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Le Comité permanent de la justice et des droits de la personne se réunit aujourd'hui dans le cadre de la séance n
o 25.
À l'ordre du jour, il y a des travaux du comité que nous n'avons pas pu terminer à la dernière réunion parce que nos invités ont pris tout le temps que nous avions, et c'était très bien ainsi. Mais nous devons nous occuper du Budget principal des dépenses. Nous y avons jeté un coup d'oeil, ici, en tant que comité, donc, ce qu'il faut que nous fassions, et ce que nous aimerions faire en premier, c'est en discuter. Je veux l'aborder de la même manière que nous l'abordons à la Chambre, donc, je vais lire les éléments qui y figurent, et nous allons procéder au vote avec dissidence, ce qui est la norme.
Donc, si vous pouviez seulement nous accorder une minute, chers invités, nous allons revenir à vous très rapidement.
En ce qui concerne le Budget principal des dépenses de 2014, nous allons voter sur ceci:
COMMISSION CANADIENNE DES DROITS DE LA PERSONNE
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Crédit 1 — Dépenses de programme........ 19 639 234 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
TRIBUNAL CANADIEN DES DROITS DE LA PERSONNE
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Crédit 1 — Dépenses de programme ........ 4 145 232 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
COMMISSAIRE À LA MAGISTRATURE FÉDÉRALE
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Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement....... 8 643 425 $
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Crédit 5 — Conseil canadien de la magistrature — Dépenses de fonctionnement............ 1 513 611 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence)
SERVICE ADMINISTRATIF DES TRIBUNAUX JUDICIAIRES
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Crédit 1 — Dépenses de programme......... 61 260 445 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ç
Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement.......... 236 861 079 $
ç
Crédit 5 — Les subventions inscrites au Budget des dépenses et contributions........ 317 485 223 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence)
BUREAU DU DIRECTEUR DES POURSUITES PÉNALES
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Crédit 1 — Dépenses de programme...... 149 579 834 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ç
Crédit 1 — Dépenses de programme...... 22 307 652 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
Le président: Le président doit-il faire rapport à la Chambre du crédit 1 sous la rubrique Commission canadienne des droits de la personne, du crédit 1 sous la rubrique Tribunal canadien des droits de la personne, des crédits 1 et 5 sous la rubrique Commissaire à la magistrature fédérale, du crédit 1 sous la rubrique Service administratif des tribunaux judiciaires, des crédits 1 et 5 sous la rubrique Justice, du crédit 1 sous la rubrique Bureau du directeur des poursuites pénales et du crédit 1 sous la rubrique Cour suprême du Canada ?
Des voix: Oui.
Une voix: Avec dissidence.
Le président: Je vais en faire rapport, merci beaucoup.
Nous avons deux autres affaires rapides.
D'abord, le Budget supplémentaire des dépenses (A) a été déposé à la Chambre, hier. Il n'y a pas de Budget supplémentaire des dépenses (A) pour notre comité, donc, nous n'avons pas à traiter de cela, ce qui me rend très triste. Quoi qu'il en soit, il n'y en a pas, donc, nous n'avons rien à faire.
Deuxièmement, nous nous sommes engagés à essayer de regrouper les témoins — vous pouvez voir, ici, aujourd'hui, que nous avons les forces policières. Nous avons une seule question à aborder. Les gens de Facebook ne pourront pas être là le jour où nous allons entendre d'autres fournisseurs d'accès Internet, ici. Ils sont prêts à venir une semaine plus tard, donc, avec la permission du comité, nous allons les intégrer à un autre groupe d'intervenants. Ce ne sera peut-être pas un regroupement complet, mais nous aurons Facebook, en tant qu'organisation.
Nous voulons qu'ils viennent. J'accepterais leur demande.
D'accord? Merci beaucoup.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 28 avril 2014, le projet de loi , des témoins sont venus nous parler aujourd'hui du projet de loi.
Nous avons Jim Chu, de l'Association canadienne des chefs de police. Il y a Carson Pardy, de la Police provinciale de l'Ontario, il y a Joe Oliver, de la Gendarmerie royale du Canada. Et il y a d'autres personnes, ici, qui les accompagnent, qui se présenteront elles-mêmes. De Halifax, par vidéoconférence, nous avons Jean-Michel Blais, chef de police.
Merci d'être parmi nous. Chaque organisation aura 10 minutes pour s'adresser au comité, puis il y aura une période de questions et réponses.
Mon premier témoin, aujourd'hui, représente l'Association canadienne des chefs de police.
Monsieur Chu, vous avez la parole.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour, honorables députés.
Je suis ravi d'être ici à titre de président de l'Association canadienne des chefs de police. Je suis également le constable en chef du Service de police de la ville de Vancouver.
Comme on l'a dit, nous sommes le regroupement appelé l'ACCP. Nous représentons plus de 90 % de la communauté policière canadienne, qui comprend des services de police fédéraux, des Premières Nations, provinciaux, régionaux et municipaux. Nous sommes très heureux de pouvoir vous présenter directement des informations.
Tout d'abord, laissez-moi dire ceci. L'ACCP appuie entièrement le projet de loi . Sans plus attendre, je vais vous parler des préoccupations que nous voyons sur le terrain dans les collectivités canadiennes, tous les jours. La prolifération du crime est passée à l'environnement informatique.
Les crimes traditionnels, comme le harcèlement criminel, les menaces, les enlèvements et la fraude, auraient été, il y a 10 ans, commis par l'intermédiaire d'une lettre ou d'un colis par la poste, ou, peut-être, au moyen de la messagerie vocale. Aujourd'hui, comme nous le savons, la grande majorité de ces crimes sont commis en ligne, au moyen de messages textes, de courriels, de messages sur Facebook, de sites Web incitant à la vengeance, de babillards électroniques, comme ask.fm, Kik, et de nombreux autres sites Web qui existent dans le cyberespace.
Je devrais également ajouter que beaucoup de ces sites Web qui sont utilisés par les jeunes et les moins jeunes proviennent de l'étranger, dans des pays comme la Lettonie ou d'autres endroits en Europe de l'Est.
Parlons des jeunes d'aujourd'hui. J'ai obtenu cette information de nos agents de liaison avec les écoles, qui travaillent dans les écoles secondaires et les écoles primaires, à Vancouver. Leurs expériences sont semblables à celles qui sont vécues dans l'ensemble du Canada.
La cyberintimidation, les menaces, l'extorsion sexuelle, le harcèlement et la traque en ligne sont plus répandus que jamais. Pourquoi? Je regarde dans la salle, et je pense que certains d'entre nous, durant notre jeunesse, ont dû faire face à la personne qui nous intimidait au terrain de jeu ou dans les corridors. Les écoles pouvaient gérer cela en vous déplaçant ou en déplaçant la personne qui vous intimidait, et cela mettait fin au problème, tandis que, maintenant, sur Internet, cela ne s'arrête pas. Cela a lieu 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Vous rentrez chez vous, le soir, ou vous sortez, la fin de semaine, l'intimidateur est expulsé de l'école, et cela peut tout de même se poursuivre.
De plus, il y a beaucoup plus de gens qui peuvent agir comme des intimidateurs. Auparavant, il fallait le faire en face de l'autre personne, tandis que, maintenant, les intimidateurs sont enhardis par l'anonymat d'Internet. Donc, il y a plus de gens qui pratiquent l'intimidation. En fait, il y a également plus de gens qui agissent comme des prédateurs.
Probablement que chacun de vous, parce que je sais que vous oeuvrez dans le domaine de la politique, a été témoin des commentaires venimeux et violents qui constituent l'un des côtés sombres des médias sociaux. En tant qu'adultes, et en tant que personnes ayant une vie publique, nous sommes habitués d'être confrontés à cela. Mais pensez aux jeunes. Lorsqu'ils vivent une telle expérience, c'est extrêmement traumatisant. Cela fait peur, et cela évolue jusqu'au point où les victimes se font du mal à elles-mêmes parce qu'elles sont trop décontenancées et traumatisées par ce qui leur arrive.
Ces jeunes n'ont pas de refuge.
Aussi, si quelque chose figure sur le Web, cela signifie qu'il y sera peut-être pour toujours. Au moins, lorsqu'il s'agit d'une note écrite, on peut la détruire, la mettre à la poubelle. Une note écrite passe entre les mains de seulement quelques personnes. Ce sont seulement ces personnes qui la voient. Aujourd'hui, lorsque quelque chose est affiché en ligne, cela signifie que le monde entier peut le voir.
Pour lutter contre ce problème, la police a besoin d'outils modernes. Nous devons intervenir rapidement afin d'éviter que la situation s'envenime.
Pour beaucoup de jeunes, lorsque nous intervenons, cela n'entraîne pas d'accusations. Donnez-nous les outils nous permettant d'aider plus de victimes, et lorsqu'il y a une victime, aidez-nous à mettre un terme à l'intimidation et au harcèlement rapidement et à empêcher la situation de s'envenimer, car plus elle s'envenime, plus elle devient grave. Puis, évidemment, c'est très traumatisant pour la victime.
Cela pourrait entraîner des accusations criminelles. Dans la majorité des cas que nous gérons actuellement, nous réglons le problème tout simplement au niveau de l'école, et cela ne donne pas lieu à des accusations criminelles.
Mais rappelez-vous que certains jeunes qui commettent des actes de cyberintimidation prennent de mauvaises décisions, que cela découle de mauvaises influences dans leur vie... Encore une fois, nous voulons les en empêcher de sorte qu'ils n'en viennent pas à faire quelque chose de stupide qui cause du tort à quelqu'un d'autre, ce avec quoi ils devront vivre pour le reste de leur vie. Sinon, s'ils entrent en contact avec le système de justice pénale, encore une fois, cela entraînera des conséquences avec lesquelles ils devront vivre pour le reste de leurs jours.
Aidez-nous à intervenir rapidement.
Bien sûr, nous effectuons également de l'éducation et travaillons en partenariat avec nos écoles. À Vancouver, plus particulièrement, nous avons des brochures en plusieurs langues parce que les écoles ont de la difficulté à suivre le rythme de la technologie. Bon nombre de parents ont encore plus de difficulté, particulièrement s'ils viennent d'arriver au Canada, à pouvoir surveiller ce que font leurs enfants et à prendre des mesures de protection de sorte que leurs enfants puissent agir de façon responsable.
Laissez-moi dire ceci. Les Canadiens ont à coeur les droits à la protection des renseignements personnels, tout comme la police. Nous avons vu que le projet de loi ne permet pas à la police d'exiger la divulgation d'informations qui ne seront pas présentées devant un tribunal. C'est un point très important. Mais cela nous aide à obtenir certaines informations rapidement, par exemple, le routage du trafic sur Internet, de sorte que nous puissions déterminer qui a envoyé un message menaçant.
Parfois, cela ne nous mènera nulle part. Donc, donnez-nous les outils qui nous aideront à éliminer ces impasses. Par exemple, nous pourrions consulter une compagnie de communications et obtenir de l'information qui nous indique que quelque chose provient d'un café Wi-Fi. Il est à souhaiter que nous puissions résoudre l'affaire en quelques heures, et non pas en plusieurs jours, ce qui peut être le cas, actuellement.
Laissez-moi conclure en parlant des préoccupations du public et des fausses informations qui sont véhiculées. Je ne sais pas si cela était involontaire ou délibéré, mais je vais vous donner trois exemples d'incidents que j'ai vus récemment dans les médias sociaux, les médias d'information.
Voici une image d'un agent de police qui écoute un appel téléphonique d'une jeune fille. Il y a également une variante de cette image. Le même agent de police, l'acteur, se tient debout derrière quelqu'un qui navigue sur Internet. Aujourd'hui, pour surveiller des appels téléphoniques en temps réel, nous avons besoin d'un mandat d'écoute électronique. Il est très difficile d'en obtenir un aux termes de la partie VI du Code criminel. Ces mandats d'écoute électronique nécessitent de 500 à 1 000 pages. Il peut falloir des semaines pour en rédiger un. Ce que j'essaie de dire, c'est que le projet de loi ne change pas cela. Nous ne pourrons pas le faire. En ce qui a trait à la surveillance des habitudes de navigation sur le Web des Canadiens, j'ai interrogé à nos agents du service de police de Vancouver, et ils ont dit qu'ils n'avaient jamais obtenu l'approbation en vertu de la partie VI d'obtenir une adresse IP. Cela se produit rarement.
Laissez-moi vous parler d'une autre manchette qui m'a, en quelque sorte, porté à réfléchir. Elle est intitulée « Comment le projet de loi fédéral C-13 pourrait donner à des agents du SCRS — ou même Rob Ford », pour faire allusion au maire de Toronto — « accès à vos renseignements personnels en ligne ». Dans le Code criminel, il y a un libellé ancien qui dit qu'un maire est un agent de la paix, et j'imagine qu'un maire pourrait exercer ses pouvoirs et procéder à des arrestations dans les rues de sa collectivité, même si je n'ai jamais entendu dire qu'un maire avait fait cela. Mais je serais abasourdi si un maire voulait rédiger une ordonnance de communication, se présenter à une compagnie de télécommunications et dire: « — Donnez-moi des données privées ». Cela n'arrivera pas. Donc, le fait d'inclure le nom de Rob Ford dans le titre de cette manchette a pour effet, je pense, d'alerter inutilement les Canadiens, et cela est injuste à l'égard de la législation qui sera présentée.
Le dernier texte argumentatif commence par ceci, et il provient d'un journal de Halifax.
Imaginez-vous ceci: vous arrivez chez vous ce soir et découvrez votre sympathique voisin, qui est un agent de police, en train d'examiner vos documents et vos fichiers informatiques, tout en prenant des notes concernant vos renseignements personnels — sans mandat.
Si vous vous imaginez cela, c'est préoccupant. Est-ce que cela peut se produire? Tout d'abord, aucune disposition ne nous permet de faire cela aujourd'hui sans un mandat de perquisitionner le domicile, de perquisitionner un ordinateur privé. Les mandats doivent être obtenus auprès de juges selon des motifs raisonnables permettant de croire qu'il s'agit d'une norme de preuve très élevée. Mais le rédacteur compare cela au projet de loi et dit que, désormais, on peut avoir accès sans mandat aux informations privées de tous les Canadiens.
Pour terminer, je sais que les Canadiens se préoccupent de leurs renseignements privés. Ce projet de loi ne permet pas à la police, et ce n'est pas ce que nous voulons non plus, d'examiner les renseignements privés des Canadiens sans autorisation judiciaire appropriée. Veuillez nous donner les outils qui nous permettront de faire en sorte que les gens ne soient plus des victimes. Et pour ceux qui ont déjà été victimisés, donnez-nous les outils nous permettant de faire en sorte qu'ils ne le soient plus, parce que l'enquête prend des jours et des semaines, en raison de nos processus encombrants, pour que nous puissions obtenir l'information nécessaire afin d'identifier les malfaiteurs.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue...
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour, mesdames et messieurs les députés.
C'est un plaisir d'être ici, aujourd'hui, et au nom de notre nouveau commissaire, Vince Hawkes, je suis ravi d'être ici pour représenter les quelque 6 200 membres en uniforme et les 2 800 membres civils de la Police provinciale de l'Ontario. Je suis accompagné, aujourd'hui, du sergent d'état-major Carole Matthews, gestionnaire du groupe chargé de la criminalité technologique de la PPO, qui pourra fournir certains renseignements concernant les enquêtes liées aux crimes technologiques à plusieurs niveaux.
Merci de votre intérêt. Nous vous remercions de l'occasion que vous nous offrez de parler de cette importante législation et de fournir notre soutien à l'Association canadienne des chefs de police.
Il y a un certain nombre d'aspects du projet de loi qui sont soutenus par la communauté policière, et la PPO a eu l'occasion de contribuer à certains d'entre eux depuis la présentation du projet de loi, l'automne dernier. La PPO avait participé et contribué au Groupe de travail sur la cybercriminalité, qui fait partie du Comité de coordination des hauts fonctionnaires, Justice pénale, qui a conseillé Sécurité publique Canada avant la présentation de la législation. Le sergent d'état-major détective Frank Goldschmidt, de la section de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants de la PPO, était le représentant de ce groupe.
Nous avons également soutenu des déclarations faites en janvier 2014 par le président de l'Association canadienne des chefs de police et constable en chef, Jim Chu. Chris Lewis, le commissaire de la PPO, qui est maintenant à la retraite, était également un ardent défenseur d'une version de cette importante législation. Nous avons également essayé d'apporter notre contribution en vue de réduire la criminalité et la victimisation au moyen de diverses initiatives d'éducation et de sensibilisation de la population.
La PPO s'affaire continuellement à éduquer ses agents de première ligne au sujet de questions comme l'auto-exploitation/l'exploitation par les pairs, de sorte que nous puissions mieux aider les enseignants, les parents et les adolescents eux-mêmes lorsqu'on demande notre soutien. La PPO a créé des comités sur Internet dans les écoles secondaires afin d'informer les adolescents au sujet des graves conséquences de l'auto-exploitation/l'exploitation par les pairs.
Nous parlons des effets dévastateurs et des risques potentiels sur le plan criminel liés à cette activité. Nous fournissons également de l'information et des liens vers des ressources, comme le site www.youthconnected.ca, qui est mis au point et alimenté par et pour des adolescents, et il y a, bien sûr, le site www.AidezMoiSVP.ca.
En tant que policiers, notre plus grande crainte, c'est que les adolescents se victimisent involontairement eux-mêmes en envoyant des images inappropriées d'eux à d'autres personnes. Ils ne semblent pas être conscients des conséquences, car les images se propagent souvent très rapidement sur Internet ou sur d'autres sites de médias sociaux. La police constate que bon nombre d'adolescents ne peuvent pas gérer la honte et la gêne liées à ce qu'ils ont fait. Ils sont nombreux à devenir déprimés, anxieux, et parfois, suicidaires.
L'unité de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants de la PPO reçoit, en moyenne, trois ou quatre plaintes de sextage chaque semaine, ce qui en fait le premier motif d'enquête réactive en importance de l'unité. Selon les circonstances de chaque incident, il se peut qu'il y ait eu, aux termes du Code criminel du Canada, une infraction. Les infractions comprennent la possession et la distribution de pornographie infantile, l'extorsion et les menaces.
Les agents scolaires de la PPO et les membres de la Section de la prévention des crimes de la PPO chargés des enquêtes sur les questions touchant les jeunes reçoivent régulièrement des plaintes semblables. La PPO est fière d'appuyer le Centre canadien de protection de l'enfance ainsi que Sécurité publique Canada dans le cadre de son initiative intitulée AidezMoiSVP, et d'en être le partenaire. AidezmoiSVP est une ressource sur le Web conçue pour aider les jeunes Canadiens, particulièrement la tranche des 13 à 17 ans, à gérer les conséquences négatives qui peuvent survenir lorsque des images sexuelles sont créées et diffusées en ligne, et pour réduire les torts qui peuvent être causés par la suite.
AidezMoiSVP.ca indique aux adolescents des étapes pratiques à suivre pour reprendre le contrôle de la situation et fournit de l'information utile sur la façon dont ils peuvent chercher du soutien auprès d'un adulte fiable et digne de confiance ainsi que des stratégies en vue de gérer le harcèlement qui peut avoir lieu tant en ligne que dans la vie, comme l'intimidation.
La PPO appuie également les efforts constants visant à demander des outils législatifs améliorés et actualisés en vue d'aider nos policiers à avoir accès à l'information dont ils ont besoin pour mener des enquêtes sur les cas de violence sexuelle contre les enfants sur Internet, de cyberintimidation et d'autres activités criminelles fondées sur les dernières technologies et plates-formes.
Certaines des lois concernant l'accès de la police aux informations électroniques et l'utilisation de celles-ci n'ont pas été mises à jour depuis plus de 40 ans. Les enquêtes concernant les gens les plus vulnérables de notre société, nos futurs dirigeants, nos enfants, et des crimes comme la cyberprédation, la cyberintimidation et l'auto-exploitation/l'exploitation par les pairs, ou le sextage, demandent beaucoup de temps et sont laborieuses, et on protège l'identité des prédateurs d'enfants ainsi que le matériel qu'ils produisent.
Grâce à la récente législation, les fournisseurs d'accès Internet (FAI) — dont la propre association nationale, si on veut, nous perçoit comme leurs partenaires — sont tenus par la loi de le signaler lorsque leurs services sont utilisés à des fins liées à la maltraitance d'enfants.
Nous cherchons toujours un moyen de réduire la complexité et le coût inhérent de ces enquêtes. Les processus actuels comprennent le fait de fournir aux FAI un mandat de perquisition, une ordonnance de communication ou une demande d'application de la loi concernant des renseignements sur leurs abonnés liés à une adresse de protocole Internet en particulier.
Bon nombre de gens se sont dits préoccupés concernant leur utilisation personnelle d'Internet ainsi que la protection de leurs renseignements personnels. Ce que nous voulons me fait penser à l'utilisation d'un numéro de plaque d'immatriculation que l'on communique à la police pour l'aviser de la présence d'un conducteur dangereux ou aux facultés affaiblies. C'est la même chose, ici. La PPO et ses partenaires policiers et communautaires croient que la législation du gouvernement du Canada renforce notre capacité d'obtenir rapidement l'information essentielle, qui peut être utilisée à l'égard des prédateurs sur Internet, peu importe d'où ils sévissent.
Comme l'a démontré la police de l'ensemble de l'Amérique du Nord et de partout dans le monde, nous faisons des progrès dans la lutte contre la prédation, l'exploitation sexuelle et la maltraitance des jeunes sur Internet grâce à un excellent travail de la police, à la mise en commun d'information, à la sensibilisation de la population au moyen de partenariats avec des organismes tiers, comme le Centre canadien de protection de l'enfance, dans le cadre du programme Cyberaide, et grâce à des outils législatifs en constante amélioration, qui doivent être modernisés afin de nous aider à évoluer au même rythme que la société en ligne.
Le projet de loi , tel que proposé, renforcera notre capacité de mener des enquêtes sur les crimes haineux également.
Même si Internet et les nouvelles technologies de communication ont une véritable valeur positive pour nous, en tant que société, ils comportent également des inconvénients. Ces nouvelles technologies de communication permettent de commettre de vieux crimes de nouvelles façons, et elles favorisent l'apparition de nouveaux crimes. Il ne fait aucun doute que certaines législations touchant la technologie et les communications au Canada sont désuètes.
Je peux parler de deux ou trois importantes différences de façon générale, et peut-être que le sergent d'état-major Matthews pourra parler des différences à un niveau plus précis durant la période de questions. Aux termes de la législation actuelle, la police ne peut avoir accès qu'aux renseignements très généraux d'un abonné — le nom et l'adresse, peut-être un numéro de téléphone — de façon tout à fait ponctuelle, en passant par des fournisseurs d'accès Internet. Cela signifie que la fourniture de renseignements n'est pas constante, ce qui nuit aux enquêtes et qui, souvent, prolonge la victimisation.
Aux termes de la législation proposée, les FAI seront tenus de fournir cette information en temps opportun et de façon constante. L'accès à cette information sera contrôlé de façon stricte et limité aux agents chargés de l'application de la loi, qui seraient pleinement formés sur ces procédures et assujettis à des processus de vérification et/ou des rapports. Cela permettrait à la police d'avoir accès rapidement et de façon constante à l'information qui nous permet d'accroître notre efficacité dans le cadre des enquêtes et de nos activités de prévention à l'égard de la criminalité et de la victimisation.
Nous voyons très peu d'aspects négatifs à ce projet de loi et aux divers amendements proposés. Si la législation est adoptée et qu'elle entre en vigueur, la PPO reconnaît que nous observerons une augmentation des appels de service et de la charge de travail liés aux enquêtes relatives aux infractions concernant des images intimes. La PPO subirait également des pressions au chapitre des ressources en raison des enquêtes liées aux plaintes concernant ces nouvelles infractions.
Bien sûr, le rôle de la police ne consiste pas à rédiger les lois. C'est le travail de nos élus. Cependant, dans l'intérêt de la sécurité publique, nous devons parfois engager une discussion prudente dans le cadre d'une tribune publique, qui nous aidera à faire la lumière sur ces questions et à nous forger une opinion. Notre rôle, à titre d'organisme chargé de l'application de la loi, est de réagir de manière efficace à des activités criminelles qui ont élu domicile sur Internet ou qui sont possibles grâce aux nouvelles technologies de communication. La PPO prend son mandat de sécurité publique très au sérieux.
Les membres de notre bureau provincial de renseignement des opérations, de même que ceux du Bureau de la lutte contre le crime organisé et de l'unité de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants de la PPO, adoptent une approche axée sur le renseignement et coordonnée en vue de mettre en commun et d'obtenir de l'information sur les activités criminelles. Il faut adopter cette approche axée sur le renseignement et intégrée avec nos partenaires de la police et de demander continuellement les outils législatifs dont nous avons besoin pour relever les défis en matière d'application de la loi d'aujourd'hui.
Nous n'avons pas hésité à insister sur le fait que nous avons besoin d'une législation actualisée qui nous permettra d'avoir des outils efficaces pour prévenir les activités criminelles et mener des enquêtes sur celles-ci. Nous remercions le gouvernement fédéral de nous aider dans notre travail visant à empêcher les personnes vulnérables d'être exploitées et victimisées et à faire en sorte que nos collectivités restent sécuritaires.
Merci.
:
Monsieur le président, et mesdames et messieurs membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité à donner un aperçu des efforts déployés par la GRC pour lutter contre la cybercriminalité, y compris la cyberintimidation.
[Français]
Je suis le commissaire adjoint Joe Oliver et je suis chargé de la supervision de la Direction des Opérations techniques de la GRC. Les Opérations techniques fournissent directement aux agents de police de première ligne des services opérationnels et des services d'enquête spécialisés. Nous assurons notamment la coordination nationale des enquêtes sur l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet et nous fournissons des outils d'enquête spécialisés pour lutter contre les comportements criminels sur Internet.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de l'inspecteur Mercer Armstrong, de la Section des politiques opérationnelles et de la conformité de la Direction des services de police contractuels et autochtones de la GRC. Cette Direction est responsable des politiques d'enquête, notamment celle qui régit l'application du Code criminel, qui vise des incidents comme la cyberintimidation dans les administrations contractantes de la GRC partout au Canada. Les Services de police contractuels et autochtones s'occupent également des initiatives d'éducation et de sensibilisation de la GRC pour la prévention de la cyberintimidation et d'autres crimes.
Tout d'abord, j'aimerais présenter de façon générale le sujet de la cybercriminalité. Par la suite, j'aborderai certains des défis liés aux enquêtes que les agents de police doivent affronter à l'ère numérique: des défis liés au fait que la cybercriminalité est anonyme, difficile à détecter et bien souvent transfrontalière. Je parlerai ensuite de certains types de cybercrimes qui ont des répercussions dévastatrices sur les jeunes, à savoir la cyberintimidation et la distribution non consensuelle d'images intimes.
Il est important de souligner que la cybercriminalité est, à bien des égards, une façon moderne de commettre des crimes bien connus. Par exemple, les criminels créent et déploient des logiciels malveillants (maliciels) afin de voler des mots de passe ou de subtiliser des renseignements personnels et financiers. Ils peuvent ensuite commettre diverses infractions, comme la fraude, le vol d'identité et d'autres crimes motivés par l'argent. Récemment, la GRC a collaboré avec ses partenaires internationaux pour enquêter sur le déploiement d'un maliciel qui a infecté des milliers, voire des millions d'ordinateurs à des fins criminelles. Dans le cadre de l'opération Clean Slate, la GRC a mené des enquêtes sur des cas d'utilisation non autorisée d'ordinateurs et de méfaits concernant des données, infractions prévues respectivement aux articles 342.1 et 430 du Code criminel.
Ces dispositions ne traitent toutefois pas de tous les éléments fondamentaux de la cybercriminalité, notamment le fait de posséder un virus informatique en vue de commettre un méfait ou le fait d'importer ou de rendre accessible un virus informatique. Ces menaces criminelles proviennent du Canada et d'ailleurs, circulent sur les réseaux canadiens de télécommunications et, dans bien des cas, constituent une menace à la fois pour les Canadiens et pour nos alliés. À l'heure actuelle, les dispositions du Code criminel qui régissent l'utilisation non autorisée d'un ordinateur et les méfaits concernant des données ne reflètent pas entièrement l'ampleur du contexte actuel de la cybercriminalité ni la portée éventuelle des enquêtes policières à cet égard.
Pour lutter contre la cybercriminalité, il est essentiel de rassembler rapidement les éléments de preuve numériques provenant du monde virtuel. Comme nous le savons tous fort bien, il est facile de modifier ou de supprimer les données informatiques, que ce soit par inadvertance ou intentionnellement. Durant une enquête sur un cybercrime, il peut arriver que les fournisseurs d'accès Internet suppriment des données informatiques — et donc des éléments de preuve éventuels — dans le cadre de leurs opérations de routine. Dans le contexte de leurs fonctions relatives au maintien de l'ordre prévues par la common law, les organismes d'application de la loi peuvent demander à un fournisseur d'accès Internet de conserver volontairement certaines données. Malgré cette mesure, les services de police n'ont actuellement aucune façon de veiller à ce que les fournisseurs d'accès Internet ne suppriment pas les données s'il y a une raison de croire que des activités criminelles ont été menées. On peut penser à une demande ponctuelle de la part d'un agent de police ou à un ordre à long terme donné en fonction d'une autorisation judiciaire. Le fait qu'il n'existe aucun outil d'enquête de ce genre compromet les éléments de preuve éventuels, car les enquêteurs doivent d'abord étoffer leur dossier afin de satisfaire aux critères judiciaires liés à l'accès aux données.
[Français]
Il y a aussi la difficulté que présente l'« attribution » de la « preuve numérique ». Autrement dit, comment pouvons-nous identifier un suspect en ligne, surtout quand on sait qu'il peut avoir pris des mesures sophistiquées pour brouiller ses pistes numériques au moyen de réseaux anonymes en ligne, de technologies de chiffrement ou d'autres mesures comme les réseaux de zombies?
[Traduction]
Dans ce contexte, certains éléments de preuve numérique particuliers, comme les données de transmission et de suivi, sont particulièrement importants au début d'une enquête policière concernant des activités criminelles en ligne.
Ce genre d'éléments de preuve numérique très précis peut permettre à la police d'attribuer les activités criminelles en ligne à une source et de suivre les pistes d'enquête. À l'heure actuelle, certains types de données, comme les données de transmission et de suivi, peuvent être obtenus par la divulgation volontaire d'un tiers ou grâce à une ordonnance de communication générale ou à un mandat de perquisition autorisé par un tribunal.
Dans le cas d'une ordonnance de communication générale ou d'un mandat de perquisition, la police doit avoir « des motifs raisonnables de croire » qu'un crime a été commis. Il peut être difficile de satisfaire à cette norme de preuve au début d'une enquête, car l'agent de police peut avoir « des motifs raisonnables de soupçonner », sans plus, que des activités criminelles sont menées en ligne. Dans de tels cas, certains types de données, comme ceux que j'ai mentionnés, peuvent contenir les premiers indices importants d'un comportement criminel — des indices qui sont souvent nécessaires pour pouvoir réellement commencer le travail policier dans le cyberespace.
Ces défis liés aux enquêtes sont loin d'être limités aux cybercrimes motivés par l'argent. Ils s'appliquent tout autant à d'autres types de crimes en ligne qui sont dévastateurs et qui visent les jeunes, comme l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet et la cyberintimidation. La « jeunesse » est l'une des priorités stratégiques et de grande ampleur de la GRC. Il s'agit d'initiatives d'éducation, de sensibilisation et d'application de la loi qui visent à prévenir la victimisation des jeunes et à intervenir auprès des jeunes qui se livrent à des activités criminelles.
Par exemple, le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants de la GRC — qui relève de mon portefeuille — collabore avec des partenaires responsables de l'application de la loi au Canada et ailleurs pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet. Le Centre travaille également en étroite collaboration avec le Centre canadien de protection de l'enfance. Il s'agit d'un organisme de bienfaisance qui gère le service pancanadien de signalement des cas de violence faite aux enfants et d'exploitation sexuelle des enfants sur Internet (cyberaide.ca).
Pour lutter contre la cyberintimidation, le Centre de ressources pour les jeunes de la GRC fournit aux agents de police qui travaillent dans plus de 5 000 écoles au Canada des plans de leçon et des outils pédagogiques pour aider les jeunes à reconnaître l'intimidation et la cyberintimidation, à y réagir et à les prévenir. En outre, les Services nationaux de prévention criminelle de la GRC se sont associés au Réseau pour la promotion de relations saines et l'élimination de la violence. PREVNet est un réseau national de chercheurs et d'organismes qui travaillent ensemble pour mettre un terme à l'intimidation et à la cyberintimidation. Il y a également un partenariat avec l'Université de Victoria pour mettre à l'essai le programme WITS, acronyme anglais pour « éloigne-toi, ne t'occupe pas d'eux, parles-en et va chercher de l'aide ». Ce programme vise à prévenir l'intimidation et la victimisation par les pairs, notamment la cyberintimidation, grâce à la mobilisation des jeunes. Le projet pilote a été mis en oeuvre dans 50 écoles et a mobilisé plus de 8 800 élèves. Ces activités sont des mesures de prévention essentielles pour lutter contre la cyberintimidation.
Malheureusement, lorsqu'il est question de cyberintimidation, la prévention ne suffit pas. Comme l'a signalé le Groupe de travail sur la cybercriminalité du Comité de coordination des hauts fonctionnaires, l'intimidation et la cyberintimidation peuvent prendre la forme de diverses infractions, comme le harcèlement criminel ou la profération de menaces. Des incidents de cyberintimidation très médiatisés nous ont appris que l'intimidation peut être facilitée et amplifiée par les télécommunications. À l'heure actuelle, les dispositions du Code criminel qui visent les faux messages, les propos indécents et les communications harcelantes reflètent mal le rôle de plus en plus universel des télécommunications comme moyen d'intimidation criminelle.
Les incidents récents de cyberintimidation, en particulier ceux qui portent sur la distribution non consensuelle d'images intimes, présentent d'autres défis liés aux enquêtes. Par exemple, lorsque les victimes sont âgées de moins de 18 ans, il peut être difficile de démontrer que l'intention à l'origine des infractions correspond à ce que prévoient les dispositions sur la pornographie juvénile qui permettent de porter des accusations. En outre, comme l'a signalé le Groupe de travail sur la cybercriminalité — dont j'ai parlé tout à l'heure —, ces dispositions peuvent être considérées comme « trop rigides » pour traiter de la distribution non consensuelle d'images intimes, surtout lorsque le contrevenant est aussi âgé de moins de 18 ans. Les paramètres actuels peuvent limiter le pouvoir discrétionnaire de l'enquêteur et les options qui s'offrent à lui pour déposer les accusations criminelles appropriées.
[Français]
En conclusion, je dirai que, bien souvent, la cybercriminalité est essentiellement une façon plus sophistiquée de commettre des crimes bien connus comme le vol, la fraude, l'intimidation, l'extorsion ou l'exploitation des enfants. Cependant, l'utilisation de technologies de l'information à des fins criminelles pose des défis importants dans le contexte des enquêtes policières.
Il y a des défis liés à la conservation des éléments de preuve ou à la difficulté d'identifier les criminels en ligne et de leur attribuer des crimes. Il y a également des défis liés à l'application d'une norme de preuve qui correspond davantage aux enquêtes du « monde réel » dans des domaines physiques et « non cybernétiques ».
[Traduction]
La modernisation du Code criminel, quant aux infractions et aux outils d'enquête prévus, permettrait aux organismes canadiens d'application de la loi de mieux lutter contre l'intimidation criminelle et d'autres crimes à l'ère numérique. J'aimerais également souligner l'importance d'harmoniser les lois pénales et les outils d'enquête au Canada avec ceux de nos alliés. La GRC pourrait ainsi collaborer plus efficacement avec ses partenaires internationaux responsables de l'application de la loi en vue de lutter contre les nombreux crimes en ligne qui sont de nature transnationale. Le projet de loi C-13 cherche à surmonter les défis liés aux enquêtes dont j'ai parlé.
L'inspecteur Armstrong et moi serions heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Jean-Michel Blais et je suis directeur du service de police régional d'Halifax. Malheureusement, je n'ai pas pu me joindre à vous aujourd'hui, à Ottawa, parce que mon horaire était assez chargé et que j'avais d'autres engagements. Cependant, compte tenu du sujet qui est à l'étude, je vais témoigner par vidéoconférence.
[Traduction]
En ma qualité de chef de la Halifax Regional Police, je suis honoré que le comité offre à la police et à mon service l'occasion de prendre la parole pour parler du sujet important qu'il aborde aujourd'hui. J'aimerais également remercier le chef Chu de m'avoir invité à participer à la discussion.
En tant que membre de l'Association canadienne des chefs de police et en tant que chef de police dont la collectivité a été elle-même aux prises avec les conséquences dévastatrices de comportement d'exploitation en ligne, je suis tout à fait en faveur de l'adoption du projet de loi 13. Celui-ci accroîtra la sécurité en ligne, permettra la tenue d'enquêtes efficaces au sujet des crimes liés à Internet et à la technologie et prévoira des conséquences pour les actes de cyberintimidation et la distribution non consensuelle d'images intimes. Avec l'avènement d'Internet, personne n'aurait pu prévoir le rythme des percées technologiques ni les répercussions qu'elles allaient avoir sur notre société, et en particulier sur nos jeunes, qui sont issus du monde numérique, alors que nous qui sommes un peu plus âgés sommes au fond des immigrants dans ce monde.
Dans ce paysage technologique en pleine évolution, nous qui assurons les services de police devons actuellement composer avec les lois qui ont été adoptées à l'époque du téléphone à cadran. Nous avons besoin de lois modernisées, comme celles que l'on propose dans le projet de loi , qui soient le reflet de l'ère d'Internet, de sorte que nous puissions mener des enquêtes efficaces et poursuivre adéquatement les gens qui utilisent Internet et les plates-formes technologiques connexes à des fins criminelles. Bref, nous avons besoin de lois reconnaissant l'existence de formes modernes de technologie qui n'existaient pas à l'époque où certaines des dispositions du Code criminel ont été adoptées. En outre, nous avons besoin de lois qui modernisent les outils d'enquête que les services de police pourront utiliser pour repérer les actes criminels et lutter contre la criminalité tout en préservant le droit des citoyens au respect de leur vie privée. Le projet de loi C-13 répondra à ce besoin en nous fournissant un ensemble d'outils qui nous permettront de mener des enquêtes efficaces et efficientes dans l'environnement de haute technologie actuel tout en maintenant les freins et contrepoids judiciaires qui sont nécessaires pour assurer le respect de la vie privée des Canadiens.
Je voudrais vous faire part de quelques exemples que m'ont donnés mes enquêteurs de la façon dont le projet de loi C-13 renforcera les enquêtes policières et nous permettra de mieux servir nos citoyens et nos collectivités. Comme vous le savez, il n'existe actuellement pas de dispositions dans le Code criminel concernant le fait qu'une personne envoie ou affiche les images intimes d'une autre personne sans son consentement. C'est un problème de plus en plus important dans notre société où, dans le contexte de la prolifération des médias sociaux, des adultes et des enfants sont devenus victimes de cyberintimidation et de harcèlement fondés sur la distribution non consensuelle de leurs images intimes. Les modifications proposées vont changer la situation et nous permettre de mieux protéger l'ensemble des citoyens contre des actes de ce genre.
Les dispositions du projet de loi C-13 vont également permettre aux enquêteurs d'accuser les délinquants de distribution non consensuelle d'images intimes plutôt que d'infractions liées à la pornographie juvénile lorsqu'il s'agit d'images d'une personne de moins de 18 ans. Nous estimons que cela sera très utile dans les cas où le délinquant est lui aussi un jeune qui, vu son âge et son degré de maturité, n'a peut-être pas pleinement conscience des conséquences dévastatrices de ses actes, mais pourrait se retrouver avec un casier judiciaire pour des infractions liées à la pornographie juvénile aux termes des dispositions actuellement en vigueur. Les lois actuelles n'ont pas été élaborées dans cette intention, et les services de police estiment que les dispositions proposées rendront la démarche et l'intervention plus mesurées et plus adéquates dans ces cas.
Sur le plan de mon expérience personnelle, je me rappelle que, en 2003, lorsque j'étais à la tête de l'unité intégrée de lutte contre l'exploitation des enfants du Manitoba, tous nos suspects étaient des hommes dans la vingtaine et dans la trentaine issus de divers milieux. Certains vivaient dans le sous-sol de leurs parents, tandis que d'autres étaient des courtiers accomplis et des professionnels de tous les domaines. Si on nous avait demandé ce que l'avenir nous réservait, nous n'aurions jamais imaginé qu'en 10 années seulement, les gens et même les enfants seraient en mesure de transmettre des images constituant de la pornographie juvénile ou entraînant une forme de harcèlement en utilisant simplement un téléphone cellulaire portatif.
Cela m'amène à réfléchir, tant comme chef de police que comme père de trois enfants, aux nouvelles technologies qui n'ont pas encore été mises au point et qui permettront d'autres formes encore d'exploitation des enfants et des adultes. Dans le projet de loi C-13, on propose que les infractions concernant les appels harcelants ou indécents soient modifiées afin qu'elles reflètent les moyens de communication modernes et qu'elles incluent les communications harcelantes et indécentes par des moyens de télécommunication, la portée de l'infraction étant ainsi élargie pour tenir compte de la technologie avancée d'aujourd'hui.
Les services de police vont être en mesure de donner les ordres de préservation qui ont toujours été permis et d'obtenir des ordonnances de préservation afin que les données détenues par les fournisseurs de service des communications et les sites de réseaux sociaux soient conservées jusqu'à ce que les enquêteurs puissent obtenir une ordonnance de communication ou un mandat de perquisition leur permettant d'obtenir les éléments de preuve de façon légale. À l'heure actuelle, ces entités peuvent supprimer l'information ou ne pas la préserver, car la loi ne les oblige aucunement à le faire. Ce problème est aggravé par le raccourcissement des périodes de conservation des données, vu les quantités incroyables de données que génèrent les plates-formes technologiques d'aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné déjà, l'exploitation en ligne a eu des conséquences dévastatrices ici, à Halifax, et les effets se sont répercutés partout dans le monde. Pour reprendre les propos du chef Chu, nous reconnaissons que le fait de modifier la loi n'est qu'une partie de la solution. Toutefois, si on y ajoute l'information, la sensibilisation et les services communautaires intégrés, le projet de loi constitue une mesure importante pour aider les services de police et la communauté en général à lutter de façon efficace et efficiente contre la cyberintimidation et la distribution non consensuelle d'image intimes, actes qui revictimisent perpétuellement les victimes.
Idéalement, lorsque les démarches d'information et de sensibilisation ne seront plus d'aucun secours, le système judiciaire doit disposer des moyens adéquats pour intervenir. La Nouvelle-Écosse a pris les devants sur cette question, en adoptant la Cyber-safety Act il y a un peu plus d'un an. Grâce à cette loi, et aux modifications du Code criminel apportées par le projet de loi , nous disposerons d'outils puissants pour lutter contre les criminels qui exploitent ou harcèlent les personnes vulnérables en ligne.
Les services de police étant aux prises avec la cyberintimidation et l'utilisation toujours plus grande d'Internet pour la perpétration de cybercrimes, nous devons être en mesure de mener des enquêtes adéquates au nom de toutes les victimes. Nous devons jouer un rôle de défense des droits de tous les Canadiens et faire entendre le message selon lequel nous ne tolérerons plus la victimisation de nos citoyens en ligne.
Il va sans dire que nous qui sommes des hommes et des femmes respectueux de la primauté du droit et toujours conscients de leur obligation impérieuse de l'assurer devons faire cela en respectant le droit à la vie privée de tous les Canadiens. C'est pour cette raison que la Halifax Regional Police appuie ce projet de loi important et nécessaire.
Merci encore une fois de nous avoir invités à prendre parole.
:
Oui. Je vais tenter de vous donner un aperçu des programmes mis en place en Ontario. Tout d'abord, je vous parlerai de la stratégie provinciale que nous avons mise en oeuvre afin de prévenir la violence à l'endroit des enfants.
Cette stratégie, qui met à contribution 18 services de police de l'Ontario, a été lancée en 2006. Elle a permis de mener des enquêtes à propos de plus de 22 000 incidents de violence sexuelle faite à des enfants, et elle a donné lieu au dépôt de plus de 8 000 chefs d'accusation et à plus de 2 500 arrestations. Il s'agissait de tirer parti de notre force collective de manière à ce que nous puissions, en tant que police communautaire, faire porter nos efforts sur les problèmes communs à toutes les administrations. Comme on l'a dit plusieurs fois aujourd'hui, le crime dont nous parlons ne connaît aucune frontière. Cette stratégie met davantage l'accent sur l'application de la loi.
À l'échelon communautaire, nous disposons d'agents qui se rendent dans les écoles et d'agents qui fournissent des services communautaires. Ils sont en contact permanent avec les médias. Nous considérons que les médias sont des partenaires essentiels au moment de communiquer à l'ensemble de la population des messages à propos de la sécurité. Quant à nos agents qui se rendent dans les écoles, ils travaillent sur place auprès des jeunes. Au moyen d'affiches et de dépliants, ils les informent continuellement à propos d'un merveilleux outil mis à leur disposition, à savoir AidezMoiSVP. Il s'agit d'un site Web très intuitif qui contribue à orienter les jeunes, qui leur fournit de très brèves réponses à leurs questions et qui leur fournit des conseils sur la manière de s'attaquer à ce problème.
J'ai mentionné plus tôt le site Web youthconnected.ca, qui a été créé par des adolescents eux-mêmes dans le cadre d'un programme entièrement financé par la PPO, la Fondation pour la jeunesse de la PPO et quelques partenaires du secteur privé. Il fournit notamment des plans de leçon que les enseignants et les parents peuvent utiliser afin d'apprendre aux enfants à naviguer sur Internet de façon plus sûre.
Une Journée de la sécurité sur Internet a lieu chaque année, et les événements de ce genre nous permettent d'informer constamment le public quant à la manière de naviguer en toute sûreté dans le cyberespace. Tout juste hier, à Brockville, dans le cadre de la semaine de la police, on a installé un kiosque dans un centre commercial afin de fournir de l'information concernant principalement l'utilisation sûre d'Internet et la manière d'orienter et d'éduquer nos enfants quant aux pratiques à adopter à l'égard de divers phénomènes, notamment les « sextos ».
Nous menons bien d'autres activités, mais nous mettons actuellement l'accent sur la formation de nos agents de première ligne. Nous voulons qu'ils soient en mesure de prodiguer de bons conseils aux parents, aux enseignants et aux adolescents eux-mêmes de façon à éviter qu'ils soient induits en erreur et se sentent démunis et pour nous assurer que nous faisons notre part pour régler le problème.
Cela dit, de façon plus générale, nous sommes conscients du fait que, en raison des coûts liés au maintien de l'ordre, nous devons tirer davantage parti du partenariat que nous avons établi dans le cadre du plan d'action pour la prévention du crime en Ontario et mobiliser davantage les intervenants au sein de la collectivité. Nous ne parviendrons pas à régler seuls ces problèmes. Nous sommes là pour appliquer la loi. Nous pouvons faire preuve d'excellence en matière d'enquête. Toutefois, si nous ne disposons pas de partenaires à tous les échelons de la collectivité, nous ne serons pas en mesure de nous acquitter de notre mandat consistant à assurer la sécurité de nos collectivités.