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Merci, monsieur le président.
La question qui se pose est de savoir ce que seront les conséquences du respect des engagements du Canada pour atteindre les objectifs fixés par le Protocole de Kyoto. Pendant les témoignages, M. Jayson Myers a présenté deux façons selon lesquelles les législateurs pourraient atteindre les objectifs fixés dans le Protocole de Kyoto: en réduisant de 30 p. 100 le rendement économique — soit une perte de productivité d'environ 300 milliards de dollars — ou en achetant une quantité équivalente de réduction internationale au coût de 5 milliards de dollars par année pour la période allant de 2008 à 2012.
Je cite M. Myers : « Il faudra un remplacement généralisé des sources d'énergie, une amélioration généralisée des véhicules actuellement utilisés et un remplacement généralisé de l'équipement industriel. Cela ne va pas se produire en cinq ans. »
Notre ferme opposition au est fondée sur ses liens avec les objectifs de réduction à court terme fixés par le Protocole de Tokyo concernant leur effet négatif sur l'économie canadienne et le processus environnemental. Le projet de loi proposé par notre gouvernement est simplement une bien meilleure approche à la contribution du Canada à la lutte contre les changements climatiques à court, moyen et long termes. Notre plan donnera des résultats concrets au moyen de règlements obligatoires et applicables avec des objectifs à court, moyen et long termes. Les objectifs à court terme seront annoncés d'ici le printemps 2007. Les règlements établissant des normes obligatoires remplaceront les démarches volontaires — des libéraux — qui ont échoué dans le passé. Nous nous assurerons de l'application des règlements et de la réalisation de leurs objectifs.
Monsieur le président, c'est pour ces raisons, que je n'appuierai pas cet article. Il vaudrait mieux annuler tout l'article, mais je ne crois pas que nous puissions le faire, je voterai donc contre l'article 3.
Je veux poser une question à M. Rodriguez par le truchement de la présidence. Son nouveau chef, M. Dion, a déclaré que le Canada ne peut pas atteindre les objectifs fixés dans le Protocole de Tokyo. En fait, il a dit : «Je participerai au sommet de Kyoto, mais je ferai savoir aux autres pays que le Canada ne parviendra vraisemblablement pas à atteindre ses objectifs. Tout le monde parle d'objectifs, d'objectifs. »
Cette citation me donne à penser qu'en ce qui concerne le , votre position est différente de celle du chef de votre parti.
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Je remarque que la phrase pertinente dit que le gouverneur en conseil « peut », c'est-à-dire qu'il n'est soumis à aucune obligation. Ce n'est pas « devrait » ou « doit » ou quelque chose de ce genre. Donc, cela pose problème.
Je ne pense pas qu'il y ait de problèmes avec la deuxième partie, b) par adjonction, après la ligne 20 :
Malgré l'alinéa... chaque province peut mettre en oeuvre les mesures qu'elle juge appropriées pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. »
J'ai trois préoccupations. Premièrement, cela voudrait-il dire que le gouvernement fédéral peut imposer à une province un objectif global des émissions de gaz à effet de serre? Avons-nous le pouvoir de le faire? il serait intéressant d'avoir un avis juridique, pour voir si cela pose problème.
Deuxièmement, je suis un peu inquiet de ce qui pourrait arriver de nos obligations commerciales internationales, je pense à l'ALENA. Adopter une approche sectorielle disant que toutes les usines de ciment au Canada doivent respecter le même plafond d'émissions, par exemple, est une chose. Dire, dans le cadre de l'ALENA, que les usines de ciment du Québec doivent respecter un plafond moins important d'émissions de gaz à effet de serre que celles de l'Ontario et de l'Île du Prince-Édouard en est une autre. Donc, mon deuxième point porte sur le commerce international.
Troisièmement, la question est moins juridique, est-ce que nuit à la possibilité d'avoir un marché national d'échange des droits d'émissions dans le cas d'une industrie implantée dans différentes provinces qui ont des normes différentes?
Ce sont les trois questions que je soulève. La quatrième question est la suivante: en cas d'ambiguïté, surtout au niveau du commerce ou du pouvoir fédéral, y a-t-il un risque, étant donné que nous mettons le mot « pourrait », de rejet de tout le projet de loi puisse parce que nous sommes en-dehors et de la question du pouvoir fédéral et de la question commerciale?
Il s'agit vraiment d'une question technique, est-ce que la conseillère juridique peut y répondre?
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Monsieur le président, je serais bien heureux de confronter mon avis juridique à un autre avis. Or, force est de constater qu'il est le seul, et qu'il vient du Parlement.
Je veux par ailleurs préciser que cet avis juridique est basé sur le jugement concernant Hydro-Québec, entre autres en matière de droit criminel. L'ensemble de notre avis juridique est basé sur le jugement rendu par la Cour suprême à la fin des années 1990.
Mon troisième point concerne la délimitation d'un territoire, en l'occurrence d'une province. Il s'agit ici de respecter une certaine équité en matière de réductions des émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs industriels québécois les ont réduites de 7 p. 100 depuis 1990, ce qui n'est pas le cas des secteurs industriels du reste du Canada. Cette approche, en vertu de la deuxième partie de notre amendement, donnerait la possibilité aux provinces d'être maîtres d'oeuvre de leur plan d'action en matière de changements climatiques.
De cette façon, on n'imposerait probablement pas des règles aussi sévères au secteur industriel québécois, qui a déjà réduit ses émissions de 7 p. 100, mais on imposerait des règles plus strictes à d'autres secteurs d'activité du Québec, par exemple le transport. Au Québec, c'est là que doivent se concentrer les efforts. En vertu de l'amendement, les provinces sont responsables de réduire de 6 p. 100 les émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire, mais elles sont libres d'atteindre cet objectif comme elles l'entendent et d'imposer les règlements de leur choix.
J'écoutais M. Vellacott plus tôt. Je sais qu'on doit adopter un plan national et des objectifs nationaux, mais cet amendement n'a pas comme effet d'abolir ou de remplacer ce qui est déjà dans le projet de loi: il ne fait qu'ajouter une possibilité, et j'insiste sur ce point. On est très loin de toute forme d'imposition ou d'une quelconque intention de faire appliquer cette approche à l'ensemble du Canada. Il est clair que notre intention n'est pas de suivre le modèle européen, c'est-à-dire une approche territoriale par province, mais de permettre aux provinces d'adopter des règlements, de prendre un engagement international en vertu du Protocole de Kyoto et de mettre en pratique des normes strictes.
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Je regarde cet article particulier sur les règlements. La première ligne stipule que le gouvernement « peut » prendre règlement. Cela me pose problème, ainsi qu'à mes collègues. Ils « peuvent » prendre règlement relativement à des mesures, des normes, à l'application de la loi. Quand on utilise le terme « peut », il est évident qu'un bon grammairien saurait que cela suggère que le gouvernement peut ou peut ne pas, ou peu recourir à d'autres moyens d'action pour exécuter les mesures et les normes susmentionnées, et appliquer la loi.
Notre gouvernement a proposé un plan qui, en fait, ferait que c'est obligatoire, exigé, d'accroître la capacité de réduire les émissions atmosphériques à l'échelle nationale, de réduire les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre. L'objet de cet article particulier est de donner au gouvernement le pouvoir de mettre en oeuvre des règlements et d'autres mesures pour contrôler les émissions de gaz à effet de serre en s'appuyant sur les vastes pouvoirs que donne déjà la Loi canadienne sur la protection de l'environnement de 1999.
La nouvelle loi du gouvernement sur l'air pur, en fait, serait une assise beaucoup plus solide que ce que nous avons devant nous ici, aujourd'hui, qui dit « peut ». Entre autres choses, par exemple, la loi du gouvernement, comparativement à ce que nous avons ici, exigerait des ministres de l'Environnement et de la Santé qu'ils établissent des objectifs nationaux en matière de qualité de l'air, qu'ils en fassent un suivi et qu'ils y rendent compte de leur atteinte. Elle autoriserait l'élaboration de règlement pour réduire les polluants de l'air intérieur et extérieur et les émissions de gaz à effet de serre. Elle autoriserait l'élaboration de scénarios d'échange de crédits d'émission, qui se sont avérés très efficaces aux États-Unis et aussi en Europe. Et elle attribuerait au gouvernement de vastes pouvoirs de cueillette de renseignements et de compte rendu, faits sur mesure pour les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques. Je pense bien que mon collègue du NPD, M. Cullen, serait d'accord que nous devons faire en sorte que la loi soit plus ferme, en ne disant pas seulement « peut ».
Le texte que propose notre gouvernement aussi, comparativement à celui-ci, permettrait au gouvernement fédéral de conclure des accords d'équivalence qui reconnaissent les régimes provinciaux ou territoriaux d'octroi de permis comme équivalents, dans la mesure où ces régimes sont rigoureux en termes de protection de l'environnement et de la santé, comme le sont les règlements nationaux. C'est l'approche de notre gouvernement, et les membres du Bloc québécois devraient l'appuyer, car ainsi le Québec pourrait réglementer ses propres pollueurs. Mais pour ce faire, le gouvernement du Québec devrait créer des lois et des règlements appropriés. J'espère bien que MM. Bigras et Lussier l'appuieraient le moment venu, parce qu'elle est beaucoup plus rigoureuse, et elle respecte les compétences provinciales aussi.
Le plan du gouvernement, encore comparativement à ce projet de loi, améliorerait la Loi sur l'efficacité énergétique. Il donnerait au gouvernement fédéral le pouvoir d'établir de rigoureuses normes d'efficacité énergétique pour un large éventail de produits de consommation et du commerce, comme les appareils électroménagers et les dispositifs électriques. Ceux-ci, en fait, se répercuteraient directement sur la santé et l'environnement de tous les Canadiens, et c'est quelque chose qu'il me semble que tout le monde, dans cette salle, conviendrait que c'est ce que veulent les Canadiens. Nous attendons que ce soit mis en oeuvre.
Enfin, comparativement à ce projet de loi, le texte que propose le gouvernement, le , modifierait la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles pour moderniser la capacité du gouvernement. Le ne le fait pas. Le projet de loi C-30 permettrait au gouvernement de réglementer la consommation des nouveaux véhicules à moteur. Il est important d'établir cette norme de consommation de carburant pour nous aider à réduire les gaz à effet de serre émanant des véhicules que nous achetons.
L'époque des alternatives est vraiment révolue. L'administration antérieure a essayé certaines approches volontaires, et c'est encore ce que nous avons ici, avec le terme « peut ». Malheureusement, ils ont échoué. Il nous faut un mandat beaucoup plus ferme que celui-là, et le gouvernement prévoit d'avoir des règlements qui, en fait, font porter le fardeau, la responsabilité, à la communauté réglementée. Pour qu'il y ait ces réductions des émissions qui contribuent à l'air pur, les objectifs de qualité de l'air doivent être établis par les ministres en vertu de la loi, sous forme de mandat. En outre, dans l'avis d'intention, le gouvernement s'engage à établir des cibles d'émission de gaz à effet de serre pour le court et le moyen terme, 2020 à 2025 et aussi pour le long terme, jusqu'à 2050.
Monsieur le président, à la lumière des évidentes faiblesses de ce texte comparativement au , nous ne pouvons pas appuyer l'article 6 du projet de loi C-288 parce qu'il passe à côté du but, c'est clair. C'est nettement un projet de loi inférieur comparativement au , que propose le Parti conservateur. Nous préférerions de beaucoup faire supprimer tout cet article 6 du projet de loi, puisqu'il est nettement moins capable de faire le genre de chose qu'il faut faire pour la protection de l'environnement et de la santé de tous les Canadiens. Il est certain que nous le verrions dans le projet de loi C-30, comparativement à ce que nous avons ici, devant nous maintenant.
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Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne ce que nous avons devant nous, dans l'article 7 — il y a trois paragraphes — nous, les députés du parti au pouvoir, voulons qu'il y ait des règlements pour les émissions de gaz à effet de serre, et aussi de polluants atmosphériques, qui s'appliquent à tous les secteurs industriels aussitôt que possible. Mes collègues en ont parlé tout à l'heure, monsieur Cullen, notamment, il y un petit moment.
Cela étant dit, cependant, la réalité, c'est qu'il ne sera pas possible, si l'on veut être pratiques, de formuler des exigences pour les EGS et les polluants atmosphériques qui s'appliquent à tous les secteurs industriels — cela ne semble pas possible — d'ici à 2008. Le fait de fixer cette échéance dans la loi exposerait très certainement la Couronne et tous les intervenants à de très grandes difficultés. Cette échéance limite sérieusement le temps dont dispose le ministre de l'Environnement ou tout autre ministre chargé de la réglementation pour étudier les commentaires du public et réviser le projet de règlement en conséquence.
La manière de procéder que propose l'article 7 n'est vraiment pas raisonnable. Je pense que nous savons tous le temps que prend vraiment la cueillette de renseignements, la consultation, et cetera dans ce pays.
Et je pense que c'est faire preuve de peu d'égards pour une véritable consultation du public. Monsieur Rodriguez ne semble pas avoir beaucoup de respect pour la consultation du public qui est nécessaire quand on à affaire à quelque chose d'aussi important, parce qu'il nous faut y parvenir.
Cela semble aussi révéler un manque de connaissance du processus réglementaire fédéral. Je ne sais pas qui étaient ses conseillers ou rédacteurs de discours, si M. Rodriguez a déjà un rédacteur.
Les problèmes de temps que pose la prise de règlement sont aussi compliqués par le paragraphe 5(5), qui dispose que le Plan sur les changements climatiques est déposé devant chacune des chambres du Parlement aux fins d'examen. La conséquence pratique de ce paragraphe 7(1), c'est que l'examen que fait le comité du Plan sur les changements climatiques ne changerait rien aux propositions de réglementation, les échéances pour ces règlements étant si courtes.
C'est pour cette raison que cette clause particulière nous pose tellement de problèmes, parce que je pense que nous sommes d'accord qu'il faut nous pencher sur ces enjeux — les problèmes de la qualité de l'air, y compris le smog.
De fait, monsieur Dion, le nouveau chef du Parti libéral, a déjà reconnu que le Protocole de Kyoto ne traite pas de tous les problèmes de qualité de l'air. C'est quelque chose qu'il faut véritablement régler, et notre plan le ferait. De fait, M. Dion, et c'est intéressant — et il a seulement raison, ici — a dit que les États-Unis ont de meilleurs règlements sur le smog que le Canada.
Alors nous ne pourrions pas appuyer cet article 7, et nous voudrions qu'il soit supprimé du projet de loi. Notre proposition, dans le projet de loi , porte sur la réduction du smog, l'amélioration de la qualité de l'air que nous respirons. En fait, l'Association pulmonaire du Canada a appuyé nos efforts à cet égard. Là encore, et M. Godfrey nous l'a fait remarquer, c'est vraiment le texte de loi qu'il faut adopter pour la santé du public canadien.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous nous apprêtons à examiner le préambule, j'aimerais sincèrement pouvoir féliciter l'honorable député de se préoccuper de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais le ne nous amène pas dans cette direction. Cela étant dit, ce projet de loi d'initiative parlementaire comporte de graves lacunes, comme nous l'ont dit tous les témoins, sauf un.
J'aimerais profiter de l'occasion pour parler de trois aspects précis du préambule qui illustrent les préoccupations du gouvernement à l'égard du projet de loi C-288.
D'abord, le but premier du projet de loi C-288, qui consiste à atteindre l'objectif à court terme du Canada fixé dans le Protocole de Kyoto, doit être examiné. Le gouvernement actuel a lancé un débat sur ce que le Canada devrait faire pour atteindre l'objectif fixé pour la première période d'engagement. Cet objectif ne peut être atteint au cours de la courte période de temps qui reste que si on dépense plus de 20 milliards de dollars, l'argent des contribuables canadiens.
Comme divers groupes de témoins l'ont dit au comité, il est peut-être même impossible d'acheter tous les crédits nécessaires pour atteindre l'objectif à court terme fixé par les libéraux dans le cadre du Protocole de Kyoto et qui a été reproduit dans le projet de loi C-288.
Selon le gouvernement, il conviendrait davantage de s'occuper à transformer notre économie de manière à entraîner des réductions plus importantes et plus durables des émissions en investissant dans l'amélioration de l'infrastructure énergétique et l'infrastructure urbaine du Canada. C'est ce que nous devons faire.
Comme le précise le projet de loi C-288, l'objectif du Canada dans le cadre de Kyoto était de réduire ses émissions de 6 p. 100 par rapport au niveau de 1990. Lorsque nous avons pris le pouvoir au début de 2006, il y a donc quelques mois, les émissions intérieures de gaz à effet de serre en 2004 dépassaient de près de 35 p. 100 l'objectif du Canada fixé par les libéraux, selon les plus récentes données fournies par Environnement Canada.
Le gouvernement actuel a dit ouvertement que les objectifs à court terme de Kyoto, de 2008 à 2012, ne peuvent être atteints sans que l'on dépense plus de 20 milliards de dollars pour acheter des crédits internationaux.
Un des témoins, Jayson Myers, économiste principal des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, a calculé que le processus technologique de réduction de l'intensité des émissions devrait être accéléré de 700 p. 100 au cours des cinq prochaines années pour que l'objectif du Canada soit atteint d'ici 2012. M. Myers a fondé son estimation sur le prix international de 20 $ la tonne, un prix hypothétique qui, faisait-il remarquer, pourrait même être bas. L'atteinte de notre objectif à court terme fixé dans le cadre du Protocole de Kyoto coûterait beaucoup plus que les 20 milliards de dollars prévus.
Nous avons également entendu M. Mark Jaccard, dirigeant du groupe de recherche sur l'énergie et les matières, de l'École de gestion de l'environnement et des ressources naturelles de l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique. Dans un récent rapport de l'Institut C.D. Howe, il a écrit que l'ancien plan sur les changements climatiques, le projet vert, la solution libérale pour l'atteinte de l'objectif à court terme de Kyoto, aurait coûté aux Canadiens 12 milliards de dollars d'ici 2012, et le gros de cette somme aurait été dépensé à l'extérieur du Canada. Le professeur Jaccard a conclu que si le Canada devait mettre en oeuvre et maintenir l'ancien plan libéral, il dépenserait au moins 80 milliards de dollars au cours des 35 prochaines années sans réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux actuels.
Il est clair que le projet de loi C-288 n'est pas un bon plan.
Voilà le coeur de la question. Allons-nous dépenser des milliards de dollars à l'étranger pour acheter des crédits internationaux ou allons-nous dépenser l'argent des contribuables canadiens pour améliorer l'infrastructure énergétique et urbaine du Canada de manière à réduire à la fois la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre ici-même au Canada?
Le nouveau gouvernement du Canada adopte une nouvelle approche en intégrant son intervention pour contrer la pollution atmosphérique et le changement climatique afin de protéger la santé des Canadiens et l'environnement mondial. Les émissions contribuant au smog, les polluants contribuant aux pluies acides et les émissions de gaz à effet de serre viennent, dans bien des cas, des mêmes sources industrielles et mobiles. Pour être plus efficace, notre intervention doit être intégrée. Une réglementation qui s'attaquerait uniquement au changement climatique pourrait effectivement forcer des industries à investir dans des technologies et des procédés qui réduisent les gaz à effet de serre, tout en maintenant un stock de capital qui continue d'émettre des polluants atmosphériques nuisibles à la santé des Canadiens — ce qui n'est certainement pas la meilleure politique environnementale et économique d'un gouvernement, monsieur le président. C'est ce que propose le projet de loi C-288.
C'est pourquoi le nouveau gouvernement du Canada établira des objectifs à court, à moyen et à long terme pour la réduction des polluants atmosphériques et des émissions de gaz à effet de serre. Notre plan permettra d'atteindre des résultats concrets par une réglementation exécutoire et obligatoire assortie à des objectifs à court, à moyen et à long terme. Les objectifs à court terme seront annoncés d'ici le printemps 2007. Une réglementation fixant des normes obligatoires remplacera les approches facultatives qui ont échoué par le passé. Nous veillerons à ce que la réglementation soit appliquée et à ce que les objectifs soient atteints.
Il est logique d'adopter une approche intégrée et coordonnée à l'égard des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre puisque la plupart des polluants atmosphériques proviennent des mêmes sources que les gaz à effet de serre. En s'attaquant aux deux, notre gouvernement maximisera les avantages pour les Canadiens et permettra à l'industrie de trouver des moyens de réduire à la fois les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre tout en conservant sa compétitivité économique.
Pour résumer, nous nous opposons au projet de loi C-288 à cause de sa vision à court terme irréaliste et à cause de l'investissement massif et inefficace qu'implique cette vision. À notre avis, il importe d'adopter une démarche qui assurera des réductions à court terme, mais qui établira aussi la base nécessaire pour réaliser des réductions continues et plus importantes à long terme.
Il importe d'autant plus que ces fonds soient dépensés ici, au Canada. Notre deuxième grande préoccupation concernant le projet de loi C-288 vient du fait que les pays qui ont des objectifs dans le cadre du Protocole de Kyoto sont responsables de moins de 30 p. 100 des émissions globales — 72 p. 100 des émissions globales ne sont pas incluses dans le Protocole de Kyoto. Je dis bien 72 p. 100.
Pour que la coopération internationale future sur le changement climatique soit efficace, tous les pays émetteurs doivent faire leur part dans la réduction des émissions. Les objectifs du Protocole de Kyoto, comme on l'a dit tout à l'heure, visent seulement 23 pays, plus les 15 membres réunis de l'Union européenne. D'ici 2010, on s'attend à ce que les pays en développement émettent 45 p. 100 des gaz à effet de serre, et ensemble, la Chine et l'Inde enregistreront une hausse plus forte des émissions que tous les pays de l'OCDE réunis. En 1996, la Chine seule était responsable de plus de 13 p. 100 des émissions de carbone, se classant au deuxième rang derrière les États-Unis et, selon des projections plausibles pour les deux économies, la Chine devrait atteindre les niveaux d'émissions des États-Unis d'ici 2013, ce qui n'est pas très loin. Des interventions efficaces ne peuvent être prises seulement par un groupe relativement restreint de pays.
Enfin, l'application limitée du Protocole de Kyoto ne peut que créer des problèmes éventuels. Certaines activités économiques peuvent être abandonnées dans les pays où les émissions de gaz à effet de serre sont plafonnées, au profit des pays où ces plafonds n'existent pas. À cause de ces fuites, même l'impact des mesures efficaces prises par les quelques pays de l'annexe B serait atténué. En plus d'affaiblir l'efficacité du Protocole de Kyoto, ces fuites entraîneraient aussi des ajustements coûteux pour les travailleurs, les entreprises et les municipalités, des ajustements rendus nécessaires non pas par des changements dans l'efficacité économique, mais par un système de réglementation dont l'application est limitée.
Les partisans du Protocole de Kyoto ne nieront pas que les grands pays en développement doivent tôt ou tard faire leur part. Toutefois, ils font valoir que le processus doit commencer quelque part et qu'il est naturel que ce soit dans les pays les plus riches et chez les plus grands émetteurs du monde.
Kyoto n'est qu'une première étape pour régler le problème des émissions de gaz à effet de serre et du changement climatique. Nous devons prévoir ce que doit être l'étape suivante. Il le faut. Pour les pays visés par l'annexe B, la prochaine étape naturelle consistera à réduire les plafonds d'émissions fixés pour 2012 afin d'atteindre, par exemple, 80 p. 100 des niveaux d'émissions de 1990 d'ici 2022. Si les objectifs de Kyoto sont atteints, les pays en développement, globalement, auront des émissions de CO2 égales à celles des pays visés par l'annexe B d'ici 2013 — et ces émissions seront à la hausse.
Comment ces entreprises peuvent-elles s'intégrer dans le cadre de Kyoto, comme elles le doivent, si l'impact sur le changement climatique global est mitigé? C'est pour cette raison que le Canada joue un rôle d'avant-plan dans les négociations sur le changement climatique dirigées par l'Organisation des Nations Unies visant des réductions à plus long terme, bien après la fin de la première période de rapport prévu dans le Protocole de Kyoto, soit 2012. En outre, nous avons dit clairement que le Canada travaillera avec d'autres pays pour promouvoir l'approche à long terme visant à contrer le changement climatique. Les mesures prises par notre gouvernement au Canada serviront de base aux efforts futurs de coopération internationale à ce chapitre.
Monsieur le président, comme je l'ai déjà dit, les témoins ont affirmé que le projet de loi C-288 ne réglera pas convenablement le problème du changement climatique. Nous avons entendu à maintes reprises que le projet de loi C-30 du gouvernement, la Loi canadienne sur la qualité de l'air, sera la solution. Monsieur le président, nous devons écouter ce qu'ont dit les témoins. Nous ne devons pas aller de l'avant avec un projet de loi dont l'unique objectif est de saboter ce que le gouvernement essaie de faire pour assainir l'air.
Monsieur le président, la réduction des émissions de gaz à effet de serre nous tient à coeur. Le projet de loi C-288 ne servira pas cet objectif. Les experts nous ont dit qu'il ne sera pas efficace. Le projet de loi C-288 ne sera pas efficace, et pourtant nous voyons les libéraux aller de l'avant et planifier à la sauvette.
Monsieur le président, je crois avoir dit très clairement — je crois que chacun de nous l'a dit — et que les témoins ont dit très clairement que nous ne pouvons pas aller de l'avant avec le projet de loi C-288. Je demande aux députés du Parti libéral, du Bloc et du NPD de ne pas se livrer à de petits jeux. Travaillez de concert avec le gouvernement pour réduire les émissions de gas à effet de serre. Cessez vos jeux et votez contre le projet de loi C-288.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je me suis retenu à maintes reprises aujourd'hui pour ne pas prendre part à la joute politique et aux diatribes qui ont été échangées de part et d'autre. Toutefois, je profiterais de cette dernière occasion pour rappeler aux membres du comité que nous avons souvent parlé, en privé et en public, de la nécessité d'aborder ce sujet particulier sans partisanerie et des efforts faits dans ce sens.
Je comprends qu'à titre de députés, nous subissons tous les pressions de nos partis et de nos électeurs pour faire valoir les intérêts de nos partis respectifs, mais nous aurons trahi la confiance des Canadiens si nous continuons de faire cela. Vient un temps où il faut faire preuve de pragmatisme et d'esprit pratique, que ce soit par ce projet de loi ou autrement. Il semble que nous devons envisager une autre réalité pour le Canada, en particulier pour notre économie. Si nous ne pouvons pas le faire, nous aurons trahi la confiance de tous ceux qui se sont présentés devant nous et de tous les électeurs que nous essayons de représenter. Gagner une lutte partisane peut parfois sembler profitable à court terme, mais les dernières années nous auront montré que la perte ultime devra être assumée par nous tous.
Nous allons de l'avant avec ce projet de loi et d'autres, mais j'ai encore certaines réserves relativement aux dispositions touchant les provinces qui ont été incluses aujourd'hui dans ce projet de loi. Je crois que ces dispositions sont problématiques et ultimement dangereuses. Toutefois, nous allons appuyer les efforts faits dans cette intention, comme nous avons déclaré que nous nous efforcerons de travailler avec le gouvernement et tout autre parti de l'opposition qui est prêt à travailler avec nous.
Au bout du compte, nous devons décider, messieurs — puisqu'il n'y a que des hommes autour de la table ici — quel héritage sera laissé par l'actuelle législature et voir si nous avons dûment gagné notre salaire et dûment gagné les votes et la confiance des Canadiens.
Je vais arrêter ici.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de clarifier certains commentaires qui ont été faits, en particulier concernant la présence de la ministre à Nairobi. Je remercie les députés du Bloc, du Parti libéral et du NPD d'avoir accepté son invitation et de l'avoir accompagnée. Je suis ravi que vous ayez trouvé l'expérience instructive.
La ministre a toujours dit que nous nous sommes engagés envers le Protocole de Kyoto. Comme il a été dit, elle a fait preuve d'honnêteté et a avoué aux pays de Kyoto que nous n'atteindrons pas les objectifs. Lorsqu'elle était au Kenya, elle a fourni certaines précisions en expliquant qu'en raison de l'inaction du gouvernement libéral précédent, nous dépassons aujourd'hui ces objectifs de 35 p. 100. Évidemment, certains n'ont pas aimé qu'elle en donne la raison, qu'elle dise que c'est à cause de l'inaction du gouvernement libéral précédent.
Monsieur le président, nous sommes très engagés à l'égard de Kyoto et nous l'avons toujours été. Le gouvernement du Kenya a demandé à la ministre de rester, et elle est donc restée quelques jours de plus et, avec notre gouvernement, elle a signé un protocole d'entente visant à aider le Kenya a réaliser des projets de conservation. Cela montre à quel point elle est respectée. Des représentants d'autres pays lui ont dit également qu'ils étaient ravis de son engagement envers Kyoto. Ils ont également fait part des difficultés qu'ils ont, eux aussi, à atteindre les objectifs.
Des témoins nous ont affirmé que le Canada ne pouvait pas, à l'heure actuelle, atteindre les objectifs. C'est ce que les experts ont dit. La ministre a donc été honnête.
Toutefois, notre engagement reste le même. Le Canada est l'un des 165 pays à avoir accepté de prendre part au Protocole de Kyoto après 2012. En fait, il est l'un des rares pays à être à jour dans ses rapports et son financement dans le cadre du Protocole de Kyoto.
Un rapport d'étape — qui aurait dû être publié par le gouvernement libéral précédent en janvier 2006 — montre que, selon les projections, les niveaux devaient dépasser de 47 p. 100 l'objectif fixé dans le Protocole de Kyoto. Évidemment, certains diraient que le gouvernement libéral précédent n'aurait pas voulu diffuser la mauvaise nouvelle juste avant une élection. Mais nous l'avons fait; nous avons respecté toutes nos obligations en vertu de Kyoto, ce que le gouvernement précédent n'a pas fait, pour ce qui est des rapports et du financement, et nous ferons tout ce que nous pouvons pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons été honnêtes: en raison de l'inaction du gouvernement précédent, le pays se trouve bien au-dessus des objectifs de Kyoto. Nous ne pouvons pas atteindre ces objectifs. Nous avons été honnêtes envers les Canadiens à ce sujet.
Nous allons réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous n'appuyons pas le projet de loi , parce qu'il ne contribue pas à cette réduction. Il ne nous permettra pas de réduire les polluants, et les Canadiens souhaitent que nous assainissions l'environnement. Après 13 années d'inaction, je crois que les Canadiens, et en particulier les conservateurs, ont perdu confiance envers le plan libéral.
On pourrait se demander, monsieur le président, combien d'années d'inaction et d'échec sont nécessaires pour que les gens réalisent que le plan libéral ne fonctionne pas. Je suis très surpris que le Bloc et le NPD appuient un plan du Parti libéral, qui a montré être incapable de faire quoi que ce soit pendant 13 années de pouvoir. Alors je suis surpris de cela.
Pour revenir au préambule, le paragraphe qui pose problème est celui qui dit que le projet de loi vise à assurer le respect des engagements du Canada aux termes du Protocole de Kyoto. Monsieur le président, tous les témoins, à l'exception d'un seul, ont convenu que c'était un mauvais projet de loi, qu'il n'était pas réalisable. Nous n'allons donc pas l'appuyer. Nous sommes d'accord sur le reste du préambule, mais pour être honnête...
Comme je l'ai dit, les témoins ont affirmé que ce n'était pas réalisable. Le projet de loi n'est pas un bon projet de loi, et nous n'allons donc pas l'appuyer.