Je crois qu'on m'a demandé de vous rencontrer aujourd'hui en raison d'un article que j'ai publié dans le National Post dans lequel j'ai exprimé certaines opinions sur les activités du groupe Environmental Defence.
Je suis directeur d'un bureau à McGill qui s'appelle le Bureau des sciences et de la société; notre rôle consiste à éduquer. Nous n'essayons pas d'avoir quelque influence que ce soit sur la politique. Nous ne sommes pas des porte-parole, nous sommes des éducateurs. Permettez-moi de vous expliquer ce que nous faisons et pourquoi on m'a demandé d'être ici aujourd'hui.
Accompagnez-moi pour un instant dans une forêt d'Amérique du Sud et regardez autour de vous. Vous verrez peut-être un singe qui est suspendu dans un arbre. Soudainement, une flèche traverse l'espace et atteint l'animal. Le singe parvient à sauter d'un arbre à un autre et finalement à un troisième avant de s'effondrer sur le sol. Il a été touché par ce que nous appelons le poison des trois arbres. Le produit était un produit chimique qui s'appelle la tubocurarine. Il s'agit d'un produit isolé d'un produit naturel, soit d'une vigne qui pousse sur un arbre. Ce même produit a été pour la première fois utilisé dans le monde médical en 1942 par le Dr Harold Griffith, à Montréal en fait, à l'hôpital Queen Elizabeth; ce produit a eu un impact remarquable sur le monde de l'anesthésiologie puisqu'il permet de réduire la force des contractions de l'abdomen lorsque le chirurgien doit y faire une incision.
Cet exemple m'amène à tirer trois grandes conclusions: tout d'abord, la dose est très importante; de plus, les produits naturels peuvent être très toxiques et enfin un produit peut être utilisé comme poison ou comme médicament; tout dépend de l'usage que nous voulons en faire.
Il en va de même pour les substances synthétiques. Prenons par exemple un cachet d'aspirine. Nombre d'entre nous prennent une petite dose chaque jour pour empêcher les problèmes cardiaques, mais si vous avalez toute une bouteille d'aspirine, cela pourrait entraîner votre mort. Alors on se demande si le cachet d'aspirine est un produit chimique toxique. Pour répondre à cette question nous devons faire appel à la toxicologie, qui est en fait l'étude de l'impact des produits chimiques sur les organismes vivants. C'est un domaine d'étude fort compliqué. Il remonte au 15e siècle et à Paracelsus qui avait dit sola dosis facit venenum. Pour ceux d'entre vous qui ont oublié leur latin, cela veut dire: « le poison, c'est la dose », et c'est là le thème de la toxicologie.
Le principal principe est qu'il existe toujours une courbe sur la relation dose-effet comme vous le voyez ici en toxicologie. Plus la dose augmente, plus les effets augmentent. Il faut se demander ce qui se produit tout au bas de la courbe. Est-ce que les effets tombent à zéro ou y a-t-il un seuil en-dessous duquel aucun effet ne peut être observé? Je crois que la majorité des toxicologues reconnaîtrait qu'il existe un seuil.
Un autre concept, appelé l'hormèse, entre en ligne de compte et il intéresse tout particulièrement les toxicologues de nos jours. Ce n'est pas simplement qu'il existe un seuil à de très faibles niveaux, mais en fait les produits chimiques peuvent avoir des effets très différents à de très faibles doses, et ont en fait des effets bénéfiques à des doses à peine perceptibles, et un impact négatif plus la dose augmente. Le risque dépend de l'exposition et de la toxicité. Chaque produit chimique s'accompagne d'une toxicité inhérente fondée sur sa structure moléculaire, et ce qui nous intéresse ici, c'est le degré d'exposition.
Évidemment, de nos jours, nous nous inquiétons tout particulièrement de ce qu'on appelle les produits chimiques synthétiques. On nous dit que nous vivons dans une soupe chimique toxique, que nous sommes entourés de 85 000 produits chimiques toxiques qui s'infiltrent dans notre vie, ce qui est évidemment vrai. C'est environ là le nombre de produits chimiques synthétiques auxquels nous sommes exposés. Il est également vrai que nous vivons dans une soupe chimique, mais elle ne se limite pas aux produits chimiques synthétiques. Elle comprend également tous les produits naturels. Si nous devions par exemple étiqueter une orange, voici cela à quoi ça pourrait ressembler, parce qu'il y aurait des centaines d'éléments naturels qu'on y retrouverait.
Il existe environ 20 millions de composés naturels qui ont déjà été étudiés, alors que 85 000 composés synthétiques seulement l'ont été. En fait, les produits synthétiques ont été étudiés beaucoup plus en détail que ces quelque 20 millions de composés naturels.
Si vous prenez par exemple cette pomme, et que vous en prenez une bouchée, vous vous demanderez peut-être ce que vous ressentez. Ce que vous ressentez vraiment, c'est un collage de produits chimiques, plus de 300 différents composés chimiques qui ont été isolés, comme de l'acétone, ce qui est en fait du dissolvant pour vernis à ongles, ou du furfural.
Nous savons que le furfural est un produit chimique cancérigène. Lorsqu'il est administré à des animaux à haute dose, il cause le cancer. C'est pour ça que nous pouvons le qualifier de cancérigène. On retrouve du furfural non seulement dans les pommes, mais aussi dans des céréales et dans les patates douces. Si vous avez eu votre tasse de café aujourd'hui, vous avez ingéré du furfural, de même que du benzène, du styrène, et d'autres cancérigènes connus.
Évidemment, les pommes ne sont pas toxiques. On dit « chaque jour une pomme conserve son homme ». Mais en fait, il n'y a pas d'aliments magiques. Mais on ne s'en fait pas pour le furfural dans les pommes, parce que la dose est vraiment petite.
De par nos méthodes de cuisson, nous nous exposons nous-mêmes à une grande variété de cancérigènes potentiels — les benzopyrènes. On les retrouve dans les aliments qui sont cuits à de hautes températures. Il s'agit de cancérigènes connus.
Puis, évidemment, nous avons les polluants du milieu, y compris les dioxines, dont on entend tellement parler. Les dioxines sont relâchées dans notre environnement par diverses industries — pas délibérément, mais ce produit qu'on qualifie de « produit chimique synthétique le plus toxique » est un sous-produit de l'industrie. Et il est en effet toxique; il n'y a pas de doute. Mais sa toxicité dépend de sa structure.
La catégorie des dioxines comprend de nombreux composés chimiques. Lorsque cette molécule comporte quatre chlores, elle est extrêmement toxique, mais lorsqu'elle n'en a que deux, elle l'est moins. Donc, il faut porter une attention particulière à la structure de la molécule.
Il faut aussi accorder une attention particulière aux espèces en cause. La dose létale de dioxine en milligrammes par kilogramme de poids corporel dépend des espèces. Les dioxines sont en effet mortelles pour les cochons d'Inde, mais beaucoup moins pour les hamsters. Qu'en est-il des êtres humains? Nous ne le savons pas, parce que évidemment il n'est pas possible de procéder à des essais contrôlés. Ce ne serait pas un exercice éthique.
On dit la même chose des cancérigènes les plus puissants jamais testés sur les animaux. Nous ne contestons pas cela; en fait, c'est vrai. Si on prend les rats par exemple, ils peuvent développer un tumeur du foie avec une dose quotidienne de 10 nanogrammes par kilogramme de poids corporel. C'est une très petite quantité. Nous savons aussi qu'avec un dose de un nanogramme, il n'y a aucun effet. Mais évidemment, nous voulons surtout en savoir davantage sur l'exposition humaine, qui est d'environ 0,002 nanogramme, ce qui représente 1/500 de la dose qui ne cause aucun effet chez les animaux.
Ces données sont donc importantes. En science, nous procédons toujours à des analyses quantitatives de même que qualitatives. Nous examinons aussi les données épidémiologiques, et nous en avons beaucoup pour les dioxines, qui sont l'un des contaminants de l'agent orange. Dans le cadre de l'opération Ranch Hand, le personnel des forces aériennes a été exposé à des quantités phénoménales d'agent orange. De nombreux documents ont été rédigés sur ses effets, et les chercheurs ne s'entendent toujours pas à savoir s'il y a eu des conséquences pour ces gens.
Nous avons aussi eu un terrible accident à Seveso, en Italie, en 1976, lorsqu'un fabricant d'herbicide a laissé échapper une quantité importante de dioxines. Nous avons effectué un suivi des conséquences de cet incident pour la population locale, et, fait assez intéressant, la seule chose qu'on a remarquée, c'est que les hommes qui ont été exposés aux dioxines ont eu un nombre disproportionné de filles.
Il s'agit d'un phénomène qui semble se produire en Amérique du Nord également; le même genre de problème semble se produire dans la région entourant Sarnia. Il y a donc peut-être des conséquences hormonales attribuables aux dioxines, lesquelles sont très différentes du potentiel cancérigène.
Évidemment, ce que l'on veut vraiment savoir, et c'est la raison pour laquelle on m'a demandé de venir ici aujourd'hui, c'est ce qui est fait concernant les produits chimiques qui sont présents dans notre sang, comme l'a découvert Environmental Defence.
Par exemple, les éthers diphényliques polybromés, qui sont des produits ignifugeants et qui sauvent certainement des vies en raison de cette propriété, sont présents. Dans l'étude d'Environmental Defence, un sujet en avait 0,5 microgramme par litre dans le sang. Il s'agit d'une quantité considérable d'éther diphénylique polybromé, mais il faut mettre les choses en contexte. Si on considère que nous avons environ cinq litres de sang, cela représente 2,5 microgrammes dans le corps. La dose qui ne causait aucun effet chez les rongeurs était d'environ 2 500 microgrammes. C'est beaucoup plus.
Donc, qu'est-ce que ces données veulent vraiment dire? Est-ce que ça veut dire qu'il y a un effet sur les êtres humains? En fait, nous ne le savons pas, mais il ne faut pas oublier que ces cancérigènes représentent un pourcentage assez faible en ce qui a trait aux risques de cancer précoce. Trente-cinq pour cent des risques sont attribuables à une alimentation qui n'est pas équilibrée, tandis que 1 p. 100 à 5 p. 100 des risques, selon les sources, sont attribuables aux produits industriels. Sur quel aspect allons-nous donc nous concentrer et investir notre argent pour tenter d'améliorer l'alimentation des gens dans le but de réduire les risques de cancer de façon considérable?
Nous pouvons faire beaucoup au chapitre du tabac, des infections et des comportements sexuels. Nous pouvons aussi accomplir beaucoup en ce qui a trait à l'exposition professionnelle. Donc, pour savoir si l'attention portée à ce 1 p. 100 en vaut la peine, il faut mettre les choses en perspective.
J'aimerais évoquer quelques points que je tente de communiquer à nos étudiants et au public en ce qui concerne les produits chimiques et la toxicité potentielle.
Il n'y a pas de bons ou de mauvais produits chimiques; il n'y a que des façons soit sécuritaires soit dangereuses d'utiliser les produits chimiques. Et en fait, il y a des façons sécuritaires d'utiliser les produits chimiques dangereux.
Les effets dépendent de la structure moléculaire. Il faut être très précis. Les gens parlent des phthalates, qu'il faut bannir les phthalates, lesquels sont des plastifiants utilisés dans les rideaux de douche par exemple pour les rendre souples et malléables. Eh bien, ils sont aussi utilisés dans la fabrication de jouets, mais il y a différentes sortes de phthalates et leur niveau de toxicité peut varier grandement. Cela n'a pas de sens de tous les mettre dans la même catégorie, tout comme cela n'a pas de sens de mettre toutes les dioxines dans la même catégorie. En matière de toxicité, il y a des seuils en dessous desquels il n'y a pas d'effet observable.
Les études à doses élevées effectuées sur les animaux ne nous renseignent peut-être pas correctement sur le risque pour les êtres humains, parce que le dosage en soi a des effets négatifs qui s'ajoutent à ceux du produit chimique comme tel. Je crois qu'il vaudrait beaucoup mieux examiner l'exposition humaine maximale, établir un facteur de sécurité de 100, par exemple, et tester cette dose sur les animaux, plutôt que tester la dose maximum tolérée chez les animaux.
Nos corps traitent les produits chimiques naturels et synthétiques de la même façon. Nous sommes dotés de divers mécanismes de protection. Nous avons des systèmes d'enzymes qui traitent les petites doses de produits chimiques. Les problèmes ne surviennent qu'une fois que ceux-ci sont surchargés. Les petites doses ne présentent pas nécessairement un problème, et la présence de produits chimiques n'implique pas nécessairement qu'il y a un risque. En fait, si nous faisions une analyse de notre sang en bonne et due forme, nous verrions la présence de milliers de produits chimiques différents, dont la plupart seraient issus de sources naturelles et dont certains auraient une toxicité comparable à celle de produits chimiques synthétiques.
La science ne peut prouver qu'il n'y a aucun risque associé à un produit chimique. Nous entendons beaucoup parler du principe de précaution. On demande aux scientifiques de démontrer qu'il n'y a aucun risque avant d'exposer le public à un produit chimique à son insu. Il s'agit d'une demande que les scientifiques ne peuvent satisfaire. On ne peut jamais prouver qu'un effet négatif est possible.
Je ne pourrais pas vous prouver que les rennes ne peuvent pas voler. J'imagine que nous pourrions tous convenir qu'ils ne peuvent pas voler, mais je ne pourrais pas le prouver. Je pourrais bien emmener un renne en haut de la Tour de la Paix et le pousser en bas. Toutefois, je ne crois pas qu'il pourrait voler. Nous aurions un gâchis, mais tout ce que j'aurais prouvé, c'est que les rennes ce jour-là, ne pouvaient ou ne voulaient pas voler. On ne peut pas prouver quelque chose de négatif.
On ne peut pas éliminer le risque. Il faut qu'il soit évalué en fonction des avantages. Nous parlons d'éliminer le bisphénol A, par exemple, un composé oestrogénique utilisé pour soigner les dents. On nous dit toutefois que les gens qui n'ont pas de soins dentaires adéquats sont plus susceptibles de souffrir de maladie du coeur. Eh bien, le disphénol A est utilisé dans ce domaine. Il est également utilisé par les policiers, pour les protéger des balles. On s'en sert aussi pour fabriquer des bouteilles incassables. Nous devons prendre des décisions.
C'est toujours une question de risque et d'avantage, et c'est là qu'il faut se servir non seulement de son jugement, mais aussi des connaissances toxicologiques à notre disposition.
Je vais terminer avec une dernière pensée: ne pas prendre de risque est aussi un risque en soi. Je vous remercie de votre attention. Si vous avez des questions, je serais évidemment très heureux d'y répondre.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci de l'occasion qui nous est donnée de nous entretenir avec vous aujourd'hui.
Avant de commencer ma déclaration, je voudrais vous faire part de quelques conclusions impartiales de la Commission mixte internationale, la CMI. Comme nombre d'entre vous le savent, la CMI a été constituée en vertu du Traité des eaux limitrophes et tombe sous le coup de l'Accord relatif à la qualité des eaux des Grands Lacs.
Cette organisation bilatérale a pour mandat de surveiller les progrès des gouvernements dans le rétablissement et le maintien de l'intégrité des eaux de l'écosystème du bassin des Grands Lacs. Pour lutter contre les menaces toxiques, les gouvernements du Canada et des États-Unis se sont engagés à adopter une nouvelle approche quand ils ont signé l'accord révisé.
La position de la CMI est que, compte tenu des complexités des limites inhérentes de l'évaluation des substances chimiques les unes isolément des autres, d'une part, et les incertitudes scientifiques quant à la corrélation entre les substances chimiques et leurs effets sur la santé, d'autre part, la société devrait éliminer la production et l'émission de substances chimiques dont la régulation ne peut se faire en toute sûreté.
La CMI a recensé une catégorie de substances chimiques, communément appelées substances toxiques persistantes, dont la régulation ne peut se faire en toute sûreté. Parmi ces substances chimiques, il y en a qui causent la mort, des maladies, des troubles de comportement, le cancer, des mutations génétiques, des dysfonctions physiologiques ou reproductives ou des déformations physiques dans un organisme ou sa progéniture. Veuillez noter que le cancer n'est pas le seul effet auquel s'est intéressée la Commission. En effet, elle s'est penchée sur de nombreux autres effets. Il faut se rappeler aussi que le cancer est un effet qui peut prendre des décennies avant de se manifester, et que son étiologie — sa cause — peut prendre encore plus de temps à se définir.
L'article II, auquel adhèrent le Canada et les États-Unis, dispose notamment que les deux parties s'engagent à
interdire les rejets de substances toxiques en quantités reconnues toxiques et de voir à l'élimination virtuelle de rejets de toutes les substances toxiques rémanentes.
En fait, dans toute l'annexe à laquelle le Canada a souscrit en signant l'Accord relatif à la qualité des eaux des Grands Lacs, c'est-à-dire l'annexe 12, qui porte sur les substances toxiques persistantes —, le principe général, le but visé par le programme proposé dans l'annexe est d'éliminer virtuellement tous les rejets de substances toxiques persistantes afin de protéger la santé humaine et de conserver la santé et la productivité des ressources vivantes aquatiques.
La liste des substances chimiques comprend aussi les substances bioaccumulatives, c'est-à-dire celles qui deviennent plus concentrées à mesure qu'elles progressent dans la chaîne alimentaire —, ainsi que les substances chimiques persistantes. Celles-ci sont définies comme étant des substances ayant une demi-vie supérieure à huit semaines dans l'eau, le sol ou des organismes vivants. Si une substance chimique tombe dans ces catégories, la CMI dit qu'il faudrait l'éliminer. Elle n'exige pas de preuve causale de préjudice qui soit exhaustive; elle fonde ses décisions sur la prépondérance des preuves. Quand il existe des éléments d'information raisonnables qui établissent le lien entre certaines substances chimiques et certains effets, la Commission estime alors qu'elle dispose de suffisamment de preuves pour prendre des mesures préventives afin d'éliminer les sources toxiques. Ainsi, étant donné que de nombreuses substances chimiques chlorées ayant fait l'objet d'études ont jusqu'ici présenté une de ces caractéristiques sinon plusieurs, la CMI a recommandé, dans son rapport bi-annuel de 1992, que ces substances chimiques soient éliminées des écosystèmes des Grands Lacs.
Passons maintenant à l'action des gouvernements. Ceux-ci assurent généralement la réglementation des rejets de substances chimiques afin de réduire les risques professionnels et environnementaux, ainsi que les menaces que constituent les substances chimiques toxiques pour la santé publique. Les gouvernements partent du principe qu'il existe des niveaux d'émissions acceptables. La technologie de contrôle des substances toxiques au point de rejet est désormais en conflit avec la chimie écologique plus durable qui préconise l'investissement dans des technologies de production novatrices et propres qui éliminent le recours à des substances chimiques toxiques et inutiles.
De plus, les gouvernements ont jusqu'ici adopté des approches en matière d'établissement de normes et de réglementation fondées sur l'évaluation du risque, où les substances chimiques sont évaluées les unes isolément des autres, afin de déterminer le risque relatif qu'elles posent pour l'environnement et la santé. Or, ces approches ont permis la production et l'utilisation continues de milliers de substances chimiques, et ce, en dépit de leurs conséquences potentiellement préjudiciables. Nous avons appris, par exemple, qu'entre 70 000 et 85 000 substances chimiques différentes sont actuellement en usage à des fins commerciales. La plupart de ces substances n'ont pas été évaluées pour voir si elles sont cancérigènes ou si elles ont d'autres effets sur le système nerveux, sur le système immunitaire, le système endocrinien ou le système reproductif.
À la lumière des relations quantitatives structure-activité, c'est-à-dire la relation entre la structure d'un produit chimique et son action pharmacologique, on pourrait prévoir qu'une substance chimique agisse comme une autre catégorie de produits chimiques si leurs structures sont semblables. Ainsi, les éthers diphényliques polybromés auraient des propriétés semblables à celles des BPC. En effet, les deux sont très stables à des températures élevées. Nous comprenons les menaces toxiques que constituent les BPC et prenons des mesures pour en arrêter la production. Quand l'utilisation des principes QSAR révèle que la probabilité qu'une substance se comporte comme des BPC est élevée, pourquoi alors prendre la peine de prouver la toxicité des EDP?
Dans mon mémoire, qui contient plus de détails, j'ai présenté les structures des PBC et des EDP, et vous verrez qu'elles sont très semblables.
Alors que fait l'Union européenne? Essayons de trouver des repères ailleurs.
La proposition relative au nouveau cadre réglementaire de l'UE pour l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, REACH, dont certains d'entre vous ont peut-être entendu parler, a été adoptée en 2003. En voici un extrait:
REACH vise à améliorer la protection de la santé humaine et de l'environnement tout en assurant la compétitivité et le renforcement des capacités d'innovation des industries chimiques de l'UE. Selon l'approche préventive proposée, les fabricants de produits chimiques devront assumer le fardeau de la preuve en ceci qu'ils devront prouver qu'une substance chimique n'est pas dangereuse pour la santé humaine ou pour l'environnement avant qu'ils ne la proposent à des fins commerciales. Ainsi, on n'aura pas à attendre qu'il y ait préjudice massif avant de prendre des mesures protectrices.
Je voudrais établir une certaine terminologie.
Il y a eu beaucoup de recherche et de débats autour de la capacité de certains composés chimiques à causer un dérèglement endocrinien à certains stades critiques du développement du foetus et de l'enfant. Ce genre de dérèglement détruit fondamentalement les postulats sous-tendant la politique actuelle, à savoir qu'il existe un seuil sûr d'exposition à des substances chimiques toxiques. En effet, il remet en question le paradigme réglementaire du dernier quart de siècle, durant lequel on a évalué les substances chimiques en fonction de leur potentiel cancérigène. Je pense sincèrement que nous avons appris un peu plus de choses depuis le XVIe siècle au sujet des substances chimiques, notamment qu'elles peuvent causer des maladies.
Voici le principe de précaution défini dans la LCPE, principe reconnu à l'échelle mondiale, qui dispose:
dans le cas où il y a risque de dommages graves ou irréversibles, l'incertitude scientifique ne devrait pas servir d'alibi pour reporter à plus tard des mesures visant à prévenir la dégradation de l'environnement.
Regardons maintenant ce que l'on dit au sujet de la censure. Wikipedia propose la définition suivante de « sound science », science sûre, et je cite:
La science sûre est une expression souvent utilisée dans le monde des affaires, des relations publiques et des organismes publics pour décrire les recherches scientifiques ayant servi à justifier des postulats ou des positions politiques, ou encore à dénoncer des recherches menaçant leurs intérêts dans le but de protéger leurs revenus. Toutefois, il n'existe pas de définition scientifique de la science sûre, et c'est donc une expression qu'on utilise subjectivement.
Wikipedia propose la définition suivante de « junk science » (pseudo-science), qui me semble exacte: « Junk science (pseudo-science) est une expression utilisée pour décrire des données, des recherches, des analyses ou des affirmations qui se veulent scientifiques mais qui sont motivées par des considérations politiques, financières ou d'autres considérations douteuses. »
Ensuite, il y a l'expression fort intéressante « certitude scientifique ». Je suis scientifique, et je n'ai jamais rencontré de cas de certitude scientifique. Les scientifiques pourraient définir la « certitude scientifique » comme étant « le fait d'être à 95 p. 100 sûr que la cause et l'effet ont été correctement identifiés ». Il est extrêmement rare qu'un groupe important de scientifiques soit sûr à 95 p. 100 de quoi que ce soit, surtout en ce qui concerne quelque chose d'aussi complexe que les problèmes environnementaux. S'agissant des systèmes vivants, l'incertitude scientifique élevée est la norme.
Comment traite-t-on actuellement l'incertitude scientifique dans le contexte de la protection environnementale? Prenons le cas classique.
Le cas classique est l'utilisation du plomb tétraéthyle dans l'essence. En effet, quand les fabricants de produits chimiques et les constructeurs automobiles ont annoncé qu'ils commençaient à mettre du plomb tétraéthyle hautement toxique dans l'essence en 1922, de nombreux responsables des autorités sanitaires publiques ont pensé que c'était une mauvaise idée et ont exhorté les fabricants à retarder l'utilisation et à entreprendre des études approfondies. Les fabricants ont rétorqué que la communauté scientifique n'était pas unanime quant à la menace que cela représentait, et en l'absence de preuves péremptoires de préjudices à grande échelle, ce qui était impossible à déterminer étant donné qu'ils n'avaient pas encore eu le temps de mettre en oeuvre leur proposition, ils ont insisté pour dire qu'ils avaient le droit de le faire. Les conséquences de cette décision font désormais partie des annales: dix millions de Canadiens et d'Américains souffrent de problèmes cérébraux, leur QI a diminué de façon permanente à cause de leur exposition à la poussière de plomb.
Enfin, j'aimerais terminer en évoquant l'Accord Canada-Ontario et revenir à l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs. L'Accord Canada-Ontario relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs est un accord fédéral-provincial qui vise à améliorer et à protéger les écosystème du bassin des Grands Lacs. L'Accord établit les modalités de coopération et de coordination des efforts des deux gouvernements. L'accord le plus récent a été signé en 2002 et arrive à échéance en 2007. Essentiellement, il aide le Canada à respecter ses obligations en vertu de l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs.
L'Accord Canada-Ontario renferme une annexe portant sur les polluants nocifs. Les objectifs de cette annexe consistent à éliminer sinon réduire les polluants nocifs qui se trouvent dans les Grands Lacs. Sur les 10 résultats prévus dans le cadre de cette annexe, six sont axés sur la réduction des substances chimiques prioritaires.
Permettez-moi de rappeler certains des principes contenus dans l'Accord Canada-Ontario de 2002 — que j'aborde de façon plus détaillée dans mon mémoire —, je me contenterai d'en nommer quelques-uns: gestion adaptée, ouverture, apprentissage continue, progrès, améliorations, réduction de la pollution, le principe de précaution, la prévention, la mobilisation des parties prenantes et la durabilité.
Le gouvernement entreprend actuellement la révision de l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs, et un examen de cet exercice nous fera voir qu'il sera extrêmement important d'examiner la politique scientifique en vigueur ainsi que les concepts émergents en matière de protection de l'écosystème et de la santé humaine. L'examen de la LCPE est extrêmement important à cet égard. En effet, il pourrait donner le ton à l'action du Canada pour lutter contre les effets nocifs des substances chimiques conformément aux engagements fédéraux contenus dans l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs.
Enfin, la plupart des méthodes d'évaluation et de gestion du risque considèrent que plus la persistance des substances chimiques est grande, plus le risque potentiel pour l'écosystème est élevé. J'aimerais que la LCPE prenne en considération le fait que certains polluants découlent de substances chimiques qui sont utilisées continuellement, ainsi que de produits chimiques utilisés à grande échelle à des fins de production et dans la fabrication de produits de soins personnels et de produits pharmaceutiques qui, tout en étant importants pour la société, sont constamment relâchés dans l'environnement, et dont on ne cesse de renouveler les stocks. C'est pourquoi, même les substances qui ont des demi-vies longues dans l'environnement devraient être assujetties à un examen minutieux en vertu de la LCPE.
En guise de conclusion, je recommande que le principe de précaution contenu dans la LCPE soit non seulement maintenu mais qu'il soit appliqué de façon rigoureuse afin de protéger les utilisations les plus sensibles, que les débats autour de la science sûre soient rejetés pour leur manque de pertinence et que la certitude scientifique soit reconnue pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un mythe, puisqu'elle n'existe pas. Je ne dis pas que les substances toxiques peuvent être dérivées de source naturelle ou artificielle, mais je dis que les substances toxiques qui sont utilisées actuellement doivent être soigneusement examinées à la lumière du principe de précaution prévu dans la LCPE.
Merci.
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Merci. C'est un honneur que d'être invité à témoigner devant ce comité.
Je m'appelle Jack Weinberg. Je suis conseiller principal en politiques à l'International POPs Elimination Network, qui est un réseau d'organisations non gouvernementales réunissant 70 pays. Le réseau a démarré à l'occasion de la négociation de la Convention de Stockholm et actuellement il s'occupe de façon plus générale des substances chimiques.
Lundi, j'ai reçu un appel de mes collègues — j'habite à Chicago — qui m'ont invité à venir témoigner aujourd'hui, de sorte que je vais faire de mon mieux pour faire la lumière sur le sujet. Même si je n'ai pas suivi vos délibérations, j'ai préparé quelques notes.
Sans aborder la question de l'étude comme telle, même si je peux vous parler de ce que je peux partager avec vous, j'ai été désemparé quand j'ai entendu les observations de M. Schwarcz, car je pensais que le débat était clos là-dessus depuis un certain temps. Je vais vous donner quelques exemples et nous verrons après les détails sur la façon dont ils s'imbriquent.
Tout d'abord, dans la plupart des pays du monde, le principe de précaution est adopté mais dans aucun pays on ne le considère comme une politique à l'épreuve de tout risque. Le principe de précaution participe de trois composantes importantes. Premièrement, il faut un motif solide portant à croire qu'il y a un rapport de cause à effet — pas nécessairement une preuve tangible, parce que c'est presque impossible, mais un motif solide. Deuxièmement, les dégâts potentiels sont de taille et irréversibles. Troisièmement, une considération socioéconomique : quelles sont les conséquences sociales relatives et les coûts afférents, et existe-t-il des solutions de rechange disponibles, etc.
Toute politique fondée sur le principe de précaution, comme ce fut le cas de la LCPE, ce qui est encore vrai, est une politique qui équilibre de façon appropriée ces trois considérations et qui n'est pas boycottée par des efforts pour créer un doute scientifique, la fabrication d'une incertitude scientifique, comme on l'a vu avec les campagnes de relations publiques qui appuyaient l'industrie du tabac, quand on a utilisé l'expression « science sûre » ou principes scientifiques objectifs, pour la première fois.
La fabrication du doute est devenue une industrie à grande échelle. Nous l'avons constaté pour le changement climatique. Les rapports de cause à effet en toxicologie sont beaucoup plus compliqués et les enjeux sont beaucoup plus uniques. Par conséquent, la fabrication du doute est une industrie bien plus lucrative et bien plus facile à faire prospérer.
Je vais vous donner un exemple du genre d'argument qui semble se tenir à première vue mais qui s'effondre par la suite. Nous avons parlé des EDP. L'étude indique qu'il y en avait 0,5 microgramme par litre de sang, et étant donné que le corps humain contient cinq litres de sang, cela signifie 2,5 microgrammes dans l'organisme. Cela aurait du bon sens si le sang était le principal vecteur où ces polluants sont entreposés. Mais nous savons que ces polluants sont lipophiles. Ils se logent essentiellement dans les graisses. Si on en trouve dans le sang, c'est parce que le sang contient des graisses. Ainsi, une « science sûre » qui prend en compte la seule chose connue, c'est-à-dire le contenu dans le sang d'un humain, et qui généralise cela à tout l'organisme, affirmant que cela représente 2,5 microgrammes au total, n'est pas du tout un principe scientifique objectif. C'est un exercice de relations publiques.
Je vais vous donner un autre exemple. On nous dit — et c'est vrai — qu'il existe de nombreuses formes de dioxine. Les tétrachlores — les molécules qui comportent du chlore aux quatre extrémités — sont les plus toxiques. Cela est bien connu. On sait également très bien que les octachlores, qui sont la forme courante des dioxines — et non pas le bichlore mais les octachlores — ne sont pas très... Mais nous savons cela depuis bien des années et nulle part dans le monde, que je sache, on ne réglemente les dioxines sur une base de congénères individuels.
Les scientifiques et ceux qui orientent la politique se fondent sur la notion de « facteurs d'équivalence toxique », en mesurant les tétras d'une part et en assignant une fraction à tous les autres congénères. Ensuite, après l'analyse de la dioxine, on obtient une quantité d'équivalence toxique, la QET. Tous les règlements sur les dioxines découlent de la QET, parce que c'est ce que l'on reconnaît.
Ainsi, c'était encore un écran de fumée. Cela ne procédait pas d'un véritable débat en cours.
De plus, en ce qui concerne ce qui a été dit au sujet des pommes et des oranges, la LCPE, comme toute loi visant les produits chimiques, je présume, porte sur les substances toxiques anthropiques. Nous ne parlons pas ici de tous les produits chimiques; nous sommes tous composés de produits chimiques. Nous parlons des produits anthropiques.
Les substances anthropiques sont des substances synthétiques, fabriquées par l'homme ou, étant donné que plusieurs substances fabriquées par l'homme se retrouvent également dans la nature et puisqu'il y a d'autres façons d'envoyer des substances toxiques dans la nature que leur fabrication, il y a également des substances toxiques qui sont présentes dans la nature, dans l'environnement, en raison de l'activité humaine en quantités artificielles. Ainsi, nous parlons de substances toxiques anthropiques et non de tous les produits chimiques.
Il s'agit d'une question importante parce que, comme vous vous souvenez, nous avons entrepris nos travaux lorsque nous avons découvert un trou dans la couche d'ozone, et il y avait aussi la question de la science, établissant un lien entre les substances appauvrissant la couche d'ozone ainsi que l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique. Cette question a été débattue pendant un certain temps. Elle a fait l'objet d'une vive opposition et la science a fait l'objet d'un débat, mais la question a finalement été résolue.
Nous avons par la suite pris part à un débat animé au sujet des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Encore une fois, le mécanisme de base est en soi extrêmement simple, ce qui fait que le doute fabriqué portait sur toute la climatologie même ainsi que sur les mécanismes, les puits et autres choses du genre. Nous avons donc perdu plus d'une décennie, et il se pourrait même que nous perdions davantage de temps, à tenter de résoudre un problème extrêmement difficile; puis, une fois que nous l'aurons reconnu, nous découvrirons que nous ne disposons pas des moyens suffisants pour le régler. Il s'agit d'un problème très grave pour le monde entier.
Cependant, la question dont nous sommes saisis aujourd'hui, soit les substances toxiques anthropiques, est beaucoup plus compliquée. La stratosphère est un mécanisme relativement simple. Pour ce qui est de l'atmosphère, le mécanisme était simple, mais les modèles climatiques étaient compliqués. Nous parlons maintenant de la biosphère — c'est-à-dire les êtres humains et tous les êtres vivants ayant évolué dans un environnement chimique particulier, et le fait que tout en nous est chimique.
La biochimie est le miracle en vertu duquel le foetus se développe. Nous devenons des êtres humains complets. Toutes nos fonctions corporelles sont gérées par un processus biochimique.
Nous introduisons maintenant un grand nombre de substances toxiques anthropiques dans la biosphère; certains des effets sont connus, d'autres le sont moins, mais nous ne pouvons plus accepter plus longtemps...
Nous pensions que la situation avait été résolue grâce à la science qui a pris naissance dans les Grands Lacs au Canada et aux États-Unis dans les années 80 et au début des années 90. LD 500, qui indique la quantité requise pour tuer un poisson, n'est pas le fin des fins en toxicologie. Il s'agit d'un seul aspect. C'est pour un poison virulent; c'est ce qui tue.
Ce que nous apprenons concerne ce qui a été baptisé perturbation endocrinienne, mais je crois que cela peut parfois être difficile à comprendre. Même s'il ne s'agit pas du terme courant, je préfère parler de perturbation du signal, étant donné qu'il s'agit d'un terme plus général.
La plupart des procédés biologiques sont gérés au moyen des récepteurs des cellules. Par la suite, les produits chimiques se lient à ces récepteurs, et ils enclenchent une activité. C'est de cette façon que se produit le développement. C'est de cette façon que les corps fonctionnent. Nous parlons donc de récepteurs. C'est très compliqué. Il y a donc un système d'échange des renseignements chimiques à l'intérieur du corps humain. Cet échange peut également avoir lieu grâce à l'odorat. Certains animaux échangent l'information nécessaire au moyen des hormones, mais il y a des systèmes très compliqués d'échange de renseignements chimiques.
Il y a perturbation du signal lorsque des produits chimiques qui sont synthétiques ou anthropiques, par leur existence ou leurs quantités dans l'environnement, qui sont différentes des conditions dans lesquelles ces organismes ont évolué, se retrouvent soudainement dans l'environnement en des quantités qui perturbent un système très compliqué de signalisation. Cette perturbation peut prendre la forme d'un produit chimique qui se lie à un récepteur et enclenche une action qui ne doit pas être enclenchée. Elle peut également prendre la forme d'un produit chimique qui se lie à un récepteur et l'empêche de réagir lorsqu'il devrait le faire. Cette perturbation peut également interagir avec le produit chimique avant que celui-ci n'atteigne le réacteur.
Ainsi, un grand nombre d'effets sur la santé qu'on a commencé à comprendre seulement dans les années 80 et au début des années 90 grâce, en grande partie grâce à la recherche dans les Grands Lacs, sont médiés par ces mécanismes de perturbation du signal. La perturbation endocrinienne est l'effet dont on parle le plus souvent, mais elle est générale, et signifie que la dose équivaut au poison.
Cela aurait peut-être suffi au XVIe siècle, mais la science ne se penche plus sur le problème. Je pense que la plupart des scientifiques croient que, quand la dioxine est pratiquement au niveau zéro, la courbe dose-effet est presque linéaire. Je pense que cela a été réfuté malgré le fait qu'on s'efforce beaucoup de jouer avec le concept.
Je crois que la courbe dose-effet de dioxine vers le niveau zéro... Mais la dioxine en grandes quantités... nous l'avons vu avec le premier ministre de l'Ukraine, qui a été empoisonné avec une dose forte de dioxine pure mais n'en est pas mort. Beaucoup des produits chimiques qui perturbent les signaux ont des courbes dose-effet très bizarres. Certains scientifiques ont même trouvé des courbes dose-effet en forme de U. Quand cela frôle le zéro, ça monte très rapidement. Ensuite les effets non seulement disparaissent, mais à fortes doses, ça commence à diminuer. C'est parce que les systèmes biologiques réagissent à de petites doses comme à un genre de signal, mais quand la dose est plus importante, tout le système cesse de fonctionner afin de ne pas réagir exagérément.
Nous ne traitons pas de DL500, ni de dose létale, ni de quantités légèrement moins fortes. Nous parlons de bon nombre d'effets ayant une incidence sur l'intelligence, la capacité d'apprentissage, de troubles de comportement et de foetus en formation. Nous traitons d'effets nocifs sur la reproduction, comme celui mentionné de Servaso, et de bien d'autres effets sur la reproduction. Nous avons affaire à des dysfonctionnements du système immunologique que nous ne comprenons toujours pas. Très vraisemblablement, nous traitons de la prévalence du cancer de la prostate et d'autres problèmes de prostate chez les hommes de mon âge, causés par des événements qui se sont produits quand j'étais foetus. Cela a pris tout ce temps à se développer.
Nous avons parlé de toutes ces questions quand je suivais les enjeux environnementaux des Grands Lacs il y a 10 ans et plus. Ce sont des problèmes qu'il faut aborder.
On en a dit plus pendant cette présentation et pendant les questions et réponses, mais je regrette de vous informer que je ne suis pas toxicologue. Je ne suis qu'un profane cultivé. J'admets être un défenseur de la cause.
Ce sont, je crois, des questions d'une grande importance, et je voulais parler un peu de ce comité, si vous me le permettez, en conclusion.
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J'espère sincèrement que le débat sur les produits chimiques deviendra une discussion de bonne foi et non pas un débat partisan. Le fait de trouver des arguments partiaux venant de tous les coins qui remontent toujours aux mêmes sources est très décourageant.
Oui, ils ont examiné le sang, parce qu'ils ne pouvaient pas prendre un corps humain et en faire sortir toute la graisse par la cuisson. Le sang est la meilleure chose. Vous pouvez faire une incision dans la graisse; vous pouvez effectuer toutes sortes de procédures d'ordre médical. C'est pourquoi ils examinent le sang, mais nous savons que ces produits recherchent la graisse et nous savons qu'il y a de la charge corporelle dans la graisse. Je considère que c'est pour semer la confusion parmi les gens qui ne le savent pas.
Sur la question de la relation dose-effet pour les dioxines, je me souviens qu'au début des années 1990, il y a eu une grande conférence. L'industrie a ensuite émis de longs communiqués de presse disant que la conclusion de la conférence était que la relation dose-effet était presque zéro, que ce n'était pas toxique; ensuite, dans Scientific American, toutes les associations scientifiques ont dit que ce n'était pas la conclusion, c'était uniquement l'interprétation partisane des conclusions à des fins de relations publiques.
Au départ, l'EPA américain allait réévaluer ses données découlant de ces constatations. C'était il y a 15 ans, et parce qu'ils n'ont pas pu présenter ces arguments, ils n'ont jamais terminé cette réévaluation et ils n'ont tiré aucune conclusion, soit parce qu'ils ont tiré la bonne conclusion ou parce qu'il y a suffisamment d'argent et d'influence pour nous empêcher d'en tirer une.
L'hormèse, par exemple, est différent. Il y a une courbe de la dioxine. Je n'ai dit « linéaire » que quand c'est presque zéro. La courbe de la dioxine n'est pas linéaire. En très petites quantités, elle a une incidence profonde, mais quand ces quantités augmentent — c'est ce que Seveso et d'autres disent, et cet empoisonnement en Ukraine — quand des populations sont exposées aux petites doses, que ce soit des humains ou des animaux, cela perturbe beaucoup la biochimie de base, et cela touche particulièrement le développement.
Nous avons des études sur les BPC dans les Grands Lacs portant sur les enfants de femmes qui ont mangé du poisson venant de ces lacs. Ce sont de vieilles études maintenant. Leurs enfants avaient des difficultés d'apprentissage importantes par rapport aux mères qui n'avaient pas mangé ce même poisson. Nous le savions depuis longtemps, mais les scientifiques qui ont fait la découverte ont fini par se sentir intimidés, et toutes sortes d'autres choses se sont produites.
Je pense que la discussion devrait être une discussion qui se déroule de bonne foi, en ce sens que nous essayons vraiment de ne pas seulement chercher des faits scientifiques partiaux à l'appui d'un cas en particulier.
La réglementation des produits chimiques est une question très complexe. Je pense que c'est une bonne chose que la LCPE soit examinée tous les cinq ans; cela donne la possibilité d'une mise à jour peut-être à tous les huit, neuf ou dix ans. Il y a de nouvelles découvertes. Je pense que la LCPE commence finalement — et depuis votre dernier examen — à tenir compte des produits chimiques pour lesquels il y a très peu de données. J'oublie le nom de la liste, mais il y a quelque 23 000 produits chimiques qui bénéficiaient d'une clause de droits acquis, vous les avez caractérisés maintenant. Je pense que c'est une mesure très importante. La question maintenant c'est de savoir ce que sera la prochaine mesure.
Nous croyons que l'Union européenne s'oriente dans la bonne direction. Ils commencent en fait à exiger l'élaboration de données plus détaillées sur tous ces produits. Par la suite, ils pourront commencer à émettre des décisions réglementaires. Si je comprends bien, vos critères de toxicité inhérents sont toujours fondés sur le nombre de poissons qui meurent — la dose létale de 50 — et ne tiennent pas compte des autres orientations toxicologiques.
L'orientation en matière de produits chimiques, dans un monde où le milieu vivant regorge de substances anthropiques qui diffèrent de la composition chimique de la vie au moment de l'évolution, est une lourde responsabilité que vous devez assumer. Je crois que vous avez besoin d'un projet de loi très délicat qui exige plus de données et qui applique le principe de précaution — c'est-à-dire un principe sans risque — mais qui inclut également un autre principe différent du principe de précaution et qui fait partie déjà de certaines lois, un principe qui s'appelle le principe de la substitution. C'est-à-dire que si vous avez une substance aux propriétés dangereuses qui sont bien connues mais qu'il existe des produits de remplacement qui n'ont pas ces mêmes propriétés ou des propriétés moins dangereuses, et si, sur le plan de l'économie et de l'utilité, les raisons sont suffisamment convaincantes, c'est une assez bonne raison d'exiger la substitution. Ce n'est pas nécessaire d'interdire un produit chimique.
Enfin, il n'est pas vrai qu'on peut contrôler tous les produits chimiques de façon sécuritaire. Il y aura toujours dans l'environnement des émanations de certains produits chimiques si on les fabrique, surtout si on s'en sert pour faire d'autres produits.
J'espère que vous allez examiner la LCPE de près et continuer de la mettre à jour pour refléter ce débat international sur la politique en matière de produits chimiques.
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Il y aura toujours un « mais » en science. Peu importe le sujet, il y aura toujours un « mais ».
La science n'avance pas par des bondissements géants. La science avance par une série de tout petites étapes. Bien entendu, nous essayons toujours de corriger les erreurs du passé. Nous espérons que si on remplace un produit chimique par un autre, que le dernier sera plus sécuritaire que l'autre. C'est toujours notre intention, naturellement, mais il n'est pas toujours facile d'avoir cette assurance. Vous ne pouvez pas toujours prévoir. Et l'un des points que j'essaie d'établir c'est qu'on en devrait jamais suggérer qu'on a des connaissances qui n'existent pas vraiment. Il y a trop de choses qu'on ne sait pas lorsqu'il s'agit des règlements et des remplacements.
Je vais peu-être vous donner une analogie. À l'heure actuelle, tout le monde parle des perfluorooctyles. On en parle dans les journaux depuis quelques jours en raison de l'interdiction de certains composés perfluorés, surtout les télomères utilisés pour faire des détacheurs. Je crois que c'est une bonne chose. À mon avis, nous avons des preuves qui s'accumulent qui nous signalent un problème, mais il y aura des conséquences. Ces produits servent d'anti-taches. Si cela ne marche pas, les gens vont avoir plus de taches donc ils vont aller chez le nettoyeur plus souvent. Et ensuite il faudrait s'inquiéter du tricholoéthylène utilisé par ce nettoyeur. C'est une inquiétude tout à fait légitime car ce produit représente l'un de ces produits chimiques persistants qui nécessitent des mesures de notre part.
Maintenant nous parlons de la possibilité de remplacer ce produit par du gaz carbonique liquide. Mais il faut comprendre que la fabrication du gaz carbonique liquide n'est pas sans problème non plus. Il existe d'autres façons de fabriquer des composants anti-taches. Il y a maintenant des technologies qui sont tout à fait nouvelles, y compris les nanotubes de carbone dont vous avez sans doute entendu parler. Ces nanotubes s'inspirent de la technologie soccerène, ce qui est très fascinant, parce que essentiellement il s'agit de la découverte de nouvelles formes de carbone. Tout le monde sait que le graphique et le diamant sont tous les deux des carbones. Eh bien, nous avons une autre forme de carbone — c'est buckminstersullerènes, nommé après Buckminster Fuller, l'architecte des dômes géodésiques. On peut maintenant imprégner les tissus de ces substances anti-taches.
À Chicago, nous avons déjà vu une manifestation où les manifestants ont laissé tomber les pantalons qu'ils venaient d'acheter chez Eddie Bauer parce que, selon eux, Eddie Bauer se servait du téflon contre les taches. Les compagnies se servent de la technologie buckminstersullerènes alors les manifestants se sont trompés en ce qui concerne cette partie-là. Mais lors de la prochaine manifestation, ils ont au moins corrigé cet aspect-là et cette fois-ci ils ont protesté l'utilisation des nanoparticules dans les tissus anti-taches. Pourquoi? C'est l'idée que nous ne savons pas quelles seront les conséquences si jamais le public est exposé à ces nanotubes. Le grand public, naturellement, ayant lu le roman de Michael Crichton, Prey, est déjà sensible à la possibilité que ces nanoparticules peuvent d'une manière ou une d'autre se multiplier pour créer une espèce boue toxique sur la planète.
Il y aura toujours donc un « mais ». Oui, nous devons essayer de remplacer certaines choses avec des nouveaux produits, mais parfois ils ne marchent pas toujours mieux. Nous devons faire des estimations éclairées lorsqu'il s'agit de ces choses-là. Nous devons étudier chaque catégorie de produits chimiques individuellement. Nous devons examiner les structures moléculaires. Nous devons tenir compte des quantités. Je crois qu'il y a quand même des seuils, mais il est évident que tout le monde n'en est pas d'accord.
Premièrement, j'aimerais répondre à l'observation initiale que vous avez faite à la suite d'une déclaration intéressante de l'interprète. Vous m'avez demandé...en parcourant ma biographie et les choses que je fais, parce que je donne un cours sur la chimie de l'amour, et l'interprète avait dit, « J'ai pensé avoir entendu « amour », mais ça ne pouvait pas être ça. » Eh bien, c'est tout à fait possible, parce que c'est précisément ce que je fais.
L'idée, c'est que le monde, bien entendu, fonctionne en fonction de la chimie, qu'il s'agisse des produits chimiques naturels ou artificiels, et j'essaie de sensibiliser les gens et d'expliquer cela, y compris le fait qu'il existe certaines substances qui nous permettent de tomber en amour. L'un de ces produits chimiques, c'est la phényléthylamine, que l'on trouve dans le chocolat.
Les médias ont fait tout un cas de ce fait — et les amants s'échangent des chocolats traditionnellement pour la Saint-Valentin — et ils ont dit qu'il suffit de produire un peu de phényléthalamine pour tomber amoureux, avec celui qui a offert les chocolats au départ, on espère. C'est une histoire tout à fait charmante mais, sur le plan chimique, tout à fait farfelue parce que la phényléthylamine ne peut jamais pénétrer la barrière hématoencéphalique, elle ne peut jamais atteindre le cerveau. Et comme nous le savons tous, les chocolats ont un effet direct sur les hanches, plutôt que le cerveau.
Il faut bien comprendre ces nuances chimiques pour répondre à votre autre question au sujet du mélange des produits chimiques. Je ne peux pas vous fournir une réponse et je pense que personne ne peut le faire parce qu'il s'agit de mélanges d'une complexité incroyable.
Il serait impossible pour nous de mesurer toutes les interactions. Nous sommes, par contre, au courant de certaines interactions. Par exemple, si votre régime alimentaire comprend du fer et de la vitamine C, on sait que la vitamine C permet une meilleure absorption du fer. Ce type de données est connu. Nous savons, par exemple, qu'avec certains médicaments, il ne faut pas boire de jus de pamplemousse parce que ce dernier peut modifier la composition chimique du sang, modifier les niveaux de substances.
Il s'agit d'interactions précises que nous avons réussi à mesurer. Il n'est pas possible de mesurer toutes les interactions possibles. Nous avons plutôt tendance à examiner l'exposition totale, le dosage et la chimie de base, en fonction des connaissances acquises; nous essayons de décider à partir de cela. Mais nous ne pouvons être certains.
Vous avez posé une question au sujet de la couche d'ozone. J'aimerais vous donner un peu de contexte. On a introduit les chlorofluorocarbones pendant les années trente parce que, à cette époque, le système de réfrigération était à base d'ammoniac ou de sulfure d'hydrogène — deux produits chimiques qui sont horriblement nuisibles. Il y avait toutes sortes de fuites d'ammoniac. Vous vous rappellerez peut-être, on utilisait encore un ancien système à base d'ammoniac dans une patinoire d'hockey quelque part en Alberta. Eh bien, il y a eu une fuite d'ammoniac qui a fait des blessés graves.
Il fallait donc trouver un nouveau produit chimique pour remplacer l'ammoniac. Les chlorofluorocarbones convenaient très bien, étant donné que sur le plan chimique, ils avaient de fortes propriétés non réactives. Il était possible de les mettre dans un réfrigérateur et de les comprimer et, lors de leur expansion, ils vidaient le réfrigérateur de sa chaleur. Tout le monde pensait que c'était formidable.
À cette époque, personne n'aurait cru que ces produits chimiques pouvaient avoir un impact sur la couche d'ozone stratosphérique. Et comment auraient-ils pu prévoir une telle chose? Qu'est-ce qui aurait amené qui que ce soit à penser cela? On n'avait aucune notions sur la détérioration de la couche d'ozone. C'est une question qu'on n'avait même pas étudiée. Il y avait un problème, la réfrigération. Il y a eu une percée énorme. En se servant du fréon plutôt que de l'ammoniac, on a sauvé des milliers de vies.
Par la suite, nous avons découvert qu'il y avait effectivement un problème au niveau de la couche d'ozone. Maintenant, il faut s'attaquer à ce problème parce que nous avons découvert que ce ne sont pas tous les types de fréon qui tombent dans cette catégorie. Tout dépend du nombre de fluor dans la molécule et de leur emplacement exact.
Eh bien, il existe maintenant des frayons qui n'ont pas d'impact sur la couche d'ozone. Auront-ils un impact sur autre choses que nous allons découvrir d'ici 30 ans? Nous ne le savons pas vraiment, mais nous avons quand même établi un bon fondement qui nous permet de prendre des décisions, puisque nous avons depuis les années 30 acquis beaucoup de données toxicologiques et je dirais que la possibilité que les fréons utilisés maintenant ont un impact négatif est réduit au minimum. Mais il faut toujours prendre une décision.
Je ne représente pas l'industrie. Qu'elle prospère ou non, cela m'est égal. Je suis universitaire et tout ce qui m'intéresse, c'est la science et la méthodologie scientifique. Cependant, je ne crois pas que l'industrie veut vraiment mettre en circulation des substances dangereuses dans le milieu parce que, au bout du compte, cela ne lui ferait pas de bien non plus. Ce qui compte pour l'industrie, c'est de produire de bons produits qui sont appréciés et utilisés par le public et qui comportent des risques minimaux. Mais il est impossible de toujours savoir si un risque est vraiment minimal.
Il s'agit finalement de prendre des décisions, mais il faudrait que ces décisions soient prises par des gens qui ont de l'expertise en chimie, en toxicologie et en physiologie.
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Je ne suis pas un expert en matière de LCPE et je ne connais pas la vitesse à laquelle le Parlement prend des décisions, mais je pense qu'il prend ses décisions assez lentement, que ce soit au sujet d'une question sur la LCPE ou autre. D'après ce que j'ai lu au sujet de la LCPE, je crois que la loi fonctionne le mieux possible.
Oui, la science fait des progrès et certaines choses deviennent désuètes; ce qui est vrai aujourd'hui peut ne pas être vrai demain. Je suis souvent témoin de cette situation parce que je donne souvent des conférences et je donne de nombreux cours; les concepts évoluent toujours. Laissez-moi vous donner un exemple.
Lors d'une conférence, une ancienne étudiante m'a posé une question. Je parlais des anti-oxydants et des compléments alimentaires. Elle a dit: « Vous savez, je me souviens que vous m'avez enseigné à McGill il y a 25 ans », ce qui m'a quelque peu déstabilisé. Elle m'a ensuite dit: « Vous savez, à cette époque, vous disiez qu'il était absolument inutile de prendre quelque type de vitamines que ce soit, mais aujourd'hui vous dites qu'il est peut-être bon de prendre un comprimé de vitamine par jour. Vous voyez comme vous êtes, les scientifiques — un jour vous dites quelque chose et le lendemain vous dites le contraire. Comment pouvons-nous vous faire confiance? »
Eh bien, je dirais que si les choses ont changé depuis 25 ans, on ne peut pas dire qu'elles ont changé du jour au lendemain, et que si nous disions aujourd'hui ce nous disions il y a 25 ans, alors je serais très inquiet, parce que cela signifierait que la science n'a pas fait de progrès.
Il est certain que les connaissances au sujet des phthalates ont évoluées énormément. À l'origine, le problème des phthalates est survenu en raison de ce que l'on appelle le phthalate de diéthylhexyle. Il y a eu des effets oestrogéniques sur l'environnement ainsi que différentes questions liées à la toxicité. On a par la suite commencé à examiner différentes molécules, parce que ces phthalates se retrouvaient dans les jouets pour les bébés; c'était une préoccupation réelle parce que les bébés placent leurs jouets dans leur bouche.
Nous avons par la suite découvert qu'en réorganisant les molécules d'une certaine façon afin d'obtenir ce que l'on appelle le diisononyl phthalates, les effets oestrogéniques n'étaient pas les mêmes.
Le diisononyl phthalate n'a commencé à être couramment utilisé qu'il y a trois ou quatre ans, ce qui fait qu'en 2000, il n'était pas probablement pas dans l'équation. Oui, je crois que les règlements ont tendance à tarder, mais je sais pas si l'on peut remédier à cela, étant donné que la science évolue sans cesse. Peut-être demain trouverons-nous un autre phthalate qui soit mieux, ou peut-être découvrirons-nous un problème en ce qui concerne le diisononyl phthalate.
Je crois qu'il est très difficile de faire connaître ces questions, en particulier au public. Une dame m'a téléphoné; elle était inquiète au sujet de son rideau de douche. Pourquoi? Elle avait lu l'étiquette, qui parlait de PVC, polychlorure de vinyle. Elle avait lu quelque part que le polychlorure de vinyle était plastifié avec des phthalates, ce qui est vrai; c'est ce qui le rend souple et mou.
Nous avions autrefois des disques — vous vous souvenez des disques? On les plaçait sur un tourne disque, puis un plaçait le bras et la musique jouait. Enfin, ces trucs noirs étaient faits de PVC, mais ils étaient très durs. Le rideau de douche est très mou parce qu'on lui a ajouté un plastifiant.
La dame était inquiète parce qu'elle avait entendu parler des plastifiants et des phthalates. Peut-être croyait-elle que ces substances allaient sauter du rideau de douche et l'attaquer, mais toujours est-il qu'elle avait des préoccupations au sujet de la toxicité. J'ai tenté de lui expliquer qu'il ne s'agissait pas d'un gros problème, mais elle voulait changer son rideau de douche pour un rideau de douche en nylon et n'a pas voulu admettre que ce n'était pas mieux du point de vue de l'environnementale parce que la production du nylon libère en fait de l'oxyde de diazote dans l'environnement, une source importante de gaz à effet de serre plutôt actif.
Il est difficile de faire comprendre ce type d'informations aux gens, mais l'information évolue constamment. Dans le cas du nylon, il y a maintenant de nouveaux procédés chimiques soucieux de l'environnement qui sont mis en oeuvre et qui ne libèrent pas d'oxyde de diazote dans l'environnement, ce qui fait que si l'on m'avait posé cette question dans six mois, ma réponse aurait pu être très différente. La science est une discipline en constante évolution.
J'aimerais parler brièvement du PFOS et des phthalates et ensuite tirer une conclusion générale.
À mon avis, il est important de suivre l'évolution des connaissances sur les substances qui finissent par se transformer en PFOS et en PFOA. Les signataires de la Convention de Stockholm, un groupe qui étudie les nouveaux produits chimiques, discute actuellement de cette question. Plusieurs personnes croient, en se basant sur les résultats de certaines études, que presque tous les composés perfluorés finiront par se transformer en PFOS ou en PFOA dans l'environnement, et beaucoup d'efforts sont faits actuellement pour prouver ce lien. La question que se posent les signataires de la Convention de Stockholm est la suivante: Est-ce que seul le PFOS doit être inscrit sur la liste ou est-ce qu'on inclut les autres substances qui se décomposent en PFOS dans l'environnement?
En ce qui a trait aux phthalates, je crois que c'est un bon exemple des problèmes importants que je n'ai pas mentionnés mais dont vous devez tenir compte dans le cadre de la LCPE. Au début des années 90, la CMI a parlé de l'élimination progressive de certains produits chimiques. Cependant, si vous éliminez progressivement certains produits, qu'est-ce que vous proposez comme substitut? Il y a deux façons d'aborder cette question, à mon avis.
Au début, on niait catégoriquement tout problème avec les phthalates. Des scientifiques et des groupes de défense de l'intérêt public ont dû travailler très fort contre des groupes de pression extrêmement puissants pour montrer l'incidence des phthalates sur les nouveaux-nés et d'autres effets sérieux. Finalement, l'utilisation de certains phthalates a été bannie dans la fabrication de jouets pour enfants et d'autres utilisation semblables. Les phthalates ne sont pas persistants, mais leur utilisation est tellement répandue dans l'environnement que les gens en ont en quantité très élevée dans leur corps, car ils sont exposés très fréquemment à ces produits. La charge corporelle de ces substances est la même que ce qu'on verrait pour un produit persistant .
La façon dont cela fonctionne avec ce produit chimique et d'autres produits, c'est que souvent, on peut atteindre ou on peut obtenir les mêmes résultats avec plusieurs produits chimiques très semblables. Donc, on défend un produit chimique aussi longtemps qu'on le peut, et ensuite on sort un autre produit, et cela prendra 15 ans pour établir la preuve contre ce produit-là. Pour ce qui est des produits substituts, un des problèmes souvent est la façon dont on fait la promotion des nouveaux produits chimiques. On prend un produit qui, du point de vue structurel et chimique, est très semblable à celui qu'on essaie d'éliminer progressivement, et on le propose comme substitut parce qu'on sait qu'on a entre 15 et 20 ans avant que la preuve puisse être établie pour faire bannir le produit.
En général, et je crois que c'est quelque chose qu'on voit avec la LCPE et qui devrait être changé, le problème des produits substituts se pose d'une différente façon, et d'une façon qui est souvent mal utilisée. Nous avons entendu parler du nettoyage à sec — et il ne s'agit pas de trichloréthylène mais plutôt de perchloroéthylène, les quatre carbones —
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Monsieur le président, je peux rester encore cinq minutes, mais ensuite, malheureusement, j'ai un vol à prendre.
Le processus prévu par la LCPE est très bon en principe. À mon avis, le fondement de la loi et des règlements est raisonnable. Il y a un problème quant à sa mise en application. La mise en application est en grande partie fondée sur l'évaluation du risque, la communication des risques et la gestion du risque, et non pas la réduction du risque, et encore très peu d'application du principe de précaution, principe sur lequel la mise en application doit être fondée. La communication du risque se fait souvent et régulièrement. Un député avait demandé si le public était suffisamment renseigné.
Il est très frustrant de discuter avec certaines personnes qui sont chargées de mettre en application la LCPE quand on dit que la stratégie de réduction du risque repose principalement sur la communication des risques. Cette stratégie ne mène pas à une réduction de l'exposition. En fait, il ne s'agit pas d'une mesure de précaution. On dit simplement aux gens qu'il y a du danger associé à l'exposition de certaines substances.
Le « risque relatif » est un terme qui sème la confusion. Il faut se rappeler ce qui constitue le risque volontaire et le risque involontaire. Lorsqu'on parle du risque relatif on commence à s'interroger sur le niveau de risque de l'exposition à une substance dans un produit par rapport au risque de prendre un avion ou de traverser la rue, c'est-à-dire des actions volontaires.
Le risque de l'exposition à une substance chimique contenue dans un produit est une question qui pose problème pour la LCPE. Aujourd'hui, on parle de substances qui se trouvent dans certains produits. Le mercure est utilisé dans les thermomètres. Le mercure est extrêmement neurotoxique. Cependant, en vertu de la LCPE, on ne peut pas réglementer le mercure utilisé dans les thermomètres, car c'est un produit.
Le muscs synthétiques se trouvent dans presque tous les produits, y compris le savon que vous avez utilisé sous la douche de ce matin. Certains produits ne sont que des produits cosmétiques qui ne servent à strictement rien et certains sont même des modulateurs endocriniens ou des carcinogènes. On ne peut pas réglementer ces produits en vertu de la LCPE parce qu'ils s'utilisent dans ces produits. Il faudrait qu'on inscrive dans la LCPE un mécanisme pour la réglementation des substances chimiques présentes dans les produits.
La conformité au principe de précaution se manifeste par de nombreuses actions et initiatives relatives à la prévention de pollution.
Voilà donc les trois axes principaux.
Enfin, en ce qui concerne la question de surveillance, telle que soulevée par le député, il faut des améliorations. Je sais que Santé Canada serait ravi de recevoir de nouveaux investissements appropriés pour la surveillance et la recherche en toxicologie afin de mieux comprendre les dangers pour la santé humaine et les tendances en matière de métabolisme.
J'aimerais signaler d'entrée de jeu que les BPC avaient été désignés pendant les années 1970 pour être éliminés progressivement, et je crois qu'il est absolument remarquable qu'aux État-Unis et au Canada, il y a encore d'importantes quantités de BPC qui n'ont pas encore été traités. Cette situation est attribuable au débat qui entoure l'incinération des produits et le fait que les collectivités ne veulent pas que ces produits soient incinérés dans leur région, et ce pour d'excellentes raisons. Lorsque ces produits sont entreposés à perpétuité, ils continuent à dégager dans l'environnement des agents polluants et les gens craignent que ces substances soient émises par les incinérateurs. Je pense particulièrement à ce qu'on a appelé plus tôt l'équivalent toxique de la dioxine. Les BPC peuvent dégager le même type de substance toxique, ce qui signifie que même s'ils ne sont pas incinérés, ils causent quand même des problèmes.
Il y a déjà un bon moment, des gens d'affaires et des scientifiques canadiens ont créé d'excellentes technologies pour détruire les BCP. Le processus que je connais le mieux s'appelle la réduction chimique en phase gazeuse. C'est un ancien scientifique d'Environnement Canada qui a créé la technologie de la RCPG. La compagnie a fermé ses portes, non pas parce que ce processus ne fonctionnait pas chaque fois qu'on l'essayait, parce que les résultats étaient magnifiques, et c'est la seule technologie que les ONG du monde entier aimaient beaucoup — mais plutôt parce que le secteur de l'incinération est tellement puissant qu'il a toujours été en mesure de jeter des bâtons dans les roues chaque fois qu'un effort était fait pour passer à un autre processus d'élimination.
Ainsi, la RCPG est une très bonne solution au problème. Il y en a d'autres. Je ne suis pas tout à fait aussi convaincu de l'utilité de certaines des autres techniques. Il y a quelque chose qu'on appelle parfois la déchloration par catalyse basique et qu'on appelle aussi parfois la décomposition par catalyse basique. On a changé le nom à un moment donné. Quand on a essayé cette technique les premières fois, il y avait certains problèmes, mais on m'a dit qu'ils étaient beaucoup moins nombreux lors des derniers essais. Il y a peut-être d'autres techniques, mais il s'agit-là des deux que je connais bien.
Si vous avez des BPC purement liquides et que c'est le seul produit que vous voulez éliminer, il serait peut-être plus économique d'utiliser la DCB, la décomposition par catalyse basique, mais je ne suis pas certain. Personnellement je préfère la RCPG, quoique la compagnie canadienne qui vendait ce processus n'existe plus et je ne sais pas si quelqu'un va acheter les droits de propriété intellectuelle pour continuer à vendre le produit.
Il est vrai qu'il faut s'attaquer au problème que posent divers produits comme les BPC. Le transport présente un gros problème. L'entreposage aussi, parce qu'il s'agit de composés semi-volatiles. Si vous les transportez, les déplacez, les entreposez puis les envoyez à l'incinérateur, il se peut fort bien que vous semiez autant d'éléments polluants toxiques dans l'environnement que si vous aviez simplement incinéré les produits.
Il faut tenir compte de tous ces facteurs, mais je crois que l'incinération n'est pas la bonne technologie à employer. Je crois que la bonne technologie existe. Malheureusement, le Canada et les États-Unis ont continué à créer des réserves de BPC, et ceux qui ont créé de nouvelles technologies n'ont jamais pu réussir, non pas parce que ces technologies n'étaient pas bonnes, mais simplement parce qu'ils n'avaient pas de clients. C'est un grave problème.
Je ne sais pas dans quelle mesure cela touche la LCPE, mais je crois qu'il s'agit d'une question fort importante et je crois qu'il existe de bonnes solutions au problème. Je crois tout simplement qu'au fil des ans, on a créé des obstacles parce qu'il existe depuis longtemps une industrie qui construit des incinérateurs et qui vend tout le matériel d'épuration des fumées qui accompagne ces technologies. Ce groupe a été très efficace au niveau politique, et les nouvelles industries qui avaient de bien meilleurs processus n'ont jamais eu la chance de prendre de l'expansion.
Merci
Si je comprends bien et si mes renseignements sont exacts, Santé Canada semble planifier une étude nationale auprès de 5 000 personnes afin d'étudier leur exposition à des substances toxiques pendant deux ans, soit de 2007 à 2009.
Lorsque j'ai appris cela, je me suis demandé — j'ai trois questions, et la première irait dans ce sens — si cette période est assez longue. À première vue, selon moi, il aurait fallu une période plus longue pour être en mesure de juger des effets, mais il y a peut-être des aspects de l'étude que je ne comprends pas. M. Glover a peut-être des commentaires à formuler à cet égard, mais j'aimerais que le Dr Schwarcz ou que M. Weinberg réponde également à ma question.
En deuxième lieu, si j'ai bien compris ce que M. Weinberg a dit au sujet de ces nombreux produits chimiques lipophiles — et je ne sais pas quels pourcentages de produits chimiques sont « lipophiles » — à quelle quantité leur présence devient-elle dangereuse? Je crois que le terme utilisé était « charge corporelle totale ». Il s'agit de savoir la quantité contenue dans le gras corporel, si vous voulez.
Ainsi, est-il pertinent de réaliser des essais — ou de la biosurveillance, si vous préférez — à partir du sang et de l'urine des personnes, alors que dans certains cas, les effets négatifs résultent surtout de la présence de ces produits dans le gras corporel? C'est là où devraient être recherchées les concentrations dangereuses. J'aimerais que vous me donniez la réponse à cette question. Je ne sais pas si c'est de l'EDP qu'on parlait — c'est possible — mais voilà ma deuxième question.
En dernier lieu, j'ai été quelque peu intrigué par quelque chose — ce n'est rien de nouveau, de nombreuses personnes en ont parlé et on en a même parlé ici à quelques reprises. Monsieur Weinberg, vous avez parlé d'une « prédisposition » au cancer de la prostate qui est induite chez le foetus, avant la naissance.
Ainsi, les essais que nous faisons sont-ils faits chez des sujets trop âgés et devrions-nous tenter d'en faire chez des sujets plus jeunes? Pour ainsi dire, il est trop tard si la plupart des effets et si la prédisposition sont causés par des conditions qui prévalent avant la naissance, chez foetus. Sommes-nous à la traîne dans cette situation? Et comme je l'ai dit, il est trop tard lorsque la plupart des dommages sont faits...
J'ai un fils de 12 ans qui est atteint du syndrome d'Asperger. J'imagine qu'il y aura un débat intéressant à ce sujet au cours des prochaines années. Il semble y avoir une augmentation rapide de l'autisme et d'autres maladies semblables chez les enfants. Ces maladies sont-elles causées lors de la période précédant la naissance? Peut-être que la biosurveillance et les essais sont effectués chez des sujets beaucoup trop âgés. Peut-être devrions-nous faire les essais chez le foetus?
Voilà mes trois questions compliquées. Je suis certain que les réponses pourraient être longues.
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Je vous remercie de nous permettre de participer à cette séance aujourd'hui.
J'aimerais rappeler aux membres du comité ce que fait la LCPE dans les différents domaines dont on a parlé aujourd'hui, parce qu'essentiellement, je crois que c'est ça le travail que vous avez devant vous. Je vais donc vous rappeler ce que la LCPE fait et ne fait pas, et quelle est notre position, en tant que ministère, en matière de biosurveillance.
Comme j'ai déjà dit lors de réunions précédentes avec vous, nous voyons la biosurveillance comme étant un outil pour mesurer les progrès, identifier les tendances, nous aider à établir des priorités et à interpréter les résultats des mesures que nous avons prises. Est-ce que ces mesures sont assez efficaces? Faut-il en faire plus? Ce n'est pas une panacée, mais c'est un élément important qui nous aide à mesurer le succès.
J'aimerais également vous signaler qu'on ne peut pas tout mesurer par la biosurveillance. Oui, les substances persistantes bioaccumulables sont importantes. Certaines substances sont hautement réactives et changent lorsqu'elles sont introduites dans l'organisme; ces substances nous rendent malades, et il y a moyen de les déceler. Ces substances sont également importantes en raison de leur impact sur la santé humaine et des maladies qu'elles créent, donc il nous faut un système pour traiter de tous ces aspects.
Quant à l'autre question portant sur les mesures du succès, la LCPE a trois objectifs de base: la prévention de la pollution, la protection de l'environnement et la protection de la santé humaine. Si on résume la LCPE, c'est ce qu'elle fait. Ce qui est important, c'est de déterminer comment mesurer le succès par rapport à ces trois critères. Je crois que plus nous déterminons clairement comment nous serons évalués dans l'avenir, plus ce sera facile de mettre en place des outils pour répondre à ces questions. Donc, la LCPE a trois objectifs de base, et il s'agit de déterminer les critères dont nous nous servirons pour faire ces mesures, ce qui, évidemment, représente tout un défi.
On nous a parlé de prudence, on nous a parlé d'une approche axée sur le risque.... À titre de rappel aux membres du comité, la LCPE fait les deux. Comme j'ai dit lors d'une comparution précédente, la loi est axée sur le risque, c'est de cette façon que nous faisons notre travail... le danger et l'exposition afin de comprendre les risques. Mais la prudence fait également partie inhérente de la loi, nous permettant d'agir en l'absence de certitude. Donc la LCPE comporte les deux éléments, tel que le débat en témoigne. Ce sont des outils dans la loi qui sont à notre disposition, et nous nous efforçons de les utiliser. On vous a fait des commentaires sur notre capacité de mettre en oeuvre cette approche axée sur le risque et la prudence, mais je vous signalerai que ces deux éléments sont déjà dans la loi actuellement.
Nous avons également entendu parler du renversement du fardeau de la preuve, et l'idée d'imposer le fardeau de la preuve à l'industrie. La LCPE nous permet de faire cela. Quant aux nouvelles substances, c'est nécessaire; les compagnies doivent nous fournir ces données. Ce fardeau de la preuve existe pour les nouvelles substances. Pour les substances existantes, grâce à l'article 71, nous pouvons exiger la production de données de la part de l'industrie; nous pouvons imposer le fardeau de la preuve à l'industrie. Ces outils sont déjà convenus dans la loi.
Enfin, pour résumer, on nous a parlé de l'Enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques, REACH. J'aimerais juste vous signaler que la proposition REACH n'a pas encore été adoptée en Europe; elle fait et a déjà fait l'objet d'un grand débat, et elle a été modifiée. Je ne dis pas qu'il ne faut pas l'examiner, mais à mon avis, le Canada a une loi solide, et la partie portant sur les catégories, que nous allons terminer d'ici le mois de septembre, fera de nous un chef de file mondial. Aucune autre administration n'a fait ce que nous allons faire, c'est-à-dire de passer en revue chacune des substances existantes pour déterminer si elles sont persistantes, bioaccumulables et d'une toxicité intrinsèque; quels sont les risques d'exposition chez l'humain; et si ces substances sont dangereuses pour les humains. Ensuite, nous pourrons établir les priorités, qui dépasseront de loin celles des autres pays; nous pourrons aussi aller de l'avant, quant à savoir ce que nous comptons évaluer, comment nous comptons le faire, comment nous allons gérer les risques, et quels fardeaux nous allons imposer à l'industrie quant aux données ou aux mesures à prendre.
Étant donné le nombre de substances en utilisation dans un pays donné, il sera toujours important de prioriser, qu'il s'agisse de la proposition REACH en Europe, ou des programmes américains d'intendance, compte tenu des défis de haute production et de grand volume. La LCPE comporte déjà ces catégories, ce qui nous aidera en tant que pays à établir des priorités quant à ce qu'il faut faire. Je crois que c'est un aspect important, au moment où nous mesurons les succès. Nous avons une longueur d'avance sur le monde dans le domaine des substances existantes.
Merci.