:
Merci, mesdames et messieurs, d'être des nôtres.
Bienvenue au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Il s'agit de la 59e réunion. La séance d'aujourd'hui est télévisée.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 24 novembre 2014, nous allons discuter du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la preuve au Canada et la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, édictant la Loi sur la banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé (infractions sexuelles visant les enfants) et modifiant d'autres lois en conséquence.
Mesdames et messieurs, sachez que nous recevons aujourd'hui deux ministres: le ministre de la Justice, M. MacKay, et le ministre de la Sécurité publique, M. Blaney. Ils vont chacun faire une déclaration préliminaire. Ensuite, nous passerons à la période des questions et réponses. Avant d'entamer la deuxième heure durant laquelle nous entendrons les fonctionnaires, nous aurons besoin de l'approbation du Sous-comité du programme afin de discuter du reste des réunions que nous consacrerons à ce dossier.
Sans plus tarder, j'invite le ministre de la Justice, M. MacKay, à faire sa déclaration préliminaire.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, je suis heureux de comparaître devant vous, au Comité de la justice, pour discuter du projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants. Il s'agit de ma 51e comparution devant le comité.
Le projet de loi à l'étude et les modifications qui y sont proposées visent à faire en sorte que les délinquants sexuels soient tenus responsables des crimes horribles qu'ils commettent contre les membres les plus vulnérables et les plus précieux de notre société, à savoir les enfants. Pour atteindre cet objectif important, le projet de loi propose une gamme de mesures. Ce que nous essayons de faire ici, bien entendu, c'est de présenter une mesure législative qui appuie davantage les efforts du gouvernement pour protéger les plus vulnérables de notre société.
[Français]
Ce projet de loi propose d'atteindre cet important objectif par un éventail de mesures différentes, notamment par des modifications au Code criminel et à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, et la création d'une banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé.
[Traduction]
Je suis accompagné de divers fonctionnaires ainsi que du ministre de la Sécurité publique, , qui partage la responsabilité de l'application de cette mesure législative et, en particulier, des modifications qui aboutiront à la création d'une nouvelle base de données. Je laisserai au ministre Blaney le soin de vous expliquer les dispositions du projet de loi qui s'y rapportent. Je tiens à préciser, toutefois, que l'objectif est d'obtenir l'appui de tous les parlementaires. Il s'agit manifestement d'un sujet qui transcende les partis et, pourtant, certains députés ont remis en question la nécessité des modifications proposées dont nous sommes saisis. J'aimerais donc aborder quelques-unes de ces questions.
Ces modifications sont nécessaires parce que, malheureusement, les cas d'infractions sexuelles contre des enfants continuent d'augmenter. En 2013, la police a signalé que le nombre d'infractions d'ordre sexuel contre des enfants avait encore augmenté, cette fois de 6 % en 2012 et 2011. Pour chaque année civile, il y a eu une hausse de 3 %. Comme l'a indiqué Statistique Canada, les infractions sexuelles contre les enfants ont été l’une des rares catégories d’infractions de violence au Canada à avoir augmenté en 2013. Cette information provient du bulletin Juristat 2013, rendu public en juillet dernier. Nous pouvons tous convenir que ces chiffres sont inquiétants. Nous nous sentons donc obligés de renforcer notre riposte à ces crimes graves, et je suis convaincu que les Canadiens partagent ces préoccupations.
Le projet de loi correspond mieux à la gravité des infractions sexuelles contre des enfants, car nous y proposons d'augmenter les peines minimales obligatoires et les peines maximales prévues pour de nombreuses infractions sexuelles commises à l'égard d'enfants. Par exemple, le projet de loi veillerait à ce que la peine maximale pour toutes les infractions mixtes d'ordre sexuel contre des enfants soit de 2 ans moins un jour dans le cas d'une déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 14 ans dans le cas d'une déclaration de culpabilité par mise en accusation.
En plus d'augmenter les peines relatives à la production et à la distribution de la pornographie juvénile, le projet de loi propose de faire en sorte que ces infractions donnent obligatoirement lieu à une procédure de mise en accusation afin de mieux tenir compte de leur gravité. Les infractions liées à la pornographie juvénile ont des répercussions dévastatrices et durables sur les victimes, surtout lorsque ces images sont téléchargées sur Internet, où elles peuvent rester durant toute une vie. Nous avons d'ailleurs vu comment cela recoupe la mesure législative contre la cyberintimidation et comment ces images sont souvent utilisées pour intimider des jeunes, à telle enseigne que certains décident de s'enlever la vie.
Monsieur le président et chers collègues, le projet de loi garantirait aussi qu'un crime perpétré alors que le délinquant faisait l'objet d'une ordonnance de sursis ou qu'il bénéficiait d'une libération conditionnelle ou d'office soit considéré comme une circonstance aggravante. Ces modifications attendues depuis longtemps aideront à empêcher la perpétration de nouvelles infractions par des délinquants sexuels connus ou soupçonnés de s'en prendre à des enfants. Le projet de loi propose d'imposer des peines plus sévères à ceux qui sont reconnus coupables d'avoir enfreint des ordonnances de surveillance. Il nous incombe — nous en sommes convaincus — de garantir le respect des ordonnances de surveillance imposées à ces délinquants une fois qu'ils sont remis en liberté et de veiller à ce que le non-respect d'une condition imposée pour protéger les enfants entraîne de graves conséquences. Comme nous le savons, il s'agit de conditions comme l'interdiction d'entrer en contact avec la victime, l'obligation de se tenir loin d'une résidence ou certaines restrictions concernant la possession d'armes à feu, d'alcool ou de drogues.
Voilà les types de conditions, monsieur le président, dont le non-respect peut, comme cela arrive souvent, mener à la récidive. Dans cette optique, le projet de loi propose d'augmenter les peines maximales pour le non-respect des ordonnances d'interdiction prévues à l'article 161, des ordonnances de probation prévues à l'article 733.1 et les engagements à ne pas troubler l'ordre public, prévus aux articles 810 à 810.2. Ces types d'ordonnances contiennent souvent des conditions destinées à protéger les enfants, comme je l'ai dit tout à l'heure. Les peines maximales pour le non-respect des conditions liées à l'une ou l'autre de ces ordonnances passeraient de 6 à 18 mois dans le cas d'une déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 2 à 4 ans dans le cas d'une déclaration de culpabilité par mise en accusation.
Monsieur le président, le gouvernement est également résolu à mettre fin à ce qu'on appelle parfois des peines à rabais pour les délinquants sexuels qui s'en prennent à des enfants. Nous voulons ainsi nous assurer de reconnaître le cas de chaque enfant dont la vie a été bouleversée par ce genre d'infraction. À cette fin, le projet de loi exige que les tribunaux ordonnent, dans tous les cas, que les peines imposées concernant des infractions liées à la pornographie juvénile soient purgées consécutivement aux peines imposées pour d'autres infractions d'ordre sexuel à l'égard d'enfants. Le projet de loi veillerait également à ce que les délinquants qui agressent sexuellement plusieurs enfants ne reçoivent pas de peines à rabais, du seul fait que les peines sont infligées au même moment pour les infractions mettant en cause plusieurs victimes.
Par ailleurs, monsieur le président, le projet de loi permettrait de préciser le libellé du paragraphe 718.3(4) du Code criminel, qui établit les règles générales relatives à l'imposition de peines consécutives et concurrentes. Le libellé actuel est le résultat d'un amalgame de règles qui précèdent la Confédération, d'où la nécessité de les clarifier et de les modifier. Nous profitons donc de cette occasion pour le faire.
[Français]
Le projet de loi propose également de codifier certaines règles applicables à l'imposition de peines consécutives et concurrentes, comme l'imposition de peines concurrentes pour les infractions commises dans le cadre de la même affaire criminelle, aussi appelée « règle de l'infraction basée sur les mêmes faits ».
[Traduction]
Toutefois, les tribunaux ont également reconnu que les peines visant la même série d'événements ou des événements distincts doivent être purgées de manière consécutive dans certaines circonstances. Le projet de loi reconnaît deux de ces circonstances. Ainsi, une infraction commise alors que le délinquant fuyait devant un agent de police serait passible d'une peine purgée consécutivement à toute autre peine découlant de la même série d'événements, et une peine imposée pour une infraction commise pendant que le délinquant était en liberté sous caution devrait également être purgée de façon consécutive à toute autre peine imposée. Il existe d'ailleurs un précédent à cet égard.
Monsieur le président, le projet de loi modifiera également la Loi sur la preuve au Canada de sorte que les conjoints des personnes accusées d'une infraction de pornographie juvénile soient des témoins contraignables pour la Couronne. Leur témoignage pourrait s'imposer pour prouver la culpabilité de l'accusé au-delà de tout doute raisonnable — par exemple, lorsqu'on trouve de la pornographie juvénile dans un ordinateur personnel.
En conclusion, monsieur le président et chers collègues, et avant de céder la parole au ministre , le gouvernement reconnaît que les lois pénales, à elles seules, ne constituent pas une réponse complète à l'exploitation sexuelle des enfants et que le système de justice pénale devrait s'attaquer de façon concertée ou globale aux agressions sexuelles perpétrées contre les enfants.
Le projet de loi fait partie intégrante de la réponse globale, mais je suis particulièrement heureux de savoir que le gouvernement a attribué plus de 10 millions de dollars à l'amélioration ou à la création de 21 centres d'appui aux enfants afin de répondre aux besoins des enfants et des jeunes qui sont victimes d'actes criminels. J'ai d'ailleurs visité un certain nombre de ces centres — comme beaucoup d'autres députés ici présents, j'en suis sûr — pour voir comment ces centres et ces programmes aident au rétablissement des victimes, en particulier des jeunes victimes qui, dans bien des cas, ont subi un grave traumatisme à la suite d'une infraction d'ordre sexuel.
Ce n'est là qu'un exemple de plus de l'ensemble des mesures que nous prenons comme gouvernement. Je félicite particulièrement tous ceux qui travaillent auprès des jeunes victimes afin de répondre à leurs besoins spéciaux.
Sur ce, je cède la parole au ministre .
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président, membres du comité, de m'accueillir ici.
Je suis très heureux d'accompagner mon collègue, le ministre de la Justice et procureur général du Canada, l'honorable, pour vous parler de la portion de la Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants qui concerne la sécurité publique.
C'est une mesure législative qui nous permettra de respecter la promesse de notre gouvernement consistant à protéger des pédophiles les familles, les collectivités et, plus particulièrement, les enfants.
[Traduction]
Soyons clairs: des mesures plus sévères s'imposent pour protéger les enfants contre l'exploitation et les agressions sexuelles. Comme le ministre l'a dit, alors que les taux de crimes violents au Canada sont à la baisse, les agressions sexuelles contre les enfants sont à la hausse. En 2013, la police a signalé quelque 4 200 incidents de la sorte.
[Français]
Les Canadiens sont légitimement préoccupés par la mobilité et le comportement des prédateurs sexuels qui quittent le pays et commettent des infractions sexuelles à l'étranger. C'est pourquoi, afin d'aider à aborder ces questions des plus troublantes, nous avons mis en avant la Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants.
Cette loi comprend divers éléments, notamment des mesures qui accroissent les obligations des délinquants sexuels inscrits, particulièrement ceux qui ont fait l'objet de condamnations pour des infractions sexuelles commises sur des enfants ou qui voyagent à l'extérieur du pays pour des raisons de tourisme sexuel impliquant des enfants.
[Traduction]
En supplément aux observations préliminaires du ministre , j'aborderai les éléments du projet de loi qui permettront de donner aux forces de l'ordre des outils améliorés pour sévir contre ces personnes ignobles, à savoir la collecte de données sur leurs déplacements, la création de la base de données proprement dite et l'échange d'information entre l'ASFC et la GRC.
[Français]
Nous avons déjà proposé d'importants changements à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, cette loi qui a donné lieu à la création d'une base de données nationale sur les délinquants sexuels condamnés au Canada. Nos policiers utilisent le Registre national des délinquants sexuels, qui est géré par la Gendarmerie royale du Canada, afin d'aider à prévenir les crimes de nature sexuelle et de mener des enquêtes à cet égard.
[Traduction]
Nous disposons déjà d'une base de données, mais elle n'est accessible pour l'instant qu'aux forces de l'ordre. Parmi les 36 000 délinquants sexuels qui y sont inscrits, près de 25 000 ont commis des actes criminels contre des enfants.
[Français]
Ces crimes sont de nature sexuelle, évidemment.
À l'heure actuelle, tous les délinquants sexuels inscrits doivent déclarer, une fois par année et chaque fois qu'ils en changent, leur adresse, leur nom, leur lieu d'emploi ou leurs activités bénévoles. Ils sont également tenus de déclarer les absences de sept jours ou plus pour des voyages au Canada ou à l'étranger.
Cependant, dans le cas de déplacements internationaux, ils sont uniquement tenus de déclarer qu'ils seront à l'extérieur du pays pendant sept jours ou plus et d'indiquer les dates approximatives de leurs voyages. Il n'y a aucune exigence de fournir des renseignements particuliers concernant la destination, et cela doit changer. C'est la raison pour laquelle nous examinons les dispositions législatives qui sont devant nous cet après-midi.
Nous devons faire plus pour protéger nos enfants de l'exploitation sexuelle, et cela commence ici. Notre responsabilité s'étend aux enfants du monde entier.
[Traduction]
La Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants est importante, car si elle était adoptée, elle permettrait de mieux protéger les enfants contre ceux qui veulent voler leur innocence pour leur propre gratification sexuelle perverse. Elle ferait également en sorte que ceux qui se livrent à ces actes odieux soient tenus responsables des dommages qu'ils causent à la société.
[Français]
Par exemple, si un délinquant sexuel reconnu qui vit en Ontario veut se rendre en Colombie-Britannique pendant deux semaines, il doit fournir l'adresse et les coordonnées de l'endroit où il veut se rendre. Cependant, s'il part pour deux semaines à l'étranger, il n'y a pas de règle quant à l'obligation de fournir des renseignements sur l'endroit où il veut aller.
[Traduction]
Aux termes de la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui, cette pratique serait éliminée. Le délinquant sexuel devrait fournir les détails de destination pour des voyages à l'extérieur du Canada de sept jours ou plus, et fournir les dates précises de départ et de retour.
En effet, le tourisme sexuel existe malheureusement. Il est important de s'attaquer à cette pratique lorsqu'elle vise des enfants et lorsqu'elle touche le Canada.
[Français]
Le deuxième changement clé permettra de combler les lacunes qui existent dans les échanges de renseignements entre les policiers et l'Agence des services frontaliers du Canada, ou l'ASFC.
Étant donné que l'ASFC n'est pas considérée comme un service de police, la loi actuelle ne permet pas de lui divulguer les informations du registre. À l'heure actuelle, il est impossible d'échanger des renseignements avec ceux qui contrôlent l'accès et la sortie à nos frontières.
Qui plus est, l'agence sera autorisée à collecter des renseignements sur les déplacements de certains délinquants sexuels au moment de leur retour et à les transmettre aux fonctionnaires responsables du registre. La loi permettra d'avoir cet échange et ce partage d'information dans les deux sens.
Étant donné le rôle important que jouent la Gendarmerie royale du Canada et l'ASFC pour veiller à la sécurité publique, le fait de permettre cet échange de renseignements constitue un élément clé du projet de loi qui renforcera les lois actuelles et responsabilisera les agresseurs sexuels qui voyagent.
[Traduction]
Enfin, je suis heureux de parler d'une mesure que les Canadiens ont à coeur — y compris moi en tant que père —, à savoir le droit des victimes, des enfants et des familles de savoir s'il y a des délinquants sexuels à haut risque dans leur quartier, et j'insiste là-dessus. Les Canadiens ont le droit de connaître le caractère des personnes qui peuvent se trouver près de leurs enfants. Si un dangereux pédophile vit à proximité de leur enfant, ils ont le droit de prendre des mesures et des précautions appropriées. C'est pourquoi le projet de loi aurait pour effet de créer la Loi sur la banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé, ce qui permettrait à notre gouvernement de créer une base de données publique nationale. Le projet de loi permettrait de créer un registre public des délinquants sexuels à haut risque pour que les parents puissent prendre des mesures responsables afin d'assurer la sécurité de leurs enfants.
J'ai été heureux de constater que presque tous les députés ont appuyé cette mesure législative importante, à l'exception du Parti vert, qui a voté contre. J'espère que les membres du comité appuieront notre plan en vue de responsabiliser davantage les délinquants sexuels, de mieux protéger les enfants au Canada et à l'étranger contre l'exploitation sexuelle et de donner aux familles canadiennes l'accès à des renseignements qui pourraient les aider à protéger leurs enfants. C'est exactement ce que ferait la Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants.
Merci, monsieur le président.
:
C'est bien. J'ai seulement cinq minutes, alors je vais me lancer. Il s'agit d'un projet de loi très volumineux.
[Français]
Depuis 2006, votre gouvernement conservateur prend des tonnes de mesures pour mieux protéger les enfants. Vous avez mis en place la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, qui prévoit de nouvelles peines obligatoires d'emprisonnement pour sept infractions à caractère sexuel commises contre des enfants déjà prévues au Code criminel, y compris l'agression sexuelle, l'agression sexuelle armée et l'agression sexuelle grave.
Cette loi interdit également à quiconque de fournir du matériel sexuellement explicite à un enfant en vue de faciliter la perpétration d'une infraction d'ordre sexuel et de conclure avec un tiers au moyen d'un ordinateur ou par d'autres moyens de télécommunications une entente pour commettre une infraction sexuelle contre un enfant.
Cette loi vise également ceci: renforcer le Registre national des délinquants sexuels, porter de 14 à 16 ans l'âge auquel une jeune personne peut légalement consentir à des activités sexuelles, mettre en place une mesure législative pour obliger les fournisseurs de services Internet à déclarer la pornographie juvénile, renforcer la surveillance des délinquants dangereux et alourdir les peines qui leur sont imposées.
Pourtant, neuf ans plus tard, vous nous dites que les infractions à caractère sexuel contre les enfants ont augmenté de 6 %.
Le projet de loi est-il un constat de l'échec de l'approche que votre gouvernement a adoptée dans les dossiers d'infractions à caractère sexuel contre des enfants? Sinon, sur quelle étude vous êtes-vous appuyés pour en arriver au projet de loi C-26 et pour décider qu'il y avait des besoins particuliers par rapport à ces points?
Monsieur Blaney, ma dernière question s'adresse à vous. Vous avez parlé du registre des délinquants dangereux. Qui va déterminer quel délinquant est dangereux et comment cela sera-t-il fait? Les gens devraient-ils être satisfaits de savoir qu'un registre contient le nom d'un délinquant dangereux qui circule dans leurs rues? Ne devrait-on pas travailler en vue de sortir le délinquant dangereux de la rue plutôt que mettre beaucoup d'accent sur un registre?
[Traduction]
Je vais commencer par le ministre MacKay — question d'ancienneté, je suppose.
:
Avant de céder la parole aux ministres, monsieur le président, j'aimerais revenir sur une observation faite par Mme Boivin.
Elle a pris la peine de demander au ministre de combien de temps le comité disposera pour étudier le projet de loi , celui dont nous sommes saisis aujourd'hui. Bien entendu, elle sait bien que nous avons discuté, au sein du comité, du calendrier relatif au projet de loi et du nombre de jours que nous consacrerons à son étude. En fait, c'est le NPD qui a proposé le délai actuel de quatre jours.
Les gens qui nous regardent aujourd'hui devraient savoir que c'est le genre d'absurdités que nous entendons souvent de la part des députés de l'opposition. Ce sont eux qui ont établi le temps que nous devrions consacrer à l'étude du projet de loi...
Le président: Monsieur Dechert...
M. Bob Dechert: ... et là, ils essaient de faire croire...
Le président: Monsieur Dechert, on invoque le Règlement.
M. Bob Dechert: ...que nous cherchons en quelque sorte à raccourcir la durée de l'étude.
Mme Françoise Boivin: Rappel au...
:
Quoi qu'il en soit, passons à autre chose. Mon collègue comprend très bien que ce ne sont pas les ministres qui déterminent combien de temps le comité décide de consacrer à un sujet donné, et je pense que les gens devraient savoir que le gouvernement n'a aucunement essayé de faire obstacle à l'étude de ce projet de loi.
En fait, messieurs les ministres, vous devriez savoir que nous estimons que ce projet de loi est très important, et nous voulons consacrer le temps qu'il faut pour l'étudier. Personne ne devrait croire que le gouvernement essaie de limiter le temps consacré à l'étude de ce projet de loi.
Monsieur le ministre , j'aimerais commencer avec vous. Vous avez mentionné qu'il n'y a pas que les sanctions pour lutter contre les infractions sexuelles à l'égard des enfants, qui sont malheureusement en hausse au Canada, et je pense que c'est une grande tragédie. L'opposition se plaît souvent à pointer du doigt ce côté-ci de la Chambre des communes et dire que nous cherchons avant tout à imposer des sanctions et laissons de côté la prévention ou la prestation de services aux victimes d'infractions sexuelles et d'autres crimes.
Vous avez mentionné les centres d'appui aux enfants et aux adolescents ainsi que l'aide qu'offre notre gouvernement à ces centres. Vous savez sans doute qu'il y a un centre très connu à Toronto, le centre Boost, que vous avez visité et qui fait un travail remarquable pour aider les enfants victimes d'infractions sexuelles. Vous avez visité le centre familial William Davis à Brampton, dans la région de Peel, que je représente. Nous avons bon espoir qu'un centre d'appui aux enfants et aux adolescents sera créé dans la région de Peel pour venir en aide aux victimes d'agression sexuelle.
Je me demande si vous pourriez nous en dire plus à propos de ces centres, de l'appui que leur offre le gouvernement, et de la façon dont ils peuvent contribuer à lutter contre les agressions sexuelles contre des enfants.
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Merci beaucoup, monsieur Dechert.
Comme j'ai participé à ce dossier par l'entremise de la pratique du droit ou des travaux parlementaires, et en tant qu'observateur de longue date du système judiciaire, je pense que l'une des grandes réalisations dont nous avons été témoins ces dernières années, ce sont les centres d'appui aux enfants, grâce à leur approche, à leur compassion et au travail incroyable qu'ils font très tôt après que le mal a été fait, lorsque l'incident est encore vif dans l'esprit de la victime, pour ainsi dire. Vous avez mentionné plusieurs de ces centres en Ontario, et j'en ai visités dans presque toutes les provinces et tous les territoires. Nous en avons 21 qui sont en opération actuellement, et nous prévoyons en créer d'autres.
La magie de ces centres d'appui aux enfants, c'est qu'ils réunissent divers organismes et particuliers qui travaillent tous pour venir en aide aux enfants, dont la police, les tribunaux, les services aux victimes, des pédopsychologues et des psychiatres. Ils réunissent ceux qui ont la responsabilité au quotidien d'aider les jeunes à surmonter les traumatismes qui découlent inévitablement des contacts sexuels et des agressions sexuelles contre des enfants, ainsi que de venir en aide aux parents et de gérer les répercussions sur l'ensemble de la communauté.
Je le mentionne simplement pour ne pas oublier ce que vous avez dit à propos d'adopter une approche holistique à l'égard des méfaits que causent les agressions sexuelles contre des enfants. Et ces agressions sont en hausse. Il faut se rendre à l'évidence Je sais que c'est un problème dont le comité est saisi. Je n'hésite pas à souligner la nature non partisane du projet de loi, et je pense que vous le verrez clairement lorsque vous l'examinerez plus en détail. Tout comme le ministre Blaney, j'espère que vous l'étudierez rigoureusement.
Il y a d'autres mesures que nous pouvons prendre également. J'ai eu l'occasion de me rendre dans la province de Mme Boivin la semaine dernière. Je suis allé à Montréal et à Québec pour voir certains des programmes que le ministère de la Justice parraine pour les jeunes contrevenants qui ont peut-être commis, entre autres, des infractions sexuelles et qui sont peut-être devenus des agresseurs après avoir été eux-mêmes des victimes, phénomène que l'on voit souvent. Ces programmes ciblent les jeunes qui sont dans le système, pour ainsi dire, et qui pourraient grandement bénéficier de counselling et d'une intervention précoce qui leur donneraient des options pour essayer de surmonter les difficultés qu'ils ont vécues. C'est un but complémentaire du projet de loi.
Monsieur le président, j'ai de l'information au sujet des centres d'appui aux enfants que j'aimerais remettre à votre comité à la fin de nos témoignages.
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Merci de votre question.
Nous travaillons effectivement avec de nombreux organismes bénévoles nationaux lorsque les détenus ont purgé leur peine et sont remis en liberté. Citons notamment la Société John Howard, l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, l'Armée du Salut, la 7th Step Society of Canada et la Société Saint-Léonard.
Les subventions de l'ordre de 1,1 million de dollars annuellement étaient accordées à 15 organismes. Nous leur avons versé des fonds jusqu'en 2014, et nous évaluons le financement dans le cadre de cette initiative à l'heure actuelle. Nous le passons en revue. Je m'attends à recevoir de la rétroaction de mes fonctionnaires.
Il est important d'être là aux différentes étapes, mais il est aussi important d'envoyer le message que la tolérance zéro s'applique lorsqu'on s'en prend à des enfants. C'est également ce qui sous-tend ce projet de loi, pas seulement pour un enfant au Canada, mais aussi pour un enfant à l'étranger. C'est pourquoi j'appuie sans réserve la proposition du ministre MacKay d'imposer des peines minimales obligatoires. Ce crime doit être décrit tel qu'il est: odieux et socialement inacceptable. Comme vous le savez, nous sommes en train de mettre des mesures en place. Si un individu qui a été condamné prévoit se rendre à l'étranger, même pour une courte période, il devra se déclarer aux autorités, et l'information sera transmise...
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Oui, je serai très bref, monsieur le président.
En réponse à la question de M. Easter, il y a des programmes, et le ministre Blaney en a mentionné plusieurs. Un que je connais dans le Canada atlantique, c'est le programme New Leaf. À vrai dire, c'était un programme qui était également financé par le gouvernement précédent, dont vous faisiez partie. Il vise plus précisément à aider à réadapter les délinquants. Ces demandes de financement de programme sont examinées chaque année au pays.
Du côté proactif, l'initiative Pensez cybersécurité et certains sites d'échange d'information en ligne sont des mesures sur lesquelles j'attirerais votre attention également.
L'échange d'information à l'étranger est quelque chose que nous, en tant que pays, devons faire davantage. Nous devons être responsables de certains des contrevenants, des délinquants sexuels, qui vont dans des pays où ils ne bénéficient pas des mêmes protections, des mêmes programmes, ou encore dans des pays où les lois sont laxistes et permettent à certains de ces prédateurs sexuels de notre société à commettre leurs horribles crimes à l'étranger.
Il y a des programmes de justice applicables aux Autochtones qui sont également en place pour soutenir les délinquants et les victimes. Je soulignerais notre mesure législative, le projet de loi , qui portait sur la prostitution, qui comptait également du financement pour les programmes.
Nous continuons d'aller de l'avant avec cette approche holistique dont vous avez parlé.
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Je vous remercie de votre question.
D'abord, il y a déjà une procédure de notification publique à l'échelle des autorités locales et provinciales. À l'heure actuelle, les corps policiers identifient déjà certaines personnes comme étant des prédateurs sexuels à haut risque et jugent que, pour protéger la société, il est important de le faire savoir au public. Ces ressources sont déjà en place.
Si ce projet de loi est adopté, le gouvernement canadien va colliger ces informations partout à travers le pays. L'entité qui sera responsable de colliger ces informations est la Gendarmerie royale du Canada. Après consultation avec les autorités territoriales, provinciales et municipales, nous allons extraire des notifications publiques qui concernent d'autres gens que des agresseurs sexuels à haut risque l'identité des personnes qui répondent à la définition de prédateur sexuel à haut risque pour les mettre dans une base de données publique.
Cette base de données pancanadienne sera gérée par la GRC. À cette fin, le projet de loi prévoit un budget d'environ 1,3 million de dollars par année pour les cinq premières années, et 1,17 million de dollars pour les années subséquentes. On prévoit également un montant total de 169 057 $ sur cinq ans, puisqu'il y aura une notification nécessaire à l'ASFC, et un financement de 28 375 $. C'est ce qu'il en coûtera pour que l'agence puisse recueillir des informations sur les prédateurs sexuels à haut risque, par exemple lorsqu'ils reviennent de leur séjour.
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Merci beaucoup, monsieur Seeback.
À titre de criminaliste, vous savez que c’est un problème depuis des années. Je présume que M. Wilks sait également que l’imposition de peines consécutives, les peines minimales obligatoires, les peines maximales, etc. font partie intégrante du projet de loi. Nous avons été témoins de problèmes en ce qui concerne les conditions des ordonnances de probation et des engagements qui sont imposées à titre de mesures proactives en vue d’essayer de protéger en premier lieu la population, mais cela permet également d’avoir un certain contrôle sur les agissements. Il y a des interdictions en ce qui concerne la consommation d’alcool, la possession d’armes ou la présence à proximité d’enfants.
L’histoire et les statistiques démontrent malheureusement que la grande majorité des infractions sexuelles contre des enfants sont commises dans une maison par une personne que l’enfant connaît. L’établissement de paramètres concernant l’accès à l’enfant est l’objectif de bon nombre de ces mesures préventives. Malheureusement, la violation de ces conditions est courante. D’après nous, cela doit entraîner une certaine conséquence, et voilà ce que nous cherchons à accomplir ici. Par l’entremise du projet de loi, nous voulons imposer des peines accrues pour la violation des conditions des ordonnances de probation ou des engagements de ne pas troubler l’ordre public qui auront de véritables conséquences; en particulier, la violation des conditions d’une ordonnance de probation serait une infraction.
Malheureusement, la violation des conditions était souvent traitée comme faisant partie de la nature du système. On ne faisait que l’ajouter en tant que peine concurrente. Il n’y avait pas de mention précise à ce sujet lorsqu’une peine était imposée par un juge.
Nous tentons d’y remédier. La violation de ces conditions donne une raison de plus d’imposer la peine maximale. La règle générale que ces infractions... tout dépendamment si c’est fait par voie sommaire ou par voie de mise en accusation, se reflète dans la gravité et les conséquences de la violation de ces types de conditions qui visent à empêcher d’autres infractions d’être commises. Cela se trouve dans le projet de loi. C’est une importante partie du message que nous voulons envoyer à la population et aux délinquants, à savoir que les conditions imposées sont sérieuses et qu’il faut les respecter.
Puisque nous avons un peu de temps, je m'adresserai aux fonctionnaires des deux ministères et de la GRC.
Nous avons beaucoup parlé avec les ministres, entre autres de la question des augmentations des peines.
Madame Morency, avant de rédiger le projet de loi , le ministère de la Justice a-t-il fait une étude jurisprudentielle des cas qui sont survenus depuis un certain nombre d'années?
En fait, pendant la promotion du projet de loi , les deux ministres ont souvent dit que les infractions commises à l'endroit des enfants avaient augmenté de 6 % au cours des deux dernières années. On a souvent entendu cette statistique dans les médias et les deux ministres l'ont aussi souvent évoquée.
Des analyses ont-elles été faites? Si oui, quelles sont-elles? Comment, et à quels constats les représentants du ministère sont-ils arrivés? Les tribunaux avaient-ils tendance à ne pas donner des sentences suffisantes?
J'essaie de voir comment on peut décider de pondre un projet de loi tel que . Quel genre d'analyses et d'études ont été faites pour arriver à ces dispositions?
:
Je vous remercie de la question.
Comme le ministre vient de le dire, c'était dans le but d'augmenter les peines, non seulement les peines minimales mais aussi les peines maximales.
[Traduction]
Le projet de loi propose aussi certaines réformes connexes en ce qui concerne l’imposition de peines concurrentes ou consécutives dans de tels cas. Comme vous l’avez souligné dans le cas du projet de loi , la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, ces réformes sont entrées en vigueur le 9 août 2011, et j’avoue qu’il est un peu tôt pour évaluer le progrès de certains de ces cas qui commencent à être entendus par des tribunaux criminels. Avant même l’entrée en vigueur du projet de loi , nous avons vu des juges qui disaient, par exemple, que le Parlement se penchait sur l’importance de s’assurer que les peines dans de tels cas — non seulement les peines minimales, mais aussi les peines maximales — reflètent adéquatement la gravité des infractions et que les tribunaux les jugent plus sévèrement.
C’est donc un peu une combinaison d’éléments. Premièrement, cela concerne la manière dont les tribunaux traitent de ces questions. Nous commençons un peu à le voir, mais c’est évidemment encore à ses balbutiements. Deuxièmement, le projet de loi propose une approche combinée pour essayer d’augmenter les peines dans l’ensemble; cela ne concerne pas seulement les peines minimales obligatoires et l’approche qu’avait le projet de loi .