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Merci, mesdames et messieurs. C'est un honneur pour moi de témoigner.
Je rappelle que nous avions non seulement présenté un mémoire très élaboré au mois de juin, mais que nous avions en outre fait des témoignages verbaux avant cela. Par conséquent, nous limiterons nos commentaires à l'application de la loi, la participation du public et aux outils appropriés, car nous pensons que ce sont les sujets qui vous intéressent aujourd'hui.
La plupart de nos observations porteront sur la participation du public. D'une façon générale, nous avons obtenu de bons résultats en ce qui concerne le processus de participation du public à la mise en oeuvre de la LCPE, à l'étape de la gestion des risques, mais des résultats plutôt décevants en ce qui concerne la participation au processus d'évaluation des risques. Contrairement à l'étape de la gestion des risques avec la participation des personnes concernées, qui a considérablement amélioré la qualité du produit fini et facilité l'application de la loi, le cloisonnement du processus d'évaluation et le refus de l'agence de s'imposer une certaine rigueur dans le cadre de son exercice scientifique ont compromis les résultats et ont été un obstacle à l'application de la loi. C'était indéniablement un faux pas.
Par exemple, nous étions très troublés lorsque Environnement Canada a rendu ses conclusions publiques avant qu'elles n'aient été soumises au processus de participation du public. Le ministère avait prévu une conférence de presse à laquelle nous n'étions pas capables de répondre efficacement à la dernière seconde et de critiquer certaines des informations erronées qui ont été rendues publiques. Les avertissements concernant la toxicité du sel de voirie a fait les manchettes à travers le pays et, étant donné qu'il s'agit d'un aliment, c'était très flou et très déroutant pour le public. Nous pensons qu'Environnement Canada a joué là-dessus au lieu de tenter de comprendre que c'était ce qui allait arriver.
Les évaluateurs ont décidé de ne pas tenir compte du tollé du protestations du public et sont passés à la deuxième étape; ils ont alors compris qu'ils avaient des difficultés dans leur communication avec le public. Lorsqu'ils ont annoncé la deuxième étape, ils n'ont pas employé le terme « toxique »; ils ont soigneusement évité de l'employer. Ils avaient même averti les médias qu'ils ne comptaient pas l'utiliser et, pourtant, c'est la toxicité du sel qui a fait la une. C'est l'information qui avait été transmise aux journalistes et, par conséquent, il était trop tard pour revenir là-dessus.
Environnement Canada a essayé alors d'expliquer que les sels de voirie étaient toxiques mais, en décrivant simultanément le processus d'exécution de la loi. Contrairement au processus de participation du public plutôt obscur en ce qui concerne l'évaluation, la mise en oeuvre de l'étape de la gestion des risques a été très publique et a fait l'objet d'une large participation. Un groupe d'intervenants a été établi et de nombreux commentaires constructifs ont été faits. Par conséquent, plutôt que ce soit à l'étape de l'évaluation que le processus de participation du public soit le plus vigoureux dans le contexte de la LCPE — et je pense que c'est encore le cas —, la plupart des commentaires sur les propositions d'Environnement Canada ont été négatifs. Au lieu de conditionner les groupes qui devraient respecter la loi, à savoir les organismes gouvernementaux provinciaux et locaux qui étaient la cible de l'évaluation, ce processus a été un échec du point de vue de la mobilisation constructive de la population pour trouver une solution au problème.
Le fait que l'étape de la gestion des risques faisait intervenir une toute nouvelle équipe mérite d'être mentionné. Les personnes qui ont fait l'évaluation étaient d'une direction générale et celles qui ont fait l'étude sur la gestion des risques étaient d'une autre direction générale. Il n'y a pas eu de chevauchement et, par conséquent, une toute nouvelle équipe se mettait au travail. Nous sommes très heureux de signaler que, contrairement à la participation du public à l'étape de l'évaluation des risques, notre expérience de la participation du public au processus d'évaluation des risques et à la mise en oeuvre d'un excellent code de pratique en ce qui concerne la gestion des sels de voirie a été très positive. C'était pour nous comme le jour et la nuit. En toute franchise, nous n'attribuerions pas la note de passage à Environnement Canada en ce qui concerne la participation du public au processus d'évaluation, mais nous lui accorderions une note supérieure en ce qui concerne l'administration de l'étape de la gestion des risques.
Comme pour la plupart des initiatives environnementales, lorsque les gens comprennent comment il est possible de faire moins de dommages et font les investissements nécessaires pour une meilleure gestion de l'environnement, ces mesures incitatives donnent un certain élan. Dans le cas des sels de voirie, les agences comprennent maintenant qu'une gestion appropriée peut non seulement protéger l'environnement, mais peut être accomplie conformément...
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Très bien. Il faudrait apparemment deux heures pour faire cet exposé pour lequel je dispose d'une dizaine de minutes seulement.
En ce qui concerne les sels de voirie, les agences comprennent qu'une bonne gestion comporte non seulement des avantages environnementaux et peut être conforme à l'exécution de la mission qui consiste à assurer la sécurité routière, mais elle peut en outre faire économiser l'argent des contribuables en épandant le sel de façon un peu plus consciencieuse.
Il est essentiel de concevoir une solution permettant à la société de tirer des avantages des matières réglementées par la LCPE. On ne peut pas compromettre la sécurité routière. On ne peut pas accepter la mort d'automobilistes pour sauver des arbres; on ne peut pas sacrifier les emplois des travailleurs pour suivre l'opinion d'un conservateur de parc qui prétend que le sel est toxique pour les oiseaux et on ne peut pas immuniser les gouvernements contre les actions au civil s'ils ne font pas leur travail et n'assurent pas la sécurité routière.
L'essentiel est que nous pensons que la participation des intervenants a permis de donner l'élan nécessaire pour la mise en oeuvre du code de pratique, qui consiste à faire le travail malgré la teneur du processus d'évaluation. C'est une chose à laquelle on ne s'attendait pas.
J'aimerais maintenant consacrer les quelques minutes qui restent à la question de l'application de la loi. Pourquoi faire respecter la loi? Ce que nous voulons, en fait, ce sont les résultats pour l'environnement pour que les gens soient encouragés et qu'ils soient incités à adopter les pratiques adéquates.
L'Institut de sel enseigne depuis une quarantaine d'années à sa clientèle comment faire un épandage raisonnable du sel. Nous avons envoyé des membres de notre personnel pour assurer la formation des conducteurs, car c'est le conducteur du véhicule qui décide de la quantité de sel répandue. Ce n'est pas la voirie, et en tout cas pas la compagnie qui lui a vendu le sel des mois plus tôt, qui prennent cette décision. Il est essentiel de faire de la formation au niveau des opérateurs, et c'est ce que nous avons fait, avec la collaboration de l'Association des transports du Canada et de l'OGRA. Je pense que ce fut une réussite, car nous avons pu collaborer avec Environnement Canada au cours de l'étape de la gestion des risques.
En ce qui concerne ce que nous faisons, nous ne tenons pas particulièrement à réglementer une activité qui sera très variable, car les critères en ce qui concerne les conditions météorologiques, la configuration du terrain et les services sont fixés par les représentants locaux élus. Ces critères varient d'une tempête à l'autre, et pas seulement d'une région à l'autre. Il est essentiel de prévoir une flexibilité suffisante pour qu'un règlement écrit puisse être appliqué dans une situation concrète, à savoir dans une situation de vie et de mort sur la route, en pleine tempête hivernale.
Nous pensons que la meilleure façon de promouvoir le respect de la loi est de le faire par le biais d'une entente volontaire, comme un code de pratique.
Ces considérations nous amènent au dernier point, celui qui concerne les outils appropriés. Nous avons, bien entendu, un code de pratique. Nous avons en outre certains outils, en l'occurrence, les plans de prévention de la pollution, qui font l'objet d'un arrangement réglementaire. Nous négocions en outre actuellement une entente sur la performance environnementale pour que l'industrie du sel fasse sa part dans le contexte de la production du produit et de son entreposage adéquat. Nous ne voyons toutefois pas la nécessité d'instaurer un cadre réglementaire si l'on peut obtenir des résultats par la participation volontaire car, en ce qui nous concerne en tout cas, une bonne gestion varie considérablement selon les conditions locales.
Nous estimons que le processus législatif encouragerait Environnement Canada à promouvoir la gestion des risques beaucoup plus rapidement et à axer ses ressources plus rapidement sur une bonne gestion de l'environnement. Lorsque des règlements sont nécessaires, le débat devrait être axé sur le contexte de la substance responsable du problème, plutôt que sur son nom, car cela crée le type de stigmates dont nous avons déjà fait mention lors de témoignages précédents.
Cette approche nous permettra d'obtenir de meilleurs résultats environnementaux. Nous vous remercions pour votre attention.
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Merci, monsieur le président. Je remercie le comité de me permettre de participer à cette table ronde.
Mon exposé traitera principalement d'un sujet, la question des outils d'exécution de la LCPE. Mes commentaires porteront en fait uniquement sur un outil, à savoir les programmes de responsabilité industrielle. C'est un outil auquel on n'a pas recours aussi souvent qu'il le mérite.
En mai dernier, lorsque je me suis présenté devant vous afin de discuter de notre demande de révision de la LCPE, nous avons suggéré une révision de la Loi afin d'explorer la possibilité d'établir une distinction plus nette entre les bons et les mauvais performeurs en environnement, pour appuyer l'utilisation de ce que nous avons appelé des programmes de responsabilité industrielle, afin de reconnaître et d'encourager les entreprises qui performent bien. Nous estimons que ces entreprises devraient avoir droit à un traitement différent et plus favorable que les mauvais performeurs. Les directives, et plus particulièrement les exigences relatives aux plans de prévention de la pollution de la LCPE, permettraient peut-être d'y parvenir, mais on n'y a pas recours autant qu'il le faudrait. Il y a peut-être d'autres possibilités également, mais ce sont celles sur lesquelles nous aimerions concentrer notre attention.
Les critères pour l'utilisation de ce que nous appellerons les programmes de responsabilité industrielle et les principes directeurs qui guident leur conception ont déjà été élaborés et largement acceptés par l'industrie et par des ONG. Vers la fin des années 1990, le Groupe des orientations nouvelles a préparé un document intitulé « Critères et principes pour l'utilisation des initiatives volontaires ou de nature non réglementaire (IVNR) permettant d'atteindre les objectifs de politique environnementale » dans lequel il a examiné et, à mon avis, réglé de façon satisfaisante une grande partie de ces problèmes.
Il y a eu un large consensus entre l'industrie, le gouvernement et les groupes environnementaux en faveur de cette approche. En fait, le gouvernement fédéral a essentiellement adopté les critères du Groupe des orientations nouvelles dans sa Politique cadre relative aux ententes sur la performance environnementale rendue publique en 2001. Selon l'Association canadienne des fabricants de produits chimiques (ACFPC), il s'agissait d'un excellent cadre, mais nous estimons que cette politique n'a malheureusement pas été mise en application de façon aussi générale ou aussi systématique qu'elle le méritait.
Il y a plusieurs exemples de réussite parmi les programmes de responsabilité industrielle. Pour l'industrie chimique, l'initiative de Gestion responsable que j'ai précédemment décrite de façon assez précise, si je ne me trompe, aux membres du comité, est un exemple prépondérant. Elle s'applique spécifiquement à l'industrie des produits chimiques et pas de façon générale, mais d'autres secteurs ont mis en place des programmes semblables en s'inspirant de cette initiative.
Notre programme de Gestion responsable a également été le pilier d'un protocole d'entente ou d'un accord que l'ACFPC a mis en place il y a une dizaine d'années et auquel sont parties le gouvernement fédéral, les gouvernements de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec, et également quelques représentants de groupes de défense de l'intérêt public. Les résultats de la Gestion responsable et les objectifs visés par notre protocole d'entente sont présentés dans l'annexe que j'ai remise au comité. Je pense qu'elle vous a été distribuée.
Je ne donnerai pas d'explications détaillées. Vous pourrez examiner ces documents.
Le premier graphique donne un aperçu de notre performance, en ce qui concerne les polluants atmosphériques de la liste que contient le projet de loi et les gaz à effet de serre. D'après les changements en pourcentage, qui se sont produits depuis que nous avons commencé à faire ce suivi, en 1992, notamment depuis l'année dernière, notre performance a été excellente. Je suis certain que vous en conviendrez. J'ai déjà donné de l'information sur notre performance en matière de changement climatique, et je pense qu'elle est bonne également. Les graphiques présentent des détails supplémentaires qui appuient ces chiffres et qui indiquent que nous dépassons généralement nos prévisions.
Comme je l'ai signalé, des programmes de responsabilité industrielle ont également été mis en place dans d'autres industries que l'industrie chimique. L'exemple général qui démontre le mieux la réussite du programme a sans doute été l'ARET (accélération de la réduction/élimination des toxiques) qui s'est terminé vers la fin des années 1990. Plus récemment, l'Ontario et l'Alberta ont essayé d'élaborer des programmes comme le programme des chefs de file environnementaux, de l'Ontario, et le programme EnviroVista, de l'Alberta.
À ce jour, des problèmes sont survenus lorsque, dans le but de s'assurer que seuls les véritables chefs de file participent à ce type de programme, le gouvernement impose parfois des critères d'admission trop restrictifs et trop lourds. Ces critères rendent la participation des entreprises moins attrayante et vont même jusqu'à pénaliser les entreprises performantes plutôt que de les récompenser.
Cela vaudrait la peine de payer une partie de ce prix supplémentaire si ces programmes offraient de réels avantages, mais ils n'offrent généralement qu'une reconnaissance très vague, comme une procédure d'octroi des permis plus efficace, ou quelque chose de semblable. L'Ontario et l'Alberta éprouvent actuellement beaucoup de difficultés à gérer cette situation dans leurs programmes et à créer une distinction sérieuse et établir des récompenses concrètes pour les entreprises performantes.
Je pense que le gouvernement était le chef de file dans ce domaine il y a environ cinq ou six ans, mais que les provinces l'ont maintenant dépassé.
Le fait d'encourager les programmes de responsabilité industrielle par le biais de la LCPE irait aussi dans le sens du Rapport sur la réglementation intelligente de 2004. Il est écrit ceci dans le rapport :
Le gouvernement fédéral devrait élaborer un cadre de travail pour la conception et l'utilisation d'instruments et faire en sorte que les décisions relatives au choix des instruments soient débattues de façon appropriée tout au long du processus d'élaboration des politiques. Le gouvernement devrait intensifier ses efforts pour sensibiliser la collectivité de la réglementation aux divers instruments. Il faudrait éliminer les obstacles législatifs à la création de combinaisons d'instruments d'intervention et le recours à des règlements axés sur le rendement.
Je pense que nous avons un exemple de contrainte législative dans la LCPE sur laquelle je ferai des commentaires plus tard.
On décrit dans le Rapport sur la réglementation intelligente le défi auquel le gouvernement fédéral fait face en matière d'innovation dans l'utilisation des instruments liés à la réglementation. On y note les multiples avantages de choisir l'instrument le plus efficace afin d'atteindre les objectifs législatifs et on y note aussi que le gouvernement fédéral a souvent tendance à choisir seulement les instruments traditionnels, comme la réglementation, plutôt qu'une combinaison d'instruments qui pourraient inclure la réglementation, mais aussi d'autres approches, comme les incitatifs économiques, les renseignements et les projets spéciaux — ce à quoi nous faisons référence lorsque nous parlons de programmes de responsabilité industrielle.
Quelques-unes des recommandations les plus intéressantes du Rapport sur la réglementation intelligente sont les recommandations 22 et 23. Elles soulignent que le gouvernement fédéral doit élaborer un cadre de travail pour l'utilisation d'une combinaison d'instruments et définir à quel moment ils seraient le plus efficace, et la nécessité de sensibiliser la collectivité aux divers instruments disponibles pour répondre aux préoccupations en matière de politiques.
Au cours des années, nous avons eu bon nombre d'occasions de discuter de notre succès en termes de Gestion responsable. Une question revient toujours: pourquoi les gouvernements n'en font pas plus pour reconnaître ce genre d'initiative avantageuse? En votre qualité de députés et de membres du comité, c'est une question que vous devriez à mon avis examiner dans votre rapport d'examen de la LCPE. La réponse nous intéresse beaucoup.
L'ACFPC pense que la raison pour laquelle le gouvernement ne reconnaît pas des programmes comme la Gestion responsable est qu'elle a observé que les organismes gouvernementaux simplifient généralement le monde en faisant ce que nous considérons comme une fausse dichotomie en opposant les programmes dits volontaires à ceux qui seraient réglementaires. Ils font ensuite abstraction de tout ce qui ne représente pas une approche réglementaire standard, parce qu'il ne s'agit que d'une initiative volontaire, c'est-à-dire que vous le faites si vous le désirez. La Gestion responsable est toutefois loin d'être un tel programme. C'est un programme qui va au-delà de ce qui est exigé. La Gestion responsable exige que les mesures soient obligatoires pour les membres. Il s'agit notamment de production de rapports et de vérification par des vérificateurs indépendants. Nous pensons que la Gestion responsable est le genre d'initiative qui peut être considérée en vue d'élaborer des cadres réglementaires et qui peut être liée à la LCPE de différentes façons, comme la planification de la prévention de la pollution.
La situation a-t-elle changé depuis le dépôt du Rapport sur la réglementation intelligente? Nous ne le pensons pas. Nous ne voyons pas d'améliorations dans l'administration de la LCPE en ce qui concerne le type d'innovation recommandée par le rapport. La Loi sur l'assainissement de l'air et l'Avis d'intention représentent probablement les exemples les plus récents. Ils ne cherchent pas des approches novatrices par rapport à la réglementation traditionnelle et ratent les occasions d'utiliser différents outils qui pourraient être plus efficaces. Ils ne reconnaissent en aucun cas les bons performeurs.
Le gouvernement travaille actuellement avec des secteurs comme le nôtre comme si notre Gestion responsable n'était pas pertinente. Ce type d'approche sape la capacité de notre association d'étendre l'application de la Gestion responsable à d'autres entreprises. C'est un exemple d'occasion ratée par le gouvernement d'encourager les bons performeurs.
Étant donné que la LCPE est sous examen, il serait utile de déterminer si elle inclut la flexibilité et l'orientation appropriées pour que le gouvernement puisse travailler avec une panoplie d'instruments, y compris des programmes de responsabilité industrielle.
En termes d'orientation, nous pensons que la Loi pourrait être améliorée. Nous demandons avec insistance au comité de recommander au gouvernement d'envisager d'ajouter quelques articles précis à la LCPE qui feraient la promotion de l'utilisation des programmes de responsabilité industrielle, mais dans le cadre réglementaire global de la Loi.
En termes de flexibilité de la législation, nous pensons qu'elle existe mais qu'elle n'est pas utilisée. La planification de la prévention de la pollution est un outil de la LCPE qui pourrait être utilisé davantage et de façon plus efficace, pour appuyer les programmes de responsabilité industrielle et en faire la promotion. Des objectifs environnementaux pourraient être énoncés pour notre secteur sous forme de facteurs à prendre en considération pour élaborer des programmes de prévention de la pollution. Ce que les entreprises font déjà en vertu de la Gestion responsable et de notre protocole d'entente, ou des régimes provinciaux, pourrait être reconnu dans le cadre des plans de prévention de la pollution.
Nous pensons que pour les secteurs comme le nôtre, cette façon de faire pourrait très bien fonctionner. La réglementation pourrait être utilisée lorsque cela est nécessaire si cette approche s'avère être un échec, ou dans le cas de secteurs qui n'ont pas ce type d'infrastructure ou de dossier de performance que la Gestion responsable a donné au nôtre. Le gouvernement n'a toutefois pas utilisé son pouvoir de planification de la prévention de la pollution de cette manière. Nous ne sommes pas sûrs que les pouvoirs de la Loi constituent le problème, et nous ne le pensons pas, car nous estimons qu'ils sont là pour être utilisés comme je l'ai indiqué — ou que c'est une question de volonté politique. Je pense que c'est là que réside le problème et que c'est aussi le problème que le Rapport sur la réglementation intelligente pointe.
Pour conclure, l'ACFPC demande avec insistance que le comité recommande que la LCPE soit utilisée pour établir une distinction entre les bons et les mauvais performeurs en environnement, et d'utiliser la loi pour appuyer l'utilisation des programmes de responsabilité industrielle afin de reconnaître et d'encourager les entreprises qui performent bien.
Cette approche aiderait l'industrie à s'allier au gouvernement quand les entreprises démontrent du leadership et de bonnes performances. Du point de vue de l'ACFPC, nos membres, grâce à leur engagement envers la Gestion responsable et à leur dossier de performance, fourniraient un exemple du genre d'entreprises qui auraient mérité une telle reconnaissance. Une telle approche encouragerait aussi davantage d'entreprises et de secteurs à adopter des initiatives semblables à la Gestion responsable. Nous pensons que ce serait un avantage incontestable pour l'environnement.
Merci. Je me réjouis de participer aux discussions.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie pour cette occasion de faire des commentaires sur la participation du public et l'application de la Loi.
Je traiterai de deux questions qui n'ont, à ma connaissance, été encore examinées par aucun témoin au cours de ces audiences. La première est l'action en protection de l'environnement, dont il est question à la partie 2 de la Loi, et la deuxième, ce sont les infractions et peines. Je recommanderai plus particulièrement une disposition analogue à la disposition de partage de l'amende de la Loi sur les pêches.
Notre intérêt est que nous sommes considérés comme des gardiens de l'environnement. Nous ne nous occupons que de questions juridiques. Nous avons des bureaux à Toronto et à Vancouver, et bientôt, nous en aurons un à Ottawa. Nous examinons les aspects juridiques des questions environnementales.
J'ai 20 années d'expérience dans les litiges commerciaux dans une pratique privée à Toronto et, par conséquent, je sais ce qui se passe des deux côtés de la clôture. J'ai consacré les six dernières années aux actions en justice dans l'intérêt public.
Nous avons entendu beaucoup de commentaires, ce qui est normal, sur des programmes volontaires. M. Lloyd a donné de l'information à ce sujet. Nous trouvons qu'ils sont formidables, mais nous estimons par ailleurs qu'il faut établir un équilibre entre ce type de programmes et l'application de la Loi.
J'ai présenté un mémoire écrit dont plusieurs ou la plupart d'entre vous ont, je pense, reçu un exemplaire. Dans ce mémoire, j'ai souligné les deux thèmes liés à la participation du public.
La partie de la Loi concernant la participation du public porte sur cinq sujets. Elle prévoit l'établissement d'un registre de protection de l'environnement, une demande d'enquête, une disposition concernant la protection de l'environnement, à savoir l'action que j'ai mentionnée, la possibilité de réclamer une injonction si l'on prévoit une atteinte à l'environnement et, enfin, l'action civile prévue à l'article 20. L'injonction a donc pour but de prévenir l'atteinte à l'environnement; en outre, après qu'il y ait eu atteinte à l'environnement, il y a l'action en protection de l'environnement ou l'action au civil pour les dommages.
En ce qui concerne l'action en protection de l'environnement, elle s'inspire de la disposition de la Charte des droits environnementaux de l'Ontario. Elle repose sur un critère lié au caractère raisonnable de l'intervention et il faut démontrer qu'il y a atteinte importante à l'environnement. Un délai limite de deux ans est prévu et la charge de la preuve repose sur la prépondérance des probabilités plutôt que sur le fardeau de la preuve en matière pénale.
On aurait espéré ou pensé qu'on y aurait eu recours, mais ça n'a pas été le cas. On n'y a eu recours qu'une ou deux fois. Ça n'a pas répondu au besoin de participation du public par le biais de cette action en protection de l'environnement. J'ai mentionné les autres possibilités dont l'une, qui est extérieure à la Loi, est la poursuite privée. Une autre possibilité consiste à intervenir en invoquant les dispositions d'autres lois comme la Loi sur les pêches. Il est très clair que cette action en protection de l'environnement n'est pas efficace.
Pourquoi n'est-elle pas efficace? Je pense que deux facteurs interviennent mais, en toute franchise, je ne connais pas la réponse. Je pense que c'est une question qui mérite une étude plus approfondie. Cependant, je signale que le commissaire à l'environnement de l'Ontario a fait des commentaires sur cette disposition et sur le fait que l'on n'y a pas eu recours. En fait, on n'a pas eu souvent recours à la disposition ontarienne non plus. C'est en partie une question de coûts; il s'agit des coûts que cela pourrait représenter pour une personne ayant recours à une action en protection de l'environnement. Il n'y a pas d'action en protection de l'environnement si le défendeur procède à toute forme d'atténuation. Aucune disposition d'urgence n'est prévue dans l'action en protection de l'environnement.
J'aimerais lire les conclusions du gouvernement en ce qui concerne l'action en protection de l'environnement et la participation du public, extraites d'un document qui se trouve à l'onglet A de la documentation que nous avons. Il s'agit du document intitulé Évaluation formative de la LCPE 1999, où il est écrit, au paragraphe 2.2, que les résultats prévus de cette action sont que les Canadiens « peuvent demander l'ouverture d'une enquête relative à une infraction présumée, recouvrer des dommages-intérêts, présenter des revendications personnelles et procéder à des poursuites à titre de citoyens ».
Eh bien, cela ne s'est pas réalisé. Comme il est mentionné dans ce document, « Les dispositions relatives à la participation du public n'ont pas encore été mises en application car aucune demande d'enquête ou d'action en protection de l'environnement pertinente émanant du public n'a été reçue. (Une action en protection de l'environnement a été demandée en vertu de l'article 22, mais elle a été rejetée par le ministre.) »
Dans la section « Enjeux et défis », le gouvernement a signalé qu'un très petit nombre de demandes d'enquête émanant du public avaient été faites. Il évoque les obstacles à une participation accrue du public et le fait que ceux-ci n'aient pas été officiellement examinés.
Je rappelle que je n'ai pas toutes les réponses. Je pense que j'en aurai quelques-unes parce que nous entreprenons certaines activités, à savoir des poursuites privées, en vertu de la Loi sur les pêches. Nous ne l'avons jamais fait en vertu de la LCPE et dans ce cas, les probabilités que quelqu'un d'autre le fasse sont très réduites car nous sommes une des rares organisations au pays qui entreprennent ce type d'action.
La conclusion tirée dans ce document du gouvernement est la suivante: « Le résultat prévu en ce qui a trait au droit des Canadiens de demander l'ouverture d'une enquête relative à une infraction présumée, de recouvrer des dommages-intérêts, de présenter des revendications personnelles et de procéder à des poursuites à titre de citoyens ne sera sans doute pas obtenu à moins que le ministère ne prenne des mesures supplémentaires. Il faudra définir et éliminer les obstacles pour que les possibilités offertes par les dispositions de la Loi relatives aux actions en protection de l'environnement puissent être pleinement réalisées. »
Nous faisons quelques suggestions dans le document que nous avons préparé. Nous l'avons présenté en indiquant la disposition correspondante de la LCPE. Nous avons exposé les modifications proposées et réservé une colonne pour les commentaires expliquant pourquoi c'était nécessaire. De nombreuses lois américaines renferment des dispositions permettant aux citoyens d'entreprendre des actions. Nous estimons pouvoir faire mieux.
Nous avons également inclus une partie consacrée à l'application de la Loi. Nous suggérons d'y insérer une disposition analogue à celle qui se trouve dans la Loi sur les pêches. La disposition de la Loi sur les pêches est la disposition de prévention de la pollution à laquelle nous avons principalement recours, en tout cas la principale disposition fédérale. Ce n'est pas la LCPE. La LCPE est anémique pour ce qui est de permettre à des particuliers d'entreprendre et de poursuivre des actions pour atteinte à l'environnement.
Un des avantages de la Loi sur les pêches est qu'elle contient une disposition sur le partage de l'amende. Cette disposition est en place depuis des années. Elle n'a pas donné lieu à une avalanche de poursuites privées de ce type. Elle est très utile. Elle supprime un des obstacles au recours à des poursuites privées aux termes de la Loi sur les pêches parce qu'on peut récupérer la moitié du montant de l'amende lorsqu'on intente des poursuites au civil.
Notre principale recommandation à ce sujet est liée au fait que la LCPE ne contient actuellement aucune disposition comparable. Comme je l'ai signalé, l'autre loi principale visant la prévention de la pollution, à savoir la Loi sur les pêches, en contient une. Par conséquent, pourquoi n'insérerait-on pas une disposition semblable dans la LCPE? Je vous lance ce défi.
En conclusion, je pense que vous avez en l'occurrence l'occasion de faire participer le public de façon valable et active, conformément à l'objet de la Loi. Presque tous les sondages qui ont été faits indiquent que l'environnement est presque ou est effectivement à l'avant-plan des préoccupations des Canadiens. Vous avez une occasion de mettre les traînards au pas. M. Lloyd a fait des commentaires sur les bons performeurs, sur les grands performeurs. Ils font le travail alors que les autres ne le font pas. Ce serait un bon club pour mettre les traînards au pas. Je pense que toute entreprise consciente de ses responsabilités sociales appuierait les suggestions faites aux deux questions que nous avons examinées, à savoir celle de la participation du public et l'action en protection prévue dans la disposition de la Loi sur les pêches concernant le partage de l'amende.
Enfin, c'est une occasion de mettre la LCPE à niveau avec la Loi sur les pêches. Pourquoi ne le ferait-on pas? Pourquoi ne protégerions-nous pas nos citoyens aussi bien que nous protégeons notre poisson?
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de m'avoir invité à nouveau à témoigner.
L'intérêt du public canadien dans le contexte de l'intendance de l'environnement occupe une des premières places dans la liste des priorités des électeurs, mais on en tient rarement compte par le biais d'une large participation et de consultations sur la LCPE. Des groupes environnementaux engagés comme le Great Lakes United continueront de consulter la population au sujet de diverses dispositions de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, mais je pense que nous continuerons néanmoins à nous interroger sur ce que l'on peut faire pour faire participer le grand public.
Le Great Lakes United a préparé deux documents d'information sous les auspices du Comité consultatif d'examen de la LCPE, et je les ai remis au greffier à votre intention.
Pour l'analyse, les commentaires suivants de GLU sont classés assez librement sous les rubriques suivantes, accès et sensibilisation, le mécanisme de consultation et l'absence de champions ministériels.
En ce qui concerne l'accès et la sensibilisation du public, un rapport exhaustif sur l'état de l'environnement contribuerait, à mon avis, à susciter l'intérêt du public pour la LCPE. Jusqu'à présent, c'est l'Inventaire national des rejets de polluants, appelé plus communément INRP, qui est le principal outil qui permet au public de participer ou d'obtenir de l'information sur les données relatives à la pollution en ce qui concerne le Canada.
Les progrès au niveau de l'INRP sont très lents depuis 2002 et, en août 2006, les BCP, le thallium, le béryllium, le baryum et les radionucléides n'étaient pas encore inclus dans l'Inventaire, bien qu'ils aient été déposés depuis des années pour qu'on en discute. De même, les recommandations portant sur la réduction des seuils de signalement n'ont pas été suivies et les révisions aux exemptions du secteur minier n'ont pas été faites. En outre, la fiabilité des données de l'INRP est minée par l'absence de rapports de vérification sur les pollueurs.
D'autres banques de données de la LCPE devraient être réorganisées de façon à contenir de l'information sur les niveaux réels de pollution plutôt que sur le volume de pollution autorisée. Il s'agit en l'occurrence des exigences sur l'immersion de déchets en mer. Le recours aux mécanismes de signalement de la pollution prévus dans d'autres lois — en ce qui concerne les gaz à effet de serre, par exemple — qui ne relèvent pas de la LCPE, contrecarre encore davantage les efforts pour attirer l'attention du public sur la LCPE et la faire considérer comme un guichet unique en ce qui concerne l'information sur la pollution.
Les rapports sur l'état de l'environnement laissent à désirer et ils sont insuffisants pour promouvoir la Loi et les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la pollution. Il est essentiel d'améliorer ces rapports et qu'ils portent sur des dispositions précises de la LCPE, en indiquant notamment les efforts déployés pour respecter les ententes internationales sur lesquelles la Loi a un impact. Il s'agit notamment des règles internationales concernant les émissions atmosphériques, terrestres et aquatiques.
En l'absence de visibilité publique de la Loi, de rapports ministériels et compte tenu des trop rares réductions de la pollution à signaler, l'efficacité du registre de la LCPE est compromis, non pas en raison de l'architecture du site Web, mais plutôt de ce que je qualifierais de manque d'intérêt ministériel pour des rapports d'étape et d'un intérêt insuffisant pour la promotion de la participation du public. C'est pourquoi une campagne de promotion concertée pour mettre en évidence la LCPE en tant que pierre angulaire de la lutte contre la pollution et pour la publication de rapports sur l'état de l'environnement serait utile, voire indispensable.
Au chapitre des mécanismes de consultation, je signale qu'Environnement Canada a des antécédents bien établis en la matière et qu'il est appuyé notamment par les processus de sélection des délégués du Réseau canadien de l'environnement, dont les membres désignent les représentants des ONG dans divers dossiers. Environnement Canada fait un bien meilleur travail que la plupart des ministères fédéraux, y compris que Santé Canada, pour ce qui est de s'assurer de la participation des intervenants aux consultations et d'éviter une influence indue dans le choix des représentants des ONG.
En outre, le traitement des représentants des premières nations manque de cohérence dans le contexte de la LCPE. Il tombe parfois sous la rubrique de la société civile et déplace en fait un représentant de l'environnement à ce sujet. Ce que je veux dire, c'est qu'un délégué des premières nations s'intéressera généralement surtout aux questions de gouvernance, de représentation et de droits issus des traités plutôt qu'à des questions générales et qu'à l'opérationnalisation de la Loi. Il est par conséquent injuste de diluer la représentation des organisations non gouvernementales par une représentation des premières nations du Canada et il est également injuste de considérer les premières nations comme des intervenants qui sont sur un pied d'égalité avec les groupes environnementaux et les entreprises privées. Dans la mesure où elles représentent des gouvernements ou des ambitions d'autonomie gouvernementale, les premières nations doivent être consultées à l'extérieur du délicat équilibre réalisé par la LCPE entre les intervenants, c'est-à-dire entre l'industrie et le secteur des ONG.
Le troisième sujet que je voudrais aborder est celui de l'absence de champion ministériel de l'environnement. L'équilibre entre les intervenants est insuffisant pour garantir des résultats fiables des consultations. C'est la nature précise et la portée de l'engagement des participants qui détermineront en grande partie les recommandations finales qui se dégageront des consultations. Alors que la participation ministérielle est nécessaire et encouragée, elle n'est actuellement pas équilibrée en raison de l'absence de champions ministériels de l'environnement. Par exemple, dans le cadre des consultations, Ressources naturelles Canada est généralement capable de s'identifier à des recommandations s'inspirant des intérêts des secteurs minier et forestier et Santé Canada veille à ce que les entreprises pharmaceutiques clientes ne soient pas affaiblies par une initiative proposée.
Il semblerait qu'Environnement Canada axe résolument ses efforts sur le processus de consultation plutôt que sur la promotion de la protection de l'environnement. Environnement Canada dépose rarement ses recommandations en ce qui concerne les discussions ou fait rarement des critiques de rapports de consultants. Comme l'on démontré les comptes rendus de récentes réunions du Conseil canadien des ministres de l'Environnement faits à GLU, on procède généralement à un examen par les intervenants de documents de discussion préparés par des cabinets d'experts-conseils indépendants sans l'avantage d'une critique ou d'une indication des suites que le ministère entend donner au rapport. Le public est plus souvent consulté sur les rapports d'experts-conseils que sur des orientations stratégiques proposées pour atteindre les objectifs de la LCPE.
Il est essentiel qu'Environnement Canada dépasse son rôle actuel, qui consiste à coordonner l'information, pour faire preuve de leadership dans la protection de l'environnement en mettant en valeur les recommandations déposées par le ministère. Durant les consultations, les intervenants devraient réagir à des ébauches de recommandation et pas aux recommandations de cabinets privés d'experts-conseils.
Great Lakes United estime que la volonté de présenter des rapports sur l'état de l'environnement, l'amélioration de l'INRP, un meilleur équilibre entre les intervenants et un processus spécial de consultation des premières nations, avec le leadership du ministère et la promotion de la protection de l'environnement, accroîtront les capacités de participation du public dans le contexte de la loi.
Je m'excuse, mais les délais ne me permettaient pas de faire dans ce document des propositions sur des articles précis. Je les communiquerai plus tard, dans le courant du mois.
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En premier lieu, j'estime que nous pourrions cesser d'utiliser le terme « volontaire », car il a la mauvaise connotation. Sa connotation est qu'il s'agit de choses que l'on fait si l'on veut bien. Quand ce type de programmes auront été mis en place et qu'il faudra compter sur l'industrie pour les mettre en oeuvre dans un contexte non réglementaire, on devrait pouvoir réellement compter sur l'industrie.
Il faudrait mettre en place l'infrastructure nécessaire pour les déclarations sectorielles. Ce n'est pas volontaire en ce sens qu'on a la liberté de décider si on le fera ou si on ne le fera pas. Cela veut dire que l'Assemblée législative suivra une voie consistant à faire adopter une approche non réglementaire par l'industrie, avec l'assurance toutefois que ce sera fait. C'est la raison pour laquelle j'appelle ces programmes des programmes de responsabilité industrielle plutôt que des programmes volontaires.
C'est peut-être une nuance linguistique, mais j'aurais fort apprécié, il y a une dizaine d'années, lorsqu'il en a été question pour la première fois, qu'on choisisse un terme différent. Je pense que nous nous retrouvons coincés avec un terme inapproprié.
Il est essentiel que les programmes de responsabilité industrielle soient davantage ancrée dans la Loi pour s'assurer que l'industrie respecte ses engagements. C'est pourquoi j'ai signalé qu'une approche possible serait de les rattacher à la planification de la prévention de la pollution qui permet le recours à un instrument quasi réglementaire. Le gouvernement pourrait établir les facteurs à prendre en considération, en précisant ses volontés, et l'industrie pourrait réagir par le biais de son programme de responsabilité industrielle en choisissant la façon de procéder.
Comme je l'ai mentionné, je pense que la Loi le permet; le problème est qu'il semblerait qu'il n'y ait pas grande volonté politique d'avoir recours à cet instrument. Je pense que c'est dû en partie à cette fausse dichotomie que nous avons établie en utilisant le terme « volontaire » qui donne au public l'impression qu'il peut le faire s'il le désire, contrairement à une approche fondée sur la réglementation. Je pense qu'il s'agit d'un moyen terme très important dans le cadre duquel on n'a pas recours à un règlement, approche qui a tendance à être complexe et par le biais de laquelle on a beaucoup plus de difficulté à obtenir des résultats, mais il faut toutefois veiller à ce que cela se fasse, à ce que la marchandise soit livrée et à faire un suivi.
J'espère que cette réponse vous est utile.
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Merci, monsieur le président.
C'est une discussion très intéressante, mais il est difficile de bien en saisir le sens. Je pense par exemple que M. Lloyd, ou un autre témoin, a mentionné qu'il était essentiel d'examiner le contexte, que si nous voulions prendre des mesures contre certains produits chimiques, il était essentiel de tenir compte du contexte. D'autres témoins ont ensuite fait des commentaires sur la gestion des risques. Pourtant, j'estime que la gestion des risques comme telle est précisément une étude du contexte. Par conséquent, on a de la difficulté à comprendre que l'on ne tienne pas compte du contexte. C'est une question. Tous les témoins qui le désirent peuvent tenter d'y répondre.
La deuxième question qui est encore très floue dans mon esprit est celle de la réglementation concernant les sels ou celle du programme de gestion volontaire.
Monsieur Hanneman, vous donniez l'impression que vous trouviez que la LCPE était bien comme elle était mais que les actions du gouvernement n'étaient pas aussi appropriées ni efficaces qu'elles auraient pu l'être. Cela veut-il dire que vous acceptez le fait que le sel soit considéré comme une substance toxique aux termes de la LCPE?
Madame Wright, vous avez d'abord reconnu vos torts, ou c'est du moins l'impression que vous avez donnée. Vous n'avez toutefois pas donné d'information précise. Qu'est-ce qui n'allait pas?
Monsieur Hanneman, acceptez-vous l'idée que le sel soit une substance toxique aux termes de la LCPE? Qu'est-ce qui a mal tourné? Pourriez-vous citer un ou deux cas où ça a mal tourné? Si vous pouviez citer un ou deux cas précis, ce serait bien.
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Avant de passer un règlement, nous faisons ce que nous appelons de la promotion de la conformité auprès de l'industrie. Nous organisons des ateliers de formation pour expliquer aux entreprises concernées quelles sont leurs obligations et comment elles devront faire les évaluations ou les déclarations pertinentes. Nous organisons des ateliers de formation très complets, avec des documents écrits, etc. Le règlement sur le nettoyage à sec a été traduit en de nombreuses langues; de l'information a été envoyée par la poste et nous avons organisé des sessions. Nous collaborons souvent avec les associations industrielles pour communiquer avec les entreprises ou les personnes réglementées, en faisant tout notre possible pour que ce soit avant l'entrée en vigueur du règlement.
Qui amorce les actions? Lorsque le règlement est en vigueur, nous mettons en place un plan d'inspection. Ce plan est fondé sur l'information que nous avons au sujet du degré de conformité avant l'entrée en vigueur du règlement. Nous avons généralement une idée assez précise du degré de conformité lorsque le règlement entre en vigueur. Nous connaissons les antécédents des entreprises et avons d'assez bonnes informations sur celles qui ont tendance à se conformer aux règlements. En nous basant sur cette information, nous faisons une inspection à l'échelle nationale en cherchant tout particulièrement là où nous nous attendons à trouver des contrevenants.
Ce sont les agents de l'autorité qui font les inspections puis, d'après l'information recueillie, ils peuvent avoir recours à différents outils d'exécution. Généralement, au premier degré, surtout si l'entreprise manifeste beaucoup de bonne volonté, nous envoyons ce que nous appelons une lettre d'avertissement qui décrit très clairement nos attentes, et nous faisons un suivi.
Si après le suivi de la lettre d'avertissement, d'autres infractions sont commises et si elles ne sont pas de nature grave, nous pouvons avoir recours à une autre étape, qui est celle de la directive d'inspecteur, qui expose avec précision nos attentes et fixe une échéance.
Nous pouvons ensuite envisager d'avoir recours à plusieurs outils d'exécution qui peuvent aboutir à des amendes. L'ordonnance de conformité en protection de l'environnement que nous avons évoquée tout à l'heure nous permet de mettre fin à l'infraction en question.
Si des accusations sont portées et que l'entreprise manifeste beaucoup de bonne volonté, on peut avoir recours à ce que nous appelons une mesure de rechange en protection de l'environnement, qui est essentiellement un règlement du différend pour éviter les procédures judiciaires coûteuses. Si le contrevenant accepte de suivre nos instructions, nous en prenons note et n'intentons pas d'action en justice, mais nous faisons un suivi.
En fin de compte, on intente une action en justice. Les amendes imposées aux termes de la LCPE sont très élevées. Elles peuvent atteindre 1 million de dollars par jour pour la durée de l'infraction. M. Wright recommande de partager le montant des amendes que nous touchons en cas de poursuite civile. Jusqu'à présent, c'est le gouvernement fédéral qui a intenté les poursuites. Nous encourageons les juges à affecter ces amendes à ce qu'on appelle le Fonds pour dommages à l'environnement. L'industrie verse une contribution à ce fonds et nous pouvons utiliser cet argent pour la remise en état du milieu, pour organiser des programmes de participation communautaire ou pour prendre des initiatives liées à l'infraction, pour nous assurer que l'état de l'environnement est amélioré.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir à la discussion sur l'éventail des possibilités offertes par la LCPE. D'une part, il y a le volontariat pur et, d'autre part, la réglementation axée sur le commandement et le contrôle. Si vous interrogez un quidam à la descente d'un bus dans n'importe quelle ville du Canada, il comprendrait que ce n'est pas aussi simple que deux extrêmes. Il comprendrait que lorsqu'il achète un véhicule hybride ou un véhicule utilisant des carburants de remplacement en Ontario, il reçoit une réduction de 1 000 $ sur la taxe de vente provinciale. Il comprendrait que s'il vivait en Ontario, il devrait soumettre son véhicule à des tests pour les émissions à intervalles d'un certain nombre d'années. Si la voiture ne répondait pas aux critères en matière d'émissions, il devrait la faire réajuster. Par conséquent, la plupart des Canadiens comprennent que la LCPE ne devrait pas être, et n'est pas du tout, fondée sur deux extrêmes — la réglementation axée sur le commandement et le contrôle d'une part et le volontariat pur d'autre part.
Tout le monde comprend après 40 années de pratique environnementale dans le monde occidental qu'il existe un éventail complet de possibilités. C'est le but qu'a voulu atteindre notre groupe d'experts sur la réglementation intelligente au cours de la législature précédente; on a décidé de faire preuve d'intelligence et de faire preuve d'efficacité au niveau des coûts, et d'instaurer une collaboration entre le secteur privé et le secteur public comme dans toute démocratie évoluée.
La question que je voudrais vous poser est la suivante. Je n'ai entendu aujourd'hui aucun commentaire au sujet de deux ou trois armes que nous aurions dans notre arsenal entre ces deux extrêmes. L'une d'elles serait le recours à des instruments fiscaux.
Ma question, qui s'adresse plus particulièrement à Mme Wright, est la suivante: combien de fonctionnaires d'Environnement Canada sont occupés actuellement à établir des liens et des mesures environnementaux et économiques qui pourraient nous aider à atteindre les objectifs de la LCPE? Je présume que le nombre d'employés d'Environnement Canada travaillant dans ce secteur est inférieur à dix.
Monsieur Lloyd, vous avez abordé la question de l'amortissement accéléré. Le ministère des Finances n'aime pas qu'on touche à cela. Il manifeste de la réticence depuis une vingtaine d'années. Combien de fonctionnaires de Finances Canada sont-ils occupés à proposer à l'intention des Canadiens des options qui permettraient d'atteindre les objectifs environnementaux par le biais de mesure économiques?
Enfin, l'exemple le plus important de recours à un instrument économique est le Protocole de Kyoto, qui ressemble à la vieille devinette de Sesame Street « One of these things is not like the others ». Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le Protocole de Kyoto allait refléter deux facteurs: le premier, c'est qu'il n'y a qu'une atmosphère et, le deuxième, c'est que nous monnayerons le carbone en internalisant le prix du carbone dans la prise de décisions économiques. J'oserais dire que l'industrie du sel pondérerait son approche de façon différente si l'on tenait compte des incidences environnementales cumulatives du sel. Si on évaluait les dommages causés à une rivière, à un fleuve ou à un lac et que l'entreprise concernée devait en rendre compte à ses actionnaires, la situation serait peut-être différente.
Je voudrais attirer l'attention du groupe de témoins sur deux facteurs, à savoir la mesure et l'argent. Aucun gouvernement ne peut faire la distinction entre deux entreprises, qu'il s'agisse d'une entreprise qui participe au programme Gestion responsable ou qui respecte les normes de l'Association des produits forestiers du Canada en ce qui concerne les pâtes et papiers, ou n'importe quel autre groupement industriel. Aucun gouvernement ne peut par conséquent décider de récompenser une entreprise et de ne pas récompenser une autre sans pouvoir mesurer les résultats. On ne peut pas gérer ce dont on ne peut pas mesurer les résultats. Personne n'a fait de commentaires au sujet d'indicateurs d'écoefficacité et n'a mentionné comment on pourrait faire des comparaisons entre des pommes et des pommes et entre des pommes et des oranges. Comment pourrait-on par ailleurs provoquer des impacts environnementaux par le biais du système économique, par le biais de dépenses fiscales, par exemple?