:
Merci de me donner l'occasion de discuter avec vous du rôle actuel du Canada au Mali.
Permettez-moi de dire d'entrée de jeu que l'approche prudente adoptée par le gouvernement canadien est bien accueillie.
Dans le mémoire détaillé que je vous ai fait parvenir, je propose cinq principes pouvant guider les décisions du Canada quant à la façon de contribuer à l'établissement d'une paix durable au Mali. Ces principes permettent d'évaluer l'efficacité de certaines initiatives.
D'autres témoins vous ont déjà parlé avec beaucoup d'éloquence des trois premiers principes qui touchent l'aide humanitaire, le rétablissement de la démocratie et la restauration de la paix entre le sud et le nord du pays. Je vais donc m'en tenir aux quatrième et cinquième principes qui traitent plus directement de la mission militaire au Mali.
À mon avis, il ne faut pas se demander si on va envoyer ou pas des soldats sur place, mais plutôt chercher à savoir ce que pourraient faire ces soldats. La même question se pose pour les troupes pouvant venir du Canada, de France, du Tchad, du Mali, de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ou du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Canada devrait exhorter le Mali et d'autres forces militaires à inscrire la protection des populations civiles vulnérables dans le principal mandat de leur mission et à faire preuve du plus grand respect pour les droits de la personne et le droit humanitaire international. C'est en protégeant les civils vulnérables que l'on pourra obtenir et conserver le soutien des populations locales; cela devrait être l'objectif premier des troupes maliennes et internationales. L'application de ce principe a des répercussions concrètes sur les opérations militaires.
Il est bon de se rappeler qu'Al-Qaïda et les groupes affiliés ont établi une stratégie claire afin d'attirer les militaires occidentaux dans des combats d'usure en terrain hostile à l'aide de tactiques asymétriques pour ensuite affaiblir et épuiser les ressources de leurs adversaires. Pourquoi leur permettre de fixer ainsi les règles en matière d'engagement lorsqu'il existe d'autres cadres possibles pour rétablir la sécurité au Mali et dans l'ensemble de la région du Sahel?
Les actions du Canada et d'autres intervenants au Mali ne devraient pas être caractérisées comme faisant partie d'une mission de lutte au terrorisme. Nous devons plutôt envisager le défi malien comme étant le point culminant de la dérive politique, militaire et ethnique qu'ont exploitée différents groupes.
Les gains initiaux des forces militaires françaises, tchadiennes et maliennes qui sont parvenues à évincer Al-Qaïda et d'autres insurgés de certaines zones urbaines représentent un heureux développement qui n'est toutefois pas définitif, comme vous le savez très bien. Dans les vastes zones rurales, Al-Qaïda et quelques factions touarègues auraient établi des bases et des centres d'approvisionnement qui permettront la poursuite d'attaques asymétriques pendant longtemps encore.
L'armée française et les autres forces militaires en présence pourraient être tentées de mettre à profit la technologie avancée à leur disposition pour lancer des missions de recherche et destruction dans le désert au moyen de frappes aériennes et de drones, et de déployer des forces spéciales pour abattre des insurgés. Cette stratégie de traque systématique s'est en fait révélée néfaste dans d'autres contextes. Comme on dit, pour chaque insurgé tué, il y a 10 frères ou cousins qui se lèvent pour repousser l'ennemi apostat.
La mission militaire au Mali devrait plutôt continuer à mettre l'accent sur la protection des civils dans les régions les plus peuplées et le long des routes utilisées pour les déplacements et le commerce. Les couloirs d'aide humanitaire doivent demeurer ouverts. Il faut patrouiller les frontières aussi efficacement que possible afin de perturber les sources d'approvisionnement des insurgés. On doit freiner ceux qui ont recours à des méthodes terroristes, les capturer et les soumettre aux processus démocratiques de la justice. Il est possible que des capacités militaires soient nécessaires pour accomplir ces tâches de façon intérimaire, mais c'est un rôle qui incombe davantage aux services de police et la mission devrait évoluer en ce sens au fil du temps.
Le régime militaire malien semble violer les droits de la personne et prendre pour cible des civils, en particulier des gens identifiés comme étant des Touaregs et des Arabes. Non seulement ces gestes sont-ils moralement condamnables et contraires au droit international, mais ils amplifient l'aliénation des populations locales et font en sorte qu'il est beaucoup plus difficile de rétablir la démocratie et de négocier une paix entre le sud et le nord.
Robert Fowler, qui a comparu cette semaine devant votre comité, a indiqué dans son livre que, durant sa captivité dans le nord du Mali, il avait régulièrement eu droit avec son collègue, Louis Guay, à la propagande d'Al-Qaïda diffusée en boucle sur un ordinateur.
Il y avait toujours au menu des images et des vidéos d'Abu Ghraib en Irak et de Guantanamo à Cuba où les normes occidentales en matière de droits de la personne étaient sacrifiées sur l'autel de la guerre mondiale contre le terrorisme. Fowler a en horreur ces violations des droits fondamentaux de la personne qu'il dénonce avec véhémence.
Le déploiement des troupes de la CEDEAO au Mali en vertu de la Résolution 2085 du Conseil de sécurité de l'ONU est également bien vu, car les problèmes qui touchent le Mali pourraient affecter bien d'autres pays.
Comme principe général, le Canada doit appuyer les politiques établies et fournir une aide visant à encourager et à habiliter les organismes régionaux et infrarégionaux, dont l'Union africaine et la CEDEAO, pour assurer une mobilisation directe aux fins des opérations de paix sur leurs propres territoires, en présumant bien sûr que la mission est adéquatement autorisée et mise en oeuvre. Les pays voisins connaissent mieux les problèmes que quiconque et sont potentiellement plus réceptifs aux réalités culturelles et autres.
Le Canada doit envisager sérieusement l'octroi d'une aide financière et technique à la mission de soutien international dirigée par l'Afrique au Mali (AFISMA) et à celle qui lui succédera si l'on décide de la reformuler sous les auspices de l'ONU. On devra alors s'attaquer au problème de la circulation illégale d'armes légères et de petits calibres au Mali et dans les pays voisins et mettre en oeuvre dès que possible un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants de toutes les parties belligérantes.
Le contrôle et la réduction du nombre d'armes légères et de petits calibres au Mali et dans l'ensemble du Sahel doivent représenter une priorité absolue pour le Canada et les autres acteurs internationaux au Mali. La CEDEAO a promulgué une Convention sur les armes légères et de petits calibres, leurs munitions et les autres matériels connexes. Cet instrument infrarégional juridiquement contraignant peut fournir le cadre nécessaire pour lutter contre cette menace. Les spécialistes policiers et militaires canadiens en gestion des stocks d'armes et en contrôle des armes aux mains des civils pourraient grandement contribuer à assurer la stabilité à long terme au Mali.
Enfin, les accords de paix sont bien souvent voués à l'échec si les combattants ne sont pas désarmés, adéquatement démobilisés puis réintégrés dans le tissu social et économique de leur collectivité. Des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ont été mis en oeuvre dans de nombreux pays après que des accords de paix eurent été conclus. Encore là, le Canada pourrait faire preuve de leadership en définissant ce besoin et en planifiant la mise en oeuvre des mesures requises à moyen et à long terme. Pour les forces militaires canadiennes, il y a tout un éventail de possibilités pour contribuer à la paix et à la stabilité à long terme au Mali sans livrer combat.
En guise de conclusion, permettez-moi de joindre ma voix à celle du major-général Jonathan Vance qui a déclaré ce qui suit devant votre comité la semaine dernière:
... on pense parfois que les opérations militaires cinétiques constituent la solution magique à la menace islamique. À vrai dire, les opérations cinétiques ne s'attaquent pas aux causes fondamentales. Il faut donc un juste équilibre entre les opérations militaires et tous les autres éléments dont nous avons parlé pour contrer la menace islamique. Les opérations cinétiques ne suffisent tout simplement pas à éliminer ce genre de problème.
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président, membres du comité, bonjour.
[Traduction]
J'aimerais simplement vous donner une petite idée des liens qui m'unissent à l'Afrique. Je crois être le seul Canadien à avoir obtenu un diplôme de l'Université du Rwanda, ce qui nous ramène quelques années en arrière, mais pas si loin tout de même. Tout ça pour vous dire qu'il y a une petite part d'Afrique qui circule dans mes veines depuis.
[Français]
Je vous remercie d'avoir donné l'occasion au Conseil canadien pour l'Afrique de s'exprimer sur une question aussi importante pour l'Afrique, mais également importante pour beaucoup de Canadiens.
[Traduction]
En octobre 2012, notre a fait la déclaration suivante à Paris:
Nous ne devons pas permettre que réapparaissent dans la région du Sahara et au Mali les mêmes problèmes dont le monde a permis l'éclosion en Afghanistan. L'intégrité territoriale... la situation humanitaire, la lutte contre le terrorisme doivent demeurer prioritaires.
Je crois que le ministre a ainsi exprimé ce que les Canadiens pensaient alors et ce qu'ils pensent toujours. Nous devons donc examiner la situation au Mali dans le même état d'esprit et dans la même optique. Exige-t-elle des mesures semblables dans le cadre d'une approche similaire? Pas nécessairement, mais une chose est sûre dans nos esprits: l'absence et l'inaction ne font pas partie de la solution.
Le Conseil canadien pour l'Afrique est une organisation qui a été créée il y a environ 10 ans dans la foulée du sommet de Kananaskis. Nous regroupons des intervenants du secteur privé et du milieu de l'éducation à tous les niveaux. Tous les ministères gouvernementaux s'intéressant au développement économique de l'Afrique sont également membres. Notre mission réside dans le développement économique de l'Afrique. Nous n'intervenons pas vraiment du côté humanitaire comme bien d'autres le font. Nous collaborons avec eux, mais nous nous intéressons principalement à l'économie africaine.
[Français]
L'indifférence et l'inaction sont deux attitudes que le Canada ne peut pas se permettre. Ce serait une grave erreur et nous manquerions à nos responsabilités en tant que pays riche et développé.
[Traduction]
Je suis conscient qu'un certain nombre de témoins ont parlé de la question humanitaire et de la stabilité de la région. J'aimerais aujourd'hui faire la lumière sur le volet économique de la crise et son incidence sur le Canada.
[Français]
Je ne vais pas m'attarder sur tous les scénarios représentant ce qui pourrait arriver dans la région.
[Traduction]
Je vous rappelle que la situation de la région et son évolution possible peuvent être considérées sous bien des angles.
[Français]
Plusieurs ont dû vous brosser un tableau sombre de la situation. Malheureusement, cela pourrait devenir une réalité plus rapidement qu'on ne le pense. Je voudrais invoquer trois raisons pour lesquelles le Canada se doit de jouer un rôle dans le cadre de ce conflit.
Premièrement, certaines entreprises canadiennes ont des investissements très importants au Mali et dans les régions avoisinantes. Au Mali seulement, on compte 30 compagnies minières dont les investissements se chiffrent à 400 millions de dollars. Quoique ces compagnies n'aient pas choisi de quitter le pays, elles seront peut-être obligées de prendre cette décision si la paix ne revient pas. Certaines compagnies ont déjà commencé à ralentir leurs investissements.
Pour la même raison, il ne faut pas s'attendre à de nouveaux investissements. Le Mali est un pays pauvre qui a grandement besoin de ces investissements. Il faut donc protéger l'atout que constituent ses ressources naturelles. Si les investisseurs poursuivent le développement économique, ces ressources permettront au pays de progresser. Dans les pays voisins, notamment le Niger et le Burkina Faso, on parle d'investissements encore plus importants. Ceux-ci totalisent des milliards de dollars.
Le Canada continue lui aussi à jouer un rôle critique pour l'économie du Mali. Pour ceux qui ne le savent pas, depuis les années 2000, une compagnie canadienne, la Canadian Bank Note, qui est établie ici, à Ottawa, a la responsabilité de tout le système d'émission de passeports pour le Mali, du système de contrôle frontalier, des documents fiscaux, des vignettes d'automobiles et des taxes. Cela représente énormément de travail. Ce qui est intéressant au sujet de cet immense travail, c'est que le Canada l'a emporté sur la France, avec qui il était en concurrence dans ce cas-ci. Certains diront que la France se positionne de façon assez extraordinaire pour ce qui est de l'avenir. C'est donc dire que si le Canada n'est pas présent, il va perdre quelque chose d'important.
Plus récemment, une autre compagnie canadienne, CRC Sogema, qui est établie à Montréal, a développé au Mali ce qu'on pourrait appeler le nerf de la guerre, c'est-à-dire le système d'imposition. C'était en cours depuis le début des années 2000 et cela vient de recommencer avec l'établissement d'un système de taxe foncière. Pour le gouvernement malien, cela représente des recettes de 67 milliards de francs CFA. C'est maintenant au-delà de 200.
Ce sont des systèmes économiques de base que le Canada a établis au Mali. Il continue à faire des choses très intéressantes pour les Maliens. Malheureusement, en raison du conflit, certaines de ces recettes ont diminué de façon draconienne. On parle maintenant d'un taux de recouvrement des taxes de 30%. Il était beaucoup plus élevé avant le début du conflit.
Il y a une deuxième raison pour laquelle le Canada devrait répondre à l'appel. Mon collègue ici présent en a parlé. Malgré toute la bonne volonté de plusieurs pays africains qui veulent se porter volontaires pour faire ou maintenir la paix, la plupart d'entre eux n'ont pas les ressources financières nécessaires pour s'équiper adéquatement. Il en va de même pour la formation des ressources humaines.
Comment, dans ces circonstances, une force de frappe ou de paix pourrait-elle assurer la paix, que ce soit dans les grandes villes ou dans l'ensemble du pays? En fait, je crois qu'une intervention uniquement africaine serait très risquée et ne donnerait pas les résultats recherchés, à savoir la paix, la sécurité et la gouvernance démocratique.
Pour ce qui est du troisième point, le Mali me tient beaucoup à coeur. Je suis certain que ce sera le cas de certains membres du comité et peut-être même, je l'espère, de tous ceux qui sont réunis autour de cette table. Le Mali est l'un des rares pays de l'Afrique francophone à pouvoir être qualifié de « pays ciblé ». De fait, depuis les changements effectués par le gouvernement il y a un an ou deux, seuls deux pays francophones sur 26 sont encore ciblés, soit le Mali et le Sénégal.
Si nous diminuons notre présence au Sénégal, la situation dans certains milieux sera encore davantage celle d'un purgatoire qu'elle ne l'est présentement. C'est donc dire que ce pays est fort apprécié par le Canada. Sa gouvernance est citée en exemple depuis plusieurs années et le Canada y a réalisé des programmes d'aide extraordinaires, comme je viens de le mentionner.
Le Canada peut-il se permettre d'être un simple observateur dans ce conflit? Nous ne le croyons pas. Nous avons joué un rôle important en Afghanistan, que ce soit en matière d'aide, de développement, de logistique ou de formation sur le front, notamment. Il y a quelques minutes, nous avons parlé des bottes. En Libye, nous avons aussi joué un rôle actif. À un moindre degré, nous en jouons un qui, bien qu'à l'extérieur de la Syrie, a un impact sur ce pays. Le problème du terrorisme n'est pas près de disparaître. Comme le mentionnait le ministre des Affaires étrangères, il est toujours très présent au Mali et dans la région.
Pourquoi, quand on parle d'un pays aussi démuni, considère-t-on une approche de quasi neutralité? J'exagère peut-être un peu. On n'est pas neutres; on se dit en faveur d'une solution. Cependant, certaines de nos actions indiquent que ce n'est pas loin de la neutralité. Or cela ne cadre ni avec les convictions énoncées par le ministre ni avec celles de la population canadienne.
Nous ne préconisons pas une approche semblable à celle utilisée dans le cas de l'Afghanistan ou dans celui de la Syrie. Par contre, nous croyons que le Canada peut intensifier son aide humanitaire, son aide pour la protection de la population et apporter un appui logistique aux troupes africaines qui sont sur le terrain et qui y seront probablement assez longtemps. Je parle ici de soutien en matière de communications, de formation et de transport. Finalement, nous recommandons que le Canada soit très actif sur les plans diplomatique et commercial.
Sachant que j'allais comparaître aujourd'hui devant ce comité, des membres de certaines compagnies m'ont demandé de transmettre clairement un message aux élus, à savoir qu'ils continuent à travailler en Afrique parce qu'ils sont capables d'avoir un régime qui respecte les lois et les règlements. Selon eux, s'ils disparaissent ou ne sont pas vraiment présents, les investissements canadiens vont être retirés ou le territoire commercial — si je peux me permettre cette expression — va être totalement occupé par d'autres. Si c'est le cas, le Canada sera perdant dans l'un des deux seuls pays où il est passablement présent.
Nous risquons de perdre beaucoup, qu'il s'agisse de notre influence en Afrique, comme je l'ai mentionné plus tôt, de nos intérêts commerciaux, notamment en ce qui concerne nos investissements, ou au plan de la francophonie. J'entends constamment au Canada des déclarations d'autres gouvernements à ce sujet. Je pense que le gouvernement canadien doit également porter attention à cet aspect.
J'ai un peu dépassé les 10 minutes qui m'étaient allouées. Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les deux témoins d'être avec nous.
Je vais partager mon temps avec mon collègue, mais c'est regrettable puisque j'aurais vraiment aimé discuter avec vous, monsieur Siebert. Vous savez que je suis un grand admirateur de Ploughshares depuis des années, et que je le serai encore longtemps.
M. Fowler a comparu plus tôt cette semaine, comme vous le savez, et c'est probablement le témoignage le plus lucide que nous ayons entendu dans le cadre de cette étude. Qu'on l'apprécie ou non, qu'on l'accepte ou non, personne ne peut nier la clarté de son témoignage. Pour une raison que j'ignore, le gouvernement l'a fait passer pour un ancien diplomate un peu obsessif à la suite de son kidnapping.
Il n'en demeure pas moins que vos arguments vont dans la même direction quant aux premières étapes de la riposte militaire. Or, vous considérez le conflit comme une sorte d'insurrection, c'est-à-dire une revendication territoriale fondée sur la politique ou la géographie, ou un conflit ethnique.
De son côté, M. Fowler croit plutôt qu'il s'agit du djihad, et que les rebelles se fichent bien de l'intégrité territoriale du Mali, de sa politique et de tout ce qui touche le pays. Ils sont investis d'une mission bien plus noble, à savoir professer une sorte d'Islam du VIIe siècle dans l'ensemble du Sahel.
C'est là que la différence se situe. Alors que vous croyez que la riposte militaire ne fait que déplacer le problème, M. Fowler estime que l'unique solution possible, c'est d'affaiblir les forces d'Al-Qaïda et de ses amis jusqu'à ce qu'elles ne puissent plus menacer le pays, la région et le reste du monde. Ce doit être l'objectif militaire, sans quoi tout le reste devient futile, comme la feuille de route en matière de démocratie, toute apparence d'activité économique, et ainsi de suite.
J'aimerais m'attarder à la différence entre riposter à la menace du jihad ou bien à la menace d'une insurrection, qu'elle soit accompagnée ou non d'ambitions territoriales ou politiques.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Messieurs, je vous remercie d'être ici. Je suis ravie d'avoir l'occasion, monsieur Badet, de m'entretenir encore une fois avec vous. Monsieur Siebert, je suis le travail qu'effectue Project Ploughshares, et j'espère pouvoir vous donner l'occasion de vous exprimer.
Premièrement, je veux dissiper ce mythe que l'opposition veut faire perdurer selon lequel le Canada n'est pas présent en Afrique. C'est tout à fait faux. En effet, nous avons doublé notre aide à l'Afrique. Nous avons même délié notre aide à l'Afrique. En premier lieu, nous avons délié notre aide alimentaire, et, à la fin de 2013, nous aurons délié toute notre aide. Nous permettons aux Africains de profiter le plus possible des sommes que nous investissons là-bas pour le développement.
Je veux parler de la présence en Afrique, mais exclusivement de la présence de parlementaires canadiens en Afrique. Ces deux dernières semaines, le y était. De son côté, le s'y est rendu à deux reprises au cours des quatre derniers mois. Le s'est rendu en République démocratique du Congo pour le Sommet de la francophonie. Des membres de l'Association parlementaire Canada-Afrique se sont rendus en Afrique à trois reprises. L'an dernier, ils ont visité l'Éthiopie, le Sénégal, le Kenya et le Soudan du Sud, et plus récemment, le Kenya et le Malawi. Les parlementaires sont donc très présents.
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Je vous remercie de me poser une question qui me permet de vous donner une bonne nouvelle. Nous suivons les conflits armés, les guerres, depuis 1987. Au cours des 15 dernières années, nous avons constaté une diminution de 40 p. 100 du nombre de conflits. Pourquoi y a-t-il eu une diminution? Je vais vous expliquer brièvement la raison. La guerre froide a pris fin, bien entendu, alors la confrontation Est-Ouest n'avait plus lieu dans le cadre de guerres par procuration. Il y a aussi eu une hausse substantielle du nombre de missions de l'ONU dans le monde, un renforcement considérable de la présence diplomatique grâce aux représentants spéciaux du secrétaire général de l'ONU, et des investissements dans l'aide au développement et l'aide humanitaire, particulièrement en Afrique.
Le nombre de conflits a diminué considérablement en Afrique. Si vous ou des membres de votre famille vivez un conflit, c'est une tragédie d'une ampleur incalculable.
J'aimerais revenir à l'Union soviétique et à la guerre froide. Comment s'est-elle terminée? Elle a pris fin parce que les gens se sont soulevés. Je sais qu'à l'échelle internationale, les Églises, et d'autres organismes religieux, ont participé au processus d'Helsinki, sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, pour faire valoir les droits de la personne et trouver des incitatifs économiques afin de mettre fin à ces régimes oppressifs.
Mes parents, à l'âge de quatre ans, ont été des réfugiés de l'ancienne Union soviétique, dans les années 1920. J'ai entendu bien des histoires de cette époque quand j'étais jeune. Je suis privilégié. Je n'ai pas vécu dans une zone de conflit quand j'étais enfant. Je ne crois pas que nous devrions perdre espoir.
Notre mission consiste en partie à mettre fin au conflit. Vous pouvez rire un peu, mais je pense que le Dr Phil dirait sûrement: êtes-vous satisfait de tout cela?
Le genre d'initiatives qu'a proposées M. Fowler n'ont pas bien fonctionné en Afghanistan, ni en Libye. La situation est très instable et nous ne savons pas s'il serait possible d'y maintenir la paix à long terme. L'approche à long terme que je préconise, axée sur la consolidation de la paix, est beaucoup plus dangereuse pour les soldats. Elle risque davantage d'entraîner des pertes de vie, mais il demeure qu'il faut être présent là-bas, maintenir notre présence pour faire progresser la sécurité.
Je suis désolé d'avoir pris autant de temps.
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Merci, monsieur le président.
Je serai bref. Je voulais simplement obtenir un éclaircissement ou invoquer le Règlement.
À notre réunion du 4 décembre, j'ai demandé à monsieur le ministre Fantino combien de projets il avait approuvés en vertu des partenariats avec les programmes canadiens. La même question a été posée par ma collègue Mme Laverdière. Le ministre ne connaissait pas la réponse, mais il a promis de nous communiquer le nombre précis de projets approuvés jusqu'alors.
Nous avons ici sa réponse écrite, communiquée au comité le 7 février 2013. On y lit que, en date du 23 janvier 2013, il avait approuvé 35 projets.
Je lui en suis reconnaissant, de toute évidence, mais, on ne sait pas trop si les 35 projets relevaient des partenariats avec des programmes canadiens ou s'ils représentent la totalité des projets approuvés depuis sa nomination comme ministre, en juillet 2012.
De plus, ma question du 4 décembre 2012 concernait le nombre de projets approuvés par les partenariats avec des programmes canadiens à cette date et non au 23 janvier.
Monsieur le président, pour que les membres du comité disposent de renseignements clairs, qui permettent le contrôle des dépenses du ministère que prescrit la loi, je vous prie de demander au ministre qu'il réponde à la question posée le 4 décembre 2012, c'est-à-dire le financement de combien de projets en partenariat avec des programmes canadiens le ministre avait il approuvé jusque là?
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Merci beaucoup. Je remercie aussi le comité de me donner l'occasion de témoigner devant lui.
L'aggravation actuelle du conflit au Mali arrive à un moment où ce pays reste empêtré dans une crise grave, aux dimensions multiples, qui touche tout l'ouest du Sahel, où, quand les choses vont bien, plus de 230 000 enfants, chaque année, meurent des conséquences de la malnutrition.
En 2012, le nombre de crises alimentaires et sécuritaires aiguës a augmenté et il a touché neuf pays du Sahara, c'est-à-dire près de 19 millions de personnes. Il a poussé 4,6 millions de Maliens aux limites de leur capacité de survie, alors que les taux de malnutrition ont dépassé les seuils d'urgence.
Une longue éclipse de la démocratie, l'explosion de la criminalité organisée, l'augmentation de la pauvreté dans la région et, enfin, la crise libyenne ont provoqué une arrivée importante d'armes dans le Sahel et le retour de migrants qui ont rapidement alimenté l'insécurité dans le nord du Mali et contraint plus de 400 000 personnes à fuir leur domicile. Les déplacements massifs de populations à l'intérieur et à l'extérieur du pays, en Mauritanie, au Burkina, au Niger, ont exercé des pressions supplémentaires sur des régions déjà gravement hypothéquées par la crise alimentaire et nutritionnelle.
Cette année, les intervenants humanitaires estiment que 4,3 millions de personnes ont besoin d'aide et de protection, y compris 700 000 personnes qui ont besoin d'une aide alimentaire immédiate dans le nord. On compte 200 000 enfants de moins de 5 ans qui restent exposés au risque d'une malnutrition aiguë sévère.
Avec la reprise des combats, le 10 janvier, le Mali est entré dans une nouvelle phase de croissance des besoins humanitaires sur fond d'isolement accru des régions du nord et d'accès limité aux travailleurs humanitaires, y compris dans des régions jusque là considérées comme sûres.
Plus de 36 000 personnes ont fui leur domicile, dans le nord et le centre du Mali, à cause des affrontements armés, ce qui a porté le nombre de Maliens déplacés à 408 500, soit 241 500 personnes déplacées et 167 000 réfugiés.
L'inaccessibilité durable de certaines régions et la fragilité de la sécurité ont augmenté l'isolement des provinces du nord. On s'inquiète donc beaucoup pour leurs habitants. On signale des pénuries alimentaires imminentes, l'envolée des prix des aliments disponibles et un accès limité aux soins de santé, à l'éducation et à l'eau.
La fermeture de la frontière algérienne a réduit de moitié l'arrivée de vivres dans le nord. Sur les marchés de Mopti, qui alimentaient aussi les régions du nord, on trouve 30 p. 100 de moins de riz importé et de millet, qui coûtent 120 p. 100 de plus que le dernier prix moyen sur cinq ans.
Si l'approvisionnement commercial et humanitaire continue d'être perturbé, le niveau d'insécurité alimentaire pourrait augmenter au cours des quelques prochaines semaines. La contamination confirmée des mines terrestres et les munitions explosives non explosées autour de grandes villes du nord, comme Tombouctou, Gao, Kidal, et du centre du pays, comme Diabaly, Konna, Douentza, menacent aussi gravement les civils. Elles empêchent les personnes déplacées et les réfugiés de regagner leurs domiciles et les travailleurs humanitaires d'aider les personnes dans le besoin.
L'insécurité découlant des derniers affrontements a de même limité la portée de l'intervention humanitaire dans le nord au cours des dernières semaines. Aujourd'hui, alors que le principal corridor d'accès vers le nord, l'axe Mopti-Douentza-Gao, reste fermé au nord de Douentza, en raison des mines et des menaces terroristes, l'accès de l'aide humanitaire s'améliore peu à peu dans le centre du pays, et les partenaires humanitaires sont désormais mieux en mesure d'intensifier leur intervention.
Les livraisons de vivres du Programme alimentaire mondial ont repris les 2 et 3 février, par chalands sur le Niger. Chargées d'environ 600 tonnes de produits destinés à quelque 147 500 personnes, sept de ces embarcations sont parties de Mopti pour le district de Niafounké, dans la région de Tombouctou. Un nombre suffisant de nécessaires médico-sanitaires d'urgence pour traiter 5 000 personnes par mois, des trousses de traitement de la malnutrition et d'autres moyens d'intervention d'urgence ont également été envoyées par l'UNICEF dans les régions de Gao et de Kidal.
L'intervention d'urgence se poursuit et permet un état des lieux progressif. On pense que les organismes formés à l'intervention humanitaire se redéploieront graduellement dans les régions touchées par les affrontements pour se faire une idée plus concrète des besoins, mieux comprendre les dynamiques locales dans les communautés et fournir l'aide d'urgence grandement nécessaire.
L'évaluation initiale des besoins montre que, pour les personnes touchées par la crise, les principaux besoins, en plus de la réparation des infrastructures, sont l'alimentation, le logement, les produits essentiels, l'accès à l'eau potable et l'hygiène.
Le manque d'accès aux soins de santé et l'insalubrité posent aussi un risque accru d'épidémies, notamment le choléra. Il est impératif d'intensifier les programmes d'aide alimentaire et nutritionnelle pour répondre aux besoins des centaines de milliers de personnes qui étaient déjà très vulnérables avant que n'éclate la crise actuelle.
On a aussi intensifié l'intervention pour les réfugiés maliens. Leur situation dans les camps est préoccupante, particulièrement en Mauritanie. On a signalé récemment des lacunes graves. Un financement d'urgence est nécessaire pour les combler. Il est impératif de continuer à distinguer les programmes humanitaires et les mesures politiques de sécurité. Sinon, on risque de mettre en question la neutralité perçue des travailleurs humanitaires, de mettre leur sécurité en péril et de réduire ainsi leur capacité de rejoindre les personnes dans le besoin.
Une intervention humanitaire accrue dans le Nord favoriserait la protection des civils, mais elle exige un accès libre et rapide. À cette fin, le BCAH, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, et ses partenaires établissent et maintiennent une bonne coordination entre les éléments civils et militaires de la MISMA.
Les partenaires humanitaires ont également besoin de mesures de sécurité (gestion de la sécurité, analyse de l'information) qui leur permettront de fournir l'aide tant nécessaire. Pour déployer en temps opportun une telle capacité de sécurité au Mali, le système des Nations Unies, par l'entremise du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies, le DSSNU, a besoin de toute urgence d'un appui financier pour l'intervention humanitaire.
On continue de signaler des cas de recrutement et d'exploitation d'enfants par des groupes armés ainsi que de violence sexuelle contre les femmes et les filles. Il est prioritaire, pour la collectivité humanitaire au Mali d'augmenter l'aide pour la protection des civils, particulièrement des femmes et des enfants, et d'effectuer une surveillance efficace du respect des droits de la personne. On s'inquiète aussi beaucoup des répercussions des opérations militaires sur la sécurité des civils, notamment en raison de rumeurs d'exécutions infligées par des éléments des forces armées. Il est impératif que toutes les parties fonctionnent dans le respect du droit humanitaire international et qu'elles prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les civils contre les effets des hostilités. À cet égard, nous considérons que la formation des forces maliennes et de celles de la MISMA aux cadres humanitaire et juridique des droits internationaux de la personne constitue une nécessité, particulièrement en ce qui concerne les méthodes pratiques de sa mise en oeuvre.
Les Nations Unies sont également déterminées à appliquer leur politique de diligence relative aux droits de la personne, tout en appuyant les autorités maliennes et la MISMA. Les partenaires humanitaires auront besoin de poursuivre le dialogue avec les minorités et les collectivités, aux niveaux national et local, et à être tenus à une reddition des comptes pour les personnes qu'ils viennent aider.
Il importe aussi que les projets de développement se poursuivent, lorsque c'est possible, et que des mécanismes de coordination entre les acteurs humanitaires et ceux du développement soient annoncés pour mettre en oeuvre des programmes qui permettraient d'accroître la résilience des Maliens.
À cette fin, il est indispensable de maintenir le financement des activités humanitaires en 2013. Au 30 janvier, la Procédure d'appel global de 2013 pour le Mali n'avait reçu que 10 millions de dollars, c'est-à-dire moins de 3 p. 100 des besoins totaux qui s'élèvent à 370 millions. Sans ressources adéquates, les partenaires de l'humanitaire ne disposeront pas des outils nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents du pays. Le coordonnateur régional de l'aide humanitaire estime à 148 millions de dollars, au cours des trois prochains mois, les besoins les plus urgents des organismes des Nations Unies pour le Mali et les pays voisins.
On a besoin de beaucoup plus pour continuer à aider les personnes déplacées et les familles qui les ont accueillies, poursuivre notre intervention contre les effets durables de la crise alimentaire et nutritionnelle de 2012 et nous attaquer aux facteurs de l'insécurité alimentaire chronique. Pour ces besoins prioritaires, il est indispensable de débloquer immédiatement les fonds nécessaires.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup de la question.
La résilience des populations, c'est leur habilité à résister à des chocs. Dans cette perspective, on parle d'assurer une certaine continuité entre les projets d'urgence et les projets de développement. Il s'agit de se mettre tous d'accord sur la façon de relier les projets humanitaires au développement. Il est impératif que la coopération, en termes de développement, redémarre au Mali, et que sur le terrain, on puisse établir les liens nécessaires entre les projets d'urgence et les projets de développement.
Il s'agit aussi, éventuellement pour le Canada, d'appuyer la restauration des services étatiques de base dans le nord du Mali. Comme vous le savez, les fonctionnaires de l'État, soit les services de base, ont été très affectés par le conflit. Il s'agirait aujourd'hui de soutenir le retour des services de l'État dans cette partie du pays. Il s'agirait aussi de soutenir les opérations qui, en plus de répondre à des besoins urgents, renforcent la capacité des communautés à se prendre elles-mêmes en charge de façon à être davantage en mesure de résister, à moyen et à long terme, à des chocs d'ordre climatique. Ici, je parle notamment de l'agriculture ainsi que de la gestion de l'eau et des ressources issues de ces communautés.
Là encore, des programmes bien précis sont développés aujourd'hui. Certains figurent déjà sur le CAP 2013 Mali. Dans ce cas également, d'importantes initiatives sont mises sur pied, par exemple celle de l'Union européenne, qui se nomme AGIR. J'invite le Canada à se joindre à d'autres acteurs afin de travailler au sein de cette plateforme, se mettre d'accord sur des objectifs communs et apporter le soutien nécessaire afin que nous puissions tous travailler d'une façon intégrée et bien coordonnée.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Levet, de participer à la séance.
Ces quelques dernières semaines, il s'est tenu une enquête intéressante sur les événements du Mali. La situation humanitaire dans ce pays préoccupe beaucoup le Canada. Notre ministre des Affaires étrangères a réclamé à plusieurs reprises un laissez-passer pour l'aide humanitaire. Peut-être pouvez-vous nous parler de certains problèmes qui se posent.
Mais avant, je tiens à réaffirmer que le Canada était présent au Mali. Ce pays nous intéresse. Ces trois dernières années, nous lui avons consacré 110 millions de dollars par année pour créer cette résilience dont on parle, améliorer la gouvernance et aider les Maliens à se prendre en main dans de nombreux domaines. Nous avons aussi participé à l'accroissement de la sécurité. La présence du Canada était bien réelle.
Vous avez particulièrement fait allusion à la conférence des donateurs d'Addis-Abeba, et de l'argent qui n'a pas suivi. Pourriez-vous parler de l'importance, pour les pays, de tenir leurs promesses? Vos plans, c'est évident, en découlent. Le Canada a promis 13 millions. Notre gouvernement a la réputation de remplir ses promesses. Pouvez-vous en parler? Quand l'argent ne suit pas toujours, que faites-vous de vos plans? Que faites-vous si vous n'obtenez pas l'argent promis?
J'aimerais aussi que vous parliez de l'efficacité de notre contribution au programme de résilience pour le Sahel. Il y a un an, lorsque nous avons vu que le Sahel entamait un cycle de sécheresse, comme il le fait depuis des décennies, des millénaires probablement, le Canada a décidé d'intervenir. L'année dernière, il a offert 56 millions de dollars pour construire cette résilience. Pouvez-vous informer le comité des types de programmes qui ont été mis sur pied pour aider le Sahel à long terme, non seulement à combattre ce problème, précisément, mais pour l'aider à construire des ouvrages d'irrigation et à mettre sur pied un programme alimentaire perpétuel?
Je vous cède la parole.
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Merci beaucoup pour vos questions. J'essayerai d'y répondre de mon mieux.
Je remercie le Canada pour son aide consécutive à la conférence d'Addis-Abeba, mais je pense que des précisions s'imposent.
Cette conférence, comme vous le savez, visait à obtenir l'aide de la communauté internationale, principalement pour l'ensemble des mesures d'appui au déploiement des forces de la MISMA et, aussi, pour appuyer les forces de la défense et les forces civiles maliennes. Les Nations Unies ont créé deux fonds, par suite de la résolution 2085: l'un destiné aux forces maliennes, l'autre aux forces de la MISMA. Il est vrai que certains postes budgétaires sont davantage axés sur des activités humanitaires.
Encore une fois, je souligne l'importance de ne pas considérer cette conférence comme une réponse aux besoins humanitaires de l'ensemble du Mali. Elle visait plutôt à appuyer les deux forces que j'ai nommées. Mon bureau, le BCAH, a apporté son aide. En collaboration avec différentes organisations, ONG et organismes de l'ONU, nous avons publié un appel, pour 2013, chiffré à 370 millions de dollars. C'est essentiellement pour s'assurer que l'argent sera consacré aux activités humanitaires de type civil, et non au déploiement susmentionné. Bien sûr, la sécurité est un paramètre important. Comme j'ai dit plus tôt, impossible, sans elle, d'espérer rejoindre les personnes dans le besoin. Mais, encore une fois, le principal appel en question est la procédure d'appel global lancé il y a quelques semaines pour une aide humanitaire en 2013.
Sur la deuxième question, en ce qui concerne...