:
Monsieur le président, je vais attendre que vous captiez la traduction simultanée.
[Traduction]
Il ne s'agit pas d'une affaire urgente.
[Français]
Monsieur le président, j'aimerais d'abord vous féliciter d'avoir été élu. Je sais qu'il n'est pas facile d'occuper le fauteuil où vous vous trouvez. On a pu le constater au cours des derniers jours. Au nom du Bloc québécois et, je crois, des autres collègues se trouvant autour de cette table, je vous souhaite la meilleure des chances.
Par ailleurs, nous avons demandé un document aux agents de recherche, et ceux-ci nous l'ont remis. Nous avions des devoirs à faire, à savoir compléter ledit document. Ce dernier devrait en principe être parvenu à vos bureaux. Je sais que ce n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui, mais je suggère que chacune et chacun des membres du comité fasse parvenir au greffier sa liste de priorités. Numérotées de 1 à 19, ces priorités seraient rassemblées et organisées par le greffier. Ce dernier nous ferait part des résultats au cours de notre prochaine rencontre, ce qui nous ferait gagner beaucoup de temps. C'était ma première proposition.
Je sais que ce dernier point ne figure pas non plus à l'ordre du jour, mais j'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'aujourd'hui même, le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien fait une déclaration à la Chambre concernant un accord définitif sur les pensionnats autochtones. Je crois que les membres de ce comité doivent souligner l'effort du gouvernement et remercier le ministre qui a su régler avec diligence ce dossier qui traînait depuis trop longtemps. Nous devrions féliciter le gouvernement et lui demander encore une fois d'émettre dans les plus brefs délais les chèques destinés aux personnes âgées, en l'occurrence aux anciens des pensionnats autochtones. Il nous serait alors possible de tourner la page sur cette partie peu glorieuse de l'histoire canadienne.
Nous pourrions ensuite entendre les représentants du ministère. Je vous remercie.
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Comme je l'ai dit, il y a des tas de sujets et nous discuterons aujourd'hui de quelques-uns seulement que j'ai sélectionnés suite à cette invitation. Il y en a beaucoup qui sont tout à fait élémentaires mais fondamentaux.
Nous allons d'abord parler des peuples autochtones et des informations normales que l'on donne quant aux définitions, à la taille, à la structure par âge et à la répartition géographique — c'est très utile et fondamental. Également fondamentales et élémentaires, toutes les informations sur la croissance de la population et les composantes de l'explosion démographique. Enfin, à peu près la moitié de cet exposé va porter sur le bien-être de la population.
La Constitution reconnaît trois groupes: Les Indiens ou Premières nations, les Métis et les Inuits. La population indienne se divise encore en deux groupes: Les Indiens avec statut ou Indiens inscrits, qui sont ceux à qui s'appliquent la Loi sur les Indiens. Puis les Indiens sans statut, c'est-à-dire ceux qui s'identifient comme Indiens ou Premières nations mais qui ne sont pas admissibles à être inscrits en vertu de la Loi sur les Indiens.
Les Métis sont des personnes qui, en plus de leur ascendance mixte, ont développé leurs propres coutumes. Leurs identités et leurs coutumes sont distinctes de celles des Indiens et des Inuits.
Enfin, il y a les Inuits, qui sont des personnes dont l'ascendance remonte jusqu'aux premiers habitants de l'Arctique.
Je voudrais simplement rappeler deux aspects de l'identité qui s'appliquent à cette définition. Il y a l'aspect de l'auto-identification mais il y a aussi la notion de reconnaissance par autrui — par d'autres groupes et des gouvernements. Ces deux aspects font donc partie de l'identité autochtone d'une personne.
Maintenant, ces définitions, ces groupes et ces limites sont clairs, mais la réalité est beaucoup plus complexe. Dans ce diagramme, chaque case représente une dimension particulière. Statistique Canada recourt à quatre concepts pour mesurer la notion d'autochtone. Ces concepts sont les origines autochtones, les identités autochtones, le statut légal d'indien ou l'inscription et il y en a un quatrième qui n'est pas représenté ici, c'est l'adhésion à une bande des Premières nations. Si ce n'est pas indiqué ici, c'est simplement parce que lorsque l'on traite les quatre dimensions, il est difficile de le représenter sur un plan. Aussi, chaque case, chaque couleur, représente une dimension.
Pour les besoins courants, on préfère présenter les choses en catégories et dans les limites très distinctes et claires. Comme vous en avez ici l'illustration, les personnes concernées ne présentent pas nécessairement les trois dimensions que sont les origines autochtones, l'identité autochtone et le statut légal d'indien. Certains ne présentent qu'une dimension, d'autres deux et certains autres, les trois. Pour ce qui est des origines autochtones, d'après le recensement de 2001, on compte 1,3 million de personnes et ce chiffre devrait augmenter dans le recensement de la semaine prochaine.
La catégorie des identités autochtones indique juste en dessous d'un million de personnes. Celle du statut légal d'Indien, juste un peu plus d'un demi-million.
Les sous-catégories ne sont pas non plus symétriques. Celle qui inclut les trois dimensions est la plus importante, soit environ un demi-million de personnes. Vous avez ensuite des sous-catégories très petites, comme celle qui ne compte que 8 775 personnes. Ce sont des gens qui n'ont que le statut légal d'indien mais ni origine ni identité autochtone. Certains trouveront cela un peu embrouillant et difficile. La version précédente de la Loi sur les Indiens permettait aux femmes qui n'appartenaient pas à une Première nation et qui avaient épousé des hommes de Premières nations d'acquérir le statut légal si bien qu'il est très probable que ces femmes sont représentées ici.
Je parle ici simplement des origines et de l'identité autochtones. J'aurais pu encore ventiler davantage selon les trois origines, trois identités et différentes combinaisons de ces éléments. Lorsque l'on commence à réellement approfondir ces idées de limites et de définitions, on s'aperçoit que c'est un concept très complexe et dynamique. Je veux simplement vous montrer ici qu'il ne s'agit pas de définitions très précises ni de limites parfaitement claires.
Qu'est-ce que cela veut dire pour votre travail? Quelque fois, vous voyez des chiffres concernant la démographie et dans le document suivant vous voyez d'autres chiffres. C'est embrouillant parce que très souvent il s'agit de concepts différents. C'est pourquoi je voulais vous signaler cette difficulté.
Oui?
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Cette image montre la distribution géographique — encore une fois selon le recensement de 2001.
En deux mots, l'essentiel de la population autochtone se trouve à l'ouest des Grands Lacs. Dans les provinces de l'Ouest, il y a les Premières nations et les Métis, et dans les régions septentrionales, les Inuits. La province qui compte la plus grosse population autochtone est l'Ontario, toujours d'après les chiffres du recensement de 2001. Cela pourrait un peu changer avec le recensement de 2006 étant donné que la croissance démographique n'est pas dans la même dans toutes les provinces, ce à quoi il faut ajouter les migrations interprovinciales, ce qui manifestement influe sur la façon dont la population est distribuée sur l'ensemble du territoire.
Ici encore, vu sous l'angle géographique, nous pouvons voir ici la distribution de la population dans les réserves et en dehors de celles-ci. Dans le second cas, nous faisons la distinction entre la population rurale, la population urbaine hors-RMR et la population urbaine RMR. RMR signifie région métropolitaine de recensement. Ou en d'autres termes encore, RMR représente les grandes villes et hors-RMR, les petites villes.
Il y a donc une forte variation de la distribution résidentielle parmi les groupes autochtones. Pour la population indienne conventionnée, les Indiens inscrits, tout en reconnaissant qu'il y a sous-dénombrage de la population habitant dans les réserves, la moitié environ des Indiens inscrits vivent dans les réserves. Pour les populations non conventionnées et les Métis, 70 p. 100 de ceux-ci habitent dans les villes. Dans le cas des Inuits, c'est également 70 p. 100, mais dans les collectivités rurales du Nord. Pour la population non autochtone, c'est-à-dire les autres Canadiens, 60 p. 100 environ des gens vivent dans les grandes villes. Il y a donc ici des différences assez importantes en ce qui concerne l'endroit où les gens habitent.
C'est à la fois intéressant et important, lorsqu'on commence à extraire les résultats du recensement ou d'autres sources d'information, surtout lorsqu'on part d'un tableau national, parce que si je veux vous donner une moyenne pour l'éducation des autres Canadiens, puis pour les Indiens inscrits, ce sont deux populations qui vivent dans des situations relativement différentes, de sorte que souvent, en faisant cela, je compare des pommes et des oranges pour utiliser une expression galvaudée. Il faut donc impérativement faire une ventilation géographique de l'analyse et des données pour bien comprendre à l'échelle nationale les différences et les disparités avec le groupe autochtone, et même au sein des différents groupes autochtones. C'est ça que je voulais faire valoir ici.
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Vous allez devoir m'excuser parce que dans une vie antérieure, on m'a déjà accusé d'être obnubilé par les statistiques et de les utiliser à l'appui de mes arguments.
Cela dit, sur cette image qui représente le Canada, on voit que la population autochtone de la Saskatchewan est de 130 000 âmes. Or, lorsqu'on regarde les chiffres concernant la population d'Indiens inscrits compilés par le personnel et inscrits dans les registres, cela représente quasiment la totalité de ce chiffre. Par conséquent, la réalité démographique de la Saskatchewan est que cette province compte environ 200 000 Autochtones, avec plus de 100 000 Indiens inscrits. Il est communément admis au bureau régional des Affaires indiennes qu'il y a un plus de 100 000 Indiens inscrits. Ce qui laisse peut-être 20 ou 25 000 Métis seulement — et même ce chiffre est faux lui aussi — et autres Autochtones.
Le fait est que, à mon avis, ces chiffres sous-estiment la réalité. Ici encore, peut-être en raison de problèmes inhérents au recensement, même s'il y a eu des améliorations.
Pour passer à l'image suivante, je dirais que la population d'Indiens inscrits vivant dans les réserves est également beaucoup plus élevée. Nous avons déjà entendu que 30 collectivités autochtones avaient été oubliées, des collectivités des Premières nations, plus les communautés multiples, ce qui augmente encore le chiffre. À mon avis, le pourcentage devrait être bien supérieur à 50 p. 100. Certaines déclarations politiques ont fait état des populations vivant dans les réserves et à l'extérieur des réserves, mais il faudrait qu'on puisse parvenir à mieux comprendre ce qu'il en est exactement.
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L'image suivante vous donne une idée de la répartition des réserves des Premières nations — ici aussi, cette représentation est basée sur les données du recensement selon la taille de la population, toutes les réserves selon la géographie du recensement et la façon dont elles se répartissent selon leur taille. Soixante-quinze pour cent des réserves des Premières nations comptent moins de 500 habitants — il s'agit donc ici de collectivités vraiment très petites — et il y en a bien plus que 300 qui comptent moins de 100 personnes.
Second sujet de l'exposé: la croissance de la population. Ici, nous trouvons des informations de deux ordres. Regardons d'abord cette ligne bleue. Que nous dit-elle? C'est l'évolution de la taille de la population illustrée par le recensement. Je sais qu'il y a des problèmes de sous-dénombrement et des problèmes qualitatifs, mais ces problèmes ont tendance à rester constants et n'ont pas nécessairement pour effet de déformer la courbe, et c'est cette courbe qui m'intéresse ici. Elle est basée sur des données concernant l'origine, les seules pour lesquelles nous puissions remonter sur 100 ans.
Qu'est-ce que ce graphique nous apprend donc? Au début du siècle précédent, environ 130 000 personnes se réclamaient d'une origine autochtone, contre 1,3 million en 2001, c'est-à-dire dix fois plus qu'il y a 100 ans. Cela dit, ces 100 années peuvent être divisées en trois périodes de croissance démographique distinctes: une période de croissance lente, de 1901 à 1941, une période de croissance rapide — cela ne semble pas tellement rapide sur l'image, mais je peux vous dire qu'elle l'a été — de 1941 à 1971, et puis, depuis 1971, une explosion. La courbe s'infléchit actuellement vers le plafond, et de plus en plus rapidement.
Si je compare cela au Canada dans son ensemble, et je parle ici de la croissance démographique pour les 30 années en question, de 1971 à 2001, cette croissance a été de 37 p. 100 pour le Canada, encore une fois selon les données de recensement: la population d'origine autochtone a augmenté de plus de 300 p. 100, c'est-à-dire huit fois plus.
Ce constat est donc très important. La définition est un volet important de notre travail, c'est également un volet important pour tous ceux qui doivent conduire des programmes et élaborer les politiques, mais la croissance de la population est également un élément extrêmement important, à un moteur très important. Pour ceux d'entre vous qui ont lu l'ouvrage de David Foot Entre le boom et l'écho, 60 p. 100 de cela s'explique par la démographie. Cela fait beaucoup de démographie.
Pour passer à l'image suivante, encore une fois la croissance, et je ne parle que des 15 dernières de ces 100 années que je viens de vous montrer. Nous parlons ici de données. Chaque barre représente un taux de croissance annuelle pour une période de cinq ans — chaque barre — et nous l'avons donc pour chaque groupe, Indiens inscrit, Indiens non inscrits, Métis et Inuits. Par exemple, la barre à l'extrême gauche, celle qui est en rouge, pour les Indiens inscrits, montre un taux de croissance annuelle d'environ 6,5 p. 100 entre 1986 et 1991. C'est ce que signifie chaque barre. Si vous regardez l'ensemble du tableau, ces taux de croissance varient énormément d'un groupe à l'autre et d'une période à l'autre. Vraiment beaucoup.
C'est quoi, cette ligne bleue transversale que je viens de mettre? Je l'ai mise à votre intention pour que vous compreniez mieux à quel point ces taux de croissance sont exceptionnels. C'est ce que j'appelle l'augmentation annuelle maximale.
Au niveau national — oublions les migrations de l'extérieur qui pourraient contribuer à la croissance d'une population autochtone — il n'y a personne qui vient de l'extérieur, ou si peu, de sorte que la seule façon qu'a cette population d'augmenter, c'est par les naissances et en soustrayant les décès: c'est cela l'augmentation naturelle, les naissances moins les décès — le maximum théorique pour une population est de 5,5 p. 100 par an. C'est pour cela que vous voyez cette barre transversale à 5,5 p. 100 par an.
Qu'est -ce que ça signifie, 5,5 p. 100 par année? Cela signifie 10 enfants par femme. C'est impossible actuellement — chez les Premières nations, les Métis ou les Inuits. Ce n'est pas ce qu'on observe.
En guise d'illustration, nous observons des taux supérieurs à 5,5 p. 100 par année pour les Indiens inscrits, par exemple, dans la première période; même chose pour les Indiens non inscrits, et pour les deux dernières périodes, c'est idem pour les Métis. Une autre façon de montrer combien cette croissance est extraordinaire serait de dire qu'à 5 p. 100 par année, la population doublerait à tous les 13 ans. À 5,5 p. 100 par année, sur 100 ans, cette population serait multipliée par 200. C'est insoutenable; ça ne durera pas.
Pour illustrer encore une fois combien la croissance a été extraordinaire pour certaines de ces populations, pendant certaines périodes, je signalerai que pour la population Métis, les taux sont vraiment élevés — et ne cessent de monter — d'une période à l'autre. J'ai hâte de voir les données de 2006 pour voir si cela continue de progresser.
J'ai dit tout à l'heure que c'est une bonne idée de faire parfois une ventilation géographique parce que la situation nationale cache beaucoup de disparité. Ici, nous avons fait la distinction entre les réserves, l'extérieur des réserves et l'extérieur des réserves en milieu urbain. Encore une fois, il s'agit de taux de croissance annuelle comme pour les diapos précédentes. Que voyons-nous? Où est l'explosion démographique? Elle est hors réserve et surtout en région urbaine.
Quels sont les éléments de cette croissance? Il y en a quatre.
Il y a d'abord l'augmentation nationale, dont j'ai déjà parlé. En fait, le taux de fécondité pour les femmes autochtones varient entre 2 et 2,5 enfants par femme. Chez les Inuits, ils tournent autour de quatre. Pour les Métis et les Indiens non inscrits, c'est sans doute autour de deux ou un peu moins. Cela n'explique pas le taux de croissance que l'on a observé.
C'est donc dire que oui, l'augmentation nationale contribue à la croissance des populations, et nous l'avons vue sur la pyramide. Il y a beaucoup de jeunes. Mais ce n'est pas la seule explication.
Quand je parle des collègues qui ne s'y connaissent pas vraiment en recherche sur les Autochtones, ils me demandent ce qu'il en est de la migration. Eh bien, à l'échelle nationale, de toute évidence, ce n'est pas un facteur. À l'échelle infranationale, les provinces, les territoires, les villes — ça peut l'être. Mais ça ne l'est pas. Ce n'est pas un facteur déterminant.
En réalité, lorsqu'il s'agit d'expliquer la croissance autochtone urbaine, la migration est un mythe. Quand vous examinez les données du recensement, il y a des questions au sujet de la migration, où viviez-vous il y a cinq ans, si bien que l'on peut avoir une idée de migration — dans un sens ou dans l'autre. Il y a plus de gens dans les réserves qu'il n'y en a qui partent.
La bulle bleue que vous voyez à l'écran et dans la copie papier indique près de plus de 11 000. Cela signifie qu'il y a 11 000 personnes de plus qui sont allées s'installer dans les réserves qu'il n'y en a qui sont parties. Par conséquent, il y a des gens qui quittent la zone hors réserve en milieu rural pour retourner dans la communauté, ou qui quittent la ville — 3 000 — et qui reviennent dans la communauté. Cette exode de masse est donc un mythe.
Les régions urbaines se dépeuplent en raison des migrations depuis 1986. J'ai des collègues qui ont beaucoup plus d'expérience que moi qui étudient ceci. Si je me souviens bien, cela remonte aux années 70. Les réserves ont toujours connu une migration nette positive — toujours. Il y a toujours plus de gens qui y arrivent qu'il y en a qui les quittent.
Il est important de le souligner ici parce que lorsque les gens commencent à penser à concevoir des politiques et des programmes pour les Autochtones, ils pensent que ces gens-là viennent des réserves indiennes: cela vient biaiser leur jugement à propos de ces personnes.
Cela grave dans leur esprit leurs caractéristiques et la nature des problèmes. Ça peut jouer beaucoup sur l'élaboration des politiques.
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Vous avez abordé plusieurs aspects. Le premier est l'uniformité des définitions.
Oui, il y a eu des changements depuis le recensement de 1871 jusqu'à aujourd'hui. Depuis 1990, par contre, il y a une relative constance dans la façon dont les données sont saisies par Statistique Canada dans ses recensements. Il y a des améliorations, ce qui fait fluctuer les chiffres, mais pour que ces améliorations aient des conséquences très marquées, elles devraient être spectaculaires. D'après les travaux faits pas Statistique Canada sur la qualité des données, rien n'indique quelles se soient améliorées ou dégradées de façon spectaculaire. Dans mes propres études à l'université, j'ai fait des simulations à ce sujet. Il faudrait une amélioration ou une dégradation spectaculaire des données pour que cela modifie radicalement les dénombrements.
À la fin de votre question, vous avez parlé des Métis et du fait que les données sont aujourd'hui de meilleure qualité. Il y a plus de gens qui se déclarent Métis. Il suffit de regarder la diapo suivante: le quatrième élément de la croissance démographique, de l'explosion, c'est un phénomène qui a été appelé « la mobilité ethnique ». Essentiellement, cela désigne les changements dans la déclaration volontaire pour les périodes considérées. Cela désigne également les enfants issus de familles multiculturelles. Le père pourrait être autochtone, la mère européenne et l'enfant serait déclaré métis. Ce pourrait être cela.
La mobilité ethnique désigne donc les changements dans le temps dans le cas d'une personne. Si la personne a de multiples ascendances, selon les circonstances, elle changera la déclaration de son identité. Ce peut être le résultat d'un mariage mixte, des époux d'antécédents culturels différents qui ont des enfants. Cela aura un effet. La mobilité ethnique est une dimension importante pour les Premières nations et les Métis, surtout en région urbaine.
Il y a une autre façon d'illustrer les conséquences de la mobilité ethnique. Si je suis un enfant autochtone dans une communauté autochtone fermée, il est évident qu'il me faut deux parents autochtones. À l'extérieur de la réserve, une Autochtone peut être avec un non-Autochtone, mais l'enfant, lui, peut être Autochtone. L'homme autochtone peut être avec une non-Autochtone et ils peuvent avoir un enfant autochtone. Dans les communautés, les mariages ne sont pas mixtes mais bien homogènes: deux Autochtones qui ont un enfant. À l'extérieur on peut créer deux familles avec les deux mêmes personnes et puis deux enfants. Le mariage mixte peut donc doubler la croissance.
Dans les villes, il y a beaucoup de mariages mixtes, comme l'indique quantité de rapports sur le projet de loi C-31, dont on parlait tout à l'heure. Il y a beaucoup plus de mariages mixtes, ce qui explique la croissance rapide. À cela s'ajoute le phénomène de ceux qui ont plusieurs identités et qui, pour une raison ou pour une autre, changent la façon dont ils se déclarent. Cela contribue pour beaucoup à la croissance. Si la mobilité ethnique n'existait pas au fil des générations, parlerions-nous des Métis aujourd'hui? Non.
Il n'y a pas de réponse définitive. Certains d'entre vous, peut-être tous, j'en suis sûr, se demandent bien comment cela peut se faire. Qu'est-ce qui explique la mobilité ethnique? Il n'y a pas de réponse définitive. Il n'y a pas de données. Je ne peux pas demander à ceux qui se déclarent autrement dans le recensement pourquoi ils l'ont fait. Il s'est fait du travail aux États-Unis et en Australie. Le phénomène a aussi été observé chez les populations autochtones de ces pays.
Il y a trois facteurs démographiques prédisposants. Le premier est l'âge. Jusqu'à l'âge de 18 ans, c'est ma mère ou mon père qui remplissent le recensement et ils vont donc me déclarer d'une certaine façon. Quand je commence à remplir mon propre formulaire, je vais peut-être me déclarer autrement. Il y a donc l'âge.
Il y a l'ascendance multiple. Il y a aussi des facteurs sociaux. Quand il y a des événements, il y a les médias, qui augmentent la prise de conscience. Ils augmentent aussi la fierté, très souvent, et amèneront les gens à, passez-moi l'expression, sortir du placard et à s'afficher comme Autochtone.
Il y a aussi les facteurs juridiques. Il y a différents facteurs qui déterminent qui a accès à tel ou tel programme ou prestation. Cela déclenchera des actions par des personnes qui essaieront de se positionner par rapport à ce qui est là ou ce qui n'y est pas. Le projet de loi C-31 en est un bon exemple. Je ne sais pas si quelqu'un l'a remarqué, mais il y avait une barre en sens négatif pour les Indiens non inscrits. C'était probablement causé par le projet de loi C-31. Certaines personnes ont essayé de se repositionner. Ils étaient des non inscrits puis ils sont devenus des inscrits, il y a donc eu du mouvement. Pour ceux qui étaient des non inscrits avant, on suppose qu'ils sont peut-être aujourd'hui des Métis parce qu'ils étaient des Indiens non inscrits à cause de leur ascendance mixte, et certains interprètent l'ascendance mixte comme une affiliation métisse. Il y a donc, comme vous le voyez, un facteur juridique en jeu ici quant à la façon dont les gens se déclarent.
C'est donc un gros facteur, la mobilité ethnique. Ce n'est pas souvent étudié dans les cours de démographie. C'est un peu en marge, en périphérie. Des gens ont pensé que j'appartenais à une frange d'extrémistes pour en avoir parlé.
Le troisième point, c'est le bien-être. Ce tableau illustre l'indice de développement humain. Quel est cet indice? C'est celui conçu par le Programme de développement des Nations Unies pour mesurer la qualité de la vie dans les pays et les comparer. Pendant des années, on a entendu que le Canada se plaçait parmi les meilleurs pays au monde. Il occupe encore un rang très élevé. Pendant quelques années, le Canada a en fait été en première place.
La méthodologie est relativement simple et permet de calculer la population d'Indiens inscrits et des Inuits, ce que nous avons fait. L'indice est composé de trois éléments. C'est simple. Le premier est la santé, mesurée en espérance de vie. Le deuxième est l'instruction. Nous voulons avoir une idée des connaissances. Cela a deux éléments secondaires : le premier est la litéracie fonctionnelle et l'autre, ce sont les études avancées, mesurées en diplôme d'école secondaire ou plus avancée. Le troisième élément est la mesure de l'accès aux produits et services, et ici nous nous servons du revenu par habitant. L'indice va de zéro à un. La ligne bleue sur votre tableau représente l'indice des autres Canadiens, la ligne rouge, c'est pour les Indiens inscrits, et la verte, c'est pour les Inuits.
La première constatation — c'est évident — c'est que le bien-être des Indiens inscrits et des Inuits est nettement plus bas que celui des autres Canadiens. Mais il y a deux autres messages dans ce graphique. D'abord, le bien-être des Indiens inscrits et des Inuits n'est pas stable ou en baisse, et c'est un autre mythe qui a la vie dure. Deuxièmement, sur toute la période, l'écart par rapport aux autres Canadiens s'est comblé, mais pas autant dans les cinq dernières années, de 1996 à 2001. De fait, pour les Inuits, il semble s'être creusé un peu. Nous sommes à la troisième place décimale, de sorte que nous sommes peut-être à l'intérieur de la marge d'erreur, mais on peut dire sans risque de se tromper qu'il n'y a pas eu de grandes améliorations ces cinq dernières années.
Il y a donc trois messages. L'écart par rapport aux autres Canadiens se rétrécit et l'indice s'améliore plus rapidement que pour le reste des Canadiens. L'écart est donc en train de se combler.
Quel est le moteur de ces améliorations? C'est l'éducation — non pas la santé, ni l'espérance de vie, ni le revenu, mais l'éducation — quoique l'amélioration se situe dans les échelons inférieurs. Il y a de plus en plus de gens qui ont une neuvième année, ce qui est une mesure de littéracie fonctionnelle.
C'est à peu près tout. Voilà donc le portrait national pour l'IDH.
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C'est parce que nous n'avons aucune mesure de l'espérance de vie pour les Indiens non inscrits ou les Métis, et c'est l'une des composantes. Nous ne pouvons pas le mesurer, mais nous y travaillons. Nous y consacrons beaucoup d'efforts, de concert avec nos collègues chercheurs de Santé Canada et aussi de Statistique Canada. Il y a donc des moyens d'y remédier, mais il n'y a pas de données directes.
L'espérance de vie est fondée sur les statistiques de l'état civil. Celles-ci sont recueillies pour l'ensemble des Canadiens, mais il n'y a pas dans les statistiques de l'état civil d'éléments permettant d'identifier les Autochtones et l'on ne peut donc pas faire la distinction entre les gens qui sont Autochtones — qu'ils soient membres des Premières nations, Métis ou Inuits — et ceux qui ne le sont pas.
Pour les Indiens inscrits, les données viennent du Registre des Indiens. Pour les Inuits, nous avons une approche différente, ce que nous appelons une « approche écologique », c'est-à-dire que nous identifions les régions où les Inuits représentent 95 p. 100 de la population, après quoi nous prenons les données pour l'ensemble de cette région, y compris les 5 p. 100 qui ne sont pas Inuits. Oui, ce n'est pas parfait, mais si nous ne faisions pas cela, nous n'aurions aucune donnée. Nous essayons d'appliquer la même technique aux Métis, mais c'est beaucoup plus difficile parce qu'ils habitent de façon concentrée dans des secteurs où ils sont la majorité, contrairement aux Inuits.
Mais en se fondant sur les autres indicateurs — la littéracie fonctionnelle, le fait d'avoir complété la neuvième année ou l'école secondaire, et le revenu par habitant — je pense que l'on peut dire sans trop de risque de se tromper que les Indiens non inscrits et les Métis se situent quelque part entre les Indiens inscrits et les Inuits d'une part et les autres Canadiens d'autre part. Ils sont quelque part au milieu. Nous obtenons ainsi une mesure de l'espérance de vie et nous faisons le calcul de l'IDH et je m'attends à ce que l'IDH pour les Indiens non inscrits et les Métis se situe quelque part entre les deux.
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Il s'agit de la proportion de personnes détenant un diplôme d'études secondaires. À la première ligne, il est question de l'espérance de vie en termes d'années, tandis qu'aux deux lignes suivantes, où on traite de l'alphabétisme fonctionnel et des diplômes d'études secondaires, il s'agit de proportions. Enfin, à la dernière ligne, il s'agit de dollars.
Passons à la prochaine diapositive.
On peut produire ces mesures pour les hommes et les femmes. Ce que vous voyez ici, c'est l'écart entre l'indice des hommes et des femmes pour chacune des deux populations, soit les Indiens inscrits et les autres Canadiens.
Je vais vous demander de vous concentrer sur la droite du graphique, soit l'année 2001. Ce qu'on observe pour les autres Canadiens, c'est une différence de 0,002 p. 100 à l'avantage des femmes en 2001.
Chez les Indiens inscrits des premières nations, cet écart est de 0,029 p. 100. L'écart à l'avantage des femmes est donc 15 fois plus grand chez les premières nations que chez les autres Canadiens. Il semble que cette situation soit unique dans le monde.
Après l'étude des données qu'on a pu consulter, on n'a rien pu trouver indiquant des écarts aussi grands entre les sexes. Cet écart s'explique par deux des composantes. La première est l'espérance de vie, où l'écart est très grand entre les hommes et les femmes chez les premières nations, et la deuxième est l'éducation.
:
Aux deux. Les femmes sont plus instruites, mais cela ne se traduit pas par des revenus plus élevés. Néanmoins, je crois qu'il s'agit là d'un autre problème.
[Traduction]
J'ai dit tout à l'heure qu'un portrait national camoufle d'énormes écarts. Nous avons ici l'IDH pour les Indiens inscrits en 2001 seulement — pour la population dans les réserves, la population hors réserve, mais aussi les autres Canadiens, les autres habitants des provinces ou territoires en question.
La première observation qui ressort de ce tableau est qu'il y a des différences d'un océan à l'autre. Les chiffres les plus bas, pour ce qui est de l'IDH des Indiens inscrits, se trouvent au Manitoba et en Saskatchewan — dans les réserves. C'est aussi au Manitoba et en Saskatchewan qu'on observe l'écart le plus important par rapport au reste de la population et c'est là aussi qu'on trouve la plus forte proportion d'Autochtones dans l'ensemble de la population. Si j'avais fait une ventilation par sexe, ce que j'ai fait pour le graphique précédent, on verrait que les hommes au Manitoba ont un IDH très très bas. Encore une fois, c'est lié à l'éducation et à l'espérance de vie.
Cela fait donc ressortir le besoin de faire une ventilation géographique des données afin d'identifier des écarts précis, des problèmes particuliers. Le portrait national camoufle d'importantes différences.
Nous l'avons fait aussi pour les Inuits dans les régions où ils habitent, c'est-à-dire à Terre-Neuve, au Labrador, au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Québec. Là encore, nous voyons d'importants écarts entre les régions et le Nunatsiavut et le Nunavik affichent les taux les plus bas de l'IDH pour les Inuits.
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Nous ne pouvons pas obtenir de données du recensement sur l'endroit où ils font leurs études. Le ministère s'efforce d'obtenir de meilleures données sur l'endroit où ils font leurs études, parce qu'il y a le système provincial, à l'extérieur des réserves, et puis il y a les écoles dans les réserves. On fait donc des efforts pour essayer de conjuguer les sources de renseignement pour avoir une meilleure idée de la progression scolaire.
Je disais justement qu'il est important d'avoir une répartition géographique exacte. Dans notre unité, nous avons utilisé la méthodologie de l'IDH que nous avons modifiée quelque peu pour pouvoir l'appliquer au niveau de la collectivité. Nous obtenons ainsi l'indice de développement de la collectivité, qui fait appel à une méthodologie très semblable, quoique pas tout à fait identique.
Encore une fois, c'est un indice qui va de 0 à 1. Il y a diverses composantes, notamment l'éducation, exactement comme pour l'IDH. Il y a aussi le revenu par habitant. Mais nous ne pouvons pas indiquer l'espérance de vie au niveau de la collectivité.
Il s'agit de petites localités. Dans certaines d'entre elles, pour certaines années, il n'y a aucun décès. Cela donne une espérance de vie infinie et nous savons bien que ce n'est pas le cas. C'est parce que nous avons à faire à de petites populations, à de petits nombres.
Nous avons donc remplacé cet indicateur de la santé par un indicateur du logement, ce qui est un aspect important des conditions de vie dans les localités autochtones. Cette composante du logement comprend deux éléments: la qualité et la quantité — la quantité étant définie par le surpeuplement. Nous mesurons le surpeuplement. Quant à la qualité, lors du recensement, on pose une question sur les grands travaux de rénovation. Ces aspects ont donc été pris en compte dans la mesure, un peu comme pour l'IDH, c'est une méthodologie semblable.
Le dernier élément est la participation au marché du travail et nous avons en l'occurence quatre composantes. C'est surtout un indicateur socio-économique. L'IDH comportait une composante de la santé que nous ne pouvons pas intégrer ici. L'indice de bien-être de la collectivité est un indice du développement socio-économique des collectivités. On part de l'IDH nationale et l'on passe ensuite aux provinces, et nous précisons maintenant cela au niveau des collectivités.
Ces colonnes jaunes représentent les autres Canadiens. Je vais complexifier ce tableau et vous comprendrez mieux. C'est pourquoi cela paraît un peu vide pour l'instant. Les colonnes jaunes représentent les collectivités canadiennes qui ne sont des Première nations ou des Inuits, selon le score obtenu. Le score varie selon l'axe horizontal et l'on a une proportion de ces collectivités.
En passant, nous avons calculé cela pour toutes les localités canadiennes comptant au moins 65 habitants — pas seulement les collectivités des Premières nations ou d'Inuits, mais toutes les localités. Ici, ce sont les autres collectivités canadiennes, leur répartition. Vous constaterez qu'elles se situent pour la plupart vers le sommet de l'échelle. Elles ont des score élevé.
À la page suivante, j'ai ajouté les Premières nations, ce sont les colonnes rouges. La première observation est que ces collectivités ont des score plus bas. Bon, nous le savions déjà d'après l'IDH. Qu'est-ce qu'on apprend de plus ici? Nous apprenons qu'il y a d'énormes écarts entre les collectivités des Premières nations. Autrement dit, la différence entre le score le plus bas et le score le plus élevé est plus grande que la différence entre la Première nation moyenne et la collectivité moyenne des autres Canadiens. Il y a de plus grands écarts entre les collectivités des Premières nations qu'entre les Premières nations et les autres Canadiens. C'est une nouvelle constatation.
Si vous examinez les 100 collectivités ayant obtenu les scores les plus bas, 92 d'entre elles sont des Premières nations. Une seule collectivité des Premières nation se classe parmi les 100 premières, et il s'agit de Burrard, en Colombie-Britannique.
À la page suivante, nous avons ajouté les Inuits. Pour les Inuits, il y a beaucoup moins de collectivités. L'indication qui figure sur le tableau, « N = 51 », signifie le nombre de collectivités. Elles sont surtout concentrées vers le milieu de l'échelle. Certaines se situent vers le niveau supérieur, mais elles se trouvent surtout groupées de manière dense, un peu comme pour les autres collectivités canadiennes. Il y a des écarts un peu moins grands que ceux que nous avons constatés parmi les collectivités des Premières nations, mais nous avons aussi un plus petit nombre de collectivités: 51
Quand j'ai reçu l'invitation, on m'a dit que les participants, les députés, aimaient beaucoup les cartes géographiques, et je vous demande donc votre indulgence. Je suis démographe; je ne suis pas géographe. Mais je sais que lorsque les gens commencent à se demander pourquoi il y a une différence aussi énorme entre les communautés des Premières nations, la première réponse que donne la plupart des gens est: « C'est à cause de la géographie, de l'endroit où ils vivent ». Et je dis alors « Et quoi d'autre? », et ils répondent « Oh, c'est à cause de l'endroit où ils vivent ». Je reviens à la charge: « Bon, ça va, j'ai compris, mais quoi d'autre? ». Et ils répondent toujours: « À cause de l'endroit où ils vivent ». C'est une véritable fixation.
Cette carte montre l'indice de bien-être des collectivités des Premières nations, l'IBC, à des niveaux moyens et élevés. Les étoiles bleues indiquent un niveau supérieur d'IBC.
Oui, il y en a beaucoup dans le sud. Il y en a beaucoup dans le sud de la Colombie-Britannique. Il y en a aussi autour des Grands Lacs, et aussi entre Ottawa et Québec. Celle qui est au nord de Québec n'est pas exactement dans le sud, en passant. On dirait qu'elle est dans le sud à cause de sa position sur l'écran, mais ce n'est pas vraiment le sud.
Vous remarquerez qu'il y a aussi des étoiles bleues en plein milieu de la Saskatchewan, du Manitoba, dans le nord de l'Alberta, au Yukon, dans le nord de la Colombie-Britannique -- je pourrais continuer.
Ce n'est pas directement associé à l'endroit où ils vivent. Il y a des collectivités qui se débrouillent passablement bien.
Pour illustrer encore une fois les écarts que nous avons vus au graphique précédent... Je disais que la différence entre le niveau le plus haut et le plus bas est très grande.
Il y a un conseil tribal en Alberta. Il y a deux collectivités qui partagent le même conseil tribal, la même bande. Ces deux collectivités se font face de part et d'autre de la rivière. L'une se classe parmi les dix Premières nations au pays; l'autre se situe parmi les dix dernières -- c'est la même bande. Ils peuvent se voir d'un bord à l'autre de la rivière.
Donc, ces écarts que nous avons vus à l'échelle nationale, quand on examine toutes les collectivités, on les constate même au niveau de la bande ou du conseil tribal. Je voulais seulement vous le signaler.
Nous pensions que les données n'étaient pas bonnes. En fait, nous avons envoyé un de nos chercheurs là-bas pour examiner la situation et cette personne est revenue en disant: oui, les données étaient bonnes. Il y a d'énormes différences entre ces deux collectivités.
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Permettez-moi de terminer mon exposé en vous présentant le dernier acétate.
Avant d'expliquer le tableau, j'aimerais vous signaler que lorsque l'on fait une étude, n'importe quel type d'étude, lorsque l'on se penche sur le passé, l'on étudie d'anciens rapports comme le rapport Hawthorn et le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones. Lorsqu'ils ont essayé d'évaluer les différences entre les Premières nations et les autres Canadiens, les Métis et les autres Canadiens ou les Inuits et les autres Canadiens, ils utilisaient les données sur l'éducation. Puis ils choisissaient un indicateur comme le nombre de diplômés d'université. Ils étudient la population active et le taux de chômage. Ils étudient le revenu. Ils étudient le revenu par habitant — en utilisant habituellement le revenu médian. Puis ils étudient les données sur le logement et utilisent un indice d'encombrement. Ils comparent ces populations au reste de la population canadiennes. Ils identifient alors un écart au niveau de cet aspect particulier du bien-être de la population.
Puisque nous employons des mesures différentes, nous ne pouvons évaluer où se trouve l'écart le plus important. Est-ce dans le domaine de l'éducation, de la santé, du logement? Nous nous servons de mesures et d'échelles différentes. Nous nous servons d'échelles Fahrenheit et Celsius. Il y a des mesures des écarts en degrés Celsius et en degrés Fahrenheit. Si nous n'avons pas de table d'équivalence, je ne peux comparer.
L'IBC, puisqu'il rééchelonne toutes les données de zéro à un pour tous les aspects du bien-être qui sont inclus dans l'indice, nous permet de procéder à ces comparaisons interdimensionnelles. En d'autres termes, je suis mieux en mesure grâce à cet indice de constater dans quel aspect du bien-être l'écart est le plus important entre les Premières nations et les autres Canadiens, ainsi qu'entre les Inuits et les autres Canadiens.
Les deux tiers de l'écart se rapportent au logement et au revenu. Personnellement, je crois qu'il faudrait se concentrer un peu plus sur le logement, puisque le revenu est une représentation du revenu par habitant, et l'écart qui existe à cet égard dépend dans une certaine mesure du taux de fécondité. Les familles des Premières nations et les familles inuites ont plus d'enfants, donc plus de personnes à charge, ce qui entraîne une baisse de leur revenu par habitant. Mais ces différences à l'égard du taux de fécondité sont acceptables. Il ne s'agit pas vraiment d'un problème de bien-être — il s'agit simplement d'un très grand nombre d'enfants.
Il ne faut pas oublier non plus — vous avez vu la pyramide des âges de la population autochtone — que cette dernière entre progressivement sur le marché du travail. D'autres Canadiens quittent le marché du travail. Lorsque vous entrez sur le marché du travail, vos attentes au niveau du salaire ne sont pas les mêmes que lorsque vous le quittez. En d'autres termes, vous faites beaucoup plus d'argent avant de quitter le marché du travail que lorsque vous venez de commencer à travailler. Il existe donc des différences au niveau du revenu qui dépendent plutôt des différences au niveau de la structure de l'âge de la population; nous n'interpréterions donc pas nécessairement l'écart au niveau du revenu comme étant le résultat d'une discrimination sur le marché du travail.
L'écart est beaucoup plus clair en ce qui a trait au logement. Il y a l'indice d'encombrement et les réparations. L'écart, tel que l'indique le tableau, est important. Il est beaucoup plus important qu'il ne l'est pour l'éducation. Pour les Indiens inscrits, cet écart est trois fois plus important que celui qui existe au niveau de l'éducation. Je ne dis pas que l'écart au niveau de l'éducation n'est pas important. Je dis simplement que l'écart qui existe au niveau du logement est trois fois plus important. Tout est relatif. Nous nous servons d'échelles relatives. Pour avoir une bonne idée de l'écart au niveau de l'éducation, il faudrait se pencher sur les paramètres étudiés pour l'éducation. Combien de jeunes finissent leurs études secondaires? Combien finissent leurs études universitaires? Mais ce tableau reflète probablement le meilleur effort qui a été fait à ce jour pour évaluer là où se trouvent les principaux écarts.
Voilà qui met fin à mon exposé. Merci.
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Encore une fois, il s'agit d'une question de qualité par opposition à l'explosion démographique. La question de la qualité ne pourrait-elle pas en partie expliquer l'explosion démographique?
Du point de vue des variations dans la non-participation des communautés, c'est un élément dont j'ai tenu compte dans l'évaluation de la contribution de la mobilité ethnique. Également, il y a la question de ce qu'on appelle dans notre jargon le sous-dénombrement. Il est inévitable que certaines proportions de la population ne soient pas prises en compte dans le recensement. Pour la population en général, ce sous-dénombrement se situe entre 2 et 3 p. 100. J'ai tenu compte de tous ces aspects dans l'estimation de l'effet de la mobilité ethnique.
La valeur ou la validité de la déclaration n'est pas mesurable. Cet état de choses me laisserait personnellement très perplexe s'il s'agissait d'un phénomène observé seulement au Canada. Toutefois, comme je l'ai souligné plus tôt, le phénomène a également été observé aux États-Unis, au cours des mêmes périodes, en Australie, en Nouvelle-Zélande, à un niveau moindre, de même que chez des minorités ethniques en Chine et en ex-Union soviétique. C'est donc un phénomène largement répandu.
J'ai identifié plus tôt trois types de facteurs démographiques prédisposants: sociaux, juridiques... Par exemple, en Chine, il s'agissait des limites du nombre d'enfants. La majorité ethnique en Chine ne pouvait avoir qu'un enfant. Les très petites minorités avaient le droit d'en avoir deux ou trois. Les gens qui par le passé avaient tendance à vouloir s'identifier à la majorité parce que cela leur donnait un certain accès à des emplois se disent maintenant qu'ils devraient peut-être reconsidérer leur décision et déclarer plutôt qu'ils sont des membres de leur minorité, ce qu'ils ne faisaient pas auparavant. Autrement dit, they are getting out of the closet parce que cela leur donne le droit d'avoir deux enfants.
En Union soviétique, les passeports ont été identifiés comme étant probablement la source de ces variations. Ici, je pense qu'il y a eu des événements passés, notamment Oka, qui ont attiré beaucoup l'attention. En fait, quand on constate le nombre de fois où les mots « autochtone », « première nation », « métis » ou « inuit » ont été mentionnés dans les journaux et qu'on suit l'évolution de ce nombre au fil des ans, on constate que la pointe correspond à peu près à la celle observée au début des années 1990 pour les taux d'accroissement. Il y a aussi les facteurs d'ordre juridique, par exemple le projet de loi C-31.
Je n'exclus pas le fait qu'il puisse exister un certain opportunisme chez certains déclarants, mais compte tenu qu'il s'agit d'un phénomène qui semble répandu à l'échelle de la planète chez les minorités autochtones d'autres pays, je pense qu'il est bel et bien présent et réel.
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Je suis tout à fait d'accord avec vous quand vous dites que les méthodologies actuelles et les données dont vous disposez, avec lesquelles vous travaillez, cachent parfois la réalité, pour diverses régions du pays, encore plus pour certains conseils tribaux, et encore davantage pour certaines collectivités. Quand on enlève les chiffres les plus élevés, et les moins élevés, il reste un portrait qui est au-dessous de la moyenne. Vous en tirez le portrait de la situation, parce que c'est ainsi qu'on travaille avec les données. Les politiciens s'en servent, mais pas toujours de la meilleure façon, ou interprètent ces données trop littéralement, sans en comprendre toute la profondeur.
Une question plus importante, en lien avec celle du secrétaire parlementaire: ce n'est pas ce dont vous avez besoin, mais ce que nous pouvons offrir aux collectivités autochtones pour qu'elles fassent leur propre recherche et développement. Actuellement, ces communautés n'ont pas d'argent pour cela.
Je vais vous donner un exemple. Nous avons préparé un rapport sur les indicateurs en matière d'indication pour notre conseil tribal. Il portait sur 33 écoles qui représentent environ 50 p. 100 de la population des réserves de la Saskatchewan. Il n'y avait pas d'argent pour ce travail et nous en avons pris dans le budget de la santé, dans un autre programme, et dans un autre encore, pour faire ce qui était important. Cela nous a donné un portrait démographique, et ce n'est que lorsque nous avons terminé que nous avons obtenu de l'argent pour le faire. C'est important, au bout du compte, parce que les communautés se chargent alors d'effecteur leurs propres recherches, et cela leur indique ce qu'il faut faire pour trouver des solutions à leurs problèmes.
Prenons un autre exemple, celui de la Northern Inter-Tribal Health Authority, qui a créé une unité de contrôle dans le nord de la Saskatchewan, pour faire un suivi de l'incidence de la tuberculose et de l'immunisation. Quand la cinquantaine de communautés ont compris qu'elles avaient le plus faible taux d'immunisation pour les nouveau-nés, données en main, elles ont trouvé une solution, en assumant la responsabilité de la situation. Ces communautés des Premières nations du Nord ont maintenant les taux d'immunisation les plus élevés du pays, le taux le plus élevé de la Saskatchewan.
Il ne s'agit pas de leur fournir des solutions, mais plutôt de donner aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits la capacité de trouver leurs propres solutions à partir des données qu'elles recueillent. Comme je me passionne pour les données, je me servirais de ces données pour faire d'autres merveilleuses choses et pour esquisser des portraits encore plus précis.
Le financement de la recherche et du développement est donc crucial. Sans argent, on ne met pas au point des pratiques exemplaires, parce qu'elles sont étouffées par tout le reste.
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Je suis ravie de vous entendre dire que vous envisagez différentes façons d'analyser les données parce que lorsque vous vous demandez qui définit le « bien-être »... Je viens de dire à Todd que nous aimons à dire que nous ne savions pas que nous étions pauvres avant que quelqu'un nous dise que nous l'étions. Nous aimons dire cela, dans le Nord, puisqu'en pratique, c'est vrai. Tant que nous étions en santé, heureux, que le caribou passait par chez nous et que nous pouvions bien vivre de ce que nous donnait le territoire, tout allait bien, jusqu'à ce que quelqu'un vienne nous dire que parce que nous n'avions pas de diplôme de secondaire IV, parce que nous ne savions pas faire ceci et cela, parce que nous n'avions pas de numéro d'assurance sociale, nous vivions comme dans un pays du tiers monde. Il faut donc être très prudent quant aux conclusions qu'on tire de ces données.
Nous avons vu de très, très nombreuses études de ce genre. Ce n'est peut-être pas respectueux, mais j'ai dit que c'est des statistiques pessimistes comme celles du Globe and Mail. C'est ce que j'ai déjà vu, et on brosse un portrait très triste de la situation.
Oui, nos communautés ont besoin de beaucoup d'aide, mais on n'arrive jamais à ramener l'espoir et l'optimisme des gens, de ceux qui travaillent tant pour améliorer leur vie. Les statistiques et les données sont muettes là-dessus et c'est pourquoi je dis toujours, comme Gary, qu'il faut être prudent. Il est bon pour nous d'avoir des statistiques, de manière à pouvoir améliorer les services, les soins de santé et l'éducation, et pour mieux comprendre la situation, mais tout dépend de la façon dont on présente les chiffres.
Je vous remercie beaucoup pour ce que vous m'avez apporté et il faudra que je travaille un peu pour assimiler une partie de ces données parce que certains termes... Quant on ne s'en sert pas quotidiennement, on n'est pas certain de comprendre toute la situation. Quoi qu'il en soit, merci pour les renseignements.