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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, collègues, de m'avoir invité cet après-midi à parler d'un sujet très sérieux qui me tient beaucoup à coeur, comme il tient à coeur à de nombreux Canadiens, un peu partout dans le pays. Il s'agit d'empêcher les conducteurs ivres de prendre le volant et d'adopter de meilleures mesures législatives à cette fin.
Le projet de loi a pour but de modifier l'article 255 du Code criminel afin d'imposer des peines plus sévères aux conducteurs dont l'alcoolémie atteint ou dépasse le double de la limite légale. Le projet de loi ne cible pas ceux qui prennent un verre de vin ou dont l'alcoolémie est proche de 0,05 ou 0,08, selon la province où ils se trouvent. Il vise en fait les gens qui prennent les commandes d'un véhicule à moteur dans un état d'ébriété avancé et qui causent ainsi un grand préjudice.
Comme je l'ai dit lorsque nous en avons discuté pour la première fois à la Chambre, je suis très ouvert aux idées, suggestions et amendements. Ce n'est pas seulement mon projet de loi, c'est aussi le vôtre. Je souhaite que le comité le renforce pour que nous puissions aboutir à un résultat dont nous serons fiers et dans lequel nous aurons confiance, sachant que nous aurons rendu plus sûres les routes, les rues et les voies navigables du Canada.
Si le projet de loi est adopté, un conducteur dont l'alcoolémie se situe au double de la limite légale serait « passible d'un emprisonnement maximal de dix ans ». Pour une première infraction, ce conducteur se verrait infliger une amende minimale de 2 000 $ et une peine d'emprisonnement minimale de 60 jours. En cas de récidive, la peine d'emprisonnement minimale serait de 240 jours. Les conducteurs qui blessent ou tuent une personne pendant que leur alcoolémie dépasse la limite légale seraient condamnés à une amende minimale de 5 000 $ et à une peine d'emprisonnement minimale de 120 jours pour une première infraction et à une peine minimale de 12 mois en cas de récidive.
Je voudrais vous faire part de quelques chiffres. D'après Statistique Canada, près de la moitié des conducteurs mortellement blessés avaient une alcoolémie dépassant le double de la limite légale. Ce niveau d'affaiblissement des facultés a eu des effets dévastateurs sur nos jeunes, qui représentent 31 % des décès liés à l'alcool. Je ne crois pas qu'il y ait ici une seule personne pour qui ce chiffre ne revêt pas un sens particulier. Quand j'étais à l'école secondaire, j'ai entendu parler d'étudiants de différents établissements du district qui avaient trouvé la mort parce qu'ils avaient pris le volant après avoir bu.
Le rapport sur l'alcool au volant publié en juin 2009 par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes indiquait que la plupart des problèmes liés à la conduite en état d'ébriété étaient attribuables aux conducteurs dont l'alcoolémie était supérieure à la limite de 0,08 actuellement prévue dans le Code criminel. À bien y penser, c'est un fait vraiment surprenant. Nous ne parlons pas de personnes qui ont simplement pris un verre de trop qui leur a fait dépasser la limite de 0,08. Nous sommes témoins de très graves conséquences lorsque ces gens vont au-delà de 0,05 ou 0,08, selon la province.
Parmi les conducteurs du Canada qui ont été testés, 62,9 % n'avaient aucune trace d'alcool, ce qui est un bon signe; 37,1 % avaient bu, ce qui est un mauvais signe; 4,3 % avaient une alcoolémie inférieure à 0,05; 2,6 % se situaient entre 0,05 et 0,08; 9,4 % étaient entre 0,081 et 0,160; et 20,8 % dépassaient 0,160.
Autrement dit, 81,5 % des conducteurs mortellement blessés après avoir bu avaient une alcoolémie qui se situait entre la limite actuelle de 0,08 et 0,16. Les conducteurs à forte alcoolémie, comme ceux qui ont plus de 160 mg d'alcool par 100 ml de sang, sont vraiment saouls. Il n'y a pas de doute que ces gens avaient pris le volant, comme il n'y a pas de doute qu'ils n'auraient pas dû le faire. Vos amis reconnaîtront qu'à ce niveau d'alcoolémie… Ce sont ces gens qui font le plus de mal sur nos routes. De toute évidence, cela représente un nombre disproportionné de conducteurs mortellement blessés après avoir bu.
Des conducteurs à forte alcoolémie sont au volant d'environ 1 % des véhicules qui roulent sur les routes la nuit et en fin de semaine. Pourtant, ils représentent aussi près de la moitié de l'ensemble des conducteurs tués à ces heures. Ces chiffres sont éloquents: 1 % des véhicules, mais la moitié des décès. Avec des ressources limitées, il est donc préférable de cibler les 81,5 % de conducteurs mortellement blessés qui sont déjà au-delà de la limite de 0,08. Les pires contrevenants prennent le volant avec une alcoolémie deux à trois fois supérieure à la limite légale actuelle. Ces conducteurs constituent le plus grand danger que nous ayons sur nos routes et nos voies navigables et devraient donc être considérés comme prioritaires.
D'après l'article 255.1 du Code criminel, si l'infraction de conduite avec facultés affaiblies est commise par une personne dont l'alcoolémie dépasse 0,16, ce facteur constitue une circonstance aggravante lors de la détermination de la peine. Cela reflète le fait que conduire à un tel niveau d'ébriété — plus de 0,16 ou plus du double de la limite légale actuelle — témoigne en général d'un sérieux problème.
Même si un conducteur ayant une telle alcoolémie est pris pour la première fois, il est probable que c'est un buveur invétéré. Autrement dit, la seule chose que nous ne sachions pas, c'est combien de fois il a conduit dans cet état avant d'être pris. Bien sûr, cela est dû au fait qu'il est rare que ce soit vraiment la première fois qu'il ait conduit en état d'ébriété.
En Saskatchewan, d'après Statistique Canada, nous avons connu chaque année, de 2006 à 2011, des hausses du nombre d'incidents de conduite avec facultés affaiblies signalés par la police. De plus, en 2011, la Saskatchewan avait le taux le plus élevé de tels incidents parmi toutes les provinces, avec près de 700 pour 100 000 personnes. Autrement dit, en l'espace de cinq ans, le nombre d'incidents signalés par la police est passé de près de 500 à 700 pour 100 000 habitants.
Le projet de loi cible les conducteurs à forte alcoolémie en leur imposant des peines plus sévères, le but étant de prévenir la récidive puisque ces contrevenants à risque élevé causent le plus grand nombre de collisions, avec des taux de mortalité élevés, et sont les plus susceptibles de récidiver.
Sur un plan personnel, je me suis intéressé à ce sujet parce que, tout près de mon bureau à Prince Albert, il y avait un homme que je connaissais, Ben Darchuk, qui dirigeait l'atelier Ben's Auto Glass et employait entre 10 et 20 personnes dans son entreprise. Ben venait tout juste d'acheter un nouveau bateau quand, le 20 mai 2012, il a pris la direction du lac Christopher où il devait passer le week-end prolongé. Sa famille était déjà partie pour trouver un site de camping. Il avait attelé le bateau à son véhicule et se dirigeait vers le lac pour retrouver sa famille, mais il n'est jamais arrivé à destination. Il a été heurté par un jeune de 22 ans qui était au-dessus de la limite légale de 0,08 et qui prenait également de la cocaïne. Il a été tué sur le coup, laissant une femme, Leanne, deux filles et un fils. Il n'a jamais eu l'occasion d'utiliser son nouveau bateau.
Vous pouvez imaginer l'impact de cet accident à Prince Albert ainsi que les incidences d'accidents du même genre partout dans le pays. Chacun connaît des exemples semblables. Je peux penser à cette jeune femme de Prince Albert qui était enceinte et qui a été tuée par un conducteur ivre. Elle n'avait que 17 ans. On avait au moins réussi à sauver le bébé.
Il n'y a que beaucoup trop d'exemples de ce genre sur nos routes et nos rues. Je ne devrais pas dire « nos routes » parce qu'il faut également penser à nos voies navigables. Je veux insister sur ce point. Un bateau est aussi un véhicule à moteur. Nous ne parlons pas seulement de voitures. Beaucoup de gens pensent qu'ils peuvent consommer sans risques une ou deux bières ou peut-être cinq ou dix avant de prendre les commandes d'une embarcation ou d'une motomarine. Ce n'est pas vrai.
Ce que nous essayons de faire ici est très simple. J'attends de vous des amendements pouvant améliorer le projet de loi. L'objectif est de tenir ces gens à l'écart des routes. Nous devons le faire. Nous devons nous assurer qu'ils ne feront plus de tort aux autres et qu'ils recevront les traitements et les conseils dont ils ont besoin pour ne pas récidiver.
Monsieur le président, je vais m'arrêter là. Je serai heureux de répondre à des questions.
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Merci, monsieur Hoback.
C'est intéressant. Je vais répéter à quel point il s'agit d'un projet de loi important qui s'attaque à une question sérieuse. Je pense, moi aussi, qu'il s'agit d'un fléau. Il faut tenter de dissuader les gens d'agir de la sorte.
Avec toutes les campagnes de sensibilisation, je ne comprends pas pourquoi, en 2015, des gens... Je m'arrache les cheveux de la tête, j'aimerais savoir ce qu'on peut faire pour leur faire comprendre...
Je sais que vous vous concentrez sur les cas plus sérieux. J'ai pratiqué le droit criminel et je suis d'accord avec vous: un taux d'alcoolémie de 0,16 indique qu'une personne est pas mal saoule
Par ailleurs, en janvier, dans le comté de , que je représente, 50 conducteurs qui avaient été arrêtés pour facultés affaiblies ont été libérés, parce que les délais étaient déraisonnables. Tout le monde était en état de choc à la suite de cette nouvelle.
Parfois, le Parlement adopte des lois, mais il y a des corollaires importants, dont l'accessibilité à la justice. La justice peut aussi être plus rapide. Il faut davantage de juges et de procureurs de la Couronne pour éviter qu'on adopte des lois qui semblent sévères, mais qu'en bout de ligne, les gens se réveillent et voient que 50 conducteurs ont été libérés. Je ne dis pas qu'ils étaient tous coupables. Il n'en demeure pas moins que 50 personnes ont été accusées, et elles ont été libérées parce qu'on n'a pas pu faire en sorte que leur procès ait lieu dans un délai raisonnable.
Je suis contente que vous ayez expliqué ce qui a mené au projet de loi. Une de mes inquiétudes a trait au fait de hausser la peine minimale. La peine minimale existe déjà dans le Code criminel, dans les articles en question. Une certaine théorie circule à l'effet que le problème serait dû au fait que les peines minimales deviennent la norme. Il n'est pas rare de voir la Couronne ou la Défense s'en tenir aux peines minimales. Il faut tenir compte de l'arrêt dans la cause Nur, selon lequel il ne faut pas que la sentence minimale obligatoire soit exagérée, parce que cela risque de ne pas passer le test et, souvent, les tribunaux vont s'en tenir aux peines minimales.
Établir une peine minimale, au lieu de hausser les peines maximales et laisser à la cour la discrétion de décider compte tenu du dossier et des antécédents judiciaires de la personne, n'est-il pas dangereux?
Je suis surprise de voir que MADD Canada n'appuie pas votre démarche. Je ne sais pas si vous savez pourquoi, mais peut-être pourriez-vous nous l'expliquer.
Avez-vous vérifié la légalité de la hausse des sentences minimales obligatoires compte tenu de l'arrêt récent de la Cour suprême du Canada sur les sentences minimales obligatoires?
Je voudrais commencer par vous remercier de vos questions.
Il est intéressant de parler des peines minimales et de tout ce qui les entoure. Je me suis entretenu avec un certain nombre de moniteurs d'auto-école. Je leur ai demandé ce qui, à leur avis, aurait le plus d'impact pour persuader les jeunes qui suivent des cours de conduite de ne pas prendre le volant après avoir bu. Ils m'ont dit que le mieux est de leur expliquer ce qui arrive quand on mélange alcool et conduite.
Tout d'abord, il faut détecter les contrevenants. Nous devons donc nous assurer d'avoir les ressources nécessaires pour le faire. Deuxièmement, il est inexcusable de laisser aller 50 conducteurs à cause de trop longs délais alors que des accusations avaient déjà été portées contre eux. C'est un problème que la province devra affronter en examinant le financement accordé aux tribunaux. Je n'ai pas d'observations à formuler à cet égard. Je ne sais pas grand-chose à ce sujet. Je vais donc m'abstenir.
Je ne peux que vous répéter ce que ces moniteurs m'ont dit. Pour eux, s'il est possible d'aller parler aux étudiants des conséquences, de leur dire combien de dégâts ils peuvent causer et combien de tort ils peuvent faire aux gens et à leurs familles… Il y a par exemple des écoles qui, le jour de la remise des diplômes, ont placé des épaves de voiture sur la pelouse, en face de l'établissement, afin de choquer les étudiants en leur montrant ce qui peut arriver quand on prend le volant après avoir bu. Les moniteurs disent que s'ils ont la possibilité d'expliquer les conséquences, les étudiants y penseront à deux fois et se diront que c'est vraiment sérieux.
J'ai eu d'autres commentaires lors de mes discussions avec les représentantes de MADD. Elles m'ont dit en fait qu'elles souhaitaient voir des peines minimales plus sévères, beaucoup plus sévères. Elles craignent de nous voir nous occuper de cette question d'une façon ponctuelle qui ne donnera pas de résultats suffisants. Je comprends leur point de vue. Nous devons cependant réaliser un certain équilibre entre différents éléments. Encore une fois, j'attends des amendements du comité. Je suis très ouvert à cet égard. J'estime simplement que le projet de loi constitue un bon point de départ.
Il faut aussi se soucier des effets au volant de la marijuana et d'autres drogues. Compte tenu du fait que des tests feront leur apparition à l'avenir, les représentantes de MADD croient que les étudiants se rendront compte que s'ils fument un joint, on pourra s'en apercevoir et préféreront donc s'en abstenir. La crainte des conséquences et de ce qui peut arriver s'ils sont pris a des effets salutaires qui les amènent à renoncer. C'est l'objectif dans ce cas.
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Je vous remercie de votre question.
Nous devrions probablement demander à MADD de nous donner son point de vue à ce sujet. En fait, lorsque j'ai parlé de Ben… Je dois dire que, par suite de l'accident où Ben a trouvé la mort, il y a maintenant une section MADD à Prince Albert. La dame qui était venue sur les lieux croyait qu'il fallait faire quelque chose pour sensibiliser ses étudiants de Prince Albert à ce problème.
Comme je l'ai déjà dit, l'organisation souhaite voir des peines encore plus sévères. Elle voudrait que les tribunaux transmettent un message plus énergique concernant non seulement l'alcool, mais aussi la drogue au volant.
Il est intéressant de discuter avec les représentantes de MADD, qui sont profondément émues par ce genre de situation. Le plus souvent, elles ont déjà connu de très près des cas vraiment terribles. Il suffit de les regarder pour s'en rendre compte. On ressent aussi l'émotion dans leur voix. Elles veulent que des mesures concrètes soient prises dans ce dossier.
Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour améliorer ce projet de loi? J'espère que le comité trouvera des amendements qui puissent le faire. Je le souhaite vraiment. Il faut cependant trouver l'équilibre entre ce que MADD réclame et les obligations que nous avons envers les contribuables, envers les électeurs et tout le reste. Je crois que je m'en tiendrai à cela.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hoback, vous avez dit que chacun connaît une histoire tragique liée à la conduite en état d'ébriété. La mienne concerne Kristen Cameron. Kristen était une voisine. C'était une jeune joueuse de hockey très prometteuse. Elle est allée aux États-Unis avec une bourse de hockey et a eu énormément de succès. Elle a même fait partie de la Ligue All-American. Kristen est maintenant quadriplégique à la suite d'un accident causé par un conducteur ivre.
Je suis parfaitement d'accord avec vous pour ce qui est des intentions de votre projet de loi, mais je ne suis pas convaincu que les peines minimales obligatoires apportent une solution à tous les problèmes qui peuvent nous émouvoir. Je suppose que c'est sur ce point que nous sommes en désaccord, même si je ne doute pas un seul instant de la sincérité de vos intentions.
Toutefois, je voudrais commencer par une question pratique. Je ne sais pas combien, parmi les personnes ici présentes, ont eu l'occasion de parler à ceux qui s'occupent des poursuites dans de tels cas, c'est-à-dire aux procureurs et aux avocats de la défense. Si vous l'avez fait, vous aurez constaté que, même avec les dispositions actuelles de la loi, une pratique s'est développée — basée sur la jurisprudence, sur la courtoisie professionnelle ou sur un autre protocole — grâce à laquelle le procureur avertit la défense s'il a l'intention de recourir au sous-alinéa 255(1)a)(ii). Il s'agit de la disposition qui prévoit une peine minimale de 30 jours de prison pour une deuxième infraction.
Par conséquent, si l'accusation compte se prévaloir de ces dispositions, elle avertit l'autre partie. Cela fait presque partie de la routine. En l'absence d'une notification, les deux parties présentent leurs arguments relatifs à la détermination de la peine, et la personne accusée d'une deuxième infraction est condamnée à moins de 30 jours de prison, plus ou moins par entente mutuelle.
Premièrement, êtes-vous au courant de cette pratique des tribunaux criminels du Canada? Deuxièmement, avez-vous tenu compte de cette pratique dans votre projet de loi? Je crains fort, si cette pratique sert actuellement à contourner l'obligation d'infliger une peine minimale, que votre projet de loi ne soit inefficace si la pratique est maintenue.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais tout d'abord remercier mon collègue, M. Hoback, pour avoir déposé ce projet de loi très opportun. Je ne connais pas beaucoup de gens au Canada qui n'aient pas été touchés par la conduite en état d'ébriété ou qui ne connaissent pas au moins quelqu'un qui en a souffert.
En ce qui me concerne, j'ai été heurté par un conducteur ivre en octobre 1993. Ce monsieur, qui était au volant d'un camion de livraison de 5 tonnes, a embouti l'arrière de ma camionnette, envoyant ma tête valser à travers la lunette arrière et projetant le véhicule dans l'intersection. Je m'étais arrêté pour laisser passer une vieille dame qui traversait la rue. J'ai découvert plus tard que cet individu avait reçu des conseils de ses avocats. Quand je l'ai abordé pour lui dire qu'il fallait appeler la police, il m'a dit qu'il allait payer les dommages et que nous serions quittes. Je pouvais voir qu'il avait bu.
Ensuite, il s'est enfui et s'est rendu au Transit Hotel d'Edmonton, où il s'est mis à boire, de façon à maquiller la preuve. Voilà ce qui arrive avec les gens qui connaissent bien les lois sur la conduite en état d'ébriété. Ils savent qu'ils peuvent… Je crois qu'ils sont conseillés par quelqu'un qui connaît les défenses dont on peut se prévaloir. C'est le genre de choses que ces gens font.
Je suis d'avis que nous devrions ajouter au Code criminel une disposition concernant l'homicide commis au volant d'un véhicule. Je sais que d'autres collègues de la Chambre envisagent des projets de loi de cette nature. Je me demande si vous êtes en faveur d'une disposition de ce genre. J'aurais facilement pu être tué dans cet accident.
En ce qui concerne votre projet de loi, les changements que vous proposez ont évidemment pour objet d'assurer une plus grande certitude et une plus grande justice au chapitre de la détermination de la peine. Toutefois, n'êtes-vous pas préoccupé par le fait que, dans certains cas, nous ne pouvons même pas obtenir une condamnation parce que les circonstances qui entourent la conduite en état d'ébriété sont tellement difficiles à prouver et qu'il est parfois extrêmement malaisé de prouver les faits devant un tribunal? La conduite avec facultés affaiblies est l'une des accusations les plus lourdes à porter pour un agent de police… Elle fait perdre une journée entière et parfois plus, surtout s'il faut aller au tribunal. Croyez-vous que le projet de loi donnera les résultats que vous en attendez?
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Encore une fois, je crois qu'il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire pour obtenir ces résultats. Ce n'est que l'un des éléments à envisager dans l'ensemble des mesures de lutte contre ce fléau.
Mes électeurs me font part des frustrations qu'ils ressentent. J'ai entendu parler de différents exemples semblables à celui que vous venez de donner, des cas où quelqu'un sait comment tourner le système ou a un avocat qui peut le faire pour lui.
Y a-t-il dans le projet de loi quelque chose qui puisse prévenir de telles manoeuvres? Pour le moment, non. Pouvons-nous faire quelque chose à l'avenir? Encore une fois, je compte sur le comité pour y penser parce que les gens se plaignent des stratagèmes auxquelles on recourt dans les affaires de conduite en état d'ébriété.
Quant à la GRC, les agents devront reconnaître que si une personne est au double de la limite légale, il vaut la peine de consacrer du temps et des efforts à l'affaire pour qu'elle aille devant les tribunaux. Autrement, cette personne recommencera jusqu'à ce que quelqu'un l'arrête ou jusqu'à ce qu'elle tue ou blesse quelqu'un. C'est pour cette raison qu'on a besoin de mesures législatives spéciales pour poursuivre les gens qui sont au double de la limite légale.
Il ne s'agit pas ici d'un buveur occasionnel qui a fait une erreur. Il s'agit plutôt d'une personne qui se saoule, puis prend le volant. Il faut prendre des mesures. La GRC doit prendre au sérieux les affaires de ce genre. Que ce soit la GRC, la police municipale ou la police provinciale, il faut faire quelque chose.
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Je donne encore des causeries sur l'alcool et la drogue dans les écoles. J'essaie de parler aux enfants de l'expérience que j'ai acquise. Je crois que la plupart des adolescents d'aujourd'hui connaissent assez bien les lois sur la conduite avec facultés affaiblies. Nous sommes loin des années 1960 et 1970 et de l'époque où ce genre de comportement était jugé acceptable. Nous avons fait des progrès considérables.
Il y a un autre point que j'estime important à propos de ce qu'a dit Mme Péclet. Je ne crois pas que la peine minimale soit trop sévère. À mon avis, si quelqu'un prend le volant avec une alcoolémie de 0,16 ou plus, il sait vraiment ce qu'il fait. Je n'ai aucun doute là-dessus. Le taux d'alcool le plus élevé que j'aie jamais relevé pendant que j'étais dans la GRC était de 0,43. C'était à Kitimat en 1982. Je ne l'oublierai jamais. Ce type avait 0,43 et conduisait quand même alors que la limite légale est de 0,08. Il était encore vivant.
Une voix: Il aurait dû être mort.
M. David Wilks: Oui, en principe, cela aurait dû le tuer.
L'autre problème — que Mme Boivin a mentionné, monsieur le président — est le temps qu'il faut pour mettre à jour les casiers judiciaires par l'entremise du CIPC. Cela peut poser des problèmes, mais je crois que la police et les tribunaux devraient y travailler. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire dans ce cas, mais c'est un vrai problème. Je pense aussi que nous devrions envisager d'établir un programme fédéral d'interruption de l'allumage. C'est probablement l'une des meilleures initiatives que nous puissions prendre.
Je n'ai rien d'autre à dire.
Je suis juste curieuse. D'un point de vue pratique, ne craignez-vous pas qu'une personne qui a tellement bu refuse de se soumettre à une analyse? Vous savez que ces gens essaieront de recourir à tous les moyens. Vous l'avez dit vous-même. Ils ont beaucoup de stratagèmes. D'habitude, les gens, sauf s'ils ont beaucoup de malchance et, ordinairement, si c'est de la malchance, ils savent ou devraient savoir… Quoi qu'il en soit, les gens que nous essayons d'empêcher de prendre le volant, qui sont un danger public — et il y en a beaucoup — connaissent toutes les astuces.
Lorsque je regarde le projet de loi , je me dis qu'on pourrait simplement recommander à ces gens de refuser de souffler dans l'alcootest parce qu'ils risquent moins en s'abstenant. Ils n'ont pas alors à passer par tout le processus.
Je comprends où vous voulez en venir. Nous avons tous des exemples. Je répète encore une fois que je trouve odieux que des gens conduisent un véhicule après avoir pris ne serait-ce qu'un seul verre. En même temps, nous devons être pratiques. Je ne suis pas sûre que ce projet de loi atteindra le but recherché. Je ne suis pas sûre que nous pourrons — aussi brillants que nous soyons autour de cette table — le modifier suffisamment pour qu'il atteigne ce but. J'y vois tellement d'échappatoires que je crains fort que nous ne puissions pas y changer grand-chose. C'est mon point de vue.
Avez-vous pensé à la possibilité que les gens puissent désormais refuser de se soumettre à l'alcootest et que cela soit avantageux pour eux?
Conformément à l'ordre de renvoi du vendredi 28 novembre, nous étudions le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (animaux d'assistance policière, animaux d'assistance militaire et animaux d'assistance).
Nous avons déjà entendu le ministre ainsi que des témoins à ce sujet. Nous en sommes maintenant à l'étude article par article. Nous profiterons à cet égard de l'aide de fonctionnaires du ministère de la Justice.
Nous vous remercions de votre présence au comité aujourd'hui.
S'il y a des questions quelconques sur l'un des quatre articles — je crois bien qu'il y en a quatre —, vous voudrez bien me le faire savoir à mesure que nous les passerons en revue. Les fonctionnaires pourront alors y répondre. Nous avons en fait cinq amendements, mais ceux du Parti vert sont identiques. M. Hyder est ici pour en parler.
Monsieur Hyder, vous pouvez venir vous asseoir à la table.
Nous éliminerons les amendements de Mme May et examinerons ceux de M. Hyder parce qu'il est ici pour en parler. Pour ce qui est de la procédure que nous allons suivre, nous donnerons à M. Hyder à peu près une minute pour parler de chacun de ses amendements. Ensuite, nous passerons au vote.
Conformément à l'article 75.1 du Règlement, l'étude du premier article ainsi que du titre abrégé est reportée.
(Article 2)
Le président: Nous avons deux amendements à l'article 2.
Comme Mme May est absente, en un sens, ses amendements ne sont pas recevables.
Soit dit en passant, tous les amendements proposés ont été jugés admissibles.
Monsieur Hyder, vous avez la parole pour expliquer l'amendement que vous proposez à l'article 2.
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Merci, monsieur le président.
Collègues, cet amendement découle des questions que j'ai posées aux témoins qui sont ici et à d'autres. Dans sa forme actuelle, le projet de loi contient les mots « volontairement et sans excuse légitime ». Ces mots ajoutent des critères ou des éléments supplémentaires que la Couronne doit prouver pour obtenir une condamnation.
Le Code criminel contient déjà des dispositions prévoyant la défense fondée sur l'excuse légitime. Ces dispositions se trouvent au paragraphe 429(2). La défense de l'excuse légitime s'applique au projet de loi et à l'article à l'étude. Figurant au paragraphe 429(2), elle est libellée comme suit:
Nul ne peut être déclaré coupable d'une infraction visée aux articles 430 à 446…
Le projet de loi s'inscrit dans cette plage.
… s'il prouve qu'il a agi avec une justification ou une excuse légale et avec apparence de droit.
Par conséquent, la défense de l'excuse légitime existe déjà. Le libellé de cet article vise aussi à créer une défense fondée sur une excuse légale. Nous avons posé des questions aux fonctionnaires à ce sujet. Lorsqu'ils avaient comparu, je leur ai demandé si la défense d'excuse légitime figurant dans le projet de loi à l'étude élargit ou limite la défense qui existe déjà. Ils ont répondu non. J'ai alors demandé: Pourquoi en avons-nous besoin? Si cette disposition ne renforce ni ne réduit l'accès à la défense, j'estime qu'elle ne représente qu'un détail superflu qui n'a pas à être là. Voilà donc l'objet de l'amendement: il supprime les mots excédentaires.
Le problème de la présence de ces mots, c'est que, d'après les fonctionnaires, ils n'ont pas pour objet de donner plus ou moins d'accès à la défense. Ils sont conçus pour être compatibles avec ce qui existe déjà dans le Code, mais les mots sont différents.
Ce qui arrivera si quelqu'un est accusé en vertu de cet article, c'est qu'il y aura un grand débat entre les avocats, le juge et la cour d'appel sur la question de savoir si l'accusé est assujetti aux mots qui sont déjà dans la loi, aux mots qui sont dans le projet de loi ou encore aux deux. Ensuite on se demandera quelles répercussions cela peut avoir sur l'innocence ou la culpabilité de l'accusé.
Compte tenu de ce que nous ont dit les fonctionnaires — à savoir que ces mots ne sont pas conçus pour modifier la défense d'excuse légale —, nous n'en avons pas besoin. Je vous exhorte à adopter l'amendement qui supprime ces mots qui, comme les fonctionnaires l'ont reconnu, ont pour objet non de modifier la loi, mais de maintenir la compatibilité, même si c'est en usant de mots différents.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
J'ai essayé de suivre le raisonnement de M. Casey. Même si ses arguments ne sont pas difficiles à suivre d'un point de vue logique, je crois qu'il est préférable de laisser l'article tel quel.
M. Casey estime que, si ces mots sont superflus et ne changent rien, il n'y a pas lieu de modifier les dispositions actuelles de la loi, mais je crois qu'il vaut mieux éviter toute ambiguïté… J'ai déjà comparu devant des tribunaux. Il arrive que la Couronne, les avocats de la défense ou d'autres intervenants ne tiennent pas compte de libellés semblables figurant ailleurs dans le Code. Il est possible de manquer ces dispositions, de sorte qu'il est préférable, pour éviter toute ambiguïté, de laisser la disposition telle quelle. Elle est très bien comme elle est.
Je serais vraiment navré si le juge, un procureur de la Couronne, un avocat de la défense ou quelqu'un d'autre faisait une fausse interprétation dans un cas où, par exemple, quelqu'un conduit son véhicule le long d'une rue au moment où un agent relâche son chien et qu'involontairement, il heurte le chien, qui est blessé ou tué. Dans ce cas, l'acte est involontaire. Il n'y a aucune intention coupable. Je crois que cela suffirait pour exonérer la personne en cause d'une manière très claire. J'estime donc que le libellé actuel devrait rester tel quel.
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Y a-t-il d'autres observations au sujet de l'amendement? Non? Tous ceux qui sont en faveur de l'amendement PV-4?
(L'amendement est rejeté. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Nous en sommes maintenant à l'article 3 non modifié.
(L'article 3 est adopté.)
(L'article 4 est adopté.)
Le président: Le titre abrégé est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Le titre est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Le projet de loi est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Puis-je faire rapport du projet de loi à la Chambre?
Des députés: D'accord.
Le président: Nous n'avons pas besoin d'une réimpression puisqu'il n'y a pas eu d'amendements.
Merci beaucoup.
Nous allons suspendre la séance pendant deux minutes avant de reprendre la réunion à huis clos. Nous examinerons le rapport.
[La séance se poursuit à huis clos.]