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Bonjour, tout le monde. Bienvenue devant cette neuvième séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous allons avoir une séance d'information sur le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Bienvenue à tous ceux qui ont réussi à se joindre à nous, bien qu'un seul ascenseur soit en marche. C'est toujours étonnant de voir qu'un ascenseur peut tomber en panne aussi rapidement après l'inauguration d'un immeuble tout neuf.
Voici le programme d'aujourd'hui. Nous allons d'abord entendre nos témoins, pendant une heure à peu près, après quoi nous traiterons des travaux du comité.
Je vais maintenant me taire et leur laisser la parole. Encore une fois, je vous souhaite la bienvenue à tous et vous remercie d'avoir pris la peine de vous joindre à nous.
Nous accueillons Svend Robinson, que pratiquement tout le monde connaît, je suppose. C'est un conseiller principal en relations parlementaires.
C'est un plaisir de vous revoir, monsieur.
Nous accueillons aussi Christoph Benn, directeur, Relations extérieures et regroupement des partenariats.
Ces deux témoins représentent aujourd'hui le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Nous accueillons aussi de représentants de l'ACDI, soit Paul Samson, vice-président par intérim, Direction générale des programmes multilatéraux et mondiaux, et David Stevenson, directeur général, Direction des initiatives mondiales.
Je crois comprendre que chaque groupe va faire une déclaration liminaire, après quoi nous passerons aux questions, comme d'habitude.
Pourquoi ne commencez-vous pas, Christoph? Je vous donne la parole.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les membres du comité de l'intérêt que vous portez au Fonds mondial. C'est toujours un plaisir pour moi d'être ici.
Je vais vous présenter certains des résultats les plus récents de la lutte contre les trois grandes maladies infectieuses — sida, tuberculose et paludisme — et faire ces quelques remarques sur la situation actuelle du Fonds mondial.
Permettez-moi d'abord d'adresser mes sincères remerciements au Canada, l'un des membres fondateurs du Fonds mondial. Comme on vous le dira tout à l'heure, certaines des réunions les plus importantes qui ont mené à la création du Fonds mondial se sont tenues au Canada.
Le Canada est l'un des plus gros donateurs du Fonds mondial, et il est représenté à son conseil d'administration. Je suis ravi d'être ici avec M. Stevenson, qui représente le Canada au conseil. Le Canada oeuvre avec le Fonds mondial de nombreuses manières différentes. Nous tenons à vous remercier de votre appui continu.
J'ai préparé quelques diapositives mais je ne les expliquerai pas toutes. Je vais me concentrer sur quelques-unes présentant des résultats clés. En outre, je vais parler de quelques rapports importants qui ont été publiés ces dernières semaines.
Le Fonds mondial a été créé il y a exactement 10 ans dans le but de mobiliser des ressources importantes pour appuyer les pays prenant des mesures exhaustives pour lutter contre ces trois maladies. Je pense que nous avons fait des progrès notables au cours des années.
Nous avons trois indicateurs clés, ce qui veut dire que nous mesurons continuellement combien de personnes traitées bénéficient de notre appui, et ce que nous faisons en prévention. À l'heure actuelle, nous aidons 3,2 millions de personnes traitées pour le sida. Ce sont des personnes qui ne survivraient pas sans cet appui. Nous avons réussi à traiter plus de 8 millions de personnes contre la tuberculose. Nous avons aidé à distribuer près de 200 millions de moustiquaires traités par insecticide. Nous appuyons aussi beaucoup d'autres activités. Vous constaterez sur la diapositive que ces chiffres augmentent depuis quelques années, parce que divers pays ont mis en oeuvre des programmes très efficaces.
Je ferai quelques remarques sur chacune des trois maladies. En ce qui concerne le sida, pour commencer, un rapport de notre organisation partenaire, ONUSIDA, montre que, dans bien des pays, les taux d'infection commencent finalement à baisser, non seulement parce que le traitement est efficace — bien des gens qui reçoivent ce traitement peuvent mener une vie normale, s'occuper de leur famille et être des membres productifs de la société — mais aussi parce que la prévention donne des résultats. Traitement et prévention doivent aller main dans la main. Le nombre de nouvelles infections a baissé de près de 20 p. 100 au cours des 10 dernières années, et le nombre de décès reliés au sida, de 20 p. 100 au cours des cinq dernières. Je crois qu'il s'agit là de résultats mesurables importants.
Nous mettons aussi beaucoup l'accent sur la prévention de la transmission de la mère à l'enfant. Comme vous le savez, le virus peut être transmis au bébé par la mère enceinte. Or, nous avons le moyen de prévenir cela, et nous le faisons dans beaucoup de pays. Globalement, nous avons aidé 1 million de femmes dans la prévention de cette transmission, ce qui a sauvé des vies innombrables d'enfants qui n'ont pas été affectés par le VIH.
Quelques mots maintenant de la tuberculose. Le 11 octobre, le service Halte à la tuberculose, de l'Organisation mondiale de la santé, a publié un rapport intitulé « Global Tuberculosis Control in 2011 ». C'est un rapport historique car, pour la première fois depuis des décennies, il révèle une diminution du nombre de cas de tuberculose dans le monde, résultat qui a été difficile à atteindre. Aujourd'hui, nous constatons que le nombre de personnes nouvellement infectées s'inscrit à la baisse, comme le nombre de personnes mourant de la tuberculose, parce que nous réussissons à traiter cette maladie.
Ce succès s'est essentiellement manifesté d'abord en Asie. Bon nombre des grands pays asiatiques ont un fardeau énorme de tuberculose, mais c'est aussi le cas désormais en Afrique, avec le double fardeau du VIH et de la tuberculose, ce qui est l'un des grands défis pour traiter la tuberculose.
Finalement, le succès le plus spectaculaire concerne probablement le paludisme. Selon un rapport très récent du Partenariat RBM, de l'OMS, publié en septembre, le nombre de décès diminue. Divers pays disent avoir maintenant éliminé le paludisme ou être sur le point de l'éliminer, ce qui est un énorme succès qui s'explique par une combinaison de traitement, de distribution de moustiquaires et de lutte contre les moustiques. J'ai personnellement pu le constater dans plusieurs pays que j'ai visités cette année. J'ai une formation en médecine tropicale et, après avoir travaillé pendant plus de 20 ans sur le paludisme, il était extrêmement encourageant de constater la réduction spectaculaire de cette maladie mortelle dans tant de pays.
La semaine dernière, lors d'un sommet organisé par la Fondation Gates, plusieurs rapports ont été présentés sur des essais de vaccin antipaludique couronnés de succès. Cela reste à confirmer et il faudra encore plusieurs années pour mettre au point un vaccin commercialisable mais, pour la première fois, un vaccin s'est avéré efficace pour prévenir la moitié des infections. C'est un outil supplémentaire que nous aurons peut-être dans quelques années pour réussir à éradiquer le paludisme de nombreux pays.
Pris ensemble, ces programmes ont un effet sur tous les OMD concernant la santé, y compris la mortalité infantile : OMD 4. J'ai ici une diapositive donnant l'exemple de la Tanzanie où les programmes combinés débouchent maintenant sur une réduction de la mortalité infantile.
J'aimerais aussi préciser comment les OMD 4, 5 et 6 sont reliés, notamment parce que le Canada a été un chef de file sur la santé maternelle et infantile. Nous félicitons sincèrement le Canada de son rôle à cet égard. Le Fonds mondial contribue aux trois objectifs de développement du Millénaire : enfants, femmes et maladies infectieuses.
Pour conclure, permettez-moi de dire quelques mots du Fonds mondial lui-même, qui en est exactement à sa 10e année d'existence. Il a été créé après une réunion de l'Assemblée générale des Nations unies en 2001 et a commencé ses activités début 2002.
Nous examinons actuellement, dans cette période particulière, certains rapports sur la corruption dans divers pays ayant reçu l'aide du Fonds mondial, corruption que celui-ci avait lui-même repérée. C'est l'inspecteur général du Fonds mondial qui avait dépisté les cas qui ont été rapportés dans la presse. Cela a amené le conseil du Fonds mondial à nommer un groupe de haut niveau composé de personnes éminentes pour examiner les meilleurs mécanismes de contrôle fiduciaire et la manière dont le Fonds mondial pourrait renforcer cette partie de ses activités, pendant sa deuxième décennie.
Nous sommes de fermes partisans de la transparence et de la redevabilité, qui vont la main dans la main. Sur la transparence, nous divulguons toutes les sommes que nous déboursons et tous nos rapports de l'inspecteur général. Nous pensons que c'est l'une des meilleures manières de prévenir la corruption, mais c'est aussi cela qui explique pourquoi il y a eu tant de débats publics.
Nous avons ensuite adopté un agenda de réforme fondé sur les recommandations du groupe de haut niveau. Il fera l'objet d'une réunion du conseil au Ghana le mois prochain. Ensuite, nous veillerons à la mise en oeuvre des recommandations qui, nous l'espérons, renforceront encore les activités du Fonds mondial afin de nous permettre de continuer nos excellents progrès au sujet des trois maladies.
J'en reste là, monsieur le président, et je serai heureux de participer a la discussion avec les membres du comité.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Merci et bienvenue à tous.
[Traduction]
Comme vous le savez, la mission de l'ACDI est de prendre la tête des opérations internationales du Canada qui visent à réduire la pauvreté dans les pays en développement. Le Fonds mondial est dans le droit fil des engagements pris par le Canada dans le domaine du développement international, y compris l'Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
Près de 9 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année, le plus souvent de maladies qui auraient pu être évitées et traitées. Dans les pays en développement, mettre l'accent sur la survie de l'enfant signifie aussi concentrer les efforts sur la santé maternelle. L'enfant dont la mère meurt court un risque 10 fois plus grand de mourir dans les deux ans qui suivent son décès.
[Français]
Si l'on veut favoriser la survie de l'enfant et la santé maternelle, il faut absolument investir dans la prévention et le traitement du VIH-sida, du paludisme et de la tuberculose.
En 2009, on a enregistré 1,8 million de décès liés au sida, dont environ 260 000 chez les enfants et les jeunes. Le VIH ralentit l'économie, pèse lourdement sur le budget des ménages touchés et menace le bien-être physique et émotif des enfants orphelins à risque.
Le paludisme, quant à lui, est l'une des premières causes de mortalité chez les enfants partout dans le monde. En effet, 90 p. 100 des personnes qui meurent des suites du paludisme sont des enfants.
Par ailleurs, la tuberculose est une maladie qui touche majoritairement les pauvres, entraîne des répercussions négatives sur la croissance économique et touche surtout les adultes dans leurs années les plus productives. Lorsqu'une personne est atteinte de tuberculose, le revenu annuel du ménage diminue en moyenne de 20 à 30 p. 100.
[Traduction]
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été créé en 2002 pour augmenter considérablement les ressources affectées à la lutte contre ces trois maladies dévastatrices. En neuf ans, le Fonds mondial est devenu un mécanisme de financement important, augmentant considérablement les ressources pour les trois maladies, grâce au soutien de nombreux donateurs.
Doté d'un portefeuille de subventions de plus de 30 milliards de dollars, le Fonds mondial consacre environ 62 p. 100 de ses ressources au VIH et au sida, 22 p. 100 à la prévention et au traitement du paludisme, et 16 p. 100 aux programmes de lutte contre la tuberculose.
Le Fonds mondial est une importante source de financement pour les autorités sanitaires au niveau national. Il a permis d'accroître considérablement l'accessibilité et l'utilisation des services et de réduire la charge de la maladie. Depuis 2004, selon les estimations, le Fonds mondial a permis d'éviter 7,7 millions de décès. Ce sont des résultats importants.
Voici quelques autres exemples. Les programmes financés par le Fonds mondial ont permis de fournir des traitements contre le sida à plus de 3,2 millions de personnes et de prodiguer un traitement contre le VIH à un million de femmes enceintes porteuses du virus pour prévenir la transmission à leur enfant.
Depuis 2004, le Fonds mondial a financé la fourniture de traitements contre la tuberculose à environ 8,2 millions de personnes. Pour ce qui est du paludisme, le Fonds mondial a, selon les rapports, distribué 190 millions de moustiquaires de lit afin de prévenir l'incidence de la maladie et a fourni 210 millions de traitements antipaludéens.
Les investissements du Fonds mondial ont des répercussions additionnelles sur les systèmes de santé en général, tels que des améliorations dans l'infrastructure, les laboratoires, les capacités en ressources humaines, le suivi et l'évaluation des activités. Ces changements positifs augmentent la durabilité des activités de traitement et de prévention des maladies dans l'ensemble du système de santé des pays bénéficiaires.
[Français]
Le Canada est l'un des donateurs fondateurs du Fonds mondial. Il a en fait organisé la première réunion des donateurs ici, à Ottawa. En outre, il appuie le Fonds mondial depuis ses débuts. À ce jour, le Canada s'est engagé à verser plus de 1,5 milliard de dollars au Fonds mondial, dont 968,4 millions de dollars ont été décaissés. Le Canada occupe le sixième rang parmi les donateurs. Sa contribution correspond donc à plus de 4 p. 100 du financement total du Fonds mondial.
En septembre 2010, le premier ministre du Canada a annoncé une nouvelle contribution de 540 millions de dollars pour le Fonds mondial pour la période allant de 2011 à 2013. Il s'agit là de la plus importante contribution du Canada à une seule initiative dans le domaine de la santé mondiale.
Pour surveiller les investissements dans le Fonds mondial, le Canada est un membre actif du conseil d'administration du fonds par l'intermédiaire du groupe de pays formés par le Canada, l'Allemagne et la Suisse. En outre, il représente le groupe au sein d'un important comité du Fonds mondial. Le Canada travaille avec les pays partenaires pour améliorer l'efficience et l'efficacité des processus du Fonds mondial et sa gestion.
À l'automne 2010, la direction du Fonds mondial a présenté au conseil d'administration son programme de réformes en vue d'améliorer les structures opérationnelles de l'organisation. En décembre 2010, le conseil d'administration a également entrepris des analyses et des consultations pour déterminer les réformes à court terme et à long terme devant être opérées par le Fonds mondial. Ce travail s'inscrit dans le prolongement du programme des réformes, mais il le complète par d'autres recommandations portant sur presque tous les aspects du Fonds mondial. Les principaux domaines d'action immédiate ont été déterminés et des recommandations précises ont été formulées relativement aux mesures à prendre ainsi qu'aux échéanciers et aux indicateurs servant à mesurer le progrès. Il est important de procéder à la réforme du Fonds mondial pour tenir compte des enseignements tirés des neuf premières années d'existence et, plus particulièrement, pour faire en sorte que soit appliquée une politique de tolérance zéro à l'égard de la corruption et de la fraude.
[Traduction]
Il existe au Fonds mondial un bureau de l'inspecteur général, qui a signalé des cas où des fonds n'ont pas l'objet de comptes rendus, en raison de problèmes de corruption, d'une documentation insuffisante ou de dépenses extrabudgétaires. Les rapports de ce bureau ont été communiqués aux médias conformément à la politique de transparence du Fonds mondial. Un groupe indépendant d'experts de haut niveau a été établi en février 2011 par le conseil d'administration du Fonds mondial pour examiner le contrôle fiduciaire et les mécanismes de surveillance du Fonds mondial à la suite de présumés fraude et détournement de fonds.
Dans son rapport intitulé « Turning the Page from Emergency to Sustainability », le groupe d'experts prend note des importantes réalisations du Fonds mondial et le résultat sans précédent obtenu par celui-ci, et conclut que son échec entraînerait une catastrophe mondiale sur le plan de la santé. Il a souligné que le Fonds mondial était né de la nécessité d'une intervention d'urgence pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais qu'en raison de l'évolution des interventions internationales le temps était venu d'examiner le mode de fonctionnement du modèle utilisé et la façon d'assurer la viabilité.
Le rapport incluait une liste détaillée de recommandations visant à améliorer les procédures, les responsabilités institutionnelles et les pratiques. Parmi les principales recommandations, mentionnons l'amélioration de la surveillance des risques à tous les niveaux, l'autonomisation des gestionnaires du portefeuille du Fonds et une meilleure utilisation des partenaires locaux.
Une réunion spéciale du conseil d'administration a été convoquée le 26 septembre à Genève pour discuter du rapport du groupe d'experts de haut niveau et déterminer les prochaines mesures à prendre. À cette réunion, le groupe d'experts a présenté ses principales recommandations et a réitéré la conclusion de son rapport :
Nous sommes persuadés que la mise en oeuvre de nos recommandations ainsi que les mesures déjà prises par la direction et le conseil d'administration protégeront les ressources du Fonds mondial, fourniront une garantie aux donateurs quant à la fiabilité et l'efficacité de l'organisation et permettront au Fonds de continuer à jouer un rôle important dans un environnement économique international qui évolue rapidement.
Le groupe d'experts a indiqué qu'il n'avait cerné aucun problème insoluble.
Le conseil d'administration a décidé de donner suite aux recommandations du groupe d'experts de haut niveau en établissant avec le Secrétariat et le Bureau de l'inspecteur général un plan intégré de transformation assorti d'un calendrier. Le conseil d'administration du Fonds mondial a convenu d'un programme de réformes complet qui inclut le plan de transformation et les mesures recommandées par le groupe d'experts de haut niveau. Le directeur exécutif du Fonds mondial s'est engagé à diriger la mise en oeuvre du plan de transformation, qui s'accompagnera d'une collaboration accrue avec le Bureau de l'inspecteur général, lequel continuera de réaliser des vérifications et des enquêtes. Le Fonds mondial recrutera également un dirigeant principal de la gestion du risque, qui travaillera avec le directeur exécutif pour définir des mesures de gestion du risque interne et assurer la surveillance à cet égard.
Finalement, en ce qui concerne la relation future de l'ACDI avec le Fonds mondial, un Fonds mondial hautement compétent qui applique une politique de tolérance zéro à l'égard de la fraude et de la corruption est essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. En vue de maximiser les effets du Fonds mondial sur les trois maladies, l'ACDI mettra l'accent sur trois objectifs stratégiques clés dans le cadre de son engagement envers le Fonds mondial : améliorer l'alignement sur les politiques et le processus dirigé par les pays, améliorer l'efficacité et l'efficience des activités du Fonds mondial, et simplifier les mécanismes et procédures d'attribution des subventions.
Merci beaucoup.
Je dirais que le Fonds mondial a eu suffisamment de ressources pendant ses huit premières années pour financer toutes les propositions qui lui étaient adressées.
J'ajoute un mot à ce sujet. Nous avons un comité d'examen technique indépendant, ce qui veut dire que toutes les propositions que nous recevons des pays sont analysées de manière indépendante non pas par le secrétariat du Fonds mondial mais par des experts internationaux, et que ceux-ci recommandent normalement le financement de la moitié des propositions reçues des pays.
Jusqu'à présent, nous avons été en mesure de financer ces sortes de propositions recommandées mais, évidemment, la crise économique et financière mondiale actuelle a une incidence profonde sur le Fonds mondial. En ce moment, il est difficile de financer ces propositions et tout permet de penser que ce sera encore plus difficile dans les années à venir. Il convient cependant de réaliser que ce sont les pays les plus pauvres qui souffrent de cette crise, et les habitants les plus pauvres de ces pays qui souffrent de la tuberculose, du sida et du paludisme.
Nous essayons par conséquent de faire comprendre à nos donateurs et au monde l'importance énorme de tenir leurs engagements, même si nous sommes sensibles aux pressions budgétaires que connaissent de nombreux pays donateurs. Il est important de tenir ces engagements parce que le progrès très impressionnant que je viens de décrire est évidemment aussi fragile. Nous devons maintenir cela, non seulement pour les millions de personnes en traitement, mais aussi parce que le progrès spectaculaire concernant le paludisme pourrait être renversé si l'on pouvait pas maintenir cet appui aux pays.
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Merci, c'est une excellente question.
Je suis allé en Éthiopie plus tôt cette année. C'est le pays qui a reçu le plus d'argent. C'est un très vaste pays d'Afrique, très pauvre, avec l'un des revenus par habitant les plus faibles au monde et un très lourd fardeau de maladie. Par conséquent, nous lui avons attribué de grosses subventions. Il a aujourd'hui sensiblement dépassé le strict financement des trois maladies. Avec notre argent, il a amélioré considérablement ses systèmes de santé, surtout au niveau communautaire.
Vous avez peut-être vu certains des travailleurs de la santé locaux du pays et le genre de cliniques rurales que le gouvernement éthiopien a aussi aidé à mettre sur pied avec l'argent du Fonds mondial. Ces travailleurs de la santé locaux distribuent des médicaments contre le paludisme et dispensent des services de test et de conseil sur le VIH, mais ils sont aussi disponibles pour d'autres maladies. Ce n'est donc pas strictement limité aux trois maladies. Notre action a permis de renforcer le système de santé de l'Éthiopie à la base, et c'est un excellent exemple, je crois.
Globalement, nous pouvons dire que le tiers de nos ressources sert à renforcer le système de santé. Il ne s'agit pas seulement de médicaments et de moustiquaires. Il s'agit vraiment de formation, d'équipement et de gestion de programmes de santé. Vous avez tout à fait raison quand vous dites que ces choses-là vont main dans la main car ces pays ont besoin de systèmes de santé durables, notamment les pays à revenu faible.
Le Bangladesh est un autre exemple intéressant. La tuberculose y est un énorme problème et c'est un pays où nous avons investi. Heureusement, il y a aussi des pays qui acquièrent le statut de pays à revenu intermédiaire. Cela réduit leur dépendance à moyen terme envers une institution comme le Fonds mondial, ce qui sera utile, je crois. Par conséquent, nous devons nous concentrer sur les pays les plus pauvres, avec les systèmes de santé les plus pauvres, afin de les renforcer pour qu'ils obtiennent des résultats durables.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence.
Svend, c'est un plaisir de vous revoir devant le Comité des affaires étrangères. Ça fait un bail !
Nous avons récemment eu une réunion avec le Programme alimentaire mondial qui nous a fait un exposé très similaire : ses résultats sont meilleurs et il atteint plus ou moins ses objectifs. En revanche, sa préoccupation, comme je pense que vous y avez fait allusion, est de savoir ce qui va se passer dans les années à venir avec cette porte tournante du financement.
Ses représentants ont aussi mentionné la crise de la dette européenne et l'incidence qu'elle aura sur les budgets européens car les pays concernés vont devoir se serrer la ceinture. Le problème est que l'aide étrangère risque d'être sensiblement réduite dans ce contexte. Ce sont probablement vos plus gros donateurs.
Quand vous butez sur ce mur du financement, comment réagissez-vous? Le Programme alimentaire mondial semblait dire qu'il commence à tirer sur… Il estime que certains pays en développement, comme la Chine, le Brésil ou d'autres, peuvent maintenant mettre l'épaule à la roue. Faites-vous la même chose? Vous préparez-vous à cette contraction potentielle de l'argent provenant d'Europe? Faites-vous votre travail auprès de ces autres pays, comme les pays arabes et les pays producteurs de pétrole, qui ont peut-être été autrefois vos bénéficiaires et qui pourraient maintenant vous aider un peu plus?
C'est ma première question: comment réagissez-vous quand vous butez sur ce mur financier, comme c'est inévitable?
Je fais tout d'abord une remarque sur l'Europe. Il est vrai que les donateurs européens sont extrêmement importants pour le Fonds mondial. Nous recevons environ la moitié de nos ressources des pays membres de l'Union européenne, et nous suivons donc très attentivement l'évolution de la crise actuelle de l'euro. Je crois comprendre qu'il y a eu de bonnes nouvelles à ce sujet hier soir et que certaines décisions ont été prises.
Heureusement, la plupart des principaux membres de l'Union européenne maintiennent encore ou même augmentent leur APD. On a mentionné le Royaume-Uni. L'Allemagne augmente aussi légèrement son APD. Les pays scandinaves font très bien. Ce sont les pays du sud de l'Europe qui sont le plus inquiétants, et certains font partie de nos plus gros donateurs, comme l'Espagne et l'Italie. Il y a donc là certaines préoccupations mais je dois dire que, jusqu'à présent, ces pays ont pu maintenir un engagement très élevé.
Vous avez cependant parfaitement raison et c'est pourquoi nous nous concentrons très sérieusement sur les économies émergentes, le G20. Comme vous l'avez dit, bon nombre d'entre eux ont bénéficié de l'aide du Fonds mondial dans le passé. La Chine, l'Inde et le Brésil ont reçu de l'argent du Fonds mondial et deviennent maintenant des donateurs. Le premier pays à agir ainsi à été la Russie, qui est aujourd'hui un donateur net après avoir été un bénéficiaire pour ses premiers programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose.
Nous recevons un peu d'argent de la Chine et de l'Inde. Cela doit continuer, et même augmenter, car il n'y existe pas encore ce genre de culture de la solidarité internationale, si je peux dire, de l'aide au développement. C'est peut-être l'une des choses pour lesquelles je solliciterais aussi votre aide. Je crois qu'un pays comme le Canada peut être très utile comme membre du G8 et du G20 en parlant à ces nouvelles économies émergentes pour les inciter à jouer un rôle plus marqué dans l'aide aux pays pauvres qui n'ont pas encore atteint le même niveau de revenu et de croissance économique. Cela pourrait être très utile.
Nous travaillons beaucoup là-dessus et considérons que c'est une méthode qui nous aidera à l'avenir à financer les programmes des pays les plus pauvres.
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Oui, l'Afrique du Sud est, comme le Botswana, l'un des pays ayant le taux de VIH les plus élevés au monde. Il diminue peu à peu, cependant, surtout chez les jeunes. Certaines statistiques montrent que les taux d'infection baissent chez les jeunes hommes et jeunes femmes. Ils étaient auparavant de 25 p. 100 et sont maintenant de 18 p. 100, ce qui est encourageant.
Il y a cependant déjà des centaines de milliers de personnes en traitement, et il en viendra plus. La majeure partie des dépenses est désormais couverte par le gouvernement sud-africain lui-même. Nous l'appuyons mais il y consacre de plus en plus de ses ressources propres. À mon avis, l'Afrique du Sud est dans la bonne voie.
Vous me demandez quels sont les plus gros défis. Je dirais qu'on les trouve dans certains des pays les plus peuplés, comme la République démocratique du Congo et le Nigéria, pas seulement à cause de leur degré de pauvreté mais aussi de leur situation politique, de leur instabilité, et du fait qu'il y est difficile d'atteindre les gens pour fournir les services.
Dans la RDC, il n'y a quasiment pas de système de santé. L'Éthiopie est pauvre aussi mais elle dispose quand même d'un système de santé structuré. Au Congo, il n'y en a quasiment pas, ce qui rend notre travail très difficile.
De même, en ce qui concerne l'éradication du paludisme, le Nigéria sera l'un des pays clés. Il est cependant difficile de savoir si l'on y arrivera, essentiellement à cause du manque d'infrastructures et de régime gouvernemental opérationnel.
Nous travaillons beaucoup avec les ONG. C'est un autre facteur très important pour le Fonds mondial. Nous travaillons beaucoup avec la société civile et aussi avec le secteur privé. Dans bien des pays, il nous aide à mettre en oeuvre ces programmes, surtout là où les gouvernements sont faibles.
Je crois que le plus grand défi concerne les pays où les structures sont tellement faibles qu'il est vraiment difficile d'atteindre les gens.
Tout d'abord, j'insiste sur le fait que nous n'avons pas de bureau dans les pays, mais je dois apporter une précision. Nous avons évidemment des équipes qui assument la responsabilité pour ces divers pays, à partir de Genève, et qui s'y rendent régulièrement. L'une des recommandations du groupe de haut niveau était que les équipes devraient probablement passer plus de temps dans les pays.
Nous ne voulons pas ouvrir de bureaux à l'étranger car cela augmenterait notre fardeau administratif, mais les équipes devraient être plus disponibles pour y aller. C'est l'une des réformes envisagées: permettre aux équipes de passer plus de temps dans les divers pays.
Le secteur privé joue un rôle croissant dans la mise en oeuvre de ces programmes, de plusieurs manières différentes. Il s'agit d'abord de fournir des ressources, car nous mobilisons des ressources des entreprises. Elles jouent aussi un rôle plus important dans la mise en oeuvre. Bien souvent, elles ont la capacité de mettre en oeuvre les programmes au niveau du pays, et elles le font souvent de manière très efficiente. Aujourd'hui, dans plusieurs pays, l'argent va à une entreprise du secteur privé pour la mise en oeuvre d'une subvention. C'est très utile, notamment dans les cas où le gouvernement, comme je l'ai dit, est particulièrement faible.
Troisièmement, la chose peut-être la plus intéressante est ce que nous appelons le co-investissement. Nous invitons le secteur privé à appuyer nos programmes avec sa capacité, son expertise et ses atouts. La plus grosse banque d'Afrique fournit des services gratuitement à beaucoup de nos agents de mise en oeuvre et leur enseigne la gestion financière, la gestion des risques de change, etc. Cela représente plusieurs millions de dollars de services gratuits chaque année.
Nous collaborons actuellement avec Coca-Cola pour améliorer la gestion de la chaîne d'approvisionnement, la logistique. Comment achemine-t-on des médicaments et des moustiquaires du point d'entrée aux villages éloignés? Aucune entreprise ne sait mieux le faire que Coca-Cola. Encore une fois, elle ne nous donne pas d'argent, elle nous fait profiter de son expertise et elle forme des agents gouvernementaux.
Nous avons récemment quantifié ce genre de contribution du secteur privé, et ça représente de 80 à 100 millions de dollars par an de services gratuits. Je pense que c'est probablement aussi un très bon modèle pour le développement futur. Nous avons besoin de ce que nous appelons ce partenariat public-privé, car c'est seulement si nous avons ces partenaires travaillant ensemble — gouvernements, agences donatrices, société civile et secteur privé — que nous aurons de bonnes chances d'atteindre le plein succès que nous recherchons, c'est-à-dire les objectifs de développement du Millénaire et l'éradication de ces maladies.
Tout d'abord, vous avez absolument raison de dire que la criminalisation des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes joue un grand rôle dans de nombreux pays, et constitue un obstacle très important à une prévention efficace, à l'utilisation des ressources là où elles sont réellement nécessaires, c'est-à-dire pour atteindre ces groupes les plus exposés auxquels appartiennent souvent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, dans beaucoup de pays et de sociétés.
Nous nous sommes déjà attaqués à ce problème de plusieurs manières différentes. Nous avons établi ce que nous appelons un fonds particulier pour les populations le plus à risque, ce qui permet aux pays de demander des subventions pour des programmes spécialement conçus à leur intention, par exemple pour la décriminalisation. Ils peuvent demander des fonds à cette fin car c'est le genre de protection des droits humains qui détermine souvent si l'on peut ou non faire une prévention efficace.
Pour l'avenir, le Fonds mondial, conformément à un mandat de son conseil, travaille à l'élaboration de sa nouvelle stratégie quinquennale. Ce sera la stratégie de 2012-2016, et elle sera présentée au conseil le mois prochain à Accra.
Il y a dans cette stratégie une section portant spécialement sur les droits humains, c'est-à-dire les éléments que vous venez exactement d'évoquer. Le Fonds mondial est un instrument financier. Nous sommes là pour appuyer les pays dans leurs activités de prévention, de soins, de traitement, et ce genre de promotion des droits humains et de protection contre la transgression des droits humains en est un élément important. Si le conseil, dans lequel le Canada joue un rôle important, approuve cette stratégie, je pense que cela nous aidera à renforcer cet aspect de notre travail.
Oui, le Fonds mondial a toujours prôné la tolérance zéro à l'égard de la corruption mais, en même temps, nous savons que nous investissons notre argent dans des pays où il y a un risque élevé de corruption. C'était exactement le thème de ce rapport du groupe de haut niveau: comment minimiser au mieux ce risque de corruption. Il faut des mesures de contrôle très claires pour minimiser ce risque le plus possible.
Nous avons déjà agi à plusieurs niveaux. Dans chaque pays où nous investissons, nous employons ce que nous appelons des agences de financement locales, et nos cabinets internationaux de vérification qui exercent une sorte de contrôle au niveau du pays, et nous avons ensuite le bureau de l'inspecteur général, dont parlait M. Samson, qui va sur place avec des équipes de vérificateurs et d'enquêteurs si nous avons la moindre indication de fraude ou de corruption.
Nous avons aussi une politique de dénonciation. Quiconque constate une irrégularité quelconque peut alerter anonymement l'inspecteur général. C'est exactement ce qui nous permet de repérer bon nombre de cas de corruption au niveau des pays. Nous réagissons alors immédiatement en suspendant le financement, en changeant les principaux bénéficiaires. Nous avons aussi un certain nombre d'actions en justice en cours dans plusieurs pays car nous ne tolérons pas ce genre de comportement.
Je pense qu'il faut mener à ce sujet un effort commun englobant le Fonds mondial, le conseil, les agences bilatérales et les agences multilatérales, pour trouver le meilleur moyen possible de réduire ce risque. Nous croyons que l'un des principaux et meilleurs outils est la transparence: rendre les versements très transparents et, si l'on repère des irrégularités, en faire rapport, car cela dissuadera ceux qui auraient pu être tentés d'avoir le même comportement.
Merci d'être ici aujourd'hui.
Premièrement, j'aimerais dire que, si j'ai bien compris, le pourcentage du PIB fourni à titre d'aide à l'étranger est calculé différemment d'un pays à l'autre. Évidemment, quand nous fournissons de l'aide à divers pays, il y a d'autres problèmes dont il faut s'occuper et qui pourraient être interprétés comme faisant partie de la contribution.
L'un de ces problèmes très importants est évidemment la sécurité des agents et des ONG dans les divers pays. Nous avons par exemple fourni de l'aide à la Chine pour des projets concernant sa magistrature, et nous avons aussi des activités de développement de la démocratie dans divers pays. Il s'agit dans tous ces cas de formes d'aide.
Si l'on examine le panier global de l'aide dispensée par le Canada, je pense que l'objectif de 0,7 p. 100 est une manière très simpliste de mesurer nos contributions.
Deuxièmement, j'aimerais obtenir des éclaircissements sur certaines remarques qui viennent d'être faites au sujet du mandat du Fonds mondial. Certes, on doit mener des enquêtes lorsqu'il y a des allégations de fraude, mais il s'agit alors des cas dont vous avez connaissance. Il y a cependant en plus des cas dont vous n'avez pas connaissance, ce qui vous oblige à faire preuve de vigilance.
J'aimerais savoir précisément si le Fonds mondial a strictement le mandat de se pencher sur le VIH-sida, la tuberculose, le paludisme — la maladie — et les questions familiales, et non pas sur l'aspect des droits humains, car l'aspect des droits humains comme désignation d'aide a une très vaste portée et englobe beaucoup de complexités, dépendant du pays. J'aimerais avoir quelques éclaircissements sur les aspects fondamentaux de ce mandat tel qu'il est détaillé sur ces pages.