:
Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour à vous et à tous les membres du comité.
Je m'appelle Andrew Treusch et je représente le ministère des Ressources humaines et du Développement social. Je suis accompagné de mes collègues : Mme Donna Kirby, M. Peter Larose, M. John Atherton, Mme Barbara Glover et M. Sylvain Segard. C'est un grand plaisir pour nous d'être ici.
Je vais commencer par nous situer. C'est la deuxième fois que nous venons témoigner devant le comité. La première fois, le 1er juin, notre délégation était dirigée par Mme Karen Jackson, qui était accompagnée d'un certain nombre de fonctionnaires. Elle vous a fait un exposé sur le développement du capital humain et vous a donné des renseignements sur les pénuries de main d'oeuvre qualifiée, la mobilité de la main d'oeuvre et la reconnaissance des titres étrangers.
Nous poursuivons aujourd'hui nos exposés. Vous avez sous les yeux quatre jeux de documents qui portent sur les employés saisonniers, les travailleurs âgés, l'adaptation et l'alphabétisation en milieu de travail.
[Français]
Une fois de plus, nous vous avons remis la documentation sur ces questions dans les deux langues officielles, en mettant en évidence les faits et la recherche d'intérêts.
[Traduction]
En outre, je tiens à vous assurer que nous sommes en train de rédiger des réponses écrites aux questions qui nous ont été posées à la dernière séance. Trois demandes de renseignements nous ont été faites: premièrement, sur les différences dans l'accès à l'éducation post-secondaire pour les personnes qui habitent en région rurale et urbaine; deuxièmement, sur le coût de l'évaluation des titres pour les médecins; et troisièmement, sur le lien entre l'AE et la mobilité.
Sur ce dernier point, j'ai pris connaissance de trois ou quatre études et je me ferai un plaisir de répondre à une question là-dessus aujourd'hui, en attendant que vous receviez la réponse écrite officielle. Ces documents seront envoyés à la greffière d'ici quelques jours, en même temps que toute réponse à des questions qui nous seraient éventuellement posées aujourd'hui.
Nous vous avons parlé auparavant des facteurs qui dictent le changement et de leur impact sur le marché du travail. Je veux poursuivre dans cette veine en faisant une brève description de notre perception de l'économie canadienne et de l'adaptation du marché du travail aux pressions externes, ainsi qu'aux changements qui se produisent au Canada. Ce processus est tout à fait pertinent à la question qui nous occupe, à savoir les enjeux en matière d'emploi que vous nous avez demandés d'aborder: les travailleurs saisonniers, les travailleurs âgés ainsi que la question de l'alphabétisation en milieu de travail.
Maintenant, cela vaut la peine de le dire encore une fois : l'économie et le marché du travail du Canada se portent très bien. Non seulement nos indicateurs macro-économiques sont-ils solides, mais le taux de participation du Canada se situait à 67,2 p. 100 en avril dernier, ce qui est exceptionnel selon les normes historiques et internationales, de même que notre taux de chômage de 6,4 p. 100.
[Français]
Quelle que soit la qualité de notre performance, il y a toujours des difficultés ou des facteurs de changement dont nous devons nous occuper si nous entendons maintenir ce rendement, voire l'améliorer. Les principaux facteurs qui interviennent sont ceux du vieillissement de la population, de [inaudible] des produits de base, de la valorisation du dollar, de la mondialisation et de l'intensification de la concurrence, ainsi que du passage incessant à une économie du savoir.
[Traduction]
Il sera important de réagir à ces facteurs pour atteindre les objectifs socio-économiques; il faudrait accorder une attention plus soutenue à l'accroissement de notre taux de participation au marché du travail, notamment grâce aux mesures suivantes : mieux reconnaître les titres des immigrants et éliminer les barrières au marché du travail; améliorer les habilités et promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie, notamment en offrant de meilleures possibilités de recyclage aux adultes; accroître l'efficience et la souplesse du marché du travail en réduisant les obstacles à la mobilité et en améliorant l'information sur le marché du travail; réduire l'insécurité économique, pour que les gens soient mieux en mesure de gérer les périodes de transition; et enfin, appuyer les processus d'adaptation des secteurs et des collectivités aux réalités changeantes.
Pour ce qui est des documents proprement dit, je ne propose pas de les présenter au comité aujourd'hui, à cause de leur longueur, mais je vais en présenter les faits saillants.
Premièrement, au sujet de l'adaptation du marché du travail,
[Français]
l'économie canadienne évolue constamment. C'est un mouvement inévitable et essentiel à la croissance et à la prospérité. Par adaptation, nous entendons simplement le déplacement des ressources des activités moins productives vers les activités qui le sont davantage.
Au fil des années, notre économie a subi un immense changement structurel, ayant délaissé, dans une certaine mesure, les industries des biens pour accorder une place prédominante aux industries des services. L'adaptation fait qu'un grand nombre d'employés apparaissent ou disparaissent à tout moment, et engendre à la fois des possibilités et des difficultés, car les marchés s'efforcent d'équilibrer l'offre et la demande.
[Traduction]
Le Canada se débrouille bien en matière d'adaptation. Des organisations internationales comme l'Organisation de coopération et de développement économique en atteste, de même que le fonds monétaire international, selon lequel notre capacité d'adaptation est bonne.
Cela veut dire que la plupart des gens réussissent à opérer la transition lorsque les entreprises prennent de l'expansion ou déclinent et que l'économie subit des changements. Des marchés qui fonctionnent bien et un bon réservoir national de travailleurs qualifiés et mobiles contribuent à réduire les déséquilibres de l'offre et de la demande qui apparaissent dans certains secteurs et dans certaines régions.
Néanmoins, il faut en faire plus. Des pénuries de main d'oeuvre croissantes dans certaines régions et secteurs reflètent des économies nationales et régionales solides, conjuguées à un ralentissement de la croissance de la main d'oeuvre et à l'augmentation des besoins en compétence. Ces difficultés d'adaptation peuvent, si l'on n'y remédie pas, limiter la croissance du Canada, si les entreprises n'arrivent pas à trouver les travailleurs et les autres ressources dont elles ont besoin pour croître et répondre à la demande du marché du travail.
Cette évolution structurelle a donc un impact différentiel sur l'adaptation des particuliers, des collectivités, des entreprises et des secteurs. Les travailleurs âgés, par exemple, s'ils se débrouillent bien dans l'ensemble, prennent en général plus de temps que les plus jeunes pour trouver un emploi et retourner sur le marché du travail après avoir connu une période de chômage.
La question des travailleurs saisonniers illustre aussi la dynamique de l'adaptation, les défis et les possibilités. Au sujet des travailleurs saisonniers, il faut dire que la saisonnalité de l'économie canadienne a diminué graduellement au fil des années, reflétant le déclin des industries primaires saisonnières; le progrès technologique; et la diminution de la proportion des jeunes au sein de la population active, eux qui comptent traditionnellement sur des emplois saisonniers comme première source de revenu.
Certaines régions sont plus saisonnière que d'autres, en particulier le Canada atlantique, mais l'emploi saisonnier est présent dans toutes les régions d'un bout à l'autre du Canada. En fait, plus de la moitié des travailleurs saisonniers se trouvent en Ontario et au Québec. Ils représentent une proportion plus forte de la main d'oeuvre dans le Canada atlantique, à cause de la concentration des industries saisonnières dans cette région.
Certaines personnes sont contentes d'occuper des emplois saisonniers. Cela correspond à leur préférence à l'égard d'autres activités, par exemple en leur permettant d'occuper temporairement des emplois qui leur donnent de l'expérience de travail — c'est les cas des étudiants — ou dans certaines régions, en permettant aux gens de continuer d'habiter dans leur localité. Cependant, pour d'autres, l'emploi saisonnier à répétition peut créer des difficultés. Par exemple, les travailleurs qui habitent dans des localités éloignées dont l'économie n'est pas diversifiée ont moins de chance de trouver un emploi de rechange hors saison, à cause de la nature de leur emploi.
Au sujet des travailleurs âgés, la structure démographique du Canada change; le vieillissement de la population s'accélère. On prévoit que la proportion de la population âgée de 65 ans et plus va augmenter rapidement au cours des prochaines décennies et cette augmentation sera particulièrement prononcée dans les provinces de l'Atlantique et au Québec. Le vieillissement pose un certain nombre de difficultés dans le contexte canadien. La conséquence la plus notable pour nous est la future croissance de l'offre de travailleurs. Une croissance ralentie de l'offre de travailleurs peu entraîner un ralentissement de la croissance économique et de la hausse de notre niveau de vie. En conséquence, les travailleurs âgés, notamment, — je veux dire les travailleurs dont l'âge se situe entre 55 et 64 ans — représenteront une source de plus en plus importante de main d'oeuvre expérimentée.
[Français]
Comme la population dans la région de l'Atlantique et du Québec vieillit plus rapidement et présente des taux d'activité moindres en moyenne, le vieillissement nuira davantage à l'offre de la main-d'oeuvre.
[Traduction]
À mesure que la population vieillie, les travailleurs âgés deviennent un élément de plus en plus important de la population active, mais ils continuent de se buter à des obstacles pour conserver leur emploi ou retourner sur le marché du travail, notamment en ce qui a trait à l'actualisation de leurs compétences, l'alphabétisation et autres habilités essentielles.
Je précise que j'ai apporté avec moi aujourd'hui le rapport de 2005 sur le vieillissement et les politiques de l'emploi du Canada, un rapport de l'OCDE que je me ferai un plaisir de remettre à la greffière du comité. On y trouve à la fois un examen de la performance du Canada dans le contexte international et certaines recommandations qui pourraient intéresser les membres du comité.
En terminant, je voudrais parler brièvement de l'alphabétisation en milieu de travail. Il est clair que la population active canadienne doit être hautement qualifiée et doit être capable de s'adapter pour être compétitive dans cette économie mondialisée, et il est certain que le fait de savoir lire, écrire et compter et la propension à l'apprentissage tout au long de la vie constituent de solides bases pour assurer des compétences.
[Français]
Dans une économie du savoir, le marché du travail exige non seulement des compétences supérieures, mais aussi un enrichissement et une adaptation constantes des compétences acquises. Une meilleure alphabétisation facilite l'apprentissage, harmonise les transitions et permet donc aux travailleurs de s'adapter plus aisément à l'évolution des exigences professionnelles.
[Traduction]
Il y a convergence du changement dans notre économie et dans notre société, ce passage à une économie du savoir se conjuguant à la faiblesse au Canada de la formation en milieu de travail, ce qui entraîne des changements en profondeur. Vous trouverez de plus amples détails sur l'incidence de ce problème de littératie par secteur, par région, par groupe d'âge et selon d'autres facteurs dans le document que nous vous avons remis.
Je vous remercie pour votre indulgence, monsieur le président, et pour m'avoir écouté jusqu'à maintenant.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci de votre présentation, monsieur Treusch. J'aimerais aborder quelques sujets dont vous avez parlé.
Dans un premier temps, à la page 2 de votre document concernant les travailleurs saisonniers — on devrait peut-être parler plutôt du travail saisonnier — vous dites que dans de nombreux pays nordiques, le travail saisonnier est une caractéristique clé du marché du travail.
Il est intéressant de voir cela. Finalement, cela veut peut-être dire que nous serons en mesure de reconnaître le travail que font ces gens dans les différentes industries partout au Canada, que ce soit dans le domaine de la construction, de l'agriculture, des pêches ou du tourisme. En ce qui concerne la pêche et l'agriculture, il est clair qu'on ne fera pas pousser des pommes de terre au beau milieu de la ville de Toronto. Donc, nous avons besoin des régions rurales, où le travail saisonnier est important, afin de pouvoir offrir ces produits.
J'aimerais souligner deux choses au sujet du travail saisonnier et du travail en général. Premièrement, comme vous le savez, j'ai déposé un projet de loi d'initiative privée qui a pour but d'éliminer les deux semaines que doit attendre une personne avant de recevoir des prestations d'assurance-emploi. On sait tous que l'attente peut dépasser deux semaines. Il peut s'écouler quatre, cinq, six, sept et même huit semaines avant qu'un individu dans le besoin reçoive son premier chèque. Selon moi, c'est inacceptable.
Il y en a peut-être parmi nous qui peuvent se permettre d'attendre deux mois avant de recevoir un chèque de paye et qui sont en mesure de payer l'épicerie, les factures de téléphone, d'électricité et leur hypothèque. Mais je ne suis pas convaincu que quelqu'un qui perd son emploi ait assez d'argent à la banque pour vivre deux mois sans revenu.
Nous ne sommes plus dans les années 1930, où on pouvait aller dans un magasin général pour acheter du tissu et de la nourriture à crédit. Si je comprends bien la logique des semaines d'attente, autrefois, l'informatique n'existait pas ou très peu. On devait faire tout le calcul plus ou moins manuellement. Aujourd'hui, on n'a qu'à presser sur un bouton et on connaît toute l'histoire d'un individu.
J'aimerais que vous commentiez au sujet de l'élimination des semaines d'attente. Cela ferait justement en sorte de reconnaître le besoin des gens. Si les gens doivent recevoir des prestations d'assurance-emploi durant 26 semaines, on devrait au moins pouvoir leur remettre un premier chèque quelques jours après leur visite à un centre d'emploi. Ils ne recevraient peut-être pas immédiatement la totalité du montant, mais au moins, cela leur donnerait un coup de main pour continuer à payer leurs factures. C'est une réalité: il faut que quelqu'un paye la nourriture. Je ne pense pas que c'est l'un d'entre nous ici qui paiera les comptes d'une personne dans le besoin. Nous devons trouver un moyen de les aider, et une façon serait que le gouvernement soit plus souple à ce sujet.
J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que le député soulève deux questions. La première est l'incidence et la nature du travail saisonnier dans l'économie canadienne, par rapport aux pays nordiques. Chose certaine, s'il existe encore au Canada passablement de travail saisonnier, c'est en rapport avec notre géographie nordique, notre climat. C'est aussi attribuable à l'importance continue de l'extraction des ressources naturelles dans notre économie, de même qu'à notre population rurale et clairsemée. Je suis donc essentiellement d'accord avec cela.
Vous remarquerez toutefois dans le document — en fait, c'est vraiment important de nous le rappeler — à la page 5 que plus de la moitié des travailleurs saisonniers se trouvent en fait dans le secteur des services et que bon nombre de ces emplois, notamment dans le tourisme, coïncident avec l'été. Le travail saisonnier est plus diversifié qu'on se l'imagine souvent, et il importe aussi de se rappeler qu'un grand nombre de ces travailleurs sont des étudiants, bien que les estimations diffèrent selon l'origine des données.
Sur votre deuxième point, au sujet de la période d'attente de deux semaines, le député semble soulever une question de politique. Il a fait allusion à un projet de loi d'initiative parlementaire et je suppose que les députés au Parlement vont en débattre et argumenter le pour et le contre.
Dans l'expression « programme d'assurance-emploi », je mets l'accent sur le deuxième mot, à savoir « assurance ». Nous avons tenté de préserver certaines caractéristiques d'un programme d'assurance. Ce n'est pas incompatible avec un programme d'assurance que d'avoir une courte période d'attente. On peut supposer que cela protège le programme contre des fluctuations à très court terme, car des gens pourraient tenter de présenter des demandes et d'alourdir la tâche administrative pour des périodes encore plus courtes. Il ne faut pas perdre de vue que dans ces circonstances, selon la nature de l'emploi, les gens touchent parfois une indemnité de départ, quoique ce soit probablement moins probable pour le travail saisonnier.
C'est donc évident que nous allons nous pencher sur cette question dans la mesure où elle est abordée dans votre projet de loi d'initiative parlementaire.
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Merci, monsieur le président. Je veux vous remercier, monsieur Treusch, de votre présentation. Je remercie aussi vos collègues présents ce matin d'être ici pour nous renseigner.
Lors de votre description de la situation, vous avez fait état du fait qu'à l'heure actuelle, l'économie était à son zénith en termes de fonctionnement, de rentabilité et de performance. Les programmes dont vous avez la responsabilité sont des programmes sociaux qui aident aussi les gens au cours des périodes les plus difficiles. On n'a qu'à penser à l'assurance-emploi, au développement des compétences, à la question de l'alphabétisation, et j'en passe.
Vous pourrez peut-être m'éclairer à ce sujet, mais je suis toujours étonné de voir qu'on met beaucoup l'accent, au cours des présentations, sur la performance économique, et beaucoup moins sur ce que vivent les individus face à la réalité de l'emploi, du chômage, du logement ou de la formation. Je donnerai comme exemple la question de la pauvreté. Récemment encore, on nous a dit qu'il y avait moins de pauvres, justement parce que l'économie va bien. Par ailleurs, on constate que les pauvres sont plus pauvres qu'avant. Un indice démontre cela: les banques alimentaires sont de plus en plus sollicitées. Des représentants de l'Association canadienne des banques alimentaires nous disaient l'an passé qu'au Canada, 850 000 personnes, dont 250 000 enfants, se nourrissaient dans les banques alimentaires. Cette année, ce chiffre a encore augmenté. On nous disait récemment qu'il y avait là 317 000 enfants. J'en arrive à ma question. J'ai fait cette petite démonstration pour que ma question soit bien claire.
À quel niveau cette question vous préoccupe-t-elle? Vous attardez-vous à la situation vécue par les gens qui perdent leur emploi?
Je crois que le fait que l'assurance-emploi soit peu accessible contribue à appauvrir les familles. J'aimerais entendre vos commentaires sur les deux volets dont je viens de parler, soit la situation réelle des pauvres et l'incidence, notamment, de l'assurance-emploi sur cette situation.
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Merci. Le député a posé une question très difficile, monsieur le président.
Premièrement, si je peux me permettre d'ergoter un peu, je ne crois pas avoir dit que l'économie canadienne fonctionne à pleine capacité ou à plein régime. Le message que je voulais transmettre est que, en comparaison de beaucoup d'autres pays industrialisés, au Canada, l'économie et surtout le marché du travail fonctionnent très bien. Si l'on remonte assez loin dans le passé, on constate que l'économie et le marché du travail du Canada n'ont jamais été en meilleure posture.
Cela ne veut pas dire que nous n'ayons pas de problèmes et que les particuliers, les collectivités et les régions n'aient pas de grands défis à relever. En fait, nous ne viendrions pas ici pour vous présenter de l'information sur toute cette problématique de l'adaptation, du travail saisonnier et des travailleurs âgés si nous étions d'avis qu'il n'y a pas de graves enjeux en termes de politique.
Je suis bien sûr d'accord avec le ministre pour dire que s'il n'y avait aucun problème, le ministère devrait peut-être fermer ses portes puisque l'on n'aurait plus besoin de nos programmes. Mais nos programmes existent manifestement, de même que des programmes provinciaux, pour appuyer les particuliers et les aider à opérer cette transition, qu'il s'agisse de l'éducation postsecondaire, ou encore de possibilités de formation, ou bien d'un revenu d'appoint pour les gens qui perdent leur emploi de façon indépendante de leur volonté.
La pauvreté est un très vaste sujet. Dans beaucoup de pays, on constate une tendance à l'agrandissement des écarts entre les revenus, et le Canada ne fait pas exception. Cela fait ressortir toute l'importance du filet de sécurité sociale, pas seulement des programmes comme l'assurance-emploi, mais aussi les régimes provinciaux d'assistance sociale. Donc, quand vous faites allusion aux banques alimentaires et tout le reste, je pense que vous devez vraiment tenir compte du fonctionnement de l'assurance-emploi, de l'assistance sociale et du régime fiscal.
Nous sommes évidemment préoccupés quand des gens perdent leur emploi. C'est la raison d'être du programme d'assurance-emploi et des mesures d'emploi elles-mêmes, les programmes de la partie II, lorsque des fonds sont débloqués et que nous administrons les programmes de concert avec les provinces ou, dans bien des cas, ce sont les provinces qui administrent ces services.
Je ferai remarquer en terminant que le régime fiscal n'est pas sans importance en l'occurrence. Je ne suis pas une autorité en la matière, mais le dernier budget comportait quelques particularités relativement aux personnes en cause et aux difficultés auxquelles vous faites allusion. Le crédit d'impôt à l'emploi, qui constitue un soutien à l'emploi, et la prestation proposée dans le cadre de l'impôt sur le revenu... On propose une mesure incitative additionnelle pour aider les gens à opérer la transition sur le marché du travail.
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Oui, nous allons nous en remettre à M. Atherton pour ce qui est des données relatives à l'assurance-emploi.
Brièvement, au sujet de l'alphabétisme, il est exact d'affirmer que les résultats du Canada n'ont pas beaucoup évolué en une décennie. Je suis même en mesure de le confirmer.
Pour ce qui est du sous-emploi cependant, je suis assez mal placé pour vous répondre de manière tout à fait satisfaisante, mais il existe beaucoup d'études sur le sujet. Votre question comporte de nombreux aspects.
Il y a souvent non-concordance entre les compétences et l'expérience d'une personne donnée et l'emploi qu'elle occupe. Ainsi, par exemple, il y a des travailleurs qui sont sur-scolarisés par rapport à leur emploi. C'est un exemple parmi d'autres de décalage, qui s'explique par diverses raisons. Comme c'est toujours le cas, la question est complexe. Parfois la non-concordance tient à des réalités régionales, parfois elle résulte du choix de la personne concernée, cette dernière ayant peut-être changée de domaine, et parfois encore elle peut être causée par la faiblesse du marché du travail.
Lorsqu'il correspond à un emploi à temps partiel, le sous-emploi est dans la plupart des cas volontaire. La majorité des employés à temps partiel choisissent leur régime. Ils concilient ainsi soit la vie au foyer et au travail, soit les études et le travail. Cela dit, il y a aussi des gens qui travaillent à temps partiel sans l'avoir choisi et qui préféreraient un emploi à plein temps.
Enfin, il y a le phénomène de la précarité. Ainsi, il y a de plus en plus de contrats de travail ou d'emplois temporaires, et certains des contractuels préféreraient sans doute la stabilité ou la certitude d'un emploi permanent, ou certains des autres avantages qui lui sont inhérents. Dans l'économie moderne cependant, l'emploi temporaire est un phénomène croissant.
Il y a beaucoup de renseignements à consulter sur le sujet, madame Savoie.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord préciser ce qui suit. Il y a une réalité que certaines personnes ne comprennent pas, à savoir que les entreprises des régions rurales, que ce soit dans la région de l'Atlantique, au Québec ou dans le nord de l'Ontario, ont elles aussi besoin d'employés.
Notre réalité à nous, qui sommes du Canada atlantique, veut que des personnes provenant d'autres pays viennent combler des vides. Or, ce n'est certainement pas en transférant des employés d'une région à une autre qu'on sera en mesure de résoudre l'ensemble du problème.
J'aimerais maintenant aborder la question de l'alphabétisation. Je suis convaincu que vous êtes au courant de la situation. Au Nouveau-Brunswick, le taux d'analphabétisme est d'environ 67 p. 100. On n'entend pas par là que ces gens ne savent ni lire ni écrire. On parle essentiellement de leur aptitude à fonctionner vraiment adéquatement au travail. Je sais qu'il y a eu d'autres discussions à ce sujet auparavant.
Dans une situation semblable, avec des pourcentages aussi élevés, on se demande s'il ne faudrait pas prendre des mesures différentes de celles qui existent dans le cadre des programmes réguliers. Je parle ici de programmes dynamiques visant à faire baisser ce pourcentage, qui est vraiment très élevé. Ce n'est pas comme s'il s'agissait de 5, 7 ou 8 p. 100. La réalité est tout autre. Si on retourne en arrière, on se rappelle qu'il y a déjà eu un problème en matière d'éducation. Il est donc possible que dans l'avenir, on voie le problème de l'analphabétisme diminuer lui aussi. Toutefois, pour être en mesure d'y arriver, il faudrait offrir aux gens les outils qui leur permettraient de fonctionner adéquatement au travail.
Vous direz sans doute qu'il s'agit d'une politique, et je le comprends, mais j'aimerais savoir si d'après vous, il serait important d'établir un programme dynamique, ponctuel et vraiment ciblé, de façon à faire tout ce qui est possible pour diminuer ce pourcentage.
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Sans être expert, je sais un peu comment cela fonctionne.
Vous avez tout à fait raison. Tout d'abord, en ce qui a trait à ce que vous avez dit sur le degré de compétence, nous disposons d'un système national de classification des professions, dans lequel les compétences sont réparties selon quatre catégories: A, B, C, D. Il est exact qu'un travailleur de la catégorie A peut être très spécialisé, mais celui de la catégorie D possède néanmoins des compétences lui aussi, alors vous avez raison, le programme concernant les travailleurs temporaires étrangers limite à 12 mois le séjour d'un travailleur des catégories C et D.
Nous avons fait des études pilotes à ce sujet, plus particulièrement en ce qui concerne les camionneurs. Nous essayons de voir si ce système fonctionne. Je ne dis pas que les travailleurs de la catégorie C soient moins spécialisés que ceux de la catégorie B. Le système n'est pas parfait, et les exigences en matière de compétence varient constamment. Nous devons donc réviser constamment notre classification pour nous assurer qu'elle correspond bien à la réalité.
Mais le principe de base, comme Andrew l'a mentionné tout à l'heure, c'est qu'avant d'amener au Canada un travailleur temporaire étranger, nous vérifions si l'employeur a annoncé l'emploi. Il est certain que plus un poste est spécialisé, plus il est difficile de trouver quelqu'un pour l'occuper.
Nous essayons de protéger un peu le système aux échelons les moins élevés, surtout s'il y a des changements dans la conjoncture économique. Même si nous allons chercher Andrew à l'étranger et que nous lui donnons de la formation, il se peut qu'entre temps, l'économie ait changé et que quelqu'un au Canada puisse occuper cet emploi. C'est un peu pour cela que nous disons qu'après 12 mois, Andrew devait retourner dans son pays et l'employeur devrait chercher si des travailleurs canadiens peuvent occuper le poste. Nous constatons qu'aux échelons les moins élevés, c'est souvent le cas, il y a des travailleurs au Canada pour faire le travail.
Le système est-il parfait? Pas du tout, surtout en Alberta, à l'heure actuelle, compte tenu des difficultés que cause un taux de chômage très bas. Mais nous essayons d'adapter le système à l'évolution du marché du travail.