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Je voudrais certainement continuer à parler de la motion.
Je tiens seulement à répéter ce que j'ai dit hier. Comme nous l'avons entendu dire tout au long de nos discussions, ce projet de loi présente un très grand nombre de défauts. Pour commencer, il n'est pas normal de vouloir régler cette question de façon ponctuelle au moyen d'un projet de loi d'initiative parlementaire et, d'autre part, l'absence de dispositions visant les services essentiels dans le projet de loi pose également des problèmes. Il y a aussi un problème de traduction, surtout au paragraphe 2.4 où il est évident que le français et l'anglais ne disent pas la même chose. D'après ce que le greffier législatif a dit hier, ce projet de loi présente des défauts auxquels nous ne sommes pas en mesure de remédier en suivant les règles du comité.
Je crois que c'est important. Il y a une deuxième motion, qui suivra celle-ci, et qui propose une approche plus raisonnable faisant davantage appel à la consultation pour modifier la législation du travail comme il se doit. Il me semble important de poursuivre l'examen de cette motion. J'aimerais entendre d'autres opinions pour savoir ce que l'on pense, de l'autre côté, après avoir eu la nuit pour réfléchir.
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Monsieur le président, je suis tout à fait d'accord avec notre collègue M. Silva, puisqu'il répond à la question que vous posiez à juste titre au début: est-ce qu'on désire continuer l'étude article par article ou recevoir une motion nouvelle, soit celle qu'on nous a présentée hier?
C'est le comité qui doit d'abord en disposer. Je suis d'avis qu'on doit étudier le projet de loi article par article et, contrairement à ce que prétend notre collègue M. Lake, je pense qu'il y a de l'espace pour apporter des amendements. Nous allons proposer des amendements au projet de loi.
Il est tout à fait dans l'ordre des choses que le comité soit saisi de ces amendements. Pour les étudier, bien sûr, il faut procéder à l'étude article par article.
Je propose qu'on procède au vote sur le maintien de notre position concernant l'étude article par article.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais revenir sur certaines remarques qui m'ont été adressées directement suite à mes propos quant au fait que les chefs syndicaux n'ont pas eu voix au chapitre.
Ce que je voulais dire — comme mes paroles ont été mal interprétées, je tenais à le préciser ici — c'est que ce projet de loi a de très profondes répercussions. Il a de profondes répercussions sur beaucoup de gens. Lorsque je parlais des employés, je faisais allusion à ce qu'a dit un des témoins, Maurice Zoe, le coordonnateur au site autochtone de Ekati Diamond Mine, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Lorsqu'il a parlé au nom de sa communauté autochtone, il a déclaré:
Le syndicat ne semblait pas comprendre comment fonctionnait la communauté autochtone. Les syndicats ne font pas partie de nos communautés ou de nos dirigeants. Dans ce cas, ils ont imposé un lourd fardeau à notre peuple en nous forçant à faire la grève, mais nous avons eu au moins la possibilité de choisir de retourner au travail.
Les Autochtones qui n'ont pas d'autres possibilités d'emploi dans le Nord n'auront plus le droit de travailler si le est adopté. Monsieur le président, je parlais des employés qui ne font pas nécessairement partie des syndicats qui sont visés dans ce projet de loi.
Je voulais parler des agriculteurs et de ceux qui estiment que ce projet de loi les prive de leurs droits. Il s'agit des employés et des employeurs qui n'ont pas voix au chapitre. Les membres du comité ont reçu des lettres de la Grain Growers of Canada, dans les Prairies, qui n'a pas pu témoigner.
Ce projet de loi va toucher les agriculteurs de ma circonscription. Ils n'ont aucun moyen de faire entendre leur point de vue. Ils n'ont pas de syndicat et sont à la merci d'un secteur sous réglementation fédérale. Dans les Prairies, nous comptons sur les syndicats et parfois, sur les travailleurs de remplacement pour acheminer nos produits agricoles jusqu'au port, mais avec ce projet de loi, les agriculteurs et les gens comme eux n'auront aucun recours.
Comme je l'ai déjà dit hier, c'est d'une importance cruciale et je crois que c'est un message qu'il faut transmettre aux citoyens de toutes les régions du pays. Ce sont-là des services essentiels. Ce qui est en jeu ici, ce n'est pas nécessairement la situation des travailleurs, mais l'intérêt public.
On s'attend à ce que les entreprises sous réglementation fédérale aient de bonnes relations avec… Je crois qu'il devrait y avoir de bonnes relations avec les syndicats et leurs dirigeants, mais je pense que nous sommes très naïfs et que tous les secteurs… J'ai une lettre que je voudrais vous lire qui parle des effets de ce projet de loi… Il va effectivement créer certains problèmes.
Je voulais faire comprendre aux députés que je ne parlais pas des dirigeants. Je parlais de toutes les autres personnes qui sont touchées, dont les emplois ne sont pas particulièrement protégés par ce projet de loi. Mais elles seront certainement touchées.
Nous savons qu'il y a 12 000 entreprises sous réglementation fédérale qui représentent environ 1 p. 100 des entreprises canadiennes et que la majorité d'entre elles sont de très petite taille. Quatre sur cinq emploient moins de 20 travailleurs. Au total, il y a près de 900 000 personnes qui travaillent dans des entreprises sous réglementation fédérale. Cela ne semble peut-être pas beaucoup, mais c'est important.
C'est ce qui manque ici. Nous ne parlons pas des répercussions sur l'intérêt public. En plus de la sécurité publique, nous devons tenir compte de ce qui sert l'intérêt public. Nous parlons beaucoup de l'importance de la productivité et…
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J'invoque le Règlement, monsieur le président.
Je pense en tout respect que pour débattre du bien-fondé de la présentation d'une motion, comme le fait notre collègue, il faudrait modifier l'ordre des travaux dont nous avons convenu au moyen d'une motion. Or, aucune motion de ce genre n'a été présentée. Donc, selon l'ordre des travaux, nous devons procéder à l'étude du projet de loi article par article. Je pense que c'est dans l'ordre des choses.
Monsieur le président, je pense qu'on doit dès maintenant entreprendre l'étude article par article du projet de loi C-257.
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Merci, monsieur Lessard.
La question est la suivante: mardi, nous nous sommes penchés sur une motion dont nous n'avons pas terminé l'examen. Nous avons un ordre du jour, ce qui n'est pas la même chose qu'un ordre des travaux de la Chambre qui préciserait exactement ce que nous devons faire. Le comité a été invité à se prononcer quant à savoir si nous devions poursuivre l'examen de la motion et passer ensuite à l'étude article par article étant donné que nous en étions là. Vous êtes maintenant saisis d'une motion proposant de reprendre l'ordre des travaux. Selon la greffière, cette motion peut faire l'objet d'un débat.
Nous allons donc entendre M. Brown, qui sera suivi de M. Hiebert, Mme Lavallée, M. Savage et ensuite, M. Lessard.
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Je ne comprends pas votre décision, monsieur le président.
À l'ordre du jour que nous avons reçu et que j'ai devant moi, on mentionne que nous faisons l'étude article par article. Puis on y mentionne chacun des articles: les articles 1, 2, 3. Ensuite, il s'agit de questions telles que: le projet de loi tel que modifié est-il adopté, etc.
Plus tôt, lorsque mon collègue Yves Lessard a proposé la motion en disant que nous voulions retourner à l'étude article par article, cela englobait tous les articles. Il n'a jamais dit qu'il s'agissait seulement de l'article 1.
Vous n'avez jamais dit cela, n'est-ce pas, monsieur Lessard?
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Très bien. La procédure n'aura plus de secret pour nous. Merveilleux.
Ma décision a été contestée. J'ai l'impression que cela risque de m'arriver plusieurs fois aujourd'hui. Nous allons donc devoir voter pour nous prononcer quant à savoir si la recommandation du greffier législatif, ma recommandation, doit être rejetée. Si c'est ce que souhaite le comité, nous débattrons alors de la motion. Si ma décision est confirmée, il n'y aura pas de débat sur cette motion et nous passerons à la motion suivante.
Encore une fois, pour ce qui est de ma décision, elle a été contestée…
Désolé, M. Hiebert invoque le Règlement.
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Comme je l'ai dit, avant de voter sur cette motion, je voudrais comprendre comment il se fait… et ce qui se passera si ceux qui s'opposent à votre décision gagnent le votre. Qu'arrivera-t-il?
Si votre décision, qui semble conforme à la tradition et aux décisions rendues par les Présidents de la Chambre des communes, est qu'il n'est pas possible de modifier un texte législatif qui n'est pas visé par un article du projet de loi — et c'est ce qui a toujours été décidé à la Chambre des communes depuis Dieu sait quand — comment le comité pourrait-il annuler votre décision alors que nous savons que ce n'est pas possible? Faudra-t-il faire appel au Président de la Chambre? Faudra-t-il faire appel au greffier législatif?
Cela semble s'éloigner de ce que la loi permet. Nous pourrions effectivement considérer que notre comité peut rejeter vos décisions, mais il y a quand même certaines limites. Nous ne pouvons pas adopter des dispositions législatives contraires au Règlement de la Chambre des communes. Si c'était le cas, nous pourrions proposer des amendements à la Loi de l'impôt sur le revenu dont il n'est pas question non plus dans ce projet de loi. Il est absurde de laisser entendre que nous pourrions modifier une loi ou l'article d'une loi qui n'est pas visé par ce projet de loi.
Pourriez-vous donc expliquer aux membres du comité ce qui se passera si votre décision est infirmée? Qu'arrivera-t-il ensuite?
:
Si nous appuyons la décision du président quant à l'irrecevabilité de cet amendement à l'article 87.4, le président acceptera-t-il que M. Silva propose alors le même libellé, mais qui s'appliquera à l'article suivant du projet de loi que nous étudions, soit à l'article 2, qui se rapporte au paragraphe 94(2.1)? Si vous examinez le projet de loi, il contient les nouveaux alinéas 94(2.1)
a),
b),
c),
d),
e),
f) et
g). M. Silva désire ajouter les alinéas 94(2.1)
h) et
i). Tel est l'amendement qu'il désire apporter en réalité.
L'article que nous examinons n'est pas le bon, mais si nous confirmons votre décision, je voudrais l'assurance que s'il essaie de proposer cet amendement pour l'article 2, vous n'allez pas le déclarer irrecevable parce qu'il ne figure pas sur cette feuille, n'est-ce pas? On a inscrit le mauvais article.
Je crois qu'il est possible de le faire verbalement, du moment que c'est clair. Je voudrais savoir si vous êtes d'accord afin que nous puissions procéder de cette façon et voter sur l'amendement.
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Merci, madame Davies et M. Silva.
Je suis certainement prêt à examiner la question. Je n'ai pas vu la motion telle qu'elle a été soumise. Je peux seulement me prononcer sur cette motion s'appliquant à l'article 1 et je ne vois donc pas d'objection à ce que cet amendement soit présenté pour que nous puissions l'examiner. Nous devrons l'étudier dans son contexte. Nous devrons suivre la même procédure, une fois de plus, avant de pouvoir en discuter et aller plus loin. Si vous êtes prêts à accepter ma décision au sujet de cet article, l'article 1 restera tel qu'il était au départ et nous passerons ensuite à l'amendement libéral numéro 2. Si cet amendement est présenté une nouvelle fois, nous l'examinerons dans ce contexte.
Comme je l'ai dit, nous n'en sommes pas encore là. J'ai seulement vu les propositions que nous avons sous les yeux. Comme je l'ai dit, si l'amendement est présenté une nouvelle fois, nous pourrons l'examiner.
La parole est à M. Hiebert et ce sera ensuite à M. Silva.
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Je veux être sûr de bien comprendre ce qui se passe.
Si j'ai bien compris ce qu'ont dit et , la motion qui a été présentée au comité, le premier amendement à l'article 1 disant « Le paragraphe 87.4(1) du Code canadien du travail est remplacé par ce qui suit: », y compris ce texte, ne correspond pas à l'amendement que l'on voulait proposer.
Vous déclarez néanmoins que cet amendement est irrecevable parce qu'il modifie un article qui n'est pas mentionné dans le projet de loi de , le projet de loi . Il ne peut donc pas modifier l'article en question.
Ils ont d'abord essayé de faire annuler votre décision concernant la recevabilité de cette motion et voilà maintenant qu'ils disent que c'est une erreur, que ce n'est pas ce qu'ils voulaient faire. Nous attendons de voir s'ils vont continuer de contester votre décision.
Et vous voulez ensuite réexaminer cet amendement immédiatement après…
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J'aimerais avoir une précision, monsieur le président.
Tout à l'heure, lorsque j'ai voulu déposer ma motion, vous avez dit qu'on n'avait pas disposé de l'article 1, et on n'en a toujours pas disposé. Je ne sais même pas ce qui est advenu de l'article 1. A-t-il été adopté? A-t-on voté sur l'article 1?
Lorsqu'on saura ce qui est advenu de l'article 1, on pourra présenter notre motion. Il me semble que c'est ce que vous nous avez dit tout à l'heure.
Qu'est-il advenu de l'article 1, monsieur le président?
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Merci, monsieur Lessard.
Comme vous le savez, nous en sommes à l'article 1 tel qu'il a été libellé dans la version originale du projet de loi. Les libéraux ont proposé deux nouveaux articles. Nous venons d'en terminer avec le premier. Une nouvelle motion sera proposée pour l'article 2 concernant le nouvel amendement ou le nouvel article 2 — c'est compliqué — qui se rapporte à l'article 1.
Comme nous étions entre deux motions, nous pouvions recevoir une nouvelle motion. Aux pages 1 et 2 vous avez le premier amendement libéral et aux pages 3 et 4, le deuxième amendement visant l'article 1.
Si vous voulez continuer, ce sera à M. Lessard, ensuite à Mme Lavallée, puis à Mme Davies.
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Une nouvelle motion concernant l'ordre du jour? Vous ne pouvez pas accepter cette nouvelle motion, monsieur le président. Cela ne se peut pas. On n'a pas terminé l'étude de l'article 1.
Si vous décidez de lui accorder la parole au sujet de sa motion, nous allons contester votre décision. Nous n'aurons pas le choix.
C'est la Saint-Valentin. Je vous aime bien et je m'apprêtais même à vous embrasser avant de partir...
Un peu de retenue, quand même.
Mme Carole Lavallée: Nous serons obligés de contester votre décision, parce qu'il faut terminer l'étude de l'article 1. Lorsque vous demanderez si l'article 1 est adopté, pour pourrez dire qu'il est adopté tel que modifié, rejeté ou réservé.
On comprend vite, mais il faut que vous nous expliquiez longtemps.
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Je ne sais pas si je suis la seule à être dans le brouillard.
Monsieur le président, j'ai l'impression que vous vous êtes contredit. Lorsque nous avons commencé la discussion, M. Lake a essayé de présenter sa motion. M. Lessard a ensuite essayé de proposer une motion pour que nous poursuivions les travaux. Si je me souviens bien, vous avez dit clairement qu'il fallait d'abord attendre d'en avoir terminé avec l'article 1 et que vous accepteriez alors une autre motion. Vous n'avez pas dit que l'on pourrait proposer une motion entièrement différente au beau milieu du débat sur l'article 1, alors que nous avons disposé du premier amendement et que nous étions sur le point d'examiner le deuxième. Vous avez dit qu'une autre motion serait recevable à la fin de l'examen de l'article 1, avant que nous ne passions à l'article 2.
Je crois que vous vous êtes contredit, car nous en sommes encore à l'article 1. Nous n'avons pas encore voté sur cet article. D'après ce que vous nous avez dit tout à l'heure, c'est seulement lorsque nous aurons voté sur cet article que vous pourrez recevoir une motion de celui qui aura le micro le premier, soit M. Lake, soit M. Lessard.
Mais nous en sommes toujours à l'article 1. Vous ne devriez pas accepter une motion qui vient interrompre notre examen de l'article 1. J'estime que vous vous êtes contredit.
Le projet de loi C-257 ne réussit pas garantir un équilibre aux deux côtés de la négociation de conventions collectives et ne parvient pas à examiner en profondeur d'autres inquiétudes reflétées dans les témoignages des témoins, par le fait même, le comité recommande, selon l'article 97.1 du Règlement de la Chambre, que la Chambre des communes ne poursuive pas l'étude du projet de loi C-257, Loi modifiant le Code canadien du travail (travailleurs de remplacement).
Je trouve sidérant qu'on ait poussé à ce point l'improvisation. Il s'agit là d'un très mauvais projet de loi d'initiative parlementaire qui a été rejeté à 10 reprises, je crois, par les gouvernements libéraux qui auraient pu profiter de leur majorité, pendant 11 ans, pour présenter un projet de loi bien structuré et bien pensé. Ils avaient la possibilité de présenter ce genre de loi, mais ils ont préféré attendre deux ans de plus pour voter en faveur d'un projet de loi d'initiative parlementaire qui présente de nombreux défauts.
Non seulement ce projet de loi a été envoyé au comité, mais on a essayé de nous le faire adopter en trois jours. Il y a eu l'équivalent de deux journées de témoignages en l'espace de trois jours avant Noël. Heureusement, le bon sens a prévalu et nous avons réussi à faire comparaître un nombre acceptable de témoins pour en savoir un peu plus. Heureusement, un bon nombre de ces témoins nous ont dit qu'ils s'inquiétaient de l'absence totale d'équilibre et de prudence dont témoignait ce projet de loi.
Nous avons entendu dire qu'à la fin des années 90, la Commission Sims avait mis quatre ans à examiner la partie I du Code du travail portant sur les relations industrielles. Il s'agissait d'un examen approfondi et très minutieux comportant de nombreuses consultations. La Commission a sillonné le pays afin d'entendre le pour et le contre.
Plus nous avons entendu de témoins, plus nous avons entendu d'inquiétudes concernant les services essentiels. Le projet de loi ne contient aucune disposition à cet égard. Il en fait totalement abstraction. Il y a également un problème de traduction.
Nous avons d'abord entendu dire que, d'après certaines personnes, les cadres pourraient travailler, mais lorsque nous avons examiné les choses de plus près, nous nous sommes rendu compte que le projet de loi ne leur permet pas de le faire. Il ne permet pas aux employés qui sont déjà au service de l'entreprise et qui ne veulent pas faire la grève de conserver leur emploi pour continuer à nourrir leur famille. Il ne tient pas compte des inquiétudes quant aux répercussions sur l'économie canadienne et les industries d'une importance cruciale.
Bien entendu, par définition, toute entreprise sous réglementation fédérale joue un rôle crucial dans l'économie canadienne. Il est question ici du transport, du transport ferroviaire dont les agriculteurs ont besoin pour acheminer leurs marchandises. Il est question ici de l'industrie minière. Il est question d'un grand nombre d'industries qui sont syndiquées et dont les travailleurs seront durement touchés par les grèves déclenchées dans d'autres secteurs. Par exemple, les travailleurs du secteur minier seraient touchés par les grèves dans les chemins de fer ou dans le transport aérien.
Il est question ici des répercussions qu'une fermeture des ports de la côte ouest pourrait avoir sur notre capacité d'importer et d'exporter des marchandises d'une importance cruciale pour notre mode de vie. Bien entendu, un bon nombre des gens qui consomment ces marchandises ou qui bénéficient des avantages économiques que nous apporte la possibilité de transporter et de vendre nos marchandises sont des employés syndiqués qui pâtiront de cette situation. Le projet de loi n'en tient absolument pas compte.
D'après ce que nous avons entendu, la confusion totale règne à l'égard des services essentiels. Nous avons entendu dire que le syndicat peut conclure une entente — je ne me souviens pas exactement de son nom — avant de faire grève pour s'engager à protéger les services essentiels, mais nous savons qu'on ne peut pas vraiment s'y fier.
Rien ne nous garantit qu'en cas de grève des services téléphoniques, nous aurons accès aux services 911 ou que si les transports aériens sont paralysés par un conflit, la nourriture continuera d'être acheminée dans les régions nordiques du Labrador, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut ou du Yukon.
Ces questions suscitent toutes sortes de préoccupations. Il semble qu'on n'en tienne aucun compte et qu'on cherche aveuglément à adopter cette loi que pratiquement aucun autre pays au monde n'a appuyée ou adoptée jusqu'ici, à ce que je sache.
Voilà la raison d'être de ma motion. Comme je l'ai déjà expliqué, en présentant cette motion, j'ai l'intention de répondre à certaines des questions et à certaines des personnes qui désirent que ce processus soit examiné comme il faut.
Je ne propose pas la motion, mais elle sera libellée en ces termes.
Que le comité recommande au ministre du Travail d'établir un processus de consultation pour examiner les préoccupations émises par les témoins et l'objet du projet de loi C-257, Loi modifiant le Code canadien du travail (travailleurs de remplacement).
Si nous le faisons, faisons-le au moins de façon logique. Cette façon de procéder est tout à fait déraisonnable. Je suis sidéré de voir que même une loi aussi mauvaise a des chances d'être adoptée.
J'ai lu un extrait d'un article publié par Sidney Green, dans le Winnipeg Free Press. Pour vous fournir une information complète, je vais vous lire cet article, car je crois qu'il mentionne tout ce qui me préoccupe. N'oubliez pas que Sidney Green est un ancien ministre du gouvernement néo-démocrate du Manitoba. Quoi qu'il en soit, les gouvernements néo-démocrates de la Saskatchewan et du Manitoba n'ont pas adopté ce genre de loi. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait?
Voici ce que Sidney Green idisait le 21 novembre 2006:
L'élection d'un gouvernement minoritaire a entraîné une curieuse anomalie. L'opposition croit pouvoir s'unir pour adopter des lois qui vont directement à l'encontre de la position du gouvernement. En fait, pour le simple plaisir d'exercer son pouvoir, l'opposition a adopté en deuxième lecture un projet de loi qu'aucun parti fédéral désireux de gouverner n'a jamais inclus dans son programme électoral.
Le mois dernier, la Chambre des communes a adopté en deuxième lecture, par 167 voix contre 101, départagées entre le gouvernement et l'opposition, un projet de loi communément appelé « loi anti-briseurs de grève ». S'il est adopté, ce projet de loi s'appliquera aux travailleurs sous réglementation fédérale.
L'historique des revendications syndicales à l'égard de ce genre de loi est intéressant. Jusqu'au milieu des années 70, la libre négociation collective constituait le cri de ralliement du mouvement syndical. Rien n'était plus sacré pour les syndicats que le droit absolu des travailleurs de faire la grève et d'amener le public à soutenir leurs revendications. Pendant des années, les dirigeants syndicaux ont eu à subir les nuances de la loi et les jugements des tribunaux qui empiétaient sur leur liberté de faire ce que tous les autres citoyens avaient le droit incontesté de faire, c'est-à-dire cesser de travailler.
Je remarque que M. Simms fait de gros efforts pour m'entendre et que tous les autres parlent et font beaucoup de bruit. Par respect pour M. Simms, nous pourrions peut-être faire un peu de silence dans la salle afin qu'il puisse entendre le texte que je lis, car il est très intéressé.
Je continue:
Le mouvement syndical considérait toute intervention d'une tierce partie dans ces conflits comme un véritable anathème. Les syndicats ont résisté à toutes les tentatives faites par les gouvernements pour imposer l'intervention d'une tierce partie.
Au milieu des années 70, il y a eu un revirement de la situation. Des gouvernements sympathiques au mouvement syndical ont été portés au pouvoir. Les organisateurs syndicaux n'ont pas pu résister aux occasions que des gouvernements amicaux semblaient leur offrir.