Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je m'appelle Karen Proud et je suis la présidente des Produits de santé consommateurs du Canada. Pour ceux qui ne nous connaissent pas, nous sommes l'association commerciale qui représente les entreprises qui fabriquent des produits naturels et des médicaments en vente libre qui s'appuient sur des faits établis. Ce sont donc les médicaments que l'on trouve dans l'armoire à pharmacie de tous les Canadiens. Les consommateurs achètent des produits de santé, depuis la lotion solaire jusqu'aux vitamines en passant par les analgésiques et les médicaments contre les allergies, pour rester en santé et soigner des affections bénignes. Ces produits sont indispensables pour aider les Canadiens à se garder en santé et pour assurer la viabilité de notre réseau de la santé.
Je suis très fière d'être ici aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , et je tiens à remercier le comité de me donner l'occasion de témoigner.
Selon nous, ce projet de loi est important pour deux raisons. Premièrement, il autorise maintenant expressément l'autorité réglementaire ministérielle à utiliser un outil important de rédaction. Deuxièmement, et surtout, il rend le processus réglementaire plus souple et plus efficace pour lui permettre de suivre le rythme dans un environnement qui évolue rapidement.
Le projet de loi prévoit de plus des mesures de protection pour s'assurer que les autorités de réglementation utiliseront ces nouveaux pouvoirs en respectant la pratique établie. Cela étant dit, nous appuyons bien sûr les mesures de protection liées à l'accessibilité et aux langues officielles, mais nous remettons en question les restrictions qui sont imposées aux autorités de réglementation concernant l'incorporation par renvoi d'un document produit à l'interne.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi ne permet pas aux ministères d'incorporer par renvoi dynamique un document dont il serait l'auteur ou qui aurait été produit conjointement avec une personne ou un organisme qui appartiennent à l'administration publique fédérale. Nous considérons qu'il s'agit d'une mesure à courte vue. Les produits de nos membres sont actuellement régis par la Loi sur les aliments et drogues. Cette loi, qui a été modifiée en 2012 par la Loi de mise en oeuvre du budget, le projet de loi , et modifié de nouveau l'automne dernier par le projet de loi , accorde au ministre de la Santé le pouvoir d'incorporer par renvoi tout document, peu importe son origine, soit dans sa forme à une date donnée, ou comme modifié au fil du temps. La Loi sur la salubrité des aliments au Canada, qui a été adoptée au mois de novembre 2012, prévoit aussi de vastes pouvoirs d'incorporation par renvoi.
Le comité sera sans doute surpris d'apprendre que nous appuyons sans réserve le fait d'accorder aux autorités de réglementation ces vastes pouvoirs dans certaines circonstances. Nos membres savent que, en vertu de la Loi sur les aliments et drogues, le ministère peut incorporer par renvoi des documents qu'il produit et qui évoluent avec le temps. À titre d'exemple, le Compendium des monographies est un document produit par Santé Canada et incorporé par renvoi dans la réglementation sur les produits naturels de santé. Ainsi, les demandeurs qui veulent faire approuver un nouveau produit peuvent incorporer un renvoi aux données provenant de ces monographies pour appuyer leurs revendications en matière d'innocuité et d'efficacité, et ils n'ont pas à fournir de preuves pour des ingrédients qui ont déjà prouvé leur innocuité et leur efficacité lorsqu'ils sont utilisés dans les conditions mentionnées dans les monographies. Cela allège ainsi beaucoup le fardeau de l'industrie et accélère l'évaluation des demandes, sans réduire pour autant les exigences liées à ces éléments.
Le régime de réglementation doit demeurer souple pour pouvoir s'adapter aux changements, et c'est là l'un des grands défis qu'il faut relever, alors pourquoi vouloir lier les mains des autorités de réglementation? Pourquoi ne pas leur fournir les outils dont elles ont besoin et mettre en place des mécanismes de surveillance pour s'assurer que ces outils sont utilisés de manière responsable? Nous recommandons donc de supprimer les restrictions que prévoit le projet de loi , et d'instaurer des mécanismes de surveillance adéquats pour s'assurer que les pouvoirs, prévus dans ce projet de loi et déjà contenus dans d'autres lois, sont utilisés de façon uniforme et en respectant l'intention du législateur.
Nous demandons plus précisément que le Conseil du Trésor se voie confier le mandat d'élaborer immédiatement des lignes directrices, sous forme d'une directive du cabinet, que devront suivre les ministères lorsqu'ils utiliseront leurs pouvoirs en matière d'incorporation par renvoi. Nous recommandons aussi d'élargir le mandat du Comité mixte permanent d'examen de la réglementation pour lui confier la tâche de vérifier si les ministères respectent les lignes directrices du Conseil du Trésor. En modifiant ainsi le projet de loi, les ministères auront à leur disposition un outil de réglementation important dont l'utilisation sera bien encadrée.
Je crois savoir que l'étude article par article du projet de loi est prévue tout de suite après la comparution des témoins aujourd'hui. J'espère que vous prendrez quand même en considération nos recommandations. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
Merci.
:
Au nom du Conseil canadien des normes, je vous remercie beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de me donner l’occasion de livrer mes commentaires à l’appui du projet de loi .
Je vais d'abord vous parler un peu de mes antécédents, car je travaille dans le secteur des normes depuis près de 25 ans. J’ai été nommé directeur général du Conseil canadien des normes il y a cinq ans. Avant cette nomination, j’ai assumé les fonctions de vice-président, Élaboration des normes, à l’Association canadienne de normalisation, où j'ai été responsable de l'élaboration et de la mise à jour, sans doute, de 3 000 codes et normes.
Auparavant, j’ai travaillé pour le gouvernement de l’Ontario pendant 30 ans. Pendant les 10 dernières années, j’ai été sous-ministre adjoint à la Division des normes techniques, et aussi président-directeur général de la Technical Standards and Safety Authority. Pendant ces 10 années, j’étais responsable de l’incorporation d'un grand nombre de normes nationales, régionales et internationales dans la réglementation de l'Ontario.
L'incorporation des normes par renvoi a une grande importance pour l’ensemble du réseau canadien d’organismes et de personnes qui s’occupent de normalisation. Par normalisation, j’entends à la fois l’élaboration des normes et la mise à l’essai de produits par des organismes de certification accrédités.
Les normes techniques comptent parmi les documents externes les plus cités par les organismes canadiens de réglementation. Le CCN surveille l’utilisation qui est faite des normes dans les règlements par les ministères et organismes fédéraux. En mai 2014, il avait dénombré 1 118 normes incorporées dans les règlements fédéraux. Les ministères et organismes fédéraux qui ont le plus souvent recours aux normes dans la réglementation sont: Santé, Transports, Environnement, Ressources naturelles, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Industrie et Emploi et Développement social Canada.
En général, s’il est fait référence aux normes dans les règlements, c’est parce que celles-ci fournissent des spécifications et des directives qui visent à protéger la santé et la sécurité de la population canadienne, ou encore l’environnement. Parmi les exemples de normes incorporées par renvoi dans la réglementation fédérale, mentionnons celles sur le verre de sécurité feuilleté, qui est utilisé pour les enceintes et balcons contenant du verre — et vous savez que des causes concernant l'utilisation du verre de sécurité feuilleté sont devant les tribunaux — les dispositifs de détection de fuite pour les systèmes de stockage de produits pétroliers, l’entreposage et le transport d’explosifs et de marchandises dangereuses, et la certification d’aliments biologiques.
Outre ces renvois dans la réglementation fédérale, on compte aussi des milliers de références aux normes dans les règlements provinciaux. Si l’on ajoute à cela les normes mentionnées dans les codes modèles du Canada, tels que les codes du bâtiment, des incendies et de l'énergie, on commence à saisir l’importance des questions traitées par le projet de loi S-2 et leurs répercussions.
Il y a aujourd’hui huit organismes d’élaboration de normes qui sont accrédités par le CCN pour élaborer des normes au Canada. Pour conserver leur accréditation, ces organismes doivent élaborer des normes en suivant un processus officiel, rigoureux qui est fondé sur des directives acceptées à l’international, dont le Code de bonne pratique de l’Organisation mondiale du commerce. C’est un processus qui encourage, dans les activités d’élaboration de normes, l’ouverture, la transparence et une participation non exclusive. Il est important de bien comprendre cela pour tenir compte des ramifications du projet de loi.
La première étape de ce processus consiste à créer et à maintenir des comités d’élaboration de normes dont les membres sont répartis selon une matrice de composition équilibrée, afin de représenter les groupes d'intéressés concernés. Cela veut dire qu'ils sont choisis en fonction de leur capacité à représenter un ensemble d’intérêts, de compétences, et peut-être même de pays ou de régions. Vous comprendrez que l'aspect très utile de cela est qu'aucun groupe en particulier ne peut dominer l’ordre du jour ni décider du résultat. Le contenu de la norme est élaboré par le comité par la voie du consensus.
Dès qu’un consensus a été obtenu, le projet de document est diffusé pour examen public et commentaires. Chaque commentaire doit être examiné et traité par le comité technique. Par conséquent, la norme ainsi obtenue est davantage acceptée que si elle avait été rédigée par un groupe agissant seul.
De plus, l’organisme qui l’a élaborée est tenu de déterminer au moins une fois tous les cinq ans s’il y a lieu de la modifier. De nombreuses normes font pratiquement l’objet d’une révision et d’un examen constants.
Les organismes de réglementation fédéraux comptent parmi les experts qui participent aux comités d’élaboration de normes. Ils font partie intégrante de la matrice de composition équilibrée dont je parlais plus haut. Pour vous donner une idée du degré de participation, quelque 365 employés de l’administration fédérale participent activement à l’élaboration de normes internationales par l’intermédiaire des comités techniques de l’ISO, l'Organisation internationale de normalisation, de la CEI, la Commission électrotechnique internationale, et de l’UIT, l'Union internationale des télécommunications, et cela ne concerne que la scène internationale. Des centaines d’autres contribuent aussi aux activités canadiennes d’élaboration de normes pour des centaines de normes qui finiront par se retrouver dans les réglementations.
Les normes élaborées par des organismes canadiens ou internationaux peuvent être soumises au CCN pour être approuvées comme normes nationales du Canada. Pour les responsables de la réglementation, la désignation « Norme nationale du Canada » constitue une confirmation sans équivoque — et on pourrait ajouter un sceau d'approbation — de la bonne prise en compte des réalités et exigences canadiennes. Pour qu’une norme devienne une norme nationale du Canada, elle doit faire l’objet d’une consultation publique auprès des Canadiens. Les NNC doivent aussi être publiées dans les deux langues officielles.
S’il ne fait pas de doute que beaucoup de normes sont incorporées par renvoi dans la réglementation fédérale, le CCN a cependant décelé des problèmes et des incohérences dans les méthodes d’incorporation par renvoi employées par les ministères et organismes fédéraux. À l’heure actuelle, la méthode d’incorporation statique et la méthode d’incorporation dynamique sont utilisées. Elles sont tout aussi valables l’une que l’autre. Malheureusement, la logique qui sous-tend le choix d’une méthode d’incorporation n’est pas, à notre avis, toujours comprise ni appliquée de la même façon par tous les ministères.
Chaque méthode a ses particularités qu’il convient d’évaluer en tenant compte du contexte entourant les raisons du renvoi. La participation ou non de l’organisme de réglementation au comité technique responsable de la norme en question, par exemple, est un facteur important à considérer.
Pour ces raisons, et j'abonde dans le même sens que celle qui m'a précédé, nous croyons qu’il faut établir une politique, ou ligne directrice, pangouvernementale, venant sans doute du Conseil du Trésor, pour guider les organismes de réglementation dans le choix de la méthode appropriée. Le CCN a pu constater directement les nombreux avantages de cette technique de rédaction — l’incorporation par renvoi — pour les organismes canadiens de réglementation, tels que la possibilité d’exploiter une infrastructure crédible, déjà en place, sans devoir faire des investissements additionnels en argent, en ressources ou en temps.
Mais pour que le système fonctionne, il faut, selon nous, que les renvois aux normes dans la réglementation fédérale soient à jour et que les normes utilisées par les organismes de réglementation des différents territoires de compétence soient harmonisées les unes avec les autres autant que possible. Ce n'est pas une question d'intérêt uniquement pour le gouvernement fédéral, mais aussi pour les 13 gouvernements provinciaux et territoriaux.
L’harmonisation des exigences réglementaires avec les normes régionales ou internationales permet aux organismes de réglementation d’établir des exigences de conformité sans introduire de nouvelles formalités administratives, puisque les entreprises canadiennes certifient de nombreux produits au regard de normes régionales ou internationales pour percer les marchés mondiaux.
De plus, le fait de renvoyer à la dernière version d’une norme dans un règlement peut contribuer à rehausser les niveaux de protection de la population canadienne, car les nouvelles normes, en règle générale, placent la barre plus haut en matière de sécurité et de performance.
Enfin, il est clair pour nous que la normalisation constitue un complément nécessaire et utile au cadre réglementaire du Canada. Les normes doivent être mises à jour régulièrement pour refléter l'évolution rapide des technologies, des marchés et des exigences de sécurité. Il est donc logique de moderniser le cadre législatif du Canada pour que les renvois aux normes dans les règlements fédéraux soient exacts et tiennent compte de la dernière édition disponible.
C’est pourquoi le CCN est pour l’adoption du projet de loi S-2.
Merci.
Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je représente aujourd'hui le Conseil canadien des avocats de la défense.
Le conseil a été créé en novembre 1992 pour agir à titre de porte-parole national sur les questions touchant la justice pénale. Depuis, le conseil est intervenu dans de grandes causes devant les tribunaux du pays, il a été invité par le gouvernement fédéral à donner son avis sur d'importantes mesures législatives touchant le droit pénal, et il a souvent été invité par les médias à commenter les enjeux de l'heure.
Nous avons des représentants qui ont comparu devant le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes, et le Comité permanent de la sécurité publique et de la protection civile.
Notre conseil d'administration comprend actuellement des représentants des dix provinces et des trois territoires.
Au nom du Conseil canadien des avocats de la défense, je vous dirais que nous appuyons, nous aussi, à tout le moins l'esprit du projet de loi . J'aimerais toutefois vous expliquer un problème possible du point de vue de la justice pénale.
Avant ma comparution, j'ai consulté quelques-uns de nos avocats expérimentés, et je peux vous dire qu'il y a très peu d'avocats en droit pénal qui s'intéressent à la question de l'incorporation par renvoi. Toutefois, cela ne veut pas dire que ce n'est pas une question importante, et même très intéressante, du point de vue de la justice pénale.
Voici ce que dit le préambule de la loi actuelle:
Loi prévoyant l'examen, la publication et le contrôle des règlements et autres textes réglementaires
Du point de vue de la justice pénale, la loi a ainsi un rôle très important à jouer, puisque le fait de tenir une personne responsable implique qu'elle a le droit de connaître la loi. Un des rôles de la Loi sur les textes réglementaires consiste à informer les gens de la loi. Elle prévoit le contrôle des règlements et elle régit leur publication.
De plus, l'article 17 de la présente loi précise les droits d'accès aux textes réglementaires, c'est-à-dire que les gens ont le droit de les consulter et de s'en faire délivrer une copie.
La loi précise également, à l'article 20, les exceptions à la publication des règlements et les différents mécanismes de surveillance. Notons toutefois que les exceptions prévues à l'article 20 font aussi l'objet d'une surveillance parce qu'elles doivent être définies dans la Loi sur les textes réglementaires.
Nous avons donc une loi qui prévoit un mécanisme de surveillance pour l'élaboration des règlements. Elle prévoit que les gens seront informés des règlements lorsqu'ils auront été élaborés. Le hic, c'est que bon nombre de contraventions aux règlements sont définies au moyen de règlements, en tout ou du moins en partie.
Quand on examine les modifications, l'effet combiné de quelques-unes d'entre elles est intéressant, notamment quand on regarde le nouvel article 18.1 du projet de loi, qui prévoit un renvoi par incorporation dynamique.
Les articles 18.3 et 18.4 prévoient que ces documents seront accessibles, mais ils permettent aussi qu'ils ne soient pas publiés dans la Gazette du Canada, soit la façon habituelle de le faire.
Le nouvel article 18.6 crée, en fait, une exception intéressante. Il limite la responsabilité en cas de contravention faisant intervenir du matériel incorporé par renvoi si le matériel n'est pas accessible. On revient souvent au mot « accessible », mais il ne semble pas très bien défini; en fait, il semble qu'il ne soit pas défini du tout. Nous avons donc maintenant une excuse intrinsèque, qui veut que l'ignorance de la loi soit une excuse, mais on n'a pas vraiment de norme pour déterminer si une personne a été informée d'un règlement ou du document incorporé. Les tribunaux pourraient donc être appelés à trancher sur le sens à donner au mot « accessible ».
Dans le résumé législatif et dans certains débats qui ont déjà eu lieu à ce sujet, on a aussi abordé la question de savoir qu'il ne semble pas y avoir une exigence pour que les documents incorporés soient accessibles en français et en anglais. Normalement, la réglementation doit être publiée dans les deux langues. Il semble ne pas y avoir cette exigence pour les documents incorporés.
L'autre aspect, c'est que dans un processus de réglementation habituel, les traductions font évidemment l'objet d'un contrôle de la qualité pour nous assurer que les versions française et anglaise concordent. Dans le cas d'un document provenant d'une tierce partie qui serait incorporé par renvoi, il n'y a pas vraiment de surveillance pour garantir la concordance des versions française ou anglaise, voire des versions dans d'autres langues, comme c'est le cas dans la réglementation.
La pratique courante comprend l'incorporation par renvoi de documents publiés par des organismes étrangers. J'ai un exemple pour vous. Le Règlement sur les substances appauvrissant la couche d'ozone, adopté aux termes de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, incorpore la définition suivante:
« Protocole de Montréal » Le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement...
À la partie 1 du règlement, qui porte sur les substances contrôlées, on lit ce qui suit:
La présente partie s’applique: a) aux substances contrôlées au sens de la définition de « substance réglementée » figurant au paragraphe 4 de l’article 1 du Protocole, telle qu’elle est précisée dans la Décision I/12A, compte tenu de ses modifications successives;
C'est incorporé par renvoi.
Le paragraphe 4 de la réglementation indique ce qui suit:
Il est interdit d’importer d’un État non Partie une substance contrôlée ou d’y exporter une telle substance.
Pour revenir à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, le paragraphe 272(1) entraîne la création d'une infraction pour laquelle une personne est passible d'amendes allant de dizaines de milliers de dollars à des millions de dollars, et d'un emprisonnement maximal de trois ans, dans certains cas.
Nous avons donc une infraction réglementaire créée par règlement qui incorpore un document qui est publié par un organisme étranger qui échappe complètement à la surveillance du gouvernement canadien.
Évidemment, dans le cas de quelque chose comme le Protocole de Montréal, cela présente des avantages manifestes. Il s'agit d'un organisme très connu, l'ONU, et nous avons là un exemple d'un traité international qui a donné de bons résultats. Il s'agit là d'un exemple parfait d'un traité international et il y a très peu de raisons de douter de la qualité du travail de ces gens.
Or, nous vivons dans un monde où l'on négocie de plus en plus d'accords internationaux dans des domaines de plus en plus nombreux. Nous négocions notamment des accords en matière de commerce et d'environnement. À titre d'exemple, si vous suivez l'évolution du dossier du Partenariat transpacifique dans les médias — et il n'y a pas beaucoup d'informations fiables à ce sujet, à mon avis — on laisse entendre que si le Canada et d'autres pays signent cet accord, l'adoption de sanctions contre le contournement des serrures numériques pourrait être obligatoire.
Nous pourrions nous retrouver avec une situation où l'on créerait une infraction associée à un accord commercial négocié et où, encore une fois, cette infraction serait liée à un document qui échapperait complètement au contrôle du gouvernement canadien. Comme vous pouvez le constater dans le cas du Protocole de Montréal, c'est incorporé par renvoi, ce qui justifie selon moi que l'on s'arrête pour y réfléchir. Dans un tel cas, cela renvoie au principe juridique de la primauté du droit, selon lequel nous devrions établir clairement des principes de l'ordre normatif que les gens pourront respecter.
L'article 7 de la Charte laisse entendre qu'en droit, l'ambiguïté est un problème, et du point de vue du droit administratif, une situation de ce genre pourrait être contraire aux principes de l'équité procédurale.
Voilà les observations que je voulais formuler.
Merci.
:
Je comprends. Je veux m'assurer que nous comprenons vraiment ce dont nous discutons, car il s'agit en fait de quelque chose qui se situe hors du champ de compétence habituel du comité.
Simplement à titre informatif, pour voir si j'ai bien compris, si le Canada voulait un jour modifier son cadre réglementaire pour l'harmoniser avec une mesure quelconque d'un organisme de gouvernance, d'un conseil ou d'un organisme de normalisation, nous devrions essentiellement la reprendre intégralement dans le cadre du processus de réglementation, la publier dans la partie I de la Gazette, puis dans la partie II, après le délai requis. C'est ainsi que l'on modifierait la réglementation, n'est-ce pas?
L'incorporation par renvoi, c'est comme Internet. Cela entraîne la création d'un hyperlien vers l'organisme de réglementation, ce que permettent certaines mesures législatives, comme Mme Proud l'a indiqué, et cet hyperlien mène directement à un document qui pourrait relever d'une autre entité, et je crois que M. Walter a souligné, à juste titre, que cela fait habituellement l'objet d'une surveillance très crédible, à laquelle les Canadiens participent, en général. Cela permet d'améliorer l'efficience et l'efficacité du processus de réglementation, mais il faut tout de même que cela passe par le processus de publication dans la Gazette. Ai-je bien compris?
Madame Proud, cela fonctionnerait-il toujours ainsi?
Je pense que le groupe de témoins a bien cerné les préoccupations.
Je retiens de vos témoignages respectifs, madame Proud, monsieur Walter et monsieur McCuaig, que tout le monde est d'accord sur le projet de loi .
On comprend l'idée de modernisation, la vitesse folle à laquelle la réglementation prévaut au Canada, les traités, et tout le reste. Bien sûr, ce n'est pas évident. J'ai suivi avec intérêt les questions de mon collègue M. Albas parce que nous avons tous deux siégé, au même moment, au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation. D'autres personnes autour de cette table y ont peut-être siégé également.
Vu de l'extérieur, ce comité donne à certains l'impression qu'il est le plus inutile d'entre tous, mais c'est parce que ces personnes ne comprennent rien à ce qui s'y passe. De l'intérieur, par contre, on comprend que c'est probablement le plus important, après le Comité permanent de la justice et des droits de la personne. C'est du moins mon avis. En effet, c'est là qu'on fait l'étude et le contrôle parlementaire requis.
Un des problèmes que le comité mixte a toujours soulevé, concernant l'incorporation par renvoi dynamique
[Traduction]
...« ambulatory », en anglais...
[Français]
est justement l'accessibilité. On parle d'accessibilité et on utilise l'expression « autrement accessible ». Or le terme « accessible » n'est pas très clair, et je ne suis pas certaine que les termes « autrement accessible » le soient davantage. Il s'agit de voir comment il sera possible de mettre en application le pouvoir qui est dévolu en vertu de l'article 19 de la Loi sur les textes réglementaires.
Comment va-t-on pouvoir s'assurer, dans le contexte du Parlement, que cette vérification sera faite?
Corrigez-moi si je fais erreur, mais je pense qu'on peut tout de même faire la vérification et l'analyse de la réglementation incorporée par renvoi. Cependant, elle peut s'avérer un peu difficile à trouver. C'est l'un des problèmes.
N'est-ce pas une façon d'escamoter le rôle et le travail de notre comité mixte permanent, ici à la Chambre des communes?
Par ailleurs, vous avez tous parlé du besoin de disposer de
[Traduction]
ce que vous appelez des directives du Conseil du Trésor sur ce que c'est. Il nous faut une définition d'accessibilité, et connaître les changements.
C'est une approbation du projet de loi , mais avec une importante mise en garde selon laquelle nous avons toujours besoin de ces éléments. Cela fonctionnera-t-il sans ces directives ou cela deviendra-t-il rapidement un fouillis total?
:
Je suis heureuse de répondre en premier. Je vais d'abord répondre à votre deuxième question.
Comme nous le savons tous, c'est une pratique qu'on utilise actuellement. L'incorporation par renvoi est un outil utilisé par de nombreux ministères. Un renvoi dynamique ou évolutif est utilisé, et — je parle au nom de mon organisme et de mes membres — jusqu'ici, il fonctionne bien. Le ciel ne nous est pas tombé sur la tête, nous n'avons pas eu de gros problèmes et honnêtement, l'incorporation par renvoi a résolu de nombreux problèmes auxquels nous avons été confrontés.
Étant donné qu'il s'agit d'un pouvoir assez étendu et peut-être d'un nouveau pouvoir pour de nombreux ministères, sans la surveillance que nous recommandons tous, je pense, sous une forme ou une autre, cela pourrait poser des problèmes.
L'incohérence est l'une de ces choses qui dérangent énormément l'industrie. L'incohérence dans la façon dont les gouvernements mettent en oeuvre, de différentes façons, les mêmes éléments nous rend fous. Sans surveillance et sans directive du Conseil du Trésor, nous nous retrouverons bientôt dans une situation dans laquelle les ministères choisiront la façon dont ils effectuent l'incorporation par renvoi.
Il est très important que nous ayons cette surveillance en place avant que ces pouvoirs soient largement utilisés, surtout au sein des ministères qui n'ont pas fait l'expérience de ces pouvoirs, contrairement à certains autres ministères qui les ont déjà utilisés et qui s'en sont bien tirés jusqu'à maintenant.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
On se souviendra que jeudi, il y a presque deux semaines, à la suite d'une motion présentée par M. Casey au sujet de la façon de procéder pour les nominations à la Cour suprême, j'avais présenté une autre motion. J'ai donné la chance au coureur. À deux reprises, les membres gouvernementaux du comité m'ont mentionné que j'aurais peut-être une chance d'avoir leur appui à ce sujet. Je l'ai donc fait de bonne foi et je suis convaincue que tout le monde l'a fait aussi de la même façon et a fourni les efforts nécessaires.
Par contre, je vais me servir des quelques minutes à ma disposition pour implorer les députés conservateurs qui siègent au sein de ce comité. Ce sont Dan Albas, Blaine Calkins, David Wilks, Robert Goguen, Bob Dechert ainsi que notre président, Mike Wallace. À ce que je sache, nous prenons nos propres décisions. La motion que j'ai proposée se lit comme suit:
[Traduction]
Que le Comité entreprenne une étude, en vue d'en faire rapport à la Chambre, sur le processus de nomination des juges aux tribunaux de compétence fédérale, notamment la Cour suprême du Canada, qui soit le meilleur et le plus transparent.
[Français]
Je crois, si je peux m'exprimer ainsi, que c'est une motion qui est pleine de bon sens. Ce n'est pas parce que je l'ai présentée, mais parce qu'elle est selon moi apolitique. Elle ne préjuge pas de la décision que le comité pourrait prendre après avoir entrepris son étude et elle ne met pas de pression en termes de temps.
Je suis très consciente de l'agenda du gouvernement et des projets de loi qui sont à l'étude en comité. C'est tout de même une étude pertinente étant donné ce que nous avons vécu depuis 2011, soit depuis que je siège comme députée au sein de cette législature. Au cours de cette période, il y a eu plusieurs nominations à la Cour suprême. Il y a toutefois beaucoup de postes vacants à la Cour supérieure et dans les différentes provinces. La dotation de ces postes est prévue au budget. Je crois que c'est le temps de faire quelque chose à cet égard.
Au Québec, nous l'avons vécu avec la commission Bastarache dans un contexte particulier. Nous avons revu la façon de procéder aux nominations pour tenter d'être le plus apolitique possible, et ce, pour nous assurer de faire exactement ce que le ministre de la Justice me répond constamment lorsque je l'interroge à ce sujet lors de la période des questions à la Chambre des communes. Je pense aussi que c'est réellement à l'avant-scène de la question de l'accessibilité au système de justice. Il y a aussi l'impression que les Canadiens et les Canadiennes ont vis-à-vis de la justice et du système de justice lui-même. Bien souvent, il n'y a rien de pire que des impressions et des rumeurs qui ne reflètent pas la réalité.
Quand les gens commencent à croire que leur système de justice est un peu teinté par des nominations politiques, que cela soit vrai ou non, il est peut-être temps de faire une pause. Des études ont été réalisées à ce sujet il y a plus de dix ans. On a tenté de fonctionner d'une certaine façon, mais ces tentatives ont été interrompues au beau milieu du processus. Il y a eu toutes sortes de suggestions, mais même les spécialistes ne s'entendent pas sur ces questions.
Je n'ai pas d'idée préconçue. J'ai certaines idées, bien sûr, mais je nourris tout de même l'espoir qu'un jour on va réussir à trouver un système qui, comme le dit le ministre, va regrouper les personnes les plus compétentes, c'est-à-dire un système dans le cadre duquel les gens pourront ne pas avoir le moindre doute à l'égard de la personne qui entendra leur cause.
Comme le savent tous les avocats qui se trouvent autour de cette table, il n'y a rien de plus frustrant que d'avoir à dire à son client, au tribunal, que la journée va être difficile pour telle et telle raison se rapportant au juge. Il faudrait au moins pouvoir compter sur une impartialité totale de la part des juges. En fait, ce serait une bonne chose pour eux également, vu qu'ils sont visés au premier chef par les critiques émises sur la place publique.
Le message que je veux transmettre au moyen de cette motion est qu'il est temps de s'engager à enclencher le processus, à tout le moins. Même si le ministère et le ministre de la Justice ne sont pas d'accord et qu'il en va de même pour le premier ministre, comme on le dit souvent, les comités sont maîtres de ce dont ils ont la responsabilité, de leur propre procédure et de leurs dossiers.
À un moment donné, il va falloir que nos commentaires se tiennent. À mon avis, si nous sommes indépendants, malgré la majorité de conservateurs, il faut avoir le courage de nos convictions lorsque nous croyons à quelque chose. Je pense que cette étude est nécessaire. Certains spécialistes sont en train de la faire, et toutes sortes de colloques se tiennent.
Il me semble qu'en tant que leaders et représentants de nos concitoyens, nous ne devrions pas être à la remorque de tous les constitutionnalistes, avocats et commentateurs du pays. Nous devrions plutôt être à l'avant-scène et entreprendre cette étude. J'ose espérer que mes collègues vont voter de façon personnelle et accepter le bon sens qui sous-tend cette motion.
Il est possible que nous n'ayons même pas le temps de l'entreprendre, compte tenu de tous les dossiers que nous avons à étudier. Cependant, il faudrait au moins que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne s'engage à entreprendre cette étude, lorsqu'il en aura le temps, ou à mandater des spécialistes, de façon à ce que des gens de tout acabit, partout au pays, nous soumettent des mémoires sur cette question. Je pense que cela va de soi.
Nous sommes tous conscients que c'est une prérogative du gouverneur en conseil. Or tous les chefs de parti se sont pratiquement engagés à apporter des modifications et à s'assurer que le processus devienne le plus ouvert et transparent possible. On se rend compte, toutefois, que cela ne s'est pas vraiment concrétisé. C'est peut-être la meilleure méthode, mais il faudrait au moins refaire une étude à ce sujet.
C'est la motion que je propose.
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J'aimerais revenir à la question de la journée de l'opposition et répliquer à mon collègue. Les journées d'opposition, c'est bien beau, mais lors de certaines journées d'opposition passées, nous avons peu de temps pour étudier un sujet. D'ailleurs, le gouvernement détermine quand les journées d'opposition ont lieu.
Nous avons tous notre opinion sur ce que serait le meilleur système, et je ne pense pas avoir l'apanage de la vérité. L'idée qui sous-tend la motion est de faire une étude. Cela veut dire que nous allons recevoir des témoins de tout acabit. Il peut s'agir d'anciens juges, de professeurs d'université, de constitutionnalistes ou de M. et Mme Tout-le-Monde qui ont une opinion sur la question.
Au Québec, on a réussi à obtenir la Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges du Québec, ou commission Bastarache. On n'a pas dû attendre 15 ans, mais il a fallu un certain nombre d'audiences. Le commissaire, ancien juge de la Cour suprême, a été en mesure d'établir les lignes directrices qui font en sorte que les nominations des juges au Québec se font maintenant sans qu'on crie à l'influence politique ou autre.
Pour être bien franche, que nous soyons au gouvernement ou non, je ne veux pas que nous soyons vus comme faisant du trafic d'influence. Il me semble que c'est présent. Je le répète, nous visons tous — puisque ce sont les mots que le ministre répète constamment — l'excellence. Si on recherche l'excellence, le côté politique de la chose est moins important. Peut-être ne faudra-t-il pas autant de temps que cela et qu'il ne sera pas nécessaire d'entendre 150 témoins.
On pense que cela ne sera pas entendu. Notre collègue M. Leef, député du Yukon, a parrainé un projet de loi sur l'alcoolisation fœtale. Je ne voudrais pas que l'on me fasse mettre de côté un projet de loi pour en faire une étude. Si c'est ce que vous me dites, je suis un peu surprise. Je prends bonne note du fait que mon collègue M. Goguen, le secrétaire parlementaire du ministre de la Justice, nous dit que compte tenu de tout ce que nous devons faire, nous n'aurons pas le temps de faire cette étude et qu'elle serait donc théorique. On dit que cela va être plus complexe. Quand cela avantage les conservateurs, ils utilisent ce genre d'arguments, mais quand cela ne les avantage pas, ils disent le contraire. J'ai un peu de difficulté à accepter de tels arguments dans ce contexte.
Quand nous avons dû procéder à l'étude de la partie 17 — je crois — du Code criminel, qui portait sur la langue de l'accusé, les procès et autres, il a fallu un certain temps pour le faire, et nous avons fini par le trouver. Si nous pensons que quelque chose est valable, qu'on ne me sorte pas un argument de la sorte. Dites-moi que cela ne tient pas debout, que vous avez déjà un autre processus, peu importe, mais ne me dites pas que l'on n'a pas le temps. Qu'on l'adopte et qu'on envoie un message clair. On pense que l'on doit le faire. Si on réussit à le faire avant le déclenchement des élections, tant mieux, si on ne le fait pas, ce ne sera pas la première fois que nous verrons un projet de loi tomber avant une campagne électorale. Il sera repris allégrement plus tard. Je pourrais vous citer à peu près tous les projets de loi émanant des députés qui sont devant la Chambre sous une forme ou sous une autre et dont c'est la 18 e mouture ou autre.
Monsieur le président, en tout respect, ce n'est pas un argument très convaincant. On a l'impression que, probablement, le gouvernement ne veut pas revoir le processus. Passe encore, c'est la démocratie, vous voterez dans ce sens. Toutefois, il me semble qu'on entend ce cri du coeur à beaucoup d'endroits sans qu'il y ait de réponse complète, encore une fois.
Je ne sais pas si des gens ont lu, comme moi, La Presse du 29 novembre dernier. On pouvait y lire ceci:
D'anciens juges de la Cour suprême du Canada plaident pour qu'un nouveau processus soit créé pour choisir les prochains magistrats qui siégeront au plus haut tribunal du pays.
Ce ne sont pas des « deux de pique », ce sont des gens que le gouvernement actuel va souvent nommer à la tête de certaines commissions. Certains le déplorent, d'ailleurs. Quand le gouvernement fait cela, il souligne le statut d'anciens juges de la Cour suprême. Il ne faut pas les écouter seulement quand cela fait notre affaire. Ces gens plaident pour qu'un nouveau processus soit créé. Par ailleurs, je trouve intéressant qu'ils n'aient pas tous la même idée sur le sujet. C'est comme pour chacune des personnes autour de la table, nous n'avons pas nécessairement tous la même idée.
L'autre jour, M. Casey a présenté une motion qui prônait un certain processus complètement public avec des listes et autres. Son collègue M. Cotler, un ex-ministre de la Justice, prône un autre genre de système. Une autre personne sera en faveur d'autre chose, et ainsi de suite. Nous en sommes là. Cela démontre que nous devons le faire. À tout le moins, nous devons envoyer le message que nous croyons que, compte tenu de tout ce qui se passe, il est temps de se pencher là-dessus.
Pour que le gouvernement ne se sente pas trop visé, je n'ai pas parlé uniquement de la Cour Suprême du Canada. Je me suis sentie très généreuse la journée où je l'ai pondu. C'est le processus complet de nomination qui peut devenir intéressant. En effet, la même question se pose pour les nominations aux cours supérieures, aux cours d'appel et autres.
On ne vise pas un niveau en particulier, mais selon moi, les mêmes principes devraient s'appliquer en conséquence.
[Français]
Il est certain que j'appuie ma collègue Mme Boivin.
Je dirais avec respect à M. Goguen que de tenir immédiatement un débat à la Chambre des communes n'est pas une bonne idée. Ce n'est pas nécessairement le meilleur endroit pour le faire puisqu'il n'y aurait pas de témoins. Nous n'aurions pas l'occasion de poser des questions à des experts dans le domaine. Rien n'empêche de présenter une motion de l'opposition à cet égard, mais je pense que l'endroit pour faire une étude approfondie de cette question est ici, à ce comité.
[Traduction]
Je crois que la motivation ne manque pas. Les faits récents liés à la Cour suprême, dont le processus n'était pas le même que celui qui s'est appliqué pour le juge Wagner, méritent réflexion, à mon avis. Il incombe au comité de prendre quelques instants pour déterminer si c'est vraiment la méthode qu'il est prêt à reproduire.
C'est un phénomène récent. Il y a très longtemps que nous avons fait ce type d'examen. Le gouvernement Chrétien a été le premier à soulever la question. Bien entendu, il n'a pas eu le temps de créer le comité, mais il a essayé. À quelques reprises, le a ouvert la porte à l'adoption d'un processus plus transparent que celui que nous avions. Je trouve regrettable que nous n'ayons pas pu en avoir un la dernière fois.
Je prends bien note de ce qu'a dit Mme Boivin, c'est-à-dire que la motion ne porte pas que sur la Cour suprême. Comme elle l'a dit, je pense qu'il s'agit d'essayer de recevoir des témoins de tout acabit et d'obtenir le plus de points de vue possible sur la voie à suivre. Dans ma circonscription, un certain nombre de personnes m'ont dit que le processus actuel selon lequel c'est simplement le gouverneur en conseil qui prend la décision n'est pas adéquat.
Souhaitons-nous aller jusqu'à adopter le même système que les États-Unis, selon lequel le Sénat doit ratifier chaque décision? Je ne sais pas. Il est certain que leur façon de procéder me pose problème. Un juge célèbre — je crois que c'est le juge Cohn — aux États-Unis, a fait une observation intéressante: « ne me dites pas ce que la loi prévoit; dites-moi seulement qui est le juge ». Il nous faut être en mesure de jeter des bases solides pour que les gens aient plus confiance en leur système de justice.
Je suis contre l'idée de nommer des juges qui sortent de nulle part. Récemment, il y a eu une nomination à la Cour suprême que personne n'avait prévue. La personne n'a pas d'expérience en tant que juge. Elle a sans contredit eu une carrière d'avocate très intéressante, mais on ne connaît tout simplement pas son point de vue sur bon nombre de questions actuelles importantes. Nous devrons attendre de voir ce qui se passera.
J'ai indiqué clairement que je suis ravi de la nomination, ne serait-ce que parce que la personne vient de Gaspé. C'est certainement un point positif.
Je crois toutefois qu'il est important que nous allions plus loin, que nous mettions bien en évidence ce qu'est l'expérience d'un juge et ce à quoi nous pourrions nous attendre concernant le processus décisionnel. La confiance des gens envers le système judiciaire passe par une plus grande transparence.
Un certain nombre de témoins ont beaucoup à offrir à cet égard. J'ignore combien de temps il faudrait... Je constate que le comité a beaucoup de responsabilités et qu'il doit étudier un certain nombre de projets de loi. Cette responsabilité doit être prise au sérieux, mais rien ne justifie que nous ne prenions pas le temps nécessaire pour étudier tous les différents projets de loi. J'ajouterais que notre comité s'est montré disposé à tenir des séances en dehors des heures normales si nécessaire. C'est peut-être une situation où il devrait le faire.
Malgré tout, le processus est important. Je crois qu'il nous faut répondre à la population canadienne que la Chambre des communes veillera à ce que les nominations faites par le gouverneur en conseil obtiennent dès le départ la confiance de la population. Voici la question qui se pose à l'heure actuelle: les gens peuvent-ils faire confiance au processus de nomination? Je crois que ce sera le cas; je crois que le temps nous le dira.
Rien ne rend cela plus clair que l'avantage de procéder de façon transparente. Apporter un renouveau donne un peu plus confiance à tout le monde.
Je crois que le processus actuel, selon lequel un juge est nommé par le gouverneur en conseil — et exclusivement par lui —, n'est pas adéquat. Un très grand nombre de juristes ont été très clairs à ce sujet. Nous devrions en tenir compte.
Nous devons nous assurer que la population canadienne a confiance en notre processus le plus possible. Je ne pense pas que le processus utilisé récemment ici était adéquat. Je ne crois pas que la simple annonce d'une nomination est un processus que nous devons reprendre. Je crois que la population s'attend à plus de notre part.
À mon avis, s'il y a une tâche que la population canadienne s'attend à ce que nous accomplissons, c'est celle qui consiste à veiller à ce que la Cour suprême et notre système de justice agissent vraiment indépendamment des pouvoirs exécutif et législatif. La seule façon de le savoir, c'est de les entendre avant leur nomination. Il nous faut connaître le point de vue de ces gens. Nous n'en avons pas eu la chance récemment, et je crois que c'est une grave erreur.
Nous devons nous assurer que le système suscite la confiance des gens. Au Québec, nous avons essayé de le faire dans le cadre de la Commission Bastarache. Nous avons également montré que nous souhaitons grandement faire en sorte que la population canadienne ait confiance en notre système judiciaire, surtout compte tenu des décisions prises récemment concernant des accusés dans des causes criminelles qui ont repoussé les limites de la confiance des gens à l'égard du système de justice. Le gouvernement du Québec a pris les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations de la population.
Je ne crois pas que nous ayons fait la même chose. C'est regrettable et nous devrions probablement saisir l'occasion d'apprendre de nos erreurs et d'améliorer la situation. Ce serait un bon début.
Je ne pense pas que cela nécessiterait beaucoup de temps. J'aimerais vraiment que cela se fasse. Si nous nous fions à la date fixée pour les élections, nous avons jusqu'en octobre pour le faire. Ce n'est pas comme si nous n'en avions pas le temps; nous disposons de presque un an. Malgré tous les projets de loi qui nous attendent, nous avons largement le temps. Je ne crois pas que nous devrions écarter cette option. Nous devrions prendre cette responsabilité au sérieux.
La motion de Mme Boivin est fort valable. J'aimerais qu'elle soit adoptée.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
C'est juste pour ajouter mon petit grain de sel à ce sujet. D'ailleurs, monsieur le président, mon intervention sera la plus brève possible.
Si le secrétaire parlementaire nous propose que ce soit une motion de l'opposition, j'espère qu'il pourra répondre à ma question. Si l'opposition déposait une motion pour permettre au Comité permanent de la justice et des droits de la personne d'entreprendre une étude sur le processus de nomination des juges, aurions-nous l'appui du gouvernement à ce sujet? Je pense que c'est une question qui mérite d'être posée.
J'aimerais faire un bref rappel historique et je pense que le ministre a été quand même assez clair sur ces questions. Avant l'élection du gouvernement conservateur en 2006, il n'y avait pas de processus touchant la nomination des juges. Je pense que tout le monde s'est entendu pour dire que s'il n'y en avait pas, il fallait faire quelque chose à ce sujet. Les conservateurs ont essayé de mettre en place un processus qui, malheureusement, n'a pas fonctionné. Le ministre est d'ailleurs venu ici même nous dire que, malheureusement, le processus n'avait pas fonctionné.
À cet égard, je pense que la question à se poser est la suivante: que fait-on dans ces circonstances? Auparavant, il n'y avait pas de processus et celui mis en place n'a pas fonctionné. Cela signifie-t-il qu'on va accepter de ne pas avoir de processus? Cela signifierait que les conservateurs reviendraient sur leur promesse visant à essayer de rendre le processus davantage public ou plus inclusif. Ce serait dommage de revenir à la situation d'avant 2006 et qu'il n'y ait plus de processus. Il y avait au moins une intention de la part du gouvernement d'établir un processus. Selon le ministre, ce processus n'a pas fonctionné. Il faut donc qu'il soit amélioré, revu ou complètement changé. Si le gouvernement vote contre notre motion aujourd'hui, s'attendrait-il à aller à la Chambre des communes et que ce soit peut-être différent? Que va-t-il nous dire? Nous dira-t-il: « Le processus qu'on a mis en place n'a pas fonctionné. On a essayé, mais cela n'a pas marché. Il serait donc préférable qu'il n'y ait pas de processus. »?
Ce serait relativement assez décevant. Toutefois, cela lui éviterait beaucoup de problèmes, parce qu'on sait que le gouvernement s'est fait pointer du doigt pour la nomination du juge Nadon. Il s'est fait pointer du doigt à plusieurs reprises à propos de ces questions. Pour ce qui est de la validité du processus de nomination, je pense qu'il est dans l'intérêt de n'importe quel parlementaire de faire en sorte d'obtenir le meilleur processus possible.
Les conservateurs sont-ils en train de nous dire qu'étant donné que le processus qu'ils ont essayé de mettre en place — on s'entend pour dire qu'il n'était pas parfait, — n'a pas fonctionné, nous allons revenir à la période où il n'y avait aucun processus et que, à partir de maintenant, cette question est évacuée du débat démocratique touchant nos institutions? Cela serait assez décevant. En somme, j'aimerais simplement que le gouvernement puisse nous expliquer ceci. S'il ne veut pas entreprendre cette étude, quel message cela envoie-t-il aux Canadiens et aux Canadiennes? Est-ce qu'il ne veut pas mettre en place de processus parce que cela ne fonctionne pas? Est-ce préférable de fonctionner comme c'était le cas auparavant?
Quand je vais retourner dans mon comté et que les gens vont me demander ce que nous allons faire avec le problème de la nomination des juges, vais-je devoir leur dire que, malheureusement, cela n'intéresse plus le gouvernement de faire quelque chose à ce sujet?
C'est décevant pour quelqu'un de jeune comme moi, qui a étudié en droit et qui se dit que ce serait peut-être intéressant de revoir la façon dont on nomme nos juges et la façon dont fonctionnent nos institutions démocratiques. C'est décevant pour les jeunes de ma génération de voir que le gouvernement a essayé de mettre en place un processus qui, comme il l'a admis, ne fonctionnait pas. On est présentement dans un trou noir.
Je vous remercie.
:
Suis-je la dernière à prendre la parole?
Je serai très brève.
[Français]
J'ai trouvé les points soulevés par mes collègues intéressants. Comme j'ai participé à deux des trois derniers processus de nomination, je vais apporter une petite correction. Aussi bien pour la nomination du juge Wagner que pour celle du juge Nadon, le processus a été le même. Dans un cas, le résultat a été unanimement perçu comme étant très bon. Dans le cas de la nomination subséquente, par contre, il a été unanimement perçu comme n'étant pas très bon. Il a même donné lieu à un recours devant la Cour suprême et à une décision de cette dernière. Il se peut qu'on ait déjà été sur une bonne piste, mais que quelque chose, quelque part, ait mal fonctionné et qu'il vaille la peine d'y revenir.
Je dois dire, à la suite de ce que vient de dire ma collègue, que je trouverais regrettable que mes amis conservateurs abandonnent la partie après avoir fourni autant d'efforts collectivement pour tenter d'en arriver à un processus qui se tienne davantage.
En effet, comme vous avez décrié de façon relativement unanime ce qui avait été fait au cours des années précédentes par d'autres gouvernements, il serait dommage que vous baissiez tout simplement les bras. J'aime l'argument de ma collègue à ce sujet. Chez nous, nous n'avons pas été élevés de cette façon. Il y a un diction qui dit ceci:
[Traduction]
« Si vous ne réussissez pas la première fois, essayez et essayez encore. »
[Français]
Je me dis que nous en étions presque arrivés au bon processus. Mon collègue Philip Toone disait que cela ne serait pas très long et que nous pouvons toujours nous arranger et essayer de trouver du temps, même à l'extérieur de notre horaire. Robert et moi avons siégé pendant l'été au Comité spécial pour la nomination des juges de la Cour Suprême du Canada. Je l'ai fait pendant deux étés. Nous nous sommes aussi penchés, de façon intensive, sur le projet de loi portant sur la prostitution. Vu qu'on parle ici d'une institution aussi importante que la Cour suprême du Canada ainsi que de tous les tribunaux de compétence fédérale, il me semble que nous pourrions réserver un peu de temps pour essayer de faire cet examen.
Nous ne pouvons pas dévoiler ce qui s'est passé dans le cadre de ces comités, mais nous savons ce qui permettrait peut-être d'améliorer le processus et d'éviter de faire les mêmes erreurs.
Ce n'est peut-être pas aussi complexe que ce que laisse entendre le gouvernement. En outre, comme je l'ai dit déjà, beaucoup de gens s'intéressent à cette question. Il y a eu des colloques à ce sujet. Ne laissons pas les autres nous dire ce que nous devrions établir. Soyons des leaders en la matière.
C'est le dernier message que je vais livrer à ce propos.
:
Monsieur le président, le gouvernement n'appuie pas l'amendement.
L'amendement aurait pour effet de limiter le type de documents pouvant être incorporés par renvoi, conformément à cette proposition, à des textes législatifs fédéraux et provinciaux. L'amendement ne tient pas compte de toute la panoplie de documents qui sont déjà incorporés par renvoi et ferait en sorte que les dispositions législatives seraient moins adaptées aux besoins et moins modernes, à notre avis. Il ferait également en sorte que les normes établies dans le cadre du système national de normes du Canada ne pourraient pas être incorporées en vertu de ce pouvoir, et il en est de même pour les normes qui sont élaborées à l'échelle internationale.
Par exemple, je parle des normes qui sont conçues par les organismes d'élaboration de normes sous les auspices du Conseil canadien des normes, qui vient de comparaître devant nous, comme l'Association canadienne de normalisation et l'Office des normes générales du Canada, ou de n'importe quel autre organisme d'élaboration de normes international, comme l'Organisation internationale de normalisation — ou ISO — de certains accords internationaux, de certaines règles acceptées à l'échelle internationale, comme les principes comptables généralement reconnus et des lois d'autres pays, dont les États-Unis et les pays de l'Union européenne, qui font tous actuellement partie des textes incorporés par renvoi dans divers règlements. L'adoption de l'amendement ferait en sorte que leur incorporation par renvoi serait limitée ou impossible.
Les normes représentent une grande partie des documents qui sont essentiels pour qu'une réglementation soit adaptée aux besoins et efficace et pour l'atteinte des objectifs d'alignement réglementaire et la protection de la santé et de la sécurité du public. L'adoption de l'amendement ferait en sorte qu'une grande partie des questions juridiques en suspens concernant l'examen de la réglementation ne seraient pas réglées, ce qui est contraire à l'objectif du projet de loi.
Pour toutes ces raisons, monsieur le président, nous n'appuierons pas l'amendement.