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Je déclare la séance ouverte.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 25 octobre 2006 concernant le projet de loi , Loi modifiant le Code canadien du travail (travailleurs de remplacement), le comité poursuit l'audition des témoins.
Mesdames et messieurs, nous commencerons avec la Chambre de commerce de Charlottetown qui a des contraintes de temps et qui tient à présenter son exposé.
Comme trois d'entre vous comparaissent par téléconférence, je dirai à qui je donne la parole. Nous commençons par des déclarations liminaires de sept minutes. Je vous ferai signe lorsqu'il ne vous restera plus qu'une minute, afin que vous n'ayez pas à suivre des yeux votre chronomètre. Nous commencerons par quelques rondes de questions, la première de sept minutes, suivie de questions de cinq minutes.
Normalement, ce sont les députés qui posent les questions. Ils pourraient les poser à la Chambre de commerce de Hamilton ou de Winnipeg. Si vous voulez formuler une observation et qu'il reste du temps, vous n'avez qu'à signaler à notre spécialiste en téléconférence que la Chambre de commerce de Hamilton, par exemple, veut intervenir, et la caméra s'allumera pour vous.
Commençons les témoignages. J'ai quelques annonces à faire, mais comme certains membres du comité ne sont pas encore arrivés, j'attendrai après les exposés des témoins, et avant la période des questions. J'espère qu'à ce moment-là, tous les membres seront ici.
Commençons par la Greater Charlottetown Area Chamber of Commerce, dont les porte-parole sont M. Douglas Coles et Mme Kathryn Coll.
Monsieur Coles, vous avez sept minutes.
La Greater Charlottetown Area Chamber of Commerce est un organisme à but non lucratif composé d'entreprises et de professionnels qui ont un objectif commun: le développement économique de la région du Grand Charlottetown. La Chambre, qui compte plus de 740 membres, représente un réseau varié de petites, moyennes et grandes entreprises issues de pratiquement tous les secteurs de l'industrie et du monde des affaires. Comme c'est à Charlottetown que se situe l'administration du ministère fédéral des Anciens Combattants et que c'est aussi la capitale de la province, notre communauté regroupe un bon nombre d'employés du secteur public fédéral avec lesquels nos entreprises locales ont des relations d'affaires vitales.
La Chambre est d'avis que le fait d'apporter d'importants changements au Code du travail, comme l'interdiction d'engager des employés de remplacement, modifie fondamentalement les principes de base des relations ouvrières-patronales et pourrait menacer la continuité des services essentiels à l'économie assurés par les employés des services essentiels. On ne devrait faire de tels changements sans parfaitement comprendre les lacunes que les présentes modifications veulent corriger dans la structure actuelle des relations de travail et sans une étude approfondie de leurs conséquences afin de s'assurer que, dans l'ensemble, les répercussions des changements seront bénéfiques.
Les changements législatifs qui pourraient déstabiliser les relations ouvrières-patronales pourraient avoir de graves conséquences pour nos membres. Ces derniers sont très vulnérables à l'instabilité de la main-d'oeuvre pour les raisons suivantes.
Bon nombre de nos membres sont de petites et moyennes entreprises qui ont une capacité limitée d'absorber des pertes ou de faire face aux retards causés par l'instabilité de la main-d'oeuvre au sein d'organismes réglementés par le gouvernement fédéral, leurs clients ou fournisseurs.
En raison de la taille de notre province, les membres de la Chambre dépendent largement du système de transport interprovincial pour l'importation de fournitures et l'exportation de produits. Toute instabilité de la main-d'oeuvre liée au transport réglementé par le fédéral aurait une grave incidence sur la mesure dans laquelle nos membres peuvent mener leurs affaires.
L'équilibre du pouvoir dans les relations ouvrières-patronales est déjà en voie de modification alors que la disponibilité de la main-d'oeuvre diminue et qu'elle devient un marché de vendeurs.
La Chambre est d'avis que le fait d'apporter d'importants changements au Code du travail, comme l'interdiction d'embaucher des travailleurs de remplacement, modifierait fondamentalement les principes de base des relations ouvrières-patronales. On ne devrait faire de tels changements sans parfaitement comprendre les lacunes que les présentes modifications veulent corriger.
Dans la plupart des juridictions canadiennes, il est interdit d'embaucher en permanence des travailleurs de remplacement. Cela veut dire que les ouvriers en grève ont le droit de recouvrer leur emploi une fois le conflit de travail terminé — ils ne peuvent pas être remplacés en permanence par des ouvriers de remplacement embauchés temporairement durant la grève.
Une interdiction plus stricte concernant l'utilisation de travailleurs de remplacement temporaires est en vigueur au Québec depuis 1978, en Colombie-Britannique depuis 1993 et l'a été en Ontario entre 1993 et 1995. La Chambre croit qu'une étude du climat des relations de travail qui règne dans ces provinces révélerait que des interdictions d'embaucher ne serait-ce que des travailleurs de remplacement temporaires pourraient avoir un effet polarisant sur les négociations collectives et de graves répercussions sur l'économie.
La Chambre ne croit pas que le corrigera les lacunes actuelles du cadre des relations de travail au Canada. En fait, la Chambre ne comprend pas quels avantages pourraient découler de l'adoption d'un tel projet de loi. A-t-on prouvé que les mesures législatives concernant les travailleurs de remplacement réduisent le nombre d'arrêts de travail? A-t-on prouvé que les mesures législatives concernant les travailleurs de remplacement réduisent la durée des arrêts de travail? A-t-on prouvé que les travailleurs canadiens ne sont pas payés équitablement par les employeurs?
Dans les années 1990, on a procédé à une étude approfondie du Code canadien du travail, étude qui comprenait des consultations avec les intéressés, et qui a donné lieu à plusieurs importantes modifications au Code, y compris au droit de recours pour les syndicats qui estimaient que les employeurs avaient abusé de l'emploi de travailleurs de remplacement afin d'ébranler les syndicats. Par ailleurs, ces modifications donnaient aux grévistes une protection qui fait qu'ils sont réintégrés avant tout travailleur de remplacement.
La Chambre juge que les mesures législatives actuelles ne comportent aucune faille apparente qui nécessite de tels changements radicaux et qu'on n'a pas assez fait d'études et de consultations auprès des intéressés pour déterminer véritablement la mesure dans laquelle cette interdiction toucherait tous les intéressés.
Le projet de loi créerait une distorsion de l'équilibre dans le pouvoir de négocier des employeurs et des syndicats. Tandis que les employés en grève auraient le droit de trouver du travail ailleurs, les employeurs n'auraient pas le droit de trouver d'autres employés. Si la possibilité de recourir aux travailleurs de remplacement est éliminée du modèle des relations de travail, les options qui s'offrent aux employeurs deviennent extrêmes: ils devront soit accepter les demandes syndicales, soit faire face à la possibilité d'un arrêt complet de leurs opérations durant la grève, soit demander au gouvernement d'imposer le retour au travail et l'arbitrage exécutoire
Le recours aux travailleurs de remplacement n'ébranle pas le pouvoir des syndicats en cas de grève. Compte tenu du fait qu'il est de plus en plus difficile de recruter des travailleurs même dans les meilleures conditions, trouver des travailleurs compétents, qui peuvent accomplir le travail à faire et qui sont prêts à faire face à l'animosité et au négativisme qui sont le lot des travailleurs de remplacement est un grand défi. Les employeurs n'optent pas facilement pour cette approche s'il y a la moindre possibilité de négocier avec les syndicats.
Le projet de loi est plus radical que les mesures législatives comparables adoptées par la Colombie-Britannique parce qu'il refuse aux employés le droit de traverser les piquets de grève. Par ailleurs, il ne renferme aucune disposition au sujet des services essentiels à l'économie de telle sorte qu'une grève des travailleurs des services essentiels à l'économie pourrait entraîner un arrêt brusque des activités de secteurs de service complets au Canada.
En conclusion, le projet de loi C-257 est un écho des mesures législatives mises en place par la province de Québec, mesures qui ont eu des conséquences négatives tant pour les relations de travail que pour l'économie de cette province.
Le projet de loi C-257 est une proposition qui n'a pas d'objectif clair et d'avantage équilibré. Ce projet de loi en est rendu au point où il se trouve sans qu'aient eu lieu les consultations requises sur ses répercussions éventuelles sur l'ensemble des relations de travail au Canada. La Chambre conseille vivement au comité de se prononcer contre l'adoption du projet de loi C-257.
Respectueusement soumis par John Gaudet, président, Greater Charlottetown Area Chamber of Commerce.
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Merci, monsieur le président.
Les Travailleurs unis des transports sont une organisation syndicale internationale comptant plus de 125 000 membres au Canada et aux États-Unis. Nous représentons des employés du secteur ferroviaire, du transport par autobus et par avion, dont la grande majorité des membres est de juridiction fédérale au Canada. Nos membres contribuent grandement à la structure économique et sociale de la société canadienne à tous les niveaux au Canada et dans presque chaque communauté. Nos membres travaillent 24 heures par jour, sept jours par semaine, 365 jours par année au sein d'une des industries les plus dangereuses et exigeantes au Canada.
Nous sommes présentement engagés dans des négociations contractuelles avec le CN et la possibilité du déclenchement d'une grève ou d'un lock-out est manifeste, l'échéance étant le 9 février 2007. Le comité devrait savoir que, conformément aux dispositions de la partie I du Code canadien du travail, nous avons sollicité auprès du CN une entente en lien avec le maintien des activités; cependant, le CN a établi qu'une telle entente n'était pas utile. Le comité qui lira notre mémoire écrit doit savoir que nous avons deux fois demandé au CN un accord de maintien des activités pour le transport assuré par les trains de banlieue de Toronto et Montréal et nous n'avons toujours pas obtenu de réponse.
Il nous est agréable de pouvoir nous adresser au comité concernant cette question des plus importantes. Nous croyons que le peut améliorer la partie I du Code en y incorporant une mesure d'équité, inexistante présentement. Nous croyons que ce projet de loi bénéficiera à l'intérêt public et à l'intérêt de la justice pour l'ensemble des parties en milieu de travail.
Le droit à la grève est depuis longtemps reconnu par les lois du travail. Ce droit confère à un syndicat une très grande possibilité de sanction économique, financée par l'employeur, en raison du retrait collectif des services par les membres du syndicat qui l'appuient dans les négociations. Le droit de négocier équitablement et librement est un droit fondamental qui existe depuis longtemps au sein de notre société et est conforme à la Déclaration de l'OIT adoptée en 1998 relativement aux principes et droits fondamentaux au travail. En vertu du Code canadien du travail, ce droit à la grève est fondamental et ne constitue qu'un droit parmi plusieurs droits et obligations qui régissent les relations de travail dans le secteur fédéral.
Le Code est l'instrument qui, en vertu d'une convention collective, assure aux parties au lieu de travail la paix au travail et des coûts et avantages fixes pour une période prévisible. Les exigences portant sur le devoir de représentation juste et le processus en matière de grief et d'arbitrage veillent à la résolution des différends au lieu de travail. Le processus de négociation constitue la seule possibilité qu'a le syndicat de faire pression sur l'employeur, en exerçant son droit de grève à l'expiration d'une convention. Le comité sait très bien que seulement 3 p. 100 de tous les conflits en matière de convention collective se soldent par une grève ou un lock-out.
Des aspects qu'un employeur et un syndicat ont le droit d'examiner influent sur l'équilibre des forces, au chapitre économique, au début d'une grève. Le syndicat doit établir s'il retire ses services en déclenchant une grève, alors que l'employeur doit déterminer s'il maintient des positions pouvant se traduire par une grève. Les deux parties se lancent dans un processus en vertu duquel elles déterminent leur capacité à résister à une grève d'une part et, d'autre part, leur acceptation à subir la pression économique que génère une grève.
Le Code stipule clairement les dispositions liées au droit à la grève de même qu'à tous les aspects du rôle d'un syndicat. Ce processus assure un équilibre entre les droits et obligations liés aux relations des parties au lieu de travail.
Du fait que les travailleurs de remplacement ne font pas partie de l'unité de négociation, ils sont étrangers aux négociations. Ils ne participent aucunement au processus de négociation collective, pas plus qu'ils n'ont une communauté d'intérêts avec l'employeur. Les travailleurs de remplacement ne se prononcent pas dans le processus démocratique sollicitant un mandat de grève. Le fait de permettre des travailleurs de remplacement au lieu de travail entrave l'équilibre des forces que les parties ont déterminée au début de la grève. La recherche a démontré qu'il existe des liens entre l'admission de travailleurs de remplacement et de nombreux effets négatifs. Ces effets négatifs englobent également une violence plus ressentie sur les lignes de piquetage et une grève qui se prolonge inutilement.
Lorsque des travailleurs de remplacement sont admis lors d'une grève, ils sont habituellement en contact direct avec les piqueteurs et les autres membres du syndicat qui peuvent également appuyer la grève. Ce genre de contact est improductif, provocateur et perturbateur. Les piqueteurs considèrent les travailleurs de remplacement avec mépris puisqu'ils ne sont pas familiers avec le rapport historique entre l'employeur et les employés en grève. Les travailleurs de remplacement sont perçus comme un mécanisme qui mine la pression économique sur l'employeur engagé dans la grève.
Ces genres de circonstances et les émotions en jeu deviennent une recette qui développe des incidents sur les lignes de piquetage et une vigilance accrue dans un cas regrettable de violence.
Personne n'aime voir de la violence en tout temps, cependant, il existe quelques exemples où un employeur sans scrupules a compté sur cette forme de provocation dans le but d'intimider les travailleurs en grève. La violence sur les lignes de piquetage ne peut qu'empoisonner les relations au lieu de travail et dans la communauté durant plusieurs années à venir.
Les effets de ces relations empoisonnées se ressentent longtemps après la fin de la grève. Lorsqu'un gréviste sur une ligne de piquetage adopte une conduite criminelle, il fait l'objet de sanction disciplinaire. Cette sanction est alors traitée en vertu de la convention collective, ce qui tend à retarder la résolution de la grève.
Par ailleurs, en analysant l'ensemble de ces dynamiques, il appert qu'elles s'avèrent néfastes et il est probable qu'elles nuisent ou gênent le rétablissement des relations de travail au cours de la prochaine convention.
Les membres de ce comité comprennent les obligations et responsabilités conférées aux syndicats par le Code et nous sommes également confiants qu'ils connaissent aussi les obligations et droits de l'employeur en vertu de ce même code. Dans l'intérêt du temps, les dispositions en la matière ne seront pas répétées ici.
Qu'il nous suffise de dire que le Code renferme bon nombre de critères, y compris plusieurs clauses prohibitives. Sans entrer dans un fatras de statistiques, nous croyons que le point devant être analysé porte sur le climat des relations de travail lorsque des travailleurs de remplacement sont utilisés et celui qui règne dans le cas contraire.
Si l'on croit qu'en vertu du Code, l'équilibre des forces existe au cours d'une grève alors que l'utilisation des travailleurs de remplacement est permise, comment cet équilibre est-il maintenu lorsqu'un employeur déclenche un lock-out?
Sur ce, monsieur le président, dans l'intérêt du temps, je vais m'arrêter ici. Je remercie les membres du comité de leur temps. Je remercie aussi les parlementaires qui ont fait en sorte que ce projet de loi se rende à cette étape — et plus loin encore, j'en suis certain.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Len Falco. Je suis président de la Chambre de commerce de Hamilton et je veux remercier le président et les honorables membres de ce comité de nous avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui.
Je comparais aussi à titre de propriétaire et exploitant d'une entreprise de recrutement et de dotation à service complet qui se spécialise dans la dotation en général et dans la consultation en matière de ressources humaines.
Je suis accompagné cet après-midi de M. Bill Tufts, président de notre comité des ressources humaines à la Chambre de Hamilton. Le Comité des ressources humaines surveille la législation en matière d'emploi, de travail et de milieu de travail.
La Chambre de commerce de Hamilton est l'une des chambres locales les plus actives au Canada. Agissant en tant que porte-parole reconnu des entreprises de Hamilton depuis 1845, nous sommes en fait la plus ancienne, la plus grande et la plus étendue des organisations d'affaires de la région du Golden Horseshoe, en dehors du Grand Toronto.
Nous comptons actuellement plus de 1 900 membres individuels qui représentent 1 150 entreprises et organismes de toutes les tailles et de tous les secteurs et qui emploient collectivement plus de 75 000 personnes à temps plein, dans toutes les parties de la ville ainsi, en fait, qu'en beaucoup d'autres endroits hors de nos frontières municipales.
Il est important de mentionner que nous comptons également parmi nos membres des organismes à but non lucratif et des corporations syndiquées. En fait, nous avons été l'une des premières chambres à accepter les syndicats et à leur souhaiter la bienvenue dans la ville de Hamilton.
Hamilton est un important centre de transport et de distribution par voie terrestre, aérienne, maritime et par chemin de fer. Si le est adopté, il aura une énorme répercussion négative sur l'économie de Hamilton et nos industries; en fait, une réaction qui se répercutera à travers le Canada, d'un océan à l'autre.
En plus, nous appuyons tout à fait le point de vue de la Chambre de commerce du Canada sur le .
La ville de Hamilton a un magnifique réseau de transport, qui se trouve au centre du corridor industriel du Golden Horseshoe. Il offre un accès direct à Toronto et aux points vers l'est et vers les États-Unis par Detroit ou Buffalo, par les autoroutes 401, 403 et le Queen Elizabeth Way.
Le port de Hamilton traite plus de 12 millions de tonnes de fret et reçoit la visite de plus de 700 navires chaque année, ce qui en fait le plus occupé des ports des Grands Lacs canadiens.
Une étude faite par Stamm en 2001 a montré que près de 4 p. 100 du PIB de l'Ontario et 30 p. 100 du PIB de la région du Grand Hamilton sont directement ou indirectement liés aux opérations du port de Hamilton. Considérant les répercussions directes et indirectes, cela se traduit par environ 220 000 emplois.
Depuis la privatisation, le personnel de l'Aéroport international de Hamilton a augmenté, passant de 726 à plus de 1 300 employés à temps plein. Sous la gestion de TradePort, le trafic passagers à l'aéroport de Hamilton est passée de 90 000 personnes en 1996 à approximativement 900 000 personnes en 2002 et continue de croître. Le fret aérien a augmenté de 50 p. 100 depuis 1996; en 2002, 91 000 tonnes métriques de fret ont passé par l'aéroport.
Le Centre de distribution des métaux de Hamilton du CN se trouve au coeur du plus grand marché consommateur d'acier du Canada. Les locaux de l'industrie du traitement, de la distribution et de la fabrication en acier du Canada se trouvent dans l'une des régions de production de véhicules la plus importante en Amérique du Nord. De plus, le MDC du CN de Hamilton est placé d'une manière stratégique pour faire affaire dans le couloir d'acier Canada-États-Unis.
Le paragraphe 94(2.4) proposé dans le précise que :
Ces mesures ne peuvent être que des mesures de conservation et non des mesures permettant la continuation de la production de biens ou services qui seraient par ailleurs interdites par le paragraphe (2.1).
Cette disposition contenue dans le aura la répercussion suivante sur la santé et le bien-être des Canadiens.
D'abord, elle minera la fiabilité des industries d'infrastructure du Canada. La continuité du service des industries d'infrastructure réglementées par le gouvernement fédéral est importante pour pratiquement toutes les entreprises canadiennes, pas seulement celles qui sont sous juridiction fédérale.
Par exemple, dans le cas d'un arrêt de travail dans l'industrie des transports, l'arrêt des services de transport et la fermeture des ports seraient ressentis par tous les Canadiens et les partenaires commerciaux du Canada qui se fient à une circulation ininterrompue de produits. La plupart des entreprises fédérales sont des fournisseurs de services où la possibilité d'avoir une réserve de produits n'existe pas.
Deuxièmement, elle diminuerait l'attrait du Canada comme endroit où investir. À une époque de mobilité mondiale des investissements, d'éventuels investisseurs au Canada réagiraient aussi négativement à une telle situation.
Bill.
De plus, dans certains cas, l'employé fédéral est souvent la seule entité à fournir les services sans aucune autre possibilité de remplacement possible. Cela peut conduire à la deuxième situation: le Parlement adopte une législation de retour au travail peu après le début de l'arrêt de travail, étant donné que la perturbation de ces services ne peut être tolérée pendant une période prolongée.
En conclusion, la Chambre de commerce de Hamilton soutient totalement et complètement la Chambre de commerce canadienne au sujet du projet de loi C-257 et réaffirme ce qui suit: il n'y a aucune preuve que l'adoption du projet de loi C-257 résultera en moins d'arrêts de travail et d'une durée moins longue. Il y a des données crédibles fournies par le gouvernement fédéral qui contredisent la fausse supposition que le projet de loi C-257 résultera en moins d'arrêts de travail et des arrêts de travail plus courts.
Nous avons présentement un système équitable et bien équilibré, fruit d'une consultation entre les entreprises et les travailleurs, qui respecte les intérêts à la fois des employeurs et des employés, lors d'arrêts de travail. Selon l'opinion de la Chambre de commerce du Canada et la Chambre de commerce de Hamilton, le projet de loi C-257 risque de modifier l'équilibre présentement en place. Ne le changez pas uniquement pour qu'une partie en bénéficie au détriment de la société en général.
Merci beaucoup.
Monsieur le président et honorables membres du comité, je vous dirai respectueusement que le projet de loi est un exemple classique de mauvaise mesure législative, et je vais vous donner huit raisons de ne pas l'adopter.
Premièrement, une mesure législative qui suscite une opposition véhémente par quelque partie que ce soit est tout probablement mal conçue, étant donné que nos relations de travail sont fondées sur le consentement, l'accord et le compromis. Mes amis du milieu syndical savent bien que les travailleurs canadiens ne réagissent pas particulièrement bien quand on leur impose quelque chose. Il n'y a pas de raison de croire que les employeurs canadiens réagiraient autrement.
Deuxièmement, le projet de loi C-257 représente un grand changement à l'équilibre des négociations, et pareil changement ne devrait pas être envisagé sans un besoin correspondant aussi important. Or, je ne vois pas pareille nécessité actuellement au Canada.
Troisièmement, des lois du travail qui interdisent le recours à des travailleurs de remplacement affectent nécessairement de manière différente certains employeurs: il s'agit donc d'une discrimination. Si vous êtes un employeur qui compte de nombreuses usines dans divers territoires, l'une de ces installations peut être fermée sans que cela cause de tort très grave. En revanche, pour le propriétaire local d'une usine indépendante unique, la cessation des activités peut être rapidement fatale. Il s'agit de petites entreprises que le gouvernement et d'autres organisations affirment vouloir encourager. Pourtant, d'après certaines études, ces entreprises qui créent beaucoup d'emplois dans l'économie actuelle seraient très durement touchées par ce genre de loi.
Quatrièmement, comme l'ont dit d'autres témoins, le projet de loi C-257 a été rédigé et confié rapidement au Parlement sans le genre de consultations exhaustives qui sont nécessaires avant même la rédaction initiale. Il n'y a pas eu de consultation dans ce cas-ci.
Cinquièmement, encore une fois, je répète ce que d'autres ont dit, dans les années 1990, quand les libéraux étaient au pouvoir, des consultations exhaustives ont été menées au sujet du Code du travail et de cette question en particulier, dont on a traité et qui a fait l'objet de modifications au Code canadien du travail. Bien entendu, ces modifications n'allaient certainement pas aussi loin que le projet de loi C-257.
Sixièmement, rien ne s'est produit depuis qui justifie de croire que les circonstances ont beaucoup changé.
Septièmement, le climat des relations de travail est en général assez positif partout au Canada. Je me reporte à l'exposé du représentant du Syndicat des travailleurs unis des transports, selon lequel à peine 3 p. 100 des négociations collectives sont associées à une grève. Je ne peux pas vérifier ce chiffre, mais il correspond certainement à l'impression que j'ai des relations de travail dans les secteurs de régie fédérale qui sont plutôt positives ces dernières années.
Enfin, le fait qu'une loi existe au Québec et en Colombie-Britannique ne justifie pas qu'on en adopte une au fédéral, pas plus que son absence dans huit des dix autres provinces ne justifie qu'on ne l'adopte pas. Il serait imprudent pour moi de dire ce qui conviendrait le mieux pour les Québécois ou les Britanno-Colombiens. Il incombe à d'autres de le faire, qui connaissent mieux ces régions, mais la simple existence de ce genre de loi dans deux provinces n'est pas une raison suffisante d'en adopter une au fédéral.
C'est ce que je vous propose, avec respect.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui et de me donner l'occasion d'exprimer mes commentaires sur le projet de loi . Je considère, pour différentes raisons, que les dispositions législatives proposées ne pourront que nuire aux exploitants de services de transport ferroviaire jugés essentiels par ceux qui en bénéficient, comme le chemin de fer que je représente.
Mais laissez-moi d'abord me présenter et décrire l'entreprise que je représente. Je suis le directeur général et chef de l'exploitation de la société Transport Ferroviaire Tshiuetin Inc.; le premier chemin de fer possédé et exploité par des Autochtones en Amérique du Nord, et peut-être même dans le monde. Les actionnaires de ce chemin de fer sont la nation Naskapi de Kawawachikamach, le conseil de bande de la Nation Innu Matimekush-Lac John et la Nation Innu Takuaikan Uashat Mak Mani-Utenam. Chacun possède le tiers des actions de la société.
Lorsque le QNS&L a décidé de ne plus offrir de service voyageurs, le gouvernement du Canada, ne voyant pas d'autre moyen de faire en sorte que les 800 Naskapis, 700 Innus et 250 personnes non autochtones vivant à Schefferville soient toujours reliés au reste du Québec, a contribué à la mise sur pied de ce chemin de fer. La plupart des besoins financiers de Transport Ferroviaire Tshiuetin sont couverts par le gouvernement du Canada, qui reconnaît que ce service est essentiel à la survie même de ces nations.
Transport Ferroviaire Tshiuetin a acquis un tronçon de 135 milles de voie ferrée du chemin de fer Quebec North Shore & Labrador Railway Company ou QNS&L. Cette ligne s'étend de Schefferville, au Québec, à Emeril Junction, point intermédiaire situé à quelque 225 milles au nord de Sept-îles, au Québec, et à quelque 80 kilomètres de Labrador City, à Terre-Neuve. Le QNS&L est toujours propriétaire et exploitant de la ligne s'étendant d'Emeril Junction à Sept-îles.
Notre train voyageurs part de Sept-Îles les lundis et jeudis et revient de Schefferville les mardis et vendredis. Nous sommes propriétaires des locomotives et du matériel roulant de cette desserte, notamment des wagons à bagages, des voitures-coaches et même d'une voiture-restaurant. De plus, ce sont nos propres équipes qui assurent le service et elles sont pour l'instant composées à 100 p. 100 d'Innus et de Naskapis. Toutefois, lorsque le train de Tshiuetin emprunte la voie du QNS&L qui s'étend de Sept-Îles à Emeril, notre mécanicien de locomotive est remplacé par un conducteur de locomotive du QNS&L. À Emeril, notre équipe prend la relève pour le reste du trajet jusqu'à Schefferville.
L'acquisition de cette ligne par les Innus et les Naskapis leur a fourni l'occasion de prouver au reste de la province de Québec et au Canada qu'ils forment un peuple fier qui peut, lorsqu'on lui en donne la chance, se tenir debout et faire sa juste part pour contribuer au développement du Nord.
Le QNS&L, tout comme nous, est sous réglementation fédérale. Nous n'avons pas d'employés syndiqués, contrairement au QNS&L. Les quelque 50 mécaniciens de locomotive de ce chemin de fer sont membres des TUT. Je ne peux ni ne veux avancer des hypothèses au sujet de ce que ferait le syndicat advenant une grève au QNS&L. Rien ne garantit que le service voyageurs entre Sept-Îles et Emeril serait maintenu, que ce soit par le personnel syndiqué ou par les cadres du QNS&L.
Étant donné la décision du QNS&L d'abandonner l'exploitation du service voyageurs et le fait que son activité principale soit le transport de minerai de fer depuis Labrador City, on peut logiquement déduire que ce serait sa priorité si les ressources nécessaires pour assurer l'exploitation se faisaient rares. Sans m'étendre sur un point technique, il me semble que la définition donnée au terme « gérant » dans le projet de loi C- risque de limiter considérablement le nombre de personnes dont les services pourraient être utilisés pendant une grève en remplacement des employés habituels. En outre, la version anglaise du paragraphe 2.4 du projet de loi semble limiter ce qui peut être fait sur le plan de l'exploitation.
Le projet de loi C- ne contient aucune disposition concernant les services essentiels, et croyez-moi, « services essentiels » est un terme approprié pour qualifier les services offerts à la population grâce à ce train! Nous sommes le premier chemin de fer autochtone, non seulement parce que nous en sommes les propriétaires, mais aussi parce que nos clients sont membres des premières nations dans une proportion de 75 p. 100.
Nous devrions peut-être prendre quelques minutes pour tenter de définir ce qu'est un service essentiel. Pour moi et les personnes que je représente, se nourrir est essentiel. La plupart de nos aliments, tout comme les vêtements que nous portons, sont acheminés dans la région de Schefferville par train. Il est aussi essentiel pour les gens de pouvoir se déplacer en voiture et en motoneige. Ils ont donc besoin d'essence. Le carburant destiné aux avions, aux hélicoptères et à la machinerie lourde, lui aussi transporté par train, est également essentiel.
Le chemin de fer est le seul moyen de transport terrestre entre Schefferville et le reste du Québec. Aucune route ne relie la région au reste de la province. La région est donc très dépendante du transport ferroviaire. Le transport des personnes, des aliments, du carburant et des objets de première nécessité ne peut se faire que par rail ou par avion. Mais l'avion coûte très cher. Un aller simple en train entre Sept-Îles et Schefferville coûte 62,82 $. Le même trajet en avion coûte 690,54 $, soit dix fois plus!
Un groupe de 1 750 personnes, cela peut sembler peu quand elles n'ont pas faim. Mais ce sera différent si le train n'apporte plus la nourriture dont elles ont besoin.
La municipalité de Sept-Îles sert de point d'approvisionnement central pour les collectivités de la région de Schefferville. Plus de 73 000 tonnes de produits de tout genre — articles d'usage courant, essence et carburant, automobiles, etc. — sont acheminées chaque année de Sept-Îles à Schefferville. Si le train devait s'immobiliser ne serait-ce qu'une semaine, 1 400 tonnes de biens et de produits ne seraient pas livrés à Schefferville. Cela se traduirait également par un manque à gagner d'environ 480 000 $ pour les fournisseurs de Sept-Îles.
À l'heure actuelle, plus de 16 000 voyageurs prennent le train chaque année. Cette année, 807 personnes se sont rendues à Sept-Îles en train pour obtenir des services médicaux qui n'étaient pas offerts chez elles. En l'absence de transport ferroviaire, ces personnes auraient été obligées de prendre l'avion, ce qui aurait été beaucoup plus coûteux. De plus, on retrouve le long de la voie ferrée 45 camps qui sont utilisés par des membres des Nations Uashat Mak Mani-Utenam et Matimekush-Lac John pour des expéditions de pêche, de chasse et de trappe. Les gens ont besoin du train pour se rendre à ces camps et en revenir.
Si le service ferroviaire devait être interrompu en raison d'une grève, la région de Schefferville ne serait plus approvisionnée en aliments et en produits de tout genre; les pourvoiries situées le long de la voie ne seraient plus approvisionnées et subiraient des pertes financières puisque les chasseurs et les pêcheurs n'auraient plus accès aux camps; les membres des nations Uashat Mak Mani-Utenam et Matimekush-Lac John n'auraient plus accès à leur territoire de chasse, de pêche et de trappe, qui est un territoire ancestral. Pour un certain nombre de familles, la chasse et la pêche fournissent de la nourriture pour une partie de l'année.
Je ne voulais pas avancer d'hypothèses tantôt sur ce que feraient les membres du personnel syndiqué, et je me garderai donc de le faire en ce qui concerne la réaction des Autochtones, mais je parierais qu'ils ne seraient pas très contents.
Si vous ne pouvez modifier ce projet de loi, et on me dit que c'est le cas, de façon à y inclure les services essentiels, comme le service mixte voyageurs-marchandises que je fournis aux collectivités du nord du Québec, ne perdez pas votre temps avec cette loi qui créera plus de problèmes qu'elle n'est censée en résoudre.
Les peuples des premières nations ont des territoires de chasse et de pêche ancestraux...
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Merci, monsieur Bell, vous avez parfaitement respecté le temps qui vous était réservé.
Avant de passer aux questions, j'aimerais mentionner quelques questions d'ordre administratif, puis un représentant du Parti libéral pourra poser la première question.
J'aimerais vous présenter M. Graeme Truelove, qui a commencé à travailler avec le comité la semaine dernière. Il reçoit sa formation de greffier, et il est donc un peu comme un apprenti. Je ne crois pas que Christine ait l'intention de le congédier ou quoi que ce soit du genre, mais il apprendra le métier de greffier pendant une petite période auprès de Christine. Nous voulons donc lui souhaiter la bienvenue.
J'aimerais également vous signaler que nous entendrons la sonnerie à 17 h 30 pour un vote. Je crois que tous les députés le savent, mais je voulais simplement vous le rappeler.
Enfin, j'ai reçu quelques demandes.
M. Silva a demandé que l'on compare le projet de loi aux dispositions des codes du travail du Québec et de la Colombie-Britannique.
De plus, M. Martin a demandé que l'on se penche sur la perturbation des services essentiels au Québec et en Colombie-Britannique. Notre documentaliste, Kevin, m'a dit que cette comparaison a été trouvée et que le document se trouve à la traduction; il sera distribué, nous l'espérons, à vos bureaux ce vendredi.
Nous avons le document et nous espérons le faire traduire et vous l'envoyer si tout va bien d'ici vendredi.
Voilà ce que j'avais à annoncer. Passons immédiatement aux questions. Nous commencerons par les libéraux. M. Silva partage la période réservée avec M. Savage.
Vous disposez de sept minutes.
Si vous passez en revue les divers outils auxquels on a eu recours pour régler les différends collectifs au fil des ans et que vous étudiez l'histoire des grèves au Canada et certaines des solutions de rechange offertes comme l'arbitrage des différends, l'arbitrage des propositions finales, et d'autres méthodes, vous constaterez que rien n'a jamais vraiment remplacé la grève ou le lock-out comme façon parfaitement équilibrée de tester ce qui tient le plus à coeur aux deux camps qui participent aux négociations. Le gros avantage de la grève — le terme est approprié — c'est qu'elle déplaît tout autant au patronat qu'au syndicat.
L'histoire des relations du travail et des lois sur le travail au Canada démontre, qu'à l'exception de la Colombie-Britannique et du Québec et de l'Ontario brièvement, on a toujours pu avoir recours à la grève et au lock-out, lorsque des travailleurs de remplacement étaient temporairement disponibles. Et cela a fonctionné. Il est clair que les groupes syndicaux ont beaucoup obtenu pendant cette période. Ils semblent avoir prospéré et avoir pris beaucoup d'importance même s'il n'y avait pas d'interdiction de recours aux travailleurs de remplacement.
Si vous changez cet équilibre, cela aura certainement un impact. Dans l'économie d'aujourd'hui, tout a un impact. À notre avis, il serait peu judicieux d'adopter ces mesures alors qu'un des groupes s'y oppose si clairement.
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Merci, monsieur le président.
Contrairement à mon habitude, je vais commencer par des félicitations. Je désire féliciter M. Richard Bell, parce qu'il a effectivement bien lu le projet de loi.
J'aimerais aussi corriger l'une des chambres de commerce qui ont présenté un mémoire un peu plus tôt: le paragraphe (2.4) proposé se réfère au paragraphe (2.3). Il n'oblige nullement une entreprise à ne rien faire en cas de conflit. Au contraire. Bien qu'il semble y avoir des difficultés dans la version en anglais, la version française est exactement pareille à la loi du gouvernement du Québec, au Code québécois du travail, qui fonctionne depuis 30 ans.
Aux paragraphes (2.3) et (2.4) proposés — et j'y vais de mémoire —, on dit qu'une entreprise peut prendre des mesures pour protéger ses infrastructures et son équipement. Je pense, par exemple, à un bouilleur en aluminium qu'il faudrait continuer à faire fonctionner. L'entreprise peut alors négocier avec le syndicat pour obtenir soit l'utilisation de travailleurs syndiqués, soit l'embauche de travailleurs supplémentaires.
Et c'est là qu'intervient le paragraphe (2.4), qui dit que ces mesures ne peuvent être que des mesures de conservation. C'est vraiment ce qui est dit. Le Code québécois du travail est très clair à ce sujet. Peut-être qu'il y a une ambigüité dans la version en anglais, mais ce sera corrigé si, effectivement, il y en a une.
C'est le Bloc québécois qui a rédigé ce projet de loi. Je dois vous dire que toute interprétation autre que la nôtre est faite de mauvaise foi. Malheureusement, c'est ça.
Il y autre chose. Le Code canadien du travail contient une autre mesure. Dans l'article 87.4 — encore là, j'y vais de mémoire —, il est dit qu'on doit maintenir certaines activités si elles sont nécessaires à la prévention de risques pour la santé et la sécurité publique. C'est déjà dans le Code canadien du travail.
Relisez le Code canadien du travail, monsieur Bell, parce que je sais que vous êtes particulièrement inquiet. Je comprends vos préoccupations, parce que vous vous trouvez dans une situation particulière. Par contre, c'est clair que jamais une grève ne pourra avoir comme conséquence d'affamer une population ou de faire en sorte que la sécurité publique soit compromise. C'est très clair. Tel n'est pas l'objectif de ce projet de loi.
D'ailleurs, il y a 30 ans que la loi existe au Québec et cela fonctionne très bien. Les services 911, d'ailleurs, sont régis par le Code québécois du travail. Il n'y a jamais eu de catastrophe, ni personne qui s'est plaint de ce que sa santé ou la sécurité publique était en danger. De plus, le Code québécois du travail s'applique au ministère de la Santé. Il s'applique aux infirmières et aux infirmiers, aux services de santé, et même aux médecins spécialistes. Chaque fois, on trouve le moyen de s'accommoder, si je peux dire, et on trouve le moyen de décider des mesures à prendre et de négocier les services essentiels.
Même quand il n'y a pas de loi antibriseurs de grève, il faut que vous présumiez que les syndicats sont de bonne foi. C'est tellement vrai qu'à chaque fois, on trouve le moyen de négocier des services essentiels. D'ailleurs, j'ai lu dans le quotidien The Globe and Mail — je n'ai malheureusement pas l'article et je ne peux donc pas vous faire la traduction en français, car j'aurais trop peur de me tromper — qu'un syndicat se prépare à la grève et est en train de négocier — je pense que ce syndicat est présent aujourd'hui — dans le Grand Toronto. Il a même accepté de maintenir les services du GO Transit durant la grève. Il me semble que c'est de la bonne foi de la part d'un syndicat. D'ailleurs, il y a des représentants ici et je voudrais leur poser quelques questions.
Est-ce bien votre syndicat qui a fait cette proposition à l'employeur? Pourquoi avez-vous fait cette proposition? Pouvez-vous l'expliquer davantage?
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Madame Lavallée, j'aimerais signaler qu'il faut que les parties, avant qu'elles n'entament leur négociation collective, s'entendent sur le maintien des services. Comme je l'ai déjà signalé, nous avons essayé de le faire avec l'employeur avant le début des négociations. L'employeur — le CN dans le cas qui nous occupe — a dit qu'il ne pensait pas qu'il existait de services essentiels que nous devions maintenir alors nous n'avons pas pu aller plus loin. Les deux parties se sont mises d'accord et personne n'a demandé au conseil d'intervenir dans le dossier.
Cependant, au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la date limite pour la grève du 9 février, il est devenu évident, comme nous l'avons d'ailleurs vu dans le Globe and Mail et le Toronto Star, que les passagers s'inquiètent de ne pas pouvoir se rendre au travail ou à la maison. Des articles ont été d'ailleurs été rédigés sur la même question dans la Gazette. Mais ce problème ne se pose pas au niveau des passagers, des utilisateurs de GO Transit ou AMT à Québec et à Montréal. Les problèmes sont avec l'employeur, CN Rail.
Nous n'avons nullement l'intention de prendre les voyageurs en otage dans un conflit avec lequel ils n'ont rien à voir. Nous nous sommes à nouveau adressés à l'employeur, le CN, parce qu'il est responsable des employés qui par exemple travaillent pour GO Transit et AMT. Il s'agit de nos membres qui travaillent dans le cadre d'un contrat. Nous avons proposé au CN de trouver une solution au problème auquel seront confrontés ces passagers.
En d'autres termes, nous nous sommes à nouveau adressés au CN et avons proposé de nous entendre sur le maintien de divers services pour les banlieusards. Nous attendons toujours une réponse. Les banlieusards qui utilisent ce service se trouvent actuellement dans une situation fort précaire. Je crois que le CN sera des vôtres demain et vous pourriez peut-être demander à ses représentants s'ils ont une réponse. Nous aimerions bien le savoir.
D'après les témoignages que nous avons entendus jusqu'à présent, il me semble que tout le monde cherche la stabilité. Dans l'industrie, il arrive qu'il y ait des différends au sujet des niveaux de rémunération, entre autres. Cela débouche parfois sur une grève et il y a alors de l'instabilité et des difficultés dans la collectivité touchée par la grève.
Je suppose que c'est un aspect qui préoccupe en particulier les chambres de commerce. Leur intérêt primordial consisterait à assurer le plus de stabilité possible en perdant le moins de jours de travail possible. Je suppose que cela serait probablement aussi le cas en ce qui concerne les services essentiels. Moins il y a de grèves, mieux c'est pour tous les intéressés.
Lorsque j'étais ici la semaine dernière, j'avais demandé que l'on me fournisse des indications concrètes permettant d'établir que l'adoption d'une interdiction concernant le recours aux travailleurs de remplacement augmenterait ou diminuerait la possibilité de grèves. Nous avons certains chiffres ici aujourd'hui que j'aimerais vous présenter, et nous pourrons peut-être obtenir une réaction en particulier des chambres de commerce.
En Ontario, de 1990 à 2006, rappelez-vous qu'il y a eu une brève période entre 1993 et 1995 lorsque le recours aux travailleurs de remplacement a été interdit. Le nombre total de journées perdues en raison d'un arrêt de travail a été de 12 443 840. Dans le secteur dont nous parlons ici aujourd'hui, qui représente environ 6,7 p. 100 de l'ensemble des travailleurs canadiens, on a enregistré 7 800 050 journées perdues entre 1990 et 2006.
Puis, nous passons aux provinces où il est effectivement interdit de recourir à des travailleurs de remplacement. Examinons la situation du Québec, qui représente 21 p. 100 de tous les travailleurs canadiens. Le nombre de journées de travail perdues est de 8 863 180. En Colombie-Britannique, province qui représente 11 p. 100 de l'ensemble des travailleurs canadiens, le nombre de journées perdues en raison d'un arrêt de travail s'est élevé à 5 230 176. Il me semble que ces chiffres indiquent très clairement que dans les provinces qui ont interdit le recours aux travailleurs de remplacement, le nombre de journées de travail perdues est nettement moins élevé. Les représentants des chambres de commerce pourraient-ils nous indiquer leur réaction à cette constatation?
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En tant que représentant de la Chambre de commerce de Winnipeg, je me ferai un plaisir d'y répondre.
Oui, la stabilité est souhaitable, et dans l'ensemble il est préférable d'avoir moins de grèves et des grèves plus courtes. Quoi qu'il en soit, d'après mon expérience au Manitoba, aucune tentative en vue de remplacer l'option actuelle de la grève et du lock-out n'a abouti à long terme. Vous êtes sans doute au courant d'autres options qui ont été mises à l'essai, comme l'arbitrage des propositions finales. L'Ontario a essayé de recourir à l'arbitrage des différends. Tout ce qui modifie l'équilibre dans une situation où une grève ou un lock-out constitue des options qui déplaisent aux deux parties ne fonctionne pas vraiment bien à long terme.
En écoutant les statistiques, cela me rappelle l'ancien adage: les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques. En ce qui concerne ces statistiques, le problème c'est qu'on ignore les autres variables qui sont prises en compte. Il peut exister de nombreuses raisons pour lesquelles les arrêts de travail sont plus nombreux ou moins nombreux. Ces statistiques à elles seules ne nous apprendront rien sur les répercussions d'une loi interdisant le recours aux travailleurs de remplacement.
À mon avis, la question la plus importante qu'il faut se poser — et je reviens au chiffre cité par le représentant compétent des Travailleurs unis des transports — est la suivante: si, au niveau fédéral, le pourcentage de grèves est d'environ 3 p. 100, qu'est-ce qu'on essaie de corriger? Le système fonctionne.
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Vous dites que ce code crée un déséquilibre. On a consacré près de cinq années de travail à la préparation de la loi actuelle. Depuis 1999, aucune loi de retour au travail n'a été imposée. Vous avez même dit que le pourcentage de grèves et de lock-out n'est que de 3 p. 100 à l'heure actuelle.
Des témoins représentant tous les points de vue ont dit que ce projet de loi dont nous sommes saisis comporte des lacunes. Même ceux qui sont favorables au projet de loi ont déclaré qu'il comporte des lacunes. Il ne renferme aucune disposition sur les services essentiels. Aucune. Il y a incohérence entre les versions française et anglaise. Les interprétations diffèrent quant au sens réel du paragraphe 2.4. Je pense maintenant que nous comprenons clairement qu'il signifie que les gérants ne peuvent même pas travailler, sauf s'il s'agit d'allumer les lumières.
Donc la question que je pose est la suivante, à quoi sert ce projet de loi? Je pense que c'est une question qui a été posée par certains autres témoins aujourd'hui. À quoi sert le projet de loi? Paul Forder des TCA, que vous connaissez peut-être, a comparu devant nous avant Noël, et je crois qu'il a apporté certains éclaircissements à ce sujet. Voici ce qu'il a dit à propos de la disposition 2.4,
Si l'entreprise ne peut fonctionner avec des travailleurs de remplacement, cela ne nous pose pas de problème. Nous pourrons en venir à une entente plus rapidement. C'est d'ailleurs ce que tous les membres veulent. Voilà l'objectif du projet de loi.
Il s'agit essentiellement d'un projet de loi tendancieux qui vise à créer une situation inégale.
Monsieur Bell, j'aimerais vous parler un instant d'équilibre, et je m'intéresse particulièrement à votre situation. Pouvez-vous nous parler de l'équilibre qui existe à l'heure actuelle par rapport à l'équilibre qui existerait en vertu de ce projet de loi? Par exemple, si le syndicat faisait la grève, quelles sont les options dont disposerait une entreprise comme la vôtre en vertu du projet de loi?
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J'ai une question... probablement pour les deux chambres de commerce, M. Gardner et M. Tufts. Comme chacun l'a indiqué dans ses réponses, on vise à établir un équilibre et on essaie de déterminer si ce projet de loi modifie cet équilibre. Nous entendons des arguments dans les deux sens.
J'ai demandé plus tôt des renseignements à propos des différentes provinces où des changements à cet égard ont été apportés: le Québec depuis 1977; la Colombie-Britannique dans les années 90; puis l'Ontario qui est revenu sur sa décision dans les années 90. Quel a été le résultat dans chaque cas lorsque ce changement a été apporté?
Nous avons le mémoire de l'Association des banquiers canadiens. Vous avez tous indiqué que de façon générale, le nombre de jours de travail perdus dans chaque province a très nettement diminué. Ce qui est très clair d'après les tableaux, c'est qu'il n'y a pas eu vraiment de changement important dans toutes les provinces qui ont apporté ce changement, comparativement à celles qui ne l'ont pas fait.
On a beaucoup parlé de la possibilité de catastrophe, mais les relations de travail visent avant tout à éviter les catastrophes. Ces tableaux indiquent qu'en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique, dans chaque cas, on a évité la catastrophe, que cette mesure ait été vigueur ou non.
Expliquez-moi de nouveau pourquoi. Je comprends les hypothèses que vous présentez mais il est tout à fait clair qu'il n'existe pas vraiment de différence d'une année à l'autre entre les provinces qui ont adopté ce changement et celles qui ne l'ont pas fait.
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Merci, monsieur le président.
Je veux aussi remercier nos invités d'être présents aujourd'hui afin de nous faire part de leur opinion sur ce projet de loi.
Je veux d'abord confronter votre opposition au projet de loi avec la réalité. N'auriez-vous pas plutôt intérêt à préconiser l'adoption du projet de loi C-257, cela pour les raisons suivantes? D'abord, si l'on veut être objectif, il faut voir qu'au Canada, il y a entre 20 et 25 p. 100 des travailleurs relevant du fédéral qui sont syndiqués. On sait que seulement 3 p. 100 des conventions collectives négociées se terminent par un conflit de travail. Au bout du compte, on parle d'un nombre assez limité de personnes qui pourraient profiter de la loi. Vous avez dit aussi — et tous les partis ici le reconnaissent — que, dans l'ensemble, les relations de travail entre les employeurs et les syndicats dans les secteurs de compétence fédérale sont assez harmonieuses.
L'argument que vous énoncez pour justifier votre position à l'encontre du projet de loi s'appuie surtout sur la circulation des biens et services, notamment en ce qui concerne les transports aérien et ferroviaire. Quant aux autres arguments, on a vu qu'ils ne tenaient pas la route, particulièrement ceux relatifs aux banques et au service d'urgence 911, soit parce que ces entreprises ne sont pas syndiquées, soit parce qu'elles sont de compétence provinciale. Tenons-nous en donc aux transports.
On sait que dans le domaine du transport ferroviaire aussi bien qu'aérien, les pilotes d'avion, les mécanos et les conducteurs de train doivent suivre une formation d'une durée de sept à douze ans pour réussir à faire un travail convenable. Ils sont donc difficilement remplaçables en cas de conflit.
L'entreprise n'est-elle pas en train de se tirer dans le pied en disant qu'elle préconisera le recours à des travailleurs de remplacement plutôt qu'une négociation de gré à gré de services essentiels avec les syndicats?
Prenons la déclaration du CN, par exemple. S'il se ferme à une négociation sur les services essentiels, comment pourra-t-il, dans le cas d'une grève de ses conducteurs de locomotive, négocier avec eux? On ne peut pas les remplacer si facilement.
Je veux simplement vous entendre à ce sujet. Quelque chose dans ce raisonnement ne tient plus.
Je m'adresse autant aux chambres de commerce qu'aux personnes associées au transport ferroviaire. En effet, le 7 décembre dernier, l'Association des chemins de fer du Canada citait en exemple votre chemin de fer, M. Bell, et vous nous dites aujourd'hui que vos travailleurs ne sont pas syndiqués et que votre appréhension provient du fait qu'un transbordement est effectué à Sept-îles, par exemple, où les travailleurs sont syndiqués. Le même raisonnement s'applique aux chambres de commerce par rapport au transport des deux autres compagnies ferroviaires.
J'aimerais vous entendre sur cette question.
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Je veux bien répondre, mais il faut que le président sache que mes commentaires sont hypothétiques.
Vous avez raison, les questions soulevées par M. Bell sont très importantes, surtout pour ces activités et les gens qui en dépendent. Ce que les gens semblent oublier est que l'article 87.4 du code existe déjà. Si un employeur croit que certains de ses services sont tellement essentiels à la collectivité — par exemple, dans le cas de M. Bell, fournir l'accès aux services communautaires, aux services de santé, à la nourriture, etc., il n'a qu'à invoquer cet article. S'il ne réussit pas à s'entendre avec le syndicat, il a le droit de demander au Conseil canadien des relations industrielles de rendre une ordonnance. Il peut présenter ses arguments au conseil et celui-ci peut rendre une ordonnance. C'est la sauvegarde prévue à l'article 87.4 du code.
Le nouveau paragraphe 94(2.4) proposé éclaircit cette disposition. En modifiant légèrement l'article 87.4, on empêche tout recours abusif à cette disposition. Le problème, c'est que certains employeurs ne semblent pas vouloir appliquer l'article 87.4, puis, après le début de la grève, ils protestent en disant: « Un instant. Nous voulons demander au conseil une ordonnance en vertu de l'article 87.4 car nous nous sommes rendu compte tout à coup que ces services auraient dû être désignés essentiels ». Eh bien, messieurs, il est trop tard. Vous aviez la possibilité de le faire avant; le code énonce les critères, et vous auriez dû vous en prévaloir. Nous ne sommes pas contre, comme nous l'avons dit et montré cette semaine; nous ne voulons pas que la population soit pénalisée. C'est avec les employeurs que nous avons un problème.
Dans l'exemple du chemin de fer Québec North Shore, qui est l'employeur de nos membres qui traitent avec ceux de M. Bell, en cas de conflit de travail à la Québec North Shore, c'est cette compagnie qui présenterait une demande en vertu de l'article 87.4 pour obtenir une entente relative aux services essentiels ou au maintien des activités et elle serait obligée de faire valoir, au nom de M. Bell, que ces services sont essentiels à cette collectivité. Que nous soyons d'accord ou non avec l'employeur — en l'occurrence, la Compagnie de chemin de fer Québec North Shore — celui-ci peut obtenir une ordonnance du conseil.
C'est une sauvegarde intégrée au système. Tout le monde s'énerve et dit que le ciel va nous tomber sur la tête — ce n'est pas le cas.
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Je suis heureux d'être ici aujourd'hui. Je remplace un de mes collègues, je n'ai donc pas l'avantage d'avoir participé au débat auparavant comme mes collègues ici présents.
Quelques mots à mon sujet, d'abord. Je viens d'une famille de syndicalistes. Mon père est maintenant à la retraite, mais il a travaillé au syndicat d'Hydro Ontario avant d'atteindre les échelons de la direction. J'ai connu des grèves, dont l'une a duré quatre mois, pendant que mon père était encore au syndicat. Je peux vous dire que cela a été une période difficile chez nous. De plus, ma soeur et mon beau-frère travaillent au sein d'une organisation professionnelle qui ne s'appelle pas un syndicat mais qui est la même chose.
J'ai une question pour les représentants du syndicat. Vous avez parlé d'équilibre. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il faut trouver le juste milieu. Je crois savoir — et je crois que c'est ce qu'a fait mon père — que lorsqu'on fait la grève, on a le droit de travailler ailleurs si on se trouve un emploi. Pour ma part, je trouve qu'il n'est pas juste qu'un gréviste puisse trouver un emploi ailleurs mais qu'on ne permette pas à l'entreprise d'engager des travailleurs de remplacement.
En l'occurence, il n'y avait pas de travailleurs de remplacement. Il s'agissait d'une centrale nucléaire et il n'était pas facile de former des employés rapidement pour exploiter cette centrale. Ce sont les cadres qui ont assumé ces fonctions, ce qui est une tout autre question.
Ma première question est donc la suivante: monsieur, si vous ne voulez pas qu'on permette le recrutement des travailleurs de remplacement, ne croyez-vous pas qu'on devrait aussi empêcher aux grévistes d'aller travailler ailleurs pendant une grève?
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Ce que le gouvernement nous a répondu, c'est merci bien, joli rapport, bonne chance, et, en passant, nous avons fait des compressions budgétaires de 55 millions de dollars avant Noël.
Nous aimerions rappeler au ministre que nous avons mené une étude exhaustive et détaillée du programme Placement carrière-été, un programme très important pour tout le pays. Notre comité a mené cette étude et il avait convenu à l'unanimité de faire en sorte que ce rapport ne reste pas lettre morte.
À cette époque, nous ne nous attendions pas à ces compressions budgétaires. D'ailleurs, certains d'entre nous espéraient plutôt une augmentation du budget de ce programme, surtout si le ministère donnait suite à nos recommandations et tenait compte des défis particuliers de certaines régions aux prises avec des difficultés économiques.
J'aimerais que le nouveau ministre, qui, dans les entretiens que j'ai eus avec lui jusqu'à présent, m'a semblé plus ouvert et plus généreux, surtout concernant ce genre d'initiative, lise notre rapport et soit bien informé sur ce programme. Peut-être qu'il pourrait ensuite nous répondre.
Je crois que nous devons agir dans les meilleurs délais. Je suis certain qu'au moment même où nous nous parlons, on prend des décisions sur la façon dont le budget sera réparti entre les diverses régions du pays.
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Permettez-moi de dresser un bref historique. Ce rapport a été adopté durant la législature précédente, et tous les députés conservateurs étaient entièrement d'accord avec « mettre en oeuvre ». Ils estimaient que c'était une bonne idée à l'époque. Maintenant qu'ils forment le gouvernement, je suppose qu'ils ont un peu changé d'avis.
J'ai entendu des étudiants de tout le pays à ce sujet. En fait, monsieur le président, j'étais dans votre circonscription la semaine dernière, à l'Université Brock. Le président du syndicat étudiant de l'université est venu spécialement me rencontrer pour me demander de dire au gouvernement qu'il ne faut pas réduire le budget du programme Placement carrière-été pour étudiants, puisque les étudiants comptent sur l'argent qu'ils peuvent gagner ainsi pour vivre durant l'année, compte tenu que les frais de scolarité ne cessent d'augmenter.
Il est faux de dire, par exemple, que l'économie se porte mieux dans certaines régions que dans d'autres et qu'on n'investira pas d'argent dans les économies prospères. Je me suis rendu à Calgary, la ville la plus prospère du pays, et j'y ai constaté une pauvreté alarmante — pour ne pas dire effrayante. Il y a dans cette ville bon nombre d'étudiants qui pourraient bénéficier de ce programme.
J'espère simplement que le gouvernement écoutera ce que nous avons à dire et reviendra sur sa décision de réduire de 55 millions de dollars le budget de ce programme.