:
Merci, monsieur le président, membres du comité.
Je suis heureux de pouvoir discuter avec vous aujourd'hui d'un pays très important pour le Canada et l'hémisphère. En effet, le Canada oeuvre activement en Haïti depuis des décennies, mais contrairement à d'autres pays, nous n'y avons pas de passé colonisateur. Cet engagement, combiné aux liens culturels et linguistiques des deux pays, a mérité au Canada une relation toute spéciale avec Haïti, marquée par le respect, l'amitié et la compassion. Les Canadiens ont fait preuve d'une grande solidarité avec Haïti, non seulement au lendemain du séisme de janvier 2010, mais par leur soutien continu à ce pays, le plus pauvre de notre hémisphère, et l'un des plus pauvres au monde.
Comme vous le savez, le Canada compte par ailleurs une importante diaspora haïtienne, qui contribue à la société non seulement de son pays d'accueil, mais aussi de son pays d'origine. L'engagement du Canada envers ce pays est un élément important de notre stratégie des Amériques, qui prône la gouvernance démocratique, la sécurité et la prospérité sur le continent. Enfin, Haïti est également une priorité des États-Unis et de plusieurs autres pays partenaires, tels que le Brésil, la France et les États de l'Union européenne.
Aujourd'hui, j'expliquerai donc brièvement pourquoi Haïti est si prioritaire, je ferai le point sur la situation politique actuelle dans ce pays, et j'exposerai comment nous pouvons appuyer le gouvernement du président Martelly dans certaines réformes positives. Ce faisant, je présenterai les faits saillants de l'engagement continu du Canada en Haïti par l'entremise du Groupe de travail pour la stabilisation et la reconstruction du MAECI. Ma collègue, Lise Filiatrault, dressera le portrait des priorités et activités de reconstruction et de développement coordonnées par son agence.
Je ne m'attarderai pas uniquement sur le tremblement de terre de 2010, car cette catastrophe n'a pas causé les problèmes persistants d'Haïti, mais les a plutôt exacerbés et mis en lumière.
Le Canada est vivement conscient de la fragilité de la situation en Haïti et des antécédents d'instabilité politique dans ce pays. Cette précarité expose Haïti à la corruption, au crime organisé, au trafic des drogues et à la traite de personnes. D'ailleurs, l'instabilité et les activités criminelles qu'elle suscite ont déjà des répercussions au Canada et aux États-Unis, puisque Haïti est une plaque tournante du trafic des drogues entre l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord et l'Europe. Cette situation pourrait aussi entraîner dans son sillage les régions voisines, et particulièrement la République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île d'Hispaniola, et où habitent plus de 10 000 Canadiens, sans compter les centaines de milliers de vacanciers qui s'y rendent chaque année; de fait, le Canada investit en République dominicaine plus de 3 milliards de dollars chaque année.
La démocratie, la bonne gouvernance et les droits de la personne sont aussi des enjeux en Haïti. Le Canada s'est engagé à promouvoir ces valeurs non seulement dans le cadre de sa politique étrangère globale, mais aussi, plus spécifiquement, dans l'exécution de sa Stratégie pour les Amériques. Ce n'est pas d'hier que des problèmes existent sur ce plan en Haïti, mais il semble que nous sommes maintenant arrivés à la croisée des chemins. Nous avons peut-être la chance de nous attaquer à ces difficultés et d'avancer vers une société haïtienne où régnera la primauté du droit, où tous seront égaux devant la loi, où les droits de la personne seront protégés et où la prospérité et l'élargissement des débouchés reposeront sur l'accroissement du commerce et de l'investissement.
Après plus de 25 ans d'aide internationale, pourquoi Haïti reste-t-elle pauvre et sous-développée? Il est largement admis maintenant dans la communauté internationale que c'est en partie parce que trop peu d'attention a été accordée à la réforme de la gouvernance politique et de la primauté du droit.
Le Canada est d'avis que les causes sous-jacentes de la corruption, de la pauvreté et de l'instabilité doivent être combattues adéquatement, sans quoi les efforts internationaux de reconstruction et de développement ne pourront pleinement réussir. Oui, les initiatives de développement du Canada et de la communauté internationale ont donné certains résultats concrets en Haïti, et Lise vous en donnera un aperçu, mais nous croyons qu'il faut davantage travailler à solidifier la gouvernance et la primauté du droit, afin de renforcer les fondations de l'État d'Haïti et de soutenir son développement continu.
Le Canada n'est pas seul à faire cette analyse.
Le président Martelly lui aussi fait de la primauté du droit une priorité de son gouvernement, avec l'éducation, l'environnement et l'économie, et le secrétaire-général de l'ONU, dans son dernier rapport sur Haïti, a abondé dans le même sens: la suprématie de la loi est essentielle à la stabilité, au développement et à la prospérité à long terme d'Haïti. Dans ce même rapport, l'ONU appelle le gouvernement d'Haïti et la communauté internationale à mettre au point un pacte de réforme durable de l'état de droit. Le Canada appuie fermement cette proposition, et collaborera à sa réalisation avec le gouvernement d'Haïti, l'ONU et les partenaires internationaux.
Le Canada a déjà consacré des investissements importants dans le domaine de l'état de droit. Le GTSR du MAECI a ainsi investi environ 100 millions de dollars depuis 2006 dans les priorités canadiennes que sont la sécurité et la justice, et 18,7 millions de dollars cette année. De cette manière, le GTSR a renforcé les institutions haïtiennes, notamment la police et les services correctionnels et frontaliers. Pour ce faire, il a tout particulièrement construit et équipé des infrastructures essentielles à la sécurité, et fourni de la formation et du mentorat au haut personnel du secteur de la sécurité
Le GTSR travaille aussi à élargir l'accès au système judiciaire et à en assurer le bon fonctionnement sur des fondements solides. Le Canada met aussi l'épaule à la roue de la mission de stabilisation de l'ONU, appelée la MINUSTAH. Malgré les critiques qu'elle a essuyées récemment, cette mission est essentielle à la stabilisation et à la reconstruction d'Haïti. Bien que nous ayons prôné une certaine réduction de ses forces jusqu'au niveau d'avant le séisme, le Canada croit que la MINUSTAH doit rester en place jusqu'à ce que son mandat soit rempli. Outre cinq officiers militaires, le Canada déploie actuellement en Haïti 138 agents de police et 11 agents correctionnels qui forment et encadrent leurs collègues haïtiens. Aucune autre mission actuelle de l'ONU n'est soutenue par un personnel canadien aussi important. C'est d'ailleurs un Canadien, le surintendant principal de la GRC, Marc Tardif, qui se trouve à la tête du personnel policier de la Mission. Le GTSR, avec la Sécurité publique et le MDN, est un partenaire clé de la Mission.
Les élections présidentielles récentes, lors desquelles deux présidents élus démocratiquement mais appartenant à des partis opposés ont pour la première fois procédé à une transition du pouvoir, avaient été prometteuses, jusqu'à ce que les deux premiers candidats du président Martelly au poste de premier ministre soient rejetés par l'assemblée législative haïtienne. Mais il y a deux semaines, le troisième candidat du président, le Dr Gary Conille, a été confirmé. Dès le lendemain, le président Martelly a nommé le chef de la Cour suprême, un poste qui était vacant depuis sept ans. C'est un pas important vers la constitution d'un pouvoir judiciaire indépendant, que l'ONU et la communauté internationale, y compris le Canada, appelaient de leurs voeux depuis quelque temps.
Finalement, à la fin de la semaine dernière, le parlement haïtien a approuvé le cabinet du premier ministre Conille et son programme politique. Ces faits récents témoignent de la volonté politique et des intentions positives du gouvernement d'Haïti, mais ils ne sont qu'un début. Nous croyons que d'autres réformes sont nécessaires, au chapitre notamment de la lutte contre l'impunité et la corruption, de la réforme des titres fonciers et du manque de confiance des investisseurs.
En conclusion, j'aimerais rappeler que l'engagement du Canada en Haïti est conforme aux priorités de nos politiques intérieures et étrangères et qu'il reflète les intérêts des Canadiens eux-mêmes. Comme je l'ai mentionné, Haïti est également une priorité pour beaucoup de nos partenaires dans l'hémisphère, avec qui nous travaillons étroitement à titre de principaux donateurs et importants membres. À long terme, le Canada veut qu'Haïti réalise son potentiel de sécurité durable, de gouvernement démocratique et de prospérité, qu'elle offre à ses habitants emplois, espoir, paix et stabilité, qu'elle soit en mesure de se relever rapidement en cas de catastrophe naturelle, et qu'elle puisse générer des possibilités d'emploi et de l'espoir pour tous ses citoyens. Avec un soutien continu à long terme, cet objectif pourra être atteint en faisant fond sur la volonté politique de changement en Haïti et en se concentrant sur la règle de droit et la réforme de la gouvernance.
Après le séisme, le premier ministre Harper a déclaré que la communauté internationale devrait consacrer au moins 10 ans à la reconstruction et au développement d'Haïti. Le Canada reste déterminé à contribuer à cet effort.
Je cède maintenant la parole à Lise Filiatrault, et répondrai ensuite avec plaisir à toutes vos questions.
[Français]
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureuse de faire le point aujourd'hui, devant les membres du comité, sur la contribution de l'Agence canadienne de développement international — l'ACDI — au travail du Canada en Haïti.
Haïti est l'un des pays ciblés par l'ACDI et, au cours des deux dernières années, il a été le plus important bénéficiaire de l'aide de l'agence dans le monde entier. Il est également le plus grand bénéficiaire de l'aide au développement à long terme dans les Amériques.
Les travaux de l'ACDI en Haïti, l'un des pays les moins avancés au monde, comportent de multiples volets. D'une part, l'ACDI répond aux besoins humanitaires immédiats et urgents. D'autre part, elle répond aux besoins en matière de développement à long terme, notamment en améliorant l'accès aux services de base en santé et en éducation, en appuyant le développement économique, en renforçant la capacité du gouvernement d'Haïti et en favorisant la sécurité et la stabilité.
Afin de rendre plus durables ses travaux dans les États fragiles comme Haïti, l'ACDI fait en sorte que son aide humanitaire et ses efforts de développement à long terme soient complémentaires, ce qui génère des résultats qui se renforcent mutuellement.
De plus, nous collaborons étroitement avec des partenaires du gouvernement du Canada pour accroître les capacités en Haïti, telles que celles liées au secteur de la sécurité, à la gestion frontalière et à l'administration des revenus du gouvernement.
Les priorités thématiques de l'ACDI, notamment favoriser une croissance économique durable, assurer l'avenir des enfants et des jeunes et accroître la sécurité alimentaire, guident le travail de l'ACDI en Haïti.
Lors du séisme survenu en janvier 2010, le Canada a été l'un des premiers pays à offrir une aide humanitaire aux Haïtiens. En tout, le Canada a décaissé 150,15 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires immédiats à la suite du séisme. En mars 2010, dans le cadre de la Conférence internationale des donateurs vers un nouvel avenir pour Haïti tenue à New York, le Canada a également promis de fournir 400 millions de dollars supplémentaires pour appuyer les priorités du gouvernement d'Haïti et son Plan d'action pour le relèvement et le développement national d'Haïti.
L'aide s'inscrivant dans l'engagement de 400 millions de dollars sur deux ans est acheminée par l'entremise de plusieurs ministères fédéraux, y compris l'ACDI, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, la Gendarmerie royale du Canada et le ministère des Finances. Le Canada a déjà décaissé les deux tiers de cette somme et il est fermement résolu à verser le reste pour atteindre son objectif d'ici à mars 2012.
À la suite du séisme, les Canadiens ont donné en tout 220 millions de dollars à des organismes de bienfaisance canadiens enregistrés, montant que l'ACDI a égalé au nom du gouvernement du Canada, par l'entremise du Fonds d'aide aux victimes du séisme en Haïti. Jusqu'à présent, 98 p. 100 de ces fonds ont été distribués.
Au cours des derniers mois, l'ACDI a versé 8,5 millions de dollars en aide humanitaire additionnelle afin de s'attaquer à l'épidémie de choléra qui sévit en Haïti.
[Traduction]
Des progrès concrets ont été réalisés en Haïti depuis le séisme. En effet, plus de la moitié des personnes déplacées à la suite de cette catastrophe ont quitté les camps et la moitié des débris ont été enlevés.
Les projets que l'ACDI met en oeuvre dans ce pays aident à obtenir des résultats tangibles. Par exemple, 400 000 écoliers reçoivent un repas nutritif tous les jours; 330 000 femmes ont maintenant accès à des professionnels de la santé dûment formés lorsqu'elles accouchent; 390 000 Haïtiens ont maintenant accès au crédit et à des services financiers; plus de 40 000 enfants ont maintenant accès à des écoles remises en état ou reconstruites, reçoivent des fournitures scolaires et fréquentent l'école gratuitement; et plus de 80 000 familles sont maintenant moins touchées par l'insécurité alimentaire grâce à l'augmentation de la productivité et du revenu agricoles.
Même si des progrès ont été réalisés, il reste beaucoup à faire. Nous surveillons les besoins humanitaires, qui demeurent importants, et, avec l'aide du MAECI, nous collaborons étroitement avec le nouveau gouvernement haïtien afin de veiller à ce que nos programmes soient alignés sur les nouvelles priorités de ce gouvernement et sur les besoins de ses citoyens.
Le Canada est un membre proactif de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, qui est la principale instance responsable de la coordination des efforts de reconstruction. Le Canada continuera de collaborer avec le gouvernement haïtien et ses partenaires canadiens et internationaux afin de veiller à ce que les efforts de reconstruction soient coordonnés, efficaces, transparents et gérés d'une façon responsable.
Comme vous le savez, la s'est rendue en Haïti la semaine dernière pour y rencontrer le président Michel Martelly et le premier ministre Gary Conille. Elle a également profité de l'occasion pour voir certains des projets de l'ACDI qui y sont réalisés afin d'en évaluer les progrès et les résultats. La ministre Oda a réitéré l'engagement à long terme du gouvernement du Canada envers Haïti, et a discuté avec le président et le premier ministre des plans et des priorités de leur pays afin de veiller à ce que les efforts de reconstruction progressent et que Haïti soit sur la voie d'un développement durable à long terme.
La ministre a visité trois projets de l'ACDI, à savoir un hôpital public, un abri temporaire ainsi qu'un projet d'approvisionnement en eau et d'assainissement. Elle a également rencontré un certain nombre de partenaires canadiens qui mettent en oeuvre nos projets à Haïti afin de discuter en détail des résultats obtenus et des leçons retenues sur le terrain. Nous pouvons affirmer, après avoir suivi la situation de près, que les projets menés par le Canada contribuent à améliorer la vie des Haïtiens et des Haïtiennes.
Merci beaucoup.
Mes collègues et moi-même serions heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous, notamment à mes anciens collègues, pour ces exposés extrêmement intéressants.
Je pense que je vais passer au français.
[Français]
Merci beaucoup de votre présentation. Merci aussi d'avoir précisé qu'il fallait être en Haïti à long terme. Je me souviens que, lorsque je travaillais sur ces dossiers, on avait mentionné une période d'une dizaine d'années. Même les experts, à cette époque, parlaient souvent d'au moins 20 ans ou d'une génération. Il nous semble que ça vaut la peine de faire cet investissement sur une génération plutôt que d'avoir des problèmes récurrents qui surgissent tous les 10 ou 20 ans.
Cela dit, je vous ai écoutés avec intérêt parler de ce que le Canada fait dans le domaine du régime de droit — ce qu'on appelle la rule of law. J'ai entendu beaucoup de commentaires, dont un que j'approuve entièrement disant qu'un régime de droit est essentiel pour bien établir la sécurité dans un pays.
En ce qui concerne les activités que le Canada entreprend dans ce domaine, j'ai surtout entendu parler de forces de sécurité, de questions de frontières, de police, de forces correctionnelles. Toutefois, il faudrait qu'on aborde les thèmes fondamentaux habituels de la rule of law, ou du régime de droit, comme les droits de la personne, la constitution d'institutions qui fonctionnent bien, notamment dans le domaine juridique, les questions d'impunité et de lutte contre la corruption.
J'aimerais savoir un peu plus ce que le Canada fait dans ces domaines.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités de leur présence devant le comité.
Comme vous le savez, la situation est devenue très difficile en Haïti à cause du séisme. Je veux bien admettre, comme le dit Mme Brown, que nous faisons de bonnes choses là-bas, mais tout n'y va pas pour le mieux. Même si je suis un député de l'opposition, je ne suis pas ici pour causer de la zizanie mais je me dois de signaler que certains observateurs estiment que nous ne faisons pas notre travail là-bas.
J'ai lu tout récemment un article de Postmedia News dans lequel on citait des groupes internationaux affirmant que nous ne faisons pas un bon travail là-bas, spécialement, puisque c'est un secteur auquel vous avait fait allusion, en ce qui concerne la création d'une solide force de police professionnelle. Or, sans un corps policier très professionnel, les choses redeviendront vite ce qu'elles étaient et risquent même d'empirer.
J'ai ici un article, et c'est peut-être ce à quoi on a fait allusion aujourd'hui, dans lequel on mentionne l'annonce d'un projet d'académie policière nationale, en 2008, avec un engagement de cinq ans du gouvernement canadien. Comme c'était il y a quatre ans, il y a encore une année à courir. Or, voici ce que je peux y lire:
l'académie doit accueillir environ 300 étudiants de 25 à 45 ans, dont 70 p. 100 d'hommes et 30 p. 100 de femmes. Il y aura une vingtaine d'édifices [avec divers] équipements de sport et d'entraînement.
Puis, plus loin:
le International Crisis Group, un centre d'étude renommé pour ses analyses approfondies des pays fragiles, a produit un rapport soulignant le besoin d'une force de police haïtienne solide et professionnelle. Ses auteurs ont également souligné le manque de progrès au sujet de l'académie de police nationale financée par le Canada.
Et voici la conclusion, qui résume tout:
Trois ans après que le Canada ait promis 18 millions de dollars pour construire une académie de police nationale en Haïti, pas une seule brique n'a encore été posée.
C'est vraiment mauvais. Je ne voudrais pas accabler le gouvernement, mais c'est un fanatique de l'ordre public, et chacun sait qu'il est très efficace dans la réalisation de projets, notamment dans des collectivités telles que Muskoka. Je sais bien que les choses ne sont pas faciles en Haïti mais, si aucune brique n'a encore été posée au bout de quatre ans, c'est que les choses ne vont vraiment pas bien. Cela ne risque-t-il pas de causer de graves problèmes à ce pays pour assurer l'ordre public avec une police professionnelle?
:
Merci beaucoup de cette question.
J'ajoute d'abord très rapidement, au sujet de votre dernière question, que l'absence de cadastre était déjà un problème très grave avant le séisme, et qu'il l'est encore plus aujourd'hui puisque tellement d'édifices du gouvernement se sont effondrés. La communauté de l'humanitaire examine tout un éventail de solutions communautaires à ce sujet, en collaborant étroitement avec les locaux.
En ce qui concerne l'épidémie de choléra, l'ACDI a fourni jusqu'à présent 8,5 millions de dollars pour y faire face. Notre réponse a débuté en octobre dernier, au point culminant de l'épidémie. Vous savez certainement qu'il y a eu un autre pic en mai-juin et qu'on parle actuellement d'un troisième, qui semble se manifester en ce moment.
Outre les 8,7 millions de dollars, nous avons appuyé le déploiement d'un centre de traitement du choléra de la Croix-Rouge canadienne à Port-au-Prince, qui a traité 1 500 personnes en tout. Il est actuellement exploité par la Croix-Rouge haïtienne avec l'appui de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et des sociétés du Croissant-Rouge. L'ACDI a aussi appuyé l'affectation de neuf experts canadiens pour renforcer les opérations de l'Organisation panaméricaine de la santé, de l'Unicef et du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, le BCAH.
L'un des principaux résultats de cet appui de l'ACDI est que nos partenaires ont traité plus de 240 000 patients qui avaient été hospitalisés pour le choléra. Le résultat probablement le plus important est que le taux de mortalité est tombé de 9 p. 100 à 1,4 p. 100. Plus de 40 000 enfants ont reçu des trousses d'hygiène.
L'OPS a mis en place un système de surveillance et d'alerte qui permet aux organisations humanitaires d'intervenir très rapidement en cas de nouvelle poussée de l'épidémie. On suit la situation de très près. Nos partenaires sont là et continuent de surveiller attentivement l'épidémie.
En vue de la prochaine ronde d'appels humanitaires, nous continuerons à nous concentrer sur l'eau, l'assainissement et l'hygiène pour tenter de prévenir d'autres poussées de la maladie.…
[Français]
Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Kevin McCort. Je suis président et chef de la direction de CARE Canada, mais je représente aussi la coalition humanitaire. Mon opinion et mes commentaires sont les miens.
[Traduction]
CARE Canada est présent en Haïti depuis plus de 50 ans. Nous oeuvrons auprès des familles, des collectivités et des autorités locales dans les départements d'Artibonite, du Nord-Ouest, du Sud et de Grand' Anse, pour appuyer le développement durable et améliorer la qualité de vie.
Nous investissons dans des programmes de sécurité économique et alimentaire destinés aux femmes et aux jeunes, d'adduction d'eau et d'assainissement, d'enseignement élémentaire, de santé sexuelle et génésique, de gouvernance inclusive et responsable, et d'établissement de collectivités résistant mieux aux catastrophes.
Notre programme actuel en Haïti représente environ 18 millions de dollars par an, financés mondialement, avec environ 500 employés dont 94 p. 100 sont haïtiens.
Mon premier séjour en Haïti remonte au milieu des années 1990, et mon dernier, à la semaine dernière.
Comme vous l'avez dit, je représente aussi la Coalition humanitaire, qui a été créée en 2005 et réunit CARE, Oxfam Canada, Oxfam-Québec, Aide à l'enfance Canada et Plan Canada.
Nous coordonnons notre collecte de fonds au Canada en lançant un seul appel plutôt que plusieurs appels concurrents. Cela procède de notre souci d'assurer qu'une plus grande proportion des dons est consacrée aux programmes plutôt qu'à l'administration.
Sur le terrain, les membres de la Coalition humanitaire assurent la mise en oeuvre de nos propres programmes, mais nous faisons aussi partie de mécanismes de coordination dans le pays et avons récemment achevé une évaluation conjointe de nos programmes en collaboration avec le Disasters Emergency Committee, qui est le mécanisme d'appel conjoint du Royaume-Uni.
Je ne consacrerai pas beaucoup de temps aux causes profondes de la pauvreté en Haïti car je suis sûr que vous en avez déjà entendu parler. Je veux plutôt mentionner que l'exclusion sociale est un problème grave, que la mauvaise gouvernance à tous les paliers est un défi, et que le manque d'accès à l'enseignement et de possibilités d'obtenir un gagne-pain stable contribuent à la vulnérabilité chronique de Haïti. CARE a pour objectif en Haïti d'influencer et d'appuyer les institutions et initiatives locales plutôt que de lancer ses propres programmes.
Un très bref commentaire s'impose toutefois sur le caractère chronique de la pauvreté en Haïti. Comme le disait Paul Farmer, ce qui est catastrophique en Haïti, c'est que c'est l'équivalent d'une épidémie aiguë frappant un patient souffrant de vulnérabilité chronique. Ces deux adjectifs, aiguë et chronique, résument parfaitement bien ce qui est arrivé en Haïti avec ce terrible séisme frappant un pays très vulnérable.
Après le séisme, CARE s'est retrouvée avec un programme qui était essentiellement rural, c'est-à-dire sans présence notable dans la région du séisme. Nous avons cependant pu faire appel à notre personnel du monde entier et de toutes les régions de Haïti pour appuyer les collectivités de Leogane, Carrefour, Pétionville et d'autres parties de Port-au-Prince pour donner accès à de l'eau potable et à des services d'hygiène, à des logements décents et à des constructions plus solides.
Depuis l'arrivée du choléra, en octobre 2010, CARE est particulièrement active dans les régions rurales pour diffuser des messages de prévention, améliorer l'approvisionnement en eau et appuyer les services médicaux avec des fournitures essentielles.
Voici quelques chiffres utiles. Nous avons construit près de 2 500 abris provisoires, dont 97 p. 100 sont occupés parce que nous avons passé beaucoup de temps à consulter les collectivités pour veiller à ce qu'il n'y ait aucun conflit en matière de propriété. Notre service d'eau, d'assainissement et d'hygiène a fourni plus de 1 000 latrines aux occupants des zones d'hébergement spontané. Nos activités de prévention du choléra et d'éducation ont atteint plus de 1,7 million de personnes, et nous fournissons de l'eau à 500 000 personnes par jour dans certains quartiers de Port-au-Prince. Nous avons employé plus de 12 000 personnes dans des activités rémunérées en liquide, essentiellement à Bassin Bleu, pour nettoyer des rigoles de drainage et faciliter le rétablissement des canaux d'irrigation Nous avons distribué près de 20 000 trousses scolaires aux élèves des zones touchées par le séisme, et 20 000 trousses de sport aux jeunes vivant dans les hébergements spontanés. Notre équipe médicale mène des activités d'éducation sur la santé sexuelle et génésique, a distribué près d'un quart de million de préservatifs récemment, et a commencé la construction de 10 centres de santé communautaires pour dispenser des services de santé sexuelle et génésique.
Ces efforts font partie d'une action coordonnée. Une évaluation récente nous a montré qu'au-delà des résultats concrets, nous avons contribué de manière importante au rétablissement de la dignité des survivants du séisme et à l'instauration de conditions permettant de recommencer à nous attaquer aux problèmes chroniques sous-jacents.
Ce que j'ai vu en Haïti la semaine dernière, c'est que les routes sont déblayées, les camps sont plus petits, l'activité économique est évidente, et la sécurité s'est améliorée, bien que la violence sexuelle reste un problème dans les camps de personnes déplacées. Autrement dit, nous avons fait des progrès face aux aspects les plus aigus de la crise, mais les problèmes sous-jacents et chroniques demeurent.
Je vais vous donner deux exemples du genre de travail que nous devrions faire, à notre avis, pour nous attaquer à ces problèmes chroniques sous-jacents. Le premier consiste à continuer de créer des abris, notamment dans la région de Port-au-Prince. Il reste encore 600 000 personnes dans les camps, mais il y en avait auparavant 1,3 million. Les gens qui restent dans les camps sont les plus pauvres des pauvres. Avant le séisme, ils étaient souvent locataires et ce sont les gens les plus difficiles à réinstaller dans leurs logements.
Là où nous avons construit des maisons, c'est en réalité pour les personnes qui pourraient avancer certaines preuves qu'elles en étaient les propriétaires ou les occupants auparavant. Ces quartiers ne peuvent pas encore ré-absorber ces 600 000 personnes, et nous croyons donc qu'il y a encore beaucoup à faire dans ces quartiers.
Nous lançons actuellement un programme pour travailler avec 5 000 familles de Carrefour Sud-Ouest pour améliorer l'hébergement et l'infrastructure et réaliser des projets générateurs de revenus, afin d'instaurer les conditions qui permettront de ramener certaines de ces 600 000 personnes dans leurs collectivités.
Nous allons lancer un programme de rénovation de logements. Je suis sûr que vous avez entendu parler du système rouge, jaune et vert pour évaluer les dégâts causés aux maisons. Les maisons jaunes sont celles dans lesquelles les habitants retournent spontanément. Ils ont besoin de beaucoup d'aide pour se réinstaller et notre objectif est de rendre leurs maisons plus sécuritaires.
Nous espérons que cela répondra à la réalité de Haïti. Les gens retournent dans ces maisons, même s'ils ne devraient pas nécessairement le faire. Leur dispenser une assistance technique, ainsi qu'aux constructeurs et aux utilisateurs d'unités de construction mobiles, permettra de répondre à cette faiblesse.
Nous sommes également déterminés à travailler en dehors de Port-au-Prince pour aider les collectivités rurales ou périurbaines en instaurant des conditions permettant aux gens de s'y installer pour avoir accès à de meilleures opportunités économiques, et aussi pour endiguer l'afflux de nouveaux arrivants à Port-au-Prince, qui reste une ville désespérément surpeuplée et compliquée.
Il y a en Haïti beaucoup d'exemples de travail d'épargne et de prêt, de développement agricole et de chaînes de valeur, de gestion du bassin hydrologique, et de programmes de santé maternelle, des nouveau-nés et des enfants, qui sont efficaces dans un contexte comme celui de Haïti.
En guise de conclusion, je voudrais vous communiquer trois messages. Premièrement, je tiens à féliciter le gouvernement du Canada de son engagement envers Haïti. C'est un engagement substantiel qui remonte à longtemps. La s'est rendue six fois dans le pays au cours des cinq dernières années. Des ressources substantielles ont été fournies par le gouvernement et par des donateurs privés. Le programme de fonds de contrepartie, appuyé par le gouvernement du Canada, montre aux Canadiens que le gouvernement appuie leur générosité privée.
J'encourage certainement le gouvernement à maintenir son action, à éviter toute velléité de déclarer victoire pendant la phase critique, puisque la phase chronique reste bien présente.
Deuxièmement, on a beaucoup entendu parler d'une « république des ONG » en Haïti, c'est-à-dire du fait qu'il y aurait trop d'ONG et pas assez de gouvernement. On doit cependant se garder d'interpréter cela comme un appel à la réduction du nombre d'ONG mais plutôt comme un appel au renforcement du gouvernement, à l'accroissement des capacités de gouvernance à tous les paliers, municipal, provincial et national.
Je rappelle simplement qu'au Canada, notre secteur de la société civile représente plus de 2 millions d'emplois, 7 p. 100 du PIB et 12 millions de bénévoles. L'existence d'un solide secteur non gouvernemental est l'un des facteurs de succès du Canada. Ce que nous voudrions donc voir en Haïti, ce n'est pas moins d'ONG mais plus de capacité de gouvernance.
Un programme d'investissement équilibré… Pour l'avenir, le Canada doit garder en tête que Haïti, c'est plus que Port-au-Prince. Le reste du pays a aussi grandement besoin d'assistance.
Merci beaucoup de votre attention. J'en reste là.
:
Merci, monsieur le président, membres du comité, et collègues de CARE et d'Unicef. Merci de nous donner cette possibilité d'expliquer les efforts déployés en Haïti et le rôle de la Croix-Rouge.
[Français]
Il est inutile de rappeler le cours des événements qui nous ont amenés ici aujourd'hui. Nous sommes tous au fait de la destruction et de la dévastation causées par le tremblement de terre qui a frappé Haïti, il y a plus de 20 mois.
Nous sommes ici pour parler des progrès réalisés et des défis rencontrés dans l'aide à la reconstruction d'Haïti pour la population haïtienne. Nous avons connu de nombreux succès, mais le portrait de la situation sur le terrain et plusieurs reportages dans les médias sur le sujet démontrent que beaucoup de travail reste à accomplir.
La Croix-Rouge canadienne a participé à tous les aspects des opérations de secours en Haïti. Nous avons été présents sur les lieux peu de temps après le séisme et nous avons joué un rôle important dès les premiers stades de l'urgence. Grâce au généreux soutien financier de l'ACDI, nous avons déployé un hôpital de campagne d'urgence afin de lutter contre l'épidémie de choléra qui s'est déclarée l'année dernière, en décembre.
[Traduction]
Grâce à la générosité et à l'appui du gouvernement fédéral, par le truchement de l'ACDI, nous participons à l'aspect développement du rétablissement de Haïti depuis le début. Nous avons été un leader dans le domaine de l'hébergement, des systèmes de santé du pays et de la préparation aux crises.
Il y a toujours trois phases cruciales dans une crise: les secours immédiats, le rétablissement, et le développement à long terme.
Je pense que nous avons déjà rencontré certains membres de ce comité et ils se souviennent peut-être que la phase d'urgence en Haïti a été beaucoup plus longue que dans d'autres situations. En ce qui concerne la Croix-Rouge, il y a eu 14 400 tonnes d'aide, 1 million d'articles de secours, et 2,5 millions de litres distribués à plus de 300 000 personnes quotidiennement. Il y a eu des soins médicaux dispensés à 216 000 personnes, et 100 camps abritant 172 000 personnes.
Après la phase d'urgence, nous nous sommes attaqués à la phase de rétablissement, ce qui a compris l'achèvement de plus de 18 000 abris résistant aux séismes. Il y a eu aussi des solutions d'hébergement, comme la réparation de logements et l'octroi de subventions pour la location ou la réparation de logements.
Finalement, nous abordons maintenant la planification à long terme pour consolider les efforts déployés jusqu'à maintenant. Cela comprend une initiative de soins de santé que je décrirai dans un instant.
L'un des principaux objectifs de nos efforts durant la phase de rétablissement a consisté à créer un hébergement sûr dans les collectivités, ce qui englobe un approvisionnement en eau adéquat, des systèmes sanitaires adéquats et, si possible, l'accès à des soins de santé communautaires.
Le mouvement international de la Croix-Rouge fournira des abris à 30 000 familles au moyen de projets comprenant la réparation de logements endommagés, la reconstruction d'abris, et la construction d'abris pouvant résister à d'autres catastrophes. La contribution du Canada à cette initiative consistera à fournir 15 000 solutions d'hébergement grâce à la générosité de donateurs privés et au programme de contrepartie du gouvernement fédéral.
La Croix-Rouge canadienne construira environ la moitié de ces abris, ce qui donnera un toit à 7 500 familles, dans des collectivités comme Leogane, l'une des plus durement touchées par le séisme, où plus de 90 p. 100 des constructions ont été détruites. Nous sommes fiers de pouvoir dire que les deux tiers du projet sont achevés. Les autres abris seront achevés d'ici la fin de mars 2012. Je parle ici d'abris pouvant résister à des ouragans de catégorie 3. Ce sont en réalité de petites maisons qui dureront plus de 10 ans et qui, dans bien des cas, offriront à de nombreux Haïtiens un milieu de vie meilleur que celui qu'ils avaient avant le tremblement de terre.
[Français]
Dans des conditions optimales, la construction d'un abri peut se faire en quelques jours seulement. Tout ce travail peut être accompli grâce à la participation et au soutien de la population locale dans la construction. Sur le terrain, sous la supervision de la Croix-Rouge canadienne, ce sont en majorité des Haïtiens qui viennent en aide à des Haïtiens.
[Traduction]
Certains de nos projets à long terme en Haïti comprennent une initiative de 25 millions de dollars pour renforcer un système de santé fragile. Nous avons signé une entente avec le ministère de la Santé haïtien et trois organisations canadiennes dispensant des programmes de santé maternelle et néonatale. Ce programme de cinq ans permettra de reconstruire et de consolider le système de soins de santé pour les groupes les plus vulnérables du sud-est du pays. Nous participons en outre à la reconstruction de l'hôpital principal de Jacmel, en mettant l'accent sur les services de maternité et de soins aux enfants.
Nous avons entamé un programme de santé communautaire qui comprend la diffusion de messages fondamentaux sur la santé pour apprendre aux gens comment prévenir les épidémies. Cette initiative concerne aussi la formation, l'éducation publique, la prévention et le renforcement des capacités de prestation de services de santé de la Croix-Rouge haïtienne.
Ces initiatives de longue durée résultent évidemment des carences du système de santé, qui sont devenues particulièrement évidentes durant la phase d'urgence du séisme, lorsque la Croix-Rouge a traité 216 000 patients.
Haïti a été confronté à une autre situation d'urgence à cette époque l'an dernier. On vous a parlé tout à l'heure de l'épidémie de choléra. Le système de santé du pays n'était pas capable de faire face à cette nouvelle crise, et la Croix-Rouge canadienne a donc déployé pour la première fois un hôpital de campagne pour faire face à l'épidémie mortelle de choléra. L'hôpital, créé en partenariat avec le gouvernement canadien, a permis de soigner plus de 1 600 personnes et a été remis à la Croix-Rouge haïtienne en mars pour lui donner les moyens et les connaissances nécessaires en cas de nouvelle crise. Nous sommes fiers de pouvoir dire que cet hôpital est complètement géré par la Croix-Rouge haïtienne et continue de soigner des patients.
Nous faisons donc des progrès, mais il y a encore beaucoup de défis à relever, et ils ne le seront ni facilement ni rapidement. Certes, beaucoup des problèmes existaient avant le séisme. L'une des choses qui ne changeront pas sera la présence de la Croix-Rouge. Nous agissons depuis longtemps en Haïti dans des domaines qui vont bien au-delà des phases initiales d'urgence et de rétablissement.
Bon nombre des questions de reconstruction ont déjà été abordées devant votre comité. Je veux parler du manque de place pour déblayer les gravats, ainsi que des défis logistiques tels que la faiblesse de l'infrastructure et de la chaîne d'approvisionnement.
À mesure que des logements sont construits, le besoin de main-d'oeuvre diminue, ce qui est une préoccupation au moment où nous achevons certains projets de construction. Dans les quartiers les plus pauvres, les emplois sont peu nombreux et, lorsqu'ils disparaissent, même s'ils étaient temporaires, cela crée des tensions et des problèmes d'insécurité.
La situation humanitaire reste précaire en Haïti. Il y a encore plus de 600 000 personnes dans des camps qui n'ont pas suffisamment accès à un abri, à de l'eau potable et à des services d'hygiène. La reconstruction, même si elle progresse, prendra encore un certain temps. Il est donc essentiel que personne n'oublie le caractère pressant de la situation. Nous sommes encore loin de pouvoir relâcher nos efforts.
En collaboration avec les gouvernements qui nous appuient, nous continuerons à agir, même face à la complexité de la situation et à d'éventuelles critiques. Nous sommes déterminés à maintenir le cap avec nos partenaires haïtiens, la Croix-Rouge haïtienne, et à continuer d'investir dans les collectivités.
En conclusion, j'aimerais ajouter que la Croix-Rouge collabore étroitement avec des gouvernements et d'autres acteurs humanitaires dans le monde entier, ainsi qu'avec le mouvement international de la Croix-Rouge, pour maximiser son impact. Ensemble, nous avons fait des investissements importants au Canada et ailleurs dans le monde.
Outre l'hôpital de campagne, nous avons des fournitures de secours qui sont prêtes à être expédiées en cas de crise. Nous avons formé du personnel et des bénévoles qui sont tout à fait prêts à faire face aux catastrophes les plus complexes. Assurer la disponibilité de ces ressources exige un investissement quotidien et nous sommes reconnaissants de l'appui que nous recevons au Canada.
L'expérience unique que nous avons acquise dans de nombreux pays fait de nous un partenaire précieux du gouvernement du Canada pour l'élaboration de politiques touchant la prestation de secours humanitaires d'urgence, le rétablissement des collectivités et le développement à long terme. En ce qui concerne le thème d'aujourd'hui, comme vous avez sans doute pu vous en rendre compte pendant ma déclaration, nous bénéficions d'une large base de connaissances et d'expertise, et répondrons avec plaisir à toutes vos questions.
Merci, monsieur le président.
J'arrive directement de Port-au-Prince où j'ai été envoyée par l'Unicef une dizaine de jours après le tremblement de terre.
C'est un honneur pour moi de m'adresser à vous, non seulement parce que je représente l'Unicef, mais aussi parce que je suis canadienne. C'est la première fois que je m'adresse à un comité comme le vôtre et je n'ai pas préparé de texte. Je vais plutôt m'inspirer de mes notes, qui sont au demeurant exactes et sincères.
Je veux vous parler un peu des secours dispensés après le séisme et de la manière dont nous nous repositionnons en Haïti, non seulement pour le rétablissement, mais aussi pour un changement historique concernant les enfants.
Je voudrais aussi parler brièvement de la réaction au choléra et de ce qu'elle nous apprend sur les besoins réels de Haïti.
Permettez-moi tout d'abord de féliciter le gouvernement canadien qui a été le premier donateur du secteur public à libérer des fonds après l'appel au secours, notamment en réponse à l'appel de l'Unicef en 2010.
L'ACDI est devenue le donateur primaire, ou premier, de notre programme, et le troisième plus gros bailleur de fonds globalement. Plus de 14,2 millions de dollars ont été fournis pour les efforts de rétablissement, et l'Unicef a consacré cette somme importante à l'éducation, à la nutrition, à l'eau et à l'hygiène.
Les Canadiens eux-mêmes ont également été très généreux et ont fait preuve de solidarité avec les enfants de Haïti en fournissant une autre somme de 14 millions de dollars depuis un an et demi. Ce n'est donc pas seulement le gouvernement qui a fait preuve de solidarité avec Haïti, mais aussi la société civile.
Je dois dire que la rapidité avec laquelle la première promesse a été confirmée, puis l'argent transféré, et la souplesse de l'octroi nous ont permis de répondre aux besoins urgents et changeants sur le terrain. Merci donc à nouveau de cette aide soutenue et adéquate provenant d'un bon donateur humanitaire.
Je suis sûre qu'on vous a déjà parlé des grandes victoires obtenues en 2010. Il y a d'abord eu la réaction immédiate pour sauver des vies avec le travail de l'Unicef dans ce qu'on appelle le WASH Cluster, c'est-à-dire la trilogie eau, assainissement, hygiène. En qualité de coordonnateur dans ce domaine, nous avons pu travailler avec des partenaires pour étendre une activité de transport d'eau en urgence qui a permis de fournir de l'eau potable à plus de 1,2 million de personnes immédiatement après le séisme. L'assistance financière de l'Unicef, ainsi que de l'ACDI, a permis de répondre aux besoins de 680 000 personnes environ. Quelque 11 300 latrines ont été construites pour répondre aux besoins d'urgence immédiatement après le séisme.
En même temps, la situation de la nutrition s'est stabilisée. La malnutrition est souvent un problème touchant les enfants, qui sont les plus vulnérables en cas de crise. Plus de 11 200 enfants ont été traités grâce à un réseau de 159 programmes de traitement différents et de 28 centres de stabilisation pour les enfants souffrant de complications causées par la malnutrition. L'Unicef a aidé ses partenaires avec une assistance financière et avec des fournitures.
Nous avions aussi plus de 107 tentes et abris adaptés aux enfants et qui constituent en réalité une intervention préventive pour aider les mères à apprendre à nourrir correctement leurs bébés et leurs enfants et à leur donner le sein. C'est là un exemple positif et innovateur d'intervention de prévention en plein milieu d'une action d'urgence destinée à sauver des vies.
La protection des enfants a beaucoup retenu l'attention des médias et d'intervenants de l'étranger. L'Unicef a collaboré avec diverses organisations communautaires pour créer des espaces adaptés aux besoins des enfants dans les camps d'hébergement. Plus de 445 espaces ont été établis en 2010, ce qui a permis de fournir un soutien récréatif et psychosocial à plus de 120 000 enfants. Il convient de souligner que la majorité de nos partenaires sont des partenaires nationaux. Ce sont des organisations de la société civile et des organisations religieuses qui continuent de dispenser ce genre de soutien même après que les personnes aient quitté les camps, parce qu'elles diffuseront ces services de protection dans leurs propres collectivités.
Toujours au sujet de la protection des enfants, l'Unicef a collaboré étroitement avec Aide à l'enfance et avec divers autres partenaires pour implanter un système de dépistage et de réunification des familles. Durant les premiers jours, ce fut un système extrêmement efficace pour enregistrer les enfants. Par contre, retrouver les familles a été un peu plus difficile. Environ 40 p. 100 des enfants enregistrés étaient séparés de leurs familles avant le séisme, ce qui veut dire qu'il a été impossible dans certains cas de retracer celles-ci. Cela reste un problème très difficile, et j'y reviendrai dans un instant.
J'aimerais dire aussi que plus de 720 000 enfants ont reçu un soutien en 2010 pour retourner à l'école immédiatement après le séisme d'avril, ce qui est une énorme victoire qui a été obtenue en partenariat avec le ministère de l'Éducation. Plus de 1 600 tentes ont été distribuées sur environ 225 sites différents dans les zones touchées par le séisme, et on a aussi distribué des fournitures scolaires et des fournitures didactiques de façon à assurer la reprise des cours même si c'était sous des tentes. Il s'agit là de succès très importants, mais ils ne représentent qu'une fraction de ce qui a été accompli, en particulier avec le financement de l'ACDI.
Comme mes collègues l'ont déjà dit, au moment même où se déployaient les secours d'urgence, on s'est efforcé de développer les capacités locales, notamment celles du gouvernement, responsable ultime de la protection des droits des enfants. En qualité de membre de la famille des Nations Unies, l'Unicef s'intéresse évidemment aux questions déjà mentionnées de règle de droit, de bonne gouvernance et de participation citoyenne. Dès le départ, l'Unicef s'est donc attachée à essayer de rétablir la capacité opérationnelle des ministères chargés de dispenser les services sociaux, et aussi la capacité technique.
Je vais donner quelques exemples concrets pour mieux vous faire comprendre la situation sur le terrain. Dans un cas, pour le service de la nutrition, qui fait partie du ministère de la Santé publique, alors qu'on multipliait les centres chargés de l'alimentation thérapeutique et de traitement des cas graves de malnutrition, l'Unicef entreprenait de former un vaste groupe d'agents de la santé afin de leur permettre d'identifier les cas de malnutrition et de leur accorder plus d'importance dans la prestation des services de santé.
Aujourd'hui, l'Unicef finance le ministère pour recruter six nutritionnistes au niveau central, et un groupe de 10 spécialistes de la nutrition, un pour chaque département de Haïti, dans le but de mettre en oeuvre des programmes d'amélioration de la surveillance de la malnutrition et de son traitement par le système de santé.
En ce qui concerne la protection des enfants, nous nous sommes concentrés sur la prestation d'espaces adaptés à leurs besoins, mais aussi, en même temps, sur des choses telles que la réforme législative. Nos pressions nous ont fait gagner une victoire. En mars, le gouvernement a signé la Convention de La Haye sur les adoptions internationales, premier pas vers l'instauration d'un cadre de protection des enfants dans le pays.
En même temps, l'Unicef a travaillé pour rehausser la capacité de réglementation du ministère des Affaires sociales en dressant une base de données des établissements de soins résidentiels, qui accueillent et hébergent des enfants séparés, et nous lui avons aussi appris à faire des évaluations et à entamer le processus d'accréditation et d'instauration de normes de traitement des enfants de ces centres. Il s'agit là d'une grande victoire, car elle concerne un pays dans lequel nous n'arrivions pas à identifier et à confirmer l'emplacement de ces services. Maintenant, ils ont été cartographiés, ils ont été évalués et ils sont sur la voie d'une meilleure gestion.
J'aimerais aussi parler d'éducation, ce qui est très important. Sachez qu'il y a actuellement un mouvement sans précédent en faveur de l'éducation. Avec l'élection du président Martelly et la confirmation d'un premier ministre, nous bénéficions d'une occasion unique de tirer parti du mouvement en faveur de l'éducation. La rentrée scolaire vient de se faire et l'Unicef a appuyé les initiatives du président pour atteindre les enfants en dehors de l'école en distribuant des fournitures scolaires à environ 750 000 enfants du pays.
L'Unicef concentrera aussi certains de ses efforts de construction sur les écoles, non seulement dans les secteurs touchés par le séisme, mais aussi dans certaines des 150 collectivités du pays qui n'ont accès à aucune infrastructure publique d'éducation.
Vous avez peut-être entendu dire que l'Unicef a un très vaste programme de construction. Nous venons de terminer 160 écoles semi-permanentes, et 40 autres devraient être terminées à la fin de l'année. L'an prochain, nous nous concentrerons non seulement sur le rétablissement du pays, mais aussi sur l'équité pour veiller à ce que les enfants des régions les plus isolées et les plus vulnérables aient accès à un local d'apprentissage sûr.
Permettez-moi de mentionner brièvement l'épidémie de choléra. On a malheureusement enregistré quelque 450 000 cas, et il y a eu environ 6 300 décès. Les pourcentages ne sont pas les mêmes dans tout le pays et nous constatons actuellement l'éclosion de petites épidémies localisées.
Cela nous indique que les besoins ne sont pas nécessairement situés dans les zones touchées par le séisme. Bien que les personnes les plus vulnérables soient toujours celles qui ont le plus de besoins, et que certaines se trouvent encore dans des camps, il y a des enfants qui n'ont accès à aucun service social dans les régions rurales les plus isolées. Les problèmes énormes qu'ils rencontrent pour avoir accès à de l'eau potable, à des services d'hygiène et à des soins de santé constituent un danger non seulement du point de vue de la protection de leurs droits individuels, mais aussi du point de vue de la stabilité et de la santé publique dans le pays. Voilà pourquoi nous sollicitons de l'appui pour la décentralisation des services sociaux et, d'un point de vue général, des services gouvernementaux dans la plupart des régions rurales.
Merci beaucoup.
Toutes vos organisations jouent un rôle crucial, autant au Canada qu'à l'étranger, et sont des éléments critiques de la société civile et du rétablissement de la société civile dans des pays comme Haïti qui ont été touchés par une catastrophe. J'ai été particulièrement heureuse d'entendre Kevin dire que nous sommes parfois très bons lorsqu'il s'agit de réagir immédiatement à une catastrophe, mais qu'il reste souvent des problèmes chroniques. Il est donc important que nous restions là-bas jusqu'à ce que nous ayons stabilisé la situation et mis quelque chose en place pour le long terme.
Mes questions portent sur la sécurité et la violence sexuelle. Toutes vos organisations sont sur le terrain. Donnez-nous donc les informations que vous détenez sur ce qui se passe dans les camps du point de vue de la violence sexuelle systémique, et dites-nous ce que vous faites à ce sujet.
Je vais tout de suite vous poser d'autres questions et vous déciderez vous-même qui est le mieux placé pour y répondre.
Comment nous assurons-nous que les femmes participent non seulement à la reconstruction, à l'éducation et au développement des capacités, mais aussi au développement économique? Nous savons que c'est crucial pour rétablir une certaine continuité et de la stabilité. Quelles mesures prend-on pour reconstruire le mouvement des femmes, car, durant ce genre de catastrophe, les femmes finissent souvent par être les personnes les plus victimisées.
Que pouvons-nous faire, comme Canadiens, pour appuyer ce mouvement en faveur de l'éducation, car nous savons que c'est absolument fondamental pour rétablir la paix, la sécurité et la stabilité à long terme en Haïti?
Je sais que je vous demande beaucoup de choses, mais vous pouvez peut-être répondre globalement.
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Je vais commencer, si vous me le permettez.
La question de la violence sexuelle dans les camps est particulièrement difficile, et on s'y attaque à plusieurs niveaux. Le premier est physique, en termes d'éclairage et d'emplacement des latrines. Il y a certaines choses que l'on sait qu'on peut faire pour réduire le risque d'agression. L'éclairage est crucial. Aménager les latrines dans des endroits qui sont… La combinaison est parfois difficile parce qu'on est limité par l'espace disponible, mais l'emplacement est important.
Il y a aussi des systèmes qu'on peut instaurer dans le camp, comme des systèmes d'entraide. Au fond, il s'agit d'une surveillance de quartier. Des gens sont disponibles pour escorter les filles vers les toilettes, la nuit. Il y a des structures sociales qu'on peut bâtir.
Le troisième niveau est celui des plaintes. Les gens doivent avoir des lieux sécuritaires pour dénoncer la violence faite aux femmes. Bien souvent, il s'agit de centres communautaires. Il s'agit aussi de veiller à ce qu'il y ait des femmes dans ces centres pour recueillir les plaintes.
Ces trois éléments constituent le point de départ. Il y a des campagnes d'information continues sur l'ampleur de l'épidémie et les problèmes qu'elle cause. Ce n'est pas une question facile à aborder, mais il existe certaines techniques pour le faire.
Très brièvement, au sujet du pouvoir économique des femmes, l'un des outils les plus efficaces, qui a été appuyé par l'ACDI dans de nombreux pays et par des donateurs privés, est un programme d'épargne et de prêt. Ces programmes ne sont pas spécialement réservés aux hommes ou femmes, mais c'est auprès des femmes qu'ils semblent être le plus efficaces. Ce sont des programmes d'épargne et de prêt de solidarité avec les pairs. La caractéristique la plus utile est qu'ils jouent le rôle d'assurance et d'étalement du revenu. Mais ils permettent aussi de prêter des petites quantités de capital aux entreprises. Ils apprennent aux gens à comprendre l'économie.
Je laisse la parole aux autres qui veulent répondre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Quand on parle de la violence faite aux femmes et de la violence faite aux femmes et aux enfants, les aspects à prendre en compte comprennent certainement l'absence de logements, l'absence d'alimentation et, bien sûr, l'absence d'emplois pour les membres de la famille.
Au sujet de ces trois questions, je vois d'après le rapport de la Croix-Rouge que 7 500 logements environ ont été construits ou le seront dans la région de Jacmel et de Leogane, au prix de quelque 43 300 000 $. Si l'on fait le calcul pour le million de personnes, approximativement, qui n'ont pas de toit, en estimant qu'il y a 10 personnes par maison — et ce sont des maisons très modestes —, on arrive à un coût de 5,5 milliards de dollars pour construire ces logements. Étant donné que ces logements sont quasiment des boîtes de contreplaqué, ai-je raison de calculer que chacune de ces boîtes coûte 5 500 $?
L'autre aspect de la question concerne l'aménagement et l'utilisation des terrains. Je comprends qu'il y a un énorme problème au sujet de la propriété juridique des terrains, mais ne serait-il pas possible de reléguer certains terrains qui pourraient être au moins temporairement loués ou utilisés pendant une période de 10 ans, par exemple, de façon à pouvoir construire ces maisons? A-t-on envisagé cela?
Ma deuxième question porte sur l'alimentation et la sécurité. Nous sommes au courant du déboisement de ce pays. Nous savons que c'était déjà un problème très grave avant le séisme. Qu'a-t-on fait à ce sujet depuis lors et quelle est la situation actuellement? Est-ce toujours négatif? Importe-t-on toujours des aliments pour nourrir la population? À une certaine époque, on a importé du riz, alors que ce pays était autrefois l'un des principaux fournisseurs de riz de la région. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est fait sur le plan de l'alimentation et de la sécurité? Ce sont certainement là deux aspects qui influent sur les échecs de mariages, sur la violence familiale et sur d'autres problèmes sociaux.
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Je me pose une question depuis le début: de quelle façon tous les organismes arrivent-ils à coordonner leurs efforts?
Par exemple, après le tsunami au Japon, le pays a eu des besoins très particuliers. Il y avait un gouvernement et des administrations locales qui étaient capables de déterminer les besoins et de soumettre les demandes aux pays qui pouvaient leur apporter de l'aide. C'était en quelque sorte une situation idéale pour intervenir.
Par contre, dans un pays où il n'y a pas de gouvernement, pas de lois, pas de police, et où le parlement tout comme les postes de police sont détruits, le nombre d'interlocuteurs tombe à zéro. De quelle façon tous les organismes internationaux et tous les pays arrivent-ils à établir une stratégie qui fonctionne? Cette situation n'entraîne-t-elle pas une certaine inefficacité?
Sans être un spécialiste, quand j'ai vu le tremblement de terre, j'ai eu comme première réaction de penser que l'inexistence des infrastructures sanitaires allait déclencher une épidémie de choléra et que ce serait horrible. Or, je me demande à quel point le temps de réponse pour mettre en place des infrastructures sanitaires dans le pays n'a pas causé cette épidémie. Je me demande comment tous les intervenants n'ont pas réussi à organiser une stratégie pour mettre en place une forme d'autorité capable de prendre des décisions.
Comme on dit en anglais, on voit que
[Traduction]
l'argent ne règle que des problèmes d'argent.
[Français]
Je vois qu'on est dans une situation où beaucoup d'argent est dépensé avec les meilleures intentions du monde, mais où seule une fraction des résultats attendus a été obtenue.
Je ne cherche pas à dévaloriser vos actions ou celles de notre gouvernement, mais je pense qu'on est rendu à un point où il faudrait peut-être prendre une pause et réfléchir. Il faut essayer de trouver une stratégie à long terme qui pourrait nous permettre, à nous et à tous les autres organismes et pays, d'arriver à poser une action qui pourrait apporter des résultats à moyen et à long terme.