:
Merci pour cette occasion — quoiqu'à très court préavis — de faire un exposé sur un vieux problème auquel certaines solutions sont connues, mais qui est peut-être d'actualité pour le Canada et le Québec.
Il faudra toutefois qu'on éteigne. Mon exposé sera très simple. Comme vous pouvez le constater en regardant l'écran, j'ai subdivisé tous les organismes microscopiques utilisant la photosynthèse en deux groupes. Il y a ce que j'ai appelé les « autres algues ». Les algues sont la plupart du temps inoffensives. Elles sont généralement utiles. Elles font partie des réseaux trophiques normaux. Elles sont filtrées par le zooplancton, qui est mangé à son tour par les petits poissons, qui se font manger par les gros. Elles font donc partie des réseaux trophiques normaux.
J'ai appelé mon deuxième groupe les cyanobactéries, et elles sont souvent toxiques. Elles sont généralement non comestibles. Elles ne font pas partie autant que les autres des réseaux alimentaires. Elles donnent un mauvais goût et une mauvaise odeur à l'eau. Ce qui est important pour la discussion d'aujourd'hui, c'est qu'elles peuvent produire des toxines, des toxines qui causent une irritation de la peau et provoquent des symptômes semblables à ceux de la gastro-entérite. En outre, elles peuvent avoir des incidences sur le système nerveux. C'est pourquoi les services de santé publique y sont sensibilisés. Au Québec du moins, lorsqu'on découvre des toxines dans l'eau, le plan d'eau concerné est généralement fermé à la plupart des usages.
Mon transparent suivant représente quelques photos de lacs que j'ai prises et comparées sur une échelle en ce qui concerne la concentration de phosphore, qui varie de 2 à 20 microgrammes au litre. Il ne faut pas oublier qu'un microgramme au litre est une très petite quantité. Ça représente à peu près l'équivalent d'un dé à coudre dans le contenu d'une piscine olympique; c'est donc une minuscule quantité.
Le phosphore est un élément essentiel. Tout organisme vivant en a besoin. C'est aussi également un facteur limitant dans les lacs. Il limite la croissance de la vie dans les lacs. À des concentrations de 4 ou 5 microgrammes au litre, les roches deviennent glissantes à cause des algues. À une concentration de 8 à 10 microgrammes au litre, on commence à voir des plantes aquatiques indésirables. À des concentrations supérieures à 15 ou 20 microgrammes au litre, l'eau a tendance à prendre une teinte de vert soupe aux pois ou soupe aux brocolis, c'est comme vous préférez, mais elle contient en tout cas trop de phosphore.
Au Québec, dans les lacs des Laurentides sur lesquels je fais des études, on a tendance à voir des cyanobactéries à des niveaux phosphoreux allant de 8 à 10 microgrammes au litre; ces cyanobactéries développent des toxines qui entraînent la fermeture d'un lac à tous les usages.
Il est important de signaler que les cyanobactéries sont un phénomène naturel, surtout dans les lacs peu profonds entourés de sols riches en phosphore. J'ai pris cette photo en Alberta. Il n'y a jamais eu d'activité humaine de développement dans ce bassin hydrographique, mais on trouve malgré tout des cyanobactéries dans ce lac. C'est donc un événement naturel.
Les charges naturelles en phosphore sont généralement restreintes dans les lacs et les rivières. Comme je l'ai déjà signalé, c'est toutefois un élément essentiel. Le phosphore provient naturellement des retombées atmosphériques, sèches et humides. Il vient également des cours d'eau. Du phosphore est libéré par les forêts, les marécages, les barrages de castors, etc. Par conséquent, il existe des sources naturelles de phosphore dans les systèmes aquatiques, et les concentrations de phosphore sont naturellement faibles.
En ce qui concerne la pollution par le phosphore, les humains en ont considérablement augmenté les concentrations dans de nombreux systèmes aquatiques. Ce n'est pas un problème récent. C'est un vieux problème dont les causes sont nombreuses. En ordre décroissant d'importance, je dirais que la première cause est une agriculture non durable, c'est-à-dire un type d'agriculture qui a toujours maximisé le rendement des récoltes mais n'a jamais tenu compte de la qualité des eaux réceptrices. Le phosphate que contiennent les détergents ménagers posent toujours un gros problème également, au même titre que les effluents urbains industriels, c'est-à-dire des installations de traitement des eaux usées qui sont vétustes. Elles sont très nombreuses, au Québec du moins; je ne sais pas quelle est la situation dans les autres provinces. En outre, l'utilisation d'engrais dans les pelouses et dans les jardins, les installations septiques déficientes, la déforestation à outrance dans les bassins hydrographes et l'expansion résidentielle démesurée en bordure des lacs sont d'importantes sources potentielles d'accumulation de phosphore en quantités excessives dans les systèmes aquatiques.
En ce qui concerne certaines de ces sources, le problème sera difficile à régler. Il ne pourra être réglé que sur plusieurs générations. Par contre, il serait possible de se débarrasser en quelques mois des phosphates dans les détergents ménagers.
En ce qui a trait aux quantités excessives de phosphore, on peut avoir recours à des solutions à long terme et à des solutions à court terme. Je pense qu'au cours de la prochaine génération ou dans deux générations, nous devrons revoir notre système agricole — c'est-à-dire ce qu'il faut produire, comment nous devrions le produire et la meilleure méthode de production n'ayant pas d'incidences négatives sur les eaux réceptrices.
Par exemple, dans la baie Missisquoi du lac Champlain, il y a une centaine de kilomètres carrés d'eau contenant de beaucoup trop grandes quantités de phosphore, d'algues et de cyanobactéries. Tous les usages de ce plan d'eau, y compris pour le ski nautique et la baignade, sont interdits.
Examinons donc le cas de la baie Missisquoi. Si j'attire l'attention sur ce petit endroit, c'est pour expliquer ce qu'est pour moi une agriculture durable. En examinant ce petit endroit à la loupe, on constate qu'au cours de la prochaine génération, il faudra probablement que nous combinions l'agriculture, la sylviculture et l'exploitation forestière sur de larges bandes tampons. Les bandes tampons actuelles ont une largeur d'environ cinq mètres et on ne les fait même pas respecter. Il faudrait pratiquer la sylviculture et l'exploitation forestière sur de larges bandes tampons afin d'associer les zones qui perdent des éléments nutritifs avec celles qui sont des sources d'éléments nutritifs, comme la forêt, afin de réduire le plus possible l'écoulement de phosphore et d'azote provenant des engrais dans les fleuves, les rivières, les ruisseaux et les lacs.
Le phosphore que contiennent les détergents pour lave-vaisselle est une source importante qui pourrait être facilement éliminée. En 1972, l'Accord Canada-États-Unis relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs a limité les quantités de phosphore provenant du détergent à lessive à 2,2 p. 100. De toute apparence, et je ne sais pas très bien pourquoi, le détergent à lave-vaisselle a échappé à cette restriction, si je comprends bien le problème.
Au cours des dernières années, j'ai passé mon temps à mesurer les quantités de phosphore dans les détergents à lave-vaisselle. Il ne faut pas oublier qu'actuellement, de 55 à 60 p. 100 des ménages sont équipés d'un lave-vaisselle. Les détergents à lave-vaisselle ont encore une forte teneur en phosphore, surtout les nouvelles capsules de gel qui sont très annoncées à la télévision actuellement. Ce sont celles qui ont la plus forte concentration de phosphore. J'estime que les détergents à lave-vaisselle peuvent représenter approximativement de 5 à 20 p. 100 de l'apport de phosphore d'un ménage ordinaire.
C'est beaucoup. Et je suis très prudent; les estimations faites par des pays comme la Suisse sont plus élevées, à savoir qu'elles indiquent que 20 p. 100 des phosphates proviennent des détergents à lave-vaisselle.
Plusieurs États américains et quelques pays européens ont entièrement interdit le phosphore dans tous les produits ménagers. Dans d'autres États, notamment au Massachusetts, des projets de loi sont à l'étude à l'assemblée législative.
Lisez ceci:
Aucun produit de nettoyage ménager contenant un composé phosphoreux à des concentrations supérieures à l'état de trace... ne peut être distribué, vendu, proposé ou exposé en vue de la vente au détail... ou utilisé dans un établissement commercial du commonwealth après le 1er juillet 2010.
C'est le type de règlement que l'on est actuellement en train d'adopter dans plusieurs pays étrangers.
Je voudrais poser une question: pourquoi le Canada est-il en retard à ce chapitre?
J'ai terminé. Merci.
Je vous remercie pour cette occasion de faire un exposé pour l'Association canadienne des eaux potables et usées. J'espère que mon allocution sera utile.
[Français]
Bonjour. Merci de me donner l'occasion de m'adresser au comité au nom de l'Association canadienne des eaux potables et usées. J'espère que mon allocution sera utile.
[Traduction]
Mes commentaires porteront sur les incidences sur le phosphore d'un traitement efficace des eaux usées; mon point de vue sera surtout celui d'un ingénieur municipal.
Comme on l'a déjà signalé, le phosphore est un élément nutritif essentiel qui soutient la croissance des algues et d'autres organismes biologiques. La prolifération d'algues est indésirable en raison des risques de production de toxines dangereuses pour l'être humain, pour le bétail et pour les animaux sauvages. Les systèmes modernes de purification de l'eau de consommation permettent heureusement d'enlever efficacement ces toxines; en ce qui concerne la rivière des Outaouais, on n'y a jamais détecté la présence de toxines provenant d'algues dans l'eau d'arrivée.
Un deuxième problème que posent les proliférations d'algues est que lorsque les algues meurent, le processus de décomposition fait diminuer la concentration d'oxygène dans l'eau. Cela peut faire périr des poissons. Ce processus est appelé eutrophisation.
C'est pourquoi il est important de contrôler la quantité de phosphore provenant des usines municipales de traitement des eaux usées et du ruissellement naturel qui pénètre dans les eaux de surface.
La quantité de phosphore qui peut être déversée dans un plan d'eau sans déclencher une efflorescence d'algues est déterminée par la capacité d'assimilation de cette masse d'eau. Cette capacité d'assimilation est influencée par plusieurs facteurs comme la taille d'un lac et le débit d'une rivière ou d'un fleuve.
La rivière des Outaouais, par exemple, a une grande capacité d'assimilation. C'est une rivière de grosse taille et elle n'a pas des niveaux naturels de phosphore élevés. C'est pourquoi le critère de déversement pour l'usine de traitement des eaux usées de la ville, le Centre environnemental Robert O. Pickard, est fixé par le ministère de l'Environnement de l'Ontario à 1 milligramme au litre, ou une partie par million.
La rivière Rideau, par contre, a une capacité d'assimilation très restreinte. Elle est relativement petite et a déjà subi une certaine détérioration à cause de nutriments provenant surtout des activités agricoles et des écoulements urbains d'eaux pluviales. Dans le village de Manotick, la ville exploite une petite usine pilote dont l'eau se déverse dans la rivière Rideau. Sa limite de phosphore dans les effluents est fixée à 0,03 milligrammes par litre, soit 3 p. 100 seulement de la concentration qui peut être déversée dans la rivière des Outaouais. Ce type de traitement est complexe et très coûteux.
Les eaux usées municipales contiennent généralement entre 4 et 16 milligrammes au litre de divers composés phosphatés, en dissolution et sous forme solide. À Ottawa, c'est environ 5 milligrammes par litre; ce n'est apparemment pas beaucoup, mais ça représente environ 750 tonnes métriques par an.
Or, les usines modernes de traitement secondaire des eaux usées comme celle d'Ottawa n'ont que très peu de difficulté à atteindre l'objectif de déversement d'un milligramme au litre. Ce qui importe, c'est que, si on dispose d'un système d'épuration des eaux usées moderne, on a une technologie qui a fait ses preuves et on est capable de respecter ce type de limites. Pour ce qui est d'atteindre la limite inférieure que j'ai mentionnée tout à l'heure, ce n'est vraiment pas facile; c'est probablement le fin du fin.
Le phosphore est retiré des eaux usées par trois méthodes. Premièrement, au cours du processus de traitement primaire, les eaux usées sont ralenties en les faisant passer par de gros réservoirs, pour permettre aux matières solides plus lourdes de se déposer. Le prélèvement biologique et la précipitation chimique se font au cours du processus de traitement secondaire. Dans le cas du Centre Pickard, ce processus est appelé procédé de traitement par les boues activées.
Les bactéries d'origine naturelle sont utilisées pour absorber des matières organiques, y compris du phosphore et du fer dissous ou du sel d'aluminium. Dans notre cas, on ajoute du chlorure ferreux pour transformer le phosphore dissous en matière solide qui sera séparée de l'eau par précipitation. Après aération, pour encourager la prolifération bactérienne, on laisse le mélange se déposer dans de grands clarificateurs et l'eau propre est retirée de la surface et déversée dans la rivière.
Les boues déposées sont enlevées et réacheminées vers le début du processus de traitement secondaire, puis ajoutées aux eaux usées d'arrivée. Il est important de maintenir l'équilibre exact entre la quantité de boues réacheminées et d'eaux usées d'arrivée. Par conséquent, les matières en excès sont retirées pour maintenir cet équilibre.
Les déchets enlevés au cours des procédés de traitement primaire et de traitement secondaire sont pompés dans de grosses cuves fermées appelées digesteurs anaérobies, dans lesquels les différents types de bactéries dissolvent les matières organiques pour produire de l'eau, du dioxyde de carbone et du méthane.
Dans le cas d'Ottawa, le gaz est retiré et utilisé dans une centrale de cogénération pour produire de l'électricité et de l'eau chaude pour les procédés de traitement et le chauffage du bâtiment. Cette façon de procéder permet à la municipalité de réaliser des économies nettes d'environ 1,4 million de dollars sur les achats d'électricité et de gaz naturel.
Les boues digérées stabilisées, appelées communément biosolides, sont déshydratées dans des centrifugeuses, selon un procédé qui ressemble beaucoup au cycle d'une sécheuse. Les biosolides sont solides dans une proportion d'environ 33 p. 100 et ont la consistance du sol humide.
À Ottawa, les biosolides sont recyclés pour être transformés en suppléments pour la fabrication de compost ou pour épandage direct sur les sols. Dans les deux cas, le phosphore qui se trouve dans les biosolides joue le rôle de nutriment. C'est un procédé assez courant à l'échelle nationale.
Comme je l'ai déjà signalé, les écoulements d'eaux pluviales contiennent également des phosphores provenant des matières fécales animales et des engrais. Dans les nouveaux lotissements urbains, on aménage des bassins de gestion des eaux pluviales dans le but de retenir celles-ci, afin d'éviter l'érosion le long des cours d'eau et rivières situés en aval et d'assurer le traitement passif des déchets organiques et des bactéries. Les matières plus lourdes se déposent au fond et l'action des plantes et des bactéries, y compris des algues, enlève les matières organiques et les nutriments comme le phosphore. Ces bassins sont capables de retirer jusqu'à 95 p. 100 du phosphore d'arrivée.
Une partie du phosphore séquestré est finalement libérée lorsque la vie végétale meurt en automne. Ça ne pose pas de problème, car l'eau réceptrice est trop froide pour encourager la prolifération d'algues.
J'ai terminé mon exposé.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir d'être ici.
Je voudrais vous donner quelques informations au sujet de la Fédération canadienne de l'agriculture, ou FCA. La FCA est une fédération d'associations agricoles. Elle a parmi ses membres une association agricole générale de chaque province ainsi que de nombreuses associations nationales de producteurs de denrées spécifiques. Par le biais de nos membres, nous représentons tous les secteurs de production agricole de toutes les régions du Canada.
En guise de préface sur la question à l'étude, je dirais également que les agriculteurs canadiens terminent leurs quatre pires années sur le plan du revenu net. Ils ont accumulé une dette agricole record. Je le signale, non pas pour demander au comité davantage de fonds pour les agriculteurs, mais parce que ce problème les a incités à accroître leur productivité, à obtenir de meilleurs rendements et à mettre l'accent sur la réduction des coûts d'intrants.
Ces efforts ont également eu une influence sur la contribution de l'agriculture aux niveaux de phosphore dans nos cours d'eau. Comment cela est-il arrivé? Eh bien, pour réduire leurs coûts de production, les agriculteurs ont fait beaucoup plus d'analyses de sol et des analyses beaucoup plus spécifiques, afin de déterminer la quantité d'engrais à épandre. Ils ont adopté une gestion beaucoup plus efficace de l'épandage de nutriments d'origine animale sur la terre ainsi que du volume ou du niveau de nutriments d'origine animale épandus; en outre, ils adoptent des méthodes de prévention de l'érosion beaucoup plus efficaces, car cela a un impact sur la productivité et le rendement. On n'épand plus des engrais à outrance. Les agriculteurs n'ont tout simplement pas le choix: ils doivent réaliser un certain équilibre et éviter tout gaspillage dans l'application des engrais. Ils sont parfaitement disposés à suivre tout programme éducatif qui les aidera à être beaucoup plus performants dans tous ces domaines.
Les agriculteurs sont en outre bien disposés à rendre des comptes et à prendre leurs responsabilités. La seule chose qu'ils ne sont pas prêts à accepter, c'est une responsabilité exagérée pour tous les problèmes éventuels.
Nous savons que les engrais sont absolument essentiels dans la production des aliments et des fibres et que les nutriments d'origine animale sont inévitables. Par conséquent, quelle est la solution? Quelle est la clé?
La gestion est probablement la solution et la clé. Pendant des années, les agriculteurs ont élaboré et mis en oeuvre des plans de gestion des nutriments de plus en plus efficaces et ils ont amélioré leurs plans environnementaux et leurs pratiques de gestion exemplaires. C'est précisément la raison pour laquelle les membres de la Fédération canadienne de l'agriculture ont beaucoup mis l'accent sur ce que nous appelons un volet des biens et des services publics pour la prochaine génération du Cadre stratégique pour l'agriculture. Nous pensons que de bonnes initiatives basées sur des mesures d'encouragement en matière de biens et services publics dans le Cadre stratégique pour l'agriculture aideront les agriculteurs à faire des choses qu'ils n'auraient pas les moyens de faire.
Certains d'entre vous ont peut-être déjà entendu parler par exemple de l'initiative en matière de services d'utilisation des terres agricoles dont nous discutons depuis un certain temps. Il s'agit d'un programme fondé sur des mesures d'encouragement ayant pour but d'aider les agriculteurs à établir des zones tampons plus larges. Il aide les agriculteurs à soustraire à la culture les terres improductives. Ils pourraient le faire pour les terres sujettes à érosion, mais des mesures d'encouragement seraient appliquées. Ils pensent en outre que toute initiative de ce type aiderait à répondre aux attentes de la société.
Ils savent qu'ils ne peuvent pas transmettre ces coûts supplémentaires aux consommateurs et pensent par conséquent que l'État devrait les aider à payer certains de ces coûts de mise en oeuvre par le biais de programmes fondés sur des mesures d'encouragement.
C'est une formule gagnante sur toute la ligne. C'est tout d'abord une formule gagnante pour les agriculteurs et le grand public, car ce type de programme crée un contact plus vigoureux entre le public et les agriculteurs en reconnaissant que ceux-ci s'appliquent à répondre aux attentes de la société. Il aide les agriculteurs à faire une chose qu'ils n'auraient pas les moyens de faire. C'est aussi une formule gagnante pour les gouvernements, car cela diminuerait finalement la pression sur les fonds destinés à la gestion des risques d'exploitation ou, comme certains d'entre vous le savent peut-être, sur les programmes de sécurité du revenu. Ce serait également dans l'intérêt du grand public, car cela aiderait à préserver le capital naturel du Canada.
Je répète que les agriculteurs sont disposés à rendre des comptes et à prendre leurs responsabilités, pas pour plus que leur contribution au problème ou à la situation actuelle, mais pour continuer à améliorer ce que nous considérons comme la clé et la solution à tous les problèmes associés au phosphore, à savoir les pratiques de gestion exemplaires, la gestion des nutriments d'origine animale ainsi que les plans environnementaux pour l'agriculture.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, j'aimerais signaler que je suis accompagné aujourd'hui d'une des scientifiques d'Environnement Canada, Mme Susan Watson, qui est à votre disposition pour répondre à toutes les questions plus techniques.
Je pense en outre que vous avez un exemplaire de mon exposé et, pour gagner du temps, je ne compte pas le lire intégralement. J'aimerais seulement en exposer deux ou trois points saillants et faire quelques commentaires finaux, si ça vous convient.
La première partie de mon exposé porte sur les efflorescences algales nuisibles et sur certains de leurs aspects complexes. Les caractéristiques en raison desquelles nous avons une certaine difficulté à faire une évaluation quantitative précise des risques incluent le fait que les cyanobactéries qui produisent les toxines n'en produisent pas toujours. Les déclencheurs qui les incitent à produire des toxines sont peu connus. Par conséquent, une prolifération de cyanobactéries comme celle représentée sur les photos est possible sans production de toxines; dans d'autres cas, les cyanobactéries peuvent produire des toxines, être libérées dans l'eau et l'efflorescence disparaîtra alors que les toxines demeureront.
En ce qui concerne les microcystines produites par une espèce précise de cyanobactéries, nous en avons dénombré 90 versions différentes auxquelles sont associés environ 200 peptides qui sont toxiques. Par conséquent, leur analyse chimique dans des programmes de contrôle pose un défi; en outre, il n'existe pas de critères d'analyse pour la plupart des toxines produites.
Par conséquent, le point saillant de la première partie, ou le fait à retenir, est que les espèces individuelles produisent des composés qui sont différents en puissance, en toxicité et en stabilité; même au sein d'une seule espèce, la nature des toxines produites est très complexe.
Nous en convenons et nous avons étudié ces efflorescences à travers le pays, y compris dans des lacs artificiels des Prairies comme le lac des Bois et le lac Winnipeg — le lac Érié a également quelques types d'efflorescences semblables. En fait, des photos du lac Winnipeg et du lac des Bois ressembleraient beaucoup à celles que M. Carignan a présentées.
En ce qui concerne la toxicité potentielle de ces espèces, nous avons mis en évidence trois facteurs à la page 3 de l'exposé. La possibilité de toxicité augmente avec l'eutrophisation, et plus particulièrement en raison d'un apport accru en phosphore. Une partie de la recherche de M. Watson et de ses collègues a révélé que les populations d'algues, composées dans une proportion de plus de 50 p. 100 de cyanobactéries, n'était possibles qu'au-dessus de 10 microgrammes au litre de phosphore. C'est le chiffre approximatif que M. Carignan a présenté; il a suggéré 8 microgrammes, mais on a prévu une certaine marge d'erreur. Nous sommes par conséquent d'accord avec cette conclusion.
Parmi les autres faits importants que nous mettrions en évidence, il y a la température et les conditions extrêmes. En raison du réchauffement climatique et de l'allongement des saisons de croissance, nous prévoyons des efflorescences plus marquées. En outre, dans des régions comme celle du lac Érié ou dans d'autres zones des Grands Lacs, l'introduction d'espèces exotiques comme les moules zébrées a modifié l'écologie. Un phénomène appelé dérivation littorale est actuellement examiné dans les milieux scientifiques; les moules zébrées qui vivent en eau peu profonde captent apparemment de grandes quantités de phosphore et provoquent de nouvelles efflorescences d'algues. Nous pensions avoir réglé certains des problèmes d'algues dans les zones littorales, mais elles réapparaissent et elles sont probablement associées aux espèces exotiques — comme les moules zébrées — qui concentrent le phosphore dans les eaux littorales, portant la concentration à un niveau supérieur à 10 microgrammes au litre, ce qui favorise l'implantation de certaines de ces espèces nuisibles.
Dans notre rapport de 2001 sur les nutriments dans l'environnement — que votre comité avait demandé en 1998-1999 —, nous avons tenté de faire l'évaluation quantitative la plus exacte possible des sources de phosphore dans l'environnement canadien. Dans ce rapport, les chiffres que nous avons mentionnés indiquent que l'agriculture était la principale source, avec 56 000 tonnes par année. La quantité estimative pour les rejets municipaux est de 7 900 tonnes. Je signale que ces chiffres ne se trouvent pas dans mon document. Les rejets industriels étaient de 2 000 tonnes, les installations septiques représentaient moins de 2 000 tonnes et l'aquaculture, 500 tonnes. La conclusion est que, d'après les chiffres pour 1996, les rejets municipaux représentent environ 12 p. 100 des rejets totaux de phosphore.
Dans ce rapport également, vous constaterez que nous avons évalué de notre mieux la situation en nous basant sur les chiffres pour 1996 et en avons conclu qu'environ 7 p. 100 des rejets municipaux venaient des poudres pour lave-vaisselle. Par conséquent, d'après nos chiffres et d'après ce rapport, un peu moins de 1 p. 100 des rejets totaux dans l'environnement canadien venait des poudres pour lave-vaisselle.
La principale source est l'agriculture. C'est pourquoi, depuis que nous avons préparé ce rapport, nous avons concentré nos études sur les mesures que nous pourrions prendre avec la communauté agricole pour tenter de réduire l'apport de l'agriculture. Certains des projets que nous avons mis en place incluent l'élaboration de meilleures pratiques de gestion bénéfiques qui pourraient être adoptées.
Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à l'adoption de certaines pratiques dans les provinces des Prairies car il semblerait qu'en raison des conditions du sol dans cette région, le phosphore est en majeure partie dissous, et n'est pas lié à des solides. Alors que dans l'est du Canada, les pratiques de gestion bénéfiques sont le reboisement ou, du moins, comme l'a signalé M. Carignan, l'aménagement d'une meilleure couverture forestière le long des zones riveraines pour enrayer l'érosion du sol, il se pourrait que ce soit une méthode de contrôle du phosphore inefficace dans l'ouest du Canada si le phosphore est en grande partie dissous et pas lié au sol. Par conséquent, nous étudions les mesures qui peuvent être prises dans des endroits comme le Bassin de la rivière Rouge pour élaborer des pratiques de gestion bénéfiques adaptées aux conditions régionales. Nous collaborons avec le milieu agricole et élaborons des normes qui pourraient être associées aux plans environnementaux en question pour l'agriculture. C'est ainsi que nous concevons leur application.
Nous avons en outre entamé cette année une étude en vue de pouvoir associer des exploitations agricoles et des sous-bassins hydrographiques aux eaux réceptrices en aval. Un agriculteur qui est établi haut en amont de la rivière Rouge ne fait peut-être personnellement aucun lien entre le lac Winnipeg et sa contribution à l'eau. Nous tentons de faire ce type d'étude par bassin hydrographique et espérons que cela pourra être intégré finalement à une initiative portant sur tout le bassin du lac Winnipeg. Les modèles intégreraient l'application des pratiques de gestion bénéfiques dans tout le bassin hydrographique et nous indiqueraient quels impacts cela pourrait avoir sur un plan d'eau situé en aval en matière d'apport total de phosphore.
Nous nous appliquons à élaborer des pratiques qui permettront de s'attaquer à cet apport de phosphore et de réduire cette source agricole, avec de meilleurs outils qui nous permettraient d'associer des agriculteurs à des conséquences écologiques en aval, afin de pouvoir déterminer de façon précise la part de la solution qu'ils pourraient apporter au problème.
En outre, nous tentons de faire une analyse quantitative plus précise des apports des installations techniques dans les zones riveraines. Nos études actuelles sont axées sur le lac Huron où il y a des efflorescences algales en bordure des rives et où les plages sont fermées; nous pensons que ces problèmes pourraient être dus aux installations septiques. Nous espérons pouvoir étendre cette étude au lac Winnipeg, et aussi au lac Érié, lorsque cette initiative prendra de l'expansion.
Nous pensons que la meilleure approche en la matière est celle qui est axée sur les eaux réceptrices d'un bassin hydrographique; elle consiste à examiner l'apport total pour chaque système, étant donné que nous avons l'impression qu'il pourrait exister des différences assez marquées d'un système à l'autre. Un lac laurentien, par exemple, est probablement très différent d'un plan d'eau comme le lac Winnipeg, qui a une zone d'alimentation de près d'un million de kilomètres carrés, en grande partie agricole.
Nous nous appliquons à élaborer ces approches axées sur les écosystèmes, sur les bassins hydrographiques et sur l'apport au plan d'eau vulnérable. Deux faits me reviennent à l'esprit dans ce contexte; nous pouvons donc nous laisser guider dans une certaine mesure par l'histoire. Dans les années 70, lorsque le gouvernement fédéral a réglementé la teneur des détergents à lessive en phosphore, le phosphate avait été remplacé initialement par de l'acide nitrilotriacétique; on utilise actuellement de nombreux autres adjuvants pour détergents. L'acide nitrilotriacétique a donc remplacé le phosphate dans les détergents à lessive.
Cette année, nous avons inclus l'acide nitrilotriacétique à la liste intérieure des substances au cours de l'examen que nous en avons fait. Il est important, si l'on veut encourager l'utilisation de produits de remplacement, d'en connaître la toxicité.
Le deuxième événement fut lorsque nous avons réglementé les substances nutritives. Lorsque nous les avons réduites dans des lieux comme le lac Érié, et lorsque nous nous sommes approchés de nos objectifs... Le phosphore est, cela va de soi, essentiel à la productivité; par conséquent, il faut faire un compromis. L'eutrophisation est de la productivité excessive, mais on fait un compromis entre la productivité du système et les conséquences dues à l'eutrophisation.
Sur la rive sud du lac Érié et en Ohio, des associations de pêcheurs nous ont reproché d'avoir trop diminué la teneur en phosphore, la conséquence étant que le doré était de trop petite taille. Ils ont lancé des campagnes dans le but d'ajouter du phosphore. En ce qui concerne le lac Ontario, les pêcheurs nous ont même accusés — quoique nous ne les ayons pas crus — d'avoir réduit la teneur en phosphore à un niveau tellement bas que le lac ne pouvait plus nourrir le saumon que nous y déversions.
Lorsqu'on interdit quelque chose, il faut prendre toutes les conséquences en considération; il est essentiel de tenir compte des conséquences possibles.
Je vous remercie pour l'occasion de faire ces commentaires.
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J'aimerais tout d'abord remercier le Comité permanent de l'environnement et du développement durable de me permettre de témoigner ce matin. La question que vous examinez aujourd'hui est, naturellement, très importante.
J'ai amené un exemplaire du rapport final du Conseil de gestion du lac Winnipeg. Je le laisse au greffier. Nous le faisons traduire en français également. J'ai des exemplaires en français et en anglais du communiqué que nous avons diffusé il y a quelques mois, quand j'ai rendu le rapport public.
Je ferai très rapidement mon exposé pour passer ensuite aux questions.
L'eau est, naturellement, très importante pour les Manitobains et pour tous les Canadiens. Le Manitoba a trois des plus grands lacs du Canada, notamment le lac Winnipeg qui est le sixième lac en superficie du Canada et qui est le dixième lac d'eau douce au monde.
Le lac Winnipeg est situé entièrement à l'intérieur des frontières du Manitoba. Il couvre une superficie d'environ 25 000 kilomètres carrés. L'ère de drainage du bassin hydrographique a toutefois une superficie de près d'un million de kilomètres carrés. Certaines parties de ce bassin hydrographique sont situées en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario et, naturellement, au Manitoba, ainsi que dans quatre États américains, à savoir le Montana, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Minnesota.
Le lac Winnipeg est unique au monde parmi les grands lacs car il a le ratio le plus élevé de surface par rapport au bassin de drainage. Pour chaque kilomètre carré de surface du lac, il y a 40 kilomètres carrés de bassin de drainage, et c'est typique des Prairies — les vastes étendues de terre.
Les trois principaux bassins versants qui se déversent dans le lac Winnipeg sont la rivière Winnipeg, qui a sa source en Ontario, la rivière Saskatchewan, qui vient des montagnes Rocheuses, en Alberta, et traverse la Saskatchewan, et la rivière Rouge, qui vient du Dakota du Nord et passe dans d'autres États au sud de la frontière.
Nous sommes confrontés à une eutrophisation d'origine culturelle, à savoir que nous avons régulièrement des efflorescences algales dues à l'activité humaine. Le lac Winnipeg est entouré de plus de 30 collectivités disséminées le long de ces 2 000 kilomètres de rives. Nous avons une très importante industrie de pêche commerciale dont les prises annuelles se chiffrent à 55 millions de poissons. Il y a en outre des plages de classe mondiale qui attirent, naturellement, du tourisme.
Des études scientifiques faites au Manitoba indiquent que la charge d'azote et de phosphore dans le lac Winnipeg a augmenté de plus de 10 p. 100 depuis le début des années 70 et qu'à moins que nous apportions des changements dans tout le bassin versant, cette charge augmentera rapidement.
Depuis 1999, le gouvernement du Manitoba a pris plusieurs mesures vraiment significatives. Cependant, il reste encore du travail à faire.
Nous avons mis en place le plan d'action concernant le lac Winnipeg en février 2003. Ce plan d'action avait pour principal objectif d'entamer le processus de réduction des charges de substances nutritives dans le lac Winnipeg, pour les ramener aux niveaux antérieurs à ceux des années 70. C'est dans le cadre de ce plan d'action qu'a été créé le Conseil de gestion du lac Winnipeg.
Nous avons ensuite adopté la Loi sur la protection des eaux, qui nous a dotés d'un nouveau cadre d'orientation pour la gestion qualitative et quantitative de l'eau. Cette loi a permis d'adopter officiellement le règlement sur la gestion des substances nutritives. Nous avons tenu de longues consultations au sujet de ce règlement avec toutes les parties concernées et nous le ferons bientôt entrer en vigueur. Il limite les quantités d'azote et de phosphore applicables aux paysages du Manitoba et, pour la première fois au Canada, il s'appliquera aux substances nutritives provenant du fumier de ferme et des engrais synthétiques. Nous avons en outre établi des zones tampons et créé des zones vulnérables où l'on ne peut pas épandre de substances nutritives.
Avec l'aide du gouvernement fédéral et par l'intermédiaire du Conseil international de la rivière Rouge de la Commission mixte internationale, nous avons passé une entente avec le Dakota du Nord et le Minnesota en vue de réduire de 10 p. 100 sur une période de cinq ans les contributions transfrontalières de nutriments dans le lac Winnipeg. Nous avons fait des investissements considérables pour exiger des réductions de nutriments dans les usines de traitement des eaux usées des grandes villes de notre province.
Le Conseil de gestion du lac Winnipeg, qui a présenté dernièrement son rapport final, a fait 135 recommandations dans 38 domaines dans lesquels il faut intervenir. Nous avons donné notre approbation de principe et, en fait, nous avons déjà pris des mesures concernant 84 p. 100 des recommandations. Un nouveau mandat a été confié au conseil. Il consiste à s'assurer que les liens transfrontaliers rétabliront la santé du lac Winnipeg. Nous avons institué un comité de mise en oeuvre du plan d'action pour le lac Winnipeg qui relèvera du Conseil de gestion du lac Winnipeg.
J'ai été très heureuse que le et le aient accepté de participer aux activités de ce comité par l'intermédiaire de leurs collaborateurs.
Pour mettre un terme au problème du lac Winnipeg, il est essentiel d'avoir des données scientifiques fiables. Nous avons instauré un sous-comité des sciences qui aura pour but de répondre aux besoins du Conseil de gestion du lac Winnipeg et nous créerons d'autres comités, au besoin.
Nous nous réjouissons de l'appui du gouvernement fédéral et de la participation de l'Ontario, ainsi que de celle de la Saskatchewan et de l'Alberta, par l'intermédiaire de la Régie des eaux des provinces des Prairies.
Depuis 1999, le Manitoba a versé ou s'est engagé à verser l'équivalent d'un montant d'environ 130 millions de dollars pour le renouvellement de l'infrastructure de traitement des eaux et des eaux usées. Le 8 novembre 2006, le Manitoba a notamment suspendu la construction ou l'agrandissement d'élevages porcins et il a chargé la Clean Environment Commission (commission pour l'assainissement de l'environnement) de faire un examen de ce secteur pour s'assurer qu'il est durable sur le plan environnemental.
Bien qu'on ait déjà accompli beaucoup, il reste du pain sur la planche; nous devons par conséquent faire des efforts collectifs pour continuer d'avancer. De vigoureux liens entre le gouvernement fédéral et le Manitoba sont essentiels. J'examinerai quelques domaines précis dans lesquels j'espère que nous ferons vraiment des progrès.
L'un est la mise en oeuvre de la gestion du bassin versant dans son intégralité. Comme je l'ai déjà signalé, le bassin versant du lac Winnipeg couvre quatre provinces et quatre États américains. J'espère que nous obtiendrons le type d'appui dont nous avons besoin de la part du gouvernement fédéral ainsi qu'au niveau interprovincial, pour pouvoir réduire la charge de nutriments dans nos eaux.
Nous continuerons de nous appuyer sur des données scientifiques. La science est un domaine qui évolue et se développe constamment; par conséquent, il faut être ouvert à tout ce que les nouvelles connaissances acquises nous apprendront.
Il est essentiel d'élaborer et de mettre en oeuvre de nouvelles politiques et de nouveaux règlements à l'échelle nationale, afin de réduire la concentration de phosphore dans des produits de nettoyage tels que les détergents pour lave-vaisselle. Alors que les mesures fédérales prises dans les années 70 pour réduire la teneur en phosphore des détergents pour lessive afin de protéger le lac Érié et d'autres grands lacs ont été très efficaces, il reste des quantités importantes de phosphore dans de nombreux autres nouveaux produits ménagers de nettoyage comme les détergents à lave-vaisselle.
Il est maintenant temps d'étendre les réussites des années 70 en ce qui concerne les détergents à lessive, en réduisant les quantités de phosphore dans d'autres produits de nettoyage. Une approche fédérale vigoureuse dans ce domaine pourrait s'inscrire dans le cadre de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Nous aurions ainsi des règlements applicables à l'échelle nationale créant des solutions rentables, non seulement pour le Manitoba, mais pour l'ensemble du pays.
En ce qui concerne le bassin versant du lac Winnipeg, il est important de noter que les produits qui composent les détergents utilisés dans un lave-vaisselle à Edmonton se déversent dans ce lac. Ça conne une idée de la superficie de l'aire de captage et ça démontre qu'il est important de faire des efforts collectifs.
De nombreux résultats concrets ont été obtenus grâce au Cadre stratégique pour l'agriculture. Les pratiques de gestion bénéfiques ont certainement été très intéressantes et nous savons que les producteurs locaux du Manitoba sont très heureux de travailler avec ce programme.
Enfin, il est indispensable d'augmenter considérablement les investissements fédéraux-provinciaux dans des installations de traitement des eaux usées plus performantes. Nous espérons que ça se fera, pour assurer des niveaux homogènes de traitement tertiaire à l'échelle nationale dans le but de réduire les apports d'azote et de phosphore dans nos voies d'eau.
J'aimerais terminer mes observations préliminaires en rendant hommage aux enfants de la 2e à la 6e année de l'école élémentaire de Lakewood. J'ai reçu la semaine dernière un colis contenant plusieurs centaines d'oeuvres d'art et de lettres me demandant de prendre soin du lac Winnipeg. Ce message d'espoir était accompagné d'une crainte que leur intervention collective auprès des gouvernements ne soit pas entendue. Que ces enfants et tous les enfants du Manitoba sachent que leurs appels ont été entendus.
Quand nous regardons à travers les yeux de nos enfants, nous savons ce que nous devons faire. En travaillant ensemble, nous réaliserons cet exploit pour eux et pour les générations futures.
Je vous remercie.
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En ce qui concerne la question du produit pour lave-vaisselle, Edmonton fait partie du bassin du lac Winnipeg; il ne s'agit donc pas d'un transfert entre deux bassins. Je pense que vous faites allusion à la situation actuelle à Devils Lake, dans le Dakota du Nord, où on a décidé de pomper de l'eau du lac dans la rivière Sheyenne, eau qui se déversera dans le lac Winnipeg. C'est un projet qui suscite de très vives préoccupations.
Le 5 août 2005, les gouvernements fédéraux du Canada et des États-Unis ont signé un accord indiquant qu'on mettrait en place un filtre ultraperfectionné pour que cette eau, s'il fallait la pomper — la position du Manitoba est qu'une goutte est une goutte de trop —, passe au moins à travers un filtre. Aucun système n'offre une sécurité absolue, mais il est essentiel de prendre toutes les mesures possibles.
Nous savons que cette question suscite de graves préoccupations. Désormais, un biote étranger au bassin versant du lac Winnipeg pourrait y pénétrer. Je dois rencontrer le ministre fédéral tout à l'heure. Je lui demanderai d'activer les démarches en vue de l'installation de ce filtre très perfectionné.
Je crains en outre qu'aux États-Unis, le gouvernement fédéral n'ait délégué au Dakota du Nord, par l'intermédiaire de l'Environmental Protection Agency, le pouvoir d'établir ses propres normes environnementales en ce qui concerne l'eau. En vertu d'un accord avec la Commission mixte internationale, une limite de 300 milligrammes de sulfates par litre d'eau a été établie. L'eau de la zone de Devils Lake ne pourrait normalement être pompée dans la Sheyenne que si elle contient moins de 300 milligrammes de sulfate au litre. À la suite de l'intervention du ministère de la Santé du Dakota du Nord, la limite a été remontée à 450 milligrammes, sans que cette décision soit justifiée par des données scientifiques connues. Par conséquent, nous contestons cette décision. Nous n'avons malheureusement pas eu gain de cause au Dakota du Nord et, par conséquent, nous examinons les étapes suivantes.
Je demanderai au ministre fédéral aujourd'hui d'en discuter avec son homologue américain, pour que le gouvernement fédéral américain retire ce pouvoir au Dakota du Nord afin que tout changement soit basé sur des données scientifiques fiables.
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Oui, c'est possible, mais j'aimerais faire des commentaires sur la motion dont nous sommes saisis.
Elle recommande une élimination progressive, c'est-à-dire que le gouvernement modifie le Règlement sur la concentration en phosphore afin d'éliminer progressivement la concentration de phosphore dans les détergents pour lave-vaisselle et les détergents pour buanderie — ce qui a été accepté — et que rapport de l'adoption de cette motion soit fait à la Chambre à la première occasion.
La première chose est que nous avons appris que le phosphore se trouve dans les détergents pour lave-vaisselle et pas dans les détergents pour buanderie; dans ces derniers, il a déjà été éliminé. Donc, ça concerne uniquement les détergents pour lave-vaisselle. C'est ce qu'indiquent les témoignages que j'ai vus par écrit; par conséquent, la motion n'est peut-être pas correcte.
L'autre problème, monsieur le président, est que cette motion est très semblable — il s'agit fondamentalement de la même motion — à celle qui a été présentée avant que nous ayons entendu les témoins. La question qui se pose dès lors est la suivante: à quoi servaient les témoins? Le comité va-t-il désormais prendre l'habitude de rédiger des motions avant d'avoir entendu des témoins? Monsieur le président, si une motion a été élaborée et qu'on a pris une décision à son sujet — à savoir remplacer « encadrer » la concentration par « éliminer progressivement » la concentration, mais que l'objectif est toujours le même, à savoir éliminer une substance — avant même d'avoir entendu les témoins et d'avoir appris quelles étaient les possibilités de remplacement, s'il y en a, une telle démarche manque rapidement de crédibilité.
Je suis en faveur de la convocation d'autres témoins. La motion à l'étude ne permet pas de convoquer d'autres témoins; par conséquent, je ne peux pas l'appuyer, car elle n'est pas fondée sur un raisonnement logique, mais sur des considérations politiques.