:
Merci, monsieur le président. Je suis très heureux de me présenter devant le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. Vous savez que j'ai été membre de ce comité permanent pendant un certain temps et j'aperçois parmi vous de nouveaux amis et d'anciens amis aussi.
[Français]
En tant qu'ancien membre de ce comité, je suis pleinement conscient de son importante contribution à l'avancement des grands dossiers nationaux.
[Traduction]
Comme beaucoup d'entre vous le savez, j'ai travaillé dans le domaine des revendications territoriales avant d'occuper ce poste. À titre de porte-parole de l'opposition, j'ai eu l'occasion de rencontrer divers chefs autochtones et de discuter avec eux d'un large éventail de politiques. Aussi, les questions que nous nous apprêtons à aborder me tiennent à coeur, et je me réjouis à l'idée de participer à ces séances du comité avec vous.
Je voudrais aujourd'hui vous faire part de certains principes directeurs, de principes précieux non seulement pour moi, en tant que ministre, mais également pour mon ministère et ce gouvernement, dont les rapports avec les peuples autochtones et du Nord sont en constante évolution.
L'un de ces principes fondamentaux est le respect de la Constitution. Vous conviendrez sans aucun doute que les droits garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, quel que soit le lieu de résidence des intéressés, doivent être respectés en tout temps. Il doit en être de même des droits ancestraux et issus de traités protégés par la Charte, qui sont particulièrement visés à l'article 35 de la Constitution.
Il convient également de promouvoir les valeurs démocratiques fondamentales, comme la transparence des structures de gouvernance des gouvernements, la reddition des comptes et la responsabilité des représentants élus envers leurs membres. La question de l'égalité des hommes et des femmes est tout aussi importante. J'en ai déjà discuté avec vous autour de cette table, et je sais que nous en parlerons aujourd'hui.
[Français]
Ce sont là des attentes fondamentales des citoyens envers les organismes dirigeants, et nous savons que les Autochtones souscrivent à ces valeurs.
En tant que père de trois ravissantes filles, je suis d'abord inspiré dans mon mandat par la volonté de leur assurer un meilleur avenir. Je sais que les chefs autochtones sont animés du même désir pour les jeunes de leurs collectivités.
[Traduction]
Je viens de connaître le bonheur de voir ma plus jeune fille terminer ses études secondaires. J'ai désormais trois filles à l'université, alors je suis très sensibilisé à la question de l'éducation et à son importance pour les jeunes Canadiens.
En veillant à offrir aux jeunes Autochtones les programmes d'éducation et de perfectionnement des compétences qui les prépareront à l'économie de l'avenir, nous faciliterons leur accès aux mêmes possibilités économiques que celles dont jouissent les jeunes non autochtones.
[Français]
Les Autochtones doivent disposer des études et de la formation nécessaires pour tirer profit des occasions économiques liées à la mise en valeur des ressources dans leurs collectivités et autour d'elles, et pour participer pleinement à l'économie canadienne dans son ensemble.
[Traduction]
Un autre de ces principes directeurs consiste à veiller à ce que les Autochtones aient accès à des programmes et à des services qui satisfont aux normes du XXIe siècle. Un élément nécessaire à une base législative moderne—un autre sujet dont, je pense, nous devrions discuter en profondeur aujourd'hui. Cette loi doit être axée sur l'obtention de résultats efficaces et mesurables.
Donc, au fil du cheminement du nouveau gouvernement du Canada avec les peuples autochtones, il doit mettre l'accent sur des secteurs prioritaires où il pourra faire des progrès mesurables dans les mois à venir.
Je crois notamment que nous pouvons avoir une influence décisive dans cinq domaines : en éducation, nous devons créer de nouveaux débouchés pour les jeunes Autochtones; deuxièmement, nous pouvons en faire davantage pour aider les femmes, les enfants et les familles; troisièmement, la piètre qualité de l'eau des Premières nations dans les réserves nous préoccupe depuis un certain temps; quatrièmement, il y a un besoin criant de logements tant dans les réserves qu'à l'extérieur d'elles; et enfin, au fur et à mesure que nous cheminons en partenariat avec les chefs autochtones dans ces cinq domaines, nous pouvons modifier le lien qui existe entre les Premières nations et les gouvernements. Nous pouvons renforcer la capacité des Premières nations de prendre en main leurs propres affaires et conclure davantage d'ententes sur l'autonomie gouvernementale. Ce sont là des objectifs que nous appuyons.
[Français]
Ce dernier point constitue évidemment un objectif à long terme, mais pour y parvenir, nous devons réaliser certains objectifs immédiats.
Le budget de cette année prévoit un montant de 450 millions de dollars pour des initiatives dans les secteurs prioritaires: l'eau, les femmes et les enfants, le logement et l'éducation.
[Traduction]
Les fonds dont il est question dans le budget — les 450 millions de dollars — sont disponibles dans un cadre budgétaire clair de deux ans. Il s'agit d'argent réel, investi dans des programmes réels, qui feront une différence réelle dans la vie des gens. L'eau est le besoin le plus essentiel.
[Français]
Il est inadmissible que des centaines de collectivités des premières nations au Canada n'aient pas accès à une source fiable d'eau potable et sûre. Le premier geste que j'ai posé, sitôt mon entrée en fonction, a été de corriger cette situation. Il y a deux mois, j'ai demandé aux agents responsables de prendre une série de mesures en vue d'améliorer la qualité de l'eau potable dans les réserves de tout le Canada. Il s'agit de mesures de reddition de comptes qui exigent que la qualité de l'eau potable soit périodiquement vérifiée et qu'on fasse pleinement rapport des résultats des tests.
[Traduction]
En outre, le gouvernement du Canada et l'Assemblée des premières nations ont annoncé aujourd'hui la mise sur pied d'un comité d'experts comptant trois membres, qui tiendra des audiences partout au Canada afin de trouver des moyens d'assurer l'accès de toutes les collectivités des Premières nations à une eau potable et salubre. Le comité proposera des options de cadre de réglementation, qui seront formulées en collaboration avec tous les partenaires.
Mesdames et messieurs, le bien-être des femmes et des enfants autochtones est une autre priorité de ce gouvernement, et doit être une priorité de ce comité. De profondes iniquités séparent les femmes autochtones des non autochtones. Nous devons faire plus pour éliminer les causes premières de ces iniquités.
Dans le cadre de mon mandat en tant que ministre, je suis déterminé à résoudre les questions difficiles entourant les biens immobiliers matrimoniaux. Notre gouvernement continuera d'offrir des programmes destinés aux femmes et aux enfants; en même temps, il s'occupe de mettre en oeuvre le Plan universel pour la garde d'enfants, au profit des familles autochtones aussi bien que non autochtones.
[Français]
La plupart d'entre nous conviendront que l'accès à une éducation de qualité est le moyen le plus efficace d'éliminer la pauvreté dont souffrent tant les collectivités autochtones.
Depuis mon entrée en fonction, j'ai eu des rencontres avec des représentants d'organismes dans tout le Canada afin de discuter de moyens possibles d'améliorer la qualité de l'éducation dans les collectivités autochtones.
[Traduction]
Le récent budget prévoit aussi des investissements dans le domaine du logement. Le gouvernement est déterminé à s'attaquer au problème du logement dans les réserves : ainsi, la construction de logement triplera cette année. Mais nous sommes aussi conscients que ce problème ne peut être entièrement réglé au moyen d'investissements en argent; nous tenons donc à collaborer avec les Premières nations en vue de trouver des méthodes plus efficaces et durables.
Les Premières nations ont remporté des succès des plus impressionnants, très prometteurs pour l'avenir, qui ont attiré des investissements commerciaux et qui ont stimulé l'accession à la propriété.
[Français]
En outre, le budget prévoit 600 millions de dollars pour combler les besoins en matière de logement des Autochtones vivant hors des réserves ainsi que des résidants du Nord.
[Traduction]
Pour concrétiser ces priorités, nous devons clarifier davantage le rôle et les responsabilités de toutes les parties concernées, gouvernementales aussi bien qu'autochtones. C'est quelque chose que nous nous sommes efforcés de faire en ce qui concerne l'eau. Actuellement, il y a un décalage entre le gouvernement et les conseils de bande en ce qui concerne la reddition de comptes sur le financement et la responsabilité liée à la prestation des programmes et des services. L'autonomie gouvernementale et le transfert des responsabilités sont deux façons de rétablir la correspondance entre la reddition des comptes et la responsabilité. Je crois d'ailleurs que c'est la voie de l'avenir.
Par exemple, le gouvernement du Canada a fait hier une offre de règlement à la aux Premières nations Deh Cho, dans les Territoires du Nord-Ouest, relativement au territoire et à l'autonomie gouvernementale. Cette offre est l'assise de la négociation d'une entente équitable et raisonnable qui tient en compte les intérêts des Premières nations Deh Cho. Ceux d'entre vous qui connaissez le Nord savez qu'en un certain sens, c'est la plus importante revendication territoriale non encore réglée au nord du 60e parallèle.
Comme l'a noté la vérificatrice générale au début du mois, le dernier gouvernement n'a pas réussi à améliorer la vie des peuples autochtones. Il n'a pas non plus réussi à écarter les obstacles bureaucratiques dans les négociations des Premières nations avec Ottawa. Le paradoxe, c'est que les conseils de bande sont les principaux fournisseurs de services dans les réserves; pourtant, c'est Ottawa qui est responsable des programmes. Pour le moment, cela signifie que les Premières nations présentent au gouvernement plus de 144 rapports annuels sur leurs activités. Cela doit changer.
[Français]
Évidemment, ce genre de changement ne peut débuter que par de vastes consultations auprès des premières nations, des intervenants autochtones des provinces, des territoires et d'autres parties intéressées.
Les idées doivent venir des chefs autochtones, et non être imposées par Ottawa.
Si nous allons de l'avant, nous ne pouvons pour autant oublier le passé.
[Traduction]
Les principes de respect mutuel et de réconciliation doivent être observés. À cette fin, notre budget réserve 2,2 milliards de dollars au règlement de séquelles laissées par les pensionnats indiens. Le 10 mai, une entente de règlement a été conclue, et un programme de paiement anticipé aux personnes âgées a été lancé. Comme tout le monde le sait, l'entente fait actuellement son chemin dans la procédure judiciaire, une condition nécessaire à son approbation.
[Français]
De même, nous devons régler d'autres questions en suspens, comme les revendications particulières et les traités. Il importe aussi que tous les Canadiens reconnaissent et acceptent que les peuples et les cultures autochtones ont beaucoup apporté au Canada, et que cette contribution se poursuit aujourd'hui.
[Traduction]
Monsieur le président, l'une des nombreuses leçons que j'ai apprises alors que je siégeais à la Commission des revendications particulières des Indiens et au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord est la suivante : l'argent seul ne peut régler les problèmes que connaissent les Autochtones de notre pays. Nous devons appliquer les mêmes principes fondamentaux qui assurent un bon gouvernement à la population non autochtone : droits garantis par la Charte, valeurs démocratiques, équité et respect. Les peuples autochtones du Canada le méritent bien.
Merci, monsieur le président. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité permanent.
:
Merci, monsieur le président. Merci de m'accorder cette chance.
Merci, monsieur le ministre, d'être ici aujourd'hui.
J'ai eu l'occasion de travailler avec le ministre lorsqu'il siégeait au dernier comité, et j'ai apprécié le temps et les efforts qu'il y a consacrés. Je me suis efforcé de beaucoup apprendre en l'observant.
Je suis très encouragé par plusieurs expressions que vous employez, notamment « vaste consultation auprès des Premières nations, des intervenants autochtones, des provinces, des territoires et d'autres parties concernées », et « les idées doivent venir des chefs autochtones et non être imposées par Ottawa ». Ce sont là des concepts que nous avons pris très à coeur lorsque nous avons entamé les négociations sur l'accord de Kelowna. C'est pourquoi ces mots, ici, me font tellement plaisir; ils signifient qu'à vos yeux, une grande part des travaux qui ont été faits auparavant ont été valables, et nous l'apprécions. En même temps, vous dites à plusieurs reprises que vous allez honorer certaines des ententes conclues par le dernier gouvernement. Nous vous en remercions, parce que cela accélère le processus, plutôt que de nous obliger à réinventer la roue.
Je voudrais simplement dire que pendant la campagne électorale, divers commentaires vous ont été attribués, que j'ai pensé vous donner la chance de pouvoir expliquer. Ils portent précisément sur l'accord de Kelowna. Peut-être puis-je citer les commentaires qui vous ont été attribués: « Nous appuyons l'accord de Kelowna. Nous sommes d'accord avec les cibles et les objectifs prévus par cet accord ».
Peut-être pourriez-vous répondre à ma première question. Est-ce que vous prévoyez de réinventer la roue, ou encore reporter bon nombre des enjeux qui y sont décrits? Est-ce que vous pourriez nous éclairer sur la vision que vous avez de la place de l'accord de Kelowna, et de bon nombre des ententes qui s'y trouvent, étant donné les contraintes de votre budget?
:
Je répondrai volontiers à cette question. Je m'attends à ce qu'une partie de la discussion d'aujourd'hui soit consacrée à l'accord de Kelowna, et j'aimerais que ce soit très clair.
J'ai participé au processus de négociation de l'accord; j'y étais. Je sais que d'autres personnes, ici, y étaient aussi. J'ai dit à l'époque que le document qui décrivait les cibles et objectifs, qui a été déposé au début du processus de négociation de l'accord, avait eu un appui généralisé. J'ai trouvé que les cibles actives établies au début du processus de Kelowna étaient de ceux que la plupart des Canadiens approuvaient: éliminer la pauvreté chez les Autochtones; éliminer les écarts en matière d'habitation; l'éducation; les services sociaux, etc.
Le problème, selon moi, était que vers la fin de la rencontre des premiers ministres — en fait, c'était dans les 10 ou 15 dernières minutes — le premier ministre de l'époque a déposé un document d'une seule page, un compilation de chiffres, donnant un total de 5,1 milliards de dollars. Il n'y avait pas d'accord. Aucune entente n'avait été signée à l'époque, reflétant l'accord de tous les premiers ministres, des dirigeants territoriaux et des chefs autochtones relativement à ce document. En réalité, tout ce qu'il y a eu, c'est un communiqué de presse diffusé par le gouvernement de l'époque à la fin de la conférence.
J'ai pris le temps, à Kelowna, de m'entretenir avec des premiers ministres et des dirigeants autochtones, et j'ai été frappé par l'absence de consensus, d'entente sur ces 5,1 milliards de dollars: comment ils seraient dépensés, d'où ils proviendraient, comment ils seraient répartis parmi les organisations autochtones, comment ils seraient partagés entre les provinces et les territoires. Je pense que c'est d'autant plus évident qu'aucun document n'a jamais été signé. Il y a eu des discussions, à Kelowna, portant sur la production d'un document qui serait signé, mais cela ne s'est jamais fait, parce qu'il n'y a pas eu d'entente.
Ce que j'ai dit à ce propos, c'est que nous sommes d'accord avec les cibles et objectifs et que nous allons aller de l'avant pour régler ces problèmes, et nous nous y attaquerons dans les limites budgétaires établies par le gouvernement. Je pense que notre premier budget est un excellent premier pas. Nous travaillerons en consultation avec toutes les organisations autochtones qui étaient à Kelowna, et avec tous les premiers ministres et dirigeants territoriaux, pour aller de l'avant. Je pense que c'est une position très raisonnable de la part du gouvernement du Canada.
:
Avec respect, monsieur le ministre, je vous dirai que nos opinions divergent, car votre ministère a eu deux ans justement pour faire ce que vous venez de nous dire que vous ferez.
La vérificatrice générale a été claire dans son rapport en 2004, et votre ministère a répondu que ce serait fait en 2006 et qu'une politique serait déposée au plus tard en juin 2006.
Je vais passer à une autre question, parce que je ne dispose que de sept minutes. J'ai posé la question aux autorités du ministère, maintenant je vais la poser au ministre. Dans le rapport de 2006 de la vérificatrice générale, à la page 189, au paragraphe 5.36, on lit: « personne n'a encore évalué l'ampleur du problème, ni défini des mesures prioritaires ».
Je vous parle maintenant de la moisissure dans les logements dans les réserves. En tout respect, monsieur le ministre, je ne crois pas qu'on doive bâtir d'autres logements tant qu'on ne se sera pas attaqué à ce problème de moisissure qui pourrit plusieurs immeubles.
Je ne vous dis pas qu'il ne faut pas en bâtir d'autres, car il y a une carence et une demande énorme. Cependant, que fait-on de ceux qui sont pourris, alors que trois organisations, dont deux ministères, se chicanent: le ministère de la Santé, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, et le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien?
Allez-vous prendre le leadership? Allez-vous, comme ministre, imposer une solution pour que des décisions soient prises dans ce dossier des moisissures?
Si par malheur j'ai le temps de poser une autre question, je voudrais vous parler de l'eau dans les réserves. Il y a une politique, ça va, mais que fait-on des communautés autochtones comme celle de Kitcisakik?
:
J'apprécie que vous me posiez cette très importante question. Pour améliorer les conditions de vie des Autochtones, nous devons améliorer le système de logement.
[Traduction]
Je comprends que la question du logement soit l'une des plus importantes. Nous avons pris des mesures immédiates. Je vous signale que 300 millions de dollars ont été prévus au budget, spécifiquement pour l'habitation dans le Nord — 200 millions pour le Nunavut, 50 millions pour les Territoires du Nord-Ouest et 50 millions pour le Yukon. Ces fonds sont principalement réservés au logement dans le Nord.
J'ai été frappé par ce que j'ai entendu des chefs autochtones, particulièrement des chefs inuits, lorsque je suis devenu ministre, au sujet de la gravité de la situation dans le Nord, et nous avons agi immédiatement pour y faire face, avec ce budget.
J'ai aussi été choqué par ce que j'ai entendu des chefs autochtones au sujet du manque de logements hors réserve et 300 millions de dollars supplémentaires ont été prévus au budget pour le logement hors réserve, et ce montant est transféré aux provinces.
Je voudrais souligner, par exemple, pour revenir aux commentaires au sujet de Kelowna, que l'accord de Kelowna exigeait au total 300 millions de dollars pour affronter les problèmes du logement dans le Nord, sur cinq ans. Ce gouvernement a toutefois décidé de verser cette somme en un seul budget et elle est payable sur deux cycles fiscaux. Il est clair que nous sommes déterminés à agir en ce qui concerne ces enjeux.
Quant au logement hors réserve, j'en ai parlé avec le chef national, Phil Fontaine. Nous sommes parvenus à la conclusion que c'est l'un des dossiers sur lesquels nous allons travailler ensemble. Il faut envisager des changements institutionnels. Ceux-ci doivent être effectués en consultation avec les dirigeants des Premières nations, pour nous assurer d'avoir des institutions capables d'améliorer la qualité du logement et de régler certains des problèmes dont vous avez parlé. Les gouvernements antérieurs n'ont rien fait de cela.
Au moment de la préparation de ce budget. il n'existait pas d'autorité des Premières nations pour l'habitation, par laquelle pourrait passer l'argent; cela nous aurait permis de faire des progrès relativement à l'habitation en réserve. Je me suis engagé envers le chef national Fontaine à travailler avec lui sur cette question.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le ministre d'être venu aujourd'hui. J'apprécie certaines des choses que vous avez dites, qui donnent effectivement de l'espoir.
Il est certain que lors de certaines rencontres que j'ai eues avec les dirigeants autochtones, l'une des choses qu'ils nous ont demandées, à tous, de faire collectivement, c'est de travailler de concert pour lutter contre les problèmes très graves que connaissent les collectivités autochtones, et ils aimeraient bien nous voir laisser de côté nos parti pris politiques. J'essaierai, ici, de le faire.
Je voudrais parler du rapport de la vérificatrice générale. Je comprends qu'il condamne les actes du gouvernement précédent en la matière, et je serais ravie de voir adopter des mesures positives. Je me concentrerai particulièrement sur le problème qu'a relevé la vérificatrice générale, soit le déficit de financement.
Pour revenir un moment sur l'Accord de Kelowna, c'était un accord sur 18 mois, et bien qu'il n'ait peut-être pas été signé, c'était tout de même assez honorable de la part de tous ces gens de se réunir pour discuter et parvenir à une entente verbale. Bien que les détails n'aient pu être précisés et que les signatures n'aient pas pu être obtenues, je pense que les organismes autochtones et bon nombre des premiers ministres conviendraient qu'il y avait réellement une intention, un objectif honorable, de la part de l'État pour aller de l'avant.
Alors pour revenir au rapport de la vérificatrice générale, elle parle d'un manque de financement, elle dit que le financement a, en gros, été de l'ordre 1,6 p. 100, et que la population affiche une croissance de 11,2 p. 100. Bien des gens pensent que depuis 1996, il y a eu un plafonnement du financement à 2 p. 100 par le biais d'AINC. Bien que l'argent prévu à ce budget sur les deux prochaines années soit le bienvenu pour réduire l'écart de pauvreté, je pense que bien des gens pensent que cela ne suffit pas. J'aimerais que vous parliez de ce déficit de financement et de la manière dont vous pensez pouvoir le réduire.
:
C'est une bonne question.
J'aimerais préciser pour le président et le comité que j'ai eu vraiment d'excellentes entretiens avec Mme Crowder sur ces questions. Je sais qu'elle est sincère quand elle dit qu'il est important de s'y attaquer sans parti pris politique.
La situation que connaît ce pays, en ce qui concerne la pauvreté des Autochtones, est l'un des problèmes les plus pressants qui ne pose à nous en tant que nation. Par ma venue ici aujourd'hui, j'aimerais notamment lancer un défi au comité. J'aimerais que vous participiez au processus pour faire avancer ces enjeux, et j'aimerais que le comité s'engage de façon concrète relativement à certains des enjeux dont nous allons parler.
Ce que dit Mme Crowder, c'est que depuis plusieurs années, quand on songe à l'inflation et à la croissance de la population, le financement par habitant a affiché un recul, au plan de notre investissement dans les collectivités autochtones. C'est quelque chose dont je suis conscient, et j'y travaille.
Je dirais toutefois ceci. Ce n'est pas seulement qu'une question d'argent. En ce moment, le gouvernement du Canada dépense, au dernier calcul, 9,35 milliards de dollars sur les programmes et services adressés aux Autochtones, et ce montant est réparti sur 360 différents programmes du gouvernement. Ce n'est pas seulement qu'une question d'argent. Je pense qu'il nous faut avoir le courage, collectivement en tant que parlementaires, de cerner ce qui fonctionne et d'apporter les modifications institutionnelles, de travailler ensemble en consultation avec les dirigeants des premières nations. Mais il nous faut avoir le courage de vraiment avancer. Il ne suffit pas de mettre plus d'argent dans des mesures qui seront sans effet, cela ne présente aucun avantage pour les Canadiens, autochtones ou non-autochtones.
Je suis encouragé par ce que j'entends des dirigeants des premières nations. Le chef national, Phil Fontaine, il me semble, convient qu'il nous faut un gouvernement qui ait le courage de travailler de concert avec les Canadiens autochtones pour instaurer des changements fondamentaux. J'espère que vous participerez à cette démarche.
:
Eh bien, je pense que l'engagement à l'égard du Nord est très clair. Je sais que les trois premiers ministres ont parlé en termes très positifs de leurs rapports avec le nouveau gouvernement. Pendant le dernier congé parlementaire, j'ai passé cinq jours dans le Nord et j'ai rencontré tous les premiers ministres et la plupart des chefs autochtones régionaux du Nord.
Je pense que c'est palpitant. Je trouve que ce que nous avons accompli en tant que nation au nord du 60e parallèle mérite d'être célébré. Au Nunavut, nous avons un gouvernement public qui fonctionne et qui fait de grandes choses. Nous avons des enjeux éducatifs qu'a mis en lumière le rapport Berger, auxquels il nous faut nous attaquer.
Quand on va aux Territoires du Nord-Ouest, à l'exception des Deh Cho, les principales revendications des premières nations ont été réglées. Il y a des revendications des Métis qu'il nous faut régler aussi, mais en gros, dans la vallée MacKenzie, plusieurs revendications ont été réglées au cours de la dernière génération, et nous poursuivrons ce travail.
Avec la revendication des Deh Cho, le gouvernement a versé 500 millions de dollars dans le fonds socioéconomique afin de faciliter la construction du pipeline de la vallée MacKenzie. Nous avons les choses en main.
Bien entendu, nous sommes allés au Yukon et y avons rencontré le premier ministre, et le Conseil des Premières nations du Yukon. Je dois d'ailleurs les rencontrer encore plus tard aujourd'hui pour nous assurer d'avoir des fonds suffisants pour les ententes d'autonomie gouvernementale conclues au Yukon.
Alors, quand on regarde ce qui se passe au nord du 60e parallèle, nous avons accompli de grandes choses en tant que nation, et je pense qu'il est important d'être optimistes quant à l'avenir. Je crois que dans les jours qui viennent, nous allons assister à des progrès remarquables. Je crois que nous allons voir les Territoires du Nord-Ouest, en particulier, émerger comme l'un des moteurs de l'économie canadienne. Nous sommes déjà le deuxième ou troisième plus grand producteur de diamants du monde. Le potentiel de production de pétrole et de gaz dans la vallée MacKenzie est énorme, jusqu'à la mer de Beaufort, et les Canadiens autochtones sont au coeur de tout cela. Le pipeline de la vallée MacKenzie sera la propriété, en grande partie, des Premières nations et des Inuits. Je m'attends à ce qu'il en soit de même à d'autres projets du Nord.
Alors, nous appuyons tout cela, et nous sommes déterminés à ce que tout se concrétise. Nous avons des défis à relever dans le pays, mais ne perdons pas de vue certaines perspectives très prometteuses.
Je tiens à remercier le ministre Prentice d'être ici aujourd'hui. C'est véritablement un honneur pour moi.
J'aimerais soulever une question qui a été déjà abordée à quelques reprises — et bien sûr, c'est la question du logement. Vous savez bien que c'est probablement l'un des plus grands problèmes que connaissent les premières nations.
Je représente une circonscription du Manitoba où il y a 33 premières nations. Il est certain que le budget a été décevant, au plan du logement, et en particulier des logements sociaux en réserve.
Le problème de la moisissure, aussi, et on en a parlé, est de toute évidence un facteur qui contribue aux problèmes de santé.
Je sais que vous êtes conscient de l'ampleur de la crise, qui dépasse tout ce qu'on a connu auparavant, avec cette épidémie de tuberculose dans l'une de mes collectivités, située tout près de trois autres collectivités. Je sais que c'est un problème qui concerne Santé Canada, mais j'aimerais ramener la question à celle de l'habitation, en ce sens que nous n'avons pas pu obtenir des rencontres pertinentes avec le gouvernement. Je sais que le chef Harper sera ici cette semaine, et il doit rencontrer certains fonctionnaires ici à Ottawa. Mais pour ce qui est du problème de l'eau dans ces collectivités, ils font venir l'eau en camion, eux aussi.
Pour ce qui est de l'habitation, vous parlez de conditions intolérables pour les Premières nations. Je sais que vous travaillez de près avec le chef national de l'APN, en vue de la création d'institutions pour améliorer la qualité du logement, mais entre temps, la crise fait rage à bien des endroits.
Alors j'aimerais demander au ministre quelle est la position du gouvernement, et comment nous allons coopérer pour réagir à ce genre de situations pressantes?
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur le ministre.
C'est la première fois que j'ai l'occasion de discuter avec vous, parce que je n'ai pu obtenir de rencontre avec vous. J'envie certains autres membres du comité qui ont réussi à avoir accès à votre bureau.
Vous parlez beaucoup de l'héritage que vous avez reçu en ce qui a trait à l'état du pays, mais je pense que vous devez reconnaître que vous avez également hérité, en tant que gouvernement, de la meilleure situation financière dont a jamais pu bénéficier un nouveau gouvernement.
Je ne faisais pas partie du groupe de 1993, mais je sais que ces gens sont arrivés au gouvernement à un moment où le pays était au bord de la faillite. Néanmoins, le ministère des Affaires indiennes a été le seul qui n'a pas subi de réductions budgétaires et, en fait, il s'agissait du seul ministère dont le budget a augmenté alors que nous réduisions les programmes partout ailleurs au pays. Je pense que cela en dit long sur la détermination de ces gens pour ce qui est d'essayer d'améliorer la vie des Canadiens autochtones.
Je sais que nous ne sommes pas l'une des cinq priorités de votre premier ministre, mais à la lumière des problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que Canadiens autochtones, je pense qu'il faut que ce soit une des priorités de votre gouvernement, parce que la réputation du Canada est en jeu en raison du rang extraordinaire que nous occupons dans le monde. Une fois que l'on tient compte des conditions de vie des peuples autochtones, ce rang dégringole rapidement. Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus.
Vous n'arrêtez pas de parler du travail non partisan que nous devons faire. Tout aussi encouragée que je puisse être par ces paroles, les gestes disent autre chose. Kelowna est un exemple où nous nous demandons si le refus du gouvernement d'aller de l'avant dépend de celui qui a conclu l'entente -- quel gouvernement. J'entends des gens qui... Vous venez juste de parler de lois adoptées avant l'élection, mais ils ont beaucoup de difficultés à l'heure actuel à faire en sorte que la législation soit mise en oeuvre.
Je viens d'un endroit où les ressources naturelles pourraient vraiment constituer la façon d'améliorer la vie des Inuits et des gens du Nord. Le développement du Nord est de retour au sein de votre grand ministère des Affaires indiennes. Nous avons de la difficulté à voir qu'il s'agit d'une priorité.
Il y a beaucoup de développements en cours. Vous avez parlé du pipeline. Il y a des mines qui pourraient ouvrir et pourtant, tout cela a été remis dans le giron d'un ministère plutôt que de voir Développement du Nord se concentrer sur le développement du Nord. Alors, ce sont probablement plus...
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Je vous remercie et vous félicite concernant le système de revendications relatif aux pensionnats. Nous faisons des progrès. D'après ce que j'ai saisi de votre question, vous vous intéresseriez davantage aux résultats qu'aux projets-pilotes. Les résultats sont en effet très importants.
[Traduction]
Je pense que les premières nations ont connu de nombreuses situations où des projets-pilotes ont été mis sur pied pour ensuite disparaître, ou ont donné de bons résultats, mais n'ont jamais eu de suite.
Lorsque je parle de projets-pilotes, je parle de quelque chose de légèrement différent. Je parle de projets-pilotes qui font intervenir le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial dans des circonstances où la province est d'accord, ainsi que les premières nations qui sont prêtes à travailler avec les deux paliers de gouvernement.
Je pense que nous savons tous qu'il y a parfois des problèmes de compétence, mais je connais une situation à l'heure actuelle au Canada où les gouvernements provinciaux, y compris le gouvernement du Québec, sont prêts à travailler de concert avec le gouvernement fédéral pour s'assurer que les services dispensés aux Canadiens des premières nations sont de la même qualité que ceux qui sont offerts aux autres citoyens de la province. Nous parlons de projets-pilotes dans lesquelles nous allons de l'avant avec ceux qui sont prêts à faire des progrès en matière d'éducation, de services sociaux, de logement, et autres choses du genre.
Je suis d'accord pour dire que nous devons faire attention que les projets-pilotes se traduisent ensuite dans la réalité.
En ce qui concerne votre question au sujet du groupe d'experts annoncé aujourd'hui, une partie de ce que nous avons fait plus tôt dans le cas de l'eau, c'était d'annoncer des normes nationales. Le problème, c'est comment rendre ces normes nationales exécutoires, parce qu'il n'y a pas de législation fédérale en cette matière.
Cela nous ramène à ce que je disais au sujet de la nécessité d'une réforme. Les citoyens des premières nations sont les seuls Canadiens à vivre sans normes sur l'eau potable. Ce sont les seules personnes dans ce pays qui vivent sans normes sur l'eau, jusqu'à ce que le gouvernement actuel les mette en place. Nous avons lié ces normes au financement, de telle façon que si une première nation reçoit des fonds pour un système de traitement de l'eau, ce système devra respecter ces normes. Nous ne sommes pas intéressés à financer des systèmes de traitement de l'eau qui ne respectent pas les normes nationales.
La prochaine étape sur laquelle nous travaillons avec l'APN, c'est sur la mise en place de ces normes nationales en vertu de la loi. Le but de ce groupe de travail est de travailler avec les premières nations pour déterminer quelle est la meilleure façon de le faire et de nous faire des recommandations pour que ces normes nationales sur l'eau potable soient exécutoires. C'est le travail qui se fait dans ce domaine.
Votre troisième question porte sur le pipeline de la vallée du Mackenzie. De grands progrès ont été réalisés. Le pipeline traverse les terres territoriales du peuple Inuit -- les Inuvialuits --, de la collectivité des Gwich'in, de la collectivité de Sahtu et de la collectivité Deh Cho. Toutes ces premières nations négocient des ententes pour l'accès et les compensations avec les promoteurs du pipeline. Elles ont toutes la possibilité de participer au projet comme propriétaire du pipeline, en vertu d'un véhicule appelé Aboriginal Pipeline Group.
L'Aboriginal Pipeline Group sera propriétaire de 33 p. 100 du pipeline de la vallée du Mackenzie. C'est un investissement de plusieurs millions de dollars. Ce n'est pas un cas où des premières nations reçoivent des avantages mineurs liés à un projet industriel; à vrai dire, ce sera un des plus grands projets jamais entrepris au Canada, et il appartiendra pour le tiers aux Canadiens autochtones.
Ce que nous constatons, c'est que les Inuvialuits, les Gwich'in, les Sahtu, en général, et certaines communautés Deh Cho se montrent très proactifs à l'égard de ce projet. Ils veulent qu'il se réalise et apportent un soutien enthousiaste. Ils ont négocié leurs propres arrangements commerciaux avec les promoteurs du pipeline, et nous nous attendons à voir des progrès substantiels. De plusieurs façons, cela ouvrira la voie à des entreprises pour qu'elles fassent des affaires avec les collectivités autochtones.