:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m’appelle Manuel Arango, et je suis directeur de la politique de la santé à la Fondation des maladies du coeur du Canada.
La fondation a rencontré récemment un grand nombre de membres de votre comité afin de discuter de la façon dont nous pouvons améliorer la réglementation relative aux loteries de bienfaisance en éliminant les formalités administratives, une mesure qui pourrait permettre aux organismes de bienfaisance d’épargner annuellement des millions de dollars. En outre, de nombreux autres organismes appuient cet objectif, notamment la Société canadienne du cancer, qui est bien sûr représentée ici aujourd’hui.
[Français]
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de pouvoir discuter du projet de loi avec vous.
[Traduction]
Premièrement, voici quelques renseignements sur la Fondation des maladies du coeur du Canada. Notre mission consiste à prévenir les maladies du coeur, à sauver des vies et à favoriser le rétablissement. Notre organisation est un organisme de bienfaisance dans le domaine de la santé qui repose sur l’aide que nous apportent 140 000 bénévoles des quatre coins du pays. Nous nous efforçons d’améliorer quotidiennement la santé de toutes les familles canadiennes.
Le tabagisme est l’un des principaux facteurs de risque des maladies du coeur. Il amplifie les répercussions de toutes les formes majeures de maladies du coeur. Au Canada, ces dernières interviennent dans presque un tiers des décès prématurés causés par des maladies liées au tabagisme, soit près de 11 000 décès. C’est pourquoi la fondation considère qu’il est crucial que notre société fasse tout en son pouvoir pour réduire l’usage du tabac.
Au fil des ans, la fondation a travaillé avec ses partenaires afin de faire progresser l’adoption à l’échelle fédérale, provinciale et municipale de tout un éventail de mesures de lutte contre le tabagisme. Nous appuyons le projet de loi parce que, compte tenu du rôle que le prix du tabac joue dans sa consommation, il est crucial d’éliminer la contrebande de tabac qui fournit du tabac à bon marché. Nous croyons que, dans le cadre d’une stratégie globale de lutte contre le tabagisme, le projet de loi aidera à réduire la consommation du tabac au Canada, en particulier chez les jeunes.
Permettez-moi d’être clair. À l’heure actuelle, les principales causes de la contrebande du tabac sont la criminalité, les plaques tournantes géographiques et l’absence de taxe sur le tabac. Nous le savons parce que, dans les provinces où les taxes sur le tabac sont élevées, la contrebande du tabac est négligeable. En fait, dans les provinces où les taxes sont les plus faibles — en Ontario et au Québec, par exemple —, nous observons les taux de contrebande les plus élevés qui soient. Par conséquent, il est clair que d’autres facteurs entrent en jeu.
Le fait est que les taxes sur le tabac sont le moyen le plus efficace dont nous disposons pour lutter contre les méfaits du tabac. Une grande part du recul du tabagisme enregistré au cours des dernières années peut être attribué à nos politiques en matière de taxes sur le tabac. En fait, une réduction de ces taxes entraînerait directement une augmentation du nombre de fumeurs, de malades et de décès. Les populations vulnérables, comme nos jeunes, sont particulièrement sensibles aux taxes sur le tabac. Il est important d’empêcher nos jeunes, qui représentent le futur du Canada, de fumer, étant donné que les jeunes qui commencent à fumer à l’adolescence continuent habituellement de consommer du tabac pendant au moins 20 ans. C’est pourquoi il est essentiel de tuer dans l’oeuf l’usage du tabac chez les jeunes, et les taxes sur le tabac ont un important rôle à jouer à cet égard.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, les plaques tournantes géographiques jouent également un rôle dans la contrebande de tabac. Le cas du poste frontalier de Cornwall illustre bien l’incidence qu’ont les facteurs géographiques. En effet, lorsque le poste, qui se trouvait au milieu de l’île de Cornwall, a été déménagé au bout du pont de Cornwall en 2009, cela a eu un effet spectaculaire sur le taux de contrebande de tabac.
Monsieur le président, pour lutter contre la contrebande de tabac et le tabagisme au Canada, il est nécessaire de prendre un certain nombre de mesures. Il est très clair que l’une de ces mesures de dissuasion devrait être l’imposition de pénalités accrues. Pour cette raison, la Fondation des maladies du coeur du Canada appuie le projet de loi qui, dans le cadre d’une stratégie globale de lutte contre le tabagisme, constitue clairement un moyen de lutter contre la contrebande et la consommation de tabac au Canada.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président, merci, chers membres du comité, de m’accorder le privilège de formuler quelques-unes de mes observations concernant l’importance du projet de loi .
Premièrement, j’aimerais mentionner que l’Association pour les droits des non-fumeurs est un organisme sans but lucratif dans le domaine de la santé qui travaille depuis plus de 35 ans à l’élaboration et à la promotion de politiques efficaces de lutte contre le tabagisme, dont la taxation du tabac, afin de réduire le nombre de décès et de problèmes de santé liés au tabagisme.
En ce qui concerne la question à l’étude, il est important, comme Manny l’a mentionné, de comprendre que la taxation du tabac est l’une des politiques les plus précieuses dont nous disposons pour faire reculer l’usage du tabac, en particulier chez les jeunes. C’est la raison pour laquelle les efforts comme le projet de loi sont les bienvenus. Ils donnent aux autorités des pouvoirs supplémentaires afin qu’elles contribuent davantage au déclin du marché du tabac de contrebande.
Dernièrement, j’ai été très étonné d’apprendre que seuls les agents de la GRC pouvaient procéder à l’arrestation de personnes soupçonnées de faire la contrebande du tabac. Bien que la loi du Québec concernant l’impôt sur le tabac accorde certains pouvoirs aux policiers municipaux et provinciaux du Québec, pouvoirs qui leur permettent d’immobiliser les véhicules soupçonnés de transporter de la contrebande et de demander des mandats de perquisition, ces derniers ne peuvent pas procéder à des arrestations. La responsabilité de porter des accusations incombe au ministère du Revenu du Québec. Je pense que les policiers municipaux et provinciaux de l’Ontario ne détiennent même pas des pouvoirs de ce genre pour appliquer leur propre Loi de la taxe sur le tabac.
L’adoption du projet de loi changera tout cela, parce que le trafic de produits de contrebande sera enfin reconnu comme étant une activité criminelle.
Un autre des principaux problèmes tient au fait que bon nombre des trafiquants arrêtés par la GRC et reconnus coupables de contrebande de tabac ne paient même pas leurs amendes. Ils reprennent simplement leurs activités de commerce illicite. Cela nous fait sérieusement douter de l’effet dissuasif des sanctions actuelles.
En ajoutant des peines d’emprisonnement, le projet de loi transforme la contrebande de tabac en une infraction plus grave, ce qu’elle devrait être, compte tenu de la menace qu’elle fait peser sur la santé publique. Cependant, la prochaine difficulté consistera à convaincre les policiers municipaux et provinciaux de tirer complètement parti des nouveaux pouvoirs que le projet de loi , ou plus précisément le Code criminel, leur confère. Notre prochaine étape devrait peut-être consister à imiter le Québec en créant des équipes d’enquêteurs spécialisés qui se consacrent uniquement à la lutte contre le commerce illicite du tabac.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Rob Cunningham. Je suis avocat et analyste principal de la politique à la Société canadienne du cancer.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Nous appuyons le , et nous prions tous les partis de soutenir son adoption aussitôt que possible.
Permettez-moi dès le départ de faire ressortir le rôle crucial que les taxes élevées sur le tabac jouent dans la réduction du tabagisme, en particulier chez les jeunes qui touchent moins de revenus. D’abondantes données confirment l’évidence, à savoir que plus les prix grimpent, plus la consommation de tabac diminue. Par l’entremise du greffier, nous avons remis au comité des études et des rapports détaillés ainsi que d’autres éléments de preuve en ce sens, dont une compilation de preuves datant de 2001 — je vous en montre ici le premier volume — et un examen des éléments de preuves effectué en 2011.
La contrebande compromet la santé publique et les avantages qu’apportent les recettes publiques engendrées par une taxation élevée du tabac. La contrebande peut donner un accès direct à des produits à bon marché, et elle peut constituer une préoccupation qui empêche les gouvernements de hausser les taxes sur le tabac.
La contrebande que nous observons aujourd’hui au Canada n’est pas causée par les taux élevés de taxation du tabac, mais plutôt par la proximité de sources d’approvisionnement. En effet, des fabricants de produits du tabac illégaux sont établis sur quelques territoires situés à l’intérieur de l’Ontario et du Québec ou près de ces provinces. Voilà la clé du problème.
Dans le cartable blanc que je vous ai distribué, vous trouverez à l’onglet 1 une carte où, comme vous pourrez le constater, les taux de taxation du tabac des provinces et des territoires canadiens sont comparés. Dans l’Ouest canadien, les taxes sur le tabac sont plus élevées qu’au Québec et en Ontario et, en dépit de cela, la contrebande est beaucoup plus répandue au Québec et en Ontario que dans l’Ouest. Cela démontre que la contrebande canadienne n’est pas causée par une taxation élevée du tabac, mais plutôt la proximité de sources d’approvisionnement illégales, comme nous le voyons en Ontario et au Québec. Il est possible d’imposer des taxes élevées sur le tabac tout en jouissant d’un faible taux de contrebande, comme la situation se maintient dans l’Ouest.
L’industrie du tabac reconnaît que la contrebande a considérablement diminué. Je vous invite à passer à l’onglet 2 du cartable. Une présentation préparée par la société British American Tobacco indique que la contrebande a augmenté jusqu’en 2008, jusqu’à atteindre un taux de 33 %, mais qu’en date de 2010, elle avait diminué en passant à 19 %. Depuis, d’autres données indiquent que ce recul s’est poursuivi. Si vous passez à la page suivante, vous verrez que la société dispose de données remontant jusqu’en 2011 qui montrent que la contrebande a considérablement régressé.
Le projet de loi soutiendra les efforts déployés pour combattre la contrebande. Il est donc raisonnable et justifiable.
Le projet de loi est en fait nécessaire et essentiel en tant que mécanisme contribuant à réduire davantage les volumes de contrebande, et ce, d’une manière durable. Il permettra aux procureurs d’envisager l’imposition de peines plus lourdes. À l’heure actuelle, les amendes sont trop souvent traitées comme un coût d’exploitation, et celles qui sont imposées sont ignorées beaucoup trop fréquemment ou ne sont jamais payées. Nous devons disposer de mesures de dissuasion adéquates, et le projet de loi fournira un nouveau mécanisme facultatif. Les pénalités prévues par la loi actuelle sur l’accise ne donnent pas les résultats escomptés. En outre, le projet de loi accordera aux policiers municipaux et provinciaux de nouveaux pouvoirs.
Chaque année, 37 000 décès au Canada sont occasionnés par l’épidémie de tabagisme. Cela représente 47 fois le nombre total d’homicides enregistré annuellement au Canada, nombre qui, en 2011, s’élevait à 598. En réduisant la contrebande et en continuant de hausser la taxation du tabac, des vies seront sauvées et moins de jeunes développeront une dépendance.
Nous devons reconnaître que la contrebande est en partie à l’origine d’un problème de santé chez les Autochtones. Une étude a révélé que le tabagisme dans les réserves des Premières Nations atteint le chiffre choquant de 59 %, comparativement à la moyenne canadienne qui s’élève maintenant à 16 %. Les usines illégales de tabac et d’autres sources de contrebande permettent aux jeunes et aux adultes des Premières Nations d’acheter directement des cigarettes à bon marché sans payer de taxes.
Nous devons nous attaquer à la contrebande mais, en même temps, nous ne devons pas permettre à l’industrie du tabac et aux associations qu’elle finance d’utiliser la contrebande comme une tactique en matière de relations publiques visant à s’élever contre d’autres mesures de lutte contre le tabac qui sont grandement nécessaires.
Outre le projet de loi , d’autres mesures fédérales de lutte contre la contrebande de tabac devraient être mises en oeuvre.
Premièrement, bien que la GRC fasse du bon travail, nous croyons qu’elle devrait s’occuper davantage d’entraver la fourniture de matières premières, comme les feuilles de tabac, le papier à cigarette et les filtres de cigarettes, destinées aux réserves qui exercent des activités illégales. Nous prions la GRC de recueillir des renseignements, puis d’intercepter à l’extérieur des réserves les envois qui aident et encouragent illégalement ces usines non autorisées. Cela est essentiel pour mettre en oeuvre une stratégie efficace de lutte contre les usines de tabac illégales établies au Canada.
Deuxièmement, il ne fait aucun doute que le déplacement du poste frontalier de Cornwall au pied du pont de Cornwall, en 2009, a entraîné une réduction de la contrebande. C’est devenu le goulot d’étranglement des anciens parcours empruntés pour la contrebande de tabac, du côté américain d’Akwesasne. Le gouvernement a maintenant l’intention de déménager le poste frontalier à Massena, dans l’État de New York. Nous suggérons qu’une modification soit apportée à ce plan. Au lieu de se contenter de déménager le poste frontalier, il vaudrait mieux le diviser en deux parties, en établissant le premier point de contrôle à Massena et le deuxième, à son emplacement actuel à Cornwall. Cela ressemblerait à ce qui se passe lorsqu’on arrive au Canada à la fin d’un vol international et que l’aéroport utilise un système de contrôle en deux parties.
Troisièmement, le gouvernement fédéral doit convaincre le gouvernement américain de fermer les usines de tabac illégales du côté américain d’Akwesasne.
Quatrièmement, la Société canadienne du cancer recommande que le Canada signe le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, qui est un accord international négocié en vertu de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
Pour combattre la contrebande et pour réduire l’usage du tabac, nous avons besoin de stratégies globales.
Nous terminons en vous mentionnant de nouveau que nous appuyons le projet de loi. Nous nous réjouissons à la perspective de répondre à vos questions.
Merci
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins d'être ici ce matin pour nous aider dans notre réflexion sur le projet de loi .
J'apprécie que vous appuyiez tous les trois ce projet de loi. En fait, j'aurais été surprise du contraire. Je suis convaincue que pour vous et vos organismes respectifs, le projet de loi n'est pas une fin en soi.
[Traduction]
Cela ne constitue pas la solution à la lutte contre le tabagisme, parce que je suis pas mal certaine que c'est la règle du jeu pour vos associations.
[Français]
Ce matin, le grand titre de mon journal local, Le Droit, était « Des mégots illégaux à la tonne ». L'Association canadienne des dépanneurs en alimentation a commandé une étude. On a ramassé des tonnes de mégots à l'hippodrome Rideau-Carleton et on a constaté que 46,6 % provenaient de cigarettes de contrebande. C'est là qu'on voit à quel point c'est inquiétant.
Nous avons entendu un certain nombre de témoins, et je ne sais pas encore comment on pourrait régler ce problème strictement du point de vue de la contrebande. Certains disent que si on augmente les taxes, cela fera augmenter automatiquement la contrebande. Devrait-on baisser les taxes pour s'assurer qu'il n'y a pas de contrebande? Par contre, il y aurait une consommation accrue de cigarettes.
Monsieur Cunningham, je suis contente que vous ayez fait d'autres suggestions pour démontrer que le projet de loi n'est pas une fin en soi. Des témoins nous ont dit que la contrebande avait diminué. J'aimerais vous entendre là-dessus. C'est un élément important qu'il faut examiner. Quand on analysera les méthodes qui ont été utilisées par le gouvernement actuel et ceux qui l'ont précédé, cela pourra nous aider à déterminer si le projet de loi est bon en soi.
Je m'adresse à vous trois. Êtes-vous d'accord pour dire que la contrebande a diminué, ou croyez-vous plutôt qu'elle a augmenté? Éclairez-nous un peu là-dessus.
[Traduction]
Je vais commencer par M. Damphousse.
:
J'ai commencé à m'impliquer dans la lutte antitabac en 1993, au beau milieu de la crise de la contrebande. Toutes les provinces n'avaient pas réduit les taxes. Le Québec a été le premier à le faire, ce qui a eu un effet domino sur le Nouveau-Brunswick, l'Ontario et quelques provinces des Maritimes. Les autres provinces ont maintenu leurs niveaux de taxation. Le gouvernement a réduit sa taxe, mais pas de façon générale.
La taxe sur le tabac s'est révélée si efficace que l'industrie du tabac a été saisie de panique, constatant dans ses rapports annuels que ses ventes étaient en chute libre. La politique adoptée avait été proposée par le milieu de la santé, qui avait fait valoir que si on veut générer des revenus, autant le faire avec un produit qui tue des gens et empêcher certaines personnes de commencer à consommer du tabac.
L'industrie du tabac a fini par réaliser que même si elle faisant valoir qu'elle perdait des ventes, la politique faisait effet. Elle a donc lancé une campagne de relations publique de grande envergure où elle a investi des millions de dollars. Elle affirmait que la taxe sur le tabac ne fonctionnait pas, tout en alimentant illégalement les réseaux de contrebande, particulièrement dans la réserve d'Akwasesne. Toutes ces activités ont été menées par l'industrie du tabac.
Malheureusement, la pression est devenue si intense dans les années 1990 que le gouvernement a cru préférable de régler le problème en réduisant les taxes sur le tabac. Parallèlement, toutefois, il a présenté sa Stratégie de réduction de la demande de tabac. Ce n'est toutefois que plus tard, lors d'un litige aux États-Unis et avec la découverte de documents de l'industrie, que nous avons mis au jour une conspiration à laquelle cette dernière avait pris part et où elle admettait avoir approvisionné le marché de la contrebande. Les États-Unis l'ont poursuivie, et elle a été déclarée coupable. En 2008, Imperial Tobacco, puis Rothmans et Benson & Hedges ont été condamnées. Par la suite, JTI-Macdonald l'a été en 2010. Ces compagnies ont été condamnées à verser une amende record de 1,7 ou 1,8 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici ce matin.
M. Arango a dit que les jeunes devenaient accros à la cigarette pour au moins 20 ans.
Ma question s'adresse à tous les témoins, en commençant par M. Arango. Le projet de loi représente-t-il une solution? Permettra-t-il de réduire le tabagisme chez les jeunes?
Il faut savoir que plusieurs témoins nous ont dit que, comme pour les vêtements, les jeunes étaient attirés par les cigarettes de marque, les cigarettes légales, notamment les cigarettes parfumées.
On sait aussi que les campagnes de peur ne constituent pas la solution. Les jeunes sont attirés par le danger, l'alcool, la vitesse, etc.
Le projet de loi permettra-t-il de réduire le tabagisme chez les jeunes? Quelle serait la solution? Qu'en pensez-vous, monsieur Arango?
:
Mesdames et messieurs, nous allons reprendre la séance. Nous poursuivons notre étude du projet de loi .
Si nos témoins veulent bien se joindre à nous, ce serait bien.
Avant de vous présenter le deuxième groupe de témoins, je précise que notre étude article par article va avoir lieu jeudi matin. Nous allons commencer selon notre horaire habituel de 8 h 45, quel que soit l'horaire de la Chambre, à moins que l'ajournement ne soit prononcé. La réunion va avoir lieu dans l'édifice du Centre, et rappelez-vous que nous nous réunissons à 8 h 45.
Jusqu'à maintenant, mesdames et messieurs les membres du comité, vous devez savoir que trois amendements nous ont été soumis, deux d'un député indépendant et un du Nouveau Parti démocratique. La date limite est presque atteinte pour les députés indépendants qui souhaitent nous proposer des amendements, mais bien sûr, nous serons prêts à accepter les amendements des partis représentés autour de cette table à la lumière des propos tenus ici aujourd'hui.
Sur ce, pour notre dernière heure d'audience sur cette question, nous recevons M. Perley, qui représente l'Ontario Campaign for Action on Tobacco, ainsi que le surintendant principal Gary Couture, commandant régional du Quartier général de la région de l'Est de la Police provinciale de l'Ontario.
Messieurs, je vous remercie de vous joindre à nous ce matin. Monsieur Perley, la parole est à vous.
:
Merci de cette invitation, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Au nom du bureau de l'Ontario de la Fondation des maladies du coeur du Canada, de la division de l'Ontario de la Société canadienne du cancer, de l'Ontario Medical Association et de l'Association pour les droits des non-fumeurs en Ontario, j'aimerais faire quelques observations sur le projet de loi . Je m'appelle Michael Perley et je suis directeur de l'Ontario Campaign for Action on Tobacco. Les organismes que j'ai mentionnés collaborent depuis 1993 dans leur lutte pour le contrôle du tabac.
La campagne de l'Ontario appuie vivement le projet de loi . Pendant la première partie de la réunion, Rob Cunningham, François et Manuel Arango vous ont présenté une analyse détaillée des raisons pour lesquelles ce projet de loi est si important. J'aimerais maintenant les mettre un peu plus en perspective et peut-être répondre aux questions que vous pourriez me poser sur la situation en Ontario.
Actuellement, le marché total du tabac au Canada représente environ 40 milliards de bâtonnets par année. La crise actuelle de la contrebande a connu son apogée en 2007-2008, où les grandes sociétés de tabac estimaient que la contrebande représentait entre 32,7 % du marché (selon British American Tobacco), et 35 % (selon Philip Morris International). Trois ans plus tard, British American estime que la part du marché illicite a chuté à 18,75 % du marché total, et Philip Morris estime que la contrebande représente désormais 20 % du marché total. Ce déclin peut s'expliquer par les mesures énergiques prises par les gouvernements fédéral, du Québec et de l'Ontario, ainsi que par le travail de leurs organismes d'application de la loi pour s'attaquer au problème de la contrebande.
Aujourd'hui, comme François l'a déjà mentionné, je crois, le ministère des Finances du Québec estime que la contrebande représente jusqu'à 15 % du marché total au Québec. Nous n'avons pas d'estimation aussi fiable pour le marché de l'Ontario, mais les chiffres y semblent un peu plus élevés. Il semble donc que dans l'ensemble, le problème persiste, mais que nous réalisions des progrès. Je le souligne parce que d'autres témoignages nous apprennent que l'industrie du tabac et ses alliés parmi les détaillants brossent un portrait assez différent de l'état de la contrebande.
Les pouvoirs que le projet de loi confère à tous les policiers municipaux et provinciaux de l'Ontario vont bien au-delà de l'ajout de personnel d'application de la loi. La criminalisation de la contrebande de tabac envoie un message dissuasif important à tous ceux qui assurent le transport de grandes quantités de tabac de contrebande entre la réserve et l'extérieur, puisqu'ils ne pourront plus s'attendre à simplement payer des amendes — ou à ne pas les payer, comme M. Cunningham l'a souligné — pour s'acheter le droit de participer à la contrebande. Il est tout aussi important de souligner que ce projet de loi envoie également un message aux policiers eux-mêmes que la contrebande est maintenant considérée par le gouvernement fédéral comme une activité criminelle et qu'elle doit être traitée comme telle.
Le projet de loi représente également une belle occasion de sensibiliser le public, lorsque la loi entrera en vigueur, bien sûr, sur le fait que la contrebande est maintenant considérée comme une infraction grave qui expose ultimement les contrevenants à une peine d'emprisonnement.
Il y a un autre argument en faveur de l'adoption rapide du projet de loi , il s'agit de la mise en oeuvre constamment reportée du règlement provincial régissant le système de gestion du tabac en feuilles de l'Ontario, comme d'autres l'ont déjà mentionné. Je pourrai vous en parler plus en détail pendant la période de questions. Ce règlement, qui prescrit l'enregistrement et le suivi de toutes les expéditions de tabac en feuilles dans la province, devait à l'origine entrer en vigueur en septembre dernier, date qui a été reportée à janvier 2014, puis qui a encore été repoussée, cette fois-ci jusqu'en janvier 2015. Plus de 60 millions de livres de tabac seront cultivées en Ontario cette année, et une partie de la récolte devrait servir à la fabrication de contrebande. Les sanctions nécessaires que prévoit le projet de loi C-10 justifieraient donc d'autant plus son adoption de toute urgence.
Enfin, j'aimerais soulever une dernière question qui ne porte pas directement sur le projet de loi , mais que d'autres ont soulevée et qui pourrait avoir une incidence sur la contrebande: le déplacement du poste frontalier de l'Est de l'Ontario, entre les États-Unis et le Canada, de Cornwall à Massena, dans l'État de New York. J'ai avec moi une carte couleur que je ne peux malheureusement pas remettre à tous les participants parce qu'elle n'est pas dans les deux langues officielles et que je n'ai pas réussi à en trouver une version bilingue. Je pourrai peut-être quand même vous la montrer un peu pendant la période des questions, parce qu'on comprend un peu mieux l'importance de ce poste frontalier quand on voit où il se trouve. Je peux peut-être vous la montrer rapidement.
La partie en rouge, qu'on voit ici, est l'Île de Cornwall, située au milieu du fleuve Saint-Laurent. Le point ici se trouve du côté de New York du fleuve, où le nouveau poste frontalier va se trouver, et voici l'actuel poste frontalier de Cornwall.
Si le poste frontalier était déplacé ici, l'île de Cornwall serait essentiellement laissée sans surveillance. Cela crée le potentiel — assez fort, j'insiste — que l'île de Cornwall redevienne une zone de contrebande, un peu comme il y a quelques années. Faute d'un établissement d'inspection canadien au-delà du poste frontalier du côté des États-Unis, l'île de Cornwall pourrait redevenir un centre de la contrebande. Le fait de nous doter d'un système d'inspection à deux volets, comme M. Cunningham l'a mentionné, nous prémunirait contre ce problème potentiel d'entrée de jeu.
Pour terminer, nous ne sommes pas souvent d'accord avec les groupes qui représentent l'industrie du tabac et les détaillants, mais j'aimerais citer le représentant de l'Ontario Convenience Stores Association, qui a déclaré en conférence de presse à Toronto, hier, que le problème de la contrebande « ne dépend pas tant des taxes que du faible coût des produits et de la livraison ».
Nous sommes d'accord. Nous croyons qu'une mise en oeuvre rigoureuse du projet de loi porterait un coup important contre les bas prix et le vaste réseau d'approvisionnement du marché de la contrebande en Ontario.
Merci beaucoup.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Aujourd'hui, je vais faire ma présentation en anglais, mais ce sera pour moi un plaisir de répondre à vos questions en anglais ou en français.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je comparais aujourd'hui devant vous au nom du commissaire de la PPO, Chris Lewis, qui regrette de ne pouvoir être ici personnellement.
La Police provinciale de l'Ontario vous remercie sincèrement de lui permettre de témoigner devant vous pour vous informer de sa contribution à la lutte contre la fabrication, la distribution et la vente de tabac de contrebande. La contrebande de tabac est étroitement liée au crime organisé. Comme ces activités touchent plus d'une administration, la lutte contre la contrebande de tabac et le crime organisé oblige les services policiers et tous les organismes compétents à établir des partenariats efficaces.
En 1996, la GRC, la PPO et Revenu Canada, qu'on appelle maintenant l'Agence du revenu du Canada, ont uni leurs forces pour combattre ce genre de crime par la formation du Groupe de travail régional de Cornwall. Il y a beaucoup de contrebande de tabac qui s'est fait sur le fleuve Saint-Laurent, près de Cornwall, et par la réserve d'Akwesasne. Il y a eu une période de quelques années après l'an 2000 où les taxes sur les cigarettes ont été harmonisées des deux côtés de la frontière, ce qui a fait réduire considérablement les activités de contrebande. Cependant, le problème a rapidement refait surface lorsque le congé fiscal s'est terminé au Canada.
En 2009, les préoccupations croissantes entourant ces activités ont poussé les organismes d'application de la loi à se réunir, afin de discuter de sécurité publique et de se doter d'un modèle de pratiques exemplaires pour contrer la contrebande de tabac et les activités criminelles connexes.
En 2010, nous avons rétabli notre partenariat policier au sein du Groupe de travail régional de Cornwall, qui regroupe actuellement des policiers de la GRC, de la PPO, du Service de police de la ville de Cornwall, ainsi que les représentants du ministère du Revenu de l'Ontario et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Le Service des poursuites pénales du Canada et le service des poursuites de la province font également partie intégrante de nos partenariats. Le Groupe de travail régional de Cornwall est une force à l'efficacité éprouvée pour contribuer à la sécurité publique.
De 2008 à 2012, 36,2 % de toutes les cartouches de cigarettes de contrebande confisquées au Canada ont été saisies à Cornwall. Pendant la même période, 28,7 % de tout le tabac haché fin confisqué au Canada a été saisi à Cornwall. La loi provinciale actuellement en vigueur, la Loi de la taxe sur le tabac de l'Ontario, autorise un policier à saisir directement tout le tabac haché fin illégal et non étiqueté ainsi que les cigarettes non étiquetées laissés à la vue et trouvés dans l'exercice de ses fonctions et à porter les accusations qui s'imposent, souvent en partenariat avec le personnel du ministère des Finances. Ce pouvoir légal renforce notre aptitude à réagir efficacement en première ligne à la contrebande de tabac, dans l'exercice de nos fonctions.
De nouvelles amendes plus lourdes sont entrées en vigueur avec la nouvelle loi de 2011 pour possession de cigarettes illégales en Ontario. Ainsi, quiconque est trouvé en possession de cigarettes illégales en Ontario est passible d'une amende équivalente à 100 $ plus 3 fois le montant de la taxe pour possession de 200 cigarettes illégales et moins; à 250 $ plus 3 fois le montant de la taxe pour possession de 201 à 1 000 cigarettes illégales; et à 500 $ plus 3 fois le montant de la taxe pour possession de 1 001 à 10 000 cigarettes illégales.
Depuis 2010, les équipes de patrouilleurs routiers de la Police provinciale de l'Ontario ont déposé 286 accusations pour possession de cigarettes de contrebande, par application du paragraphe 29(1) de la Loi de la taxe sur le tabac de l'Ontario. Pendant la même période, les équipes de patrouilleurs routiers de la Police provinciale de l'Ontario ont confisqué plus de 100 000 cartouches de cigarettes de contrebande.
La PPO reconnaît que la contrebande est liée au crime organisé et à ses activités et qu'elle présente une menace grave à la sécurité et au bien-être de tous les citoyens et visiteurs de l'Ontario. Selon les principes de l'établissement de priorités tactiques, la PPO met ses ressources limitées à contribution pour lutter proactivement contre cette activité criminelle importante.
Une grande partie des responsabilités d'application de la loi incombe aux policiers en première ligne, à qui viennent en aide les équipes opérationnelles spécialisées déjà mentionnées. Grâce à des forces conjointes intergouvernementales hautement spécialisées, la PPO offre des services de soutien spécialisé aux agences frontalières du Canada et des États-Unis, y compris aux équipes intégrées de la police des frontières, connues sous l'abréviation de BEST et dirigées par le département américain de la Sécurité intérieure et la Immigration and Customs Enforcement Agency, ou ICE.
La PPO déploie également des ressources pour venir en aide aux équipes intégrées d'application de la loi à la frontière dirigées par la GRC, aux équipes intégrées d'application de la loi en matière de sécurité nationale, aux équipes d'application de la loi en matière de sécurité maritime et aux autres forces conjointes, afin de nous protéger contre le crime organisé et le terrorisme transfrontalier.
La Police provinciale de l'Ontario est d'avis que la sécurité frontalière exige des efforts concertés, rigoureux et coordonnés pour être véritablement efficaces. Les services policiers municipaux et provinciaux ont un rôle à jouer pour assurer la sécurité à la frontière, puisqu'ils gèrent quotidiennement des incidents survenus aux passages frontaliers.
Plus le prix du tabac de contrebande monte, plus les profits criminels découlant de la contrebande de la distribution augmentent et plus les craintes liées à la sécurité publique augmentent aussi. Les contrebandiers utilisent des propriétés privées, comme des quais et des maisons situées sur le bord de l'eau, pour le passage clandestin de tabac de contrebande et ainsi enfreindre la loi. Les contrebandiers sont réputés pour leurs comportements agressifs envers quiconque essaie de les arrêter ou de s'opposer à eux. Ils utilisent également des bateaux à moteurs puissants la nuit, à grande vitesse, sans phares, créant ainsi un danger à la navigation.
Bien sûr, les problèmes découlant du tabac de contrebande ne se limitent pas au trafic observé dans la région de Cornwall. Outre cette région, dans l'Est, c'est surtout dans le Sud-Ouest de la province que les équipes de patrouilleurs routiers de la PPO portent le plus d'accusations liées à la contrebande de tabac en Ontario. Dans beaucoup d'arrestations, les cigarettes de contrebande confisquées valaient des dizaines de milliers de dollars.
Bien souvent, ces cigarettes avaient été fabriquées par les Six Nations de la rivière Grand, au sud de Hamilton, puisque les véhicules interceptés étaient immatriculés au nom d'entreprises situées dans la réserve des Premières Nations. Il y a également un phénomène grandissant de comptoirs à tabac qui s'observe dans le Sud-Ouest de l'Ontario depuis quelques années, surtout le long du corridor de l'Autoroute 6, qui longe la réserve des Six Nations.
Les cigarettes dûment taxées en vente légale en Ontario portent une bande jaune, sur laquelle il est clairement inscrit: Ontario — Canada Duty paid — Droit acquitté. En Ontario, certains détaillants des réserves sont autorisés à acheter des quantités limitées de paquets de cigarettes qu'ils ne peuvent vendre que dans la réserve à des consommateurs autochtones, selon les définitions prévues dans la Loi fédérale sur les Indiens, pour leur usage exclusif.
Cependant, il est clair que ces comptoirs à tabac, le long de l'Autoroute 6 et ailleurs dans la province, sont situés stratégiquement pour que les non-Autochtones puissent acheter des cigarettes hors-taxes, un acte illégal. La vente de tabac dans les comptoirs à tabac relève de plusieurs organismes, si bien que la PPO ne peut pas s'y attaquer toute seule. La PPO n'a pas le mandat d'assurer la conformité aux lois fédérales sur le tabac ni aux lois provinciales en matière d'imposition, mais nous travaillons en collaboration avec les organismes compétents. Lorsque le ministère fédéral du Revenu veut intervenir, la PPO est là pour assurer la sécurité du public et la sécurité routière.
Bien que n'importe qui puisse se livrer à la contrebande de cigarettes ou vendre des cigarettes de contrebande, ces activités, en Ontario, sont souvent associées aux résidents des diverses réserves autochtones. Cette réalité complique l'application de la loi, puisque les revendications de ces groupes concernant des droits issus de traités et des pratiques autochtones traditionnelles peuvent intervenir.
La contrebande du tabac est un enjeu complexe. Je n'ai abordé que quelques aspects du problème et des efforts que déploie la Police provinciale de l'Ontario pour intervenir et lutter proactivement contre le phénomène. La PPO fait respecter les lois. Nous ne les prenons pas nous-mêmes. Nous appuyons toute modification législative susceptible de réduire et d'empêcher la contrebande, ainsi que la distribution et la vente de tabac de contrebande.
La Police provinciale de l'Ontario vous remercie de lui avoir permis de témoigner aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur ce projet de loi.
Merci infiniment. Je suis tout disposé à répondre à vos questions.
Merci.
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Je pense qu'il est extrêmement important d'envoyer un message clair sur la contrebande, et je ne veux pas dire par là qu'il suffit d'informer les gens sur les nouvelles sanctions dissuasives, mais qu'il faut leur expliquer en quoi consiste exactement la contrebande. Je suis certain que la plupart des gens savent qu'il y a quelque chose de mal ou peut-être d'illégal à acheter des cigarettes de contrebande d'un comptoir à tabac dans une réserve, mais le fait est que la plupart des gens s'en tirent impunément. Je ne le dis pas pour critiquer notre personnel d'application de la loi, mais les chiffres sont ce qu'ils sont.
Si je me rends chaque semaine chez Smokin Joes sur l'autoroute 2, en marge de Belleville, tout juste à l'intérieur de la frontière de Tyendinaga, et que j'y achète des produits de contrebande sans me faire importuner parce qu'il s'agit de menu fretin, est-ce que je pense vraiment que c'est illégal? Je ne sais pas trop si c'est illégal ou non. Le fait est que je m'en tire sans mal. Si je peux acheter une cartouche ou deux d'une personne stationnée juste à côté du Loblaws avec son camion — et je connais plusieurs endroits à Toronto où cela se fait —, est-ce que je pense que c'est illégal? Probablement, mais encore une fois, je m'en tire indemne.
Je pense qu'une partie du défi, pour les services policiers, compte tenu des ressources assez serrées dont ils disposent, c'est de se rendre à tous ces petits points d'achat locaux, mais si le gouvernement n'envoie aucun message pour expliquer ce qui est illégal et ce qui ne l'est pas... Le projet de loi , qui propose de criminaliser le trafic et la contrebande en général présente une superbe occasion de dire que les règles du jeu ont changé. Vous pensiez peut-être que la contrebande n'était que ceci ou cela et que ces cigarettes n'étaient pas vraiment illégales, mais elles le sont maintenant, les contrevenants sont passibles d'emprisonnement, les règles ont changé, et voici ce qu'il en est des effets sur la santé.
Voici une belle occasion de changer notre perspective de la contrebande.
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Lorsqu'on est passé d'un quota à un système de permis il y a quelques années, alors que le gouvernement fédéral a dépensé quelque 300 millions de dollars pour racheter les quotas, et que les producteurs de tabac qui avaient des contrats avec des cigarettiers ont pu obtenir des permis, la récolte a plus que doublé. Il y a donc de grandes quantités de tabac qui circulent de toutes sortes de manières un peu partout dans la province, mais nous ne disposons d'aucun moyen comme le marquage pour consigner les différents envois afin de retracer leur origine et de connaître leur destination.
Cet accroissement considérable des récoltes a suscité des craintes quant aux risques de détournement partiel, mais le problème se serait manifesté de toute façon. Certains médias ontariens ont rapporté les préoccupations en ce sens des forces policières avant le report réglementaire et l'adoption du projet de loi 186, qui établissait le règlement régissant le système de marquage.
Soulignons entre autres le cas d'un agriculteur qui soutenait qu'on lui avait volé son tabac dans sa grange, alors qu'en fait, il l'avait vendu à un fabricant de cigarettes de contrebande.
On ne parle pas de quantités énormes, mais il n'en faut pas tant que ça pour approvisionner un petit nombre de fabricants illicites. Ce n'est donc pas un pourcentage colossal, mais c'est quand même quelque chose.
Pour autant que nous sachions, le retard est attribuable aux négociations qui ont cours avec deux conseils de bande en vue de l'établissement d'une forme quelconque d'arrêté pour le contrôle des produits du tabac dans les deux réserves en question. La bande pourrait ainsi exercer un contrôle plus étroit des activités de fabrication et de vente des cigarettes. Il va de soi que nous sommes favorables aux efforts en ce sens.
Le problème vient essentiellement du fait que la vente du tabac est profitable pour les Premières Nations, étant donné l'énorme différence de prix entre les cigarettes légales et celles de contrebande. Si nous souhaitons modifier la façon dont les réserves gèrent la question du tabac, il faudra chercher à le faire d'une manière qui maintiendra l'avantage économique découlant de la différence de prix pour les Premières Nations, tout en contrôlant le taux de tabagisme extrêmement élevé dénoncé par M. Cunningham et en réduisant la contrebande.
Il y a donc conflit intrinsèque entre la volonté de permettre aux Premières Nations d'exercer un plus grand contrôle sur leurs activités de fabrication des produits du tabac et nos objectifs de santé publique quant au contrôle du tabagisme, parallèlement à la lutte contre la contrebande. Je ne sais pas vraiment comment nous pourrons en arriver à permettre aux réserves de gérer leur propre production de manière à en tirer un avantage économique, tout en maintenant la différence de prix entre les produits réguliers et ceux fabriqués sur la réserve, sans continuer à promouvoir le marché de la contrebande. C'est ce qui est particulièrement difficile.
Personne ne conteste le fait que les réserves devraient être mieux habilitées à gérer leurs propres affaires mais, reste quand même, que notre rôle d'agences de promotion de la santé nous incite à vouloir réduire le tabagisme. Nous ne désirons pas créer un système où il deviendra plus facile de fabriquer et de vendre de plus grandes quantités de produits qui rapporteront des bénéfices accrus à un groupe plutôt qu'à un autre. Je ne vois pas comment la santé publique pourrait en sortir gagnante.
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Présentement, notre collaboration avec la GRC est extrêmement importante. L'équipe à Cornwall comporte déjà une cinquantaine d'agents, dont la majorité sont de la GRC. Pour notre part, nous avons affecté 12 agents à cette initiative. Nous travaillons beaucoup avec la GRC. Je vous ai parlé de l'incident du bateau survenu il y a quelques semaines. Ce cas a été traité en partenariat avec la GRC.
Si un incident a lieu à la frontière du Québec, nous travaillons avec les gens de la Sûreté du Québec. Nous travaillons très bien avec eux également.
Nous travaillons en collaboration avec les services américains, du côté de New York.
Nous travaillons beaucoup avec le service de police de la ville de Cornwall, notamment quand des incidents ont lieu sur le côté nord du pont. Je pense que la collaboration entre les services de sécurité publique est très forte dans toute cette région, de même que dans l'ensemble de l'Ontario. Même si je ne veux pas trop parler de la région de l'Ouest, je sais qu'il en va de même dans les environs du territoire des Six Nations de Grand River, entre autres. Il y a un désir de continuer à travailler ensemble.
Comme on l'a dit plus tôt, nous comptons aussi sur tous les organismes qui accomplissent beaucoup de travail en matière d'éducation, de prévention, de santé, etc. Il est important que ça se poursuive.
Bref, nous avons des partenariats très solides.