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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité. Je vous remercie aussi de votre invitation.
Je m'appelle Wendy Hannam. Je suis vice-présidente à la direction, Vente et service, Produits et marketing, Opérations internationales, à la Banque Scotia. La Banque Scotia est l'institution financière la plus internationale du Canada, puisque nous sommes présents dans 55 pays et que notre équipe de plus de 75 000 employés sert quelque 19 millions de clients dans le monde entier.
Notre division des Opérations internationales s'occupe de tous les services personnels et commerciaux de la banque à l'étranger, principalement dans les Antilles, en Amérique latine et en Asie. Je suis responsable de la planification stratégique, de la gestion et de la prestation de services bancaires personnels par mon équipe, qui compte 36 000 employés dans 45 pays.
Depuis un an, je participe à des discussions avec l'Agence canadienne de développement international sur les moyens de renforcer la collaboration entre la Banque Scotia et l'ACDI. Je suis heureuse cette occasion de faire part au comité de l'expérience et des idées de la Banque Scotia dans la poursuite des objectifs de développement international.
Le comité a manifesté un intérêt particulier pour la manière dont les entités du secteur privé peuvent agir comme catalyseurs de la croissance économique à long terme et de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. Nous appuyons fermement cette vision et cette approche. On admet de plus en plus aujourd'hui que la croissance, la réduction de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie des gens exigent un secteur privé dynamique, qui constitue un partenaire actif du développement économique.
Je voudrais vous parler aujourd'hui de l'histoire de la Banque Scotia et de son approche du développement des marchés, du lien qui existe entre les objectifs de développement et l'activité bancaire, ainsi que de quelques exemples de réussite de la Banque Scotia dans ce domaine. Je formulerai aussi quelques recommandations inspirées de ce qui a bien fonctionné.
Je vais d'abord vous parler de l'approche de la Banque Scotia en matière de développement des marchés. La recherche des meilleurs moyens d'atteindre les objectifs de développement dans les marchés émergents est très importante pour nous, compte tenu de nos profondes racines et de l'expérience de plus de 120 ans que nous avons acquise dans les pays en développement, depuis l'ouverture de notre première succursale en Jamaïque en 1889.
Nous avons une approche fondée sur la base et gardons une vision à long terme de la meilleure façon de contribuer à la croissance et au développement des économies locales. Nous apprenons d'abord à connaître le marché, nouons des relations solides avec les gouvernements et le secteur privé, établissons une présence, puis développons nos activités avec le temps. Nous embauchons localement et formons des équipes se composant le plus possible de personnes qui comprennent les particularités du contexte local. À cause de notre approche et de notre engagement à long terme, nous sommes considérés comme une banque locale dans chaque marché et, à de nombreux égards, nous fonctionnons comme une banque locale.
Notre engagement envers la responsabilité sociale de l'entreprise repose notamment sur une forte présence dans les collectivités locales. Nous appuyons des centaines d'organismes de bienfaisance locaux et régionaux, de causes civiques et d'organisations sans but lucratif. Notre programme mondial de philanthropie et de bénévolat des employés, intitulé « Un avenir meilleur », vise à répondre aux besoins des communautés locales au niveau de la base.
La Banque Scotia appuie des programmes de littératie financière qui donnent aux clients un accès à de l'éducation, à des ressources et à des conseils sur les finances personnelles. Par exemple, nous sommes partenaires du programme « L'économie pour le succès » de Junior Achievement dans 10 pays, au Canada, en Amérique latine et dans les Antilles. Ce programme apprend aux élèves les rudiments des finances personnelles et leur fait connaître des possibilités d'études et de carrières connexes.
Bien que la philanthropie ait des effets positifs sur les communautés locales des marchés en développement et constitue un grand élément de ce qu'on pourrait appeler la responsabilité sociale traditionnelle de l'entreprise, ce n'est pas de cela que je veux parler aujourd'hui. Plus de 90 p. 100 des emplois dans les pays en développement se trouvent dans le secteur privé. Le rythme de croissance et la qualité des emplois dans le secteur privé ont une influence critique sur le développement. La participation des pauvres à la croissance économique sur les marchés officiels — ce qu'on appelle la « croissance favorable aux pauvres » — est le meilleur moyen de sortir les gens de la pauvreté et de leur dépendance de l'aide gouvernementale.
Il est essentiel de rendre les entreprises plus inclusives. Une entreprise est inclusive si elle s'efforce de réduire la pauvreté en incluant les collectivités à faible revenu dans sa chaîne de valeurs, sans perdre de vue le but ultime des affaires, qui est de réaliser des profits. On peut exercer une influence réelle en se servant des entreprises à but lucratif comme levier économique.
Une croissance inclusive doit s'étendre à de nombreux secteurs et toucher une grande partie de la population active du pays. Elle tient compte à la fois du bien-être des pauvres et des possibilités ouvertes à la majorité des travailleurs, qu'ils soient pauvres ou de la classe moyenne. L'approche de la croissance inclusive se fonde sur l'emploi productif comme important moyen d'accroître le revenu des groupes exclus.
Je vais maintenant examiner le rôle spécial du secteur bancaire. Le secteur bancaire a un rôle crucial à jouer. En général, il réduit la pauvreté et l'inégalité en contribuant à la croissance économique grâce au crédit. L'infrastructure institutionnelle du secteur financier contribue aussi à réduire le coût de l'information, des contrats et des transactions, ce qui accélère la croissance.
Comme les gouvernements doivent créer des infrastructures avec des budgets limités, les banques aident à combler l'écart en offrant des services de conception, de structuration et de mise en oeuvre de solutions financières pour réaliser les projets d'infrastructure. L'unité spécialisée de la Banque Scotia, Financement mondial d'infrastructures, a des équipes qui s'occupent plus particulièrement de l'Amérique latine, de l'Europe et de l'Asie. Pour les pays en développement de l'Amérique latine, nous concentrons nos efforts sur les pays où nous sommes présents, comme le Mexique, le Chili, la Colombie, le Pérou et le Brésil.
L'aspect qui est probablement le plus important, c'est que les banques luttent directement contre la pauvreté en donnant accès à des services bancaires de base dans un marché officiel, ce qui agit comme force d'inclusion. Dans la plupart des pays en développement, l'accès aux services financiers officiels ne touche que 20 à 50 p. 100 de la population. On se rend de plus en plus compte que l'accès à un vaste éventail d'outils financiers, comme les produits d'épargne, les services de paiement et le microcrédit, accroît considérablement la capacité des pauvres d'augmenter ou de stabiliser leur revenu, de bâtir un patrimoine et de mieux résister aux chocs économiques tout en renforçant la sécurité de la famille.
Au sujet de notre succès en Haïti, je dirai que l'expérience de la Banque Scotia dans ce pays, après le séisme dévastateur de janvier 2010, est un bon exemple des rôles différents que la philanthropie et des plans d'affaires inclusifs jouent lorsque survient une crise dans un pays en développement. Tout de suite après le séisme, notre équipe en Haïti a travaillé jour et nuit pour s'assurer que les succursales étaient sécuritaires et pouvaient accueillir nos clients et nos employés. Elle a ouvert trois de nos quatre succursales haïtiennes en quelques jours. La Banque Scotia a aidé les organismes internationaux à distribuer de l'aide à 100 000 personnes, fait des dons à la Croix-Rouge et à notre fonds de secours aux employés et aidé à trouver des logements temporaires pour ceux qui en avaient besoin.
À la fin de 2010, la banque, de concert avec Digicel, a lancé un service financier de « porte-monnaie électronique » sous la marque de commerce TchoTcho Mobile. Ce service a rendu les opérations bancaires plus accessibles dans un pays où seulement 10 p. 100 de la population a un compte bancaire classique, mais où 85 p. 100 des ménages ont accès à un téléphone portable. Dans ce pays où le tremblement de terre a endommagé ou détruit une grande partie des infrastructures, le service a permis aux clients d'effectuer en toute sécurité des opérations financières de base, comme des retraits, des dépôts, des virements et des paiements, afin que l'économie puisse continuer à tourner. Les entreprises ont utilisé le porte-monnaie électronique pour recevoir des paiements provenant de clients en règlement de biens et de services et pour payer leurs employés. Le projet a eu un énorme succès sur les plans de l'inclusion financière et de l'appui au développement, tout en étant rentable.
À la fin de 2011, TchoTcho Mobile comptait plus de 473 000 utilisateurs. Il traite actuellement près de 10 000 transactions par jour dans un pays où seulement quatre millions de personnes ont un téléphone portable. Le projet est appuyé par un réseau national de plus de 900 agents correspondants. Il a été louangé dans le monde pour sa contribution au développement économique. Il a reçu le prix Beyond Banking de la Banque interaméricaine de développement et le prix Global Telecoms Business Innovation de 2011 pour l'innovation en matière de services à la clientèle.
Nous nous apprêtons à lancer un projet pilote de porte-monnaie électronique au Pérou et au Salvador et avons l'intention d'offrir ce service dans d'autres pays de l'Amérique latine et des Antilles.
La microfinance est une autre activité inclusive dans laquelle nous avons très bien réussi. La Banque Scotia offre des services novateurs de microfinance aux petits entrepreneurs et aux propriétaires de micro-entreprises du Pérou, du Chili, de la République dominicaine, du Guatemala et de la Jamaïque. Notre filiale CrediScotia du Pérou est notre plus gros service de microfinance. Nous considérons comme clients de la microfinance les travailleurs autonomes et les propriétaires de micro-entreprises dont le revenu annuel brut est inférieur à 100 000 $ et qui ont besoin de financement pour investir dans le développement et la croissance de leur entreprise.
Il est établi que la microfinance est un important moteur du développement économique dans les communautés mal servies. C'est un outil important pour appuyer les buts et les aspirations des femmes en particulier. Près de 60 p. 100 de nos clients de la microfinance au Pérou sont des femmes. Elle contribue aussi à la croissance de l'économie officielle en offrant du financement à des gens qui, autrement, devraient s'adresser aux circuits informels.
J'en viens maintenant aux recommandations. Les trois thèmes prioritaires de l'ACDI sont déjà alignés de très près avec les valeurs et les activités de la Banque Scotia. Comme je l'ai déjà dit, des données probantes montrent que le développement du secteur financier a un grand impact sur le développement. En Haïti, dans les Antilles et au Pérou, nous avons déjà enregistré des succès en collaborant avec l'ACDI, mais nos deux organisations pourraient certainement faire mieux. J'ai déjà eu des discussions très ouvertes et productives avec l'ACDI depuis un an. J'ai hâte de les poursuivre pour approfondir quelques aspects particuliers que nous avons cernés.
Plus précisément, nous recommandons premièrement d'encourager l'ACDI à publier une stratégie de développement du secteur privé.
Deuxièmement, tandis que le rôle du secteur privé attire de plus en plus l'attention des gouvernements, des agences de développement et des institutions financières internationales, les autres parties intéressées et le public sont insuffisamment renseignés sur les contributions du secteur privé et les comprennent mal. Une communication accrue entre l'ACDI, les partenaires du secteur privé et le public serait utile à cet égard.
Troisièmement, étant donné les ressources limitées et les compressions budgétaires, l'efficacité de l'aide et l'impact maximal deviennent cruciaux. Il est important que les secteurs public et privé optimisent leurs avantages comparatifs. L'ACDI devrait donc avoir la souplesse nécessaire pour financer des études de faisabilité, co-investir ou participer à l'atténuation des risques liés aux projets du secteur privé.
Quatrièmement, l'échelle étant un facteur clé de maximisation de l'impact, elle doit être prise en compte. Cela implique d'exploiter les points forts des grands partenaires privés et de collaborer avec de multiples partenaires.
Cinquièmement, il faut se demander si la structure actuelle de l'ACDI lui donne la souplesse et le mandat nécessaires pour collaborer efficacement avec le secteur privé. Il y a différents modèles que peuvent adopter les agences de développement, les banques de développement et les institutions financières internationales. Le comité devrait se demander si l'ACDI possède la structure et le mandat qu'il faut pour s'allier efficacement avec ces institutions et avec le secteur privé. Par exemple, quelques agences de développement d'autres pays — Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne — disposent de fonds ou d'établissements de financement du développement visant expressément à appuyer les initiatives de développement de leur secteur privé.
Sixièmement, enfin, nous recommandons de participer directement à l'édification d'infrastructures financières de base: droits de propriété, lois sur les transactions sécurisées, registres de sûretés, bureaux de crédit, outils pour les PME, littératie financière, harmonisation réglementaire régionale et réglementation financière.
Je crois que les antécédents de la Banque Scotia et notre profond engagement envers le développement des marchés émergents, y compris les succès récents de nos activités inclusives, nous placent dans une position unique pour présenter notre point de vue sur ces questions. J'espère que ces recommandations vous seront utiles dans vos délibérations.
Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de votre question.
La Banque Scotia a commencé à s'occuper de microfinance lorsqu'elle a racheté une banque au Pérou. Le Pérou a une très, très longue expérience du microcrédit. Par conséquent, lorsque nous avons décidé d'établir des services de microfinance à la Banque Scotia, nous nous sommes servis du modèle péruvien pour développer nos opérations en République dominicaine, en Haïti, au Chili et dans d'autres marchés.
Juste avant de venir ici, j'avais pris la parole à l'Université d'Ottawa. Quelques étudiants m'ont demandé comment fonctionne la microfinance et en quoi elle se distingue des services bancaires traditionnels. J'ai répondu qu'à titre de Canadienne ayant 25 ans d'expérience de la banque au Canada, j'avais été impressionnée, au cours d'une visite effectuée au Pérou il y a deux ans, de voir nos opérations de microfinance. Je suis vraiment fascinée par les perspectives qu'elles ouvrent aux entrepreneurs pour leur permettre de nourrir leur famille et de créer des emplois.
Le fonctionnement de notre réseau de microfinance est très différent de celui d'une succursale bancaire. Dans le cas de la Banque Scotia, nos agents se rendent en motocyclette dans les collectivités où nos clients vivent et travaillent. Ils partent avec leur carnet et leur crayon pour discuter avec le propriétaire d'entreprise de ses clients, de ses ventes et du prix qu'il paie pour ses fournitures et ses services publics. Les états financiers ne sont pas très courants dans ce genre d'activité, de sorte que nos agents doivent estimer eux-mêmes les chiffres d'affaires et les paiements que les propriétaires peuvent se permettre d'effectuer. Ils peuvent alors prendre une décision au sujet des critères de crédit.
Les mêmes agents sont également responsables de la perception des paiements. Par conséquent, ils vont régulièrement enfourcher leur moto pour aller chercher les paiements. De toute évidence, nous n'avons pas et ne tolérons pas des pratiques de perception prédatrices.
Nous avons un réseau extrêmement étendu de succursales et de kiosques situés dans des locaux de vente au détail ainsi qu'un certain nombre de points de service non traditionnels, que nous connaissons bien au Canada, c'est-à-dire des endroits où les gens peuvent se rendre pour faire un paiement. Nous essayons de faire en sorte que les clients trouvent très facilement ces endroits.
Je ne voudrais pas m'appesantir là-dessus, mais il y a un mode de fonctionnement que je trouve fascinant et qui transformera sûrement le monde: la banque mobile accessible par téléphone portable. Nous serons de plus en plus en mesure d'accorder des prêts au téléphone, et les gens pourront, de leur côté, faire des paiements également par téléphone par l'entremise de nos points de distribution.
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Nous disons toujours en plaisantant que nous avons ouvert une succursale en Jamaïque avant d'en avoir une à Toronto. À ses débuts, notre banque finançait le commerce entre la côte Est et les Caraïbes. C'est notre histoire et c'est la voie que nous avons suivie. Nous avons plus de 120 ans d'expérience dans les marchés en développement.
Il y a une trentaine d'années, nous avons eu l'occasion de nous établir sur le marché mexicain. Quelques dirigeants visionnaires ont envisagé de le faire.
Nous faisons beaucoup de recherches et d'études de marché avant de nous établir quelque part. Bien sûr, nous examinons la stabilité politique et le niveau de corruption. Toutes ces choses doivent répondre à nos critères, sans quoi nous renonçons au marché en cause.
Si nous décidons de nous établir dans un marché, nous procédons habituellement par voie d'acquisition. Nous examinons la qualité et la culture de l'entreprise pour déterminer si elles sont compatibles avec notre culture. En l'absence d'une culture et de valeurs communes, l'adaptation serait difficile, indépendamment de la rentabilité de l'entreprise.
Nous faisons énormément de recherches préalables. Dans notre cas, nous avons acquis un certain niveau d'expertise en Amérique latine. Nous avons une longue histoire dans les Caraïbes, et nous commençons à en avoir une en Amérique latine aussi, du Mexique jusqu'au Pérou et au Chili, et jusqu'à la Colombie, le Brésil et l'Uruguay l'année dernière.
Nous avons maintenant une connaissance de base de l'espagnol. Au siège social, nous apprenons tous l'espagnol. Plus de la moitié des employés de la Banque Scotia connaissent l'espagnol, souvent comme première et seule langue. Nous avons aussi une connaissance de base de la culture latino-américaine.
On m'a demandé à l'université pourquoi nous n'avons pas d'activités en Afrique. C'est parce qu'il faut énormément de temps, d'énergie et d'attention au niveau de la direction pour se familiariser avec un marché et une culture. Pour nous, à part le Canada, c'est l'Amérique latine, les Caraïbes et l'Asie.
Excusez-moi. C'était une bien longue réponse.
Je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de me joindre à vous cet après-midi. J'essaierai de ne pas parler trop longtemps pour être en mesure de répondre aux questions que vous voudrez me poser.
Cela fait près d'un an que j'ai assumé mes nouvelles fonctions de ministre des Affaires étrangères.
J'ai comparu pour la dernière fois devant vous en décembre. Depuis, la situation a évolué à beaucoup d'endroits dans le monde, parfois de façon assez radicale.
[Français]
La situation en Syrie nous préoccupe tous grandement. Le Canada a rapidement pris des mesures en condamnant les violentes attaques du régime Assad contre le peuple syrien. Nous avons imposé une série de sanctions qui visent les dirigeants de la Syrie et leurs sources de financement.
[Traduction]
Nous avons également mis en train une évacuation volontaire des Canadiens qui se trouvaient en Syrie. Nous avons ainsi facilité le départ de centaines de Canadiens. Durant cette période et dans le mois qui a suivi, notre ambassadeur est resté sur place, mais le personnel de l'ambassade a été réduit. La sécurité de ce personnel a joué un rôle de premier plan dans la décision que nous avons prise de poursuivre nos activités. La semaine dernière, nous avons estimé que la situation de la sécurité s'était aggravée au point où il nous était difficile de maintenir notre personnel à Damas.
La communauté internationale maintient son appui au peuple syrien et, même si quelques pays ont choisi de faire obstacle à des progrès sensibles dans des tribunes internationales, le groupe des Amis du peuple syrien constituera un forum clé pour examiner la situation encore plus à fond.
J'espère partir très bientôt pour assister à la deuxième réunion de ce groupe.
Il ne faut pas se leurrer: ceux qui ont choisi de faire obstacle à une résolution en Syrie auront le sang du peuple syrien sur les mains, et l'histoire se chargera de les juger.
Dans la même région générale, l'Iran demeure une importante menace non seulement au Moyen-Orient, mais pour toute la planète. Je vais apaiser les préoccupations du comité en déclarant sans équivoque que, pour nous, il est absolument essentiel de recourir à toutes les mesures diplomatiques possibles pour régler pacifiquement cette affaire.
Les sanctions commencent à avoir des effets concrets dans le pays. La communauté internationale doit donc redoubler d'efforts à cet égard.
[Français]
Notre responsabilité en tant que parlementaires, comme mon rôle en tant que ministre des Affaires étrangères, consiste à représenter les valeurs fondamentales de nos citoyens: la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit. Nous garderons en tête ces valeurs au moment d'évaluer toutes les situations auxquelles nous faisons face. Il en sera toujours ainsi.
[Traduction]
À ceux qui jugent que les sanctions sont un moyen trop faible pour provoquer des changements, je ne peux que demander de considérer mon dernier voyage. Les transformations qui se produisent en Birmanie suscitent pour tous un optimisme prudent. Tout en attendant d'autres réformes de la part du gouvernement birman ainsi que les résultats des élections complémentaires prévues en avril, nous ne pouvons qu'être frappés par les événements dont nous sommes témoins. J'exhorte le président de la Birmanie à maintenir le cap et à poursuivre le dialogue avec son ministre des Affaires étrangères. Je suis également heureux de signaler que j'avais apporté avec moi plusieurs livres sur notre démocratie parlementaire, à la demande du Président du Parlement birman.
Je suis fier d'avoir été le premier ministre canadien des Affaires étrangères à visiter la Birmanie. Je veux également faire part au comité de ce que je pense d'Aung San Suu Kyi. Je dois dire que c'est l'une des personnes les plus impressionnantes que j'ai rencontrées au cours de mes 15 ans en politique. Son engagement envers le peuple birman est aussi inébranlable que sa détermination à faire de la Birmanie une société plus inclusive et plus libre. J'ai été très fier de lui présenter son certificat de citoyenneté honoraire du Canada au nom du gouvernement et de la Chambre des communes, qui a voté à l'unanimité en faveur de cette mesure. Je vous en remercie.
Je voudrais vous dire, pour conclure, que je me souviens de vous avoir dit, lors de ma dernière comparution devant le comité en décembre dernier, que les Affaires étrangères constituent de plus en plus un portefeuille économique.
[Français]
En tant que ministre, j'examine la situation à la lumière de nos valeurs, mais aussi de nos intérêts économiques. Nous constatons que ces intérêts sont bien accueillis partout dans le monde. Le premier ministre a accompli de grandes choses en Chine, dans l'ensemble de la région de l'ANASE et en Amérique latine dont tous les Canadiens peuvent être fiers.
La diversification de nos échanges commerciaux est d'une importance vitale pour notre prospérité future. En outre, le fondement de ces programmes économiques repose sur les relations. Il s'agit d'une notion fondamentale, et c'est l'objectif que je m'efforce d'atteindre.
[Traduction]
Les bases de ce progrès économique reposent largement sur les relations que nous établissons. C'est ce que je m'efforce de réaliser parce que je crois que c'est fondamental.
Permettez-moi enfin de dire que presque tous les membres du comité m'ont pris au mot lorsque j'ai offert des séances d'information animée par des responsables des Affaires étrangères. Je continue à vous faire cette invitation, maintenant et en permanence.
Je continue à me féliciter de nos bonnes relations de travail. Je crois que nous donnons de l'espoir aux Canadiens lorsqu'ils nous voient travailler ensemble dans cet important domaine. Ma porte est toujours ouverte.
Cela dit, j'ai maintenant le plaisir de céder la parole à ma collègue.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureuse d'être ici.
Ayant siégé dans les rangs de l'opposition pendant 13 ans, je sais ce que cela signifie. Maintenant que j'occupe ces fonctions, il y a des choses qui me manquent, comme siéger à des comités et discuter avec des collègues de tous les partis. C'est un plaisir pour moi d'être parmi vous et d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Le ministre Baird m'a demandé de le seconder dans deux domaines: les Amériques et les affaires consulaires. Je vais commencer par donner un bref aperçu de nos relations avec les Amériques.
Vous savez, j'en suis sûre, que le premier ministre Harper a fait des Amériques une priorité de notre politique étrangère en 2007. Quatre ans plus tard, j'estime que nous avons été dynamiques et que nous avons fait beaucoup d'efforts en faveur de la prospérité, de la sécurité et de la démocratie dans l'hémisphère. Ces quatre dernières années, il y a eu plus de 150 visites de personnalités canadiennes dans la région, dont la visite la plus récente effectuée par le premier ministre Harper en août. Nous avons plus d'accords de libre-échange avec les Amériques qu'avec n'importe quelle autre région du monde.
Toutefois, l'accroissement des perspectives économiques exige de la paix et de la stabilité. Les problèmes de sécurité et de gouvernance de la région constituent une menace à la fois directe et indirecte non seulement pour ses habitants, mais aussi pour le Canada et les intérêts canadiens. Nous avons investi près de 2 milliards de dollars ces trois dernières années pour augmenter la sécurité et renforcer les institutions démocratiques de la région, sous forme d'aide à l'étranger, de contributions multilatérales et de programmes axés sur la sécurité.
Il est important de le souligner, je crois, parce que le public canadien commence à peine à se rendre compte des possibilités extraordinaires que les Amériques présentent pour nous. Notre engagement renouvelé se base, comme le ministre Baird l'a dit, sur l'expansion de nos liens commerciaux et d'investissement avec le monde et, dans le cas des Amériques, plus particulièrement avec le Brésil et avec nos partenaires actuels de l'ALENA. Nous voulons être sûrs que les entreprises canadiennes profitent des ententes que nous avons conclues avec nos partenaires des Amériques.
Nous avons également l'intention de faire fond sur nos efforts multilatéraux dans l'hémisphère pour combattre la criminalité transnationale organisée. Notre gouvernement continuera à appuyer nos voisins pour renforcer les institutions et créer des capacités favorisant la stabilité et la croissance, tout en partageant nos pratiques exemplaires et en faisant la promotion des valeurs canadiennes.
Je peux vous dire sur la base de mes voyages — et je sais que le ministre Baird est du même avis — que le respect qu'inspire le Canada est vraiment frappant. L'un des aspects les plus intéressants de ce portefeuille est de constater à quel point le Canada est tenu en haute estime aussi bien dans les Amériques que partout dans le monde.
Collègues, nous sommes très attachés à l'Organisation des États américains. C'est la principale organisation multilatérale de l'hémisphère, et la seule dont le Canada soit membre. Notre contribution aux Amériques est de nature pangouvernementale, faisant intervenir une foule de ministères, d'organismes et de sociétés d'État.
Mon second mandat porte sur les affaires consulaires. Vous savez peut-être que notre gouvernement a été le premier à nommer un ministre chargé particulièrement de ce domaine.
Les Canadiens adorent voyager. En 2010, ils ont fait plus de 56 millions de voyages à l'étranger. En très grande majorité, ces voyages ne sont marqués d'aucun incident, mais, même s'ils sont très bien préparés, certains Canadiens ont des difficultés.
Dans la seule année 2011, plus de 228 000 dossiers consulaires ont été ouverts, dont plus de 6 700 cas urgents comprenant notamment des arrestations, des détentions, des décès et des urgences médicales.
Certains cas consulaires retiennent beaucoup l'attention. Un certain nombre d'entre vous s'en sont occupés personnellement. Toutefois, ces cas ne représentent que moins de 1 p. 100 des dossiers traités par notre personnel consulaire partout dans le monde.
Je dois également noter que, dans les 18 derniers mois, notre capacité d'aider nos concitoyens à l'étranger a vraiment été mise à l'épreuve. En l'espace d'un an et demi, nous avons eu une cinquantaine de crises internationales dans 36 pays, dont l'Égypte, la Libye et le Japon, sans compter notre évacuation volontaire en Syrie, dont le ministre Baird vient tout juste de parler.
La récente ouverture du Centre de surveillance et d'intervention d'urgence dans l'édifice des Affaires étrangères à Ottawa facilitera beaucoup les choses à cet égard.
Monsieur le président, le comité voudra peut-être profiter de l'occasion pour visiter cette nouvelle installation ultramoderne. Auparavant, les gens qui s'occupaient des crises et des évacuations étaient tous entassés ensemble dans des locaux du sous-sol. Ils sont maintenant logés dans un centre à la fine pointe de la technologie, qui est vraiment impressionnant.
Le centre est une plateforme de réaction concertée de l'ensemble de l'administration fédérale aux urgences qui se produisent à l'étranger. Il est équipé pour accueillir non seulement les travailleurs des services d'urgence du MAECI, mais aussi ceux d'autres organisations fédérales partenaires, comme Citoyenneté et Immigration Canada.
Monsieur le président, des collègues se sont chargés d'activités d'information partout au Canada et continueront à le faire. Le but est de mieux sensibiliser les Canadiens au travail des services consulaires. Nous voulons nous assurer que les Canadiens disposent des renseignements nécessaires prendre des décisions éclairées et responsables avant de partir pour l'étranger. En fin de compte, personne d'autre que vous ne peut mieux assurer votre sécurité, qui dépend essentiellement de vous et des décisions que vous prenez.
Nous avons eu des discussions avec des intervenants de l'industrie du voyage et des universités. Je crois que nous avons formé des partenariats très utiles qui nous aideront à renseigner et conseiller les voyageurs et à leur transmettre un message de prévention.
Plus de 3 millions de Canadiens vont au Mexique, à Cuba et en République dominicaine chaque année. Nous avons eu des entretiens avec des responsables de haut niveau des gouvernements de ces pays pour discuter des questions qui sont importantes pour les voyageurs canadiens. Nous croyons qu'en renforçant ces relations, nous arriverons à surmonter certains irritants consulaires systémiques. Les mesures prises ont déjà permis de régler un certain nombre de cas.
Ce genre d'engagement international a été le premier du genre à mettre en évidence la prévention axée sur les citoyens. Nous avons montré ainsi de façon concrète que le gouvernement du Canada se soucie vraiment de la sécurité des Canadiens qui voyagent à l'étranger.
Je voudrais vous remercier encore une fois de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Beaucoup d'entre vous ont pris contact avec moi ou avec certains de mes collaborateurs au sujet de cas qui vous intéressaient particulièrement.
Je serais maintenant heureuse de répondre à vos questions.
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C'est un domaine très difficile parce que les cas sont tous très pénibles. Ces enlèvements suscitent de fortes émotions et beaucoup de chagrin.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, ministre Baird, mais Lois est dans une certaine mesure la personne qu'il faut aller voir dans les cas de ce genre parce qu'elle a acquis une bonne expérience et des connaissances assez étendues dans ce domaine. Je sais que d'autres membres du comité connaissent aussi très bien le sujet.
Dans ces affaires, c'est toujours la province qui intervient en premier parce que les ordonnances de garde d'enfants sont rendues par les tribunaux provinciaux de la famille. La province fait généralement appel à la Police provinciale de l'Ontario ou au service local de police, qui travaille souvent avec des ONG comme Enfant-Retour et d'autres intervenants spécialisés pouvant prêter leur concours.
On demande souvent au gouvernement du Canada d'aller chercher l'enfant et de le ramener au parent qui a une ordonnance de garde et qui estime que quelqu'un devrait l'exécuter. On s'attend à ce que le gouvernement du Canada le fasse. Malheureusement, il n'est pas en mesure de le faire. Nous devons travailler dans le cadre juridique qui existe, aussi bien dans notre pays que dans le pays où se trouve l'enfant.
Beaucoup de pays ont signé la Convention de La Haye, que le Canada encourage les autres pays à adopter. La Convention de La Haye dit essentiellement que la décision concernant la garde de l'enfant devrait être laissée au pays où il réside ordinairement. Cela est très utile parce que c'est un critère très clair qui permet de déterminer facilement quel pays a compétence en la matière. Nous soutenons souvent que la convention impose de laisser les enfants rentrer au Canada.
Ce qui complique souvent ces affaires, c'est que les enfants enlevés ont souvent une double citoyenneté. Or il arrive fréquemment que l'autre pays soit très réticent quand il s'agit de céder la garde de l'enfant au Canada, même si l'enfant est citoyen canadien. Il y a donc des appels devant d'autres tribunaux pour leur demander de passer outre aux dispositions de la Convention de La Haye dans ce cas particulier. Ces affaires peuvent donc être très complexes, et le sont effectivement assez souvent.
Il y a des choses que les parents peuvent faire s'ils pensent que leur enfant risque d'être enlevé. Ils peuvent par exemple demander à Passeport Canada d'inscrire l'enfant sur sa liste de sécurité. Ainsi, si l'enfant voyage avec un passeport canadien ou si un parent qui a l'intention de l'enlever essaie de se faire délivrer un passeport pour lui, les employés de Passeport Canada le sauront immédiatement et consulteront les deux parents. Il y a un protocole permettant de s'assurer du consentement de tous les intéressés.
Il est utile pour un parent qui voyage avec un enfant de porter sur lui une lettre de consentement notariée. Celle-ci aidera l'agent des services frontaliers à déterminer s'il y a lieu de s'inquiéter ou de poser des questions supplémentaires. C'est aussi une chose dont il faudrait informer nos agents consulaires dans les autres pays. Par conséquent, si vous croyez que votre enfant risque d'être emmené dans un autre pays, il suffit d'en informer notre mission là-bas. Cela aiderait notre personnel à connaître les détails de l'affaire et à collaborer avec les autorités locales en cas de problème.
Les parents peuvent également trouver sur le site Web voyage.gc.ca des publications pouvant les aider dans ces situations tellement éprouvantes. Les parents devraient également se rendre compte que, dans les pays musulmans, les pères bénéficient d'une préférence marquée. En fait, dans ces pays, un enfant ne peut pas légalement quitter le pays sans le consentement de son père. C'est encore une autre complication.
Nous nous efforçons de diffuser le plus d'information possible à ce sujet. Nous avons organisé une séance d'information pour les députés et les sénateurs la semaine dernière. Certains d'entre vous y étaient. Il est certainement utile d'en savoir le plus possible, mais il faut se rendre compte qu'il n'y a pas de solution facile. Par conséquent, l'appui que les députés peuvent donner aux parents dans ces circonstances difficiles peut être très réconfortant.