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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie tous les membres du comité de me donner la possibilité de vous présenter des informations à considérer dans le cadre de l’examen du .
L’Institut du mariage et de la famille Canada est un groupe de recherche visant à mettre en commun les connaissances de la science sociale en vue d’étudier des enjeux comme l’éducation de nos enfants. Nous croyons que vous, les décideurs, devriez tenir compte de tous les facteurs existants lorsque vous prenez des décisions. À cette fin, je suis heureux de pouvoir vous présenter un aperçu de certains de nos travaux.
La plupart de ces recherches s’appuient sur les documents que vous avez devant vous, et elles sont également accessibles intégralement sur notre site Web, à l’adresse: imfcanada.org.
L’un des éléments cruciaux du débat sur la garde des enfants consiste à déterminer ce que souhaitent vraiment les parents. Cette question a fait l’objet de beaucoup de rhétorique et de divers sondages de qualité variable. Il est essentiel pour les dirigeants de ne pas émettre de suppositions sur ce que les parents de jeunes enfants souhaitent, mais de leur poser la question. C’est pourquoi nous avons publié il y a un an les résultats d’un sondage qui traite directement de cette question. Des copies de ce sondage sont incluses dans les documents que vous avez devant vous.
Même si ce sondage contient énormément d’information, permettez-moi de souligner un certain nombre de points prioritaires qui concernent directement le débat d’aujourd’hui.
Parmi les parents qui ont de jeunes enfants et qui pourraient avoir recours aux services de garde, 78 p. 100 affirment qu’ils préféreraient qu’un des parents reste à la maison pour élever les enfants. Cette réponse ne varie pas de façon significative si nous tenons compte du sexe du parent, de la zone géographique ou du niveau d’éducation.
Bien sûr, nous savons qu’il n’est pas toujours possible qu’un parent reste à la maison, que ce soit parce qu’il s’agit d’une famille monoparentale, ou pour des raisons financières ou d’autres considérations de logistique. C’est pourquoi nous avons demandé aux parents quel type de services de garde ils préféreraient. Les résultats que nous avons obtenus étaient très surprenants. Une majorité de 53 p. 100 ont répondu qu’ils préféreraient qu’un membre de la famille prenne soin de leur enfant, 20 p. 100 aimeraient mieux avoir recours à un service de garde en milieu familial. Les garderies sans but lucratif se classent loin derrière avec moins de 17 p. 100, alors que les garderies à but lucratif récoltent un maigre 7 p. 100.
Encore une fois, ces résultats ne varient pas selon les différents découpages en fonction de la région, du niveau de revenus ou d’éducation, de l’état matrimonial, du milieu urbain ou rural ou du sexe. Une exception seulement pour le Québec, où les répondants privilégiaient presque en nombre égal soit le recours à un membre de la famille, soit le recours à des services de garde en milieu familial. Si nous ajustons les résultats pour tenir compte des parents qui ont des enfants de moins de six ans, les conclusions demeurent presque identiques.
Il m’apparaît clairement que ces données empiriques nous indiquent que le ne tient pas compte de ce que les parents canadiens souhaitent. Nous estimons que chaque famille doit relever des défis qui lui sont propres, et qu’un programme unique n’est pas dans le meilleur intérêt des parents canadiens.
Nous pensons que le gouvernement doit respecter les choix des parents, qui sont les mieux placés pour élever leurs enfants. Les parents qui ont besoin de services de garde pour leurs enfants devraient avoir la possibilité de choisir l’option qu’ils jugent la plus appropriée dans leur situation.
La clause 4 du stipule que la province de Québec est exemptée des dispositions de ce projet de loi. Je suppose que c’est parce que le Québec a déjà mis en place un système de services de garde. Si je me fie aux propos des autres témoins, le modèle québécois est présenté comme un exemple de la façon dont un programme national de services de garde devrait être structuré.
Malgré tout le respect que j’ai pour ceux qui participent au programme de services de garde du Québec, les dernières évaluations font clairement ressortir des défaillances importantes. Selon Pierre Lefebvre, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal, la politique du Québec favorise « les familles à revenus élevés, elle est injuste pour les familles qui choisissent de s’occuper elles-mêmes de leurs enfants ou de ne pas recourir aux services de garde non parentaux, et elle n’est pas adaptée aux parents qui travaillent à temps partiel ou selon des horaires s’écartant de la norme ».
Le professeur Lefebvre affirme également que « les enfants des familles à faibles revenus ou dont le niveau d’éducation est moindre peuvent être triplement désavantagés, car ils seront vraisemblablement moins stimulés à la maison, ils auront moins de possibilités de participer à des activités éducatives en dehors de la maison et ils seront plus susceptibles de recevoir des services de mauvaise qualité lorsqu’ils sont placés en garderie. »
Les caractéristiques économiques du système ont eu un impact négatif sur la situation des parents. « Par sa nature même, le modèle de garderie à 7 $ par jour favorise un type précis de garderies financées et réglementées par l’État. Il profite à certains parents au détriment des autres », écrivait Norma Kozhaya, de l’Institut économique de Montréal, dans une note d’information sur le système de services de garde du Québec, datée d’octobre 2006.
L’un des principaux problèmes avec le système de services de garde du Québec, selon les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ), c’est que les enfants sont dans un environnement sécuritaire, mais ils n’apprennent rien. Selon un rapport de l’Institut de recherche en politique publique, « la majorité des garderies fréquentées par les enfants étudiés dans l’ELDEQ avaient une note générale correspondant à la qualité minimale, ce qui veut dire qu’elles offraient un milieu sûr et sécuritaire aux enfants, mais que leur volet éducatif était très peu développé ».
Il est important de souligner également que selon la CBC, 35 000 enfants sont sur une liste d’attente au Québec, et que les services d’immigration du Québec avertissent les nouveaux immigrants que le temps d’attente pour avoir accès à des services de garde est d’un à deux ans.
À la lumière de cette comparaison et des données contenues dans les autres recherches que vous avez devant vous aujourd’hui, l’IMFC s’oppose au système national d’apprentissage et de garde des jeunes enfants proposé dans le projet de loi C-303. Ce projet de loi prévoit des fonds pour un type de services de garde en particulier: les garderies ou services institutionnels. Il n’aide donc pas les parents à faire un choix. Il offre une seule solution, très coûteuse, au détriment de ceux qui font un choix différent. Nous croyons que ce projet de loi est discriminatoire.
Nous encourageons ce comité à consulter l’étude américaine NICHD Early Child Care Research Network, la plus vaste et la plus coûteuse recherche jamais menée, qui dure depuis plus de 25 ans maintenant, au sujet des effets à long terme de tous les types de services de garde sur les enfants.
Les chercheurs ont découvert que les soins non maternels de haute qualité, y compris ceux provenant du père ou des grands-parents, améliorent les facultés cognitives, par exemple le vocabulaire et la mémoire de l’enfant, mais qu’un séjour trop long dans un service de garde, même de grande qualité, engendrait des comportements négatifs, notamment la violence contre les autres ou la propension à la querelle. Dans le cadre des travaux les plus récents datant du printemps, les chercheurs ont démontré que ces comportements négatifs pouvaient être observés jusqu’en 6e année.
En résumé, même si on peut tirer profit de services de garde de grande qualité, ce type d’avantages n’est pas l’apanage exclusif des services de garde comme ceux définis dans le projet de loi C-303. Ils peuvent émaner de soins reçus dans des services de garde plus informels. Les aspects négatifs, comme l’agressivité chez les enfants, sont observables dans les services de garde de mauvaise qualité. Actuellement, les services de garde du Québec sont qualifiés de médiocres. Il est difficile de mettre en place des services de garde de qualité dans le cadre d’un système dirigé et financé par l’État.
D’autres questions mériteraient d’être soulevées aujourd’hui; malheureusement, je manque de temps. Cependant, en conclusion, j’ajouterais que vous ne pouvez étudier cette question en tenant compte uniquement des critères économiques. Il s’agit de nos enfants, de notre avenir, et nous devons les traiter en conséquence. Il faut viser le plus haut possible.
Nous reconnaissons que la société a besoin de services de garde de grande qualité, mais cette approche universelle ne répond pas aux besoins de nombreuses familles et nous ne pouvons la soutenir. Ce projet de loi ne répond pas aux besoins de la majorité de la population canadienne qui ne souhaite pas recourir aux garderies institutionnelles.
Je remercie le comité pour son attention. Il me fera plaisir de répondre à vos questions au cours de la discussion qui suivra.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m’avoir invitée à participer. J’en suis très heureuse.
Je suis particulièrement impressionnée par la téléconférence, qui est à mon avis une façon de faire participer plus de personnes du grand public et de femmes à ces discussions.
Lorsque je vous entends discuter du , je dois dire qu’il est pratiquement impossible d’être contre un projet de loi pour les enfants. Je réclame depuis 30 ans maintenant que vous vous penchiez sur des questions comme celle-là, que vous dépensiez de l’argent pour les services de garde, que vous valorisiez la personne qui s’occupe des enfants, et que vous vous rendiez compte que ces années sont cruciales dans l’éducation des enfants. Alors, tout cela va dans le bon sens.
Je ne suis pas ici pour critiquer ce que dit le projet de loi, mais plutôt pour critiquer ce qu’il ne dit pas. Il passe en fait sous silence des considérations juridiques et éthiques importantes. Je me porte depuis longtemps à la défense des droits de la femme, et je tente de mettre en valeur notre travail rémunéré et non rémunéré ainsi que les droits des enfants. Le projet de loi porte sur la stimulation par l’éducation, sur la santé et la sécurité, sur le droit des femmes de participer pleinement à la société de la façon dont elles le souhaitent. Tous ces objectifs sont louables, mais ce projet de loi pose problème, car il ne va pas assez loin.
Ce projet de loi ne profite pas à tous les enfants. Il se penche sur un seul style de vie et lui attribue tous les avantages. Cela pose problème. Donc, ce projet de loi, même s’il est bon, doit avoir un pendant si l’on veut qu’il soit équitable. Il a besoin d’un complément qui met en valeur les éléments qui ont été oubliés. Le projet de loi ne tient pas compte des enfants qui ne fréquentent pas les services de garde visés, soit les services de garde hors du milieu familial et administrés par des tiers. Il s’agit en fait de la majorité des enfants. Le projet de loi néglige les enfants qui sont sous la garde des parents ou des grands-parents, qui sont dans des services de garde en milieu familial, qui sont confiés à un voisin à qui les parents font confiance, ou à une gardienne, les enfants qui vont à l’école à la maison, les enfants de parents qui font du télétravail ou qui amènent leur enfant avec eux au travail, les enfants de parents qui travaillent le soir ou les week-ends. Tous ces gens sont aussi des parents, ils s’occupent de leurs enfants et ils votent.
La Convention relative aux droits des enfants, signée par le Canada aux Nations Unies, stipule qu’un enfant a le droit d’être élevé par ses parents, lorsque c’est possible, et que si ses parents choisissent de le confier à un service de garde, il faut se fier à leur jugement pour choisir une personne de leur choix qui partage leurs valeurs, leur langue, leur culture et tout autre élément qu’ils appuient. Les parents sont les personnes le plus à même de savoir ce qui est dans le meilleur intérêt de leur enfant.
Les enfants qui ne vivent pas dans les grands centres doivent également être pris en compte. Le projet de loi les oublie. Dans l’article 15 de la Charte des droits et libertés, il est dit que tous les enfants sont égaux devant la loi. Donc, le problème du c’est qu’il n’est pas universel. Le texte parle d’un accès universel, mais il s’agit d’une manipulation juridique qui ne tiendrait pas la route devant un tribunal. Avoir la possibilité d’être en accord avec une politique n’équivaut pas à obtenir l’accès aux mêmes avantages en vertu de la loi.
Le laisse entendre qu’une majorité de femmes gagnent maintenant leur vie, et qu’elles ont donc besoin de ce projet de loi. En fait, l’objectif de ce projet de loi est d’aider les femmes à gagner leur vie. Cela pose problème en fait, car si nous souhaitons valoriser les soins donnés aux enfants, nous ne devrions pas en même temps valoriser ceux qui ne s’occupent pas des enfants. De nombreuses femmes travaillent à partir de la maison, ou à temps partiel, et ne recourent pas à des services de garde offerts par un tiers.
Ma conclusion est donc que ce projet de loi ne correspond pas du tout à un programme universel d’avantages sociaux.
On vous a dit qu’il existait des listes d’attente d’enfants qui ont besoin de ce service. C’est vrai d’une certaine façon, mais les listes d’attente sont un peu gonflées, car les mêmes noms apparaissent sur plusieurs listes et ces listes contiennent le nom d’enfants qui ne sont pas encore nés. Ces chiffres sont donc un peu trompeurs et nous ne pouvons pas être certains que les gens sur les listes d’attente ne sont pas simplement en train d’attendre du financement.
Les auteurs du projet de loi disent qu’il existe une mosaïque de services et qu’il faut les normaliser. Vous savez, dans une démocratie, une mosaïque de services est une bonne chose, car c’est un ensemble de morceaux différents, c’est la diversité. Nous devons nous méfier de ce qui requiert un traitement normalisé identique pour tous. Cette façon de faire nous a déjà causé des problèmes.
Les auteurs du affirment que le programme universel de services de garde est semblable à l’assurance-maladie, ce qui n’est pas vrai. Nous courons tous le risque d’avoir besoin de soins d’urgence si nous sommes malades ou blessés. Compte tenu de ce risque qui pèse sur nous tous également, nous payons tous. Les centres de garde d’enfants ne sont pas des lieux menacés par les risques d’urgence; les employés sont importants, mais ils ne sont pas des experts de la même façon que les médecins sont des experts.
Les auteurs du affirment qu’il s’agit d’éducation universelle, qu’il faut commencer dès la naissance. Le problème c’est qu’ils n’ont pas le monopole de l’éducation. Un enfant naît en apprenant, dès le début il est prêt à apprendre. Alors même si un enfant apprend dans votre service de garde, il n’apprend pas de façon différente ou mieux que s’il était dans une famille qui lui offre des soins de qualité. Par conséquent, nous devrions valoriser l’éducation, peu importe où elle se déroule.
Les secteurs de l’éducation et des soins de santé s’éloignent peu à peu des formules uniques pour financer les institutions. Ils se tournent vers le financement des soins à domicile. Nous essayons de faire en sorte que de plus en plus de gens reçoivent des soins de santé à la maison. Cela permet d’économiser de l’argent.
Nous essayons d’appliquer le principe de la diversité pour permettre l’école à la maison et d’autres formes d’éducation afin de répondre aux besoins des enfants. L’idée d’aller vers un système unique est donc en décalage avec ce que nous considérons actuellement comme la meilleure voie.
De plus, le projet de loi C-303 coûtera 10 000 $ par enfant, par année. Uniquement pour les enfants d’âge préscolaire du pays, les coûts s’élèveraient à 20 milliards de dollars. Les fédérations des services de garde disent que leur objectif est de fournir une place en garderie à chaque enfant du pays. Nous ne pouvons tout simplement pas nous le permettre.
Concentrons-nous sur les solutions que nous pouvons nous permettre et qui sont avantageuses pour tous. La seule façon de rendre ce service abordable serait de hausser les impôts, comme cela a été fait en Suède, où ils atteignent 60 p. 100.
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Merci, messieurs, mesdames, de l'invitation à comparaître aujourd'hui.
[Traduction]
Je vous remercie mesdames et messieurs de me donner l’occasion de témoigner aujourd’hui.
[Français]
Commençons par la fin. Nous recommandons respectueusement ce qui suit:
Premièrement, tous les députés fédéraux du Québec ont l'obligation morale de voter contre le projet de loi ou, du moins, de s'abstenir de tout vote à ce sujet. Le projet de loi est discriminatoire à l'endroit des enfants du Canada, car il favorise une seule option en termes de soins de garde, c'est-à-dire les garderies gérées par des tiers.
Deuxièmement, il faut supprimer l'article 4 du projet de loi . Il est discriminatoire envers neuf provinces et trois territoires du Canada. Il démontre un parti pris clair en faveur d'une seule province, le Québec, en lui permettant de se libérer du carcan prévu que constituent les normes, les conditions et la reddition de comptes. De plus, cet article créera un déséquilibre fiscal intentionnel s'il est conservé.
Troisièmement, il faut éliminer toute référence à l'universalité dans , car l'universalité est irréaliste et, en plus, elle est fiscalement imprudente.
Nous avons actuellement de la difficulté à payer les coûts de nos lois. En adoptant le projet de loi C-303, nous serons voués à payer ce programme avec notre carte de crédit collective, condamnant ces mêmes enfants que nous disons vouloir aider à porter l'un des plus grands fardeaux fiscaux. Quelle ironie! Ultimement, ce sont les enfants qui paieront la facture. Les effets pervers de l'universalité s'infiltrent dans nos écoles primaires du Québec. La qualité de vie, de l'air et le manque d'espace sont déplorables, à cause, en grande partie, de l'universalité des programmes de garderie avant et après l'école, qui détruisent notre infrastructure scolaire et affaiblissent l'environnement éducatif sain. Même dans une boîte de sardines, il y a un nombre limité de poissons qui peuvent y être compressés. Il y a un couvercle sur la boîte, mais il n'y a pas de couvercle sur l'infrastructure des écoles du Québec, car personne n'a le courage de mettre un couvercle sur l'utopie. Qu'est-ce que ça va prendre pour y arriver un jour? Le silence, mesdames et messieurs, règne.
[Traduction]
Je commence par la fin. Nous vous recommandons respectueusement les mesures suivantes.
Premièrement, tous les députés élus dans une circonscription du Québec ont l’obligation morale de voter contre le projet de loi C-303, ou au moins de s’abstenir lors de tous les votes à venir. Le projet de loi C-303 est discriminatoire à l’égard des enfants du Canada, car il leur porte préjudice en favorisant un seul type de services de garde au détriment de tous les autres, celui des services de garde administrés par un tiers.
Il faudrait supprimer la clause 4 du projet de loi C-303, car elle est discriminatoire à l’égard de neuf provinces et de trois territoires du Canada. Elle leur porte clairement préjudice en favorisant une province, le Québec, par rapport à toutes les autres, car le Québec est exempté des normes et des conditions restrictives qui s’appliqueront aux autres juridictions.
De plus, si on conserve ce passage, ce projet de loi créera, de manière intentionnelle imaginez-vous, un nouveau déséquilibre fiscal.
[Français]
Je me pose toujours les mêmes questions, dans des circonstances comme celles-ci. Combien d'entre nous, étant petits, ont fréquenté la garderie? L'âge moyen des membres de votre comité est d'environ 46 ans. Je doute sincèrement que beaucoup d'entre vous aient connu la garderie. Et parmi ceux qui y sont allés, combien l'ont fait à temps plein, c'est-à-dire cinq jours par semaine?
[Traduction]
Et combien de ceux d’entre nous qui n’ont pas fréquenté les services de garde quand nous étions enfants, parce que nous pouvions bénéficier d’autres types de services de garde, rester à la maison, ou avec un proche, notre grand-mère ou un voisin, auraient préféré être placés dans un service de garde? La réponse se trouve bien cachée en nous.
[Français]
Il ne faut surtout pas nier ce sentiment, parce que nous nous sommes déjà prononcés en faveur de . Il reste encore du temps pour revisiter le sujet des soins de garde dans son entièreté, dans une perspective d'inclusion plutôt que de parti pris en faveur des garderies gérées par des tiers.
[Traduction]
En tant qu’adultes, il nous faut regarder sérieusement l’évolution au cours des dix dernières années des services de garde au Québec avant d’imposer sans réfléchir une utopie, un rêve dont les supposés avantages n’ont pas encore été prouvés.
[Français]
Les députés élus au Québec connaissent bien le mécontentement des parents quant aux services de garde par des tiers. Ceux qui utilisent ces services constatent les lacunes existantes: un horaire rigide, du lundi au vendredi, de 7 heures à 18 heures seulement; pas de service à temps partiel; pas le droit de payer davantage que requis, même si c'était de leur propre poche, afin d'obtenir de meilleurs services pour leurs enfants, et ce, à cause de l'universalité.
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En fait, je ne suis pas francophone. Je peux à peine prononcer mon propre nom de famille. Je suis mariée à un francophone cependant, alors à la maison nous parlons moitié français, moitié anglais.
Après les interventions de Dave, Yvonne et Bev, j’ai décidé de vous faire seulement une courte présentation pour me décrire et de ne pas prononcer mon discours, car je reprends ce qu’ils ont dit. Nous voulons toutes avoir le droit de choisir.
Je m’appelle Sara Landriault. Je suis une mère au foyer et j’ai trois filles. J’étais mère au foyer, je le suis et je le resterai. Que je gagne 10 000 $ par année, 50 000 $ ou 150 000 $, je me battrai pour rester mère au foyer, car je crois en ce que je fais. Mais ce n’est pas ce que pensent mes voisins et ce n’est pas ce que pense tout le monde. Tous font des choix différents. Je veux que leur choix soit respecté au même titre que le mien.
J’ai mis sur pied un groupe, et c’est votre faute les gars, ne le prenez pas mal. C’est une organisation locale appelée National Family Childcare Association. Nous nous sommes réunies à cause de projets de loi comme celui dont nous parlons aujourd’hui, et lorsque les Libéraux ont introduit le programme national de garderies l’année dernière, ou l’année d’avant. Nous nous sommes réunies, car nous étions en colère. Nous restons assises sur le divan à manger des bonbons, ou à regarder des séries télévisées, ou à faire ce que vous croyez que nous faisons, vous les hommes. Ces propos nous ont vraiment... fait sortir de nos gonds. Désolée, j’essaie de ne pas dire de gros mots.
Alors, j’ai réagi. J’ai envoyé un courriel à chacun de vous. Je suis désolée je ne parle pas français. J’ai essayé, et mon traducteur a été très occupé dernièrement. J’ai envoyé à chacun de vous mon opinion par courrier électronique. Parfois je suis fâchée, parfois je ne le suis pas. Aujourd’hui tout se passe bien, car je ne suis pas fâchée, je suis terrifiée à l’idée de parler devant vous.
Ce n’est pas que nous ne voulons pas de ce projet de loi. Le NFCA, moi, et tous les gens qui s’impliquent dans le domaine souhaitons un projet de loi comme celui-là. Nous voulons simplement un projet de loi qui nous aidera tous, parce qu’il existe des familles, et vous les rencontrerez, qui gagnent 20 000 $ ou 30 000 $ par année et qui ont trois ou quatre enfants, ou plus, qui restent à la maison. Oui, ils mangent du Kraft Dinner, ils conduisent de vieilles voitures en ruines, qui ont besoin de nouveaux pneus, et ils ont besoin de ceci et de cela. Ils n’envoient pas leurs enfants jouer au hockey, pas parce qu’ils ne le veulent pas, mais parce qu’ils ne le peuvent pas. Ils sont simplement convaincus de l’importance d’élever leurs enfants et c’est ce qu’ils font. Il ne devrait pas y avoir de discrimination envers eux, pas plus qu’envers les femmes qui souhaitent travailler, être rémunérées pour ce travail, et grimper les échelons de la hiérarchie ou travailler chez McDonald's. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne devrait pas y avoir de différence entre nous. Nous devrions tous être traités avec respect en tant que parents.
Je ne m’éternise par sur le « nous en tant que femmes », car de nombreux pères restent à la maison. Des groupes d’hommes se créent un peu partout, de pères au foyer, de pères à la maison. Il ne s’agit pas simplement du rôle de mère. Nous parlons des parents, qu’ils soient homosexuels, hétéros, noirs ou blancs, peu importe. Nous sommes des parents. Nous devrions être respectés pour ce que nous croyons être dans le meilleur intérêt de nos enfants. Je m’excuse, je ne voulais pas m’adresser à vous en criant.
Vous pouvez lire le reste de mes propos dans les documents que je vous ai remis, mais honnêtement, les autres intervenants ont déjà dit tout ce que j’avais à dire sur les statistiques. Je ne suis pas une grande spécialiste. Je ne vais pas vous donner les parfaites statistiques; les autres intervenants étaient d’ailleurs meilleurs que moi dans ce domaine. J’utilise ce que je trouve sur Internet à la maison. Mon ordinateur est dans ma chambre à coucher avec plein de dossiers nommés « services de garde ».
Pour toute autre question, n’hésitez pas à vous adresser à moi.
L’association de parents du Canada Kids First Parent a été créée en 1987 pour atteindre deux objectifs: obtenir les meilleurs soins pour les enfants et soutenir et faire reconnaître les parents qui restent à la maison pour s’occuper de leurs enfants. Contrairement au lobby des garderies, notre association est composée entièrement de bénévoles, et nous ne recevons aucun financement du gouvernement, des syndicats ou des entreprises.
Je suis personnellement une mère monoparentale à faible revenu, dans une situation que certains qualifient de pauvreté. Le lobby des garderies a l’habitude paternaliste de parler au nom de femmes comme moi sans nous demander notre avis, ce que les féministes appellent une appropriation de la parole. D’après ce que je comprends, vous avez parlé des personnes comme moi, alors je suis certaine que vous serez heureux d’entendre le témoignage de l’une d’elles.
Même si la plus grande partie de mon travail est non rémunéré, j’ai dû commencer à travailler pour gagner de l’argent quatre mois après avoir accouché. J’ai fourni et utilisé des services de garde et d’apprentissage de haute qualité dans des contextes définis par les parents sans l’intervention du gouvernement.
Kids First est opposé au projet de loi. Voici pourquoi.
Le projet de loi véhicule l’idée fausse selon laquelle les services de garde et d’apprentissage pour les jeunes enfants se définissent uniquement selon des contextes réglementés par le gouvernement. Cette définition discriminatoire et exclusive ne se trouve dans aucune recherche évaluée par des pairs. Les services de garde servent à garder les enfants. L’apprentissage d’un jeune enfant est ce qu’il apprend et un espace en garderie est un endroit où se trouve un enfant.
Tous les enfants ont besoin de soins 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, tous les jours de l’année. C’est un besoin essentiel universel. Nous sommes entièrement en faveur des services de garde et d’apprentissage pour les jeunes enfants, et bien sûr les recherches démontrent que ces soins sont bons pour les enfants. Sans eux, les enfants mourraient. Cependant, aucune recherche évaluée par des pairs ne démontre que de longues heures dans les services de garde améliorent les résultats à long terme, et aucune de ces recherches ne soutient l’hypothèse selon laquelle les investissements dans ces services rapportent 2 $, ou 7 $ ou 16 $ par dollar dépensé. Ce projet de loi est une autre tentative grossière du lobby des garderies pour détourner tous les fonds destinés aux services de garde et d’apprentissage pour les jeunes enfants en manipulant les définitions.
Si vous vous inquiétez vraiment du fait que les mères sont pauvres ou que les familles n’ont pas le choix, donnez-nous du pouvoir. Versez directement aux familles les fonds utilisés actuellement pour financer les places en garderie et la bureaucratie. Ces dépenses correspondent à plus de 20 000 $ par année, par enfant. Ce projet de loi s’appuie sur une campagne de désinformation visant à « fabriquer du consentement » pour des agendas indéfendables et cachés. Vous avez entendu parler de juges activistes. Les statisticiens activistes nous inquiètent.
L’un des mensonges véhiculés est que 70 p. 100 des femmes travaillent. Toutes les femmes travaillent. Donna Lero, Ph.D., a travaillé pour Statistique Canada et affirme que le chiffre de 70 p. 100 correspond aux femmes qui ont un travail rémunéré à temps plein, notamment les mères de jeunes enfants et de bébés. Dans les faits, environ seulement 6 p. 100 et non 70 p. 100 des mères d’enfants de moins de trois ans consacrent 30 heures par semaine ou plus à un emploi.
L’une des réalités bien cachées est que seulement 14,9 p. 100 des enfants de six mois à cinq ans sont en garderie. Vous pouvez vérifier ce chiffre bien enfoui à la page 97 du rapport 2006 de 99 pages de Statistique Canada. Ils n’ont pas diffusé ce chiffre, et leur communiqué de presse dit plutôt que 54 p. 100 des enfants fréquentent des services de garde, ce qui donne l’impression que c’est la norme.
Une autre réalité est que les listes d’attente sont artificielles. Ce sont au mieux des listes de réservation. Les noms se retrouvent sur plusieurs listes à la fois, ils sont inscrits bien à l’avance, et ils ne sont jamais supprimés. Le fait d’utiliser ces listes comme indicateur de la demande est un indicateur du niveau incommensurable de financement des services de garde. En fait, les données du rapport You Bet I Care! pour la Colombie-Britannique et Toronto démontrent que les places vacantes sont nombreuses dans les services de garde et que l’offre dépasse la demande.
Une autre idée fausse sur laquelle repose le projet de loi est que la réglementation gouvernementale est synonyme de grande qualité des services de garde et d’apprentissage pour les jeunes enfants. Ce n’est pas le cas. Selon des études faites au Canada comme You Bet I Care! et Quality Counts!, la majorité des services de garde autorisés sont de qualité médiocre à moyenne au Canada et au Québec. Même en Suède, le ministère de l’Éducation affirme que les problèmes de qualité sont omniprésents.
L’une des raisons qui expliquent la mauvaise qualité des services est la faible proportion de membres du personnel par enfant. Selon une étude américaine, avec une proportion d’un employé pour trois ou quatre enfants âgés entre 14 et 24 mois, 45 p. 100 ne reçoivent pas de soins adéquats et 50 p. 100 n’ont pas accès à des activités suffisantes pour assurer leur développement. Les proportions observées au Québec et en Ontario sont d’un employé pour cinq enfants en bas de 18 mois. Pour les enfants de plus de 18 mois au Québec, on passe à un employé pour huit enfants. On observe les mêmes insuffisances en Australie, où les garderies payantes dominent.
M. Jay Belsky, Ph.D., un spécialiste du développement de renommée internationale, appelle cette situation une « licence pour la négligence ».
M. Edward Zigler, gourou du développement de l’enfance à l’Université Yale, a dit que les garderies agréées fournissent de la « thalidomide psychologique ».
Une autre prémisse erronée de ce projet de loi est liée au fait qu’il concerne le « bien-être » des enfants, tel qu’indiqué dans le préambule. L’étrange assortiment de compères qui composent le lobby des garderies est dominé par la droite corporative. Cela inclut l’OCDE et les bailleurs de fonds de Fraser Mustard, la Banque mondiale et la Banque royale du Canada. Ces entités ne sont pas reconnues comme des défenseurs du bien-être des enfants ou de la justice envers les femmes. Comment se fait-il que la gauche, le NPD, partage son lit avec la Banque mondiale? Avec des socialistes comme ça, qui a besoin de capitalistes?
Charles Coffey, président de l’organisation du Dr Mustard, est également vice-président de la Banque royale du Canada. Dans un discours prononcé devant la Banque mondiale, il a déclaré que le développement de la petite enfance est un « impératif d’affaires ». Il s’intéresse aux possibilités d’investissement, y compris la « collecte de données », et, pour tout dire, il fait l’éloge de M. Clyde Hertzman de l’UBC, qui s’occupe actuellement de la collecte de données privées sur les enfants depuis « la phase préconceptuelle au jeune âge adulte ».
Les idéologues de l’OCDE rejettent ce qu’ils appellent « l’idéologie de la famille » et disent que nous sommes en période de transition vers un nouvel ordre impliquant une plus grande intervention de l’État dans la famille, et quelque chose qu’on appelle « le nouvel enfant » et « l’enfant public ». Cherchez à vendre cette idée aux électeurs.
Les intentions cachées de la droite corporative visent en partie à ce que les services de garde « subventionnent les bas salaires » (« quand le travail équivaut au bien-être social »). Nous considérons comme misogynes leurs prétendues politiques post-familiales orientées vers le travail forcé pour les mères.
Nous vous exhortons à rejeter ce projet de loi et à remettre en vigueur la politique de 1999 du gouvernement fédéral, qui mettait en relief l’égalité et stipulait que les politiques ne devraient ni encourager, ni pénaliser les choix en matière de garde d’enfants.
Merci.
C’est une bonne chose que notre président doive être neutre, de sorte qu’il ne peut participer aux questions.
Pour commencer, je veux vous remercier tous d’être venus ici. Les présentations d’aujourd’hui m’amènent à dire qu’il est extrêmement malheureux que nous ayons présentement un débat et écoutions des témoignages qui opposent des mères au foyer à des mères au travail, à des parents qui ont choisi en tant que père et mère de placer leurs enfants dans des garderies avec ou sans but lucratif, ou de les placer dans n’importe quel endroit disponible pour garder leurs enfants dans leur collectivité.
J’ai entendu plusieurs observations de tous les témoins concernant des listes d’attente gonflées. À Ottawa, je crois qu’il y a une liste d’attente centralisée, et un coup d’œil sur cette liste permet de voir plus de 10 000 noms d’enfants en attente d’une place. Dans d’autres collectivités, les gens ou les parents n’ont pas la possibilité de pouvoir compter sur des listes d’attentes centralisées.
Dans le cas d’Ottawa, il ne s’agit certainement pas d’une liste qu’on a gonflée. Lorsqu’on s’entretient avec des parents de partout au pays, on apprend qu’ils ont dû attendre des années et des années avant d’avoir l’assurance d’obtenir une place pour leurs enfants dans un service de garde de grande qualité, qui soit universel et abordable.
Je veux aborder un point dont Mme Ward, je crois, a fait état dans le passé. Pouvez-vous nous dire qui finance votre organisation?
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Merci, monsieur le président.
Je suis assez décontenancé par les interventions qui nous sont proposées aujourd'hui. En fait, nous avons l'habitude de recevoir ici des gens qui font un raisonnement assez rationnel par rapport à leur expertise, à leur objectif et à leur constat au regard d'une situation. Ils viennent partager avec nous des divergences d'opinions — fort différentes à l'occasion —, mais chaque fois, cela se fait sur la base d'un raisonnement structuré et respectueux.
Par exemple, qu'on vienne nous dire qu'au Québec, le service de garde est médiocre sans mentionner sur quoi repose une telle opinion, c'est assez offensant, car au Québec, on n'a pas la prétention d'avoir le meilleur service de garde, mais c'est un service de garde non seulement souhaité par les familles, mais aussi conservé par celles-ci. Par conséquent, il s'agit là d'un grand manque de respect envers la population québécoise.
Lorsqu'on fait de la provocation et qu'on jette du fiel, comme Mme Coupal l'a fait pour pouvoir soutenir sa thèse, c'est non seulement blessant, mais c'est irrespectueux, compte tenu de l'occasion qu'on lui donne de parler au nom des gens qu'elle représente, si tant est qu'elle représente quelqu'un. Puisqu'on nous dit ici qu'on a la « thalidomide psychologique », à mon avis, il existe un problème de compréhension par rapport aux travaux qu'on fait ici.
Plus tôt, j'ai demandé à ma collègue si elle connaissait ces organismes. Elle a répondu non. Je ne les connais pas non plus. On peut comprendre qu'à l'occasion, des individus puissent se présenter, comme Mme Ward l'a fait plus tôt, et donner leur opinion, etc. Cela ne nous pose aucun problème en autant que cela se fasse sur des bases respectueuses de l'intelligence des gens.
Toutefois, je voudrais faire une vérification. J'ai devant moi une publication de l'Institut du mariage et de la famille Canada, une revue, des documents très bien faits. On a des chercheurs, surtout des économistes, qui s'engagent à cela et qui se donnent pour mission d'éduquer les familles, de faire de la recherche, de l'innovation en matière de politiques familiales, etc. Aussi, il est assez déconcertant d'entendre les opinions qu'il nous a été donné d'entendre aujourd'hui.
À l'instar de notre collègue libérale Mme Dhalla, je voudrais savoir ce qu'il en est pour vous notamment, monsieur Quist. Qui représentez-vous? Votre organisme a-t-il des membres? Qui sont-ils? Qui vous finance? Pourriez-vous nous le dire, afin que l'on tente de vous situer? J'ai lu vos documents et je n'ai rien trouvé à cet égard.
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Monsieur le président, la raison pour laquelle j’ai fait ça est que M. Lessard a été suffisamment généreux à la fin de la dernière réunion…
Une voix: J’ai entendu dire qu’il y a eu hara-kiri partout…
Mme Olivia Chow: Non, il offrait du temps à tout le monde, et M. Savage, donc il y a eu beaucoup…
Une voix: Beaucoup de considération.
Mme Olivia Chow: Et je voulais poursuivre la tradition.
J’ai quelques lettres ici. L’une d’elle vient de la Colombie-Britannique, et il y a une énorme quantité de lettres, plus de 200, mais j’en prendrai une ou deux parce qu’on y traite de toute la question des parents, des mères au foyer et tout ça. Donnez-moi juste une minute. J’ai lu des déclarations du genre. Et bien entendu, ils écrivent que cette loi est bonne pour les enfants, les familles, nos collectivités et notre économie.
L’une d’elle se lit comme suit :
À l’heure actuelle, moins de 20 % des familles en C.-B. ont accès à des services de garde de qualité et réglementés, et pourtant, notre ministre des Finances déclare fièrement que « les emplois sont à la recherche de gens » dans notre province. Si on n’instaure pas de mécanisme pour offrir aux parents des services de garde, ces emplois continueront à se chercher des gens. Combien de temps s’écoulera-t-il avant que les employeurs ne quittent la province parce qu’ils ne trouvent pas d’employés? Il y a 44 % des employeurs en C.-B. qui font état de pénurie de main-d’œuvre.
La garde des enfants nous concerne tous! Elle touche de multiples secteurs de notre société : les parents, les enfants, les employeurs, les propriétaires d’entreprise, les collègues et les grands-parents, pour ne nommer que ceux-là.
Il nous faut aller au-delà de l’argument « Un parent (une mère) devrait-il rester à la maison pour élever ses enfants au lieu d’aller travailler? » Le fait est que les parents (y compris les mères) travaillent. » L’argument est un écran de fumée qui masque la réalité. Certains parents doivent travailler – ils n’ont pas le choix. Les parents qui travaillent ont besoin de services de garde fiables, abordables et de qualité.
Les gouvernements provinciaux doivent se montrer responsables des sommes d’argent reçues du gouvernement fédéral pour les services de garde. En vertu du projet de loi C-303, les gouvernements provinciaux seront tenus de consacrer à la garde des enfants toute somme reçue à cette fin.
Cette lettre provient de Cathy Cross, Port Alberni, en Colombie-Britannique.
Je présume, Helen, que vous venez de la Colombie-Britannique. Il y a ici des parents, des mères, qui affirment devoir travailler, peut-être parce que leur niveau de revenu n’est pas suffisamment élevé, ou que le niveau de revenu du père ne suffit pas, de sorte que cette mère doit travailler. Dans un tel cas, que faites-vous? Il vous faut des services de garde… des services de qualité.
Il y a une discussion sur la formation. Si nous devons avoir des services de garde, ceux-ci doivent être valables et offerts par des gens ayant une formation. Si c’est le cas, je connais des éducateurs en petite enfance qui ont suivi un cours de deux ou trois années au collège, de sorte qu’ils sont qualifiés. Nous souhaitons pouvoir compter sur des travailleurs qualifiés en garderie qui touchent un salaire adéquat leur permettant d’en vivre, de manière à ce qu’ils prennent soin des enfants dont les parents sont au travail.
Toutes ces lettres sont, pour moi, habitées d’une logique imparable. Que diriez-vous à un parent comme Cathy Cross? Que ferait-elle à ses parents?
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M. Quist serait sûrement d’accord avec le slogan « Aimez votre voisin », car je crois comprendre qu’il fait partie d’une organisation confessionnelle. Les organisations religieuses financent beaucoup de…
Une voix: Cela n’a aucun rapport…
Mme Olivia Chow: O.K. peu importe, nous n’emprunterons pas cette voie.
Disons que votre voisin est une mère qui travaille à l’extérieur de la maison. Pour être plus précise, supposons que c’est un hôtel. Et le père conduit un taxi. L’un et l’autre font des doubles quarts, les heures de travail sont longues. Ils arrivent à peine à boucler la boucle et à garnir la table, et leurs enfants ont besoin de services de garde de qualité élevée. Qu’est-ce que vous faites dans un cas comme celui-là?
À Ottawa, par exemple, 7 000 jeunes attendent une place en garderie. À Toronto, ce nombre est énorme, parfois 10 000 ou 12 000. À Vancouver, en Colombie-Britannique, je suis sûre que la liste s’étire à n’en plus finir. Que faire dans le cas de parents qui font des doubles ou triples quarts pour boucler la boucle, dont les enfants se retrouvent seuls à la maison, sans personne pour les garder parce qu’il n’existe pas d’autre choix? Que dites-vous à ces parents?
Je ne sais pas qui voudrait répondre.
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J’aimerais soulever quelques points dans les cinq ou six minutes dont je dispose.
Pour commencer, je veux souligner que nous avons trois semaines pour examiner le projet de loi, et j’apprécie le fait que des bénévoles aient pu se présenter en dépit d’un calendrier aussi compact. Songez seulement à la Loi canadienne sur la santé, réalisée au terme de dix années de négociations fédérales-provinciales. Nous devrons donc faire très vite dans le dossier de la garde des enfants.
Les deux domaines que je veux examiner sont la retenue des paiements et l’universalité.
La retenue des paiements me préoccupe, car aux termes de ce projet de loi, les gouvernements disposent d’un outil pour enlever les fonds réservés à la garde des enfants. C’est ce que permet ce projet de loi. Dans sa forme embryonnaire, il donne au gouvernement fédéral le pouvoir de s’emparer de cet argent. La chose s’est déjà produite en 1993, alors que les libéraux étaient au pouvoir et ont pigé 25 milliards de dollars dans les transferts sociaux. McGuinty est en train de faire la même chose en Ontario. J’ignore pourquoi nous donnerions au gouvernement un autre moyen, à savoir le projet de loi C-303, d’enlever des fonds aux parents.
Pour l’instant, nous affirmons tous que nous sommes favorables à la garde des enfants, mais un montant de 2,4 milliards de dollars est versé dans une prestation universelle pour la garde d’enfants. M. Dion a déjà indiqué qu’il n’est pas en faveur de cette initiative. Allons-nous priver les enfants canadiens de 2,4 milliards de dollars? Je suis atterré par cette idée. Ce projet de loi permettrait à un premier ministre de dire aux provinces: « Vous savez quoi? Je ne consentirai pas à vous remettre ces transferts sociaux. » La chose s’est produite en 1993. Elle pourrait se répéter. C’est la réalité.
Sur la question de l’universalité, le paragraphe 5(4) stipule qu’une province doit respecter le critère de l’universalité si elle veut recevoir du financement. Pour l’instant, nous savons que le Québec se situe au niveau de 50 p. 100. Selon Mme Savoie, l’universalité se situe à 54 p. 100. Nous nous retrouvons dans une situation où l’universalité est vue de plusieurs façons. Si ce projet de loi est adopté, le gouvernement fédéral pourra, sur le plan technique, affirmer qu’aucune province — n’importe laquelle, pas seulement le Québec — ne répond à ce critère et que pas une n’obtiendra de financement. Ce projet de loi n’a certes pas été conçu dans la plus grande lumière.
J’imagine que bon nombre d’organisations ici présentes s’inquiètent de la chose.
On a fait certaines références aux soins de santé. Il y a une question qui a été soulevée auparavant lors de ces audiences, à savoir la nature universelle de notre système de santé, dont nous sommes tous très fiers. Dans notre système de santé, nous n’allons pas dire à cinq personnes sur dix qui se cassent une jambe « Vous n’obtiendrez aucune aide du gouvernement, ni aucune aide de l’hôpital ». Pourtant, c’est ce que nous faisons avec les enfants. On dit à cinq enfants sur dix « Nous n’allons pas vous aider. » Le gouvernement choisit des vainqueurs. Il choisit des parents. Il choisit ses favoris.
Le travail du gouvernement n’est pas de choisir des favoris. Vous dites à un père qui travaille de nuit « Nous n’allons pas vous choisir. » Dans le cas d’un père qui veut rester à la maison avec ses enfants, nous lui disons, toujours selon ce plan « Vous n’êtes pas de notre côté. Vous n’êtes pas une personne qui mérite d’être soutenue. Vos enfants ne sont pas suffisamment estimables selon ce plan. » C’est tout simplement ridicule. Le gouvernement n’a pas à choisir des favoris. Tous les enfants doivent pouvoir compter sur l’aide du gouvernement canadien en matière de services de garde.
J’aimerais vos commentaires et vos points de vue sur ces deux sujets. Premièrement, sur la façon dont le principe de l’universalité ne s’applique pas vraiment, et deuxièmement, sur la retenue des fonds et sur son caractère dangereux.
Nous pourrions commencer avec M. Quist.
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L’université représente, à vrai dire, l’un des éléments clés de l’équation dont vous allez tenter de débattre dès maintenant.
Nous reconnaissons certainement la nécessité des services de garde. Toutefois, en vertu de ce projet de loi, la définition de l’universalité semble convenir au travail du type neuf à cinq. Nous savons que ça ne correspond pas à la réalité. Il y a des gens qui font des doubles quarts ou des quarts de nuit et des choses comme ça, les hommes comme les femmes, qu’il s’agisse de familles monoparentales ou de familles dont les deux parents travaillent à l’extérieur du foyer et ainsi de suite. Ce projet de loi, à mon sens, n’aborde pas entièrement cette question, ni ne favorise une réelle universalité.
Quant à la restriction des fonds, l’une des premières choses qui vient à l’esprit est de savoir si le gouvernement fédéral s’occupe de la garde des enfants et si c’est un dossier de compétence fédérale ou provinciale. Je sais que la question a été soulevée à un moment de votre débat. Je n’ai pas la réponse, mais je sais que c’est une partie de la réponse à la question débattue.
Sur la question de l’argent transféré aux provinces, nos recherches préliminaires jusqu’ici nous indiquent que, si nous remontons les années pour examiner la situation sous différents gouvernements, beaucoup d’argent a été transféré de l’État fédéral aux gouvernements provinciaux en vertu du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPC) et maintenant du Transfert canadien en matière de programmes sociaux (TCPS). La responsabilisation est l’un des facteurs qui méritent d’être évoqués ici. L’argent est-il utilisé aux fins prévues? Il revient à vous, à titre de gouvernement et de partis de l’opposition, de débattre la question et de peaufiner le tout.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d’être venus présenter leurs exposés.
Il est toujours assez agréable d’entendre M. Brown. C’est un peu comme de passer un après-midi à un spectacle d’improvisation, alors qu’il se livre à des tactiques difficiles à suivre. Je pense qu’il a été trop longtemps assis près de M. John Baird à la Chambre des communes.
J’aimerais réagir au commentaire qu’il a fait l’autre jour à propos de la réduction de 25 milliards de dollars touchant les transferts. À moins de planifier un retour de M. Mulroney et de créer un déficit annuel de 42 milliards de dollars, je ne vois pas que cela comme une mesure imminente. Je ne crois pas que même le gouvernement conservateur, dans un Parlement minoritaire, puisse être suffisamment longtemps au pouvoir pour le faire, mais j’espère bien que vous serez vigilant et que vous vous assurerez que cela ne se produise pas.
J’aimerais poser une question concernant le choix parce que, selon moi, il s’agit d’une question de choix. Je crois que le plan proposé par le Parti libéral offrait un choix. J’estime que ce plan offrira davantage de choix. Manifestement, vous croyez tout le contraire.
Dans ma propre province de la Nouvelle-Écosse, il y avait parmi les personnes les plus emballées par ce plan libéral qui a été déposé et entériné en 2005, des parents d’enfants ayant des besoins particuliers et des parents de familles francophones, parce qu’elles ne peuvent obtenir de places en garderie en Nouvelle-Écosse. Dans le cadre de l’entente qui a été signée avec la Nouvelle-Écosse, ces places auraient pu être créées. De mon point de vue, c’est un choix que ces gens n’ont pas autrement.
Je me demande si vous avez une opinion à ce sujet, peu importe la personne qui veut prendre la parole.
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Merci, monsieur le président.
Il y a certains jours où c'est difficile de s'asseoir ici et d'entendre ce qu'on entend au sujet des garderies du Québec. Je veux dire très fermement qu'au Québec, nous avons un service universel qui convient à la majorité des parents du Québec, et dont nous sommes très fiers. En outre, nous tenons à le garder tel qu'il est.
Sachez que ce service ne s'est pas fait en une journée. L'aîné de mes enfants a actuellement 35 ans, et même avant qu'il n'arrive au monde, nous nous battions déjà pour obtenir des garderies. Il a fallu plusieurs batailles, que des femmes et des hommes s'y mettent, pour que nous arrivions à ce que nous avons aujourd'hui. C'est une bataille qui a duré longtemps, qui a impliqué énormément de gens et qui est venue d'un besoin très précis, celui des femmes et des hommes qui avaient des enfants, qui voulaient travailler et qui voulaient avoir un service qui soit correct, où les enfants pouvaient avoir un service éducatif, où ils étaient en sécurité. Cela a été un choix social.
Un choix social, cela signifie que la majorité des gens quelque part ont décidé de ce qui était bon pour leurs enfants. Que les neuf autres provinces et les territoires décident qu'ils ne veulent pas d'un service de garderie, grand bien leur fasse. Cependant, nous, au Québec, avons choisi ce que nous avons estimé être bon pour nous. Et jamais au grand jamais je n'accepterai que de nulle part, vous veniez nous dire que nous avons un système discriminatoire. Si vous voulez parler de discrimination, je peux vous citer d'autres exemples beaucoup plus pertinents que celui des enfants.
Nous sommes des gens éduqués pour la plupart, conscients. Nous aimons les enfants, et il serait hors de question que nous les mettions ainsi dans un système que vous osez qualifier de médiocre. Quand vous dites cela, vous injuriez toute la population du Québec. Évidemment, ce n'est pas quelque chose de nouveau dans cette enceinte et ailleurs au Canada. Cependant, au moins pour être justes et équitables, vous devriez être capables de reconnaître ce que reconnaissent la majorité des gens et des institutions crédibles au Canada et partout dans le monde, soit qu'au Québec, nous avons à peu près le meilleur système de garderie qui soit. C'est à ce point que des députés l'ont pris pour modèle et le proposent à l'assemblée comme tel.
Bien sûr, dans tout modèle, il faut qu'il y ait des ajustements à un endroit ou à un autre. C'est un système universel — je persiste à dire qu'il est universel —, mais cela ne signifie pas qu'il va pour 50 p. 100 des enfants, comme quelqu'un l'a dit ici; cela signifie qu'il est accessible à tout le monde.
Bien sûr, il y a des problèmes de places. On y travaille. On voudrait en arriver à ce que tous les enfants y aient accès. Cependant, vous conviendrez avec moi que ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut monter un tel système. Donc, il est universel dans la mesure où tout le monde y a accès et où c'est le premier arrivé, premier servi, pour éviter justement qu'il y ait de la discrimination. Les gens qui y ont accès peuvent bénéficier de prestations d'aide sociale, ils peuvent travailler comme avocats, comme enseignants. C'est ce que nous appelons l'universalité.
Alors, si vous voulez vous référer au dictionnaire, allez-y. Mais proposer votre propre définition pour dénigrer le système, cela ne fonctionne pas.
Mon seul but ici est d'affirmer que nous avons le système, que nous l'avons mis en place et qu'il nous convient. Si vous voulez le prendre pour modèle, prenez-le. Si vous ne voulez pas le prendre pour modèle, faites ce que vous voulez. Cependant, nous tenons à le garder et nous allons tout faire pour le garder.
Merci, monsieur le président.
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Vous avez dit qu’il y avait deux voisines. Vous êtes parvenue à les fusionner pour n’en faire qu’une. Nous parlons de la personne qui veut retourner au travail, qui souhaite avoir accès à un service de garde. L’autre personne vit de l’aide sociale et elle a décidé que son travail était de rester à la maison avec ses enfants. Oui, peut-être est-elle infirmière, mais peut-être ne l’est-elle pas. Peut-être que de ce côté c’était une infirmière, qui sait?
En vertu de ce projet de loi, la femme qui veut travailler, celle qui veut sortir de la maison et être payée pour travailler, a la possibilité de le faire. Je suis ravie pour elle, vraiment. Puis, il y a cette femme qui vit d’aide sociale, qui a deux enfants, qui n’a pas de choix, sauf peut-être d’aller s’en remettre aux programmes de développement de la petite enfance de l’Ontario ou à des programmes semblables dans une autre province. J’ai aimé ce genre de service parce que je l’ai utilisé moi-même et je ne souhaite pas qu’il disparaisse. Vous pouvez y trouver une brochure qui vous indique l’importance du lait, mais d’où vient ce lait?
Comme vous l’avez dit, le loyer en Ontario atteint facilement 1 200 $. Il y a deux enfants. Mettons-les dans un appartement d’une seule chambre à coucher qui coûte 800 $ ou 900 $ par mois. La femme est toujours à la maison. Elle tente de faire ce qu’elle peut, en quêtant, en empruntant, en demandant des faveurs et ainsi de suite, pour pouvoir garder ses enfants, parce qu’elle y croit honnêtement. J’ai aussi le même sentiment. La seule différence entre elle et moi, c’est nos comptes de banque. Nous sommes toutes deux de bonnes mères. Certains parents sont misérables, mais cela va dans les deux sens. Certains travailleurs de garderie font également pitié. C’est un instinct naturel chez cette personne. Cela n’a rien à voir avec l’image d’ensemble d’une garderie ou des parents à la maison.
D’un côté vous avez la mère qui vit d’aide sociale également et qui est prête à recourir à un service de garde pour enfants. Je sais que vous avez parlé de 10 000 $ un peu plus tôt, mais madame Mary Anne Chambers de l’Ontario a dit que c’est plutôt 18 000 $ par année pour créer une place en garderie. Avec deux enfants, il en coûte donc 36 000 $ par année pour utiliser le service de garde, pour confier deux enfants à une garderie plutôt que de s’en occuper soi-même.
Cette femme touche 11 000 $ et plus. Tout cela revient à 15 000 $ ou 16 000 $ par année. Je ne dis pas de lui donner les 36 000 $, mais ne croyez-vous pas que le fait de l’amener un peu au-dessus du seuil de pauvreté pourrait l’aider à acheter le lait, plutôt que de courir chez...
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Merci, monsieur le président.
Je trouve intéressante la combativité des partis de l’opposition. Je crois qu’ils prennent conscience des lacunes de ce projet de loi. C’est également intéressant de voir à quel point ils sont combatifs lorsqu’ils font face à des parents qui veulent tout simplement un choix et qui veulent être traités de manière équitable dans le cadre du système.
J’ai constaté que Mme Dhalla a parlé d’opposer les mères qui restent à la maison aux mères qui travaillent. Je dirais que c’est exactement ce que fait ce projet de loi. Il met en présence des parents d’un type et des parents d’un autre type, une famille contre l’autre, et il en est ainsi parce que le projet de loi ne les traiterait pas tous équitablement.
Je ferai remarquer que notre programme prévoit actuellement 5,6 milliards de dollars pour les familles. C’est trois fois plus que ce que le programme du Parti libéral prévoyait. Mais chose étonnante, personne chez les libéraux ne conteste les chiffres. C’est l’affectation des fonds qui semble accrocher. En fait, je pense que l’un des membres du comité, M. Savage, a dit à la Chambre des communes que le crédit pour garde d’enfants n’apporte rien. J’ai l’impression que certains d’entre vous voudraient certainement s’opposer à ces propos.
Fondamentalement, on dit qu’il y a certaines avenues qui méritent une aide et d’autres, non. J’aimerais entendre vos observations à ce sujet. Je pense que la plupart d’entre vous seriez dans la catégorie où le choix de la garde d’enfants ne justifie pas une aide financière. Pourriez-vous commenter?
Nous commencerons par M. Quist.
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Merci, monsieur le président.
Je suis content d’être ici. Je suis le député du Labrador. Je dois dire, en tant que visiteur et en tant que remplaçant cet après-midi, c’est une des discussions les plus énergiques et les plus animées à laquelle j’ai pu assister au sein d’un comité depuis un certain temps.
Je dirais que les points de vue exprimés par les témoins correspondent très bien aux vues du Parti conservateur du Canada. Ce que les membres du Parti conservateur endossent, c’est de toute évidence exactement ce qu’endosserait Mme Smith, ou ce qu’endosserait Mme Ward, ou ce qu’endosserait M. Quist.
Mme Beverley Smith: Je ne suis pas d’accord. Excusez-moi, mais je parlerai en mon nom.
M. Todd Russell: C’est mon point de vue et mon impression et je voulais simplement vous en faire part.
Mme Helen Ward: Vous avez tort, vous avez tout à fait tort.
M. Todd Russell: Vous êtes très, très, très près des points de vue exprimés par le Parti conservateur du Canada.
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Merci, monsieur le président.
J’aimerais faire deux choses: d’abord, faire une mise au point quant à ce qui était en place lorsque nous sommes arrivés au pouvoir le 6 février 2006; ensuite, souligner la raison pour laquelle je m’oppose à ce projet de loi. Je pense que l’enjeu est de portée plus générale et concerne la communauté politique.
Pour ce qui est du premier point, c’est-à-dire les faits, le plan national original du Parti libéral au sujet de la garde d’enfants était, en réalité, un processus en deux étapes. La première consistait à signer 13 accords bilatéraux entre le gouvernement du Canada et les provinces et territoires. La deuxième était de concrètement conclure 13 accords de financement bilatéraux entre le gouvernement du Canada et les provinces et territoires.
Quand nous avons pris le pouvoir le 6 février, la situation était qu’au niveau de la première étape du processus, soit les accords de principe, seulement 10 sur 13 avaient été signés. Les trois territoires avaient refusé de signer la première étape du plan, car ils avaient des réserves au sujet du financement de base, en plus du financement par tête. Quant à la seconde étape du processus, celle qui déclencherait le versement des fonds, seulement trois accords bilatéraux avaient été signés; sept provinces et trois territoires n’avaient pas encore posé leur signature. Les trois provinces qui avaient ratifié ces accords de financement bilatéraux permettant le déblocage des fonds étaient le Manitoba, le Québec et l’Ontario.
Quand nous avons accédé au pouvoir le 6 février, nous avons fait trois choses. Nous avons activé les clauses de résiliation d’un an des trois accords de financement signés avec le Manitoba, le Québec et l’Ontario. Nous avons libéré les fonds pour le reste de l’exercice 2005-2006, soit la somme d’un milliard de dollars qui avait été attribuée, et nous avons promis aux provinces qu’en 2006-2007, nous verserions un milliard de dollars aux dix provinces et aux trois territoires, directement. Et nous avons tenu parole.
La raison pour laquelle je fais cette remarque est que même après tous les efforts du gouvernement précédent, le plan national n’a pas en fait été exécuté intégralement. Cela ne sert qu’à souligner les défis que posent les programmes pangouvernementaux, ainsi que les problèmes inhérents à la mise en œuvre d’un programme national dans ce domaine en particulier.
Le second point que je voulais soulever aujourd’hui concerne les programmes nationaux.
[Français]
En ce qui concerne Outremont, par exemple, si ce projet de loi est adopté et que la loi entre en vigueur, le député d'Outremont pourra voter pour des services de garde dans ma circonscription, Wellington—Halton Hills, en Ontario. Toutefois, il ne pourra pas voter pour les services de garde dans Outremont, parce que selon l'article 4 de ce projet de loi, le Québec ne fait pas partie du système national.
[Traduction]
Une des raisons pour lesquelles je m’oppose à ce projet de loi est ce que j’appelle la question d’Outremont. C’est en fait une situation où, parce que vous exemptez le Québec des dispositions de ce soi-disant plan national, on crée une situation où l’honorable représentante d’Outremont peut voter pour les niveaux et les normes de service de ce programme à Wellington—Halton Hills — qui touche les citoyens canadiens de Wellington—Halton Hills — mais elle n’aurait pas le pouvoir de voter pour les services et les normes qui s’appliqueraient aux citoyens canadiens vivant dans sa propre circonscription d’Outremont, ni aucune voix au chapitre en la matière.
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Merci beaucoup de votre bienveillance, monsieur le président.
Je voulais aborder deux ou trois points. Le débat à certains moments a été intense, mais de toute évidence nous avons des opinions de ce côté-ci qui divergent passablement de celles de nos amis de l’autre côté. Mais, je pense qu’en bout de ligne, il importe de parler de ce que nous considérons être la meilleure approche pour nous assurer que nos enfants, qui sont notre avenir, aient ce qu’il y a de mieux.
J’aimerais faire un commentaire avant de poser ma question. Si je ne m’abuse, Mme Smith a affirmé plus tôt, lorsque mon collègue lui a demandé quel type de service de garde d’enfants était approprié, que les enfants en garderie ne reçoivent pas d’amour. Étant donné que 54 p. 100 des enfants sont confiés à une forme ou une autre de service de garde autre que par les parents, c’est une insulte absolue à l’endroit des jeunes enfants et des parents qui ont investi leur temps et leur énergie dans la recherche de places de qualité pour leurs enfants et qui ont travaillé avec les éducateurs et éducatrices des jeunes enfants qui s’efforcent tous les jours de fournir ce qu’il y a de mieux à ces enfants. Je pense que ces enfants reçoivent de l’amour et des soins, car beaucoup de parents du pays n’ont que ce seul choix.
Je voulais soulever une question que Sara a commentée et mentionnée dans son rapport. Vous aviez dit — et je sais que cela a été contesté — que, selon Statistique Canada, 54 p. 100 des enfants se font garder, d’une manière ou d’une autre, par des personnes autres que les parents.
Sara, combien, d’après vous, coûte une place en garderie dans l’ensemble du pays?