minimiser les dépenses.
Nous nous sommes concentrés sur les projets pilotes mentionnés afin de recueillir des données probantes qui nous permettront de prendre des décisions fondées concernant le budget de base du programme. Une fois que nous aurons trouvé une solution durable au financement du programme, nous pourrons nous attaquer à d'autres dossiers tels que les points d'entrée, l'éducation nutritionnelle et la promotion au détail, car les détaillants ont beau avoir les aliments à disposition, nous ne sommes pas plus avancés s'il n'y a pas de programmes ou d'initiatives en place pour informer les gens sur l'utilité des produits et la façon de les présenter, entre autres. Ce sont quelques-uns des éléments à revoir dans le programme.
Bref, notre but est de compiler les résultats de ces trois projets pilotes et ceux de l'examen du point d'entrée de Churchill, puis d'envisager une série d'options à cet égard. Nous pourrons ensuite conseiller le ministre sur la façon d'améliorer le programme.
Je pense que vous faites allusion à un contrat que nous sommes sur le point de concéder à un organisme privé. Le contrat actuel est exécuté par une entreprise du nom de First Canadian Health, qui est responsable du traitement des demandes de paiement des soins pharmaceutiques et dentaires couverts par le gouvernement. C'est un gros contrat, qui se chiffre en centaines de millions de dollars et est assujetti aux règles du gouvernement et du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux relatives aux marchés publics importants. Selon ces règles, le gouvernement doit en avoir pour son argent, obtenir un service efficace et appliquer la politique, qui se trouve dans les directives de Travaux publics concernant les approvisionnements, en vertu de laquelle il doit avantager les entreprises autochtones lorsqu'un contrat vise principalement les Autochtones. Cette politique renferme deux dispositions. Selon la première, les invitations à soumissionner sont réservées aux entreprises autochtones. La deuxième permet de préciser dans le contrat que, peu importe qui sont les soumissionnaires, le gagnant devra servir les Autochtones.
Dans le cadre de notre examen — et le gouvernement n'a pas encore décidé comment il entendait procéder pour ce contrat —, nous avons tenu des séances d'information avec les entreprises intéressées à soumissionner. Nous avons observé que, compte tenu de la nature spécialisée de ce contrat, peu d'entreprises autochtones seraient en mesure de l'exécuter. L'entreprise actuelle, First Canadian Health, a conclu un important contrat de sous-traitance avec une autre entreprise, ESI, qui effectue le gros du travail.
Dans l'analyse du problème, l'une des options que nous avons présentée à l'industrie, à des fins de rétroaction, était la possibilité d'accorder un avantage de 20 p. 100 aux entreprises autochtones, mais sans que les soumissionnaires soient nécessairement des entreprises autochtones. C'est ce que nous sommes en train de faire.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Fraser, je vous remercie de votre comparution devant le comité. Je profite de l'occasion pour vous remercier aussi d'être venue dans ma circonscription l'été dernier. Vous avez beau lire tout ce qui concerne le Nord, vous devez le voir pour en comprendre pleinement les enjeux. Je vous en suis donc reconnaissante.
Mes deux sujets de préoccupation, qui ont d'ailleurs été abordés par d'autres, sont le Programme des services de santé non assurés et l'approvisionnement alimentaire par la poste.
Le Programme des services de santé non assurés semble parfois nuire à l'obtention des médicaments sur ordonnance. C'est un processus vraiment complexe pour les pharmacies, et je sais que certains cabinets médicaux refusent des patients qui doivent soumettre des demandes dans le cadre de ce programme. Cela limite donc le nombre de médecins ou de dentistes auxquels nous avons accès. Certains ne veulent tout simplement rien savoir de ce programme.
Certaines personnes, en particulier des infirmières travaillant dans des collectivités éloignées, m'ont parlé du délai d'attente pour l'approbation d'un médicament prescrit, mais qui ne figure pas sur la liste des médicaments approuvés. Comme dans beaucoup de ces collectivités les pharmaciens sont rares, l'attente est encore plus longue. Une fois le médicament approuvé, on doit l'envoyer à son destinataire. Un patient peut donc attendre son médicament pendant des semaines.
Je ne comprends pas. Je bénéficie de deux régimes : celui des services de santé non assurés et d'un autre pour lequel les demandes sont soumises automatiquement par Internet depuis le cabinet de médecin, alors qu'avec le régime des soins de santé non assurés, il faut présenter les demandes sur papier. Je me demande si cela ne pourrait pas être une option pour simplifier le Programme des soins de santé non assurés. M. Potter peut-il répondre à cette question?
Ce processus semble occasionner beaucoup de problèmes. Il doit exister un moyen pour simplifier, comme vous le dites, l'envoi des demandes, parce que je sais pertinemment que certains cabinets sont très réticents à prendre des patients lorsqu'ils savent qu'ils devront traiter avec le régime de soins non assurés.
Je vous laisse d'abord répondre à cette question puis je reviendrai sur l'approvisionnement alimentaire par la poste.
:
Le ministère reconnaît l'importance des sept facteurs de réussite et ils sont au premier plan de nos considérations. Celui que vous mentionnez est effectivement très important.
Je pense, par exemple, à la stratégie de gestion améliorée de l'eau, que le ministre a annoncée il y a quelques mois. Le renforcement des capacités — la formation des exploitants des stations d'épuration, la formation des administrateurs des Premières nations dans le domaine de l'eau — est au coeur même du soutien qu'on fournit aux Premières nations pour les aider à offrir une eau salubre et propre à leur population.
Nous avons parlé tout à l'heure des institutions. Dans de nombreux cas, le ministère assure un soutien direct à la formation et à l'accréditation des exploitants des stations d'épuration des eaux, mais il appuie également des organisations des Premières nations qui se spécialisent dans la prestation de cette formation. Là où il n'y a aucun exploitant formé ou accrédité, le ministère fournit une surveillance certifiée sur une base itinérante. Voilà un exemple de domaine où nous mettons l'accent sur le renforcement des capacités. Il y en a plusieurs autres.
Nous offrons aussi un soutien à la formation des membres des Premières nations qui sont responsables de la gestion du parc de logements. Dans le secteur de l'éducation, des programmes permettent d'assurer un soutien à la formation et au perfectionnement des administrateurs et nous fournissons des ressources au niveau des regroupements, comme les conseils tribaux qui, à leur tour, assurent un soutien aux Premières nations. Cette capacité est renforcée au niveau de la première nation, à l'école, à la station d'épuration des eaux, et elle est renforcée aussi au niveau des regroupements, où il est indispensable d'assurer une économie d'échelle et un ensemble de capacités et d'expertises à un regroupement naturel de Premières nations, que ce soit un conseil tribal ou un autre groupe.
Voilà quelques exemples. Il y en a d'autres.