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Encore une fois, bon après-midi tout le monde. Je suis content d'être ici aujourd'hui et de parler au nom de mes collègues d'Environnement Canada et de Santé Canada. Je vais vous parler de notre exposé, que vous devriez tous avoir sous les yeux.
Comme Mme Cléroux vous l'a mentionné, il nous fera plaisir de répondre à vos éventuelles questions. Vous pouvez constater que nous avons ici des représentants des deux ministères chargés de la mise en oeuvre de la Loi. Il y a aussi un collègue de Justice Canada au cas où nous aurions besoin d'éclaircissements ou d'une aide sur le plan légal.
L'exposé donne un bref aperçu de la Loi. Il vise surtout à vous faire comprendre en gros les objectifs de la Loi, et les principes sous-jacents qui y sont inscrits et qui guident la façon d'appliquer la Loi. Je vais aussi évoquer les divers domaines dans lesquels la LCPE permet au gouvernement d'intervenir. Enfin, je vais décrire brièvement les diverses actions que nous avons entreprises en vue de cet examen, et certaines de nos conclusions générales d'après nos travaux préparatoires pour l'examen.
Comme vous le savez probablement tous, la Loi actuelle découle d'un réexamen en profondeur de la LCPE (1988) réalisé au milieu des années 1990. La LCPE (1988) était le fruit des efforts du gouvernement du Canada pour synthétiser les diverses lois de protection environnementales, et pour lui accorder des pouvoirs multiformes servant à appuyer ses efforts de protection de l'environnement. Évidemment, ce réexamen qui date du milieu des années 1990 s'inspirait de concepts tels que le développement durable, le principe de précaution, le principe du pollueur-payeur, concepts apparus dans le sillage de la Commission Brundtland, et qui étaient en train de se répandre. En modifiant la LCPE (1988), on cherchait à enchâsser certains de ces principes dans la Loi, pas seulement dans son libellé, mais aussi en conférant des pouvoirs précis qui permettraient au gouvernement d'appliquer ses dispositions, ou même dans certains cas l'y obligeraient.
La Loi visait trois objectifs généraux. Le premier objectif est de favoriser le développement durable en prévenant la pollution. La prévention de la pollution se situe au coeur même de la Loi. Ce concept est en un sens très ancien, et comme le dit le vieil adage, mieux vaut prévenir que guérir; mais dans le contexte environnemental, c'est un concept relativement nouveau. Il vient en grande partie des leçons sur l'efficacité énergétique tirées par les spécialistes en environnement.
Bien entendu, l'efficacité énergétique contribue à répondre aux besoins énergétiques plus efficacement que la hausse de la production d'énergie. Nous avons appris la même chose au plan environnemental. Il est plus simple, moins coûteux et plus efficace à long terme de prévenir la pollution que de mettre en place des mécanismes coûteux et des moyens technologiques poussés pour la contrôler par après, ou de remédier à la pollution après qu'elle ait affecté réellement l'environnement ou la santé humaine. Dans certains cas, il est impossible d'y remédier, si bien qu'il est beaucoup plus rationnel de la prévenir.
Le deuxième objectif général consiste à promouvoir des actions coordonnées dans l'ensemble du Canada. Vous verrez en lisant la Loi minutieusement... d'ailleurs, nous n'avez même pas à la lire soigneusement; il suffit de la parcourir, et vous y trouverez un peu partout des allusions répétées à l'importance d'une collaboration fédérale-provinciale. Ce n'est pas seulement dans la section sur les objectifs, et pas seulement dans le préambule et les dispositions de la Loi portant sur les obligations administratives; partout dans la Loi, il est écrit que le gouvernement fédéral a le devoir de consulter les gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones et de coordonner ses actions avec leurs propres activités tant pour la prise des décisions que la mise au point des moyens d'application.
Enfin, bien que la Loi traite sur de nombreux aspects, fondamentalement, elle a pour but de prévenir la pollution. Elle concerne essentiellement les façons de gérer les risques posés par les substances toxiques, donc, même si elle laisse beaucoup de latitude pour ce qui est de déterminer les substances à éliminer ou contrôler et les meilleures façons de gérer leur utilisation, certaines de ses dispositions précises soulignent la nécessité d'éliminer pratiquement les produits chimiques les plus dangereux. Ce sont là les trois objectifs généraux que nous avons décrits sur la diapo 3.
Comme je l'ai déjà mentionné, la Loi résulte des débats d'orientation auxquels on a assisté dans les années 1980 à propos de l'importance du développement durable. Dans ces débats, plusieurs principes ont acquis de l'importance, et presque tous ces principes sont enchâssés explicitement dans la Loi. Donc, sur la diapo 4, vous verrez cinq des principaux principes de la Loi.
La Loi insiste sur la nécessité de prendre les décisions d'après une bonne connaissance des risques courus. Comme j'en parlerai plus loin, la Loi prévoit une séquence d'actions que le gouvernement a à remplir avant de pouvoir intervenir de manière officielle et légale; le processus commence par une compilation des connaissances scientifiques et des informations générales sur le sujet, suivie d'une évaluation des risques, en vue de prendre les décisions nécessaires pour régler un problème, et accorde un large éventail de pouvoirs qui permettent de gérer les substances toxiques et d'assurer le respect des règles le plus efficacement possible. Cette séquence d'action repose d'abord sur la reconnaissance de l'importance de prendre des décisions rationnelles en fonction des risques.
De plus, la Loi souligne la nécessité de suivre une démarche basée sur les écosystèmes. Cela signifie qu'on ne doit pas se contenter d'étudier l'effet d'un produit polluant ou un problème environnemental par rapport à un écosystème particulier. Par exemple, on ne se limite pas aux effets d'un polluant sur l'eau. Il faut envisager les conséquences du polluant sur toutes les composantes naturelles et sur l'écosystème global, y compris, et par-dessus tout, les répercussions sur les humains présents dans le milieu.
D'ailleurs, à partir de la LCPE (1988) puis avec la version élargie de la LCPE de 1999, c'est la combinaison dans la Loi des divers pouvoirs en la matière qui nous a permis d'appliquer cette méthode multifactorielle. Comme dans beaucoup d'autres pays ailleurs dans le monde, nous avons constaté le bien-fondé de la méthodologie basée sur de multiples écosystèmes, qui nous permet non seulement de trouver les solutions les plus efficaces, mais aussi de déterminer des compromis possibles entre un écosystème et un autre écosystème.
En plus de rappeler l'importance de prendre des décisions scientifiques bien informées, la Loi réitère l'importance du principe de la prudence. En fait, le gouvernement du Canada a le devoir d'appliquer le principe de la prudence et d'en tenir compte dans toutes les décisions qu'il prend en vertu de la Loi. Ce n'est pas un principe prescrit en rapport avec certaines décisions; c'est un principe que la Loi nous oblige à mettre en oeuvre et à prendre en considération dans chaque décision prise aux termes de la Loi.
Toutefois, nous pourrions prendre la plupart des décisions même si ce principe n'était pas inscrit dans la Loi. Mais cela signifie qu'avec l'application de ce principe dans chaque cas, il y a des décisions que nous n'aurions peut-être pas pu prendre sans l'obligation juridique de tenir compte du principe de la prudence, qui évidemment suppose en gros qu'on ne doit pas attendre d'avoir des certitudes scientifiques absolues avant de prendre des mesures efficaces et économiques pour prévenir une grave menace à l'environnement ou à la santé humaine.
Enfin, la loi nous oblige à prendre en compte le principe du pollueur-payeur. Cet aspect est important parce qu'il implique que ce ne sont pas seulement les gouvernements, ce ne sont pas seulement les contribuables dans leur ensemble, qui doivent supporter le fardeau des décisions prises par des personnes, des entreprises, des municipalités ou même des organismes gouvernementaux qui entraînent des retombées négatives pour la société; ce ne sont pas seulement les contribuables globalement qui doivent en faire les frais, ce ne sont pas seulement les futures générations qui doivent assumer le fardeau et payer les frais pour les retombées et les coûts qui leur sont ainsi imposés. Évidemment, la meilleure façon d'assumer les coûts de ces retombées est de chercher à les prévenir, au lieu de payer les mesures correctives; ce moyen d'action boucle la boucle du premier concept de prévention de la pollution exposé sur la diapo 3.
La diapo 5 — et j'admets qu'elle est plutôt dense — montre que la LCPE n'est qu'une parmi plusieurs lois fédérales, sans compter les nombreux règlements et lois fédéraux, provinciaux, territoriaux et municipaux. Et si on va encore plus loin, ce n'est qu'un des nombreux mécanismes d'orientation qui guident les instances fédérales, provinciales, territoriales et municipales et les industries pour les prises de décisions.
En examinant le régime global de protection environnemental en vigueur au Canada, il faut prendre en considération les interactions entre tous ces mécanismes de protection, et je vous conseille d'ailleurs d'étudier en soi de façon plus approfondie les documents sur le sujet. Le régime financier, les mécanismes de gouvernance ministérielle, tous ces facteurs ont une incidence sur la prise de décisions en matière d'environnement.
Mais ce que le schéma illustre, c'est que la Loi canadienne sur la protection de l'environnement établit le mécanisme central par lequel le gouvernement fédéral tente de remédier aux risques pour les Canadiens et leur environnement découlant des produits nocifs, des émissions et des effluents. Beaucoup d'autres lois traitent des risques spécifiques posés par les produits, et plusieurs autres portent spécifiquement sur les risques des émissions et des effluents. Vous pouvez examiner la Loi relative aux aliments du bétail, la Loi sur les semences, la Loi sur les ressources en eau du Canada, etc.
La Loi canadienne sur la protection de l'environnement assure deux choses. Premièrement, elle confère des pouvoirs légaux d'évaluation et d'action relativement à des problèmes précis, et deuxièmement, elle dicte les exigences de base pour la protection environnementale. Donc, si une autre loi, par exemple qui régirait sur les nouvelles substances, devait remplacer dans un domaine particulier la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, il y est stipulé que l'autre loi devra assurer un régime équivalent, pas seulement au niveau des résultats, mais aussi pour les procédures. Par conséquent, il doit y avoir en l'occurrence des exigences équivalentes pour les évaluations et notifications. La LCPE offre cette protection de base.
L'autre message important de la diapo 5 que je vous prie de considérer, c'est que la LCPE n'est pas vraiment complète. Dans une large mesure, elle ne prend pas en compte la protection des habitats, l'utilisation des sols et la gestion des ressources naturelles. Évidemment, il y a d'autres lois fédérales qui encadrent dans une certaine mesure ces aspects, mais chose encore plus importante, ces questions relèvent des gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones, qui ont établi leurs propres régimes de gestion des ressources naturelles.
Le point souligné sur la diapo 6 est crucial, et je prierais respectueusement le comité d'en tenir compte dans son examen, c'est qu'une collaboration est indispensable pour permettre des décisions judicieuses au gouvernement fédéral dans le cadre de la LCPE. Comme je l'ai mentionné auparavant, la Loi prend en considération les actions entreprises relevant d'autres lois fédérales, et en ce sens, elle jette les bases pour d'autres lois du Parlement. Et si d'autres lois du Parlement respectent les exigences de la LCPE ou l'emportent sur elle — si vous me permettez l'expression —, c'est alors cette autre loi qui s'applique. C'est parfaitement logique. Si une agence possède des connaissances spécialisées sur un type de produit donné, c'est à elle que doit revenir le rôle d'assurer l'évaluation et la gestion. La LCPE garantit que l'agence en question respectera alors les objectifs de protection de la santé et de l'environnement qui y sont inscrits.
De plus, la LCPE préconise, et dans certains cas prescrit, une coopération avec les autres paliers de gouvernement du pays. Elle exige la mise sur pied d'un comité consultatif national, comprenant des représentants des autres gouvernements du Canada et d'organismes autochtones. Elle nous oblige aussi à consulter le comité consultatif national pour de nombreuses décisions prises en vertu de la Loi, avant de prendre ces décisions, au lieu de simplement en informer les autorités gouvernementales à d'autres niveaux.
En m'écartant un instant des exigences strictement légales de la Loi, je veux faire une remarque à propos du dernier point centré sur la diapo 6 : en appliquant la LCPE, nous avons constaté qu'il est essentiel d'échanger des informations, tant avec nos collègues de l'ensemble du Canada qui s'occupent des mêmes problèmes que sur la scène internationale, un aspect tout aussi important. Le Canada importe 80 % des produits que nous achetons. Ces produits sont conçus et produits ailleurs. Il nous sera impossible de remédier complètement aux risques associés pour l'environnement et la santé à moins d'obtenir la collaboration des gouvernements des pays où ils sont réellement fabriqués; donc, une collaboration internationale s'impose.
Nous collaborons aussi à l'échelle internationale sur le front scientifique. Pourquoi devrions-nous évaluer exactement les mêmes substances en fonction des mêmes problèmes quand un autre pays le fait déjà? Le Canada participe à divers forums portant sur l'éventail complet de sujets scientifiques, de sorte que nous profitons des découvertes scientifiques et des renseignements obtenus dans d'autres pays qui s'occupent de problèmes semblables aux nôtres. Et nous partageons avec eux le plus possible les renseignements obtenus ici.
Nous tenons à souligner que même s'il s'agit de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, elle ne vise pas uniquement à protéger l'environnement et elle n'a pas d'oeillères environnementales. Elle a pour but de préserver la santé des Canadiens, et de protéger leur environnement.
Tant dans l'esprit de la Loi que dans ses aspects concrets, l'intention explicite est de permettre aux industries canadiennes de s'acquitter de leurs obligations touchant la protection de l'environnement et la santé de la façon la plus économique possible. À cette fin, les décideurs au gouvernement doivent tenir compte de la capacité des entreprises et des autres parties assujetties aux décisions prises selon la Loi d'appliquer ces décisions, de manière à pouvoir préserver leur apport à l'économie et au bien-être des citoyens canadiens.
Évidemment, le dernier point est important. La Loi fait en sorte et exige que le gouvernement prenne des mesures pour protéger l'environnement et la santé de la population, non seulement dans le présent, mais aussi dans une perspective de prévention à long terme.
Au sujet des interventions, comme je l'ai mentionné, la LCPE (1988) combinait plusieurs lois, et sa version de 1999 est allée plus loin en ajoutant d'autres champs d'autorité pour les interventions fédérales. La diapo 9 indique les divers domaines dans lesquels la Loi autorise, ou oblige le gouvernement à intervenir. Les dispositions concernant l'évaluation et la gestion des risques attribuables aux substances toxiques se situent au coeur même de la Loi, et d'ailleurs la plupart des commentaires que vous entendrez à son sujet portent là-dessus.
La Loi établit deux régimes de réglementation généraux qu'il est important de comprendre. Le premier concerne les nouvelles substances. Ce régime exige que tous ceux qui veulent importer ou fabriquer au Canada un produit nouveau pour notre pays doit nous en aviser et fournir les renseignements que nous réclamons pour permettre aux ministères de la Santé et de l'Environnement d'évaluer leurs risques potentiels avant qu'on puisse les utiliser au Canada. C'est seulement après que nous ayons évalué ces risques et conclu qu'il n'y a pas de danger que la substance peut être utilisée ici. Si l'examen mène à la conclusion qu'un risque se pose, nous avons alors le pouvoir en vertu de la LCPE d'imposer des conditions pour l'utilisation de la substance, ou nous pouvons même l'interdire.
Nous avons aussi des pouvoirs étendus par rapport aux substances actuelles. Bien entendu, le régime s'appliquant aux nouvelles substances s'est implanté vers le milieu des années 1990, et depuis ce temps, des milliers de nouvelles substances ont fait leur apparition. Beaucoup de ces substances continuent à être utilisées au Canada, et la Loi nous accorde le pouvoir d'évaluer et de gérer les risques associés aux substances qui, selon nous, menacent la santé humaine ou l'environnement.
Mais la Loi ne vise pas uniquement les substances toxiques. Elle confère un pouvoir de réglementation précis sur les émissions des véhicules et des moteurs, et celles provenant des carburants. Ces clauses diffèrent des dispositions nouvelles et actuelles régissant les substances, et en fait, le Canada dispose d'un régime de réglementation assez complet vis-à-vis les émissions dues aux véhicules, aux moteurs et aux carburants.
La Loi nous permet aussi de nous acquitter de nos obligations internationales en matière de rejets en mer et limite les types de substances que l'on peut y rejeter. Elle exige l'obtention d'un permis, et oblige les demandeurs de permis à prouver concrètement que l'élimination en mer représente la meilleure solution, et qu'il est impossible dans ce cas précis de prévenir la pollution ou de recycler et réutiliser le produit.
La Loi autorise aussi le gouvernement fédéral à intervenir pour contrer les sources de pollution de l'air et de l'eau, au pays même et à l'étranger, qui pourraient par ailleurs être réglementées par les autorités provinciales ou territoriales. Mais lorsqu'une source particulière de pollution cause du tort à un autre pays ou si cette pollution enfreint un accord international, la Loi prescrit au gouvernement fédéral une procédure qui débute évidemment par des consultations avec les autorités provinciales ou territoriales concernées; puis, s'il appert que le gouvernement en question ne peut pas ou ne veut pas imposer les mesures de contrôle appropriées, le gouvernement fédéral a le droit d'intervenir.
La Loi procure aussi des pouvoirs étendus sur le transport transfrontalier de déchets dangereux et de produits dangereux recyclables. Là encore, elle met en place un régime permanent découlant de nos obligations internationales aux termes de la Convention de Bâle et d'engagements supplémentaires que notre pays a pris à l'OCDE, et de nos engagements dans le cadre d'une entente canado-américaine régissant le mouvement transfrontalier de déchets dangereux et de produits dangereux recyclables.
La Loi nous accorde également des pouvoirs généraux pour les urgences environnementales. Elle nous permet d'obliger les établissements à établir des plans de préparation d'urgence dans l'éventualité d'une catastrophe environnementale en fonction d'un large éventail de substances.
De plus, elle confère au gouvernement fédéral l'autorité nécessaire pour agir en cas d'urgence, si personne d'autre ne prend les mesures voulues. Donc, nous pouvons intervenir et ensuite facturer les coûts de notre intervention à la personne ou à l'organisme responsable des dégâts.
Enfin, la Loi nous permet de nous occuper de divers problèmes qui touchent les propriétés fédérales et les territoires autochtones. C'est dû au fait qu'en général, et mes amis juristes protesteront si j'emploie ici un langage trop simpliste, les lois provinciales en matière d'environnement ne s'appliquent pas aux activités fédérales ni aux territoires domaniaux.
Par conséquent, si des installations dans une province donnée peuvent dépendre à la fois d'une loi fédérale et d'une loi provinciale, seule la loi environnementale fédérale régira les activités sur le territoire domanial, de sorte par exemple que les gens qui résident sur un territoire domanial ou dans cette réserve indienne ne bénéficieront pas du régime global imposé par les lois fédérales et provinciales combinées. La partie 9 de la Loi nous accorde le pouvoir de combler cette lacune.
L'autre message important sur la diapo 9, c'est que même s'il y a une foule de problèmes que nous pouvons tenter de corriger avec la LCPE, essentiellement, la Loi oblige à s'attaquer à tous ces problèmes dans une perspective commune, en commençant par cibler ceux pour lesquels elle nous confère le pouvoir général de recueillir des renseignements pour assurer une surveillance, faire des recherches scientifiques, comprendre un problème et définir les enjeux. Elle stipule que nous devons ensuite procéder à une évaluation des risques, par exemple pour une substance, ou préciser les déchets dangereux ou les produits dangereux recyclables ou les substances qui pourront être éliminées dans la mer. La Loi nous donne des pouvoirs additionnels de collecte d'information pour mieux comprendre les caractéristiques d'un problème précis; alors, si nous décidons que le problème justifie une intervention fédérale, nous pouvons entreprendre une gestion des risques, la Loi nous accordant un large éventail de pouvoirs en cette matière.
D'ailleurs, j'estime que la Loi accorde au gouvernement fédéral un éventail de pouvoirs de gestion des risques sans équivalent dans aucune loi ailleurs dans le monde. Et quand la Loi a été adoptée, elle introduisait plusieurs nouvelles mesures de gestion environnementale.
Les seuls moyens qui nous manquent réellement ont trait à certains leviers économiques. Je parle des instruments que l'on trouve dans les lois d'autres pays, mais ces lois ont été promulguées après la LCPE (1999). Il est important d'avoir un large éventail de moyens, parce que la Loi n'affirme pas que si un risque est détecté, vous devez le gérer d'une manière spécifique. Elle présente plutôt une série de moyens applicables si un risque est découvert, et c'est à vous qu'il appartient de déterminer la façon la plus efficace d'y remédier.
Vous pouvez appliquer si vous le voulez des mesures draconiennes, ou une méthode efficace moins radicale, et bien entendu, au gouvernement, on cherche à trouver la méthode la plus efficace pour gérer les risques. On peut s'interroger à savoir si nous avons réussi à trouver les méthodes les plus efficaces, et je ne suis pas ici pour défendre le bilan du gouvernement à cet égard. Je souligne simplement que la Loi nous attribue divers pouvoirs parmi lesquels nous pouvons choisir.
La Loi nous accorde aussi des pouvoirs étendus pour surveiller et assurer le respect des règles. Donc, si nous relevons des infractions, il n'y a pas qu'une option possible pour corriger la situation; elle nous offre un éventail complet de moyens d'intervention qui permettent d'adapter nos réactions en fonction de chaque situation. Si l'infraction est modeste et si la partie en faute fait preuve de bonne volonté, il n'est pas nécessaire de la traîner en cour et d'envoyer le directeur en prison pour plusieurs années. Par contre, dans le cas d'infractions graves et répétées et si la partie coupable ne s'est pas montrée disposée à obéir aux règles, là évidemment, on peut intenter des poursuites criminelles.
Donc, là encore, la Loi offre une certaine souplesse, et ne dicte pas beaucoup d'exigences.
L'application de la Loi se fait selon un cycle complet, du moins idéalement, de sorte qu'en sachant comment les parties concernées appliquent la Loi, nous pouvons mieux comprendre les problèmes et mieux adapter nos réactions pour les corriger.
En décrivant longuement la diapo 9, j'ai en fait parlé des diapos 9 à 14. Je reviendrai volontiers sur une de ces diapositives en répondant aux questions, mais ce que je propose maintenant pour ne pas poursuivre tout l'après-midi, c'est de sauter à la diapo 16 pour expliquer un peu le travail de préparation effectué en vue de l'examen. Les diapos 9 à 15 décrivent la façon fondamentale d'appliquer la Loi, alors que la diapo 16 aborde un sujet différent.
Bien entendu, nous savions que cet examen approchait : la Loi prescrit un suivi parlementaire. Pour nous préparer, nous avons entrepris plusieurs tâches. Par exemple, les deux ministères ont commandé des évaluations externes sur la mise en oeuvre de la Loi, et nous avons distribué aux membres du comité le rapport de l'évaluation réalisée pour le compte d'Environnement Canada. Il nous fera plaisir de répondre aux questions concernant nos réactions à la suite de cette évaluation, et je vous incite à en discuter avec les personnes qui l'ont réalisée, et qui évidemment ne dépendent pas du Ministère.
Nous avons aussi discuté en profondeur avec les intervenants pour nous aider à cerner les problèmes importants qui à leur avis devaient être examiné par votre comité. Ce travail s'est fait de diverses façons. Par dessus tout, nous avons préparé un document de travail dont vous avez reçu copie. Nous avons affiché ce document sur Internet et encouragé les gens à transmettre leur opinion. D'ailleurs, plusieurs personnes ont répondu, et nous vous avons remis une synthèse des réponses reçues.
Nous avons aussi fait une tournée de l'ensemble du pays pour présenter ce document d'analyse. Mon prédécesseur et Paul en ont parlé dans six villes canadiennes, au cours de réunions publiques auxquelles ont assisté un large éventail d'intervenants, des citoyens bien informés et des représentants d'associations de l'industrie, d'OGN et de groupements autochtones. De plus, des édiles municipaux, des représentants de certains gouvernements provinciaux et certains de nos collègues fédéraux ont participé à ces réunions. Le rapport rédigé par un expert indépendant, et qui résume les propos émis durant ces séances de discussion, se trouve également dans le relieur à feuilles mobiles que nous vous avons remis.
Nous avons tenté de résumer sur une seule diapositive, la diapo 17, les principaux messages qui à notre avis ressortent de ces travaux. Bien entendu, vous allez entendre les témoignages des intervenants et vous pourrez vous forger votre propre opinion. Mais essentiellement, ce que nous ont dit les intervenants, c'est que la Loi est fondamentalement bonne. Durant les années 1990, elle a subi un réexamen en profondeur et on l'a systématiquement réécrite. Je pense d'après ce que nous ont dit la plupart des gens que la Loi elle-même, sa formulation, est fondamentalement solide.
Toutefois, presque tout le monde a admis que même si vous avons beaucoup appris en cours de route sur la façon d'appliquer la Loi, et bien que nous ayons pris de nombreuses mesures qu'elle prescrit, il nous reste encore beaucoup à apprendre pour tirer parti des pouvoirs étendus conférés. La Loi actuelle est environ cinq fois plus longue que la version de 1988 de la LCPE.
On y trouve des pouvoirs que le gouvernement fédéral du Canada, ni aucun gouvernement dans le monde, ne possédait avant la LCPE (1999). À présent, nous pensons être en mesure de profiter de l'ensemble des pouvoirs accordés par la Loi. Nous apprenons comment mettre en oeuvre la plupart de ses dispositions. Mais le fait est que nous sommes encore en train d'apprendre. C'est le principal message que nous ont transmis les intéressés, qu'il reste encore du travail à faire pour appliquer la Loi plus efficacement.
Personnellement, je pense que ça concorde avec la structuration globale de la loi. C'est une loi habilitante. Elle ne nous oblige pas concrètement à faire un tas de choses. Elle indique plutôt qu'on « peut » faire ceci ou cela. En réalité, la question est de savoir si nous mettons pleinement à profit les nombreux pouvoirs conférés par la Loi.
Bien entendu, divers intervenants ont évoqué des aspects précis de la Loi qui à leur avis pourraient être resserrés, modifiés ou améliorés. Il est probable que vous entendrez leurs suggestions en examinant ces options.
Les deux derniers points sont intéressants, même s'ils vont dans le sens de l'insistance mise sur l'application. Les intervenants ont contribué aux efforts du gouvernement fédéral pour revoir la version 1988 de la LCPE. Cet examen, réalisé au milieu des années 1990, a été extrêmement exigeant en termes de ressources, et il a accaparé l'attention de plusieurs ministères qui devaient alors déterminer les éléments à inclure et ceux à exclure dans la Loi sur la protection de l'environnement, et préciser qui devrait s'occuper de ce problème-ci, et qui devrait corriger ce problème-là. Les divers intervenants étaient inquiets et ils ont exprimé leurs craintes qu'un nouveau réexamen aussi ambitieux ne détourne le gouvernement de son objectif ou n'affaiblisse les efforts visant à protéger de manière concrète l'environnement et la santé de la population.
Bien que personne n'ait déconseillé un tel réexamen, bien que personne n'ait prétendu qu'il n'y avait rien à améliorer, les intéressés souhaiteraient également qu'on laisse les fonctionnaires d'Environnement Canada et de Santé Canada poursuivre leurs tâches de protection de la santé et de l'environnement.
Enfin, plusieurs intervenants ont bien entendu évoqué le problème des ressources, un problème dont on a aussi tenu compte dans l'évaluation. Vous trouverez des précisions à ce sujet dans le rapport d'évaluation.
J'ai discouru assez longtemps. Comme ma collègue Mme Cléroux l'a souligné au début, nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions si vous en avez maintenant. J'espère vous avoir donné au moins un aperçu général de la Loi et de notre façon de l'appliquer.
Merci beaucoup.