:
Merci, monsieur le président. Je suis ravi d'être ici.
Pour ceux d'entre vous qui ne savent pas qui nous sommes, permettez-moi de vous présenter rapidement mon organisme. Le Conseil canadien des chefs d'entreprise représente 150 PDG des plus grandes entreprises canadiennes. Ceux-ci sont actifs dans tous les secteurs et toutes les régions du pays et sont responsables de la vaste majorité de l'investissement dans les secteurs privés au Canada, des exportations et de la recherche-développement. À ce titre, nos membres seront touchés par les changements climatiques et ils croient clairement qu'ils doivent participer à la recherche d'une solution.
L'industrie croit que le changement climatique est une question grave à laquelle il faut s'attaquer. Dans la mesure où il y a un débat, celui-ci porte sur les moyens et l'échéancier, mais pas sur l'objectif général de réduire les émissions.
Monsieur le président, les faits montrent clairement que l'industrie canadienne a agi. Les grands secteurs industriels sont prêts à en faire encore davantage. Ils ont travaillé et continuent à travailler avec le gouvernements fédéral et provinciaux pour fixer des cibles qui sont raisonnables et atteignables. En effet, l'industrie n'est pas contre la réglementation, comme plusieurs de nos critiques ont tendance à le dire. En fait, la plupart des secteurs clés sont déjà réglementés sur le plan des émissions atmosphériques, par les régimes de permis d'exploitation provinciaux qui se fondent en général sur la meilleure technologie de réduction des émissions.
Prenons un instant pour examiner la question dans le contexte du protocole de Kyoto, puisque le projet de loi obligerait le gouvernement à essayer d'atteindre cette cible. Il reste moins d'un an avant le début de la période d'engagement de Kyoto et les émissions canadiennes continuent de croître. Nous ne sommes pas le seul pays à faire face à ce genre de défis. Les pages 2 et 3 de mon exposé donnent un aperçu des résultats de différents pays pour ce qui est de l'atteinte de leurs objectifs en vertu du protocole de Kyoto.
La page 2 présente les résultats des 15 pays membres de l'Union européenne. Ces pays se sont clairement engagés à en faire davantage, mais ce tableau montre les progrès qu'ils ont réalisés entre 1990 et 2004. Je vous signale que dans le cas de l'Allemagne et du Royaume-Uni, qui ont les résultats les plus impressionnants à ce jour, il y a des problèmes concernant une restructuration en profondeur de l'économie de ces deux pays. En effet, leurs gouvernements ont admis récemment que les émissions ont en fait recommencé à augmenter au cours de la dernière année.
Pour ce qui est d'autres pays qui ont des engagements en vertu du protocole de Kyoto, vous verrez à la page 3 de quelle manière le Canada se compare à certains d'entre eux. Je pense qu'il est intéressant de constater que les cibles varient grandement d'un pays à l'autre à la fois en raison des modalités de partage du fardeau entre les pays de l'Union européenne et aussi parce qu'un certain nombre de pays, dont on peut soutenir qu'ils ont un profil d'émissions très semblable à celui du Canada, ont en fait été autorisés à augmenter leurs émissions par rapport au niveau de 1990 alors que le Canada a comme cible de les réduire de 6 p. 100. Ainsi, le Canada n'est clairement pas le seul à essayer de relever ce défi.
Cela m'amène à l'une des principales difficultés que nous percevons dans le projet de loi . Un véritable plan de lutte contre les changements climatiques doit être plus qu'une simple cible, même si celle-ci semble ambitieuse. En effet, le débat auquel nous avons assisté au cours des dernières semaines me fait craindre que nous consacrions beaucoup plus de temps à discuter de la prochaine cible ambitieuse et vraiment pas assez de temps à discuter de ce que nous voulons vraiment faire pour commencer à freiner la croissance des émissions de GES.
À cet égard, les différents plans qui ont été proposés à ce jour étaient fondés davantage sur des chimères que sur une bonne analyse des politiques efficaces à long terme. En fait, c'est ce que soulignait la commissaire à l'environnement et au développement durable dans son récent rapport. Les plans du précédent gouvernement n'auraient probablement été réalisables qu'à la condition d'acheter de grandes quantités de crédits étrangers à un coût qui aurait pu atteindre de 4 à 6 milliards de dollars par année.
Je pense que les chiffres à la page 4 de mon exposé illustrent très bien le défi auquel nous faisons face. Ce tableau présente les efforts successifs du gouvernement fédéral pour évaluer l'écart entre la cible du Canada en vertu du protocole de Kyoto, qui est bien sûr une réduction de 6 p. 100 par rapport à 1990, et les émissions prévues pour l'année 2010, soit au milieu de la période d'engagement. En 1990, peu après la négociation du protocole, une première estimation du gouvernement fédéral indiquait un écart de 140 millions de tonnes de gaz à effet de serre. L'estimation la plus récente, présentée dans le Projet vert de 2005 et confirmée dans les Perspectives énergétiques du Canada, que vient de publier RNCan, prévoit un écart de 265 à 270 millions de tonnes, soit presque le double.
Bien sûr, dans l'intervalle, notre économie et notre société se sont développées et notre consommation d'énergie a évolué, mais j'espère aussi que nous comprenons mieux ce qu'il faudra faire pour essayer de combler cet écart. Il est intéressant de constater cette croissance, qui s'est accompagnée d'une croissance de nos émissions.
Je pense que le problème est en grande partie attribuable à la tendance que nous avons à traiter le changement climatique sans tenir compte de la réalité sociale et économique; c'est-à-dire que nous ne tenons pas compte de la réalité fondamentale entre les émissions de gaz à effet de serre et la manière de produire et de consommer l'énergie, ici au Canada et dans le monde.
Cet argument se trouve illustré dans une certaine mesure au tableau qui se trouve à la page 5 de mon exposé, qui présente notre consommation d'énergie de 1990 à 2004, dernière année pour laquelle nous avons des données. Comme vous le voyez, il est évident que notre population a augmenté pendant cette période tout comme notre consommation d'énergie par habitant. Il est intéressant de noter aussi, bien sûr, que notre économie a connu une forte croissance depuis 1990. En fait, nous avons assez bien réussi à réduire l'intensité énergétique dégagée par notre économie, mais nous n'avons pas eu autant de succès à réduire nos émissions par habitant.
Il est important de savoir que nous sommes nombreux dans le secteur industriel à reconnaître, comme je le disais tout à l'heure, qu'il y aura une réglementation et que c'est tout à fait normal. En effet, à mon avis, l'industrie sera réglementée plus rapidement que ne le laissent entendre plus plupart des critiques et lorsque la réglementation sera en place, il y aura un très haut niveau de conformité.
Mais je pense que la question pour nous tous est de savoir où viendra le reste des réductions des émissions de GES canadiennes. Les gouvernements prêchent la conservation de l'énergie depuis de nombreuses années, avec un succès mitigé. Le défi est de trouver le moyen d'influencer de manière positive les décisions que prennent des millions de Canadiens tous les jours en matière de consommation d'énergie.
Le tableau 6 donne un aperçu très partiel de certains des défis auxquels nous faisons face dans notre lutte contre les émissions de GES en raison de la croissance de la population et de la consommation d'énergie des ménages, qui dépasse largement les améliorations en matière d'efficacité énergétique apportées aux électroménagers consommés par ces mêmes ménages.
Il est clair qu'il y a également des défis à relever dans le secteur des transports. La durée moyenne du trajet entre la maison et le travail est plus élevée qu'en 1992 alors que la proportion de Canadiens qui utilisent le transport en commun est restée assez stable au fil des années, malgré diverses politiques gouvernementales visant à modifier ce comportement. Bien sûr, il y a eu une énorme croissance dans le secteur du transport aérien.
C'est la réalité. Même si nous réussissions dès aujourd'hui à élaborer une politique efficace en matière de consommation, il est évident qu'il faudra attendre longtemps pour en constater l'impact et pour qu'elle commence à infléchir la tendance actuelle—certains diront même que cela pourrait prendre beaucoup plus de temps que la période d'engagement du protocole de Kyoto.
Pour ce qui est de l'industrie canadienne, la question est de savoir si nous voulons imposer des modifications marginales progressives, qui coûteront très cher par rapport à la réduction des émissions, ou si nous voulons adopter une politique à plus long terme qui intégrerait mieux les politiques climatiques aux investissements dans la technologie et aux réalités du cycle du capital des secteurs industriels grands consommateurs d'énergie.
J'aimerais terminer mon exposé par un tableau que j'ai emprunté à Jay Myers des Manufacturiers et exportateurs du Canada, qui a utilisé la même, je pense, lors de son exposé la semaine dernière. Il vous a donné beaucoup plus d'explications sur ce que le secteur manufacturier a réussi à faire au cours des dernières années.
Je pense que l'importance de ce graphique est qu'il montre très clairement que les réductions d'énergie se produisent lorsque l'industrie investit dans de nouvelles technologies. Il est absolument essentiel de commencer à réfléchir à cette question.
La planification et les décisions en matière d'investissement dans d'importantes modifications technologiques prennent beaucoup de temps. Il nous faut un cadre financier et réglementaire qui encourage l'investissement et l'adoption de nouvelles technologies qui permettront d'améliorer le rendement environnemental et économique.
En conclusion, j'aimerais vous dire rapidement comment nous pourrions aller de l'avant efficacement. Ce n'est pas une liste exhaustive, loin de là, mais il me semble que ce sont des questions clés.
Il est clair que nous avons besoin de mesures concrètes dans tous les segments de la société. Fondamentalement, nous devons expliquer et favoriser les transformations à long terme qui sont nécessaires. Il nous faut un dialogue honnête avec les Canadiens sur les politiques qui sont efficaces et sur les mesures à prendre pour renforcer les choix intelligents en matière de consommation.
Il nous faut une véritable coopération et coordination avec les provinces qui détiennent les véritables pouvoirs en matière d'énergie, de ressources naturelles, de planification urbaine et de collectivités. En effet, la plupart des centrales électriques du Canada leur appartiennent. La coordination provinciale est essentielle puisque les provinces réglementent déjà les émissions atmosphériques, et dans certains cas les émissions de gaz à effet de serre, au moyen de leur régime d'octroi de permis.
Il y a trois éléments essentiels pour améliorer le cadre de réglementation des émissions industrielles. Il nous faut des politiques qui encouragent les mesures efficientes et d'un bon rendement énergétique; il faut investir dans les énergies renouvelables et d'autres sources d'énergie à faible teneur en carbone; il faut également une stratégie pour stimuler la recherche, le développement et l'adoption de technologies de pointe comme les biocarburants, le charbon épuré ainsi que le captage et le stockage du carbone. Ces éléments sont essentiels pour le Canada, étant donné la composition de notre approvisionnement énergétique, et elles peuvent être utilisées ailleurs dans le monde où la demande d'énergie connaît une croissance encore plus rapide qu'ici au Canada.
Nous nous réjouissons de la stratégie Avantage Canada que le gouvernement a annoncée la semaine dernière et qui reconnaît que les entreprises canadiennes ont un des taux marginal d'imposition sur les nouveaux investissements les plus élevés parmi nos compétiteurs. Nous pensons qu'il est essentiel d'avoir un régime d'investissement qui permet aux entreprises de renouveler leur capital de façon opportune, qui permet d'investir dans de nouvelles technologies, qui présente des avantages sur le plan de l'environnement et de la productivité et qui permet le développement d'entreprises de pointe pouvant faire face à la concurrence internationale à partir d'une base canadienne.
Enfin, monsieur le président, nous devons consacrer beaucoup d'attention à la question de l'adaptation, car il semble que les émissions globales de gaz à effet de serre augmentent rapidement et, même avec des politiques très énergiques, il faudra un certain nombre d'années avant de pouvoir freiner cette croissance, sans parler d'atteindre les cibles de réductions à l'échelle planétaire. Le Canada est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, mais peut faire d'importantes contributions à la gestion de l'adaptation.
Merci aux membres du comité. Je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureuse de vous présenter l'opinion de la Chambre de commerce du Canada au sujet du projet de loi C-288.
[Français]
La Chambre de commerce du Canada compte parmi ses 170 000 membres des chambres de commerce locales, de même que des PME et des sociétés de grande envergure qui représentent tous les secteurs de l'économie canadienne dans toutes les régions du pays.
[Traduction]
J'imagine qu'il y a des chambres de commerce dans la plupart de vos circonscriptions et que vous savez déjà ce que nous faisons. Au nom de nos membres, nous sommes très heureux de présenter quelques commentaires. Je crois que vous avez notre mémoire; je voudrais simplement en souligner les éléments importants.
Tout d'abord, la Chambre de commerce du Canada reconnaît que les changements climatiques sont un problème mondial sérieux et complexe qui nécessite des stratégies et des mesures efficaces à court, moyen et long terme. Cependant, à un peu plus d'un an du début de la première période de conformité, nous sommes préoccupés par les délais et les niveaux de réduction que le protocole impose au Canada, ainsi que par les méthodes de sa mise en oeuvre.
Nous croyons en outre que l'obsession à l'égard des objectifs a été contre-productive pour l'élaboration d'une contribution canadienne pratique et efficace aux efforts mondiaux sur les changements climatiques. La communauté internationale est engagée dans divers processus pour déterminer le cadre futur de la coopération internationale en vue d'une action visant à faire face aux problèmes des gaz à effet de serre. Ceci est une occasion pour le Canada et les autres pays de recentrer la question des changements climatiques intérieurs et internationaux en passant d'un débat sur les objectifs nationaux à une discussion des mesures permettant d'améliorer l'efficacité et d'élaborer des solutions technologiques nécessaires à la maîtrise des émissions de GES à long terme.
Bon nombre des membres de la Chambre de commerce du Canada ont déjà pris des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous nous engageons à faire d'autres efforts et avons encouragé nos membres à participer à des programmes volontaires comme le programme d'économie d'énergie dans l'industrie canadienne et à accroître leur engagement dans ces programmes. Ces efforts donnent des résultats. Par exemple, tandis que les émissions du Canada ont crû de presque 20 p. 100 entre 1990 et 2000, les émissions industrielles n'ont crû que de 1 p. 100 et beaucoup de secteurs ont réalisé des réductions importantes.
[Français]
La Chambre de commerce du Canada reconnaît que la question des changements climatiques en est une d'importance et de grande portée qui exige des actions à court, moyen et long terme. De nombreuses sociétés membres ont déjà entrepris plusieurs initiatives en vue de réduire les gaz à effet de serre et continuent à mettre en marche des projets de leur propre essor. Nous continuons d'encourager nos membres à poursuivre leurs importants travaux de développement de nouvelles technologies.
[Traduction]
Et les nouvelles technologies sont essentielles pour obtenir les réductions d'émissions à grande échelle qui sont nécessaires à long terme.
Les entreprises canadiennes sont en train de mettre au point de nouvelles technologies et sources de combustibles, mais beaucoup de ces initiatives n'en sont qu'à l'étape de projet pilote qui devront être transformées en projet et programme à part entière s'ils ont du succès. Il y a par exemple la récupération et l'utilisation du gaz des puits de pétrole qui serait autrement brûlé sur place et une amélioration des systèmes de gestion des déchets animaux dans les parcs d'engraissement.
Malheureusement, même si la mise au point de certaines de ces techniques est déjà entamée, dans la plupart des cas, il n'y aura pas de mise en oeuvre à grande échelle avant l'échéance de 2012 du protocole de Kyoto. Il faut penser à plus long terme pour la mise au point et la commercialisation de ces technologies.
Il y a autre chose, monsieur le président: les difficultés de l'adaptation aux effets des changements climatiques ont été largement laissées de côté dans le débat de politique jusqu'à présent. Il est clair que peu importe les mesures prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, aucune ne suffira à arrêter complètement les effets des changements climatiques. On ne pourra que les ralentir. Les Canadiens devront à mon avis prévoir les effets possibles des changements climatiques sur notre environnement et nos ressources naturelles et prendre les précautions ou les mesures de changement de style de vie nécessaires pour y faire face. Les entreprises et les collectivités devront prendre des décisions sur la façon de se préparer aux changements potentiels dans l'environnement, mais il y a des recherches utiles sur l'adaptation qui sont effectuées au ministère des Ressources naturelles et elles seront essentielles pour la planification que feront les entreprises et les collectivités en vue des changements climatiques.
Les gouvernements du Canada ont fait peu depuis 1997 pour faciliter la mise en place de programmes d'amélioration de l'efficacité énergétique efficaces à grande échelle. Bien que beaucoup d'entreprises aient réduit substantiellement leur utilisation d'énergie par unité de production, soit leur intensité énergétique, la croissance de l'économie a haussé les émissions totales, comme prévu. On doutait sérieusement de la possibilité d'atteindre les objectifs de Kyoto pour le Canada, quand ils ont été annoncés, et plus de huit ans après, à mon avis, ils sont virtuellement irréalisables.
Quel que soit le mécanisme utilisé, l'industrie dans son ensemble convient qu'il doit y avoir une revue complète et générale de la réglementation sur les GES avant que l'instrument législatif ne soit choisi. De plus, comme les provinces et les territoires non seulement critiquent l'application de toute approche au changement climatique mais ont également des responsabilités en matière de compétence et des priorités en matière de politique, il est essentiel qu'elles soient pleinement consultées et participent pleinement au processus. En outre, les immobilisations et le cycle de vie du capital sont essentiels pour la réduction de l'intensité des émissions, particulièrement dans le secteur manufacturier; ce sont des considérations essentielles à toute planification.
En terminant, nous croyons que le Canada doit mettre au point un plan réaliste de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour qu'il soit efficace et pratique, il doit être axé sur des changements technologiques à long terme qui permettront d'atteindre les améliorations environnementales souhaitées, conjuguées à une croissance économique durable. De plus, il faut y faire participer tous les Canadiens, non seulement les entreprises qui causent créent des émissions, mais aussi les consommateurs.
La Chambre de commerce du Canada vous demande par conséquent de voter contre ce projet de loi et d'envisager d'autres méthodes pour en arriver à un plan réaliste auquel tous les Canadiens pourront participer.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Merci, et je répondrai volontiers à vos questions plus tard ce matin.
:
Merci, monsieur le président.
Ce n'est pas la première fois que j'ai l'honneur de m'adresser au comité, mais j'en profite tout de même pour me présenter. Je suis le directeur du programme des changements climatiques à l'Institut Pembina, l'une des plus importantes ONG environnementales au Canada. L'Institut Pembina est un organisme strictement non partisan et sans but lucratif qui se penche sur des solutions énergétiques durables. Nous travaillons avec tous les leaders du monde politique et du monde des affaires qui veulent prendre des mesures significatives au sujet des changements climatiques. Nous ne craignons pas de critiquer qui que ce soit quand nous voyons un manque de leadership ou que des responsabilités ne sont pas assumées.
Depuis sept ans, je me consacre à temps plein à la façon dont le Canada réagit en matière de changement climatique et je crois avoir participé à toutes les discussions de politique nationales et fédérales clés pendant cette période. J'ai publié de nombreux rapports d'analyse et des articles d'opinion sur la politique canadienne en matière de changement climatique et j'en ai aussi souvent traité dans les médias.
[Français]
Je vais poursuivre cette présentation en anglais, mais je me ferai un plaisir, bien sûr, de répondre aux questions en français par la suite.
[Traduction]
Il existe d'abondantes preuves que le changement climatique est l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur le monde, sinon la plus grande. À titre d'exemple, Tony Blair a dit que le changement climatique était « un défi dont les impacts sont si vastes et dont le pouvoir de destruction si irréversible qu'il modifie radicalement l'existence humaine ».
C'est une question qui dépasse largement l'environnement. Elle touche des milliards de personnes et ses coûts économiques pourraient être catastrophiques. Pour relever adéquatement ce défi, il faudra que ceux qui se trouvent dans des postes de responsabilités fassent preuve d'un leadership et d'un engagement extraordinaire.
L'Institut Pembina appuie fermement le projet de loi et j'aimerais présenter trois arguments pour justifier cette position. Premièrement, il est urgent de mettre en oeuvre des politiques pour commencer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et Kyoto est un élément important pour y parvenir. Deuxièmement, l'atteinte par le Canada de son objectif de Kyoto est une obligation juridique qui ne peut pas être traitée comme quelque chose de facultatif. Troisièmement, le Canada est certainement capable d'atteindre son objectif de Kyoto à un coût raisonnable à la condition que le gouvernement agisse rapidement et qu'il reconnaisse l'utilité des mécanismes internationaux prévus dans le protocole.
Premièrement, donc, l'urgence. Les chefs de file du milieu de la climatologie ont déjà expliqué très clairement aux membres de ce comité qu'il est urgent de réduire les gaz à effet de serre. Ils vous ont expliqué qu'en raison de l'échelle de temps du régime climatique, il faut agir maintenant pour empêcher des impacts futurs. Mark Jaccard, l'un des plus éminents experts canadiens en matière de politique climatique, vous a dit qu'il fallait mettre en oeuvre immédiatement des politiques vigoureuses précisément parce que le stock d'immobilisations ayant une longue durée de vie est continuellement renouvelé et que nous devons commencer à le remplacer par des choix produisant moins de gaz à effet de serre.
Cela m'amène à mon argument. Pour commencer à jouer un rôle responsable, pour empêcher le changement climatique, le Canada a besoin d'un objectif à court terme ambitieux et juridiquement contraignant pour réduire ses émissions totales de gaz à effet de serre; les gouvernements doivent se sentent obligés d'agir immédiatement en adoptant des politiques vigoureuses. C'est pourquoi Kyoto est si important. Ce n'est pas parce qu'il est parfait ou qu'il est plus qu'un pas dans la bonne direction, ni parce que son objectif est nécessairement le bon, mais parce que si le Canada abandonne cet objectif, il n'y aura plus de pressions. Même si l'on remplaçait l'objectif de Kyoto par un autre objectif à court terme, ce serait un objectif volontaire au niveau international, car les autres pays ne permettront pas au Canada de rouvrir les négociations et nous savons que les mesures volontaires ne fonctionnent pas.
Je passe maintenant à mon deuxième argument. Depuis près de deux ans maintenant Kyoto fait partie du droit international. Le projet de loi engage le gouvernement du Canada à faire deux choses: premièrement, respecter son objectif de Kyoto en matière d'émissions en adoptant une réglementation ou toute autre mesure qu'il choisit; et deuxièmement, faire preuve de transparence au sujet des méthodes qu'il entend employer.
Je ne crois pas que l'opposition à ce projet de loi concerne les dispositions de transparence. S'y opposer parce qu'on croit que le Canada ne peut pas ou ne devrait pas atteindre son objectif revient à dire que le Canada ne peut pas ou ne devrait pas obéir au droit international. Je pense que nous devons le dire très clairement, car les Canadiens tiennent à ce que le Canada soit un bon citoyen international, qu'il tienne ses promesses et remplisse ses obligations.
Nous devons également savoir que les autres pays signataires du Protocole de Kyoto ont le droit d'intenter des poursuites contre le Canada en vertu du protocole.
Comme notre objectif de Kyoto est une obligation juridique, je crois que le moment de débattre de cet objectif comme d'une option « à prendre ou à laisser » est passé depuis longtemps. Le Canada a tenu ce débat en 2002. C'est un débat très vigoureux et le gouvernement de l'époque a décidé de ratifier le traité. Je crois savoir que le gouvernement actuel a décidé de ne pas se retirer du protocole et nous devons donc maintenant concentrer nos efforts sur le respect de nos obligations juridiques, et non pas les remettre en question.
À mon avis, il est inacceptable et même inutile de remettre en question ces obligations — et c'est mon troisième argument — parce que l'objectif du Canada est atteignable. Pour réussir, il faudra que le gouvernement agisse aussi rapidement que possible pour mettre en oeuvre un ensemble complet de règlements et d'incitatifs financiers pour promouvoir l'efficacité énergétique et l'utilisation d'énergies propres. Et comme on vous l'a déjà dit, cela nous permettra d'atteindre seulement une partie de l'objectif dans le peu de temps qu'il nous reste.
Le Canada devra également se prévaloir de l'option lui permettant de financer des projets efficients de réduction des émissions dans les pays plus pauvres. Il faut cesser de traiter cette option comme un gaspillage ou comme quelque chose de honteux. Nous devons contester cette hypothèse selon laquelle, et je cite: « Envoyer des milliards de dollars à l'étranger est nécessairement une mauvaise chose ». Le Canada envoie constamment des milliards de dollars à l'étranger en échange de biens ou de services. Pourquoi pas pour des avantages environnementaux?
Les crédits des pays en voie de développement proviennent de projets de réduction des émissions qui ont été soumis à un processus rigoureux et transparent pour montrer que les réductions sont réelles. Il faut bien comprendre qu'une réduction des émissions de gaz à effet de serre en Inde, au Kenya ou en Chine procure exactement les mêmes avantages pour ce qui est d'empêcher les changements climatiques au Canada qu'une réductions effectuée ici et que cela crée des occasions pour les fournisseurs de technologie canadiens.
Richard Paton se trompait carrément lorsqu'il vous a dit que l'achat du crédit n'aidera ni notre économie ni notre environnement.
Jayson Myers prétend que le coût total des crédits nécessaires pour atteindre l'objectif du Canada s'élèverait à 20 milliards de dollars, mais il utilise un prix de 20 $ la tonne qui est considérablement plus élevé que les prix actuels.
John Drexhage estime ce coût à un peu plus de 10 milliards de dollars, ce qui est plus crédible, même si je pense qu'il sous-estime probablement les réductions qui pourraient être effectuées au Canada si nous agissions avec suffisamment d'effort et d'urgence.
Il faut voir ces fonds comme une forme d'aide publique au développement spécialement ciblé. Les sommes sont modestes lorsqu'on les considère sous cet angle. Prenons l'estimation de John Drexhage, soit 10 millions de dollars. D'ici 2012, cela représente 1,7 milliard de dollars par année. En 2005, le Canada a dépensé 4,5 millions de dollars en aide publique au développement. Si nous respections la norme internationale de 0.7 p. 100 du PIB, le Canada aurait dépensé 9,6 millions de dollars par année.
Voici une autre comparaison. En 2005-2006, le gouvernement fédéral a reçu 33 milliards de dollars de la TPS. Cela veut dire qu'une réduction de 1 p. 100 de la TPS représente environ 5 milliards de dollars par année, trois fois plus que le montant estimé des crédits de Kyoto. Les parlementaires voudront peut-être comparer l'importance relative d'une réduction de 1 p. 100 de la TPS et le respect de nos promesses internationales, en fournissant une aide ciblée et très nécessaire aux pays les plus pauvres et en contribuant ainsi à réduire considérablement les émissions qui causent l'une des menaces les plus graves qui pèsent sur le monde.
Voici autre chose à prendre en considération. L'obligation financière à laquelle le Canada fait face en raison de la forte croissance de nos émissions de gaz à effet de serre ne doit pas être entièrement assumée par le gouvernement, mais partagée, lorsque c'est raisonnablement possible de le faire, entre ceux dont les émissions ont augmenté. Par exemple, entre 1990 et 2004, le tiers de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre provenait du secteur pétrolier et gazier. Les chiffres citées par Nancy Hughes Anthony ne doivent pas inclure le pétrole, le gaz ni l'électricité. Si des objectifs réglementaires étaient imposés aux émetteurs industriels d'ici 2008, début de la période d'application de Kyoto, ces émetteurs pourraient assumer une partie des coûts d'acquisition de crédits. Et ces coûts seraient peu de chose comparativement à leurs marges bénéficiaires. Les producteurs de sables bitumineux les plus efficients pourraient réduire leurs émissions nettes à zéro pour moins d'un dollar le baril de pétrole en achetant des crédits à 12 $ la tonne, soit le prix moyen actuel.
Dans l'ensemble, nous devons considérer l'échange des droits d'émission comme un moyen pour une entreprise ou un gouvernement d'assumer la responsabilité de réduire les émissions d'une manière efficace par rapport au coût en attendant le meilleur moment de mettre en place une nouvelle technologie, ce qui pourrait demander quelques années.
En terminant, j'aimerais vous rappeler le message de Kofi Annan à la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui a eu lieu à Nairobi il y a deux semaines. Il disait:
Alors que le protocole de Kyoto a constitué un incroyable pas en avant, ce pas est tout à fait insuffisant. Et alors que nous essayons d'aller plus loin, on observe un manque effrayant de leadership.
En d'autres mots, monsieur le président, atteindre notre objectif de Kyoto est la moindre des choses et le Canada doit maintenir le cap.
Merci.
Je vous remercie de m'accueillir ici et je suis heureuse de vous résumer les derniers résultats des négociations climatiques de Nairobi.
Je dirige le projet Sage Climate, une initiative du Sage Centre. Sage est une oeuvre de bienfaisance engagé dans des projets de conservation, d'éducation, de développement du leadership, de renforcement des capacités et de développement durable social.
Je travaille dans le domaine des changements climatiques depuis 1990 et j'ai assisté à ma première négociation internationale sur les changements climatiques en 1991, en prévision du Sommet de Rio l'année suivante, où a été adopté la Convention de l'ONU sur les changements climatiques. La convention de 1992 a mis en place une structure de fonctionnement à laquelle se sont greffées d'autres structures avec l'adoption du Protocole de Kyoto en 1997.
Cela peut être assez mêlant et c'est pourquoi j'ai essayé de vous fournir des tableaux visuels pour vous aider à comprendre la structure. La première présente la structure opérationnelle actuelle au sein du système des Nations Unies. Je vais vous l'expliquer très rapidement.
Au centre, il y a la convention et le protocole, et les réunions annuelles des ministres. C'est ce qu'on entend par la « conférence des parties » et « réunion des parties ». Chacune de ces entités reçoit l'aide d'« organes subsidiaires »; l'un s'occupe de la mise en oeuvre et l'autre de conseils scientifiques et techniques. Ces organes appuient à la fois le protocole et la convention et se réunissent chaque année à Bonn, en mai, pour préparer ces rencontres.
Nous avons également créé de nouvelles structures très importantes à Montréal. Le plan d'action de Montréal prévoit la création du groupe de travail spécial sur l'article 3.9, qui examine les obligations futures des pays développés et qui engagent le dialogue en vertu de la convention pour permettre aux pays non signataires de Kyoto et aux pays en voie de développement d'explorer des options pour la période suivant 2012.
Je voulais m'assurer aussi que vous sachiez qu'à Nairobi, nous avons également entamé un processus d'examen de l'article 9, qui concerne le fonctionnement global du Protocole de Kyoto. J'y reviendrai dans un instant.
Cela vous donne un petit aperçu de la structure et de l'interaction de toutes les composantes.
La convention a été ratifiée par 189 pays, et 168 ont ratifié le protocole.
Il est important de souligner que la Chine, l'Inde et le Brésil ont également des obligations en vertu de l'article 10 du protocole. Ce n'est pas peut-être, un jour, s'ils y pensent. Les pays en voie de développement sont également tenus de préparer des plans d'action pour réduire leurs émissions et de faire rapport de leurs efforts.
En fait, certains pays en voie de développement ont fait des progrès et réduisent leurs émissions comme on l'a déjà mentionné. Lors de la Conférence de Nairobi, certains de ces pays ont dit très clairement qu'ils contrôlaient leurs émissions de gaz à effet de serre. La Chine a déclaré qu'elle se fixait comme objectif une réduction, par rapport au niveau de 2005, de 20 p. 100 par unité de consommation d'énergie du PIB d'ici 2010.
Dans son rapport, Nicholas Stern félicite la Chine pour s'être fixée un objectif aussi ambitieux. C'est en fait beaucoup plus que ce que le Canada a fait.
Longuement négocié, le Protocole de Kyoto a établi des assises non seulement pour les engagements futurs des pays développés, mais aussi pour les mécanismes de flexibilité, comme les échanges d'émissions et de crédit, qui seront importants pour toute entente ultérieure qui élargira la participation.
Je pense qu'il est essentiel que le comité comprenne ceci. Cette fondation servira d'assise pour négocier la prochaine étape après 2012, même si nous ne savons pas précisément comment tous les éléments s'agenceront dans la nouvelle entente.
Les autres entités, comme le dialogue du G8 plus cinq et l'Asie-Pacifique 6, ainsi que toute une brochette de partenariats via la Banque mondiale, l'OCDE et l'Agence internationale de l'énergie, sont des véhicules importants pour la mise en oeuvre et la recherche d'un consensus, mais ce n'est pas là que se dérouleront les négociations. À notre avis, celles-ci se dérouleront dans le cadre de l'ONU.
Comme dans toute négociation, et comme se fut très certainement le cas à Nairobi, un certain nombre d'éléments en jeu seront déterminants pour trouver un terrain d'entente sur la voie à suivre après 2012.
Voici le deuxième diagramme que j'ai inclus dans les documents qui vous ont été remis. Il est très important, car si vous le conservez et si vous le suivez au cours des prochaines années, vous pourrez comprendre comment tout cela s'agence.
J'aimerais vous expliquer rapidement les éléments en jeu et leur importance. Lorsque j'ai imprimé ce tableau, j'ai effacé les lignes, mais il y a en fait un lien entre les cases qui constituent en fait les pièces mobiles d'une unité en vertu de la convention et du protocole.
Permettez-moi de vous expliquer les éléments qui sont en jeu ici. Aux termes de la Convention, il y a, comme je l'ai dit, le dialogue. Il s'agit simplement d'ateliers. Aucun décision n'est prise à ces ateliers, mais il y a deux discussions importantes qui se déroulent actuellement, aux termes de la Convention, avec les pays en développement, l'une qui porte sur la façon de réduire les émissions liées à la déforestation et l'autre sur les moyens d'améliorer notre capacité en ce qui concerne les transferts technologiques. Ces discussions sont d'une importance capitale. Il est crucial que nous en arrivions à une entente dans ces domaines si nous voulons engager les pays en voie de développement. Nous en convenons tous.
C'est toutefois au niveau du Protocole que l'on se trouve dans le feu de l'action. C'est là où tout se passe en réalité et où tout va continuer à se passer. Le Canada doit donc suivre cela de près et suivre notamment ce que fait le Groupe de travail spécial, dont j'ai parlé tout à l'heure. À Nairobi, nous nous sommes entendus sur un plan d'activité pour 2007 et les années suivantes. Nous nous sommes entendus, aux termes de l'article IX, qui prévoit l'examen du Protocole, pour établir à Bali l'an prochain le cadre du deuxième examen qui se fera en 2008.
En ce qui concerne le Fonds d'adaptation, nous nous sommes entendus sur les principes qui en régiront le fonctionnement et la gestion. Il s'agit d'un fonds très important qui est financé à même les droits imposés en vertu du mécanisme de développement propre, qui prendrait de l'ampleur puisque beaucoup de pays s'entendent maintenant pour qu'il y ait des droits liés à tous les mécanismes de flexibilité.
Puis, il y a la proposition de la Russie visant la mise en place d'un processus pour faciliter la prise d'engagements volontaires en vue de rejoindre l'annexe B en l'occurrence. Mais il pourrait s'agir plus tard d'autres annexes. Tous ces éléments sont en jeu, ils continuent à évoluer et ils formeront avec le temps les éléments d'une entente.
Pour ce qui est de ce qui s'est produit à Nairobi, je vais me concentrer sur les cibles, les échéances et l'argent. Voilà en fait les composantes qui, en bout de ligne, vont constituer notre entente. Comme je l'ai dit, ce sont les deux fonds pour l'adaptation et pour la technologie qui font intervenir l'argent. À Nairobi, il était clair que les représentants canadiens avaient reçu l'ordre de ne prendre aucun engagement financier; c'était aussi le cas de bien d'autres pays. Nous ne pouvons pas discuter d'argent maintenant. Nous n'avons pas pu le faire non plus à Nairobi. Il faudra attendre que nous soyons plus près de conclure une entente. L'argent sera sur la table, et ce sera un facteur. À cet égard, le Canada n'était essentiellement pas encore prêt à s'exposer, et cela se comprend.
En ce qui concerne les cibles, le Canada, comme d'autres pays, avait décidé qu'il ne serait pas question à cette rencontre de cibles pour les pays industrialisés. Il était clair que ce qu'on voulait faire avancer, c'était la discussion sur les cibles pour les pays en développement. Nous n'avons donc pas pu obtenir que le Groupe de travail spécial soit appelé à terminer ses travaux pour une certaine date, ce qui aurait constitué un signal important pour les pays en développement. Nous avons toutefois réussi à obtenir le consensus sur l'idée de l'examen du Protocole dans son ensemble en 2008, et ça, c'est très important.
En ce qui concerne les pays en développement, je voudrais simplement signaler qu'un certain nombre de gestes qui sont en train d'être posés et que nous voudrons, si nous sommes habiles négociateurs, reconnaître dans le contexte de ces discussions, notamment les gestes posés par des pays comme la Chine, qui a indiqué très clairement à des rencontres de haut niveau toute l'importance qu'elle accorde aux cibles et qui a précisé dans quel domaine ces cibles pourraient s'appliquer, à l'énergie renouvelable, par exemple, ainsi qu'à la réduction de l'intention des émissions par unité de PIB. Des cibles comme celles-là sont bel et bien en jeu. Le Brésil multiplie les propositions visant à réduire les émissions liées à la déforestation. Il nous faut être ouverts à de tels gestes et montrer que nous les appuyons.
Quant aux échéances, la question la plus importante d'après nous, c'est celle qu'a soulevée Matthew, à savoir que l'on ne semble pas du tout prendre au sérieux l'urgence d'agir. J'espère que vous avez tous lu attentivement au moins le sommaire du rapport Stern, et qui indique clairement que, si nous voulons éviter les changements climatiques dangereux, il faut à tout le moins que les émissions mondiales se stabilisent dans les dix années à venir. C'est sérieux.
Nous avons besoin d'un mandat de négocier, et il faudra que ce mandat soit fixé à la rencontre de l'an prochain à Bali. Il doit s'agir d'un mandat de deux ans qui permette aux parties de s'entendre au plus tard en 2008-2009 sur un nouvel instrument pour l'après-2012, afin que la ratification puisse se faire conformément à l'objectif que nous avons fixé à Montréal, lequel porte le nom de notre pays, en ce sens qu'il s'agit, non pas d'un plan d'action mondiale, mais du plan d'action de Montréal. Nous avions alors promis au monde entier qu'il n'y aurait aucune interruption dans nos engagements. Nous devons nous assurer de tout mettre en oeuvre pour que cette promesse soit respectée.
Enfin, je voudrais simplement vous dire quelques mots au sujet du changement qui s'est produit aux États-Unis à la suite des élections au Congrès. Nous voyons d'un très bon oeil ce changement de l'échiquier politique. Nous ne savons toutefois pas encore quelles en seront les conséquences. Ce que je voudrais que vous en reteniez, c'est simplement que l'objectif est de négocier un instrument qui soit flexible, qui permette aux pays de se joindre au régime quand ils seront prêts à le faire, au lieu d'attendre que le gouvernement américain puisse s'engager officiellement dans les négociations, ce qui conduirait à une interruption des engagements.
Enfin, je voudrais vous dire un mot sur le Canada. Je voudrais que le comité soit bien conscient du fait que, nonobstant toute la controverse entourant la position et la performance du Canada à Nairobi, notre pays est le seul à avoir renoncé à l'atteinte de son objectif. Toutes les parties, quelles soient encore loin d'atteindre le leur ou près de l'atteindre ou quelles l'aient déjà atteint et dépassé, indiquent qu'elles ont la ferme intention de mettre de nouvelles mesures sur la table afin de respecter leur objectif. Il est donc important que le comité et que les Canadiens sachent que le Canada est la seule partie à avoir pris cette position.
Je crois qu'il s'est également produit un changement important à Nairobi dans la façon dont le Canada est perçu. Vous devriez être très préoccupés par le fait qu'on ne fait plus confiance au Canada dans les négociations. Les autres parties ne savent plus très bien ce que nous disons ni quel sens il faut donner à nos interventions. C'est là quelque chose d'important.
En conclusion, je dirais que, pour que le Canada se prépare convenablement à l'après 2012, il est important que votre comité cherche à amener le gouvernement à s'engager à faire appel à un organe comme l'Académie des sciences pour faire une évaluation comme celle qui a été faite par Stern sur le coût potentiel des conséquences du changement climatique afin que nous puissions ensuite faire le lien avec l'objectif que nous allons nous fixer.
Merci.