:
Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, en ce mardi 12 juin 2007.
Chers collègues, vous avez l'ordre du jour sous les yeux. Nous poursuivons notre étude du projet de loi . Nous aurons aujourd'hui deux groupes de témoins. Tout d'abord, nous accueillons Mary Eberts et Yvonne Boyer, deux conseillères juridiques de l'Association des femmes autochtones du Canada. Par la suite, nous recevrons Phil Fontaine, chef national de l'Assemblée des Premières nations.
Je voudrais présenter mes excuses aux témoins pour l'interruption causée par les votes. Je veux savoir si les députés veulent prolonger cette séance, qui est censée finir à 13 heures, si nous le pouvons.
Une voix: Je suis désolé, mais j'ai une réunion à 13 heures.
Une autre voix: Moi aussi.
:
Monsieur le président, voici ma suggestion.
Je vais laisser mes collègues s'installer. Je vais attendre que vous obteniez la traduction, car c'est important. La traduction est importante, il va sans dire.
Monsieur le président, on vient de recevoir un message nous annonçant que le président de l'Assemblée des Premières Nations, M. Phil Fontaine, ne serait pas présent aujourd'hui. On vient de nous faire parvenir cette information. Il serait remplacé par son directeur exécutif.
Je ne sais pas ce qu'on a à notre horaire mais je sais qu'on siège jeudi, à moins que mes collègues du gouvernement ne nous annoncent le contraire. On pourrait peut-être recevoir les femmes autochtones aujourd'hui et prendre le temps qu'il faut jusqu'à 13 heures. On pourrait recevoir le grand chef Phil Fontaine jeudi, en première heure de séance. Cela ferait probablement l'affaire de tous.
Je suis d'accord avec vous, monsieur le président. Je respecte trop les femmes autochtones pour ne pas leur accorder le temps qu'elles méritent. On pourrait peut-être poursuivre jusqu'à 12 h 30 ou 12 h 45, avec elles et jeudi, recevoir le grand chef des Premières Nations. J'en fais une recommandation.
:
Merci beaucoup d'avoir prolongé notre temps de parole.
Je m'appelle Yvonne Boyer et je suis l'une des conseillères juridiques de l'Association des femmes autochtones du Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui par ma collègue, Mary Eberts. Je vais faire la déclaration liminaire, après quoi ma collègue et moi répondrons à vos questions.
Mme Jacobs, la présidente, et Mme Ellen Gabriel ont comparu devant vous il n'y a pas si longtemps. Elles vous ont présenté, de façon assez détaillée, la position de l'Association des femmes autochtones du Canada sur ces questions. En guise de récapitulation, j'aimerais clarifier huit points tirés de leurs exposés. Je vais donc commencer par cela. Ensuite, nous aimerions parler de la position du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien et celle de la Commission canadienne des droits de la personne.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'abrogation de l'article 67, nous voulons affirmer que nous sommes pleinement d'accord pour dire qu'il est grand temps de régler cette question. Mais, il faut une consultation valable comme première étape solide dans un processus qui évolue et qui se fait en collaboration.
Le renforcement des capacités et l'éducation sont nécessaires. Il s'agit de facteurs essentiels dans les collectivités lorsqu'elles mettent en oeuvre leurs propres mécanismes de protection des droits de la personne. Ce que nous envisageons comme délai, c'est un minimum de 36 mois, depuis l'abrogation de l'article 67 jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi, afin de permettre une consultation adéquate et de mettre en place le renforcement des capacités et l'éducation.
Il faut établir un équilibre entre les droits collectifs et les droits de la personne, sans compromettre l'un ou l'autre des deux volets. Au coeur même de cette question se trouve la résolution des conflits par les différents types de traditions juridiques autochtones qui permettent aux collectivités de décider de la meilleure façon de régler les conflits par elles-mêmes.
Un mécanisme interprétatif est également très important pour guider l'application du projet de loi . Le processus visant à décider du contenu des dispositions interprétatives serait abordé dans la période des 36 mois avant l'entrée en vigueur de la loi.
En ce qui concerne la position du MAINC face à certains des principaux aspects, l'Association des femmes autochtones du Canada n'appuie pas la position du MAINC voulant que des consultations aient déjà eu lieu dans le cadre des diverses initiatives entreprises dans le passé pour abroger l'article 67. Nous affirmons respectueusement notre désaccord face à la déclaration selon laquelle des consultations importantes se sont déroulées au cours des 30 dernières années.
De plus, la politique adoptée par le MAINC, c'est-à-dire que la Cour suprême du Canada n'offre aucune orientation en ce qui concerne l'obligation de consulter avant d'adopter une loi, va directement à l'encontre du récent rapport de la représentante ministérielle sur l'union matrimoniale et les biens immobiliers et les opinions juridiques qu'elle a recueillies —
Voulez-vous que je ralentisse? Je suis en train de m'emporter.
Dans le cadre de son rapport sur l'obligation de consulter, Wendy Grant-John, la représentante ministérielle, a recueilli des opinions juridiques sur cette question importante. En fait, à la lumière de ces opinions juridiques, elle a affirmé avec force que le Canada a besoin d'élaborer une politique sur la consultation et qu'il ne l'a pas fait.
Dans son exposé, le MAINC a minimisé l'impact potentiel de l'abrogation de l'article 67 sur les premières nations, tout en admettant qu'il n'avait fait aucune analyse véritable de cet impact.
Contrairement à sa position actuelle, le gouvernement avait exprimé plusieurs inquiétudes devant la commission La Forest. Ces inquiétudes sont indiquées dans le rapport de la commission de 2000, à la page 144, notamment : l'abrogation de la loi pourrait provoquer des représailles contre les plaignants ainsi que des coûts additionnels pour les gouvernements autochtones appelés à justifier leurs actes; une période de transition pourrait être nécessaire pour leur permettre de réviser leurs pratiques; de nouvelles poursuites contre le ministère pourraient avoir des effets préjudiciables sur la disponibilité des ressources destinées aux Autochtones; et les Autochtones, particulièrement les femmes, devront être formés en ce qui a trait à la revendication de leurs droits. Ces déclarations faites par le MAINC viennent donc contredire sa position actuelle.
L'Association des femmes autochtones du Canada a fait une proposition bien réfléchie sur toutes ces questions, y compris la consultation, le renforcement des capacités, l'éducation et l'intégration des traditions juridiques autochtones en tant que fondement pour la mise en oeuvre des droits de la personne après l'abrogation de l'article 67. Le gouvernement n'a toujours pas répondu à la proposition de l'Association des femmes autochtones du Canada.
Je vais maintenant présenter le point de vue de l'AFAC sur les observations faites par la Commission canadienne des droits de la personne.
La Commission canadienne des droits de la personne a recommandé que le délai minimal de 18 mois avant l'application de la loi aux premières nations soit prolongé de manière substantielle. L'AFAC appuie cette position, mais préfère un délai minimal d'au moins 36 mois.
La Commission canadienne des droits de la personne aimerait voir une disposition interprétative, comme l'avait recommandé la commission La Forest en 2000. L'AFAC est d'accord pour dire qu'une disposition interprétative s'impose.
Le 7 juin 2007, la Commission canadienne des droits de la personne a proposé un libellé pour cette disposition. Toutefois, l'AFAC n'appuie pas cette approche; elle juge qu'on devrait formuler le libellé final durant la phase de consultation qu'elle préconise.
La Commission canadienne des droits de la personne souligne que jusqu'à présent, aucune nouvelle ressource n'a été attribuée pour appuyer les initiatives de la commission visant à engager des discussions avec les intervenants des premières nations ou à planifier la mise en oeuvre. L'AFAC estime que la nécessité de fournir des ressources pour le renforcement des capacités et la consultation se fait sentir de façon très urgente et qu'il faut y voir rapidement.
Merci.
:
Nous avons examiné le libellé proposé par Mme Lynch lorsqu'elle a comparu le 7 juin dernier. Nous avons quelques observations à faire, mais notre position fondamentale, c'est qu'il serait des plus appropriés que le libellé de la disposition interprétative soit élaboré en consultation avec les peuples autochtones qui seront assujettis à la loi.
Cela dit, permettez-moi de souligner que la proposition d'une disposition interprétative porte uniquement sur les plaintes déposées contre les premières nations. Il se peut qu'une telle disposition interprétative soit également nécessaire dans le cas des plaintes déposées contre le gouvernement du Canada. Un des éléments qu'il serait utile d'examiner, c'est la question de savoir si la disposition interprétative devrait s'appliquer de façon générale ou uniquement aux plaintes déposées contre les premières nations.
L'autre point que nous voulons faire valoir à propos de la disposition interprétative est un principe un peu plus profond, c'est-à-dire qu'on laisse toujours entendre que les droits de la personne sont en conflit avec les droits des collectivités. Lorsque la présidente Jacobs a comparu devant le comité pour la première fois, pour présenter les principales observations de l'Association des femmes autochtones du Canada, elle a dit que, non, ce n'est pas le cas, car les personnes sont des personnes dans des nations.
Il est donc nécessaire de réconcilier les deux groupes d'intérêts. L'AFAC est fermement convaincue qu'une des façons d'y arriver, c'est de puiser dans les traditions juridiques autochtones. Une des choses que nous constatons à propos de la disposition interprétative proposée par la commission cette fois-ci, et qui a également été proposée par le juge La Forest en 2000, c'est qu'il n'y a aucune mention de l'utilisation des traditions juridiques autochtones pour résoudre certaines de ces questions.
J'aimerais également dire qu'à l'article 2 de la Loi canadienne sur les droits de la personne, il est indiqué que la loi a pour objet de compléter la législation canadienne en donnant effet au principe que tous les individus ont droit à l’égalité des chances. Le libellé poursuit en disant : « dans la mesure compatible avec leurs devoirs et obligations au sein de la société ».
Nous avons déjà une certaine reconnaissance, même dans la Loi canadienne sur les droits de la personne, que les personnes vivent dans le contexte d'une société. Il est vraiment important que nous reconnaissions ce principe chez les Autochtones en accordant une plus grande place, en termes de références et de recours, aux traditions autochtones.
Au cours des 30 dernières années, nous n'avons eu aucune occasion d'appliquer les principes autochtones à la Loi canadienne sur les droits de la personne, car les Autochtones ont été mis à l'écart du mécanisme des droits de la personne. Ces traditions et ces mécanismes de règlement des différends sont empreints de beaucoup de sagesse qu'il faut appliquer à ces questions. Notre grande déception à l'égard du libellé proposé jusqu'à maintenant, c'est qu'il ne reconnaît pas les traditions juridiques autochtones.
:
Je les ai lues, les décisions de la Cour suprême du Canada.
Si on dit, dans un amendement au projet de loi, que le projet de loi , qui abolit l'article 67, entrera en vigueur après —, il faut absolument qu'il y ait une clause interprétative, qui devra être définie avec les Premières nations. Je n'ai pas les mots exacts. C'est pour cette raison que je relisais la clause, et je vais vous la relire : « Dans toute question pouvant faire, en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, l’objet d’une plainte contre une autorité autochtone, l’interprétation et l’application de la présente loi doivent se faire de façon à concilier les droits et intérêts individuels et les droits et intérêts collectifs. »
C'est ce que la Commission des droits de la personne nous propose comme clause interprétative. Est-ce à ce sujet que vous n'êtes pas d'accord, c'est-à-dire au sujet de cette clause que je viens de vous lire?
Elle protège les deux types de droits et d'intérêts.
:
Comme je l'ai dit à Mme Neville, nous croyons que le libellé final de cette disposition interprétative devrait être élaboré en consultation avec les premières nations et avec les Autochtones qui seront touchés par cette dernière.
J'ai lu le mémoire de l'Assemblée des Premières nations et je sais, par exemple, que la disposition interprétative qu'elle propose est différente de celle de la commission; la disposition interprétative proposée par le juge La Forest, dans son rapport en 2002, diffère également de ce qui est proposé par la commission. Nous n'avons donc pas de consensus.
Je crois qu'il est également très important de discuter du rôle de cette disposition interprétative au sein de la loi elle-même. Il y a certaines prescriptions qui se trouvent dans le code. Il y a certaines prescriptions qui constituent un moyen de défense. Il n'est pas proposé que cette disposition interprétative constitue un moyen de défense face à une plainte. La consultation pourrait mette en évidence certains types de défenses face aux plaintes qu'il importera d'inclure dans la loi.
C'est une question compliquée et, même si nous comprenons certainement pourquoi la commission a proposé son libellé, nous croyons que le travail est toujours incomplet et que nous ne serions pas prêtes à ce que la loi soit adoptée avec une telle disposition, sans aucune consultation.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous remercier de comparaître devant le comité.
J'aimerais revenir à la question de la consultation. Il me semble que, dans un monde parfait, il y aurait une consultation, puis l'adoption de la loi et, enfin, une période de transition.
Plusieurs témoins ont comparu devant le comité. Dans son témoignage, voici ce que Mme Mandell a dit :
Mais à quel moment, précisément, l’obligation de consulter prend-elle naissance? L’objectif de conciliation ainsi que l’obligation de consultation, laquelle repose sur l’honneur de la Couronne, tendent à indiquer que cette obligation prend naissance lorsque la Couronne a connaissance, concrètement ou par imputation, de l’existence potentielle du droit ou titre ancestral revendiqué et envisage des mesures susceptibles d’avoir un effet préjudiciable sur celui-ci.
À mon avis, nous devons indiquer très clairement à quel moment il faut tenir une consultation. Faut-il la tenir avant l'adoption d'une loi, pour que celle-ci représente au mieux les personnes directement concernées et pour qu'elle reconnaisse les droits qui peuvent être touchés ou non, et être suivie d'une période de transition? Ou encore, faut-il la tenir après l'adoption d'une loi?
Je sais que vous avez répondu à cette question, mais je crois quand même que les gens sont vraiment ambigus, parce qu'ils parlent de transition et de consultation. Il me semble qu'il existe, en réalité, deux processus consultatifs: il y a une consultation avant la loi, puis l'élaboration de la loi et, enfin, une période de transition où une consultation additionnelle peut être nécessaire.
Pouvez-vous nous faire part de vos observations à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'avoir accepté de nous faire part, une fois de plus, de leurs points de vue sur cette mesure législative importante. J'attends avec impatience le jour où, au Canada, les habitants des réserves qui jugent que leurs droits de la personne ne sont pas respectés auront l'occasion, au moins, de le dire à la Commission canadienne des droits de la personne. Espérons que cela ne tardera pas trop.
Je vais commencer par poser quelques questions sur le sujet de la consultation. Je sais qu'il y a eu certaines observations —
Madame Eberts, vous avez dit que la Cour suprême avait heureusement établi les principes de consultation qui nous guideront. Je crois que cette affirmation est discutable. Ce n'est pas ce que prévoit la loi du pays. Je veux dire par là qu'à l'heure actuelle, de peuples autochtones sont assujettis à la Loi sur les Indiens. Je trouve très difficile que si, par exemple, le gouvernement veut changer certaines parties de la Loi sur les Indiens — que bien des gens qualifient de loi déficiente —, selon la logique que vous avez présentée, il n'y ait rien que nous puissions faire, à titre de législateurs, pour aider les premières nations. Par exemple, pour les membres des premières nations qui vivent dans les réserves, qui estiment que leurs droits de la personne sont brimés et qui aimeraient avoir la possibilité de faire valoir leur point de vue devant la Commission canadienne des droits de la personne, nous n'avons pas le pouvoir, à titre de législateurs, de présenter une mesure législative.
Je vois que ce n'est tout simplement pas le cas. Nous avons présenté une loi. En fait, c'est une bonne chose que d'étendre cette tribune aux membres des premières nations qui vivent dans les réserves. J'ai parlé à de nombreuses personnes qui aimeraient pouvoir défendre leurs droits devant une nouvelle tribune.
Pour en revenir à l'élaboration d'une politique ou d'un processus de consultation, ma question générale est la suivante: comment cela fonctionnerait-il? Par exemple, je ne suis même pas sûr, d'après la logique que vous avez présentée, que le gouvernement pourrait même envisager... ou pas même le gouvernement — tous les gens dans cette salle ne pourraient même pas envisager d'élaborer, eux-mêmes, un processus consultatif ou d'essayer de le faire. Selon moi, il serait difficile de se mettre d'accord sur la façon dont le processus consultatif fonctionnerait.
Par conséquent, y aurait-il même un point de départ dans le type de scénario dont vous parlez?
:
Je crois qu'il y a deux points de départ. L'un a été décrit par la représentante ministérielle sur les questions liées aux biens immobiliers matrimoniaux dans les réserves, Mme Wendy Grant-John. Elle a signalé que le gouvernement du Canada doit établir une politique globale sur les consultations — quand il consultera, en quoi consisteront les consultations, etc.
Je crois que vous avez établi à juste titre que le gouvernement ne peut pas élaborer unilatéralement cette politique sur les consultations. Il faudrait que la politique elle-même soit élaborée en consultation et, à mon avis, il est prématuré de conclure qu'il serait impossible de réaliser cette tâche.
Lorsqu'on voit ce qui s'est passé dernièrement dans le cadre de la négociation de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, par exemple, le processus a été très vaste et compliqué. Même si les ententes sur l'autonomie gouvernementale qui ont été négociées sont longues et compliquées, on parvient quand même à les négocier. C'est la première chose que je pense. Nous vous recommandons fortement de suivre les observations faites par la chef Grant-John dans son étude.
Dans le cas de cette question particulière, l'AFAC a également mis de l'avant une proposition sur le déroulement des consultations dans le contexte des réformes des droits de la personne. La proposition comporte plusieurs étapes.
La première étape comprend une discussion, la rédaction de documents de travail et la création d'un groupe de réflexion. Le groupe de travail se pencherait sur l'accès à la justice et sur la conciliation entre les droits individuels et les droits collectifs dans les collectivités autochtones.
Puis, il y aurait la discussion de ce groupe de réflexion, qui sera suivi d'une troisième étape de consultations régionales et nationales, de sensibilisation et d'engagement communautaire. Pour terminer, la dernière étape pourrait être, en fait, la réalisation de plusieurs projets pilotes sur le règlement des différends au sein des collectivités autochtones.
Cette proposition a été soumise au ministère de la Justice, au ministère des Affaires indiennes et, je crois aussi, au ministre lui-même. Nous n'avons jamais eu de réponse.
Vous avez de grands esprits ici qui réfléchissent à la façon de mener ces consultations. Tout ce qu'il faut, c'est que le gouvernement veuille s'engager.
:
Il semble y avoir un énorme déséquilibre dans l'incidence que le projet de loi aura. Le MAINC possède de grandes capacités en matière de litige, car il a ses propres avocats et peut aussi faire appel au ministère de la Justice et à des avocats de l'extérieur, au besoin.
Et le budget du MAINC... Nous avons trouvé révélateur qu'en s'adressant à la commission La Forest, le MAINC dise lui-même qu'une poursuite judiciaire intentée contre lui en vertu de cette Loi sur les droits de la personne modifiée aurait pour effet d'enlever des ressources consacrées aux programmes pour les réaffecter au litige.
Ce qui se produira, c'est que le MAINC va assurer sa défense avec l'argent des premières nations. L'argent qui servirait à l'assainissement de l'eau, au logement, à l'éducation et à la santé sera réaffecté au litige.
En tant qu'avocate plaidante, je peux vous dire que dans les premières années suivant l'adoption d'un nouveau texte législatif, il y a toute la question de la cause type. Les gens ne savent pas ce que le projet de loi signifiera vraiment et il est donc tentant de porter le litige au niveau le plus élevé, ce qui coûte très cher.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos deux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je ne crois qu'il est nécessaire de rappeler aux membres du comité le nombre de fois qu'on a tenté d'abroger l'article 67 depuis 1992. Ensuite, il y a eu le Comité de révision de la Loi canadienne sur les droits de la personne en 1999 et en 2000. Tous les groupes qui représentaient les femmes autochtones à ce moment-là appuyaient fortement l'abrogation de l'article 67.
Puis, le projet de loi a été présenté en 2002. D'après ce que je comprends, l'une des principales critiques formulées contre le projet de loi C-7 était l'imprécision de la disposition interprétative qui devait faire partie de ce projet de loi.
Vous avez dit, madame Eberts, qu'il y a beaucoup de sagesse dans les traditions juridiques autochtones, et je suis certainement de cet avis. Je ne le contesterais absolument pas.
Mais, compte tenu du nombre de premières nations partout au Canada, est-ce réaliste de penser que nous pourrons élaborer une disposition interprétative universelle alors que nous représentons un ensemble aussi varié de premières nations au Canada? Ce serait l'une de mes préoccupations puisqu'on a déjà formulé cette critique à l'endroit d'une tentative précédente. Comment pouvons-nous surmonter cet obstacle?
:
Pourrions-nous reprendre nos travaux, s'il vous plaît?
Chers collègues, nous sommes prêts à entamer la deuxième partie de nos témoignages d'aujourd'hui.
Nous accueillons le chef national Phil Fontaine. Il est accompagné de Mme Candice Metallic, avocate-conseil; de M. Richard Jock, chef de la direction; et de Mme Lisa Abbott, analyste des politiques.
Nous remercions le chef Phil Fontaine d'avoir pris le temps de venir ici.
Étant donné que nous avons commencé notre réunion en retard, nous allons poursuivre jusqu'à 13 h 30 ou 13 h 45, au plus tard.
:
Oui, monsieur le président.
Merci. Je tiens également à remercier les membres du comité de me donner l'occasion de faire un exposé sur une question que nous considérons d'une importance vitale pour nous tous. Il ne devrait faire aucun doute que les chefs des premières nations se soucient et ont à coeur de protéger les droits de la personne pour tous nos citoyens. Nous sommes tous très dévoués à cette cause. Nous voulons offrir les mesures de protection les plus appropriées qui soient à tous nos citoyens : femmes, hommes, jeunes et aînés. En tant qu'organisme national, nous ferons tout en notre pouvoir pour nous assurer que ces mesures de protection sont en place pour tous nos citoyens, tant dans les réserves qu'à l'extérieur de celles-ci.
Je crois qu'on mettait en doute notre engagement. Je tiens à préciser que la question nous tient beaucoup à coeur et qu'il est très important que vous sachiez que nous sommes dévoués à la cause. Nous avons exercé beaucoup de pressions pour nous assurer que toutes les mesures appropriées sont adoptées afin que le projet de loi reflète tous les intérêts des citoyens des premières nations et que peu importe la décision finale concernant le projet de loi C-44, les droits et les intérêts de tous nos citoyens ne sont pas compromis.
Nous avons déjà dit très clairement que nous sommes très préoccupés au sujet des collectivités des premières nations qui vivent dans la pauvreté. Nous sommes très préoccupés par le fait que de trop nombreuses collectivités n'ont pas accès à l'eau potable; que trop de nos collectivités n'ont pas de bonnes écoles; que l'arriéré de logements est substantiel; que nous ne pouvons pas avoir accès à des soins de santé de qualité; que le nombre de suicides est encore beaucoup trop élevé; et qu'il y a un trop grand nombre d'enfants pris en charge — 27 000 enfants sont pris en charge à l'heure actuelle, majoritairement dans l'Ouest du Canada. Toutes ces questions sont directement liées aux droits de la personne de nos citoyens.
L'eau, par exemple, est un droit de la personne. Ce droit a été bafoué et ce n'est parce que les chefs et les conseils sont corrompus, ou insensibles ou négligents à l'égard de leurs citoyens. Nous n'avons pas contaminé l'eau, alors je ne comprends pas pourquoi les gens continuent de blâmer les dirigeants pour cette situation. Nous n'avons pas créé la crise du logement à laquelle doivent faire face les collectivités. Nous n'avons pas exigé que le taux de chômage soit aussi élevé. La liste est encore longue et il est totalement injuste de continuer d'accuser les chefs et les conseils des premières nations d'être à l'origine de tous les défis que doivent affronter nos collectivités.
Il faut dissiper l'idée que, pour une raison quelconque, nous ne nous soucions pas et n'avons pas à coeur de protéger les droits de la personne pour tous nos citoyens, car ce n'est pas le cas. Mais nous avons besoin de votre aide pour nous assurer que leurs droits sont protégées au même titre que ceux de tous les Canadiens. Ce n'est pas trop demander. À nos yeux, c'est une proposition claire et simple.
Voilà pour le préambule de ma déclaration. J'avais préparé un exposé plus détaillé, mais je sais que vous manquez de temps. Je m'excuse d'être arrivé en retard et je sais que certains d'entres vous doivent partir. J'ignore comment vous voulez vous y prendre.
Si vous me laissez le temps, j'aimerais soulever trois points qui sont d'une grande importance pour la discussion en cours.
Je résumerai rapidement les principaux amendements que nous avons proposés dans notre mémoire. Je dépose également une liste d'amendements qui, d'après nous, répondent le mieux aux préoccupations faisant consensus au sujet du et exprimées par les témoins qui ont comparu devant le comité depuis un certain temps.
La première question qui est à l'origine de toute cette discussion, c'est l'obligation de consulter. Inhérente à cette question est l'obligation de prendre en compte et d'atténuer les répercussions négatives sur les droits ancestraux et issus de traités ou les préjudices indus subis par les premières nations. Nous notons que ces éléments ne se retrouvent aucunement dans le projet de loi.
Ensuite, il faut amender le projet de loi C-44 pour y ajouter des mesures afin de protéger les droits et les intérêts collectifs uniques propres aux premières nations.
Enfin, le dernier point se rattache à la nécessité d'avoir des mesures de transition et de mise en oeuvre efficaces et appropriées.
Je dois préciser que nous avons entendu les exposés des divers témoins qui ont comparu devant le comité. D'après nous, il est clair qu'on s'entend sur la nécessité de régler la question des droits de la personne pour les premières nations et d'abroger l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Nous n'avons aucune hésitation à défendre cette idée. Toutefois, il est également devenu très clair que le projet de loi C-44, tant au niveau du processus que du fond, n'était peut-être pas été le meilleur moyen d'y parvenir.
Je m'arrête ici.
Monsieur le président, je vais juste profiter de l'occasion pour répondre aux observations du chef national par un bref préambule pour affirmer que les membres de ce parti ne sont pas opposés aux droits de la personne ni à l'abrogation de l'article 67, comme on l'a dit à plusieurs reprises.
Nos préoccupations ont trait au processus. À notre avis, le processus était vraiment loin de ce qu'il aurait dû être, mais nous n'avons jamais dit que nous étions contre l'objet du projet de loi C-44 et je tiens à ce que ce soit clair aux fins du compte rendu.
Je vous remercie encore une fois d'être venu témoigner devant nous, chef national. J'ai un certain nombre de questions. Certains ont proposé de retarder l'adoption de ce projet de loi pour permettre une période de consultation. Comme vous le savez très bien, les autres propositions voulaient que l'on fasse adopter le projet de loi avec tous les amendements et toutes les dispositions appropriés dans le cadre d'un processus de consultation très long.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez et que vous me disiez quelle serait, d'après vous, la façon la plus efficace de régler cette question.
:
Je vais vous en énoncer les grandes lignes, puis je vais faire appel à mon équipe de soutien compétente pour vous expliquer les détails techniques liés à votre question.
Il est clair que la plupart des gens reconnaissent que nos collectivités sont dans une situation très difficile. Idéalement, ces collectivités seraient en mesure de protéger les intérêts de tous leurs citoyens, qu'il soit question de logement, d'eau, de santé, d'éducation — nommez le programme ou le service —, et ces programmes et services seraient assurés de la façon la plus appropriée et la plus efficace possible.
Compte tenu de notre situation actuelle, de la crise du logement, du fait qu'il y a trop de collectivités des premières nations qui doivent respecter des avis d'ébullition d'eau et que nous avons encore du mal à atteindre des taux de réussite en éducation comparables à ceux de l'ensemble de la société, nous devons nous assurer que la capacité au sein de nos collectivités des premières nations est telle que tous nos gouvernements des premières nations seront en mesure d'offrir des services gouvernementaux efficaces, justes et équitables à tous leurs citoyens.
Cela devrait être une préoccupation majeure de ce comité et, à vrai dire, de la Chambre lorsqu'elle étudie les effets et les incidences du sur nos collectivités. Il est assez clair que si le projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, cela placerait nos dirigeants dans une situation absolument injuste et nous serions jugés selon des critères complètement injustes. Les Canadiens croient à l'équité; les Canadiens ont le sens de la justice. S'ils connaissaient les dangers inhérents à ce projet de loi dans sa forme actuelle, ils ne l'appuieraient pas.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant le comité aujourd'hui.
À mon avis, le meilleur scénario possible comporterait des consultations, des mesures législatives prévoyant des consultations et une période de transition appropriée. Je crois comprendre qu'un deuxième scénario consisterait à présenter les amendements proposés.
J'aimerais que vous abordiez deux points. Le premier est que tous les amendements, je suppose, devront être adoptés pour que le projet de loi soit satisfaisant. Le deuxième point est que dans d'autres cas d'adoption de ce genre de projet de loi suivie d'une période de transition, les ressources et les capacités n'étaient pas toujours disponibles pour permettre aux nations de pouvoir répondre. Je me demande si vous pourriez développer ces deux points.