:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour.
Comme d'habitude, je suis très heureux de me joindre à vous aujourd'hui. J'espère que nous pourrons bien collaborer.
[Français]
Depuis la dernière fois que je me suis présenté devant ce comité, en mars dernier, pour vous informer des réalisations et des principales prévisions du ministère pour 2007 et 2008, beaucoup d'événements se sont succédé.
Lors de ma dernière présentation, j'ai exposé nos exigences de financement et j'ai expliqué comment les fonds seront répartis entre Environnement Canada, l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie.
J'ai également mentionné, lors de mon dernier témoignage, que le gouvernement du Canada était sur le point de dévoiler le plan environnemental le plus complet jamais présenté par un gouvernement du Canada pour combattre les changements climatiques.
[Traduction]
Le changement climatique est une question importante qui a beaucoup d'influence sur nous tous ici au Canada. En effet, comme je l'ai déjà dit, c'est l'une des plus graves menaces, certainement sur le plan écologique, auquel notre monde fait face aujourd'hui. Le Canada, peut-être plus que tout autre pays, a déjà été durement touché par les effets du changement climatique. Il suffit d'en constater les effets ici même dans notre grand pays. En Colombie-Britannique, l'effet dévastateur du dendroctone du pin a causé de sérieux problèmes environnementaux et a grandement endommagé nos belles forêts. Dans le Nord, le dégel du pergélisol menace des infrastructures importantes et fait bomber les routes et les écoles se détachent de leurs fondations. Dans les régions urbaines, nous avons de plus en plus de journées de smog qui nuisent à la santé de certains de nos citoyens les plus vulnérables — les enfants, les aînés et ceux qui souffrent de problèmes respiratoires. En outre, il entraîne d'énormes pertes pour notre économie en nombre de jours de maladie et de productivité perdus.
Ces exemples aident à montrer que le changement climatique constitue le défi de notre époque, et c'est pourquoi notre gouvernement s'est donné comme objectif de prendre de véritables mesures positives contre les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques nuisibles. Non seulement nous agissons au Canada, mais nous collaborons également avec nos partenaires mondiaux. Nous travaillerons de concert avec les pays développés et en voie de développement du monde entier, comme au sein du G-8 plus cinq.
Aujourd'hui, j'aimerais pendant quelques instants vous expliquer certains détails du plan que nous avons annoncé le mois dernier. « Prendre le virage : Un plan d'action pour réduire les gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique » montre que nous prenons nos responsabilités. Nous voulons montrer au monde entier qu'en matière de protection de l'environnement, le Canada peut faire plus que de beaux discours. Pour la toute première fois, le gouvernement national du Canada oblige l'industrie à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques en lui imposant des cibles qu'elle devra obligatoirement respecter. C'est une mesure sans précédent au Canada, mais je crois qu'elle est nécessaire.
Pendant plus d'une décennie, les émissions ont beaucoup augmenté au Canada. Les émissions de gaz à effet de serre se situent maintenant à près de 33 p. 100 au-delà de notre cible de Kyoto. C'est un niveau très inquiétant, quoique les données montrent que nous avons au moins commencé à faire de petits pas dans la bonne direction. Les données de notre inventaire national annuel des émissions de gaz à effet de serre pour 2005, que nous avons soumis la semaine dernière conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, indiquaient une légère augmentation des émissions de 2003 à 2004 et aucune augmentation de 2004 à 2005. Je suis sûr que l'ancienne administration souhaitait établir ses lettres de noblesse vertes, mais le fait est que le ralentissement des émissions est attribuable aux mesures prises par les provinces pour réduire la quantité d'électricité produite par des centrales au charbon et pour accroître la production d'énergie nucléaire et d'hydroélectricité.
[Français]
Le nouveau gouvernement du Canada a l'intention de poursuivre sur la même lancée avec son plan d'action ambitieux et de continuer à collaborer avec les provinces et les territoires à la réduction des gaz à effet de serre et des émissions dans l'atmosphère.
D'ailleurs, il est prévu d'allouer 5 milliards de dollars supplémentaires aux initiatives provinciales sur l'air pur et les changements climatiques dans le dernier budget.
Nous donnons une nouvelle orientation au Canada et visons la réalisation de progrès palpables. Nos mesures sont équilibrées mais sévères et se traduiront par des réductions absolues des émissions de gaz à effet de serre au Canada et par des effets bénéfiques immédiats sur la santé de nos citoyens. Non seulement notre plan nous permet-il de faire des progrès considérables dans notre lutte contre les changements climatiques et la pollution atmosphérique, mais il met le Canada sur la voie de devenir une superpuissance de l'énergie propre.
[Traduction]
Nos cibles industrielles, conjuguées à nos nouvelles initiatives d'énergie et de transport propres, ainsi que de nouveaux investissements dans l'infrastructure, comme pour le piégeage et le stockage du carbone, permettront de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 150 mégatonnes par rapport au niveau actuel d'ici 2020. Cela représente une réduction absolue de 20 p. 100.
Nous avons choisi 2006 comme année de référence parce que nous voulons pouvoir mesurer de véritables réductions à partir des niveaux actuels. En prenant l' année 2006 comme point de départ nous pourrons rendre des comptes aux Canadiens et avoir ainsi un repère concret pour mesurer nos progrès.
Bien qu'une réduction de 20 p. 100 soit un objectif réaliste, il ne sera pas facile à atteindre. Bien sûr, l'industrie aura à porter un lourd fardeau. Ce n'est que justice, puisqu'elle produit la moitié des émissions de gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques au Canada.
Mais nous n'établirions pas de cibles sans en même temps mettre en place les mécanismes qui permettront à l'industrie de s'y conformer. Elles auront donc à leur disposition diverses options. Comme je l'ai mentionné le mois dernier, afin de respecter notre réglementation, les entreprises pourront, ce qui est le plus important, faire des réductions internes, avoir recours au régime national d'échange et de compensations, utiliser le mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto, et investir dans un fonds technologique.
À plus long terme, nous essaierons d'établir des liens avec les systèmes d'échange de droit d'émissions des États-Unis, surtout en Californie et dans les États du nord-est, et peut-être aussi avec le Mexique. Mais avant de nous engager sur cette voie, nous voulons nous assurer que le système d'échange de droits d'émissions sert d'abord et avant tout les intérêts supérieurs de notre pays et de notre population.
Pour ce qui est de la pollution atmosphérique, nous avons l'intention de fixer des plafonds mixtes pour les polluants qui causent le smog et les pluies acides, avec l'objectif de réduire la pollution atmosphérique industrielle de l'ordre de 50 p. 100 dès 2012 et au plus tard d'ici 2015.
Nous allons lutter contre les émissions produites par les automobiles, les camions et les avions, qui représentent le quart des émissions de notre pays.
Nous allons réduire les émissions atmosphériques provenant de produits de consommation et commerciaux en renforçant les normes d'efficacité énergétique et en réglementant des produits comme les peintures, les revêtements, les produits de nettoyage et les produits de soins personnels qui contiennent des matières organiques volatiles qui causent le smog.
Nous établirons également des normes de rendement en matière d'éclairage qui entraîneront l'élimination graduelle des ampoules à incandescence inefficaces d'ici 2012.
Notre gouvernement adoptera également de nouveaux règlements pour limiter la teneur en composés organiques volatiles des produits commerciaux et de consommation.
Une réglementation environnementale rigoureuse visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques coûtera inévitablement quelque chose, et tous les Canadiens assumeront leur part de ces coûts. Cependant, je crois que ces coûts seront gérables et pourront être compensés par les avantages sur les plans de la santé de l'environnement que notre plan produira à moyen terme.
Notre plan créera d'importantes nouvelles occasions d'affaires, que ce soit par la mise au point et l'application de technologies de piégeage et de stockage du carbone, par la mise en valeur des énergies renouvelables, ou grâce aux projets pour lesquels les entreprises pourront obtenir des crédits compensatoires dans les secteurs de l'agriculture ou dans le captage des gaz d'enfouissement. En effet, notre plan enverra au marché des signaux qui encourageront toutes les entreprises à devenir plus éconergétiques, ce qui contribuera à améliorer l'environnement dans son ensemble, ainsi que leurs profits.
En outre, ce plan procure aux entreprises une certitude à long terme ainsi que le temps dont elles ont besoin pour s'adapter et pour faire coïncider leurs investissements environnementaux avec leurs cycles de roulement du capital.
Depuis que j'ai dévoilé le plan d'action « Prendre le virage », le nouveau gouvernement du Canada a fait l'objet de certaines critiques. Nos détracteurs disent que le gouvernement ne comprend pas l'urgence qu'il y a à lutter contre les changements climatiques. Je crois, monsieur le président, que c'est absurde.
Les changements climatiques constituent une menace grave pour les Canadiens et leur mode de vie. C'est pourquoi notre gouvernement est le premier à imposer par voie de règlements des réductions obligatoires des émissions de gaz à effet de serre. Pour la première fois dans l'histoire du Canada, les émissions de gaz à effet de serre cesseront d'augmenter et vont même commencer à diminuer.
Nous nous lançons dans un programme ambitieux de lutte contre les changements climatiques et d'assainissement de l'air que nous respirons. Les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques proviennent souvent des mêmes sources. Nous allons coordonner la réglementation visant à les réduire, afin que les Canadiens aient un pays plus propre aujourd'hui et pendant longtemps encore.
Certains disent le contraire, mais le fait est que nous allons imposer une réglementation rigoureuse à toutes les industries. Le nouveau gouvernement du Canada croit que le pollueur doit payer, et c'est pourquoi nous avons établi des cibles pour tous les grands secteurs industriels, peu importe leur mandat et leur emplacement. Pétrole et gaz, produits forestiers, affinage, fonderies, mines — nous avons pensé à tout.
Nos cibles de réduction des émissions s'appliqueront avec toute la rigueur de la loi, et nous sommes en train de remplacer les ententes volontaires par des réductions obligatoires dans certains secteurs clés. Rappelez-vous que lorsqu'il était ministre de l'environnement, Stéphane Dion a dit : « Nous savons que les ententes volontaires peuvent donner des résultats »? Monsieur le président, nous devons aller au-delà des ententes volontaires et imposer des réductions obligatoires.
Les entreprises qui ne respecteront pas nos exigences commettront une infraction. La Loi canadienne sur la protection de l'environnement referme des dispositions musclées pour assurer la conformité. Si les entreprises canadiennes ne suivent pas notre plan, ce sera à leurs risques et périls. Les critiques diront peut-être le contraire, mais le fait est que nous suivons le processus d'évaluation environnementale stratégique obligatoire.
Premièrement, lorsque nous avons annoncé notre plan, nous avons rendu publique une analyse initiale des incidences de notre projet de réglementation pour l'économie, l'environnement et la santé. Nous allons continuer à préciser cette analyse pendant que nous menons des consultations sur le cadre et que nous élaborons les règlements sectoriaux.
Deuxièmement, je crois que les critiques comprennent mal l'obligation de faire une évaluation environnementale stratégique des politiques fédérales et celle de faire une analyse coûts-avantages des règlements fédéraux. J'encourage les membres du comité à lire les directives du cabinet à cet égard, mais entre-temps, je serais heureux d'apporter des précisions.
Dans l'évaluation de l'impact environnemental des propositions de politique, la directive du cabinet sur l'évaluation environnementale stratégique exige que les décisions gouvernementales s'appuient sur les données sur la portée et la nature des impacts environnementaux probables, la nécessité de prendre des mesures d'atténuation, et l'importance probable des effets environnementaux nuisibles. Notre plan « Prendre le virage » est tout à fait conforme à cette directive.
Nous sommes allés encore plus loin en rendant publics les résultats de l'étude de l'impact environnemental de notre plan en dévoilant un examen détaillé des coûts économiques qui y sont associés et des effets sur la santé dans les documents qui accompagnaient notre plan.
Nous n'avons vu aucune analyse de ce genre pour le Plan vert. En outre, cette initiative a été élaborée d'une manière entièrement conforme à la nouvelle directive du cabinet sur la rationalisation de la réglementation. Nous sommes en train de mettre la dernière main aux mesures de mise en oeuvre de notre plan, y compris la validation des cibles de réduction des polluants atmosphériques auprès de l'industrie.
Lorsque les intervenants nous auront fait part de leurs observations et que la rédaction de la réglementation aura débuté, nous ferons, bien entendu, une analyse complète coûts-avantages conformément au processus réglementaire du gouvernement fédéral. Les résultats de cette analyse seront intégrés au résumé de l'étude d'impact qui accompagne toute réglementation fédérale.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de comparer encore une fois notre plan au projet vert de 2005. Bien que nous ayons conservé les cibles de réduction de l'intensité des émissions de gaz à effet de serre du plan de Stéphane Dion, nos cibles sont beaucoup plus rigoureuses. Je vous invite à faire le calcul. Le projet vert prévoyait une réduction générale de 12 p. 100 de l'intensité des émissions des installations existantes. Notre plan débute par une réduction de 12 p. 100, suivie d'une réduction de 26 p. 100 d'ici 2015 et d'une autre de 33 p. 100 d'ici 2020.
Tout comme dans le Projet vert, nous avons exempté de notre cible de réduction des émissions celles qui sont associées à un processus immuable. Cela s'explique du fait que ces émissions sont déterminées par le processus industriel, qu'il soit lié aux relations chimiques, et il n'y a aucun moyen de les réduire sauf en ralentissant la production. En outre, nous avons jugé important de reconnaître les entreprises qui ont pris des mesures qui allaient au-delà de leurs pratiques normales pour réduire leurs émissions. C'est pourquoi nous avons réservé 15 mégatonnes pour les mesures précoces. Certains diront que 15 mégatonnes ce n'est pas assez. À ceux-là, j'aimerais répondre deux choses. Premièrement, c'est 15 mégatonnes de plus que ce qu'on trouvait dans le Projet vert. Deuxièmement, je crois que cela représente un équilibre raisonnable entre la reconnaissance des mesures précoces et l'obtention des réductions dont nous avons besoin pour aller de l'avant.
Certains des engagements financiers des dernières années montrent de façon convaincante que le gouvernement est sur la bonne voie. De 1997 à 2003, le gouvernement a annoncé 3,7 milliards de dollars pour lutter contre les changements climatiques, alors que le budget de 2005 prévoyait 2,46 milliards supplémentaires. Sur ces premiers 3,7 milliards de dollars, les ministères fédéraux n'ont dépensé que 1,35 milliard de dollars de 1997 à 2003.
Le gouvernement actuel a investi plus de 3,3 milliards de dollars pour des initiatives d'assainissement de l'air et de lutte contre les changements climatiques pour l' exercice financier en cours. Je tiens à souligner à l'attention des membres du comité que le nouveau gouvernement du Canada dépensera plus d'argent, si le budget à l'étude et le budget principal des dépenses sont approuvés, pour répondre aux préoccupations des Canadiens au sujet de la pollution atmosphérique et des gaz à effet de serre en 2007-2008 que l'ancien gouvernement dans n'importe lequel de ses budgets.
Le budget de 2007 témoigne en outre de notre engagement envers l'environnement puisqu'il prévoit un investissement de $4,5 milliards pour assainir l'air et l'eau, pour gérer les substances chimiques qui se trouvent déjà dans notre environnement, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour protéger notre environnement naturel. Quand on ajoute à cela les $4,7 milliards et plus d'investissements effectués depuis 2006, cela représente au total plus de $9 milliards pour l'environnement. Sur ce montant de $9 milliards, $7 milliards seront affectés uniquement à la lutte contre le changement climatique, alors que le reste de l'argent servira à financer les autres éléments importants de notre plan, y compris l'eau propre, notre stratégie à l'égard des produits chimiques et des produits toxiques, et d'autres initiatives.
Nous avons déjà fourni $1,5 milliard aux provinces et territoires pour appuyer l'élaboration de technologies d'efficacité énergétique concrètes ainsi que d'autres projets qu'ils ont choisis pour réaliser de véritables réductions des polluants de l'air et des gaz à effet de serre. Certaines provinces ont déjà commencé à agir. Par exemple, avant de quitter le pouvoir en Ontario, nous avions pris des mesures pour fermer la centrale thermique Lakeview, l'une des plus grandes sources de pollution au Canada. Pourquoi? Parce que Lakeview était dépassée et que c'était la bonne chose à faire.
Nous avons également appuyé un accroissement de l'apport du nucléaire au réseau par la remise en état des réacteurs Bruce et Pickering. Ces centrales ont produit environ 15 000 gigawatts d'électricité qui ont été transférés au réseau ontarien en 2006. C'est une nette amélioration par rapport au règne décevant de nos prédécesseurs. Malheureusement, il reste encore du travail à faire, par exemple, en ce qui concerne les centrales alimentées au charbon. Les cinq dernières centrales au charbon en Ontario ont émis environ 29 mégatonnes de gaz à effet de serre en 2005, soit une augmentation comparativement aux 26,5 mégatonnes produits en 2004.
Bien que nous ayons hérité d'une situation qui n'était pas idéale lorsque nous avons été élus, je ne peux pas assumer la responsabilité de l'inaction du gouvernement libéral. Je peux simplement vous dire que nous allons de l'avant. Le nouveau gouvernement du Canada assume ses responsabilités en vertu du protocole de Kyoto, envers la collectivité internationale et, ce qui est le plus important, envers les Canadiens.
Permettez-moi de répéter encore une fois, et j'espère pour la dernière fois, que notre gouvernement appuie toujours le protocole. Nos réserves ne concernent pas le traité. Franchement, nous n'avons pas de réserves non plus l'égard des cibles. Notre seule réserve concerne les échéances. L'ancien gouvernement nous a menés si loin de notre objectif que nous ne pouvons absolument pas y parvenir tant pour respecter notre obligation pour la période d'engagement initiale de 2008 à 2012 — c'est tout, rien de plus. Nous n'avons pas de réserves à l'égard de Kyoto; le problème est que nous ne pouvons malheureusement pas revenir en arrière, monsieur le président.
Pour atteindre notre cible de Kyoto pendant la période de 2008 à 2012, il faudrait que le Canada réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 33 p. 100 par an en moyenne au cours des cinq prochaines années et ce, dès l'an prochain. Pour réduire nos émissions si rapidement, il faudrait que la technologie et l'économie évoluent à un rythme sans précédent. Le meilleur moyen de réaliser des réductions véritables et importantes des gaz à effet de serre est d'adopter une approche équilibrée qui reconnaît l'urgence d'agir tout en respectant notre responsabilité de ne pas priver les familles canadiennes de leurs emplois.
Si vous lisez notre plan vous découvrirez, comme l'a fait le secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, M. Yvo de Boer, qu'il s'agit d'une approche équilibrée pour remplir nos obligations en matière de changement climatique.
Au sujet de notre plan, M. de Boer disait la semaine dernière que
il comprend maintenant que le gouvernement du premier ministre Stephen Harper ne rejette pas la valeur de l'Accord de Kyoto, mais il a plutôt observé que ses objectifs ne pourront pas être atteints dans le délai prévu. La réponse du gouvernement actuel a été de mettre en place un ensemble de politiques ambitieuses dont il entend pousser l'application autant que faire se peut.
Ça ne ressemble pas à une condamnation de notre plan. En fait, si le secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques peut accepter notre raisonnement, le Parlement doit sûrement pouvoir en faire autant.
Le fait est que notre cadre réglementaire donnera au Canada l'un des ensembles de cibles réglementées pour les réductions de gaz à effet de serre et les polluants de l'air les plus rigoureux au monde. Nous sommes le seul pays qui réglemente autant les gaz à effet de serre et les polluants de l'air en même temps. Personne d'autre n'en fait autant que nous. Aucune autre administration n'a présenté simultanément une aussi vaste initiative de réglementation des gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques en même temps.
Nos cibles réglementées sont aussi bonnes, sinon meilleures, que n'importe quelle autre. Pourquoi? Parce que nous avons établi nos cibles de réduction des polluants atmosphériques en nous comparant aux administrations qui ont le meilleur rendement. Pour chaque secteur industriel nous avons cherché dans le monde les normes les plus rigoureuses et nous les avons appliquées à l'industrie canadienne, en apportant les ajustements nécessaires afin de tenir compte des mesures déjà prises dans ce pays.
Par définition, lorsque ces cibles entreront en vigueur, notre plafond des émissions nationales sera parmi les plus exigeants au monde. Ce sera la première fois au Canada que le gouvernement fédéral assumera ce genre de leadership avec un plan visant à réduire à la fois les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques.
Comme je l'ai dit au début de mon allocution, nous nous étions engagés à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 150 mégatonnes d'ici 2020 et nous imposerons des cibles obligatoires à l'industrie afin qu'elle réduise de moitié ses émissions d'ici 2015. On a beaucoup parlé du fait que nos cibles sont des cibles de réduction de l'intensité des émissions de gaz à effet de serre plutôt que des plafonds absolus. Le World Resources Institute l'a exprimé mieux que quiconque lorsqu'il a dit en novembre dernier que « pour ce qui est du rendement environnemental, ce qui compte par-dessus tout c'est que les cibles établies soient raisonnablement exigeantes et qu'elles soient atteintes ». Je vais le répéter :
pour ce qui est du rendement environnemental, ce qui compte par-dessus tout c'est que les cibles établies soient raisonnablement exigeantes et qu'elles soient atteintes.
Le fait est qu'un plafond absolu n'a aucun impact s'il est trop élevé. Une cible de réduction de l'intensité des émissions peut entraîner des réductions absolues à la condition d'être assez rigoureuse. Croyez-moi, nos cibles de réduction de l'intensité sont extrêmement exigeantes, et elles deviendront de plus en plus exigeantes, d'année en année. Comme je l'ai déjà dit, notre première cible est une réduction de 18 p. 100 d'ici 2010, puis elle augmente à 26 p. 100 d'ici 2015, pour atteindre une réduction d'un tiers d'ici 2020.
Ce sont des cibles ambitieuses mais atteignables. En fait, notre plan prouve au monde que le Canada a à coeur de lutter contre les changements climatiques et le leadership dont nous avons fait preuve en établissant certaines des cibles les plus ambitieuses au monde nous donne également la crédibilité nécessaire pour dialoguer avec nos partenaires.
Monsieur le président, j'espère que mes explications au sujet du plan d'action « Prendre le virage » a fait la lumière sur ce que le nouveau gouvernement du Canada entend faire pour lutter contre les changements climatiques, défi auquel notre pays fait face. Je le répète, c'est le grand défi de notre époque et nous, les Canadiens, avons le privilège d'avoir un pays rempli de beautés et de splendeurs naturelles, de l'Atlantique au Pacifique, en passant par l'Arctique. Je crois que nous, les Canadiens, avons la responsabilité spéciale de protéger et de préserver notre environnement naturel et d'aider le monde à lutter contre les changements climatiques. Nous nous le devons et nous le devons aux générations futures.
Je crois savoir que les membres du comité ont des questions à me poser, et je serai heureux d'en discuter avec eux.
Je devrais peut-être demander à chacun de mes collègues de se présenter et d'expliquer quelles sont leurs responsabilités au sein du ministère.
:
Nous lui avons fait part de notre plan et de notre engagement à travailler avec d'autres pays, à l'échelle mondiale. Je lui ai dit que, selon moi, le Canada pourrait jouer un rôle constructif, puisqu'il a récemment décidé de réellement réduire les émissions de gaz à effet de serre; je lui ai aussi dit que nous sommes prêts à travailler avec des pays comme les États-Unis, la Chine et l'Inde afin de les inciter à participer aux démarches internationales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons convenu, je pense, que pour que la prochaine étape soit réussie, pour l'après-Kyoto, il faut que tous les principaux émetteurs du monde participent à une action coordonnée. Je lui ai dit que j'appuie l'idée du G8 plus cinq, le dialogue entrepris à Gleneagles par le premier ministre Blair quand il était président du G8 et dont l'objectif était d'inclure la Chine, l'Inde, le Mexique et l'Afrique du Sud dans l'équation. Je crois qu'il y a également d'autres pays, comme le Brésil.
Il y a également d'autres pays dont on n'a pas parlé, par exemple la Corée du Sud, qui est une économie émergente majeure. Je crois qu'il serait utile de l'inclure dans l'équation. Nous aurons échoué si nous n'entreprenons pas une action coordonnée à laquelle participeront tous les grands émetteurs. Il y a 15 ou 16 pays — selon qu'on considère l'Europe dans son ensemble, puisque l'établissement des politiques s'y fait de façon collective — qui produisent 85 p. 100 des émissions, et il faut en convaincre un grand nombre, sinon la totalité, de se joindre aux initiatives de réduction.
M. de Boer a déclaré publiquement que, selon lui, l'Europe pourrait ne pas atteindre ses objectifs. Je sais que l'Espagne, le Japon et la Pologne ont de la difficulté à atteindre leurs cibles. Je sais que le Japon a de la difficulté. Je sais que la plupart des pays que je viens de nommer n'ont ni cibles, ni responsabilités. Selon moi, Kyoto comporte un défaut : nous n'avons pas inclus ces pays.
Ces problèmes ne seront pas résolus la semaine prochaine au Sommet du G8, ni à Bali cet automne. Il faudra déployer des efforts soutenus afin d'obtenir l'adhésion de plus en plus de pays. Selon moi, c'est absolument vital. Ce qui est bien en Europe, c'est que tous ont donné leur accord. Ainsi, les principaux partenaires commerciaux des pays européens travaillent tous de concert, et si nous pouvons convaincre les Américains de travailler de concert avec nous...
Aux États-Unis, lorsque je m'y rends pour parler du réchauffement climatique, on me demande par quel pourcentage d'émissions nous dépassons les objectifs de Kyoto. Je dis que nous les dépassons de 33 p. 100, et ils disent que chez eux, c'est seulement 18 p. 100. Ainsi, étant donné que nous avons fait du si mauvais travail ces dix dernières années, nous n'avons pas vraiment la crédibilité requise pour tenter d'obtenir leur adhésion.
Voilà les faits. Ce ne sont pas les faits selon John Baird. Si on demande à Christine Stewart, à Sheila Copps ou à David Anderson, tous ministres de l'Environnement libéraux, si on lit les citations du chef adjoint du Parti libéral, Michael Ignatieff, ou d'Eddie Goldenberg, l'adjoint principal de Jean Chrétien, on réalise qu'ils n'ont pas fait le travail.
Dans ce pays, nous nous sommes engagés à finalement prendre des mesures, et nous le faisons. Nous avançons. L'époque des débats, du marchandage, des études et de la tenue de conférences coûteuses est révolue. Les Canadiens souhaitent nous voir commencer à réellement réduire les émissions de gaz à effet de serre, et nous nous sommes engagés à le faire.
Il est facile pour certains — ceux qui ont fait leur temps, ceux qui étaient là et qui n'ont rien fait — de regarder passer la parade et de nous lancer des tomates. Ils ont eu leur chance. Ils ont eu 13 ans. Ils ont échoué. Les Canadiens ont élu une nouvelle équipe qui amorcera des changements en matière d'environnement.