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Vous n'avez pas à vous inquiéter. Étant donné le faible préavis, je n'ai pas pu préparer de long exposé.
Climate Change Central est une société sans but lucratif de l'Alberta ayant pour mission de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la province. Nous répondons à un conseil d'administration et concentrons nos efforts sur l'efficience énergétique et la conservation au moyen de techniques nouvelles, de la compensation d'émissions et de la communication et du dialogue avec le public.
Pour l'exécution de cette mission, nous n'avons pas consacré beaucoup de temps et d'efforts au secteur pétrolier et gazier amont. Plusieurs acteurs s'activent déjà à ce niveau. Nous consacrons la plus grande partie de notre temps au volet demande. Cependant, au moment de réviser notre mandat et notre position stratégique l'an dernier, nous avons utilisé l'approche des coins de stabilisation de Socolow mise au point à Princeton pour examiner le profil futur des émissions de l'Alberta. Nous avons déterminé que le profil des émissions industrielles va suivre une forte croissance à l'avenir, en raison principalement des sables bitumineux. Nos efforts du côté de la demande vont être submergés par le travail qui va se faire du côté de la production.
Dans le cadre de cet examen, nous sommes parvenus à la conclusion que des mesures telles que la séquestration, la capture et le stockage du carbone seront des éléments essentiels d'un plan d'action albertain et canadien. Nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire pour favoriser cela et décider que nous allions contribuer à sensibiliser le public et l'industrie au piégeage et stockage du carbone: les avantages, les difficultés et les mesures nécessaires pour mettre en oeuvre cette technologie.
Nous reconnaissons que le CSC à grande échelle présente des difficultés considérables. Cependant, c'est l'une des grandes solutions aux problèmes en Alberta. Nous savons que des travaux et recherches sont déjà en cours. Des efforts considérables sont déployés dans le monde. Cependant, il nous faut une volonté politique, un soutien gouvernemental à tous les niveaux, et l'appui du public pour faire de cela une technologie viable à grande échelle à l'avenir.
Voilà mes remarques liminaires. Merci beaucoup. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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D'accord, je m'en tiendrai à 10 minutes.
Quoiqu'il en soit, je tiens à vous remercier de l'invitation à prendre la parole devant le comité aujourd'hui. Mon exposé comprendra quatre éléments: une courte présentation de NOVA Chemicals; quelques remarques générales sur la méthode de séquestration du CO2 et son fonctionnement; quelques précisions concernant les projets auxquels participe NOVA Chemicals, dont deux en particulier en Alberta, enfin, quelques réflexions sur l'avenir et la façon de collaborer pour progresser dans ce domaine.
NOVA Chemicals fabrique des produits plastiques et chimiques essentiels à la vie quotidienne et se concentre sur deux chaînes de produits: l'éthylène et le polyéthylène, et le styrène et le polystyrène. Comme la plupart d'entre vous le savent sans doute, notre industrie est à très forte intensité de capitaux et a tendance à connaître un rythme d'activité très cyclique. Les facteurs clés de la profitabilité de notre industrie, comme de celle de beaucoup d'autres secteurs, sont tout simplement l'offre et la demande de nos produits et le coût des matières premières utilisées pour les fabriquer.
Grâce à d'importants investissements dans la technologie, non seulement NOVA mais aussi l'industrie chimique toute entière a considérablement accru son efficience énergétique ces dernières années. Nous faisons la promotion de produits qui réduisent de manière considérable les émissions de CO2. Dans notre mémoire, nous soulignons en outre que l'industrie elle-même a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 50 p. 100 depuis 1992.
Pour sa part, NOVA travaille activement là-dessus depuis 1990. Nous déclarons publiquement nos résultats à cet égard depuis 1994. Au cours des cinq dernières années, nous avons réduit de 12 p. 100 notre intensité d'émissions et nous prévoyons une réduction supplémentaire de 8 p. 100 d'ici 2010.
NOVA Chemicals a obtenu ces réductions en concentrant ses investissements là où ils produisent le plus d'effets, le plus d'effets positifs pour l'environnement tout en optimisant le rendement pour les actionnaires de NOVA Chemicals. C'est un thème sur lequel je vais revenir au cours des 10 prochaines minutes, à savoir que l'investissement est la clé d'une exploitation plus efficiente à l'avenir. Et finalement, c'est bon pour les affaires.
Je vais vous donner un exemple. Nous avons une nouvelle usine d'éthylène. Nous l'appelons E3. Elle a été construite en 2000. Elle est l'une des plus économes en énergie du monde. E3, comparée aux usines de la côte américaine du golfe du Mexique, présente un rendement énergétique supérieur de 40 p. 100. La raison en est qu'elle est plus grosse et utilise une technologie nouvelle. Voilà donc le genre de choses que peut produire l'investissement.
À Sarnia, nous avons investi 300 millions de dollars entre la fin 2005 et la milieu de 2006 dans notre usine de flexi-craquage et réussi à en accroître l'efficience énergétique de 15 p. 100. Nous avons amélioré la fiabilité d'exploitation et la capacité de fabrication. Toutes ces choses améliorent l'intensité des émissions de GES.
Permettez-moi de passer au deuxième point et de parler brièvement de la séquestration du CO2. Je suis sûr que beaucoup d'autres que moi vous parleront aujourd'hui de ce procédé. Je vais me concentrer sur la récupération assistée de pétrole, car ce sont là les projets auxquels NOVA travaille en Alberta.
La récupération assistée de pétrole par injection de CO2 est une technique utilisée principalement dans ce que l'on appelle l'extraction tertiaire d'un champ de pétrole mûr. Certains des gisements sur lesquels nous travaillons ont été mis en exploitation dès la fin des années 50. Ils ont cessés de produire dans les années 70 au moyen des techniques dites primaires et secondaires — la production primaire est celle qui utilise la pression naturelle du gisement, et l'extraction secondaire comporte souvent l'injection d'eau.
L'utilisation du CO2 représente la récupération tertiaire. Nous l'utilisons pour ce que l'on appelle l'injection miscible. Le CO2 est injecté sous forte pression dans le gisement et il y agit comme solvant pour réduire la viscosité du pétrole et le rendre plus fluide et c'est pourquoi on peut prendre un gisement qui s'est arrêté de produire et le mettre en situation d'être exploité économiquement de nouveau.
Ensuite, vous obtenez dans ce puits productif un mélange de CO2, de pétrole et d'eau. Vous récupérez le tout, vous séparez, vous réinjectez le CO2 et l'eau et continuez à les réutiliser.
Avec la répétition de ce procédé, de grosses quantités nettes de CO2 se trouvent séquestrées dans le gisement. De toute évidence, ces réservoirs existent depuis longtemps, ont renfermé du gaz pendant des millions d'années, et donc sont très efficients sur le plan du captage et du confinement de CO2.
Nous nous occupons de séquestration de CO2 en Alberta depuis 20 ans, toujours dans le cadre de la récupération assistée de pétrole. Pour cela nous séparons le CO2 de notre matière première, l'éthane. Nous vendons ensuite ce CO2 à nos clients qui sont des sociétés de production pétrolière. Elles le transportent par gazoduc — sur une distance relativement courte car ce transport coûte très cher — jusqu'à des champs pétrolifères adjacents, le compriment, le traitent et l'injectent dans le gisement sous forte pression, comme je l'ai dit. Au total, environ 150 kilotonnes de CO2 sont capturées chaque année par ces deux projets.
Permettez-moi de vous décrire brièvement les deux projets auxquels nous participons. Le premier est avec une société du nom de Pen West. Nous fournissons à Pen West depuis 1984 du CO2 capté. De fait, c'était le premier projet d'injection de CO2 miscible au Canada. L'une des clés, lorsque nous avons commencé cela en 1983 et lancé la recherche, était le soutien gouvernemental au développement d'innovations technologiques clés. Cette aide a été réellement cruciale pour la réussite de ce projet. Il faut souligner l'esprit d'innovation et la vision du gouvernement albertain qui a accepté de financer cela dès 1983. Lorsqu'on y réfléchit, c'était il y a presque 25 ans et c'était tout à fait remarquable à l'époque. Ce projet reste une réussite éclatante et il va probablement se poursuivre pendant encore 10 ou 20 ans.
Le deuxième projet était avec une société du nom de Glencoe, et il est plus récent. Il a démarré en 2005 avec un accord conclu avec Glencoe pour la fourniture de CO2. La société recueille, purifie et transporte le CO2 et l'injecte. Glencoe capte le CO2 non seulement à l'usine de NOVA à Joffre mais aussi au site de Prentiss qui appartient à Dow. Au total, cette société séquestre environ 240 kilotonnes de CO2 par an. Pour vous donner une idée de l'ordre de grandeur, cela équivaut à retirer du réseau routier de l'Alberta 50 000 automobiles pendant la durée du projet.
Ce sont là deux réussites éclatantes, mais j'aimerais passer maintenant un peu de temps à parler des possibilités futures. Autrement dit, que pouvons-nous faire ensemble?
NOVA Chemicals considère que l'innovation technique, alliée au développement de nouvelles infrastructures et à des mesures incitatives appropriées favorisant l'investissement, peut permettre une expansion considérable de la capture et de la séquestration de CO2. Nous nous félicitons de la création du Groupe de travail sur le captage et le stockage du carbone en mars 2007. Nous pensons que cela pourrait apporter de grands avantages pour l'avenir.
Cela dit, que convient-il de faire? J'aborderai trois aspects. L'innovation technologique est le premier. Oui, nous captons et séquestrons déjà du CO2, mais il subsiste beaucoup de travail technique à faire. Cette innovation technologique, l'investissement dans la mise au point de cette technologie, pourrait rapporter de nombreux avantages. Premièrement, cette technologie est transférable à d'autres applications, et n'est donc pas limitée au genre de choses que fait NOVA Chemicals. Ce procédé peut être employé dans des centrales au charbon ou d'autres installations de combustion fixes. Il pourrait donc rapporter des avantages considérables aux Canadiens dans tout le pays. Troisièmement, je pense qu'il y a une occasion pour le Canada à devenir un chef de file dans ce domaine. Ainsi, cette technologie que nous mettons au point pourra servir non seulement au Canada mais aussi à l'étranger.
Le deuxième aspect, après l'innovation technologique, c'est la construction d'une infrastructure. Simon en a déjà fait mention tout à l'heure. Ces projets coûtent chers; ce sont des projets de longue haleine et qu'il faut évaluer dans une perspective à long terme. Vu le lourd investissement initial dans les pipelines et les compresseurs qui est requis, certains de ces projets peuvent avoir un rendement limité. Il faut donc mettre en place l'infrastructure de pipeline nécessaire pour relier les gros émetteurs aux équipements de compression, etc. Faciliter la construction de l'infrastructure sera donc une prochaine étape cruciale à laquelle le gouvernement pourrait apporter une contribution.
Le troisième aspect des mesures qui pourraient être prises, c'est l'amortissement de l'investissement. Comme je l'ai déjà indiqué, les investissements requis sont lourds et en rapport avec ce thème — l'importance de l'investissement dans ce domaine — je pense qu'une déduction pour amortissement accéléré applicable aux projets de séquestration du CO2 aurait un gros impact sur la viabilité économique et l'expansion de ces projets.
J'aimerais conclure avec deux grands messages. Premièrement, la séquestration du CO2 est possible. Nous l'avons déjà réalisée de manière profitable à petite échelle en Alberta. Nous avons prouvé que cela peut marcher, et je suis sûr que d'autres personnes aujourd'hui vous parleront d'autres projets qui marchent bien également.
Le deuxième grand message est que la clé d'une expansion majeure de la séquestration du CO2 réside dans deux facteurs: premièrement, l'innovation technique requise pour séparer de manière économique le CO2 et le capter au niveau des sources de combustion; et deuxièmement, la mise en place de l'infrastructure requise pour piéger, transporter, comprimer et injecter le CO2. Mais c'est faisable.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention et suis impatient d'entendre vos questions et commentaires.
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Je vais peut-être voler un peu de temps supplémentaire, car je vais parler du projet Weyburn, le plus gros projet de stockage de CO
2 du monde.
Bonjour, mesdames et messieurs, ladies and gentlemen. Je me nomme Dave Hassan. Je suis le chef d'équipe du groupe Broyer-Provost Property chez EnCana. Auparavant, j'ai passé cinq années à l'unité commerciale Weyburn d'EnCana, initialement comme chef du développement et finalement comme vice-président suppléant. Je suis ici aujourd'hui pour présenter Weyburn, un scénario de récupération assistée du pétrole où tout le monde est gagnant. Je dois rappeler au comité que je vais présenter aujourd'hui une information résolument tournée vers l'avenir.
EnCana a été formée en 2002 par la fusion de deux grandes sociétés pétrolières canadiennes, PanCanadian Energy Corporation et Alberta Energy Company. Notre siège se trouve à Calgary et nous sommes le deuxième plus gros producteur de gaz naturel d'Amérique du Nord et un grand producteur de pétrole et de gaz intégré à partir des sables bitumineux. Nous avons une excellente gouvernance d'entreprise, notamment des statuts qui guident notre comportement organisationnel. Notre personnel vit et travaille dans les localités où se situent nos installations et nous faisons de notre mieux pour être un bon voisin.
Nous sommes également résolus à faire un usage efficient des ressources, à minimiser notre empreinte environnementale et notre intensité d'émissions et à accroître l'efficience énergétique de notre exploitation.
EnCana considère que le stockage géologique du CO2 représente l'une des options les plus pragmatiques et techniquement réalisables à court terme pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il existe trois types de captage et stockage de carbone. Les puits naturels de carbone représentent une partie intégrante de l'équilibre carbonique naturel de la biosphère que des actions humaines peuvent renforcer, telles que les projets de création de forêts et les cultures énergétiques.
La récupération assistée de produits comprend la technologie de récupération de pétrole, qui est bien connue, la récupération de gaz et la récupération de méthane houiller. L'entreposage autonome de déchets est similaire à la récupération assistée de produits, sauf qu'il n'y a pas de revenu pour compenser le coût du captage, du transport et du stockage du CO2.
La capture et le stockage de carbone représentent un moyen pour la société d'utiliser une partie de nos ressources en hydrocarbures lourds, par exemple les abondantes réserves de charbon, avec une moindre intensité de carbone en séparant le carbone du combustible et en le stockant géologiquement. C'est exactement ce que nous faisons à Weyburn.
Le CO2 pour nos opérations de récupération assistée de pétrole provient d'une usine de gazéification de charbon située à Beulah, dans le Dakota du Nord, appartenant à la Dakota Gasification Company. Le gaz est transporté par un pipeline de 325 kilomètres de long jusque dans le sud-est de la Saskatchewan, dans le gisement de Weyburn. Dakota Gas arrache du carbone au charbon pour le convertir en gaz naturel synthétique. Lorsqu'il est brûlé, le gaz naturel émet juste un peu plus que la moitié du CO2 par unité de production thermique que le charbon. En retirant du carbone, DGC fait du charbon une forme d'énergie à moindre intensité de CO2.
Weyburn boucle la boucle de ce processus d'extraction de carbone en acceptant 6 500 tonnes par jour de déchets de CO2 qui étaient auparavant relâchés dans l'atmosphère et en l'injectant à presque un mille de profondeur. Cela fait de Weyburn le plus gros projet de récupération assistée de pétrole par injection de CO2 du Canada et le plus gros projet de stockage géologique de CO2 du monde. Chaque jour où Weyburn injecte du CO2, c'est comme si l'on retirait de la route 1 400 voitures de taille petite à intermédiaire.
Le premier volet est la récupération assistée de pétrole. La récupération assistée de pétrole par injection de CO2 miscible est utilisée aux États-Unis depuis plus de 30 ans, et ce n'est donc pas une technologie nouvelle. On injecte du CO2 en alternance avec des bouchons d'eau saline non potable. Le CO2 agit essentiellement comme un solvant; il fait gonfler le pétrole, le rend moins visqueux et lui permet de s'écouler plus facilement des fissures ou pores de la roche.
Le CO2 et l'eau produits avec le pétrole sont recyclés dans un système à circuit fermé. La RAP par CO2 fait grand usage de géologues, de géophysiciens et d'ingénieurs des réservoirs pour comprendre et optimiser la récupération de pétrole. Elle met également à contribution toute une série d'autres experts, depuis les opérateurs sur place jusqu'à nos spécialistes des installations et de la construction, en passant par les experts de l'environnement, de la santé et de la sécurité, pour assurer que nos installations tournent rond, de manière sûre et responsable.
Les résultats de cet effort sont démontrés par la réussite du projet de Weyburn. Le gisement pétrolier de Weyburn a été découvert en 1954. Après l'exploitation primaire, une injection d'eau a été effectuée en 1964 et la production a atteint son apogée de 50 000 barils par jour. Ensuite, le gisement a entamé son déclin naturel. Quelques forages ont eu lieu au milieu des années 80 et des années 90 qui ont quelque peu compensé la baisse de production, mais la mise en train de l'injection de CO2 miscible en l'an 2000 a inversé le déclin et relancé la production de pétrole pour atteindre des niveaux que l'on n'avait plus vu depuis le début des années 70. De fait, elle dépasse actuellement nos prévisions.
La production actuelle d'environ 30 000 de barils de pétrole par jour représente presque trois fois ce qu'EnCana estime que le gisement aurait produit sans injection de CO2. Nous projetons environ 155 millions de barils de pétrole supplémentaires récupérés par injection de CO2 miscible, ce qui portera la récupération totale à plus de 40 p. 100, soit 10 p. 100 de plus que ce que l'on pourrait obtenir avec l'injection d'eau seulement.
Le deuxième grand volet est le stockage de CO2. Ce que nous faisons réellement à Weyburn, c'est prendre ces grosses cheminées du Dakota du Nord qui dégageaient du CO2 dans l'atmosphère, les retourner et injecter ce même CO2 à presque un mille sous terre, où il améliore la production pétrolière et où il restera stocké pendant des milliers, voire même des millions d'années.
De 2000 à 2004, un effort de recherche de 40 millions de dollars a été mené parallèlement à notre projet de récupération assistée de pétrole afin de prédire et vérifier la faculté du réservoir pétrolier à stocker en toute sécurité le CO2. Et je vois dans la salle quelques personnes qui ont travaillé sur ce projet.
La phase un du projet Weyburn de l'AIE a représenté la plus grosse étude scientifique de terrain et en grandeur réelle jamais entreprise sur le stockage de CO2. Elle a été financée par les gouvernements du Canada et des États-Unis, de l'Alberta et de la Saskatchewan, l'Union européenne et plusieurs partenaires privés. Au cours de l'étude, 24 organisations de recherche différentes ont effectué des contrôles poussés et des simulations informatiques. En substance, elles ont mené un audit externe de quatre années sur l'adéquation du site de Weyburn pour le stockage de CO2. La phase un a conclu que l'entreposage à long terme de CO2 à Weyburn est viable et sûr. Vous pouvez télécharger une copie du rapport de la phase un sur le site Internet du Petroleum Technology Research Centre.
EnCana a été un gros contributeur, en fournissant le site d'essai et des milliers d'heures de travail de sa main-d'oeuvre, soit un apport en nature équivalent à 15 millions de dollars environ. Nous avons également ouvert nos portes à plus de 200 groupes de visiteurs pour faire connaître au monde la technique de la récupération assistée de pétrole et de stockage de CO2.
Sur la base des prévisions d'EnCana au cours de la phase un, les chercheurs ont conclu qu'environ 23 millions de tonnes de CO2 pourraient être séquestrées au cours de la récupération assistée de pétrole et presque 55 millions de tonnes si l'injection se poursuit au-delà sous l'effet de quelque moteur économique.
EnCana estime actuellement que le chiffre de séquestration le plus probable au cours de la phase d'extraction sera d'environ 30 millions de tonne. Cela représente une tonne pour chaque Canadien, ou l'équivalent de l'immobilisation pendant deux ans de tous les véhicules de Montréal.
EnCana travaille actuellement avec les chercheurs à la prolongation du projet, avec pour objectif premier d'élaborer un protocole ou « livre de recettes » pour guider concrètement d'autres désireux de réaliser des projets de stockage de CO2.
Malheureusement, on ne peut simplement aspirer le CO2 à la sortie des cheminées des centrales électriques. L'air est composé à presque 80 p. 100 d'azote en volume. Lorsque nous brûlons du combustible en présence d'air, les gaz de cheminée qui en résultent ne contiennent que 10 à 15 p. 100 de CO2. Pour être utile pour la récupération assistée de pétrole, le CO2 doit être pur à 95 p. 100 ou plus, d'où le défi et le coût de la capture du CO2 dont je traiterai dans un instant.
Une fois que nous avons du CO2 pur, il nous faut le comprimer pour le faire circuler dans un gazoduc jusqu'au champ de pétrole ou un réservoir d'entreposage. La taille du gisement de pétrole est aussi une considération pour ce qui est de la rentabilité économique de la récupération assistée de pétrole. Ce n'est pas une coïncidence que le gisement de Weyburn soit le troisième plus gros champ pétrolier conventionnel de l'Ouest du Canada. Tous les gros gisements ne se prêtent pas à l'injection de CO2. C'est là où les géologues spécialisés dans les gisements doivent évaluer les propriétés du champ.
Les investissements pour ces projets sont énormes. EnCana estime que plus de 1,3 milliard de dollars seront investis dans l'injection de CO2 à Weyburn sur la durée de vie...
Un autre facteur s'ajoutant à l'adéquation du réservoir et aux frais d'exploitation est le cours souvent volatile du pétrole et le prix du marché du CO2.
AIE a indiqué en 2003 que le captage représente le plus gros élément de coût du CO2, avec 25 $ à 50 $ la tonne environ. Il s'agit là du procédé consistant à créer un flux concentré de CO2 pur, par opposition aux gaz de cheminée dilués dont je viens de faire état. Le transport ajoutera de 1 $ à 5 $ la tonne par 100 kilomètres, et l'injection ajoutera encore 1 $ à 2 $ par tonne.
EnCana a eu la chance de trouver un approvisionnement en CO2 dans le Dakota du Nord, puisque Dakota Gas produisait déjà un flux de CO2 pur comme sous-produit de la conversion du charbon. Cependant, le captage de CO2 supplémentaire à partir des gaz de cheminée traditionnels sera coûteux avec la technologie actuelle.
En résumé, EnCana et la Dakota Gasification Company captent un flux de CO2 qui était rejeté dans l'atmosphère et s'en ont servi pour insuffler une vie nouvelle à un gisement pétrolier mûr. EnCana s'est fait l'hôte d'un projet de recherche d'envergure mondiale qui a constitué un audit indépendant de la capacité d'entreposage du gisement de Weyburn et conclu que ce dernier pouvait stocker de manière sûre et fiable du CO2. Nous continuons à collaborer avec les chercheurs à la phase finale visant à affiner les résultats antérieurs et élaborer des protocoles et lignes directrices de stockage.
Le coût du captage du CO2 représente sans doute le plus gros obstacle à la généralisation de la RAP ou des applications de stockage géologique autonome. Weyburn est une réussite commerciale et écologique qui montre la voie d'un avenir énergétique durable pour les combustibles fossiles où l'énergie peut être extraite de façon optimale tout en minimisant les émissions de CO2.
Je vous remercie de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Pardonnez-moi si je suis un peu plus lent ou moins cohérent que d'habitude. Je viens d'arriver par avion ce matin et j'ai déjà fait beaucoup de travail avec seulement une ou deux heures de sommeil.
Permettez-moi de dire quelques mots pour mettre en lumière, en gros, quatre points. Premièrement, je fais valoir que le captage et le stockage de CO2 sont prêts à décoller, en ce sens que l'on pourrait réaliser des projets d'envergure industrielle dès aujourd'hui, avec des garanties de performance industrielle et de fiabilité. Cela ne signifie pas que cela ne coûterait pas cher — et la cherté est une notion relative et nous pourrons discuter de ce que nous sommes prêts à payer — mais revient essentiellement à dire que cette méthode est prête à être appliquée à l'échelle industrielle.
Je vais vous expliquer ce qui m'amène à dire cela. Vous pourrez dire, oh, ce n'est là que l'opinion d'un universitaire, qu'est-ce qu'il en sait? La raison est la suivante: les technologies sous-jacentes existent toutes à l'échelle industrielle sur le marché commercial d'aujourd'hui.
Vous pourriez vous demander ce qui s'est passé, sachant que les encouragements au captage et à l'entreposage de CO2 sont passés très rapidement de la situation où nous étions il y a une ou deux décennies, lorsqu'ont eu lieu les premières réunions au MIT et lorsque seuls une poignée d'universitaires s'y intéressaient et presque personne en dehors, à la situation actuelle où nous avons un gros budget mondial de R-D et l'intérêt du G-8 et du GIEC et où divers projets sont annoncés à travers le monde. Pourquoi les choses ont-telles bougé si rapidement? Était-ce parce qu'il y a eu toute une rafale d'innovations dans une multitude de laboratoires? La réponse est non.
La raison pour laquelle les choses ont bougé si vite est que nous parlons là de l'utilisation à l'échelle industrielle de techniques déjà présentes dans notre boîte à outils. Par exemple, pour ce qui est de la gazéification du charbon, alors qu'il subsiste des difficultés pour la gazéification de certains des charbons de l'Ouest du Canada, il existe déjà une capacité de charbon thermique de 60 gigawatts dans le monde. L'Allemagne, au cours de la Seconde Guerre mondiale, alimentait la plupart de ses avions avec du gaz de charbon liquéfié. De même, la production d'hydrogène à partir de gaz naturel est pratiquée dans le monde entier et représente plus de 1 p. 100 du système énergétique mondial. De même, le captage du CO2 dans les amines hydriques est répandu sur toute la planète. Le CO2 est transporté sur des distances pouvant atteindre 1 000 kilomètres. Encore une fois, rien de tout cela n'a été mis au point dans le but de gérer les émissions de CO2 de l'humanité, mais plutôt pour des raisons commerciales totalement autres.
Enfin, l'injection de CO2 dans les formations géologiques profondes totalise plus de 30 mégatonnes par an aux États-Unis, soit près de 0,5 p. 100 des émissions de CO2 américaines.
C'est donc la combinaison de ces éléments, dont chacun existait déjà séparément, sur une grande envergure commerciale.
Le captage et le stockage de CO2 représentent l'occasion d'utiliser ces technologies qui existent déjà dans l'industrie des combustibles fossiles en les assemblant d'une façon nouvelle — en assemblant d'une façon nouvelle les pièces présentes dans la boîte à outils — de façon à retirer les avantages de l'énergie fossile avec des émissions grandement réduites. Chacune de ces choses existait déjà. C'est pour cette raison, avec les mégatonnes séquestrées et les milliards de dollars déjà déployés dans le monde, que nous pouvons dire avec certitude que si vous voulez construire aujourd'hui des centrales thermiques avec piégeage, vous pouvez le faire. Il existe de nombreuses voies indépendantes qui peuvent vous y amener.
Deuxièmement, en dépit de ce que j'ai dit — mais ce n'est pas une contradiction — je pense qu'il subsiste le besoin d'un plus grand effort de R-D énergétique au Canada. Je ne crois pas que poursuivre la recherche doive être une excuse pour ne pas agir. Au contraire, d'après ce que je peux voir, tous ceux qui réfléchissent au captage et au stockage de CO2 sont aujourd'hui unanimement d'avis qu'il faut maintenant appuyer sur la détente et mettre en train des projets majeurs. Continuer les recherches sans grand projet ne sera même pas une façon efficace de conduire la recherche, car la meilleure façon pour faire de la recherche passe par des grands projets.
Cela dit, il faut souligner que la R-D énergétique du Canada reste extrêmement restreinte, comme l'a démontré le groupe d'experts sur la R-D énergétique qui a fait rapport à RNCan et au Parlement l'an dernier — un groupe dont je faisais partie. Donc, si vous considérez, par exemple, que le ratio de l'investissement dans la R-D énergétique au Canada par rapport à la taille de son secteur énergétique est l'un des plus faibles de tous les grands pays, vous comprenez réellement que le Canada ne vise pas l'amont; nous ne visons pas la technologie propre à forte valeur ajoutée, les emplois de haute valeur que nous pourrions obtenir si nous étions davantage focalisés sur un secteur énergétique à forte intensité de R-D.
Le secteur énergétique dans son ensemble investit de l'ordre de 1 p. 100 de son chiffre d'affaires dans la R-D, ce qui est minuscule comparé à la moyenne de tous les autres secteurs, ou des secteurs qui s'intéressent davantage à la recherche. Il faut vraiment se demander à quoi ressemblerait le secteur énergétique si nous faisions considérablement plus de R-D.
Je ne dis pas que cet R-D devrait prendre la forme de crédits massifs alloués aux laboratoires fédéraux et aux universités. Au contraire, bien qu'étant universitaire, je pense personnellement le contraire et que cette recherche doit se faire principalement dans le secteur privé, mais avec l'encouragement de politiques gouvernementales.
J'ai dit, d'abord, que l'heure est venue et, deuxièmement, qu'en dépit de cela il faut davantage de recherche-développement dans ce domaine et dans d'autres si nous voulons réellement relever le défi de la vie dans un monde à restriction carbonique, si nous allons réellement faire le nécessaire pour stabiliser le climat, c'est-à-dire opérer de profondes réductions dans les émissions sur 50 années seulement. Le troisième point est que les risques de la séquestration de CO2 à grande échelle ne sont pas nuls, mais ils sont faibles. Nous possédons maintenant beaucoup de connaissances permettant de cerner ces risques, notamment celles dérivées de l'excellent projet Weyburn, par exemple.
Il n'existe réellement pas au monde de technologie industrielle appliquée à grande échelle qui présente un risque zéro, et celle-ci ne fait pas exception. Si nous allons réellement séquestrer des gigatonnes de CO2 sous terre, il faut s'attendre à quelques risques locaux. Si vous recherchez une technologie exempte de risque, allez voir ailleurs — bien que je ne pense pas qu'il existe un ailleurs. Mais une série d'indications parallèles nous donne réellement l'assurance de comprendre ces risques et de pouvoir les contrôler au moyen d'un régime réglementaire adapté.
Pour nous attarder un instant sur le régime réglementaire, les gens demandent souvent, presque à brûle pourpoint, quel est le risque du stockage géologique du CO2? La bonne réponse à cette question — et c'est celle donné par le GIEC à très juste titre — est qu'il n'y a pas vraiment de réponse. C'est une affaire d'ingénierie. Dans une certaine mesure, si un politicien me demande: « Quel est le risque »?, ma réponse en tant qu'ingénieur de projet consiste à demander: « Dites-moi quel niveau de risque vous voulez, monsieur ». C'est une affaire de conception technique des projets.
Ainsi, les risques présentés par l'industrie pétrolière amont de l'Alberta sont très faibles. Les risques présentés par l'industrie pétrolière amont au Nigeria sont assez importants. Ce n'est pas dû à quelque différence intrinsèque dans les équipements, mais plutôt à la qualité du système réglementaire régissant cette activité. De la même façon, voler sur un avion commercial au Canada est peu risqué, alors que voler dans certaines parties de l'Afrique est très dangereux. Cela tient à la règle de droit, à la qualité des systèmes de réglementation, etc.
La même chose vaut à peu près pour l'entreposage du CO2. Si nous fixons des lignes directrices appropriées, si nous avons un système réglementaire de haute qualité adaptable aux informations nouvelles ou aux techniques nouvelles de gestion des risques de la séquestration de CO2, ces risques peuvent être très faibles et, je crois, comparables ou inférieurs aux risques de l'industrie pétrolière amont actuelle.
Enfin, quatrième point, j'aimerais dire quelques mots sur la politique et esquisser certaines choses qu'il convient de faire à mon avis.
Je pense qu'il est vital pour cette technologie et toutes les autres d'imputer un prix au carbone d'une manière ou d'une autre. Les avantages d'un système simple... par exemple, une taxe sur le carbone uniforme à l'échelle de l'économie, qui serait extrêmement facile à mettre en oeuvre. Elle n'exigerait pas une comptabilisation par installation et imposerait le même coût dans toute l'économie. Il est difficile d'ignorer les avantages d'un tel système, car avec lui le gouvernement se contente de dire à l'économie qu'il faut agir pour réduire les émissions. Le gouvernement ne se retrouve pas alors à choisir les gagnants et les perdants parmi les provinces, parmi les secteurs ou les entreprises.
Deuxièmement, cela devrait être complété par un mécanisme de garanties d'emprunt afin de réduire le risque présenté par de très gros investissements incertains. Je pense que c'est vrai aussi pour des technologies énergétiques autres que le captage et le stockage du CO2.
Enfin, je pense qu'il est temps pour le Canada de réfléchir à ce qui a déjà été mis en oeuvre en Colombie-Britannique et dont on parle maintenant sérieusement — avec un sérieux étonnant — à la Chambre des représentants et au Sénat américains, à savoir quelque chose qui se rapproche ou équivaut à une interdiction totale de la construction de nouvelles centrales électriques au charbon qui ne sont pas équipées pour capter et stocker le CO2, car ces centrales sont les installations présentant la plus haute intensité de carbone que notre société construise. Elles durent très longtemps et leurs émissions vont durer très longtemps . Puisque nous avons des solutions de remplacement au Canada, tant des alternatives sans charbon que l'alternative du captage et du stockage du CO2, je pense que nous devrions nous demander sérieusement si nous allons laisser encore de telles centrales être construites.
Merci beaucoup du temps que vous m'accordez.
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Merci beaucoup. J'apprécie l'invitation à prendre la parole au comité et vous prie de m'excuser de ne pas être à Ottawa. Je n'ai pas l'excuse de David.
Mon avantage ou mon inconvénient est de prendre la parole après les autres et je suis d'accord avec une bonne partie de ce qui a été dit, et certainement avec ce que David a dit.
J'aimerais dire quelques mots pour clarifier la problématique à laquelle nous sommes confrontés. Premièrement, la récupération assistée de pétrole est extrêmement importante et, comme M. Hassan l'a expliqué, elle offre un mécanisme permettant de rentabiliser l'investissement. Mais il faut bien voir que la récupération assistée de pétrole et peut-être même de gaz naturel ou de méthane houiller, offre des possibilités limitées et ne sera certainement pas le moyen majeur d'empêcher le gaz carbonique d'être émis dans l'atmosphère. Il faut donc tirer toutes les leçons possibles de la récupération assistée du pétrole pour les appliquer à la séquestration géologique dans les aquifères salins, comme on le fait actuellement en mer du Nord et comme le fait BP à In Salah, en Algérie. Ce sera la méthode la plus utilisée et sa mise en oeuvre comportera un coût pour le consommateur et pour l'industrie.
La deuxième remarque que j'aimerais faire est qu'il n'y a pas que le coût économique à prendre en considération. Le passage au piégeage et à la séquestration du dioxyde de carbone aura un impact considérable sur le rythme auquel nous consommons les combustibles fossiles. Si je regarde le projet actuel de SaskPower, la compagnie d'électricité de la Saskatchewan, qui projette de construire la toute première centrale entièrement intégrée conçue pour piéger le CO2 à tous les niveaux, la consommation de charbon sera supérieure d'environ 50 p. 100. Donc, comme Dave Hassan l'a indiqué, pour mettre la cheminée sens dessus dessous et faire que le gaz, au lieu de partir dans l'atmosphère soit injecté sous terre, il faudra une augmentation très considérable de la taille de la centrale et de sa consommation de combustible pour obtenir une production électrique donnée, en l'occurrence environ 300 mégawatts.
Il ne faut donc pas perdre de vue ces facteurs pour l'avenir.
Cela dit, le projet de SaskPower est extrêmement intéressant en ce sens que, comme David Keith l'a dit, il est temps de passer de la recherche et des installations pilotes de petite envergure à la démonstration commerciale en vraie grandeur. Sans cette démonstration, nous ne pourrons effectuer les recherches dont a besoin l'industrie pour faire baisser encore davantage les coûts. Je pense qu'il est possible de réduire encore les coûts, mais nous avons besoin de cette démonstration. Nous avons besoin de voir cela en service sur le terrain.
Il y a quelques mois s'est tenue à Kananaskis une conférence des chefs de file de l'industrie pour parler des possibilités et des difficultés du développement de ces grosses installations commerciales. Il existe certainement beaucoup d'opportunités au Canada, particulièrement dans l'Ouest, en Alberta et en Saskatchewan, mais aussi beaucoup au sud de la frontière.
L'une des conclusions qui s'est dégagée à cette réunion était la nécessité d'adopter une perspective plus large. Comme David l'a déjà dit, il s'agit là d'un enjeu planétaire. Ces opportunités n'existent pas seulement au Canada, et nos politiques, nos programmes et nos recherches doivent viser à exploiter les possibilités qui existent des deux côtés de la frontière et même ailleurs dans le monde.
Selon la perspective universitaire, alors que nous avons actuellement une capacité intellectuelle suffisante au Canada et des sociétés — telles que EnCana, Penn West, Apache et d'autres — pour étudier et entreprendre ces projets, nous connaîtrons très rapidement une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée si on commence à mettre en oeuvre ces technologies à grande échelle. Il s'agira donc pour les universités de former les spécialistes dont l'industrie aura besoin.
Je ne veux pas revenir sur tout ce qui a déjà été expliqué si éloquemment par d'autres. Le gouvernement a certainement un rôle primordial à jouer, qui consiste à imprimer les bonnes orientations, mettre en place les bonnes politiques et, là encore je suis d'accord avec David, à aider le secteur privé à mener les recherches.
Les industriels présents à la conférence de Kananaskis ont insisté sur la nécessité de tirer les leçons de l'industrie de l'élimination des déchets, c'est-à-dire qu'il faut des incitations pour capter, transporter et séquestrer le CO2 à tous les niveaux.
À l'heure où le gouvernement fédéral commence à se pencher sur les opportunités, les défis et les solutions d'avenir, je vous exhorte à examiner différents modèles prenant en compte les coûts et à faire en sorte que les encouragements appropriés soient en place pour nous permettre de développer cette industrie en grandeur nature.
C'est une reconnaissance de l'accroissement de la consommation de combustibles fossiles et des effets d'ensemble de cela. La récupération assistée de pétrole est une occasion d'apprendre et nous devons la mettre à profit comme telle. Il nous faut des orientations politiques fermes, comme David l'a dit, et nous avons besoin de main-d'oeuvre spécialisée pour déployer ces technologies à l'avenir.
Enfin, il existe des opportunités au-delà des frontières et nous devons veiller à mettre en place des politiques et programmes qui nous permettent de les saisir.
Là-dessus, je vous remercie.
Je suis l'instigatrice de projet pour la phase finale du projet de l'AIE sur le contrôle et le stockage du CO2 de Weyburn-Midale. Je travaille au Centre de la technologie de l'énergie de CANMET, du ministère des Ressources naturelles, à Devon, en Alberta.
Je vais faire ce matin une courte présentation sur le captage et le stockage du carbone dans le contexte canadien. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir sur les diapositives que je vais présenter ici.
La première diapositive résume brièvement les raisons qui font qu'il est nécessaire de stocker le CO2 à long terme. Comme nous le savons tous, les rapports récents du GIEC montrent à l'évidence que nous avons un effet réel et mesurable sur le climat de la terre du fait de l'émission de CO2 dégagé par la combustion des carburants fossiles. Pour ralentir ou inverser ces effets, nous devons réduire les émissions causées par l'activité humaine.
Le CSC, ou captage et stockage de carbone, ne représente que l'une d'une série de solutions que nous devons mettre en oeuvre pour réduire la quantité de CO2 émise qui s'accumule dans l'atmosphère. Les autres options comprennent les économies d'énergie, les combustibles de remplacement et renouvelables, les sources de production d'électricité sans émission et la séquestration dans le sol. Le CSC offre la perspective de maintenir la croissance économique tout en réduisant les émissions, et cette technique est prête à être largement déployée.
Le CO2 peut être capté soit au niveau des gaz de cheminée soit au moyen de technologies de combustion modifiées. La phase de captage, comme nous l'avons entendu, représente l'étape la plus coûteuse du triptyque captage, transport et stockage géologique.
L'histoire nous a montré que la recherche et le développement, et l'expérience pratique, vont permettre de réduire le coût grâce à la mise au point de technologies de piégeage nouvelles et novatrices. Nous avons accumulé beaucoup d'expérience en Amérique du Nord sur le plan du transport du CO2 à partir de sa source au moyen d'une importante infrastructure existante aux États-Unis et d'un gazoduc projeté en Alberta. L'expérience du passé et des exploitations pilotes et commerciales prouve que nous pouvons entreposer du CO2 pendant très longtemps dans des formations géologiques à grande profondeur.
Au Canada, nous avons identifié une importante capacité de stockage totale dans des bassins sédimentaires. Nous avons une capacité suffisante pour des centaines d'années. Pour mettre les choses en perspective, en 2003, les gros émetteurs du Canada ont relâché dans l'atmosphère un peu plus de 400 millions de tonnes de CO2.
Le CO2 peut être stocké dans des gisements pétroliers partiellement épuisés par le biais de la récupération assistée de pétrole, dans des réservoirs gaziers et pétroliers épuisés, des veines de charbon inexploitables à grande profondeur et des formations salines profondes. Les chiffres de la capacité de stockage totale du Canada apparaissent dans la marge de la diapositive numéro trois. Vous noterez dans ce diagramme que l'entreposage se fera principalement à des profondeurs supérieures à un kilomètre sous la surface.
Un bassin sédimentaire offre non seulement des espaces poreux pour recevoir le gaz, mais aussi plusieurs couches étanches de roche entre le réservoir de séquestration et la surface. Cela nous garantit que le CO2 restera sous terre.
La carte du bassin sédimentaire de l'Ouest canadien montre que nous avons une géologie idéale dans l'Ouest du Canada pour la séquestration sous terre du CO2. Plus de 50 p. 100 des émissions de CO2 de sources fixes du Canada se trouvent à proximité de ces emplacements de stockage. Le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien s'étend du nord-est de la Colombie-Britannique au sud-ouest du Manitoba. Il existe aussi un potentiel de stockage dans des bassins sédimentaires d'autres provinces ailleurs au Canada, en particulier en Ontario et en Nouvelle-Écosse, mais avec une capacité nettement moindre que l'Ouest du Canada. Le pipeline proposé pour l'Alberta consistera en un réseau en arête de poisson reliant les sources aux emplacements de stockage, connectant initialement des sources de CO2 relativement pures à des gisements à RAP proches.
Le stockage simple de CO2, sans production d'une richesse économique telle que le pétrole, souffre actuellement d'un coût élevé et de l'incertitude technique, ce qui le rend trop coûteux pour que l'industrie puisse l'entreprendre seule à grande échelle. Je parle d'incertitude technique car nous n'avons que peu d'exemples de stockage de CO2 à grande échelle dans des formations salines profondes. L'exception est le gisement gazier Sleipner de Statoil, dans la mer du Nord. C'est une opération de relativement grande envergure qui fonctionne depuis une dizaine d'années.
Il existe déjà une réglementation provinciale adéquate pour le transport et l'injection de CO2 dans des formations géologiques. Des travaux de R-D vont accroître notre niveau de confiance dans la sécurité à long terme, la fiabilité, les méthodes de mesure et de validation du stockage de CO2. Il faudra sans doute renforcer les cadres réglementaires existants étant donné la nature à long terme de cette activité.
L'acceptation par le public du captage et du stockage du carbone est indispensable à la généralisation de cette technique. Nous devons ouvrir un dialogue avec le public sans tarder, sous peine de donner l'impression de cacher l'information.
Nous sommes un chef de file mondial en matière de captage et de stockage de carbone, comme les témoins précédents l'ont amplement démontré. Nous avons un grand nombre d'experts de renommée nationale et internationale dans les administrations publiques, l'industrie, les universités et les ONG. Un exemple de notre leadership est le projet Weyburn-Midale de contrôle et de stockage de CO2 qui, comme Dave Hassan l'a bien expliqué, consiste à transporter du CO2 dans un gazoduc réservé depuis le Dakota du Nord pour l'injecter dans un gisement à récupération assistée de pétrole. Le projet de contrôle international connexe a montré que le site géologique naturel de ce gisement convient bien au stockage.
Le Canada est bien placé pour le déploiement à grande échelle du captage et stockage du carbone avec l'achèvement récent de la feuille de route technologique CSC de RNCan et un certain nombre de projets de démonstration et commerciaux de différentes tailles. Nous attendons impatiemment les conclusions et recommandations du Groupe de travail Alberta-Canada sur le captage et stockage de carbone qui devrait définir les obstacles au déploiement rapide à grande échelle.
En conclusion, tous les experts conviennent que les combustibles fossiles resteront la source dominante d'énergie pendant encore de nombreuses décennies. La captage et stockage du carbone représente l'une des meilleures façons de satisfaire à la fois notre besoin croissant d'énergie et nos objectifs environnementaux. Au fil du temps, la technologie et l'innovation amélioreront l'efficience et la rentabilité des systèmes de captage et stockage de CO2.
Je vous remercie.
Je suis Mark Tushingham. Je travaille à la Division du pétrole, du gaz et de l'énergie de remplacement d'Environnement Canada.
Notre jeu de diapositives passe en revue certains des avantages et inconvénients du captage et entreposage de carbone.
Le captage et entreposage du carbone est une technologie très prometteuse lorsqu'il s'agit de réduire les émissions de CO2, particulièrement dans l'Ouest du Canada où existent des formations géologiques qui se prêtent à la séquestration. Ce potentiel représentera plus de 20 mégatonnes par an dans une dizaine d'années et le potentiel à long terme de cette technologie est énorme.
Le captage et stockage du CO2 réduit les émissions nettes de CO2 de plus de 80 p. 100. Cependant, la production de CO2 dans une centrale augmente à cause de la consommation énergétique accrue imposée par le système de captage et stockage, mais ce CO2 supplémentaire est ensuite piégé.
Le captage et stockage du carbone est probablement la seule façon dont de nombreux établissements peuvent réduire sensiblement leurs émissions de CO2. Cependant, il faudra surveiller pendant des décennies les sites de séquestration pour s'assurer qu'il n'y a pas de fuite de CO2.
Le captage et stockage de carbone comporte également certains inconvénients pour l'environnement, mais qui restent gérables. L'énergie supplémentaire requise pour piéger, transporter et stocker le CO2 causera des émissions d'autres polluants, tels qu'oxydes d'azote et dioxyde de soufre. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a conclu que les systèmes de piégeage amèneraient une augmentation de ces émissions. Ils se sont penchés en particulier sur des centrales électriques modernes ayant des émissions relativement faibles et calculé qu'il y aurait une augmentation de 11 à 31 p. 100 du NOx et une majoration de jusqu'à 18 p. 100 du SO2, à moins d'installer des épurateurs de SO2, ce que certains procédés de captage requièrent de toute façon.
Ces émissions accrues restent cependant bien inférieures aux émissions des centrales au charbon typiques du Canada. Ces émissions accrues peuvent être gérées avec l'installation de diverses technologies de contrôle et des pratiques appropriées.
Dans le cadre du programme de réglementation de la qualité de l'air, les émissions d'oxyde d'azote et de dioxyde de soufre seront plafonnées pour des secteurs industriels clés, notamment ceux du gaz et du pétrole et de l'électricité, soit deux secteurs susceptibles d'utiliser la CSC.
Il existe un risque minime pour la santé, en cas de fuites massives de CO2; cependant, ce risque peut être adéquatement géré par une sélection adéquate du site de séquestration et une surveillance serrée.
Les pipelines de CO2 posent également un problème de perturbation des sols, qu'il faudra gérer par le biais des mécanismes d'évaluation environnementale.
Le stockage de CO2 dans les eaux profondes de l'océan a été envisagé à un moment donné; cependant, cela présente des dangers considérables pour la vie dans les océans. Des modifications du Protocole de la Convention de Londres sur les déversements en mer autorise les parties à délivrer des permis uniquement pour le stockage dans les couches géologiques et non dans la colonne d'eau ou le fond marin. Il ne faut pas confondre le stockage de CO2 dans l'eau et dans les formations géologiques sous-marines. Les modifications au Protocole de Londres autorisent cette dernière option mais il reste des questions à régler sur le plan international, notamment le contrôle à long terme des fuites, la définition de la pureté du flux de CO2, l'exportation pour élimination lorsqu'il faut franchir une frontière internationale et le problème de la responsabilité civile. La séquestration dans les formations géologiques sous-marines est une possibilité pour les installations du Canada atlantique.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de s'être joints à nous et, m'adressant maintenant à ceux qui communiquent avec nous par téléphone, merci d'avoir écouté et d'être là.
Mes premières questions concernent le dossier qui nous a été présenté par Mme Preston, de RNCan. Il est question, à la page 5 du dossier, des autres enjeux.
Madame Preston, vous soulignez de nouveau, à très juste titre, que les projets de CSC sont confrontés à des coûts très élevés, et vous poursuivez en disant que l'industrie ne pourra sans doute pas absorber à elle seule ce risque.
Lorsque je lis cela, car vous indiquez tout de suite après « Des encouragements financiers inadéquats pour des investissements technologiques » présentement en place, cela me fait penser à la mesure de déduction pour amortissement accélérée annoncée dans le budget, et qui vise l'élimination progressive, sur huit ans — pas deux ans, pas trois ans, quatre, cinq, six ou sept ans, mais huit ans — de la DAA pour l'investissement dans les sables bitumineux, et dont beaucoup de gens se sont demandé pourquoi cela n'aurait pas pu être éliminé plus tôt et accordé, par exemple, pour le CSC.
Vous parlez également du recours à des pénalités financières plus lourdes pour les émissions, dans le but de créer l'incitatif nécessaire à une mise en valeur à grande échelle. Cela cadre en fait très bien avec le rapport du GEIC qui a été rendu public à Bangkok il y a tout juste une semaine ou dix jours. En réponse à ce rapport, le dirigeant du Secrétariat du changement climatique aux Nations Unies, ayant examiné le nouveau plan du Canada, a déclaré que notre coût de carbone allait être très loin de ce qu'il devrait être dans le cadre du plan pour, par exemple, déployer cette technologie en particulier.
Pourriez-vous faire quelques commentaires sur... ou peut-être même sur certains des intérêts économiques directs de première ligne dans cette technologie? Aidez-moi à comprendre. Que faut-il ici? Avec quelle rapidité vous faut-il ce que vous dites pour que ce soit rentable?
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Il s'agit là d'une question formidable, et j'aimerais lui faire justice. Je vais tout d'abord faire un commentaire mineur en réaction à une chose que j'ai entendue plus tôt. L'un des intervenants a mentionné le fait qu'il doublerait le coût de la centrale et donc le coût pour les consommateurs. Bien sûr, cela n'est pas vrai, car il y a des coûts qui sont imputables à la distribution et à la transmission, et si donc je double le coût de la centrale électrique, alors cela n'augmente que d'un tiers environ le coût pour le consommateur.
Pour ce qui est de votre grosse question, pour la contourner quelque peu, je travaille principalement du côté production d'électricité du système, alors je suis plus confiant s'il s'agit de comparer la capture et le stockage futurs de, mettons, l'énergie éolienne ou nucléaire. Ce sont là les trois gros joueurs dans le monde de l'électricité, et je pense qu'ils sont, grosso modo, comparables, avec quelques grandes incertitudes.
Il est naturel de supposer que la conservation coûterait moins cher, mais la preuve en ce sens est faible. Il existe quantité d'analyses qui font les genres de comparaisons que vous demandez, mais leur qualité est variable, et les réponses couvrent le spectre tout entier, en fonction de l'auteur. Il importe d'être quelque peu prudent quant aux nouvelles technologies favorisant l'économie d'énergie. Au cours des 150 dernières années, l'introduction de nouvelles technologies favorisant l'économie d'énergie a souvent augmenté la demande d'énergie, au lieu de la réduire.
Lorsque Watt a inventé la nouvelle machine à vapeur qui est venue remplacer l'ancienne machine à vapeur Newcomen, elle était trois fois plus efficiente. Cela a augmenté la demande de charbon; cela ne l'a pas diminuée. Il en a été de même presque à chaque étape. C'est ce que les économistes appellent l'action en retour ou l'effet de rebond. Le problème est que si j'introduis une technologie qui pourrait, en principe, réduire la consommation d'énergie, comme par exemple une carrosserie de voiture plus légère, les consommateurs pourront l'utiliser pour rendre les voitures plus sécuritaires avec la même consommation énergétique, ou plus rapides, ou autre chose encore.
Un avantage du fait de pousser du côté production du système énergétique, que ce soit par le biais de la capture et du stockage du CO2 ou d'énergie nucléaire ou éolienne ou autre, est que vous obtenez en fait les deux choses, à cause de ces coûts. Supposons que nous adoptions une loi rendant obligatoire la capture de CO2 pour toute nouvelle centrale au charbon. Il y aurait des coûts réels, comme nous en avons discuté, et ces coûts seraient inévitablement répercutés sur les consommateurs. Cela aiderait à encourager la conservation.
S'il est réellement vrai que la conservation est bon marché, alors nous le saurions, car les consommateurs conserveraient en réaction à ces coûts. L'avantage de pousser du gros bout du système, c'est-à-dire du bout de la production, est qu'il est certain que là où vous intervenez vous réduisez véritablement les émissions, et vous augmentez en même temps le coût, amenant ainsi davantage d'améliorations sur le plan de l'efficience en aval.
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Je pense que les deux choses peuvent fonctionner, alors la question se pose. Les deux choses sont, de loin, meilleures que de ne rien faire et, pour être juste, l'actuel gouvernement a introduit quelque chose qui est bien meilleur que de ne rien faire. Les nouvelles règles de l'actuel gouvernement limiteraient les émissions, bien que les mesures prises ne correspondent en vérité ni à l'un ni à l'autre de ces deux mécanismes. Il en existe de nombreux que vous pourriez utiliser.
Je préconise le recours à une taxe du fait de la simplicité extrême de son application. Les plafonds et les échanges exigent en général la surveillance des émissions de chaque installation, et cela est assorti de quantité de complexités, dans le cas surtout de nouvelles installations, alors cela n'est souvent pas pris au sérieux.
Si vous regardez les règles actuelles — et ce n'est pas la faute de l'actuel gouvernement, étant donné que chaque gouvernement qui tente de mettre en oeuvre ce genre de système connaît le même problème —, il vous faut traiter de ce qui se passe avec les nouvelles installations. Les règles actuelles exigent toutes le recours aux meilleures technologies disponibles. Le fait est que c'est là une excuse pour faire travailler des avocats — mais que les avocats dans la salle ne prennent pas ombrage de ce que je vais dire — car il n'est objectivement pas possible, dans le vrai monde, de savoir exactement quelle est la meilleure technologie disponible, surtout pour quelque chose d'aussi compliqué que les sables bitumineux. C'est donc, en gros, une excuse pour des négociations d'arrière-salle.
L'avantage de quelque chose comme une taxe est que, le carbone étant une quantité conservée dans l'économie, il est en fait relativement facile d'imposer à l'économie une taxe globale sans grands frais généraux supplémentaires sur le plan des systèmes comptables. Vous êtes certain d'une réponse que vous allez obtenir, et c'est pourquoi je préconiserais le recours à une taxe.
J'aimerais dire une chose encore. Lors de conversations dans les coulisses que j'ai eues avec des gens du gouvernement, d'ONG et de sociétés pétrolières, les gens conviennent régulièrement avec moi qu'une taxe serait la meilleure chose, mais que cela est invendable sur le plan politique. Je vous dis à vous qui êtes des politiciens que, si un grand nombre de personnes dans une arrière-salle conviennent qu'une mesure donnée paraît logique, mais disent qu'elle est invendable sur le plan politique, alors il nous faut réfléchir à la façon de nous y prendre pour la vendre.
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Je pourrais faire quelques commentaires là-dessus.
Quant à ce qui est nécessaire pour l'avenir, nous autres, chez NOVA Chemicals, serions très heureux de travailler avec le gouvernement pour déterminer ce qu'il faudrait. En ce qui concerne l'avenir, il y toujours beaucoup d'incertitude quant à ce que ces projets vont coûter. Vous avez entendu beaucoup de gens parler aujourd'hui des capitaux qui seront requis, mais il demeure encore énormément d'incertitude.
En l'absence, donc, d'une bonne connaissance de ce qu'il faudra pour pouvoir séparer techniquement les sources de combustion... et je ne m'oppose pas à ce que dit David; il existe à l'heure actuelle des technologies qui fonctionnent. Reste à savoir si elles vont fonctionner pour les sources de combustion, si elles vont fonctionner à un coût qui soit économique — voilà les genres de questions auxquelles il nous faut réfléchir. D'autre part, quel en sera le coût de transport, et ainsi de suite?
Ce que je dis est qu'il y a beaucoup d'incertitude, et c'est pourquoi il est difficile de nous présenter devant vous à ce stade-ci et de dire très exactement ce qu'il nous faudrait. Ce que nous pouvons dire est que la chose requiert tellement de capitaux qu'une première étape serait certainement d'examiner la déduction pour amortissement et de l'accélérer.
Vous avez également souligné la question des règlements proposés qui sont à l'étude à l'heure actuelle. J'aurais juste quelques commentaires à faire en la matière.
Premièrement, je pense que le gouvernement a fixé des objectifs très difficiles à atteindre. Ils sont sans doute plus exigeants que ce que nous avions espéré voir il y a trois ou quatre mois. Je pense que le gouvernement a également fixé un échéancier très audacieux pour cette politique. En même temps, il est en quelque sorte sur la corde raide, s'efforçant d'améliorer l'environnement tout en veillant à ce que se maintienne la croissance économique du pays.
Le dernier commentaire que j'aimerais faire est que j'aime le fait qu'il y ait dans le projet de loi une place pour la technologie, car je demeure convaincu que ce sera là l'une des clés à l'avenir.
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Vous posez la question à un professionnel dont la tâche est de réduire les effets du changement climatique sur la planète. Je pense que le carbone devrait être aussi peu coûteux que possible.
En Alberta, cela sera sans doute fixé à environ 15 $ la tonne, parce que le fonds de technologie qui est en place à l'heure actuelle, et les lois qui vont venir, ne suffiront pas pour la capture et le stockage du carbone. C'est pourquoi il nous faut faire appel aux gouvernements respectifs et industries et entreprises intéressées pour qu'ils investissent dans la capture et le stockage du carbone. À raison de 15 $ la tonne, vous n'allez pas voir beaucoup de projets de CSC d'envergure, surtout le long de lignes de séquestration géologique.
J'aimerais simplement vous livrer quelques renseignements de plus, étant donné que vous avez mentionné mon nom.
Premièrement, le captage-stockage du carbone est l'un des outils dont nous avons besoin. L'efficience énergétique est tout aussi importante — David et moi-même avons eu de nombreuses discussions là-dessus —, mais la capture et le stockage du carbone sont l'un des principaux outils dont nous aurons besoin à l'avenir. Le coût diminuera au fur et à mesure des importants investissements que nous y ferons, surtout dans la façon de capter. Il se fait quantité de travail de recherche et de développement à l'heure actuelle sur la façon de capter le CO2 à un coût moindre.
Je pense qu'il nous faut également tenir compte du fait que le CO2 qui est produit ne se trouve pas toujours forcément là où vous le voudriez. Lorsque vous le produisez dans les sables bitumineux... Nous ne parlons pas de stockage dans le centre de l'Alberta — pas où se trouvent les sables bitumineux —, mais d'un énorme pipeline pour transporter le CO2 de Fort McMurray jusque dans le centre de l'Alberta.
Voilà un endroit où le gouvernement devrait investir son argent, car la chose est coûteuse. C'est une chose que nous savons faire très bien et très vite. S'il est une chose que nous savons faire en Alberta, c'est forer et construire des pipelines, mais il faut que cela se fasse là où le besoin existe. Si c'est pour de la récupération assistée du pétrole ou de la récupération assistée du gaz, alors il y a moyen de récupérer les coûts. Mais s'il s'agit purement de séquestration géologique, alors je pense que c'est là un volet dans lequel il faudrait que les gouvernements investissent.
Merci.
Lorsque M. Knight parle du fait que la capacité de stockage ne se trouve pas forcément là où vous la voulez, j'ai pensé à ma propre province, la Nouvelle-Écosse, qui se verra peut-être confrontée à des défis sur ce plan. Nous avons bien sûr une formidable production d'électricité à base de charbon, et nous avons entendu dire aujourd'hui qu'il y a une certaine capacité au large des côtes dans les gisements sous-marins où l'on produit à l'heure actuelle du gaz, et peut-être ailleurs, dans des dépôts salins. Mais c'est quelque chose qui me préoccupe.
J'aimerais passer à un autre point. Vous avez mentionné que 15 $, ce n'est pas assez. Je ne sais pas si les autres sont du même avis, mais permettez que je vous soumette un scénario et que je vous invite, surtout ceux d'entre vous qui représentez l'industrie, à réagir et à dire comment cela fonctionnerait.
S'il y avait un prix absolu, pour les niveaux de carbone, au-delà d'un certain seuil, et si vous disiez qu'au-dessus de ce seuil vous verseriez un certain montant dans un fonds, montant que vous pourriez récupérer si vous lanciez des projets qui réduiraient véritablement votre production de carbone, et si l'on vous accordait également une déduction pour amortissement accélérée et fixait le prix du carbone à environ 30 $, par opposition à 15 $, par exemple, quels seraient selon vous les avantages et les inconvénients d'un tel régime?
J'aimerais connaître l'opinion des gens qui représentent ici l'industrie.