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Je remercie infiniment ce comité de me permettre d'expliquer certaines des impressions de mon association sur l'éducation des Autochtones. Le greffier m'a indiqué que vous vous attachez particulièrement à l'enseignement postsecondaire; je tâcherai donc de limiter mes observations à cet aspect, mais je suis d'avis que l'éducation mérite un examen beaucoup plus vaste.
Je commencerai par un très bref résumé; je sais que je ne dispose que de 10 minutes pour vous dire qui nous sommes et à quoi ressemble la structure de notre mouvement.
Vous trouverez à la page 6 une carte montrant l'emplacement des centres d'amitié dans tout le pays. Idéalement, il y en a un dans chacune de vos circonscriptions. Sinon, nous pourrons en reparler plus tard et voir ce que nous pouvons faire. La seule province où nous ne sommes pas présents actuellement est l'Île-du-Prince-Édouard, mais nous faisons beaucoup d'efforts pour ouvrir un centre à Charlottetown.
Les centres d'amitié sont des organisations de prestation de services établies dans des collectivités à l'échelle du Canada. À l'heure actuelle, nous en comptons 117 d'un océan à l'autre. Notre mandat principal est d'administrer le Programme des centres d'amitié autochtones pour le gouvernement du Canada mais, ce faisant, nous agissons avec l'ensemble des communautés autochtones -- Premières nations, Métis et Inuits --, sans égard aux définitions politiques ou juridiques, par l'entremise de nos services quotidiens de première nécessité.
Notre mouvement est dirigé par la collectivité. Nous contribuons au financement des centres d'amitié et nous offrons du soutien à leurs conseils de gestion. Nous instaurons des normes qui régissent la portée et le type d'administration que doivent offrir les centres. Nous administrons également d'autres programmes au nom de partenaires gouvernementaux.
En ce qui touche la structure, je représente l'Association nationale des centres d'amitié. Nous sommes réellement le premier échelon de l'organisation qui comprend, selon la dernière année de statistiques complètes, 757 000 clients répartis dans les 117 centres du pays. Nous avons sept organisations régionales et nous sommes l'entité nationale. Nous avons aussi un sénat national et un conseil des jeunes.
Je ne m'éterniserai pas sur les statistiques puisque vous les connaissez sans doute mieux que moi mais, selon le recensement de 2001, 71 p. 100 de tous les Autochtones vivent à l'extérieur des réserves, dont 68 p. 100 en milieu urbain. C'est une façon bien détournée de dire qu'environ 50 p. 100 de tous les Autochtones vivent en milieu urbain.
À partir de ces mêmes statistiques, on peut déduire que la population autochtone urbaine augmente; dans certaines villes, elle a quadruplé. Dans d'autres endroits, elle continuera de prendre une importance croissante au cours des 25 prochaines années. La moitié de cette population est âgée de moins de 25 ans. Étant donné que vous vous intéressez à l'éducation, vous savez sans doute que 50 p. 100 des Autochtones n'obtiennent pas leur diplôme d'études secondaires.
Nous sommes donc aux prises avec une classe marginale grandissante au Canada: les jeunes Autochtones urbains sans instruction. Si nous n'agissons pas maintenant, ce problème ne fera qu'empirer.
Comme je l'ai déjà dit, il existe 117 centres d'amitié à l'échelle du pays. Ces organisations communautaires et le programme qui les finance sont des catalyseurs pour bien d'autres programmes que nous administrons au nom du gouvernement fédéral. Je vous en ai fourni des exemples dans la documentation. Il faut savoir que pour chaque dollar de financement de base que nous recevons, une moyenne de 9 $ supplémentaires nous est versée au titre d'autres programmes gouvernementaux. Notre programme n'est donc pas uniquement financé par le Programme des centres d'amitié autochtones. Nous offrons toute une gamme d'autres services en partenariat avec d'autres programmes fédéraux, provinciaux et municipaux.
Bien entendu, les centres d'amitié sont un premier point de contact, un milieu d'accueil, un accès à la collectivité plus large. Je ne ferai pas la liste des programmes et des services offerts par les centres d'amitié, mais vous pouvez retenir qu'ils sont variés. Il nous plaît de dire que nous offrons un cycle de programmes allant de la naissance à la mort; notamment des programmes touchant les soins prénatals, l'apprentissage précoce, les services de garde, l'aide aux jeunes décrocheurs et le soutien aux adultes en situation difficile par l'entremise de services d'enseignement, de thérapies pour la toxicomanie et l'alcoolisme, de projets d'action sociale pour les sans-abri et de services pour les personnes âgées. Tous sont adaptés à la culture de leur clientèle.
Les centres d'amitié ont vu le jour au début des années 1950 tandis que les autochtones commençaient à migrer vers les centres urbains pour une foule de raisons. Dans la documentation que je vous ai remise, vous trouverez un bref historique de notre évolution et de la situation actuelle de nos 117 centres à l'échelle du pays.
En ce qui concerne l'éducation hors-réserve, vous savez déjà qu'actuellement, la moitié des autochtones ne terminent pas leurs études secondaires et ce, pour toutes sortes de motifs. Les raisons invoquées chez les hommes sont généralement d'ordre financier tandis que, chez les femmes, elles sont depuis peu reliées aux responsabilités familiales. Si certains résultats postsecondaires donnent des signes d'amélioration, le pourcentage d'autochtones vivant hors-réserve qui obtiennent un diplôme d'études postsecondaires est considérablement plus faible que celui de l'ensemble de la population canadienne.
Les centres d'amitié s'investissent dans l'éducation par divers moyens. J'ai brièvement parlé de la notion du cycle de programmes de la naissance à la mort. Nous offrons des services d'apprentissage précoce par l'entremise de programmes comme Bon départ à l'intention des autochtones et Plan d'action communautaire pour les enfants. Pour les adultes, nous participons à des initiatives d'alphabétisation et de mise à niveau en plus d'octroyer des bourses d'études.
L'Association nationale des centres d'amitié a rendu hommage à l'une des membres de notre sénat national en donnant son nom, Delia Gray, à une bourse. Les jeunes s'intéressent activement aux centres d'amitié et une partie du financement est consacré à leurs études postsecondaires.
Nous dirigeons des écoles alternatives à l'échelle du pays, dont huit en Ontario et quelques autres dispersées dans l'ensemble du pays. Ces initiatives visent à permettre aux décrocheurs autochtones de reprendre leurs études et d'obtenir leur diplôme. Certains des programmes les plus intéressants ne se trouvent pas uniquement dans les centres d'amitié. On trouve, entre autres, quelques écoles dynamiques à Winnipeg. À Toronto, une école participe au mouvement des centres d'amitié. Il y a une vague grandissante de programmes éducatifs communautaires de première ligne qui ont besoin de soutien.
Nous participons à d'autres types de programmes à vocation éducative comme la formation en informatique et l'apprentissage des langues autochtones car, lorsqu'on parle d'éducation, on fait trop souvent fi des aspects culturel et communautaire. Nous contribuons en outre à une foule de soutiens culturels associés à ces initiatives.
En général, les programmes éducatifs pour les autochtones urbains employent les définitions relatives aux Premières nations et aux Indiens inscrits, conformément aux obligations du gouvernement fédéral. Les politiques actuelles sont axées sur les différences, comme les récents accords de Kelowna en font foi. Au cours des négociations de Kelowna, le traitement réservé à la question des Autochtones urbains nous préoccupait beaucoup. La création de conseils scolaires des Premières nations, bien qu'importante et positive, n'aidera aucune des mères célibataires du centre-ville de Winnipeg à terminer ses études ou à inscrire son enfant à un programme d'apprentissage précoce pour qu'il décroche un jour un diplôme d'études postsecondaires. Nous demandons donc que ce contexte soit élargi, dans le cadre des cibles actuelles, pour tenir compte de la population urbaine grâce à des mesures novatrices comme les écoles alternatives.
Nous croyons qu'une approche expressément urbaine est nécessaire sans qu'elle entraîne l'abandon des engagements antérieurs puisque nous estimons que les promesses découlant de l'accord de Kelowna doivent être tenues. De plus, ces programmes doivent apporter une aide à la mère célibataire proverbiale des centre-villes du Canada si l'on veut que leurs effets soient concrets.
Comme je l'ai déjà dit, au sujet de l'éducation postsecondaire, cela fait partie d'un ensemble plus vaste qui doit faire l'objet d'un examen attentif. Nous avons des programmes d'apprentissage précoce pour que nos jeunes comptent sur un bon départ dans la vie. Nous offrons des programmes scolaires de la maternelle à la douzième année pour ceux qui ont du mal à se conformer aux écoles traditionnelles. Nous avons des écoles alternatives pour que les décrocheurs puissent réintégrer le système d'éducation publique autrement. Il nous faut des programmes d'alphabétisation pour aider les décrocheurs adultes qui veulent reprendre leurs études.
Si vous vous penchez sur les programmes de services de garde et d'apprentissage précoce, vous constaterez que plus de 112 000 enfants de moins de six ans vivent à l'extérieur de la réserve et que 16 p. 100 des enfants autochtones de six ans vivant hors-réserve ont participé à des programmes préscolaires. Ce n'est certainement pas un accès suffisant pour que ces enfants connaissent un bon départ. Selon l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2001, 42 p. 100 des enfants autochtones de six ans vivant hors-réserve n'ont participé d'aucune façon à des programmes préscolaires.
Il nous faut un programme d'apprentissage précoce qui soit fondé sur des initiatives communautaires réussies de toutes les régions du Canada. Il faut préconiser une prestation directe des services aux autochtones urbains; une démarche qui n'exige pas qu'ils soient des Indiens inscrits, qu'ils appartiennent à la population métisse ou qu'ils soient originaires de certaines régions du pays. C'est ce que nous appelons la neutralité d'état. Il faut cibler des besoins précis chez les enfants autochtones vivant dans la communauté plutôt qu'offrir des programmes de portée générale pour l'ensemble du pays.
Nous demandons que divers programmes d'apprentissage précoce et de garde d'enfants actuellement offerts par un nombre de centres à l'échelle du Canada soient intégrés à un programme national d'apprentissage précoce et de garde d'enfants, tel que conçu par le gouvernement précédent.
Nous pouvons faire une foule de gestes pour les programmes destinés aux enfants de la maternelle à la douzième année. Les provinces et les territoires doivent s'engager plus fermement dans cette voie étant donné que la définition de l'autochtone urbain continue de faire l'objet de conflits intergouvernementaux. Tout examen sérieux de l'instruction des autochtones doit aussi viser à ce que personne n'échappe à ses responsabilités.
Il nous faut de meilleures écoles alternatives autochtones qui soient mieux financées et, je le répète, des partenariats avec les programmes provinciaux et les conseils scolaires locaux. Il faut renforcer nos liens avec les communautés des Premières nations et leurs organisations pour concerter nos efforts. Très souvent, nous avons tendance à travailler les uns contre les autres dans le contexte des autochtones urbains alors que nous devrions tout mettre en oeuvre pour atteindre un objectif commun.
En ce qui a trait à l'enseignement postsecondaire, seuls 23 p. 100 des Autochtones âgés de 18 à 29 ans ont déclaré avoir terminé leurs études postsecondaires, contre 43 p. 100 dans le reste du Canada. C'est sans doute le plus manifeste dans le groupe d'âge des 30 à 34 ans dont 10 p. 100 dans la population autochtone avaient repris leurs études à temps complet par opposition à seulement 5 p. 100 dans la population générale. Les Autochtones décrochent. Le système d'instruction public laisse tomber nos enfants. Une fois qu'ils ont goûté au travail et à la réussite pendant un certain temps, ils trouvent d'autres façons de réintégrer le système scolaire. Il faut trouver le moyen de les aider dès qu'ils décrochent pour garantir qu'ils réintègrent l'école.
Nous avons des partenariats avec des groupes comme le Conseil canadien sur l'apprentissage afin d'étudier la question du décrochage des jeunes Autochtones. Nous sommes entrés en partenariat avec lui pour produire la bande dessinée Rester à l'école. Nous nous concentrons sur des programmes d'alphabétisation, la sensibilisation des enfants aux conséquences du décrochage scolaire, et les possibilités pour les enfants de réintégrer le système grâce à des initiatives communautaires.
Dans l'avenir, l'Association nationale des centres d'amitié estime qu'il faudra reconnaître les besoins particuliers des collectivités urbaines; de telles politiques doivent être prises en compte lors de l'élaboration d'initiatives relatives à l'enseignement postsecondaire afin de tendre la main aux Indiens non inscrits et aux Autochtones appartenant à d'autres groupes.
Il nous faut manifestement un programme national d'apprentissage précoce et de services de garde; il faut renforcer les engagements auprès des provinces et des conseils scolaires; il nous faut un meilleur soutien pour les écoles alternatives autochtones à l'échelle du pays; il nous faut des liens plus serrés avec les Premières nations et leurs organisations sur le plan de la prestation des initiatives éducatives et il nous faut des bourses d'études universelles pour tous les peuples autochtones du Canada.
Merci monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Dinsdale, ou Peter, si vous permettez, puisque nous avons fait connaissance il y a quelque temps pour discuter du programme de l'Association des centres d'amitié. Je suis heureux de voir que le dossier a progressé.
Je crois aussi vous avoir entendu dire que vous auriez aimé que les objectifs de l'accord de Kelowna soient élargis ou bonifiés. Au contraire, le gouvernement a repris les sommes promises dans le cadre de l'accord et les a affectées à d'autres priorités.
De plus, vous avez soulevé la question de l'apprentissage précoce; il ne faudrait pas uniquement se pencher sur l'enseignement postsecondaire, mais l'apprentissage précoce a une incidence certaine sur lui. Comme vous le savez, la gouvernement conservateur a également sabré dans ces programmes.
Je sais également que vous offrez un service précieux. Je parle en connaissance de cause puisque mon expérience auprès d'organisations et de groupes autochtones remonte à une dizaine d'années, en plus de mon expérience acquise auprès du Centre d'amitié de Labrador qui fait un travail remarquable, pas seul mais en collaboration avec toute une kyrielle d'autres organisations du Labrador.
J'ai seulement deux ou trois questions à vous poser. À quel point les centres d'amitié dépendent-ils d'autres sources de financement, en dehors du financement de base, afin de continuer leurs travaux? Pour les centres d'amitié en général, quel impact cela a-t-il sur la prestation des programmes? Ce que j'essaie de savoir, c'est ceci: si vous demandez de jouer un plus grand rôle sur le plan de la prestation des programmes ou des interventions qui aident les gens à atteindre leurs objectifs éducatifs, vous faut-il un financement plus stable pour assurer votre avenir? Je sais qu'au Labrador, par exemple, le centre d'amitié semblait dépendre de toute une gamme de programmes pour rester ouvert, sur le plan de son administration, de ses frais généraux et de l'entretien de ses locaux, des choses de ce genre.
Un incident malheureux s'est produit il n'y a pas très longtemps au Labrador: le projet d'aide aux victimes du VIH/sida du centre d'amitié a été annulé par le gouvernement et son Agence de santé publique. J'aimerais que vous nous fassiez part de vos impressions à ce sujet.
Vous avez également parlé de la concurrence qui s'installe à l'occasion entre vous et d'autres organisations. Pourriez-vous nous en dire plus long et, plus précisément, comment on pourrait surmonter les obstacles de cette nature?
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Je vous remercie de votre question.
Les centres d'amitié reçoivent un total, pour l'ensemble du pays, y compris le bureau national, de 16 173 000 $ par année. Il s'agit du financement de base. C'est simplement pour que les bâtiments restent ouverts. Si vous ramenez ce chiffre à un équivalent temps plein, il correspond à une moyenne de 28 000 $ par employé des centres d'amitié. Cela correspond au financement de base. Cet argent sert à maintenir nos bureaux ouverts, à payer un directeur exécutif, un commis comptable et un agent financier.
Sur la plan de la viabilité à long terme des centres d'amitié, et c'est effectivement ce que nous cherchons, je pourrais en parler pendant des heures mais laissez-moi dire rapidement qu'en 1995, lors de l'examen des dépenses, notre programme a été amputé de 25 p. 100 de son financement. Depuis, cette somme n'a jamais été réinvestie. Cette compression continue d'avoir des effets sur notre administration dans le contexte très tendu d'aujourd'hui. Si vous croyez que le litre d'essence coûte cher pour le moment, essayez de l'acheter en dollars de 1996; c'est l'effet de ces compressions.
Le ministre a récemment annoncé le renouvellement de notre mandat pour une période de quatre ans et son engagement envers le programme des centres d'amitié, ce dont nous nous réjouissons. Cela nous donne la latitude et la stabilité nécessaires à nos travaux pour les quatre prochaines années; nous savons que nous pourrons compter sur le même financement qu'en 1996. Le ministre a aussi accepté de réexaminer le niveau de notre financement par l'entremise d'un comité mixte de l'ANCA et de Patrimoine canadien et, de plus, il nous a demandé de présenter un plan expliquant ce dont les centres d'amitié ont besoin.
Il ne fait pas de doute que nous avons besoin de ressources supplémentaires. C'est l'argument que nous présentons au gouvernement. Nous sommes encouragés par son appui jusqu'à présent.
Au sujet des autres partenaires financiers, le programme des centres d'amitié n'a jamais eu pour objet d'être la seule source de financement de ces organismes communautaires. Nous sommes un catalyseur. Nous sommes l'essence que vous mettez dans votre voiture pour la conduire et vaquer à vos occupations et, grâce à l'investissement que le gouvernement du Canada consacre aux Autochtones urbains, nous pouvons conclure des partenariats avec les provinces, territoires et municipalités, ainsi que d'autres ministères fédéraux pour offrir des programmes.
Les compressions de dépenses sont malheureuses. Elles sont parfois dans l'air du temps, malheureusement. Cela fait partie du défi général relatif aux programmes pour les Autochtones urbains: il existe un manque flagrant d'engagement sur le plan des besoins récurrents.
Pour répondre à votre dernière question portant sur le clivage entre les groupes, nous essayons d'éviter ce piège. Des enjeux politiques entrent inévitablement en scène lorsqu'il est question de représenter les Premières nations, les peuples autochtones, les Métis et les Inuits de partout au Canada. Nous desservons tous ces groupes indépendamment des conflits de compétences de l'heure et notre engagement envers nos clients et nos communautés ne vacillera jamais.
Nous voulons travailler avec ces groupes lorsqu'ils sont prêts à travailler avec nous. Nous sommes fiers du tout dernier protocole signé avec l'Assemblée des Premières nations à cette fin, et nous espérons qu'il nous permettra, à défaut d'autre chose, d'être un fournisseur de services communautaires exempt de ce genre de bataille.
Je vous remercie d'être venu.
Avant de poser ma question, j'aimerais préciser une chose qui nous laisse toujours perplexes: les crédits d'impôt. Selon ce que j'en comprends, les crédits d'impôt ne sont applicables qu'aux organisations à but lucratif et non à celles sans but lucratif. Quoi qu'il en soit, quand vous rencontrerez le ministre en personne, il vous donnera son interprétation.
J'aimerais poser une série de questions. Vous avez soulevé des enjeux importants relatifs à l'éducation en milieu urbain et j'aimerais aborder l'éducation postsecondaire. Je poserai ma première question et, si le temps le permet, nous passerons aux autres.
À votre avis, quelles seront les conséquences de la suppression de l'accord de Kelowna sur le plan de l'accès, ou plutôt du manque d'accès, des étudiants autochtones -- qu'ils soient Métis ou membres des Premières nations, qu'ils aient des droits ancestraux ou issus de traités ou non -- à l'éducation postsecondaire?
Ma deuxième question a trait au système d'éducation de la maternelle à la douzième année. Vous semblez connaître les écoles Children of the Earth et Niji Mahkwa de Winnipeg. Je les connais très bien et je sais que Winnipeg a consacré des efforts considérables au développement du cursus scolaire, à la formation des enseignants et à bien d'autres aspects du programme éducatif. La majorité du financement provient des contribuables de la ville de Winnipeg.
Croyez-vous que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle sur le plan de l'éducation des autochtones en milieu urbain quant à l'élaboration des cursus scolaires, à la formation des enseignants, etc.? Si oui, quel serait ce rôle?
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Je ne peux parler de cet exemple en particulier parce que ce n'est malheureusement pas un de nos centres. Il s'agit du principal centre de prestation de services du Aboriginal Council of Winnipeg.
Nous avons un centre, le Indian and Metis Friendship Centre of Winnipeg, mais ce n'est pas celui dont vous parlez. Il peut toutefois servir à expliquer le rôle que jouent les centres d'amitié sur le plan du développement communautaire. Bon nombre de programmes, dont les programmes de logement, démarrent dans un centre d'amitié. Ils s'élargissent, prennent trop d'ampleur et deviennent une entité distincte.
Dans les grandes agglomérations du Canada comme Winnipeg, Toronto et Vancouver, les centres d'amitié sont responsables de la naissance de nombreux fournisseurs de services autochtones communautaires. Ils en deviennent un parmi d'autres. Dans les collectivités de taille moyenne, ils sont peu nombreux et permettent la mise en place de nouveaux services. Dans les collectivités de petite taille, ils sont seuls. Ce sont les trois types de centres d'amitié que nous retrouvons.
Cela dit, vous avez parfaitement raison : c'est le rôle que jouent les centres d'amitié. En rémunérant le directeur exécutif, la réceptionniste et le commis comptable, en plus de payer le loyer, ils peuvent se tourner vers les programmes gouvernementaux. Le programme ne vaut peut-être que 100 000 $, un versement ponctuel et, selon le ministère, nous recevons 10 ou 15 p. 100 en frais d'administration, soit 10 000 $ ou 15 000 $ pour exécuter le programme. Ce n'est manifestement pas suffisant pour ouvrir un bâtiment, embaucher un directeur exécutif ou un commis comptable, mais cela suffit à exécuter le programme et à assumer les frais connexes.
C'est ce que nous voulions dire lorsque nous avons indiqué que le Programme des centres d'amitié est un catalyseur, puisqu'il constitue la pierre angulaire nous permettant de mettre en œuvre les autres programmes.