:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureuse d'être ici et j'ai bien l'intention de participer à un dialogue constructif, aussi bien devant votre comité qu'auprès du nouveau comité législatif qui étudie la Loi sur la qualité de l'air.
Encore une fois, je suis ici pour traiter d'une motion déposée par Nathan Cullen, afin de préciser les propos que j'ai tenus lors d'une précédente comparution devant votre comité, et de répondre à vos questions. Je suis heureuse d'avoir l'occasion d'apporter un certain contexte aux travaux du comité et de parler en toute honnêteté aux Canadiens de la façon dont le précédent gouvernement a dépensé l'argent du contribuable en matière d'environnement. J'aimerais également parler des progrès réalisés et des raisons pour lesquelles notre gouvernement est déterminé à fixer de nouveaux objectifs.
[Français]
Je suis très heureuse d'être ici, et je tiens à souligner à quel point j'ai hâte de discuter avec vous de façon constructive des démarches que ce nouveau gouvernement du Canada entreprend pour améliorer la santé des Canadiennes et des Canadiens, et celle de notre environnement.
Je dois dire que j'apprécie cette occasion de pouvoir mettre en contexte le travail de ce comité et, surtout, de pouvoir dire honnêtement à tous les Canadiens comment le gouvernement précédent a dépensé l'argent des contribuables sur le plan de l'environnement, de leur démontrer le peu de progrès qu'il a fait et de leur faire comprendre pourquoi notre gouvernement emboîte présentement le pas pour que les choses s'accomplissent.
[Traduction]
J'aimerais également saisir l'occasion de parler directement de la motion déposée par mon honorable collègue, M. Cullen.
Lorsque notre gouvernement est entré en fonction il y a moins d'un an, nous avons rapidement constaté que les mesures prises par les gouvernements précédents pour faire face aux changements climatiques étaient insuffisantes.
Ce n'est pas une réflexion politique, c'est un énoncé de faits. Plusieurs années après avoir signé et ratifié le Protocole de Kyoto, et bien qu'il ait dépensé ou engagé des milliards de dollars de fonds publics, le gouvernement précédent n'avait toujours pas mis en oeuvre de plan intérieur pour réagir aux changements climatiques.
Les gouvernements précédents ont dépensé généreusement pour gagner la confiance des Canadiens, mais ils n'ont obtenu que très peu de résultats concrets en retour. En fait, les seuls effets constatés ont été une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre, qui a atteint 35 p. 100 de plus que l'objectif de Kyoto pour le Canada, ainsi qu'un débat fortement politisé et porteur de désunion, que le nouveau gouvernement du Canada est déterminé à laisser derrière lui.
L'absence de toute coordination ou de toute volonté de mettre en vigueur des mesures légitimes de la part des précédents gouvernements face aux changements climatiques est indiscutable. C'est ce qu'a confirmé la commissaire à l'environnement et au développement durable qui, dans son plus récent rapport, a déclaré ce qui suit:
L'absence de prise en charge centralisée, de responsabilités clairement définies pour les ministères, de stratégies intégrées et de systèmes d'évaluation continue révèle des problèmes dans la gestion gouvernementale de l'initiative de lutte contre les changements climatiques.
[Français]
Et elle poursuit en disant:
Dans l'ensemble, la réaction du gouvernement libéral face aux changements climatiques est une bien pauvre histoire. Au niveau du vaste contexte gouvernemental, nos audits ont dévoilé des déficiences au niveau du leadership, de la planification et de l'exécution. Ce dernier gouvernement a été inefficace à donner l'exemple et à prendre des décisions sur des sujets clés de contrôle. Un changement s'avère nécessaire.
[Traduction]
Et elle en poursuit en disant:
Dans l'ensemble, la réaction du gouvernement libéral face aux changements climatiques est une bien pauvre histoire. Au niveau du vaste contexte gouvernemental, nos audits ont dévoilé des déficiences au niveau du leadership, de la planification et de l'exécution. Ce dernier gouvernement a été inefficace à donner l'exemple et à prendre des décisions sur des sujets clés de contrôle. Un changement s'avère nécessaire.
Il importe d'avoir à l'esprit les messages de la commissaire alors que le nouveau gouvernement s'apprête à obtenir d'importants résultats dans ce dossier. Nous devons créer une structure de reddition de comptes qui, pour la première fois au Canada, va chapeauter l'ensemble des programmes gouvernementaux consacrés aux changements climatiques, afin de doter pour la première fois le Canada d'une approche cohérente. À cette fin, j'ai également demandé au président du Conseil du Trésor de soumettre toutes les dépenses gouvernementales consacrées aux changements climatiques au contrôle de la vérificatrice générale.
Le rappel des propos de la commissaire à l'environnement s'impose dans le contexte de l'étude de la motion de M. Cullen, alors que nous cherchons à savoir ce que les Canadiens et l'environnement ont reçu en contrepartie de tous les fonds publics dépensés avec tant de prodigalité par les précédents gouvernements.
Je crois que nous avons des exemplaires d'un tableau qui présente les programmes internationaux et dont nous allons discuter. Puis-je demander au greffier de les distribuer dès maintenant? Vous pourrez y suivre mon argumentation au cours du débat.
Il est important de vous faire savoir ce que le précédent gouvernement a dépensé ou avait l'intention de dépenser au niveau international dans quatre domaines essentiels, et de déterminer dans quelle proportion ces dépenses ont aidé le Canada à atteindre ses objectifs découlant du Protocole de Kyoto. Il s'agit du Bureau canadien du mécanisme pour un développement propre et de l'application conjointe; du Fonds canadien de développement pour le changement climatique; du Fonds de carbone pour le développement communautaire de la Banque mondiale et du Fonds pour le climat proposé par les Libéraux.
Au sein du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le Bureau canadien du mécanisme pour un développement propre et de l'application conjointe a reçu un budget total de 25 millions de dollars entre 2001 et 2006. Les fonds publics investis par l'intermédiaire du MDP devaient favoriser la mise en place d'un marché international de crédits de carbone, puis la participation du secteur privé canadien à ce marché.
Le gouvernement du Canada ne va recevoir aucun crédit pour cet investissement, pas plus qu'il ne se rapprochera de ses objectifs découlant du Protocole de Kyoto. Par contre, une partie modeste de cet investissement va faciliter l'achat de crédits internationaux de carbone par des sociétés privées, et non pas par le gouvernement. À l'heure actuelle, on ne sait pas exactement combien de crédits internationaux ont été ou vont être achetés grâce à l'argent investi. Le bureau du MDP est un mécanisme commercial fonctionnant projet par projet, qui vise à donner aux sociétés canadiennes les moyens nécessaires pour accéder aux marchés et aux occasions d'investir, et à stimuler le développement et la commercialisation des sociétés canadiennes de technologie.
Compte tenu de l'appui que nous accordons aux mécanismes axés sur le marché, et de la nécessité urgente, pour le Canada, d'entreprendre des projets et des programmes directement axés sur la réalisation de notre objectif découlant du Protocole de Kyoto, je reste convaincue que ce programme nécessite un contrôle serré, et qu'on ne devrait pas employer l'argent du contribuable pour faciliter l'achat ou la production de crédits internationaux destinés à des entités du secteur privé. Si l'on fait appel à des fonds publics, l'objectif du programme doit être clairement énoncé et je considère qu'il faudrait exiger que la réduction des émissions soit vérifiée par une tierce partie. Nous devons réserver nos investissements à des projets gouvernementaux susceptibles d'être pris en compte dans le calcul de la réalisation de notre objectif découlant du Protocole de Kyoto.
Le Fonds canadien de développement pour les changements climatiques, ou FCDCC, a été conçu pour lutter contre les causes et les effets des changements climatiques dans les pays en développement. Le programme était axé sur quatre principaux secteurs: l'adaptation aux changements climatiques, la réduction des gaz à effet de serre grâce à des transferts de technologies, le piégeage du carbone et le renforcement des capacités dans les pays en développement.
Parmi ces quatre domaines, le fonds mettait particulièrement l'accent sur le renforcement des capacités dans les pays en développement.
Lorsque le précédent gouvernement a créé ce fonds, la production ou l'achat de crédits au niveau international n'était encore qu'une possibilité. Ce n'est qu'en 2001 que les parties signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont affirmé que les fonds publics destinés à ces projets ne devaient pas être détournés de l'aide publique au développement et qu'ils ne devaient pas être comptabilisés au titre des obligations financières des parties.
La démarcation entre les politiques internationales sur les changements climatiques et l'aide publique au développement commence à s'estomper. En 2004, le Comité d'aide au développement de l'OCDE a décidé que la valeur des réductions certifiées des émissions ou des crédits résultant des projets de ce genre devaient être déduite des états financiers des agences de développement international, et certains pays ont annoncé depuis lors qu'ils entendaient se conformer à cette demande. Notre gouvernement n'a pas l'intention de substituer du financement destiné à l'aide publique au développement aux efforts qu'il devrait déployer pour investir dans des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être comptabilisées aux fins du Protocole de Kyoto.
Ce programme a reçu un budget de 110 millions de dollars pour 2000-2001. Les fonds ont principalement pris la forme de subventions accordées à des sociétés ou des organismes canadiens appelés agences canadiennes d'exécution dans le cadre de ces projets internationaux. Le programme a également permis à ces sociétés ou organismes de conserver un maximum de 12 p. 100 de l'investissement public au titre de leurs frais généraux. Jusqu'à maintenant, ces projets n'ont occasionné aucune réduction véritable des émissions. Par conséquent, les sommes investies dans ce programme n'ont donné lieu à aucun crédit pour réductions certifiées des émissions, et ne seront donc pas comptabilisées aux fins du Protocole de Kyoto. Elles le seront par contre au titre de l'aide publique au développement accordée par l'intermédiaire de l'ACDI.
Nous pensons qu'il faut faire la lumière sur cette question. Le financement de l'aide publique au développement est à nos yeux essentiel, mais il doit être conforme aux priorités définies dans le cadre de notre collaboration permanente avec les pays en développement.
Le Canada a également investi dans le Fonds de carbone de la Banque mondiale. Les projets pilotes d'échange d'émissions financés grâce à ce fonds ont pour objectif de permettre des expériences en matière de mise en oeuvre de projets, de faciliter les transferts de technologies et de constituer un bassin de crédits pour la réduction des gaz à effet de serre conformément au Protocole de Kyoto, qui permettront de financer des investisseurs au cours de la période de 2008 à 2012. Grâce à cet investissement, le gouvernement du Canada a acheté un montant de crédits pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre estimée à 2,6 millions de tonnes. C'est ce qu'on a appelé les projets d'apprentissage sur le tas. Entre 2008 et 2012, ils devraient nous rapporter à titre estimatif 2,6 millions de tonnes de crédits internationaux, soit 1 p. 100 des réductions nécessaires pour atteindre les objectifs canadiens découlant du Protocole de Kyoto.
Force est ici de considérer les faits: on a dépensé 160 millions de dollars recueillis auprès du contribuable canadien dans le cadre de nos programmes internationaux concernant les changements climatiques. En contrepartie, nous avons atteint 1 p. 100 de notre objectif fixé par le Protocole de Kyoto.
[Français]
Nous sommes bien obligés ici de regarder les faits: 160 millions de dollars provenant des contribuables canadiens ont été dépensés. En échange, on a atteint seulement 1 p.100 de nos objectifs du Protocole de Kyoto.
[Traduction]
Le précédent gouvernement avait également prévu de consacrer un milliard de dollars sur cinq ans à la gestion du fonds pour le climat, également connu sous le nom d'Agence canadienne des mesures incitatives à la réduction des émissions. Ce fonds était non pas un véhicule d'investissement, mais uniquement un véhicule d'achat de crédits. On avait également prévu d'en augmenter le montant à environ 5 milliards de dollars aux frais du contribuable canadien pour acheter d'autres crédits.
Lorsque nous avons entrepris de colliger de façon cohérente l'information provenant des différents ministères, il nous est apparu que ces différentes initiatives ne s'intégraient pas dans une structure de politique bien définie et que leurs résultats n'étaient pas comptabilisés aux fins de la réalisation de nos objectifs découlant du Protocole de Kyoto.
Comme l'avait dit la commissaire à l'environnement et au développement durable, le précédent gouvernement n'avait pas d'approche horizontale cohérente.
J'aimerais maintenant aborder la deuxième partie de la motion où il est question de ce que j'ai dit des estimations fournies par mon ministère sur ce qu'il en coûterait au Canada pour atteindre son objectif découlant du Protocole de Kyoto grâce à des mesures d'ordre uniquement réglementaire.
L'analyse montre qu'une intervention par la réglementation intérieure qui viserait à effectuer les réductions exigées par le Protocole de Kyoto, lesquelles représentent près du tiers du total de nos émissions prévues pour 2010, aurait un effet paralysant sur l'économie canadienne. Évidemment, ce genre d'analyse est complexe et on pourra toujours débattre des chiffres, mais nous avons du moins une image précise de l'ampleur des conséquences auxquelles les consommateurs seraient confrontés.
On estime que le prix de l'électricité pourrait augmenter d'environ 15 p. 100 dans le Canada atlantique, de 40 p. 100 en Colombie-Britannique, de 65 p. 100 en Ontario et de 150 à 200 p. 100 en Alberta et en Saskatchewan, soit le prix actuel multiplié par deux ou par trois. Le prix du gaz naturel augmenterait de plus de 300 p. 100 en Alberta et de 130 p. 100 en Ontario. Quant à notre industrie pétrolière, le Canada risquerait de passer du statut d'exportateur net à celui d'importateur de pétrole, à cause de l'augmentation des coûts de production et des usines qu'il faudrait fermer en réaction à la réglementation punitive imposée par les changements.
Je précise par ailleurs qu'il s'agit là du scénario le plus optimiste, dans lequel on pourrait effectuer de la façon la moins coûteuse des réductions d'émissions d'une telle ampleur.
En réalité, les réductions d'émissions dont le Canada a besoin pour atteindre son objectif ne sont pas techniquement réalisables dans des délais aussi courts. C'est pourquoi nous avons besoin de nouveaux objectifs et d'un nouveau cadre pour Kyoto. Voilà l'occasion qui s'offre à nous aujourd'hui.
[Français]
Voilà pourquoi nous avons besoin de nouveaux objectifs et d'un nouveau cadre pour Kyoto. Voilà l'occasion qui s'offre à nous aujourd'hui.
[Traduction]
Passons maintenant à l'impact de la Loi canadienne sur la qualité de l'air, ou projet de loi C-30, sur la réduction des gaz à effet de serre.
Vous connaissez notre avis d'intention, c'est-à-dire que le gouvernement du Canada a déclaré que nous allons réglementer à la fois la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre, en établissant des objectifs à court, moyen et long terme. D'ici le printemps 2007, notre gouvernement annoncera d'ambitieux objectifs à court terme pour la pollution atmosphérique et les gaz à effet de serre, avec une réglementation secteur par secteur qui entrera en vigueur dès 2010. Comme vous le savez, à moyen terme, c'est-à-dire pour la période 2020-2025, nous allons mettre en oeuvre des objectifs d'intensité qui déboucheront sur des réductions en chiffres absolus des émissions et permettront ainsi d'établir un plafond fixe pour les émissions.
Notre gouvernement s'est également engagé à long terme à réduire en chiffres absolus les émissions de gaz à effet de serre de 65 p. 100 par rapport au niveau de 2003 d'ici 2050. Nous avons demandé conseil à la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie quant aux objectifs précis qu'il convient de fixer et nous lui avons aussi demandé d'établir des scénarios quant à la manière dont il serait possible d'atteindre ces objectifs au Canada.
Permettez que je vous explique comment cet objectif à long terme se traduira en fait de réduction des émissions. D'après les prédictions quant aux émissions de gaz à effet de serre au Canada en 2050, dans le scénario du maintien du statu quo, cet objectif de réduction de 65 p. 100 entraînerait une baisse de nos émissions d'environ 1 435 mégatonnes. C'est près du double de nos émissions totales actuelles de gaz à effet de serre. Une réduction de 65 p. 100 par rapport au niveau de 1990 — je sais que ce scénario vous intéresse — exigerait une réduction des émissions de 1 485 mégatonnes par rapport au maintien du statu quo.
Certains ont aussi réclamé qu'on se fixe comme objectif à long terme une réduction de 80 p. 100. Cela entraînerait une baisse des émissions de 1 575 mégatonnes, ce qui est en fait seulement 10 p. 100 de plus que la baisse des émissions qu'on réaliserait en application de l'objectif de 65 p. 100 des émissions de 2003, objectif qui a été proposé ou recommandé par la Table ronde nationale.
Dans son rapport publié le 21 juin 2006 et intitulé Conseils sur une stratégie à long terme sur l'énergie et les changements climatiques, la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie présente, comme vous le savez, un scénario possible quant à la manière dont on pourrait réaliser une réduction de 60 p. 100 par rapport aux émissions de 2003. Les éléments clés de ce scénario sont l'accroissement de l'efficience énergétique et de la saisie et du stockage du carbone, la cogénération, et l'usage accru de l'énergie renouvelable. Voilà, à mon avis, les questions dont nous devrions discuter aujourd'hui.
D'ici le printemps 2007, notre objectif est de compléter les discussions sur un certain nombre de points importants, notamment nos objectifs à court terme pour la réduction des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre, les options proposées pour se conformer à cette réglementation, les exigences en matière de rapport, et l'échéancier.
Comme vous le savez, le gouvernement précédent comptait dépenser quelque 10 milliards de dollars pour ce plan proposé pour contrer les changements climatiques. Voici ce que les contribuables canadiens auraient pu recevoir pour cet argent. Je cite ici un récent rapport de l'Institut CD Howe rédigé par le professeur Mark Jaccard, qui dirige le groupe de recherche sur l'énergie à la faculté de gestion des ressources et de l'environnement de l'Université Simon Fraser.
Il a constaté que les dernières mesures proposées par le gouvernement précédent relativement aux changements climatiques auraient coûté au Canada 12 milliards de dollars d'ici 2012, une grande partie de cet argent étant dépensé à l'étranger.
Le professeur Jaccard estime que les mesures proposées par le gouvernement précédent auraient pu permettre de réduire les émissions de seulement 175 mégatonnes, ce qui est beaucoup moins que les 300 mégatonnes ou presque dont nous avons besoin pour respecter notre objectif de Kyoto.
Le professeur Jaccard a également conclu que si le plan du gouvernement précédent avait été mis en oeuvre à long terme, les contribuables canadiens auraient dépensé « au moins 80 milliards de dollars au cours des 35 prochaines années » sans réduire les gaz à effet de serre en deçà de nos niveaux actuels.
Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'un nouveau cadre de Kyoto assorti d'une vision nationale solide et transparente. La différence clé dans l'approche du nouveau gouvernement du Canada, c'est le fait que nous reconnaissons — cela relève de la deuxième partie de la motion — le besoin d'agir de façon coordonnée à la fois pour les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre. C'est logique car la plupart des sources de polluants atmosphériques sont également des sources de gaz à effet de serre. Ce sera la première fois que le gouvernement fédéral agira ainsi de manière coordonnée.
La question n'est donc pas de faire passer le smog devant les gaz à effet de serre ou l'inverse, et il ne faut pas non plus opposer la pollution atmosphérique aux changements climatiques. Ces deux dossiers préoccupent les Canadiens et les deux ont une incidence sur leur santé et leur environnement. La bonne manière de procéder, c'est de s'attaquer aux deux de manière coordonnée et efficiente afin d'obtenir des résultats pour les Canadiens. En adoptant ainsi cette approche coordonnée pour s'attaquer aux deux types d'émissions — un nouveau cadre de Kyoto, conjugué à la Loi canadienne sur la qualité de l'air —, nous allons orienter les solutions de manière à obtenir les meilleurs résultats pour l'effort que nous consentons.
Pour la première fois, nous aurons une approche intégrée et uniforme à la grandeur du pays, fondée sur des règlements d'application obligatoire qui permettront d'obtenir d'importantes réductions des émissions dans tous les grands secteurs industriels. Nous avons aussi besoin d'une nouvelle approche mondiale dans la lutte contre les changements climatiques, une approche dotée d'objectifs réalisables permettant de maximiser la participation de tous les pays du monde.
À l'heure actuelle, comme vous le savez, aux termes du Protocole de Kyoto, les pays qui se sont fixé des objectifs représentent moins de 30 p. 100 des émissions mondiales et ce pourcentage continuera de baisser au cours des prochaines années à mesure que les émissions des pays en développement augmenteront.
Contrairement à ce que vous avez peut-être lu ou entendu dans les médias, ce travail commence à prendre forme sur la scène mondiale et le Canada y participe. À Nairobi, comme vous le savez, j'ai dirigé la délégation canadienne à la douzième Conférence des parties à la Convention sur le changement climatique et à la deuxième réunion des parties au Protocole de Kyoto.
Le Canada a travaillé très intensivement et avec beaucoup de succès de concert avec d'autres pays à des initiatives qui aideront à paver la voie à une meilleure approche mondiale aux changements climatiques au cours de la période postérieure à 2012; pour le Canada, cette approche doit inclure une participation plus étendue, maximiser l'utilisation des technologies et des mécanismes du marché, et prendre en compte la situation nationale de chaque pays.
Parmi les questions clés qui ont été abordées à Nairobi, quatre avaient trait à l'avenir de la coopération internationale dans le dossier des changements climatiques, et le Canada a obtenu les résultats que nous recherchions et qui nous permettront de continuer à participer à Kyoto. Dans chacun de ces dossiers, les négociateurs du Canada ont été très actifs et ont travaillé avec ouverture d'esprit, en se fondant sur les positions énoncées dans nos mémoires publics.
Comme vous le savez, un imposant programme d'activités visant à éclairer l'élaboration de nos futurs engagements pour la période après 2012 a été élaboré. Le Canada a convenu de s'en tenir à ce programme rigoureux et se mettra à la tâche avec diligence.
Pour ce qui est de la révision du Protocole de Kyoto, un accord a été conclu pour effectuer un examen en décembre 2008. Tous les pays industrialisés, les pays africains, les petits États insulaires, et plusieurs pays d'Amérique latine ont appuyé le lancement de cet examen afin que nous puissions aller de l'avant et nous attaquer à la phase suivante de Kyoto en sachant ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné.
Le Canada n'a cessé de dire qu'un plus grand nombre de pays doivent se fixer des objectifs, faute de quoi Kyoto sera un échec. Sur la question de l'examen des procédures permettant aux pays de prendre des engagements, on a convenu de tenir un atelier en mai 2007.
À titre de présidente, j'ai assumé la responsabilité de m'occuper de ce dossier personnellement. L'appui de l'Union européenne, de l'Afrique du Sud et de la Russie a été déterminant pour permettre au Canada d'insister et d'obtenir que l'on progresse dans ce dossier, et je suis heureuse de constater que l'on va maintenant s'attaquer officiellement, dans le cadre de ce processus, à la révision des formalités permettant aux pays de prendre volontairement des engagements dans le cadre du Protocole.
Tous ces dossiers sont importants pour tous les pays, mais ils étaient particulièrement prioritaires à Nairobi.
Je signale que c'était une approche fondée sur le consensus. Si nous avions tenté « d'exclure le réchauffement planétaire de l'ordre du jour international », nous aurions pu facilement bloquer le consensus dans l'un ou l'autre de ces dossiers, mais nous ne l'avons pas fait. Au contraire, la conférence a été considérée un succès à cause des résultats obtenus dans ces dossiers clés et grâce au rôle crucial qu'a joué la délégation canadienne.
[Français]
Le nouveau gouvernement canadien est en train de tracer un parcours fondamentalement nouveau et plus productif pour l'environnement.
[Traduction]
Notre gouvernement trace une nouvelle voie, fondamentalement nouvelle et plus productive, dans le dossier de l'environnement. Nous prenons des mesures, comme vous le savez, à la fois dans le dossier de la pollution atmosphérique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de protéger la santé des Canadiens et notre environnement. Nous remplaçons l'approche volontaire inapplicable du gouvernement précédent par des règlements rigoureux et d'application obligatoire, et nous mettons l'accent sur l'atteinte de résultats clairs, mesurables et réalistes au Canada. Nous travaillons dans le cadre du processus des Nations Unies pour élaborer une approche planétaire plus efficace et inclusive dans la lutte contre les changements climatiques, approche qui tablera sur les leçons apprises de l'actuel exercice de Kyoto et qui permettra d'utiliser au maximum les nouvelles technologies et mécanismes pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
[Français]
Nous sommes persuadés que cette optique intérieure et internationale est la bonne pour le Canada, maintenant et à long terme. C'est une approche qui assurera aux Canadiennes et aux Canadiens, ainsi qu'aux futures générations, un environnement sain pour les années à venir.
[Traduction]
Nous croyons que cette approche nationale et internationale est la bonne pour le Canada, aujourd'hui et à long terme. C'est une approche qui permettra aux Canadiens et à leurs enfants de jouir d'un environnement sain au cours des années à venir.
Je vous remercie et je me ferai maintenant un plaisir de répondre à toutes les questions sur la motion dont nous sommes saisis.