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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Mon nom est David Pryce. Je suis vice-président responsable des opérations de l'Ouest canadien à l'Association canadienne des producteurs pétroliers. J'apprécie l'invitation à prendre la parole devant vous aujourd'hui et vous prie d'excuser le fait que je n'ai pas pu me rendre à Ottawa.
Je suis accompagné par Cam Cline, un ingénieur qui a 23 années d'expérience, et par Marc Dubord, un hydrogéologue de 15 années d'expérience. Ils représentent la Canadian Society for Unconventional Gas et sont ici pour aider à répondre aux questions techniques que vous pourriez avoir.
Je crois savoir que vous avez en main notre jeu de diapositives. Si vous regardez la première, vous y verrez le sommaire de l'exposé.
Ce que j'aimerais faire, c'est expliquer très brièvement ce qu'est le gaz naturel dérivé du charbon et où on le trouve en Alberta, puis parler des procédés typiques de mise en valeur de cette ressource. Je voudrais consacrer aussi un peu de temps à parler d'un processus de consultation des intervenants qui a été mené en Alberta ainsi que de certaines des préoccupations exprimées et des mesures prises pour y remédier et, enfin, inscrire tout cela dans le contexte de la production canadienne de gaz.
C'est un jeu assez volumineux, et je vais passer rapidement à travers les diapositives pour respecter les contraintes de temps. Si vous avez des questions sur des points que je couvre pas, vous pourrez les poser à la fin.
La page suivante est la page-titre, « Gaz naturel tiré du charbon en Alberta ». En réalité, on trouve du gaz naturel associé au charbon dans tout le Canada. Je vais me concentrer sur l'Alberta car c'est là où se situe l'activité d'exploitation à l'heure actuelle. La carte montre les divers horizons ou zones où l'on rencontre du gaz naturel dérivé du charbon ou du méthane houiller, comme on l'appelle également.
Je vais focaliser sur les trois zones qui suscitent l'intérêt de l'industrie en ce moment. La première est le Horseshoe Canyon. Il contient environ 66 billions de pieds cubes de gaz et est probablement le plus gros foyer d'activité au monde actuellement. Mais l'exploitation en est au tout début, comme dans tous les autres gisements. La production actuelle tourne autour de 600 000 pieds cubes par jour. Voilà notre point focal en ce moment.
La deuxième zone, celle de Mannville, contient une quantité énorme et l'on cherche en ce moment à déterminer s'il est techniquement possible de l'exploiter sur une base commerciale. Ce gaz est typiquement associé à de l'eau salée.
La troisième zone est celle d'Ardley, un autre gisement important, qui peut être associé soit à de l'eau salée soit à de l'eau douce et qui en certains endroits est sec. Cette zone est en attente de mise en valeur car nous attendons que soient formulées les règles concernant l'utilisation de l'eau qui pourrait être extraite en même que le gaz. Il n'y a donc pas beaucoup d'activité dans ce bassin.
Tout cela pour dire qu'il y a un potentiel de production énorme. L'exploitation en est encore balbutiante, et nous recherchons les façons de la rentabiliser.
La prochaine diapositive — la série qui suit, réellement — montre l'empreinte typique que nous sommes susceptibles de laisser sur le paysage. Vous voyez ici une opération de forage en cours. Il s'agit d'un forage pour du méthane houiller, ou gaz naturel dérivé du charbon. Nos forages laissent une empreinte minime: nous utilisons des équipement plus petits et en moindre nombre et habituellement nous perturbons à peine la surface. Nous n'enlevons pas nécessairement la végétation et la couche d'humus; nous tâchons de laisser derrière nous une perturbation minime.
La diapositive suivante montre la prochaine phase d'activité. Il s'agit là d'une opération de stimulation de puits. C'est là où nous injectons, typiquement, de l'azote dans le trou pour purger le réservoir et encourager la production. Comme dans le cas du forage, là encore notre objectif est de laisser une empreinte minime.
Dans la diapositive suivante, intitulée « Construction de puits », nous cherchons à montrer les mesures techniques et réglementaires en place pour assurer que nous séparons notre zone de production de l'aquifère supérieur. La réglementation nous oblige à installer un tubage de surface et à le cimenter en place, puis un tubage de production, lui aussi cimenté en place. Le but, comme je l'ai dit, est de séparer les zones de production des nappes phréatiques supérieures.
Si vous passez à la diapositive suivante, intitulée « Profondeur des puits », nous vous montrons une représentation verticale des différents puits pouvant exister. À gauche, vous avez le puits de maison ou de ferme typique. Sa profondeur se situe habituellement entre 10 et 100 mètres. À côté, vous voyez un puits de méthane houiller sec, typique du Horseshoe Canyon, assujetti à ces contraintes de construction de puits que j'ai mentionnées. Il a habituellement une profondeur de 200 à 800 mètres pour accéder à ces veines de charbon. Encore une fois, c'est typiquement un puits sec, sans que du liquide soit associé au charbon.
À côté se trouve le puits Mannville. Il est plus profond et typiquement associé à de l'eau salée.
Le dernier est un puits de refoulement typique. Nous vous le montrons pour faire comprendre que l'eau salée que nous extrayons doit obligatoirement, de par le règlement, être réinjectée dans le sol. Lorsque vous regardez l'ensemble de la diapositive, nous cherchons à vous y montrer qu'il existe une séparation verticale importante entre les aquifères supérieurs, là où se situent typiquement les puits artésiens, et les zones de production que nous exploitons.
Les deux diapositives suivantes montrent la méthode de pose de pipelines. Ils servent à acheminer le gaz jusqu'au marché. Dans le cas du méthane houiller, les gazoducs sont relativement petits — de six pouces à moins de quatre pouces. Lorsqu'ils font autour de six pouces, nous enlevons un peu de la couche d'humus de surface pour préserver et protéger la terre. Ensuite nous creusons le sillon pour poser le tuyau.
La diapositive suivante montre un gazoduc enterré de quatre pouces ou moins. Nous pouvons le poser directement dans un sillon sans déranger la terre végétale.
Ensuite, vous voyez le compresseur atténuateur de bruit. Le bruit est l'un des reproches parfois formulés, et nous avons la capacité technique de le minimiser par des techniques d'atténuation. Nous sommes assujettis aux règles de l'Alberta Energy and Utilities Board et de l'Office national de l'énergie, qui fixent des normes ou critères de bruit. Là où c'est nécessaire et approprié, nous avons la possibilité d'installer un dispositif d'atténuation sur les compresseurs.
Là, vous voyez la consultation des parties intéressées. Ce n'est pas une question nouvelle pour l'industrie, ni une ressource jamais encore exploitée. Elle a été mise en valeur aux États-Unis plusieurs années avant chez nous. Nous avons puisé dans cette expérience mais nous avons aussi acquis la nôtre avec la mise en valeur du pétrole et du gaz conventionnels. Cette expérience a déterminé le cadre réglementaire. Néanmoins, étant donné que c'est une ressource qui commence à être davantage mise en valeur en Alberta, des questions sont posées sur la façon de l'exploiter de manière responsable.
Le gouvernement de l'Alberta a mis sur pied en 2003 un comité consultatif multilatéral, dirigé par les ministères de l'Énergie et de l'Environnement. Ce comité groupant les diverses parties intéressées a cherché à isoler les sujets de préoccupations du public afin de déterminer si le cadre réglementaire les couvrait ou bien si de nouvelles mesures étaient requises.
Sommes-nous persuadés que le cadre réglementaire est adéquat? Protège-t-il l'eau? Nous protège-t-il contre les impacts en surface susceptibles d'être associés à l'exploitation du méthane houiller, tels que densité des puits, c'est-à-dire leur nombre et leur proximité, nombre de routes, niveau d'activité et bruit, et effets cumulatifs de tous ces éléments? Il se pose également des questions relativement à la qualité de l'air, au rythme global de l'activité, à la qualité de la relation ou de la communication entre l'industrie, les pouvoirs publics et les propriétaires terriens.
À notre avis, nous avons un cadre réglementaire très solide. Il est en place depuis des décennies, ayant été créé en réponse à l'exploitation du pétrole et du gaz conventionnels. Les méthodes d'extraction du méthane houiller sont très similaires à celles des hydrocarbures conventionnels. Aussi, la réglementation couvre déjà des aspects tels que la densité ou l'espacement des puits, le brûlage à la torche, le bruit, la protection des aquifères supérieurs avec les méthodes de tubage et de cimentage. La réglementation couvre aussi la manutention de l'eau salée ou eau d'extraction et prévoit des mécanismes de concertation avec les propriétaires fonciers.
En Alberta, nous avons des droits superficiaires et des droits tréfonciers et il est nécessaire de concilier les deux. Nous avons en Alberta une Loi sur l'eau qui existe depuis plus de dix ans. Elle impose des mesures de contrôle à notre industrie, sous forme de permis et de licences, relativement aux eaux souterraines et superficielles.
Cela dit, le processus du CCM a amené quelques interrogations et soulevé la question de savoir si certaines choses pourraient être faites mieux. J'en traiterai dans les diapositives suivantes.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais tout d'abord remercier les membres du comité d'avoir accepté de se pencher sur cette question. Merci beaucoup.
Je suis Robert Schwartz. J'habite près de Red Deer, une ville située dans le tiers méridional de l'Alberta, à environ 100 kilomètres à l'est des contreforts des Rocheuses.
Est-ce que le méthane houiller est un problème écologique fédéral? Pour répondre à cette question, il nous faut savoir ce qu'est le méthane houiller et ce qui distingue sa production de celle du pétrole et du gaz conventionnels. Il nous faut connaître aussi l'ampleur de l'exploitation envisagée et ses répercussions sur l'hydrologie du bassin de drainage interprovincial.
J'aimerais vous citer deux passages de l'Alberta's Earth Sciences Report de 2003-2004. Voici le premier:
Ces tests donnent à penser que l'extraction d'eau de ces nappes phréatiques enclenche un flux à partir de ces aquifères, un flux traversant la séparation entre aquifère et aquitard et un flux potentiel à partir des plans d'eau superficiels. Ces connexions deviennent apparentes sous des conditions de flux relativement faibles comparés aux taux de production qui seraient associés à l'exploitation du méthane houiller.
La deuxième citation provient du même rapport:
Selon ce scénario, l'un des récepteurs potentiels de cette eau produite est l'eau superficielle, celle des rivières et lacs.
J'aimerais citer également M. Neil McCrank, ancien président de l'Alberta Energy and Utilities Board, l'organe de réglementation dans le domaine qui nous occupe. En 2006, prenant la parole lors d'une conférence de la Canadian Society for Unconventional Gas, il a déclaré qu'il y aura de 25 à 50 fois plus de puits forés pour l'extraction du méthane houiller que l'on en a forés pour le pétrole et le gaz conventionnels.
Jusqu'à présent, on a foré 327 000 puits de pétrole et de gaz conventionnels en Alberta. Si l'ancien président de l'AEUB a raison, on va forer de 8 à 16 millions de puits de méthane houiller dans la province. La plupart de ces 8 à 16 millions de puits vont produire du gaz à partir de couches de charbon de faible profondeur ou minces qui contiennent également de l'eau douce. Ces veines de charbon ont une connexion hydrologique avec le bassin versant interprovincial. On peut apercevoir ces veines à maints endroits le long de la rivière Red Deer et de la rivière Saskatchewan Nord.
Le tiers méridional de la province de l'Alberta représente l'amont de ce vaste système hydrographique interprovincial. Ce bassin de drainage s'écoule par la rivière Oldman, la rivière Bow, la rivière Battle, la rivière Red Deer et la rivière Saskatchewan Nord. La rivière Red Deer et la rivière Saskatchewan Nord, en particulier, servent de frayères au corégone et au touladi du lac Winnipeg. Toutes les rivières mentionnées servent, dans une certaine mesure, d'habitat de reproduction d'un grand nombre d'espèces de poisson venant du Manitoba. Tous ces réseaux fluviaux se déversent dans la baie d'Hudson via la rivière Nelson. Ces réseaux fluviaux, en sus d'être indispensables à une population de poisson viable au Manitoba, sont une source vitale d'eau potable en Saskatchewan.
Les couches géologiques souterraines de l'Alberta sont intéressantes. Nous savons qu'à la surface les eaux s'écoulent d'ouest en est. Les précipitations qui s'infiltrent dans le sol pour former les nappes phréatiques suivent la géologie souterraine et s'écoulent d'est en ouest dans la région de Red Deer. Une bonne partie de ces eaux souterraines ne vont pas très loin en direction ouest avant d'être évacuées en surface par des sources et des suintements dans les gorges profondes de ces rivières interprovinciales.
Pour faire une analogie, on peut considérer le versant oriental et les contreforts des Rocheuses comme une éponge de 100 000 milles carrés qui ralentit l'écoulement des eaux. Cette éponge imaginaire recouvre la formation Lee Park. Cette dernière est la formation imperméable la moins profonde sur laquelle s'appuient toutes les autres formations considérées comme non consolidées. Nous savons que la structure hydrologique au-dessus de la formation Lee Park comprend de petites poches imperméables capables d'emprisonner du gaz. Dans l'ensemble, toutes les couches géologiques au-dessus de la formation Lee Park sont considérées comme perméables et homogènes. Tout ce que le gouvernement de l'Alberta autorisera de faire dans ce secteur spongieux aura certainement des conséquences en aval.
Le rapport spécial numéro 81 de l'AEUB, publié en septembre 2006, reconnaît dans son sommaire qu'il existe une connexion hydraulique entre les différentes portions des formations carbonifères à l'échelle régionale. L'exploitation du méthane houiller se déroulera en majeure partie au-dessus de la formation Lee Park, tandis que la plupart des activités de production pétrolière et gazière conventionnelle sont réalisées sous cette formation.
J'espère que mes explications sur la géologie générale de l'Alberta ont allumé une étincelle d'intérêt au niveau fédéral à l'égard des activités réalisées au-dessus de la formation Lee Park. Toute eau au-dessus de Lee Park, qu'il s'agisse de précipitations, d'eau de surface ou d'eau souterraine, finit toujours par se retrouver dans les cours d'eau interprovinciaux.
L'exploitation pétrolière et gazière conventionnelle se déroule principalement sous la formation Lee Park. Ces formations de roches hôtes sont coiffées par des poches de matériaux imperméables qui empêchent la migration vers la surface du pétrole et du gaz. Le pétrole et le gaz prisonniers de ces formations hôtes sont thermogéniques, c'est-à-dire qu'ils ont été produits sous l'effet de la chaleur et de la pression. Ce processus de transformation du matériau végétal et animal préhistorique en pétrole et en gaz est terminé depuis longtemps. Il n'y aura pas d'autre pétrole ou gaz conventionnel créé ici. Étant donné l'âge géologique du pétrole et du gaz conventionnels, ces produits sont presque toujours associés à des eaux très salées, qui sont les vestiges de vastes mers intérieures salées.
La réglementation provinciale impose que les puits de pétrole et de gaz conventionnels isolent l'eau souterraine potable de l'eau salée au moyen de colonnes de surface en ciment à l'intérieur desquelles se trouvent les colonnes de production en ciment qui se prolongent jusqu'au fond du puits. Ainsi, la zone spongieuse gorgée d'eau douce que j'ai mentionnée est en grande partie protégée, bien qu'un pourcentage important des colonnes de surface finissent par avoir des fuites. Les règles provinciales actuelles régissant le pétrole et le gaz conventionnels imposent la réparation de ces fuites.
Le méthane houiller représente une situation complètement différente. Son exploitation se fait dans des zones géologiques peu profondes où la réglementation antérieure interdisait l'extraction.
L'origine du méthane houiller est entièrement différente de celle du pétrole et du gaz conventionnels. Ce gaz est produit à l'heure actuelle par des organismes microbiologiques qui libèrent du méthane à titre de déchet. Ce processus microbiologique dépend de la présence d'eau non salée. La veine de charbon agit uniquement comme roche hôte dans laquelle le méthane s'accumule. La présence de charbon n'est pas nécessaire à la production microbiologique de méthane; les veines de charbon sont simplement la formation géologique la plus poreuse et donc le milieu à partir duquel on peut extraire le plus efficacement le méthane. J'ajouterais que certaines veines de charbon ont une porosité suffisamment élevée pour permettre l'écoulement de l'eau à un débit de 800 mètres par jour. Ce sont là des aquifères, des aquifères en mouvement.
Les règlements qui dans le passé protégeaient ce milieu spongieux ont été assouplis. Les nouveaux règlements ont été en grande partie promus par l'industrie et adoptés sommairement par les autorités albertaines. Ils autorisent quantité de pratiques qui auront des incidences négatives graves sur l'eau souterraine et, par conséquent, sur l'eau fluviale.
Les nouvelles dispositions concernant le méthane houiller permettent de retirer l'eau des veines de charbon et de l'injecter plus en profondeur dans les zones salines. Cet assèchement des veines de charbon, nécessaire pour amorcer le flux de gaz dans le puits, aura comme conséquence à retardement de réduire le débit des cours d'eau car la création de zones sèches dépressurisées dans les couches géologiques proches de la surface vont sûrement absorber de l'eau fluviale pour remplacer celle qui aura été enlevée.
Le nouveau règlement permet le captage simultané de gaz en provenance de toutes les zones d'extraction possibles. Autrement dit, il est possible d'extraire du gaz méthane houiller de faible profondeur du même puits que du gaz conventionnel profond.
Pour référence, rappelons qu'il est interdit depuis des années de pomper de l'eau potable dans plus d'un aquifère.
Il est tout à fait probable que de l'eau va s'écouler des formations d'eau douce supérieures vers les formations d'eau salée plus profondes...
J'ai grandi à Montréal. J'habite maintenant en Alberta. Je suis désolée, mais j'ai oublié tout mon français. J'habite près de Rosebud, en Alberta. C'est une petite ville possédant un très beau patrimoine historique et une vie théâtrale et culturelle riche.
J'ai travaillé dans le secteur pétrolier pendant 25 ans. J'ai également été bannie par l'autorité de réglementation que M David Pryce a si fièrement citée dans son exposé. Je crois que j'ai été bannie — c'était par écrit — par l'autorité de réglementation parce qu'elle voulait m'intimider.
J'ai la preuve qu'EnCana Corporation ne respecte pas la réglementation sur le bruit et que l'EUB camoufle l'infraction et le fait par écrit. Je crois que l'EUB, l'autorité de réglementation, fait cela pour me réduire au silence. Elle prend exemple sur la GRC. Je suis donc très surprise que vous, honorables députés, me donniez la parole ici car je crois c'est la première fois que cela arrive en Alberta. J'ai été informée que le bannissement constitue une violation de la Charte canadienne des droits.
J'ai été élevée dans la fierté d'être Canadienne. J'ai grandi en étant fière de notre eau, de notre action pour la paix, la médiation et l'environnement à l'échelle mondiale. J'ai travaillé dans d'autres régions du monde. Je dois l'avouer, j'ai honte aujourd'hui d'être Canadienne, et je suis venue vous supplier, à titre de membres du comité, d'écouter attentivement et de lire les documents et de vous demander sérieusement si le gouvernement fédéral ne devrait pas intervenir.
Je n'ai jamais vu de telles atrocités au cours de mes 25 années de carrière dans le secteur pétrolier comme celles que je vois au cours du boom actuel: violations des droits de la personne, dégradations de l'environnement et contraventions aux lois et règlements.
En ce qui concerne le bruit, la nuit avant mon départ pour l'aéroport, le bruit des compresseurs — nous sommes entourés de 13 compresseurs d'EnCana — m'a rendu folle. Parfois, le bruit est atténué, mais pas toujours. Ces compresseurs sont entourés d'un mur en bottes de paille.
J'ai l'expérience directe de l'eau. Voici mon eau, qui brûle, sortie de mon robinet, versée dans une bouteille de boisson gazeuse ou d'eau. Il n'y a pas de sucre là-dedans. Quelques minutes après, je peux y mettre le feu. Je vis sur ma propriété de 50 acres depuis 1998. Le méthane houiller est arrivé et mon eau a radicalement changé — elle cause une brûlure chimique à la peau et aux yeux. Mes chiens non seulement refusaient de la boire, mais ils reculaient quand on la leur présentait. L'eau dégageait une fumée blanche.
Les robinets sifflaient. Je ne savais pas ce que c'était. J'étais réellement occupée. Je croyais que c'était un problème de plomberie. Je me disais: « Mon Dieu, je vais devoir remplacer les robinets ». J'étais loin de savoir que je vivais au milieu d'une bombe à retardement. C'était du méthane et d'autres hydrocarbures qui s'échappaient par mes robinets. Parfois, il y avait tellement de gaz que je ne parvenais même pas à fermer les robinets. Je ne parvenais plus à rincer le savon ou la shampoing de mon corps, l'eau avait changé.
En outre, quand on vit à la campagne, on a l'habitude d'avoir des tâches de rouille dans les lavabos et les toilettes — pardonnez-moi d'aborder ces détails intimes. Tout d'un coup, mes toilettes sont devenues blanches comme neige, comme neuves. Quelque chose a décapé les tâches. C'était probablement ce qui me brûlait aussi la peau.
M. Pryce a vanté la réglementation. Cela s'est produit en 2004. Il y a deux aquifères dans ma localité. Il s'agit là d'un forage d'EnCana. La compagnie a fractionné et perforé nos nappes phréatiques. Aussi, la protection et la séparation dont ils ont parlé n'est pas possible. Il y a eu d'abord les perforations, à travers le tubage, puis les fracturations, et Dieu sait quels solvants ont été injectés dans nos aquifères.
Aux États-Unis, EnCana a été condamnée pour contamination de la nappe phréatique et omission de protéger la santé et la sécurité.
Voici encore une autre photo de mon eau, une photo différente. Je ne fais plus cette expérience dans la maison car l'explosion était si forte que la flamme a jailli jusqu'au plafond. Je suis floue dans la photo — me voici — car j'ai sauté d'effroi.
Un puits d'extraction sur 20 fuit. Lorsqu'on fait des analyses, on blâme habituellement le propriétaire foncier, au lieu d'effectuer des tests complets sur les puits d'extraction. Il existe des méthodes pour déterminer quel puits de gaz ont des fuites. On peut réparer les fuites. En l'occurrence, EnCana a déclaré publiquement qu'elle n'est pas obligée de collaborer avec cette enquête car elle ne reconnaît pas la validité des méthodes scientifiques permettant de déterminer quel puits fuient.
L'autorité de réglementation trompe le public. Nous avons des milliers de puits d'extraction qui fuient.
Les nouveaux tests entrepris n'ont été décidés que lorsqu'un certain nombre de citoyens indignés se sont rendus à l'assemblée législative et ont protesté publiquement. Le comité consultatif siégeait encore alors. Je crois que sans cela les tests n'auraient pas été rendus obligatoires.
Nous avons maintenant accumulé un certain nombre d'expériences avec le méthane houiller, mais notre connaissance des eaux souterrains a du retard. Où est le principe de précaution?
En 2005, l'industrie a fait savoir à l'Alberta Energy and Utilities Board que certaines de ses fracturations à faible profondeur endommageaient les puits de pétrole et de gaz. On a donc introduit de nouvelles règles. Ces règles auraient dû être imposées avant de commencer les expériences, surtout dans l'intérêt de notre eau potable.
Voici un puits artésien qui a explosé au printemps dernier. L'agriculteur s'était battu pendant trois ans avec l'autorité de réglementation — soi- disant la meilleure autorité de réglementation. Qu'est-ce qui ne colle pas dans cette photo? Trois hommes ont été sérieusement blessés le jour de l'échantillonnage. Après la contamination, certaines sociétés ont refusé de communiquer les données requises pour mener l'enquête et remédier à la situation.
Voici un diagramme que l'AEUB, l'Office de l'énergie, et le ministère de l'Environnement albertain diffusent dans le public. Ils disent que cela n'arrive jamais. Oh, non, il n'y a pas de fuite.
Soit dit en passant, le méthane est un gaz à effet de serre bien pire que le Co2, et nous avons des milliers de ces puits qui relâchent du méthane directement dans l'atmosphère. Il y a des fuites par le tubage de surface des puits et une migration de gaz à travers le sol. Il faut signaler que l'AEUB, en 2007, avertissait même que le potentiel de fuite et de migration de gaz est pire dans les zones peu profondes. C'est là où va être exploité le gaz houiller et là où se situe notre eau.
Dans l'eau de Rosebud, nous avons de 30 à 66 milligrammes de méthane dissout, en sus du gaz libre. La CAPP, qui a comparu tout à l'heure par vidéo, possède un rapport disant qu'un milligramme vous expose à un risque d'explosion si l'eau passe par un espace non ventilé. Une étincelle d'interrupteur, du statique dans mes cheveux, auraient pu faire sauter ma maison.
L'autorité de réglementation persiste dans le déni. Elle a effectué des tests sur notre eau. Vous avez un tableau. Nous avons dans notre eau du benzène, du toluène, de l'éthylbenzène et des xylènes. Nous avons de l'éthane, du propane, du méthane, du butane et des octanes et nous avons du kérosène dans l'eau potable de la communauté. Dans la plupart des cas, on blâme le propriétaire foncier de la contamination par les bactéries. Sur le tableau, vous pouvez voir le processus que nous devons suivre.
J'ai lu le rapport que vous avez publié récemment sur les substances chimiques et votre Loi canadienne sur la protection de l'environnement, et je vous supplie de faire appliquer cette loi en Alberta.
On nous dit que l'on n'utilise que de l'azote et que donc notre eau est bonne parce que l'azote est présent dans l'atmosphère. J'aimerais vous montrer une liste. Elle provient du magazine Oilweek. C'est une liste de divers produits, des centaines, utilisés à différentes étapes du forage, de la fracturation et de l'entretien. Certains contiennent du gazole et de l'huile minérale. En Alberta, la réglementation n'oblige l'industrie à déclarer aucun des produits chimiques utilisés, même pas s'ils sont toxiques, même pas s'il s'agit de benzène, notoirement cancérigène, ou de toluène, qui endommage le cerveau, particulièrement celui des enfants. On a trouvé du toluène dans notre eau.
Nous avons besoin de savoir quelles sont les substances chimiques utilisées, surtout à si faible profondeur, et je crois que la loi fédérale est parfaite. J'ai remarqué dans votre rapport qu'elle est rarement invoquée et appliquée. Je vous demande de l'appliquer en Alberta et d'obliger l'autorité de réglementation à contrôler les substances chimiques utilisées.
J'ai vu quantité de palettes de produits chimiques qui ne figurent même pas sur cette liste, des sacs de produits chimiques disant « Danger, non réglementé ». Nul ne sait ce qu'ils contiennent mais ils traversent nos terrains de jeu. Nous ne savons pas aujourd'hui comment analyser notre eau. Ces produits chimiques auraient pu contaminer notre eau, mais nous ne savons pas quoi chercher.
J'ai également apporté avec moi un engagement à protéger nos eaux souterraines. Vous avez fait traduire ce texte. J'aimerais demander à tous les députés, non seulement les membres du comité, de signer cet engagement et de le télécopier à l'honorable ministre Baird et à notre honorable premier ministre Stelmach.
C'est là une liste de quelques mesures que nous aimerions voir prises pour protéger nos eaux souterraines.
Le méthane houiller peut être une nouvelle ressource fantastique. Nous pouvons tous avoir notre part de cette prospérité. Le Canada est un pays fantastique. J'aimerais voir le Canada dans lequel j'ai grandi tourner le dos au règne des sociétés. J'aimerais que le peuple soit au pouvoir. J'aimerais que la santé et la sécurité publiques soient protégées. Il y a toujours des gens dans ma collectivité qui se baignent et qui boivent de l'eau contaminée par le benzène et le toluène. Il n'est pas nécessaire pour avoir la prospérité de nuire à la population.
L'exploitation du méthane houiller va se répandre. Bientôt ce sera le tour des schistes. Ces répercussions, ces violations de la Charte canadienne des droits et libertés vont se répandre à travers le pays si nous continuons à laisser la main libre à l'industrie.
Le principe de précaution: pourquoi autorisons-nous ces perforations et fracturations des formations de faible profondeur au-dessus du seuil de protection des nappes phréatiques? L'industrie ne sait toujours pas ce que ces perforations et fracturations provoquent. Elle l'a déclaré par écrit à l'EUB. Pourquoi ne pas apprendre d'abord? Nous pouvons faire une atténuation économique à cet égard, ralentir, réfléchir d'abord, commencer par recueillir quelques renseignements. Déterminons les effets sur nos eaux souterraines. Il s'agit de l'eau du Canada. Nous avons tous de l'eau sur la table devant nous. Cette eau nous concerne tous.
Cette histoire fait grand bruit. J'apporte un cadeau pour mes amis francophones ici. Des journalistes du Québec rédigent trois séries d'articles sur la situation de l'eau. En septembre, je crois, seront publiés ceux sur la situation de l'eau de Rosebud, mais ils écrivent aussi sur le changement climatique. Je trouve intéressant que le Québec soit tellement préoccupé par ce qu'il advient de notre eau en Alberta qu'ils envoient des journalistes jusque chez nous. J'ai ici un article paru dans Alberta Views. J'en ai amené des copies pour vous. Même le magazine Canadian Business a publié un article sur l'eau. Me voici en photo, avec mon eau. Je ne peux plus vivre avec cette eau. C'est trop dangereux. Le gouvernement de l'Alberta me fournit à ses frais de l'eau en camion citerne. J'ai perdu mon indépendance. Je vis à la campagne. Je suis dépendante des livraisons d'eau par camion. Je veux que l'on me rende mon eau. Je veux protéger l'eau pour autrui.
En conclusion, selon mon expérience, la réglementation ne marche pas. L'autorité de réglementation ne fonctionne pas. Au lieu de s'attaquer aux violations de l'industrie, elle a banni une citoyenne ordinaire, me considère comme un danger pour la sécurité et le public. Je venais juste d'apprendre que je courais le risque de voir mon eau exploser lorsque j'ai reçu cette lettre de mon autorité de réglementation, au Canada, un pays que je croyais démocratique. Oui, le méthane peut survenir naturellement, mais il survient normalement à des niveaux très faibles, rien qui avoisine les niveaux que nous connaissons depuis que cette compagnie, EnCana, a perforé et fracturé directement dans notre nappe d'eau potable. Elle a maintenant bouché ce puits, mais nous ne savons pas quels dégâts ont été causés à nos aquifères. C'est très grave.
Je vous remercie.
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La plus grande partie du travail que je fais sur les champs de pétrole portent sur les effets cumulatifs et ce qui est alarmant, c'est de voir que plus la ressource est exploitée en Alberta et plus les mesures d'atténuation et l'évaluation des effets cumulatifs semblent reculer. Nous semblons déréglementer en Alberta au lieu d'intensifier notre évaluation de ces effets.
Du point de vue du réchauffement climatique, les fuites de ces puits, ainsi que leurs effets potentiels sur les eaux souterraines, les effets cumulatifs de l'exploitation de ces formations de faible profondeur, la mise en valeur de ces ressources non conventionnelles, pourraient être désastreux si nous n'avons pas une meilleure protection... Comme M. Cline l'a mentionné, on utilise bon nombre des puits anciens pour perforer et fracturer de nouveau. Lorsqu'ils exploitent le méthane houiller, ils reviennent souvent pour recommencer à perforer et fracturer, encore et encore. Le ciment autour du tubage de surface, ainsi que du tubage de production développe des fuites de toutes sortes. Lorsque le ciment prend, s'il y a des bulles de gaz ou d'air qui remontent des zones plus profondes, des canaux peuvent se former. Le ciment se dégrade avec le temps. Quel sera l'effet cumulatif sur l'intégrité du béton de chacune de ces perforations et fracturations?
En ce qui concerne l'EUB, la collecte de données affiche un grand retard à un moment où nous augmentons les effets cumulatifs. Nos connaissances sont beaucoup moindre et la collecte de données moins avancée qu'il ne faudrait pour ce qui est de la cartographie des eaux souterraines et les tests témoins. Par exemple, dans ma région, les puits de méthane ont été forés avant les tests témoins, alors même que le comité de consultation pluripartite disait: « Il faut faire les tests d'abord, il faut protéger les eaux souterraines, elles sont cruciales pour la vie. »
Ce n'est que sous la pression des journaux que les tests témoins ont été effectués. Je crois que nous n'aurions toujours pas les tests témoins si un certain nombre d'Albertains inquiets n'avaient pas manifesté devant l'assemblée législative et saisi le public.
L'EUB a effectué une étude qui n'a été achevée qu'en 2006. C'est là l'organe de réglementation. Elle a dit que l'eau provenant de sept puits de méthane houiller sur sept contenait les mêmes contaminants que ceux décelés dans notre eau potable à Rosebud: le benzène, le toluène, l'éthylbenzène, etc., les hydrocarbures lourds — mais 11 des 12 puits artésiens de l'étude n'en avaient pas, aucun niveau détectable. Et 10 sur 12 de ces puits artésiens n'avaient pas de niveau détectable de méthane, et pourtant tous tiraient leur eau du charbon. Donc, alors que la CAPP prétend que 26 000 puits artésiens forés dans le charbon contiennent ce méthane naturel, l'étude menée par l'autorité de réglementation elle-même a établi que ce n'est pas vrai.
J'espère donc qu'avec les tests témoins, si nous pouvons améliorer la campagne de tests... Par exemple, pour les tests témoins, monsieur Rota, l'industrie n'est même pas obligée de rechercher les métaux lourds ou les BTAX, ces produits chimiques qui pourraient contaminer l'eau potable. Donc, en ce moment, nous ne pouvons même pas évaluer les effets cumulatifs parce que les tests témoins standards ne recherchent pas les bonnes substances.
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Monsieur Cullen, j'ai indiqué que nous avions un calendrier approximatif, que je vais vous expliquer. Il n'est pas gravé dans la pierre, bien entendu. Je serais très disposé à me réunir avec un membre de chaque parti.
En gros, nous avons reporté le projet de loi . Nous espérons pouvoir l'examiner jeudi et, ainsi, liquider ce projet de loi d'initiative parlementaire.
Comme je l'ai mentionné, le 15 mai, nous avons pour thème la séquestration du CO2 et, le 17 mai, mon sujet de prédilection, la gazéification des déchets.
Je propose ensuite de tenir notre prochaine réunion le mardi 29 mai. J'espère que nous pourrons obtenir le ministre, ce qui accomplirait ce que M. McGuinty...
Une voix: [Note de la rédaction: Inaudible]
Le président: Nous ne siégeons pas cette semaine-là.
Une voix: Oh, est-ce une semaine de congé?
Le président: Oui.
Le 31 mai, nous pourrions commencer avec les témoins, etc. sur le projet de loi .
C'est juste une grossière esquisse.
Le 5 juin, quatre d'entre nous serons absents pour la conférence du G-8 plus cinq. Je propose d'annuler cette séance pour cause d'absence de nombreux membres.
Voilà donc un calendrier très provisoire, si cela peut vous aider.
Monsieur Bigras, vous avez la parole.