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Je déclare ouverte la quatrième séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous tenons aujourd'hui notre séance d'information sur la situation en Libye.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins qui ont déjà comparu dans le passé ainsi qu'à ceux qui sont ici pour la première fois. Je vous remercie d'avoir pris le temps de venir.
Nous accueillons aujourd'hui deux représentants de l'ACDI: Vincent LePape, directeur, Afrique du Nord et Moyen-Orient, ainsi que Leslie Norton, directrice générale, Direction de l'assistance humanitaire internationale.
Je crois que vous n'avez pas de déclarations préliminaires à faire, mais vous serez ici pour répondre aux questions.
Nous avons aussi avec nous le lieutenant-colonel Robin Holman, juge-avocat général adjoint délégué, Opérations, ainsi que le brigadier-général Craig King, directeur général, Opérations, État-major interarmées stratégique.
Soyez les bienvenus. Je crois que vous n'avez pas de déclarations préliminaires à faire, mais vous pourrez répondre aux questions. Merci beaucoup.
Nous accueillons également Marie Gervais-Vidricaire — j'essaie d'améliorer ma prononciation en français —, directrice générale, Groupe de travail pour la stabilisation et la reconstruction, ministère des Affaires étrangères. Merci de votre présence.
Et enfin, nous avons un dernier témoin, qui est Mme Martin. C'est vous qui allez faire la déclaration préliminaire d'aujourd'hui.
Je pense que vous connaissez tous le fonctionnement du comité. Après la déclaration préliminaire, les membres du comité pourront poser des questions. Encore une fois, je vous remercie tous d'être ici et de prendre le temps de nous informer sur la situation en Libye.
Sans plus tarder, je vous cède la parole, madame Martin, pour votre déclaration.
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Mesdames et messieurs les membres du comité, c'est vraiment un grand plaisir pour moi de vous rencontrer aujourd'hui dans le contexte d'une Libye qui a beaucoup changé ces dernières semaines. La plupart des Libyens, y compris les habitants de Tripoli, ont été libérés du contrôle du régime Kadhafi.
Malgré cette évolution positive, il y a encore des civils en danger dans quelques villes où les forces pro-Kadhafi résistent avec acharnement à la fin du régime. Le combat se poursuit toujours près de Syrte et de Bani Walid, où les forces pro-Kadhafi offrent de la résistance.
Par conséquent, le 21 septembre dernier, l'OTAN a pris la décision de prolonger sa mission, l'opération Protecteur unifié, pour 90 jours au-delà de la date butoir du 27 septembre. Les membres du Parlement, la semaine dernière, ont voté en très grande majorité en faveur du maintien du rôle prépondérant du Canada dans la protection des civils libyens et dans l'aide à la transition de la Libye vers une ère après-Kadhafi.
[Français]
Alors que les forces loyalistes se retiraient au cours de l'été, le Canada a réagi rapidement en prenant un certain nombre de mesures visant à appuyer la nouvelle Libye.
Le 25 août, le Canada a accrédité le nouveau chargé d'affaires de la Libye désigné par le Conseil national de transition — le CNT — et s'est aussi engagé à interagir avec le CNT comme gouvernement libyen jusqu'à ce qu'un gouvernement élu assume le pouvoir.
Le 1er septembre, le Harper a participé à la conférence des amis de la Libye, à Paris, où il a rencontré le président du comité exécutif du CNT, Mahmoud Jibril. Il l'a directement informé de la levée des mesures unilatérales imposées par le Canada contre le gouvernement libyen dans le cadre de la Loi sur les mesures économiques spéciales.
[Traduction]
Parallèlement, le Canada a demandé l'approbation des Nations Unies afin de permettre aux autorités libyennes d'avoir accès aux fonds gelés dans le cadre des résolutions 1970 et 1973 de l'ONU. Après avoir reçu les autorisations nécessaires du Comité des sanctions des Nations Unies, le ministre a annoncé le 13 septembre que le Canada procédait au dégel de tous les actifs libyens détenus au Canada et dans des établissements canadiens, évalués à près de 2,2 milliards de dollars.
Le dégel est un processus compliqué, parce que les fonds sont détenus dans des succursales de banques canadiennes au Royaume-Uni et sont libellés en dollars américains. Toutefois, les mesures nécessaires pour débloquer les fonds sont en grande partie terminées, et nous sommes en discussion avec le Conseil national de transition pour savoir où il souhaite diriger ces fonds.
Tout récemment, soit le 20 septembre, le et le ont participé à une réunion de haut niveau à New York. Cette réunion portait sur la Libye et était organisée par le Secrétaire général des Nations Unies pour coordonner l'aide internationale dans le cadre de la transition pilotée par la Libye. À cette occasion, le ministre a rencontré M. Jabril à nouveau pour discuter de la participation du Canada.
Comme vous le savez peut-être, le 16 septembre dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2009, qui prévoit la mission d'appui des Nations Unies en Libye sous la direction de M. Ian Martin, représentant spécial du Secrétaire général, pour une période initiale de trois mois, afin d'appuyer les efforts libyens pour rétablir la sécurité et l'ordre public et promouvoir la primauté du droit, entre autres objectifs.
Il a également allégé les restrictions imposées par les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que l'embargo sur les armes afin de permettre l'importation d'articles destinés à fournir une aide aux autorités libyennes relativement à la sécurité et au désarmement, ainsi que des armes légères pour l'utilisation du personnel de l'ONU, des médias et des spécialistes du développement.
[Français]
En ce moment, nous étudions les moyens de soutenir la transition de la Libye par une assistance de stabilisation ciblée. Des consultations sont en cours avec l'ONU et avec le CNT pour s'assurer que la contribution du Canada sera coordonnée avec celle des partenaires internationaux et répondra à des besoins ciblés par les Libyens eux-mêmes. Le Canada organisera son appui et son assistance en ce sens dans le cadre convenu avec le CNT.
Nous avons cerné quatre domaines pour lesquels nous croyons pouvoir bénéficier d'une valeur ajoutée importante. Nous procéderons à développer cette programmation: premièrement, la bonne gouvernance et le renforcement des institutions; deuxièmement, la sécurité et la primauté du droit; troisièmement, le développement économique; et quatrièmement, les droits de la personne et le rôle des femmes.
[Traduction]
L'ONU dirigera une série de sept missions après-conflit visant l'évaluation des besoins, et le Canada a exprimé un intérêt à participer à un certain nombre d'entre elles, notamment celles portant sur la sécurité publique et la primauté du droit, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants et, éventuellement, les besoins électoraux et constitutionnels.
Outre le soutien à la Libye et la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, le Canada vise également le retour des services complets aux Canadiens en Libye par l'entremise de notre ambassade à Tripoli, y compris une aide aux entreprises canadiennes. À la suite d'une mission d'évaluation dirigée par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et le ministère de la Défense nationale, le 13 septembre dernier, le annonçait que le Canada avait rétabli sa présence diplomatique en Libye, six mois et demi après avoir évacué tout le personnel et suspendu ses activités. Nous avons déployé une équipe réduite pour assurer la liaison avec le CNT et préparer la voie pour l'arrivée d'autres employés.
À l'heure actuelle, l'ambassade continue ses activités dans des locaux temporaires en attendant la fin des travaux de réparation de la chancellerie. Bien qu'il n'y ait eu aucun dommage à la chancellerie, certains travaux et des mesures de sécurité étaient nécessaires pour la reprise des activités à cet endroit.
L'ambassadrice du Canada en Libye, Sandra McCardell, que vous avez déjà rencontrée, je crois, est retournée à Tripoli. Dès qu'un niveau de sécurité adéquat sera atteint, l'ambassade pourra reprendre ses activités dans le but de fournir des services aux Canadiens.
Vu le rôle du Canada dans la libération de la Libye et la nécessité actuellement dans ce pays de redresser l'économie et de rebâtir les institutions de gouvernance pour la nouvelle Libye démocratique, l'effectif de notre ambassade sera augmenté, du moins dans l'immédiat, afin d'accroître notre capacité d'analyse politique, d'engagement avec le CNT et de promotion des intérêts commerciaux canadiens.
Des représentants du Canada sont déjà en contact régulier avec des sociétés qui exerçaient auparavant des activités en Libye ou qui ont manifesté un intérêt en ce sens afin de discuter de la façon dont le gouvernement du Canada pourrait mieux servir leurs intérêts.
[Français]
L'équipe de notre ambassade à Tripoli a constaté d'importants changements sur le terrain. Les embouteillages sont de retour à Tripoli, un double signe que les biens de première nécessité, comme le carburant, sont maintenant disponibles et que les gens se sentent assez en confiance pour sortir de leur domicile. L'atmosphère générale est presque festive, avec le drapeau de la nouvelle Libye flottant bien en vue partout dans la ville. Les enfants comme les adultes arborent un tee-shirt et un casque à rayures rouge, noir et vert. En dehors de certaines zones où se déroulaient des combats violents, comme à Misrata, la majeure partie des infrastructures est intacte.
[Traduction]
À Tripoli, la précision des frappes de l'OTAN au cours des derniers mois était évidente; certains bâtiments administratifs ont été endommagés, mais guère plus. La Libye n'est pas un pays pauvre: sa richesse pétrolière lui sera d'une grande aide dans sa reconstruction. Bien qu'il y ait eu des dommages aux installations pétrolières, les réparations sont déjà commencées et la production est rétablie. Il faudra environ une année pour que la production reprenne son rythme d'avant la révolution.
Malgré ces signes très encourageants, de véritables défis se profilent à l'horizon. Bon nombre des appels lancés avant le conflit afin d'améliorer la qualité de vie se font toujours entendre. La population réclame une meilleure éducation, de meilleurs services médicaux et de meilleures perspectives d'emploi. Les attentes quant à une amélioration rapide après quatre décennies de stagnation augmentent rapidement.
Le CNT, qui a accompli un bon travail jusqu'à présent en maintenant l'ordre, est toujours en voie de rétablir les forces de sécurité et de désaffecter diverses milices qui avaient entrepris le combat pour libérer la Libye. Il se retrouve également avec la tâche difficile d'établir un gouvernement intérimaire. Bien qu'il ait souhaité réaliser ces objectifs le mois dernier, il s'est avéré que ce but était plus difficile que prévu. Puisque la Libye est maintenant libérée et que l'on a l'objectif commun de débarrasser le pays de Kadhafi, le CNT doit favoriser la cohésion parmi les personnes ayant des opinions politiques distinctes et tenir compte des ambitions personnelles.
Des efforts continus ont été déployés pour étendre la composition du Conseil exécutif afin de le rendre plus représentatif et inclusif. Toutefois, à ce jour, un accord s'est révélé problématique. Hier, le président du CNT a annoncé que son cabinet avait été formé, mais c'était principalement pour confirmer la présence de la plupart des personnes qui faisaient partie du cabinet précédent.
Selon des reportages locaux et des entretiens avec Mustafa Abdel-Jalil, président actuel du CNT, la formation du nouveau cabinet sera désormais reportée jusqu'à ce que la victoire soit déclarée. Cette victoire sera fort probablement déclarée après la prise de Syrte et de Bani Walid. À ce moment-là, le gouvernement temporaire actuel, c'est-à-dire le cabinet qui a été confirmé hier, sera dissous et un nouveau gouvernement de transition sera formé dans un délai d'un mois.
Lors de récents entretiens, M. Jalil a mentionné qu'à ce stade, il est plus important d'avoir un cabinet compétent qui peut rapidement ramener le pays à la normale. Un gouvernement représentatif sera formé après la tenue d'élections. Puisqu'il est le chef actuel qui semble avoir l'autorité morale et les capacités de leadership que la plupart des Libyens semblent accepter, sa voix est probablement l'indice le plus éloquent de ce à quoi ressemblera le paysage politique dans l'avenir.
[Français]
Parmi les autres défis à l'horizon, il y a premièrement celui d'assurer le respect des droits de la personne et la primauté du droit, dans un pays qui a une mince expérience de la démocratie. Deuxièmement, il y a celui de réconcilier divers groupes et de prévenir les représailles, de sorte que tous puissent avoir leur part dans l'avenir de la nouvelle Libye. Et troisièmement, il y a celui de prendre le contrôle de plusieurs milliers d'armes qui circulent maintenant dans le pays et des jeunes hommes qui les transportent.
Bien sûr, il y a aussi Kadhafi qui demeure au large avec un degré d'influence inconnu. Il s'agit de graves obstacles à surmonter. Les mesures prises pour relever ces défis établiront l'histoire du pays pour les mois et les années à venir.
[Traduction]
Pour conclure, je tiens à partager avec vous la cote d'estime dont jouit le Canada en Libye à la suite de notre action décisive au sein de la mission de l'OTAN. Le président du CNT, Mustafa Abdel-Jalil, a remercié expressément le Canada de son aide au cours de sa première allocution publique depuis son retour à Tripoli. Vu l'appui quasi-unanime du Parlement à la participation continue du Canada à l'opération Protecteur unifié, le Canada continuera à jouer un rôle clé dans la protection des civils en Libye pendant que le peuple libyen s'occupera de reconstruire son nouveau pays.
L'équipe et moi répondrons à vos questions avec plaisir.
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Je vous remercie de votre question.
En effet, il y aura plusieurs missions d'évaluation des besoins. La communauté internationale s'est entendue pour que ces missions soient coordonnées en grande partie par les Nations Unies. Il y en a plusieurs. En fait, il y en a dix, dont sept sont coordonnées par les Nations Unies.
Comme on l'a dit précédemment, les Nations Unies ont ouvert un bureau à Tripoli. Toutefois, on dit que trouver les bons interlocuteurs constitue un véritable défi pour les gens sur place, parce que l'établissement de leurs besoins doit évidemment se faire en coordination et en consultation très étroite avec les Libyens eux-mêmes.
Compte tenu de la situation qui existait jusqu'à hier, où on a confirmé à nouveau le cabinet, il était apparemment très difficile de trouver les bons interlocuteurs. On espère que la situation va s'améliorer.
Le Canada espère faire partie de certaines de ces missions d'évaluation des besoins. Nous avons exprimé un intérêt plus particulier pour la mission qui va s'occuper des questions de sécurité publique et de la primauté du droit — ce qu'on appelle en anglais la rule of law —, mais aussi des questions de désarmement, de démobilisation et de réintégration.
En fait, notre Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction — ou START en anglais — enverra, dès la semaine prochaine, un agent qui sera sur place et qui fera la liaison avec le bureau des Nations Unies et les autres partenaires sur place. Je pense que cela va être très utile.
On avait espéré que ces missions d'évaluation allaient présenter leurs conclusions vers la fin de septembre ou le début d'octobre. Toutefois, je pense qu'on aura besoin d'un peu plus de temps.
Par contre, des besoins qui semblent déjà assez évidents ont été cernés par les Libyens, notamment en ce qui concerne le déminage ou comment on s'occupe de ces bombes qui n'ont pas explosé et de ces munitions qui restent une menace.
Les services de déminage des Nations Unies sont saisis de cette question. Étant donné que c'est un besoin très urgent, on est en train de regarder ça de près, parce que c'est peut-être quelque chose qu'on pourrait faire relativement rapidement.
Dans l'ensemble, je pense que la règle qui s'applique est de favoriser la coordination avec la communauté internationale par l'entremise des Nations Unies et la collaboration étroite avec les Libyens. Tant qu'ils n'auront pas déterminé clairement ce qu'ils aimeraient que la communauté internationale fasse, on devra être patient.
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Merci beaucoup d'avoir posé la question.
Si vous le permettez, je vais partager mon temps de parole avec ma collègue du programme bilatéral, mais je commencerai par dire que je pense que beaucoup d'entre nous sont conscients que beaucoup de régions de la Libye touchées par le conflit sont très stables actuellement. Sur le plan humanitaire, la Libye est en voie de se stabiliser, et beaucoup de nos partenaires humanitaires commencent à penser mettre un terme à leurs activités d'intervention humanitaire et à se tourner vers la reconstruction ou le redressement rapide et la reconstruction. C'est la première étape.
Le Canada était sur place pendant l'étape de l'intervention humanitaire et il a été un des premiers pays donateurs à répondre aux appels lancés par l'ONU et la Croix-Rouge. Nous avons répondu avec une aide de l'ordre de 10,6 millions de dollars. Parmi nos partenaires, il y avait les divers partenaires de l'ONU, du Programme alimentaire mondial à l'UNHCR — le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés — et l'IOM, de même que le Comité international de la Croix-Rouge, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et la Société canadienne de la Croix-Rouge.
Comme nous le savons tous, au début du conflit, beaucoup de personnes se sont déplacées. Il y a eu une grande migration, beaucoup de personnes déplacées tant au sein du pays qu'à l'extérieur du pays. Les personnes qui ont quitté le pays ont été prises en charge principalement par l'UNHCR et l'IOM. Beaucoup de ressortissants des pays tiers ont été renvoyés dans leur pays d'origine.
Actuellement, à l'échelle du pays, il y a encore beaucoup de personnes déplacées. On estime que le total se situe entre 100 000 et 150 000. Cela m'amène à vous parler de Bani Walid et de Syrte. Uniquement à Bani Walid, on estime qu'il y a environ 40 000 personnes déplacées. Nous avons les rapports du CICR de la fin de semaine. Les gens du CICR avaient réussi à entrer dans Syrte pour y mener une première mission et, d'après ce qu'on peut déduire des reportages des médias — qui nous concernent tous, je pense —, ils ont tenté d'y retourner une deuxième fois pour y faire une évaluation. Cependant, ils n'ont pu le faire en raison de la violence.
Ils avaient visité l'hôpital pour y évaluer les besoins, et ils ont constaté, évidemment, qu'on avait besoin d'oxygène et de carburant. Beaucoup de personnes ont été touchées par l'actuel siège de la ville et les besoins en matière d'aide médicale sont criants. Nous croyons comprendre que des milliers de civils fuient la ville de Syrte. Nous avons aussi cru comprendre que l'ONU essaie de préparer... Accumuler des stocks n'est peut-être pas la bonne expression, mais on tente d'acheminer de l'aide dans la ville et dans les environs en prévision du déplacement des personnes à l'extérieur de la ville.
Voilà donc la situation actuelle. Le reste des besoins humanitaires concernent des zones très précises et les partenaires que l'ACDI a financés sont sur place et poursuivent leur intervention de façon très active. Il s'agit principalement du CICR, qui est présent à Syrte et à Bani Walid, mais je crois comprendre que l'UNICEF a distribué de l'eau aux personnes qui ont fui Bani Walid.
Puisque la situation sur le plan humanitaire se stabilise dans l'ensemble du pays, il y aura une certaine diminution de l'intervention humanitaire tandis que les mesures de redressement rapide et de reconstruction commenceront à prendre de l'ampleur.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, Vincent LePape, qui vous parlera du rôle de l'ACDI à plus long terme.
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Merci, monsieur le président. Je remercie les témoins d'être venus ici aujourd'hui et de nous avoir présenté cet exposé.
Ma question porte davantage sur les institutions démocratiques du pays et sur l'aide que nous pourrons apporter aux Libyens pendant le processus.
Il y a environ 20 ans, après la chute du rideau de fer, à Berlin, les anciens pays du Bloc de l'Est qui avaient été sous le régime communiste ont dû apprendre comment traverser ce processus. Donc, ils ont reçu beaucoup d'aide, non seulement de l'Union européenne, mais de nous aussi, à tous les chapitres: la formation, les élections, la gouvernance, les systèmes judiciaires, les restrictions militaires, tout.
À l'occasion de l'inauguration de la bourse, j'ai visité la Pologne, et on m'a dit qu'on s'était inspiré de ce que fait le Canada et qu'on faisait la même chose. On s'est inspiré de notre Constitution, de notre Charte des droits. Je constate que la même chose se produit avec le CNT.
Je suppose que ma question est la suivante: quelle est notre stratégie? Le Canada va-t-il collaborer avec d'autres pays, comme ce fut le cas pour les pays du Bloc de l'Est? On pourrait penser que ce sera plus facile, puisque cela ne concerne qu'un pays, mais je pense que ce sera probablement plus complexe en raison de l'organisation du pays, particulièrement en ce qui a trait aux militaires. Donc, de façon plus détaillée, quelle est notre stratégie? Allons-nous aller là-bas, traiter avec eux et leur montrer la voie à suivre? Allons-nous faire venir des Libyens au Canada pour les renseigner sur l'ensemble du processus institutionnel pour la réforme démocratique?
Bien entendu, la région vit présentement une période de transition majeure. Le printemps arabe, comme nous aimons maintenant l'appeler, a commencé en Tunisie. Bien sûr, la Tunisie travaille elle-même à l'élection d'une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger la nouvelle Constitution. L'élection aura lieu plus tard ce mois-ci.
L'Égypte, son voisin de l'autre côté, vit aussi une vaste réforme, des bouleversements sociaux qui ont mené au départ de Moubarak et maintenant à son procès pour les actes qu'il a commis. Je dirais que les choses progressent, non sans difficultés, comme il fallait s'y attendre, en toute honnêteté. Nous avons vécu la même chose dans des pays de l'Europe de l'Est. Il faut beaucoup de temps pour reconstruire une culture institutionnelle et démocratique dans des pays qui vivent ce type de transition.
L'Algérie qui, contrairement à d'autres pays, ne passe pas par un vaste processus de réforme, envisage néanmoins de faire certaines réformes.
Ce sont les pays qui se trouvent de chaque côté de la Libye. Au fond, ils apportent leur contribution en ce sens qu'ils connaissent eux aussi des transformations, de la déchéance du régime actuel à la reconstruction d'un pays.
Les pays qui se trouvent au sud de la Libye — le Tchad, le Niger et le Soudan — sont essentiellement des pays sahariens, qui connaissent leurs propres difficultés. Vous avez sans doute lu les reportages selon lesquels des membres de la famille Kadhafi auraient franchi la frontière du Niger, et les Nigériens semblent être conscients de leurs obligations à l'égard de la Cour pénale internationale, notamment, dans la gestion de la situation. Cela contribue aussi à l'effort global.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, Mouammar Kadhafi demeure toujours introuvable. Nous ne savons pas où il est. Nous ne savons pas quelle influence il a, et nous avons le sentiment qu'il a beaucoup de ressources à sa disposition. Une question demeure: où pourrait-il tenter de s'enfuir et quelle aide peuvent apporter les pays voisins dont nous parlons?
À ma connaissance, le Tchad ne s'est pas du tout engagé de façon importante dans le processus. Bien entendu, le Soudan connaît ses propres difficultés, à cause de sa récente séparation en deux pays. Les combats se sont intensifiés là-bas.
Pour résumer, je crois que la plus grande contribution, c'est que tous ces pays font face à des difficultés communes causées par des situations similaires, mais pas identiques, et il ne fait aucun doute qu'il y a des éléments comparables à certains égards.
Je dirais que deux mécanismes internationaux sont en cours. Il y a tout d'abord le Partenariat de Deauville qu'a lancé la présidence française lors de son sommet à Deauville, et lors d'une conférence que le groupe qu'on appelle les amis de la Libye a tenue à Paris. Une réunion a eu lieu ensuite à New York pour déterminer comment les pays peuvent aider ces autres pays. Comme ils font tous partie de ce partenariat, en ce sens, ils discutent en tant que partenaires égaux au sujet des prochaines étapes à suivre.
Le deuxième mécanisme, c'est l'Initiative du G8 pour le Moyen-Orient élargi et l'Afrique du Nord.
M. Bob Dechert: Me reste-t-il encore du temps?
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Je vous remercie de la question.
Il est difficile de fournir de l'aide humanitaire lorsque des bombes explosent. C'est une question qui nous préoccupe — la sécurité des travailleurs humanitaires. Ils peuvent intervenir uniquement lorsque le conflit actif cesse.
Le 1er octobre, le CICR a pu entrer dans Syrte, et il a été en mesure de faire une brève évaluation de la situation. Je crois comprendre que l'organisme Médecins Sans Frontières a aussi pu observer la situation. Les deux organismes ont rapporté qu'il y avait des morts et des blessés et qu'il manquait d'eau, d'électricité et de vivres. Alors, oui, il y a des besoins humanitaires.
Lorsque le CICR a lancé son appel, le Canada a fourni plus de 3 millions de dollars. C'est l'un de nos partenaires humanitaires les plus importants. Nous avons une grande relation de financement avec le CICR, et il nous demandera encore notre aide et celle de leurs donateurs importants si cela s'avère nécessaire, mais pour l'instant, il n'a pas demandé d'aide additionnelle. Cela dit, le CICR est présent et sera prêt à intervenir dès que les combats cesseront.
De plus, comme le Canada, l'ONU est extrêmement préoccupée par la protection des civils à Bani Walid et à Syrte. Elle a mobilisé des gens en périphérie des deux villes pour fournir de l'aide humanitaire, des vivres et des fournitures médicales de façon à aider toute personne à partir. Nous croyons comprendre que jusqu'à 40 000 personnes déplacées à l'intérieur ont fui à partir de Bani Walid, et qu'elles ont eu l'aide d'organismes onusiens qui se trouvaient en périphérie. Malheureusement, c'est l'une des situations difficiles où les travailleurs humanitaires veulent entrer et fournir de l'aide, mais ils ne peuvent pas le faire lorsque les combats sont intenses au point où ils le sont actuellement.
Si cela se poursuit encore longtemps, le CICR discutera de façon active avec les militaires pour qu'ils nous avertissent lorsqu'il y aura un arrêt des hostilités. À ce moment-là, nous interviendrons et aiderons les gens qui en auront besoin. Je crois comprendre qu'à l'hôpital là-bas, il y a des blessés, et que les gens sur place ont fait savoir quels étaient les besoins. Nous attendons pour entrer et répondre à ces besoins.