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Je suis ici pour vous parler du projet de loi , dont je suis le parrain, et vous expliquer les besoins que l'on cherche à combler et les mesures prévues pour y arriver.
Je vous présente ce projet de loi au nom de mes électeurs de la belle circonscription de Langley et des milliers de jeunes victimes canadiennes qui vivent dans l'angoisse et la peur des délinquants qui leur ont causé préjudice. Je m'inspire de leur courage pour lutter pour les droits des victimes de demain et assurer leur protection.
L'objectif du projet de loi cadre parfaitement avec ce que souhaitent les Canadiens, à savoir que le gouvernement assure la sécurité des rues et tienne compte des droits des victimes. Je n'ai aucun doute que tous les membres du Comité permanent étudieront à fond le projet de loi et ses répercussions opérationnelles pour s'assurer que les mesures prévues donnent les résultats escomptés et que les objectifs sont pleinement atteints.
Le projet de loi a vu le jour à cause de victimes dans ma circonscription et de leur famille. Vous avez probablement entendu relater cette histoire durant les débats à la Chambre des communes. Je vais vous en faire part de nouveau, car une famille courageuse nous a permis d'utiliser son histoire pour nous aider à comprendre la gravité du problème et donner au Parlement les moyens d'adopter les changements législatifs nécessaires.
Dans ma circonscription de Langley, des familles ont vécu dans le stress et la tourmente lorsqu'un tribunal a permis au délinquant sexuel ayant agressé leur enfant de purger sa peine avec sursis, en étant détenu à domicile, dans leur quartier. Dans un cas, le délinquant sexuel a purgé sa peine dans la maison située en face de celle de sa jeune victime, et dans un autre cas, dans la maison voisine.
La victime d'agression sexuelle ne peut se sentir en sécurité chez elle dans son quartier, là où elle devrait se sentir le plus en sécurité, quand on permet au délinquant de purger sa peine juste à côté. Et pas seulement la victime, mais la famille au complet revivait le crime chaque fois qu'elle voyait le délinquant. Ils vivaient dans l'angoisse, sans savoir si le délinquant les surveillait, cherchant une occasion de récidiver ou de faire une nouvelle victime.
On ne peut imaginer comment un parent peut rester calme en voyant régulièrement l'agresseur de son enfant. Les parents rentraient du travail pour voir le délinquant qui tondait sa pelouse ou qui profitait de la vie, un verre à la main, de l'autre côté de la rue. Comment nous serions-nous sentis dans cette situation? Les parents redoutaient maintenant leur maison et quartier tant aimés en raison de la présence de leur agresseur. Une famille n'a pas tenu le coup et a quitté le quartier. Une mère m'a demandé pourquoi sa famille devait déménager alors qu'elle et les siens étaient les victimes. Voilà une excellente question, chers collègues.
Chacun devrait avoir le droit de se sentir en sécurité dans son foyer, et plus encore les victimes d'agression sexuelle. Les victimes ont l'impression d'être oubliées et que leur bien-être et leur sécurité ne sont pas pris en considération dans la détermination des peines. C'est ce que le projet de loi propose de corriger.
Monsieur le président, ces cas dans ma circonscription ne sont pas les seuls. Statistique Canada a rapporté l'an dernier près de 4 000 cas d'agression sexuelle contre des enfants. Les enfants étaient cinq fois plus susceptibles que les adultes d'être agressés sexuellement, quel que soit le type d'agression sexuelle. Les enfants font partie des membres les plus vulnérables de notre société, et c'est à nous de demander justice en leur nom.
Malheureusement, dans les cas d'agression sexuelle, la sécurité de l'enfant est souvent compromise par un proche. En 2011, Statistique Canada a constaté que 50 % des infractions sexuelles visant des enfants et des jeunes qui sont signalés à la police étaient perpétrées par un ami ou une connaissance de la famille, et 38 %, par un membre de la famille. Ces données montrent malheureusement que près de 88 % des infractions sexuelles à l'endroit de jeunes et d'enfants sont commises par une personne que la victime connaissait déjà.
Non seulement la jeune victime subit des conséquences sur les plans émotifs et physiques, mais sa confiance est trahie. Nous ne pouvons pas imaginer le supplice que vivent ces enfants et leur famille.
Il n'est donc pas étonnant que la victime et sa famille revivent le crime chaque fois qu'elles voient le délinquant qui est mis en liberté sous condition dans le quartier.
C'est là qu'intervient le projet de loi , qui propose d'obliger les tribunaux à imposer des restrictions géographiques aux délinquants.
Mon projet de loi jouit d'ailleurs d'un vaste soutien dans tout le pays.
Dans notre système de justice, les tribunaux peuvent imposer aux délinquants des interdictions de communiquer, là n'est pas le problème. Les lois actuelles confèrent aux tribunaux le pouvoir et la latitude pour imposer des conditions, par exemple des ordonnances d'interdiction, de probation, de sursis et de bonne conduite, ou encore des conditions de mise en liberté conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
Or, les tribunaux ne sont pas tenus d'imposer de conditions de ce genre, ni d'expliquer pourquoi ils ne le font pas. Par conséquent, ces conditions interdisant les contacts sont laissées pour compte, et les victimes se demandent pourquoi on n'a pas pris en considération leur bien-être et leur sécurité.
Le but du projet de loi est clair: assurer le bien-être et la sécurité des victimes et de leur famille ainsi que des témoins en les protégeant contre les délinquants reconnus coupables, et accroître la confiance des victimes à l'égard du système de justice. Grâce au projet de loi, les victimes auront l'impression que leurs préoccupations quant à leur sécurité ont été entendues. Pour atteindre cet objectif, le projet de loi obligera les tribunaux à imposer aux délinquants reconnus coupables d'une infraction sexuelle à l'endroit d'un enfant des restrictions précises afin de protéger la victime et sa famille, ainsi que les témoins. Les tribunaux doivent l'envisager, ils ne seraient pas tenus de l'imposer, mais de l'envisager comme option. Ces mesures renforceraient la sûreté et la tranquillité d'esprit en faisant en sorte que les victimes ne revivent pas leur expérience en rencontrant à nouveau leur agresseur.
Plus précisément, le projet de loi vise à modifier l'article 161 du Code criminel en obligeant le tribunal à rendre une ordonnance interdisant au délinquant de se trouver à moins de deux kilomètres d'une maison d'habitation où se trouve la victime, et à imposer des conditions lui interdisant de se trouver à l'intérieur d'un véhicule personnel avec une personne âgée de moins de 16 ans.
Grâce au projet de loi , la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, on trouve maintenant dans le Code criminel des dispositions interdisant aux délinquants d'entrer en contact avec une personne de moins de 16 ans. Je suis donc prêt à supprimer l'alinéa a.2) puisqu'il n'est plus nécessaire.
Le projet de loi modifie également les articles 732.1 et 742.3 du Code criminel afin d'obliger les tribunaux à assortir les ordonnances de probation ou de sursis de conditions interdisant au délinquant de communiquer avec toute personne — victime ou témoin — identifiée dans le document ou encore d'aller dans un lieu qui y est mentionné. Ces conditions seraient obligatoires, mais le tribunal pourrait ne pas les imposer si la victime ou le témoin y consent ou s'il existe des circonstances exceptionnelles, auxquels cas les raisons devraient en être communiquées par écrit.
Le projet de loi propose également de modifier les ordonnances d'engagement et les engagements de ne pas troubler l'ordre public visant des individus qui sont susceptibles de commettre une infraction sexuelle contre un enfant. Plus précisément, il propose de modifier l'article 810.1, qui porte sur les engagements de ne pas troubler la paix, en obligeant le tribunal à imposer des conditions interdisant au délinquant de communiquer avec toute personne identifiée dans l'engagement ou d'aller dans un lieu qui y est mentionné. Dans ce cas aussi, le tribunal pourrait lever la condition si la victime ou le témoin y consent ou s'il existe des circonstances exceptionnelles.
Enfin, chers collègues, le projet de loi propose de modifier l'article 133 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition pour obliger les décideurs en vertu de cette loi à imposer des conditions semblables.
À l'heure actuelle et conformément à cette loi, la Commission des libérations conditionnelles du Canada et les services correctionnels peuvent imposer des conditions aux délinquants à qui l'on accorde la libération conditionnelle, la libération d'office ou une permission de sortir. Dans ce cas aussi, les autorités compétentes ne seront pas tenues d'imposer de condition si la victime y consent ou dans des circonstances exceptionnelles. Ces deux exceptions permettront de composer avec des situations qui risquent de se produire.
Les autorités compétentes qui estiment qu'il existe des circonstances exceptionnelles devront expliquer par écrit leur décision, ce qui permettra aux victimes et à leur famille, ainsi qu'aux témoins, selon moi, de mieux comprendre les décisions de la Commission des libérations conditionnelles.
Monsieur le président, il ne fait pas de doute que le projet de loi contribuera à renforcer la confiance du public à l'égard du système de justice canadien en renforçant les outils mis à la disposition de nos tribunaux pour assurer la sécurité des victimes et de leur famille. Il y parviendra en modifiant le Code criminel et la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition pour empêcher les délinquants mis en liberté de contacter les victimes ou de se trouver à proximité du domicile de leurs victimes.
J'espère que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne agira pour accroître la sécurité du public en tenant les criminels responsables de leurs actes, en prenant en considération les répercussions des peines sur les victimes et en faisant en sorte que les victimes se sentent en sécurité chez elles et dans leur quartier. Je demande aux députés qui sont ici pour étudier le projet de loi de m'aider à en faire une loi, pour que les jeunes victimes et leur famille se sentent en sécurité dans leur foyer.
Comme je l'ai déjà mentionné, je suis ouvert à des amendements et si vous avez des questions à ce sujet, je suis prêt à y répondre. J'ai déjà parlé à un certain nombre d'entre vous au sujet d'ajustements à apporter et que je suis prêt à envisager.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Warawa, je vous remercie d'avoir présenté ce projet de loi au Parlement.
Comme l'ont fait tous les députés, j'ai discuté avec un grand nombre de mes électeurs qui me disent constamment qu'ils perdent confiance dans le système judiciaire. Il est clair que nous voulons que tous les citoyens aient la plus grande confiance en notre système de justice et, selon moi, ce projet de loi nous permettra d'accroître leur niveau de confiance. J'entends souvent des gens dire que les victimes ne sont pas bien protégées. Ils estiment que le système tient de la porte tournante et qu'il favorise les contrevenants plus qu'il ne protège les victimes et les citoyens respectueux des lois. La plupart d'entre nous croyons qu'il doit non seulement y avoir justice, mais aussi apparence de justice; je pense que ce projet de loi serait utile dans ce sens.
Quand je siégeais au Comité de la justice, il y a environ deux ans et demi, nous avons entendu l'histoire dont vous avez parlé, je crois, dans votre déclaration préliminaire. Il s'agissait d'une femme qui a courageusement raconté son histoire après avoir été agressée sexuellement par un voisin. Elle a traversé toutes les difficultés liées à un procès et à un témoignage. L'homme a été reconnu coupable et il a reçu une peine d'emprisonnement avec sursis. Le jour même, au retour du tribunal, la femme a vu que son voisin était dehors devant sa maison, de l'autre côté de la rue, en train de couper le gazon.
Cela a tellement anéanti son respect et son estime de soi — elle avait fait tous ces efforts pour traduire cette personne en justice et pourtant il était là, au même endroit où il avait abusé d'elle durant des années — qu'elle a fait une tentative de suicide. Je pense que nous en avons tous été affligés. Heureusement, ce fut une tentative ratée et aujourd'hui, elle va bien et elle peut raconter son histoire.
Je crois que le projet de loi tient précisément compte de ce genre de situation; en mon nom et au nom des gens que je représente à Mississauga, je tiens donc à vous remercier.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné des statistiques. Pourriez-vous nous dire ce que vous comprenez des statistiques concernant les agressions sexuelles au Canada, en particulier en ce qui a trait aux enfants? Quelle est la situation? Y a-t-il davantage ou moins de cas signalés chaque année?